Identiterre


29 décembre |

Déjà quatre années que j'entretiens le blogue de façon constante. Il y a des fois que je me demande si j'ai encore des choses à dire. Depuis tout ce temps j'ai fait beaucoup d'introspection en racontant mon histoire. Il m'était impensable de passer sous silence les grandes étapes de ma vie. De la naissance jusqu'à la retraite j'ai déposé dans cette espace lumineux les grandes lignes de ma mémoire. Je me sens nostalgique ce soir à l'aube de la nouvelle année. Mes voeux sont effectués. Je ne sais pas si je reviendrai en arrière dans le blogue, certains éléments ont été exprimés largement. Je dois faire le deuil de certaines choses ayant franchi récemment l'âge d'or. Mes souffrances s'amenuisent de jour en jour depuis peu en effectuant les gestes qui me sont bénéfiques comme aller vers les autres en exprimant mes émotions. Je me suis négligé ces dernières années. Il aura fallu me perdre pour retrouver une partie immergée de moi-même. J'ai surtout besoin d'encrage, de repères, de mon attention, de calme et d'amours partagés. J'ai refait la lecture du blogue des dernières années pour y reprendre l'orthographe et la syntaxe. J'ai cheminé beaucoup, j'en prends conscience. Au début j'étais acerbe et critique envers la société que maintenant je deviens plus nuancé et moins tranchant dans mes propos. La société étant ce qu'elle est mes actions tenteront de se diriger sur ce qu'il m'est possible de changer en commençant par moi-même. Je veux tenter de cibler plus fermement mes actions dans une stratégie concertée de pair avec mes convictions, mes intérêts et mes véritables besoins. Le dénominateur commun à ma cause est relativement le même chez les personnes esseulées et blessées. Sur cet aspect je n'ai pas changé de trajectoires. Je n'ai plus le goût d'étendre mon horizon comme je l'ai fait durant les dernières années. Par contre je ne regrette rien, c'était un passage obligé pour me faire prendre conscience de tellement de choses qui m'ont échappé trop longtemps. Je ne m'accordais pas le temps ni la volonté d'y arriver car la montagne me semblait insurmontable. La vie n'est pas facile pour tous. J'ai perdu mon enfance et mon adolescence. Ma trajectoire fut douloureuse à bien des égards que maintenant je porte l'urgence de vivre sans le masque, sans le rôle, sans le déni et la fuite. Mon courage, ma patience mon appréhension au bonheur seront de mise pour la suite des choses. Je ne sais pas où je vais mais je décide de ne pas m'écrouler devant l'indifférence, devant l'inconnu. En d'autres mots je poursuis ma marche trouble dans une destination incertaine en tentant de m'offrir un sens à ma vie. Je pourrais être négatif en disant ce qu'il en reste. Je me suis retenu comme quoi des éclats de lumière me portent encore.

25 décembre|

Je reçois un message sur Messenger d'une femme au lac St Jean avec laquelle j'avais émis un commentaire dans un groupe de célibataires le 17 novembre dernier. Je lui dis être étonné de voir une si charmante femme être célibataire. Ayant quitté le groupe depuis, elle m'écrit le matin de Noël. Barbara est son prénom. Son message est à moitié incompréhensible. Elle raconte être séparé après dix ans d'union. Elle est française. Je lui indique être méfiant sur la toile auprès d'étrangers. Elle me fait parvenir un enregistrement audio d'un message que je peine à comprendre. Je lui mentionne être motivé par une amitié sincère si les affinités sont au rendez-vous. Elle répond abruptement qu'un message ignoré est synonyme d'indifférence. Elle rajoute ne pas avoir ni le goût de m'écrire, de communiquer ou de parler avec moi mais tiens à me faire la morale en me souhaitant joyeuses fêtes. Ce message odieux le jour de Noël m'a bouleversé. Je n'ai vraiment pas besoin d'être le déversoir de ses frustrations. Sur les images elle semble enseigner et avoir de nombreux enfants. C'est une personne complètement inconnue qui me semble meurtrie et blessée par le moment utilisé à me dire ces choses absurdes et malhabiles la journée de Noël. Il serait préférable selon moi qu'elle priorise davantage le monde réel pour obtenir compassion et reconnaissance. Je ne suis pas le confident des désespérés de la toile. C'est à ne rien y comprendre. Vivement des gens dans le réel pour 2024 et de l'amour à profusion. Ce sont mes voeux les plus sincères. 

