Divergence


6 février |

Trois choses me sont difficiles et une quatrième que je ne comprends pas; le chemin de l'oiseau dans le ciel, le chemin du serpent sur la pierre, le chemin du navire en pleine mer et le chemin de l'homme vers une femme. Ce texte porte à la réflexion n'est-ce pas? C'est un genre de "koan" bouddhiste. "L'oisiveté n'est bonne à rien; le travail et le divertissement, guère davantage. Bien penser c'est le principe de la philosophie. Quand bien même l'angoisse serait au bout, ce chemin est le nôtre, le seul qui ne soit pas indigne" cite Pascal. Je termine un livre sur l'histoire de l'ancien testament expliqué à ceux qui ne comprenne rien ou presque. C'est très intéressant et je suis ravi de constater nos origines morales et ce qui en restent. Il aura fallu environ 600 ans à de nombreux prophètes pour écrire ce recueil de textes variés. Aujourd'hui au carnaval des covidiots, j'ai constaté que leurs forces se manifestaient visiblement par la démonstration de leurs camions lourds et bruyants. Leurs revendications semblent refléter leurs impuissances devant bien d'autres aspects qu'exhorte la pandémie actuelle. Je n'éprouve aucune pitié de ceux qui se réclament oppressés par les mesures sanitaires actuelles. Tout ce cirque est leur choix car la majorité se plie aux règles et au bon jugement de la science. La vie exige une grande adaptation parfois à l'intérieur de douleurs vives. On est conscient de sa liberté lorsqu'elle nous échappe. Certains parfois ne sont pas capables de la reconnaître, absorbé dans un monde cloisonné, inconscient et fragilisé. Leurs zones de confort parfois erronées est menacées comme si l'univers leurs devaient quelque chose. La colère, le mépris et la haine pour d'autres reflètent le voile de leurs esprits. Peut importe les évènements, la peur s'exprime fortement à l'intérieur de ceux-ci présageant des distorsions émergentes. Personne n'est à l'abri de ses réflexes ancestraux mais force est de constater qu'il y a bien pire au monde dans ce pays démocratique et que les libertés sont loin d'être menacées comme certains voudraient le laisser entendre. La liberté n'est jamais acquise et doit être mérité à chaque instant par notre propre vigilance. Dans la situation actuelle la solidarité est primordiale et les divisions irresponsables ne servent qu'à alimenté des ruptures. Des divergences peuvent éclatées car le pays est immense, ses réalités multiples.

Dans le livre d'Amin Maalouf, de l'Académie française "les identités meurtrières", il affirme qu'il faut se méfier des drapeaux et identités malveillantes. La terre nourricière est notre lien le plus cher et devrait être le symbole communs de nos drapeaux. Les gouvernements de notre pays ne nous dépossèdent pas excessivement mais tentent de nous rassurer dans nos propres intérêts et en supportant les plus démunis. Les sables bitumineux de l'Alberta sont un exemple de déséquilibre entre ceux-ci qui révèle la distanciation de l'ouest sur l'ensemble de la nation. Nous vivons à cet égard dans un grand pays où les divergences et les réalités sont explicites. La pandémie actuelle révèle notre essence même et nos fragilités. Plusieurs sont prêts à prendre les armes pour la défense de leurs droits et leurs biens au détriment du bien-être collectif. Suffirait de partager simplement les richesses en les choyant comme son propre enfant. La peur et la colère engendrent une perte de repères dans lesquels des tragédies peuvent survenir. Après la pluie le beau temps, il faut s'armer plutôt de patience et faire confiance à la vie et aux élus démocratiquement. S'adapter à l'essentiel en revendiquant l'autonomie dans une saine éducation du corps et de l'esprit.