Une vie sans espoir est aussi une vie sans désespoir. J'écris pour remplir le rôle de l'écrivain raté. Et pour être un écrivain raté, il faut d'abord et avant tout écrire. J'écris pour mieux vivre disait Saint John Perse. Écrire me permets de laisser couler le flot de pensées et d'émotions latentes parfois persistantes. Écrire me permets d'observer à distance la folie qui parfois m'habite. Après ce message aujourd'hui j'aiguise des crayons de couleurs et je dessine des mantras d'amour. Cet désolante intermède m'aura servi à ça. Je me suis fais un espace fusain et dessins sur mon bureau afin de laisser glisser au loin le bois mort dans la rivière. 

22 décembre |

Selim est syrien. Père d'une jeune famille, il a la trentaine. Il est né à Damas. Dans la salle d'attente de l'hôpital j'ai amplement de temps pour discuter, de plus j'aime ça. Sachant très bien que les sujets à éviter sont la politique et la religion, je m'empresse après les présentations d'usage de transgresser la règle. L'infirmière qui fait le tri est de mauvaise humeur. Elle dévale sur moi ses soucis ou quelque chose du genre. Selim et moi discutons des russes, des iraniens, des israéliens et des palestiniens. Bref tous les sujets chauds auxquels on peut avoir des divergences d'idées. Chauffeur de taxi l'hiver et ouvrier l'été, son regard est honnête. Notre culture est imprégnée des pays d'où l'on provient. Selon lui les israéliens devraient dégager pour laisser les terres actuelles ancestrales de leur pays aux palestiniens. Et en Amérique devrions-nous abandonner notre pays aux amérindiens? Les guerres ont façonné le monde. Il est conséquent de ne pas vivre dans le passé malgré les erreurs commises. Mettre dehors tous ceux qui n'ont pas les mêmes opinions serait une grave erreur. La diversité est une force dont je réitère mon soutien. Là n'est pas le véritable problème. Ce qui est éloquent avec Selim c'est qu'il croit ardemment que les israéliens devraient quitter leur pays. Selim et bien d'autres subissent toujours les affres du colonialisme en le faisant revivre malgré eux. Mon regard sur le Moyen-Orient passe par l'obligation de la création d'un pays libre et autonome, la Palestine. Par la suite il est nécessaire d'entretenir des liens étroits avec les israéliens pour éviter que perdure les conflits. Ces pays doivent rompre avec le passé et vivre au présent. Je rêve de voir ces communautés, comme dans une certaine période, cohabité ensemble. Les enjeux identitaires et religieux dans cette grandement partie du monde sont reliés au pétrodollars et au colonialisme. Les habitants se sont divisés au point qu'il était plus facile de les endoctrinés. Sans aucun doute le colonialisme dans le monde a fait souffrir des populations entières. La plupart des pays dans le monde ont soufferts de distanciation, de guerres et de conflits. Tout cela est d'une complexité inouïe. Selim a compris que nos divergences ne donneraient rien. Lorsqu'on prend le temps de se parler les esprits sont plus clairs. Il est certain que plusieurs conservent dans leurs cœurs la haine et l'amertume du passé. Ces émotions ne peuvent rétablir des ponts. Les intermédiaires à ce stade sont nécessaires. Pour ce faire ces interlocuteurs doivent être irréprochables et de bonne foi ce qui, bien souvent, font en sorte d'utiliser leurs pouvoirs à mauvaise escient. Qui a dit que le bien triomphe du mal, l'amour de la haine ? À mes côtés dans la salle d'attente une jeune africaine a son duvet attaché soigneusement jusqu'au cou. C'est son premier hiver. En guise d'introduction je lui demande son pays d'origine. En même temps je fais la recherche pour lui dire que Benin signifie terre de dispute. L'intelligence de son téléphone mentionne l'étymologie du nom de ce pays la bienveillance. Je ne contrarie pas sa source d'information de peur que son sourire se refroidisse.