1er février |

Comme l’écrivait Umberto Eco "Les réseaux sociaux ont donné le droit de parole à des légions d’imbéciles qui, auparavant, ne faisaient que discuter au bar. Aujourd’hui, l’idiot du village a le même droit de parole qu’un prix Nobel et est considéré comme un porteur de vérité". Il n’y a plus de hiérarchie sur internet, plus de figures d’autorité à part Trump le cinglé dictateur. Tout le monde est égal. Et tout le monde peut botter le cul de tout le monde. Un homme qui n’a pas terminé son secondaire 3 peut faire la leçon à un scientifique qui a 25 ans d’expérience. Rapporté des faits et des nouvelles est une chose mais offrir un opinion à un large public exige une culture considérable, une solide formation et une expérience notable. Je n'ai rien de l'érudit, du réformateur et du philosophe. Mon point de départ est un texte ou un récit sur lesquels je développe mon idée, mon père agissait ainsi. 

Un jour peut-être je pourrai avoir la sagesse de recueillir au fond de moi-même des opinions consensuelles et approfondies sur différents thèmes. Je me suis toujours intéressé à la littérature sans toutefois m'offrir une discipline rigide et soutenue. J'ai aimé dormir la moitié de mon temps et l'autre moitié ne rien faire ou presque à part contempler la beauté du monde. J'exagère, mais le travail harassant et utilitaire dans le seul souci de gagner de l'argent m'a répugné. N'ayant pas de maîtrise universitaire j'étais réfractaire à toute forme d'autorité. J'ai navigué dans les mailles du système pour survivre, cette liberté était mon leitmotiv dans laquelle peu de modèles viables ont partagé ma route. Je n'étais pas du clan de la rectitude ni intégré dans l'élite étant un aventurier de la rue par défaut. 

J'ai tracé mon propre chemin et ne regrette rien malgré l'adversité. J'aurais aimé côtoyé des grands penseurs, des intelligences bienveillantes. J'ai rencontré beaucoup de personnes soumises et édulcorées. Je n'aime pas les romans car la vie est source d'inspiration et riche d'histoires véridiques pour y perdre mon temps. En littérature il est important d'apprendre sur moi-même ou sur la vie souvent malmenée par de stériles propositions et réflexions. J'ai porté le doute car mes bases m'ont sournoisement trahies. Le monde et la vie me paraissent absurdes car ils ne répondent pas à mes espérances. Ce n'est pas facile déblatérer dans l'inaction et l'immobilisme, un blogue de voyage est beaucoup plus aisé. La solitude est un terreau de créativité malgré la douleur qui se dégage dans l'absence. Il est mieux s'abstenir d'espérer que d'être déçu devant d'amères illusions. Le désir n'est pas la connaissance et la connaissance ni un désir. La raison ne peut pas faire naître le désir et le désir ne peut faire naître la raison. La vérité ne suffit pas. Les idées et les concepts ne sont pas la vie, les idéologies et les jeux vidéos non plus. Colère et mépris il m'arrive de ressentir, j'en connais la cause, rarement est l'événement du moment qui est la source. La liberté est noble et essentielle, faut alors s'en servir à bon escient ce que plusieurs ne semble pas savoir. Trop de lucidité et de vérité m'étouffe, j'ai besoin de la campagne et d'amour pour m'en libérer. L'une des plus étonnantes actions surgit en observant la vie à chaque détour dans un regard constamment renouvelé et rafraichi.


28 janvier |

On naît seul, on vit seul et on meurt seul car personne ne peux le faire à notre place ainsi qu'aimer, telle est notre condition. La solitude est la règle non l'isolement qui est subi. L'isolement peut être un passage obligé, le temps de saisir sa cause et modifié notre trajectoire. "La solitude n'est pas un refus de l'autre, accepter l'autre c'est l'accepter comme autre et non comme un appendice, un instrument ou un objet de soi". L'amour la solitude, André Comte-Sponville. C'est fort probable l'un de mes auteurs contemporains préférés, philosophe de surcroît, enseignant et auteur de nombreux ouvrages. Mon défunt père m'a transmis cette propension à la littérature et surtout aux révélations qu'elles m'inspirent. L'apprentissage n'est pas instantané et accroît avec l'usage en affirmant mon identité. Les mots représentent une infime partie de la réalité car ils sont conceptuels telle la pointe d'un iceberg. Le langage exige des pauses et des silences pour se renouveler. Quoi de plus compliqué que le fonctionnement d'un arbre mais tellement simple lorsqu'on le regarde. Je n'aurais jamais été un scientifique, ni poète sauf du regard. Un arbre est un arbre, c'est sa beauté, sa vitalité et son déploiement qui m'inspire. La solitude m'apprend que pour vivre avec autrui je dois apprendre à vivre avec moi-même. Pour aller à la rencontre de l'autre je dois me connaître dans la solitude et chaque jour ainsi se révèle de nouvelles joies.