19 décembre |

En écoutant ce soir du piano, des images de voyages, et ils sont nombreux, remontent entremêlés à la surface. Je reprends le lentement mes esprits après un vilain rhume cette semaine. Rien de tel pour apprécier la vie quand les malaises s'estompent. J'ai réparé ma caméra numérique aujourd'hui. J'ai enlevé la poussière du Nevada qui s'y accumulait. J'en suis ravi. Hier je suis allé au groupe de parole. Celui qui s'exprime doit tenir le bâton de parole. Nul ne doit l'interrompre lorsqu'il le possède. L'exercice est intimidant devant l'auditoire constitué de huit personnes. La plupart ne sont jamais les mêmes aux deux semaines. Je préfère ne pas me paitre pour le moment dans un groupe fermé. Ce rituel me permet d'empêcher mon esprit de se stigmatiser. Les gens que j'ai côtoyés ne font que passé. C'est une étrange sensation de voir ce défilé d'âmes en quête de sens, un peu à l'image des passants sur une artère commerciale. Je retiens davantage les endroits traversés que les visages. Du passé je n'en retiens que d'étranges sensations nostalgiques. Les images les plus fortes que je conserve de mon récent voyage proviennent du Nevada. Ses souvenirs délectables proviennent des anciennes villes fantôme où jadis des milliers de mineurs prospéraient. L'autre thème que j'ai abordé avec fascination sont les immenses édifices abandonnés dans le Nord-Est des États-Unis et du Midwest. Dans une décennie rien ne restera de cette période qui fut l'âge d'or de l'Amérique. Les promoteurs immobiliers auront tôt fait de tout raser. Bien des paysages auront meublés mon esprit en traversant une multitude de contrées insolites. Je m'en suis nourri. Dans les anciennes institutions psychiatriques j'entrais à l'intérieur malgré les interdictions. Au Belchertown State Hospital dans le Massachusetts de jeunes punks se camouflaient à l'intérieur à ma grande surprise. J'ai eu la frousse d'apercevoir leurs ombres parmi les ruines de ce qui étaient auparavant de fastes demeures. Les fiches d'anciens patients trônaient à travers les objets hétéroclites dans une atmosphère lugubre. Au Norwich State Hospital du Connecticut je marchais des heures durant à l'intérieur d'édifices à moitié cloisonnés. Les tunnels reliant les pavillons étaient intentionnellement barricadés d'où jadis la folie émanait de ces lieux sordides. Ce fut mes meilleurs moments dans ce pays de contrastes et d'émerveillement. 

Comment puiser l'inspiration dans mon quotidien maintenant? L'aventure m'a apporté son lot d'adrénaline comme au moment ou j'allais à la recherche du dernier ermite dans les forêts du Maine. Plus de la moitié de ma vie fut remplie d'aventures. Elles prenaient racine chaque weekend durant près de trois décennies aux randonnées et voyages que j'organisais. Ma principale fascination fut de découvrir des endroits les plus sauvages et insolites. La plupart du temps c'est dans les chemins oubliés que l'exaltation atteingnait son paroxysme. J'étais un explorateur au même titre que mes héros de jeunesse. Je me souviens, pour paraphrasé la maxime nationale, du lac Fradette et ses camps de prisonniers allemands. J'y découvrais de nombreux bâtiments et artéfacts en kayak qui aujourd'hui ont disparus comme bien d'autres lieux. Découvrir ces histoires oubliées, comme bien d'autres, fut ma plus grande motivation. Je fus témoin d'une époque révolue avec ses personnages hors du temps. Il y avait dans la réserve des Laurentides des sites et des bâtiments qui aujourd'hui n'existent plus. C'était du temps des coureurs des bois. Aujourd'hui ils se promènent en bruyants motorisés. Je connaissais leurs histoires par les archives et vieilles cartes topographiques que je consultais assidûment. J'ai parcouru des sentiers mythiques comme le sentier des Jésuites sur la rivière Métabetchouan. Il y a longtemps, avec une amie métissée, nous fîmes de longues explorations en canot camping à travers une nature luxuriante. De nos jours les promoteurs avides et autres racoleurs indifférents prennent d'assaut ces lieux magiques. J'étais un guide rassembleur du passé et des chemins de travers. Je n'ai jamais été à la mode sans être démodé. Je passais aux yeux de plusieurs un étrange personnage animé d'une curieuse passion. La plupart de ceux qui m'accompagnaient n'avaient pas les mêmes intérêts. Les légers divertissements et les blagues rauques étaient leur leitmotiv. Je comprenais leurs besoins sans pour autant m'assimiler à  eux. Si j'avais écouté les participants l'aventure n'aurait jamais eu les mêmes teintes. J'étais déterminé et têtu, je ne regrette rien. Ce soir des images que peu de gens ont vus inondent ma mémoire. Elles sont comme un berceau où je me délecte de délicieuses atmosphères. Personne ne pourra m'enlever ses précieux souvenirs. Les gens ne font que passé telles les piètres visages sur la toile qui s'agitent tous dans la même direction. La vie est ainsi faite, peut-être est-il mieux de ne pas trop s'en attacher. Bien des questions resteront sans réponses. De nombreux rêves et défis ont été réalisés à ce jour, reste à déterminer la forme des prochains si petits soient-ils. Considérant que je suis différent à chaque jour qui se lève je dois prendre mon temps pour définir ceux qui me conviennent. La vie est courte.

17 décembre |

C'est dans la lenteur que ma conscience s'éveille. C'est dans la lenteur du moment présent que j'ai le goût de lire et d'écrire. La souffrance a souvent meublée mon existence. Ma nature tourmentée se manifeste à trop vouloir faire et de ne pas suffisamment être. Rester dans l'inconfort me semblait impossible comme si être n'était possible que dans le mouvement. Je reconnais la nécessité de méditer. Les résultats ne sont pas autant spontanés que réels. J'ai fait beaucoup de thérapies. Raconter son histoire, ses délires et ses souffrances délivrent. La thérapie permet de prendre du recul avec la douleur ressentie du sentiment d'être cloîtré. Le calme et la lucidité s'invitent dans une délectable méditation. La méditation et la psychothérapie sont un baume pour celui qui souffre, pour celui qui ne sait s'arrêter. Le mouvement n'a de sens que dans le repos. Le repos n'a de sens que dans l'action. Victor Hugo disait ... et puis tout vient à l’homme qui marche. Il ne lui surgit pas seulement des idées ; il lui échoit des aventures, et, pour ma part, j’aime fort les aventures qui m’arrivent en marchant. J'ai beaucoup marché, marcher pour fuir, pour oublier, pour ressentir autre chose et pour aller à la rencontre d'autrui. Marcher permet d'émerger des idées nouvelles et d'en découdre avec celles qui font sur surplace. Autrefois on marchait par nécessité plus tard pour le plaisir. Lorsque les eaux de mon esprit se calment j'y vois plus profondément. En ce sens l'immobilité est bénéfique me permettant une saine introspection tout en m'encrant dans le moment présent. 

Parfois je me demande si mes textes sont esthétiquement acceptables. Parfois l'idée de publier mes récits me traversent l'esprit. Je traduis cette intention en parti par la recherche de reconnaissance sinon me relier aux autres. Certes nourrir l'égo peut vouloir s'appliquer inconsciemment mais pas autant que le désir de me relier au monde. Il y a dans l'écriture d'un côté la création et de l'autre le commerce de la publication et de l'édition. Je me définis davantage à l'artiste qui s'invite viscéralement à la l'expression créative. Ma motivation pointe vers le beau. En écrivant j'ai le souci d'harmoniser les mots. J'éprouve le besoin de percevoir sous les apparences les images sous le lustre trompeur. J'ai bien changé depuis un an, je le reconnais. Une chose toutefois dans laquelle je m'identifie est cette volonté que je possède de faire la paix en moi tout en me pardonnant les erreurs commises d'avoir passer trop rapidement. Un jeune directeur d'un centre communautaire me dit que les aînés offrent un apport différent à la société. J'aurais aimé débattre sur le sujet avec lui. Ce n'est que partie remise. 