27 janvier |

Philosopher est un outil utilisé de la pensée pour mieux vivre. La technique la plus sophistiquée n'a de sens qu'au service d'autre chose, par exemple on préférera la musique à la chaîne stéréophonique ou l'amour à son portable et la technologie. La philosophie n'a de sens que pour la vie, être plus libre et plus heureux. Ma curiosité me porte souvent sur des questions essentielles à propos du bonheur, de l'amour et de la vie surtout au sens qu'on y accorde. Je crois qu'à notre époque "love me tinder" et l'amour sous algorithme sont entrés massivement dans le marché. Il y a matière à réfléchir suite à cette affirmation n'est-ce pas? La philosophie est propre à chacun, les multiples systèmes de pensée ne permettent qu'un apprentissage, à soi revient alors le choix de la technique pour facilité l'accès au bonheur ou à la vérité. Renoncer à la vérité serait de renoncer à la raison, d'autre part renoncé à philosopher. "Mieux vaut une vraie tristesse qu'une fausse joie" disait André Comte-Sponville. Philosopher et la sagesse c'est avant tout apprendre à vivre avec simplicité. Bouddha disait "la doctrine est un radeau, une fois le fleuve traversé, à quoi bon porter le radeau sur son dos". Plusieurs passent leurs vies à bricoler leur radeau mais à quoi bon, s'ils ne traversent jamais le fleuve ou bien s'ils portent leur radeau une fois le fleuve traversé.

23 janvier |

Je fulmine d'étranges élucubrations parfois, obsédé par une forme de névrose de la solitude. Néanmoins j'y éprouve moins de douleurs associées depuis une profonde introspection reliée à la retraite. Adolescent un ennui accablant était ce que je voulais fuir à tout prix en prenant des risques considérables par une stimulation constante d'adrénaline, telle est la nature de la jeunesse n'est-ce pas? Cette amertume m'accompagna tout le long de mon existence jusqu'à tout récemment. Les drogues firent leurs apparitions lors d'impasses douloureuses et l'alcool prisé pour fuir la morosité ou me donner des élans libidineux et imaginaires. Ceux qui avaient les moyens pouvaient se dispenser de thérapies coûteuses et libératrices par d'éminents psychologues. Il existe des soutiens réels et ceux que l'on croit obtenir de notre entourage. Les liens qui nous relient sont fragiles et parfois éphémères. 

Dans le film sud coréen troublant et ultra-violent "le jeu du calmar", des bandes du même clan et prétendus amis sont prêts à se sacrifier mutuellement pour de l'argent et les honneurs, c'est le monde de la compétition et de la survie poussée à son paroxysme. La vie telle que nous la concevons est formidablement cruelle à bien des égards et c'est au pied du mur, sinon trop tard pour certain, que la conscience s'élève devant l'essentiel. Nos espoirs sont parfois de contradictoires illusions et quelquefois de redoutables divagations. Dans cette solitude que j'ai tant fuis par d'interminables ruminations, j'y retrouve maintenant un lieu paisible où je fais la connaissance d'un vieil ami que j'ai tant négligé. J'ai beaucoup rêvé à des continents gorgés de soleil aux visages reconnaissants parsemés de paysages emblématiques et limpides. Mes rêves m'ont permis de rompre avec un silence cruellement présent chez l'enfant solitaire en moi. L'ennui a remplacée inlassablement mes ombrages de jeunesse par de réelles promesses et réalisations et j'en suis fier. Je suis un être nostalgique par les blessures que je porte et ceux que je m'inflige mais ma volonté continue de me soutenir dans une force latente m'étant prédestinée. Si telle est ma mission, mes prochains objectifs pressentis s'imprègneront de sentiments sincères et partagés à l'intérieur de paysages somptueux et champêtres.