13 décembre|

Photographe-pigiste ou freelance en anglais je le fus dans mes belles années, celle de la bohème, de la découverte des arts et de la rue. Fils adopté d'une femme qui devint aveugle à mes dix ans, la nécessité d'avoir des yeux au-delà de la nonchalance m'envahit très tôt. De là provient la nécessité de bien voir le monde qui m'entoure avec une sensibilité accrue. Je suis allé à la rencontre des autres comme jamais je ne l'avais fait auparavant. J'avais vingt-cinq ans. J'habitais dans la mansarde d'une vieille maison française sur les remparts de la ville. De ce logis aux rumeurs du passé j'y voyais le vieux port et le fleuve à ses pieds. Je ressentais l'artiste en moi. Je portais ma caméra fièrement. Je m'identifiais aux couleurs pastelles peu communes dans ce temps-là pour un jeune homme. Mes cartes de présentation affichaient le bleu pâle et le rose. Je portais une épinglette arborant mon nom et le titre de photographe dans les salons que j'arpentais. J'étais libre et fier de l'être. Je me sentais unique, je renaissais. Il est plus facile d'aborder les gens avec un rôle. J'étais souvent au lit avec des femmes qui avaient beaucoup de charme. Le monde m'appartenait car j'étais le monde. Je fusionnais avec lui. Nous étions beaux et naïfs comme la jeunesse qui nous traversait. Nous étions disponible car le téléphone ne nous pendait pas au bout des doigts pour faire écran entre soi et les autres. Le précieux machin doté d'une relative intelligence reflète nos solitudes dans une téléréalité permanente. Le téléphone est un traître en ce sens qu'il crée des habitudes depuis l'enfance. Les parents s'en fichent ils sont occupés ailleurs. L'illusion se camoufle derrière l'écran. Les femmes ne me regardent plus, le truc et ses distractions sont plus attrayants. Serais-ce possible qu'il y est un lien avec la santé mentale des jeunes et internet? Poser la question c'est y répondre. Je suis revenu à mes amours depuis peu, le weekend arpentant le Vieux-Québec avec ma caméra et mon bloc-notes. Je reviens à la source, celle qui m'a vu naître. Né dans les murailles du Vieux-Québec, baptisé sans le désirer dans le faubourg, je me réapproprie de mes origines, de mon histoire, de mes convictions. La marche est haute entre les montagnes du Nevada et les cuisines collectives des quartiers populaires. Passage du rêve à la réalité. Les rêves sont nécessaires pourvus qu'ils ne s'éternisent pas dans une spirale fugitive. Dans l'absence de ta peau les mots sont là pour te mettre au monde. Les mots me sont offerts en attendant la présence de ta chair. Les mots me sont prêtés le temps qu'il faudra pour étreindre le monde. Quand j'étais jeune il y avait des pauvres, beaucoup de pauvres. La différence avec aujourd'hui c'est que beaucoup de communautés ont disparues. Jadis des structures sociales soutenaient les gens, aujourd'hui isolés avec un téléphone dans les mains. Il y a de plus en plus de gens connectés, paradoxalement il y a plus de gens seuls. Dans les années 80 les institutions psychiatriques se sont vidées, bientôt les portes s'ouvriront à nouveau. Je prend régulièrement l'autobus. J'ai de la chance d'habiter au centre-ville. Les transports en commun me facilitent la tâche durant mes déplacements hivernaux. À chaque fois que je monte dans l'un d'entres-eux j'amorce des discussions avec des gens peut m'importe leurs âges. Comme Socrate je pose quelques questions personnelles. Aujourd'hui dans l'autobus un intervenant de la rue s'étonne de la santé mentale chez les jeunes. De nombreux suicides ont lieu chaque jour sans que  les médias le rapporte. On ne veux pas que ces tragédies deviennent contagieuses. Comment en est-on rendu là? Je peux m'avancer en affirmant que le manque de soutien, de réseaux communautaires et familiaux appropriés sont l'une des causes. Cette tragique détresse se manifeste dans tous les groupes d'âge. Jusque dans les années 70 les gens  avaient de forts sentiments d'appartenance à leurs quartiers, églises, familles et communautés qui les soutenaient. En quelques décennies un effondrement considérable des valeurs et structures ont eu lieu. Des brusques changements culturels, familiaux, économiques et technologiques ont bouleversé et déstabilisé plusieurs individus et groupes d'individus. Tout nous est relié dans le monde même sur ce qui se passe de l'autre côté de la planète. 