19 janvier |

On ne raconte pas l'amour, pas plus qu'on ne raconte le bonheur. C'est pour ça qu'il y a dans mon blogue de tels silences. M'asseoir devant ma bibliothèque et lire sous la lampe m'éveille à tant de voluptés, de bonheur et de connaissances qu'il me serait aujourd'hui impossible de m'en passer. Ces auteurs et amis fidèles me racontent des histoires délicieuses dans un tel fracas, m'offrant des silences en me respectant. Au moment de la retraite, je ressens un vide sournois qui en réalité était toujours présent et qui m'a fait souffrir jusqu'au jour que je deviens conscient que ce vide est rempli de vérité et de présence. Il existe des évènements qui m'ont frappés en pleine poitrine et pour qui d'autres portent des armures pour s'en protéger. Peut-être n'écrirais-je pas s'il en était autrement. Une bibliothèque, c'est le carrefour de tous les rêves de l'humanité. C'est en descendant au fond de moi-même que je rejoins l'universel, plus qu'en me mêlant aux hommes sauf pour certaines aventures et entraides nécessiteuses. Une citation déterminante pour moi, d'un homme célèbre dont je ne citerai pas le nom et, qui a tracé ma vie inconsciemment, "n'écoute pas ce que dis le monde, ne croit pas ce que crois le monde; ne fais pas ce que fais le monde". 


17 janvier |

J'ai visionné cette semaine un film biographique récent sur le couple de criminel le plus populaire des États-Unis, Bonnie and Clyde. Ils ont vécu dans les années folles des années 20 et durant la Grande Dépression qui débuta en 1929. Après la première guerre mondiale un  immense développement économique s'effectua aux États-Unis. L'électrification, la création des banlieues, le développement routier et industriel prodigués par une publicité intensive créant de nouveaux besoins se sont développés à un rythme effréné. La bourse avait atteint des niveaux records causé par la spéculation et la vigueur de l'économie. Il n'y avait pas de mécanisme de régulation boursière à cette époque. Les gens empruntaient pour placer leur argent à la bourse qui s'est effondrée au grand krach boursier du fameux jeudi noir d'octobre 1929. Une effroyable crise économique est survenue pendant 10 ans jusqu'à la deuxième guerre mondiale. Les années folles des années 20 d'où émergèrent le jazz et la prohibition associée aux groupes du crime organisé faisait parti du portrait de la culture américaine. L'essor du crime organisé aux États-Unis est indissociable de la construction de "l'american dream". Les gangsters de différents groupes ethniques étaient issus de milieux lamentablement pauvres et violents. Bonnie and Clyde entrait dans la légende lorsqu'ils sont morts criblés de balles par les forces de l'ordre, ils étaient dans la vingtaine et follement amoureux. Ils représentaient un modèle pour une certaine jeunesse affublée de désespoir devant la crise économique. Le splendide film biographique de Martin Scorsese paru récemment "Irishman" représente magnifiquement l'histoire de la mafia au milieu du XXème siècle. Paradoxale est la société américaine depuis sa fondation notamment avec l'utilisation des armes à feux. En plongeant dans ce passé récent aujourd'hui je constate que depuis la fin de la deuxième guerre mondiale l'Occident n'avait jamais eu une aussi longue période de paix relative et de croissance économique. J'apprends de l'histoire et j'aime m'y plongé afin de mieux comprendre le monde actuel. La pandémie me fais réfléchir plus que jamais sur le sort des hommes et de leurs fragilités. Julien Green dit "quand vous sentez que vous avez perdu quelque chose, c'est que vous avez appris quelque chose. Pénible est la perte de l'illusion quand celle-ci dépendait de votre bonheur".