Je rencontre Sandrine, dans le métrobus, elle est timide. Je saisi, en lui parlant, qu'elle attend le mâle attentionné et protecteur pour fonder une famille. Sa demande est faite auprès du Père Noël en me confiant avoir été sage toute l'année. Ceux et celles qui sont les moins troublés de mes approches sont les gens venus d'ailleurs. Il existe une panoplie de pays pauvres dont les communautés sont fortement reliées. De là proviennent leurs forces et leurs richesses. Lorsque je parle de communautés aux gens d'ici on ne semble pas toujours comprendre. J'ai fait un geste significatif aujourd'hui qu'il y a quelques mois je n'étais pas disposé à effectuer. Je me suis inscris dans un organisme pour faire du bénévolat. C'est une centrale qui regroupe une panoplie d'organismes communautaires. J'ai aussi mis en place des activités en parallèle pour l'année prochaine. Une identité nouvelle se dessine en moi délaissant le bois mort dans le courant de la rivière. Rien ne sert de s'attacher à ce qui est perdu. Mon quotidien m'apporte de petits faisceaux de lumières qui réchaufferont mon coeur le moment opportun. Il suffit de changer de sièges, de perspectives et surtout les rôles obsolètes. Ces derniers doivent être renouvelés pour ressentir à nouveau la source du vent. En faisant quelques recherches je trouve l'association canadienne en santé mentale. On offre des ateliers intitulés apprivoiser sa solitude... sur zoom. On est assuré de l'apprivoiser pour de bon seul devant son écran. Un autre prélude de la folie de masse généralisée. Quel monde étrange dans lequel je vis. Je n'aurais jamais fait un spécialiste car tout est relié, ça m'apparaît insensé. D'accord pour le généraliste. Bravo docteur je vais mieux en vous écrivant !

12 décembre|

Le système s'adapte moins rapidement aux travailleurs tant que l'argent sera au centre de la dynamique. Les revendications  syndicales sont nobles mais dans le système actuel qui ne fait que changer de couleurs de temps en temps les résultats seront toujours mitigés. Heureusement que les subventions gouvernementales et les programmes sociaux existent. Les systèmes sont en quelque sorte à l'image des hommes; imparfaits. S'adapter ou périr est un adage qui, dans les temps qui courent prend tout son sens. Je reconnais que vivre en tout temps n'a jamais été facile. Depuis les cinquante dernières années nous vivons l'âge d'or. En ce sens j'ai de la chance et je suis reconnaissant dans l'adversité. J'ai débuté une lecture qui m'éclaire sur l'acte d'écrire. Quarante-trois matins, le zen et l'écriture de Jeanpierre Masson. L'auteur crée des personnages qui en réalité sont le reflet de ses multiples personnalités. En les faisant vivre cela lui permet d'extérioriser ses anges et ses démons. L'acte d'écrire est libérateur. Dans sa famille son éducation était de silence et de non-dit. Un jour lors d'un incident troublant il s'est mis à écrire plusieurs jours sans relâche pour exprimer les émotions qui l'emprisonnait. Ce fut le plus grand bien-être qu'il n'avait jamais eu. Ensuite il s'est mis à écrire de petits textes après que les débâcles ont passées. Quelque chose de profond en moi s'était transformé. J'avais découvert l'écriture comme une manière de briser le silence sans ouvrir la bouche. De révéler sans parler. De crier sans desserrer les lèvres. J'ai toujours quelques livres ouverts. J'ai découvert une magnifique librairie-café aujourd'hui, le Mot de Tasse dans le quartier St Sacrement. Un endroit inspirant comme il en existe peu. Encore là ça dépend des goûts. Depuis peu je trouve que je change. Un sage disait qu'il faut afficher un sourire en tout temps pour obtenir ce que l'on veut sinon plus. Dans le film de Jim Carey, Monsieur Oui, sa vie se transforme ne prononçant sans cesse ce simple mot pourtant si puissant.

Je ne cesse d'explorer le territoire urbain qui m'abrite ces temps-ci et les gens qui le traversent, peut-être davantage que dans les dernières années. J'ai besoin d'encrage, d'enracinement et du sentiment d'appartenance à quelque chose plus grand que moi. Je scrute mon environnement avec parcimonie afin d'y trouver la place qui me revient dans les choix qui s'imposent. Où sont les limites? Difficile de répondre avec justesse. La vie a horreur du vide. J'en sais quelque chose, l'ayant porté souvent dans ma trajectoire. Je vois les barrières que les gens érigent entre eux et m'en étonnent toujours. J'hésite devant certaines de mes affirmations car je reconnais que rien n'est tout à fait blanc ou noir, que rien n'est parfait chez les hommes. J'hésite parfois car je sais que mon regard se défile dans la subjectivité. Devant l'inconnu les malaises sont visibles chez autrui. Un ami que j'apprécie s'empêche de parler librement si les gens aux tables de cafés sont trop près de lui. Nous sommes tous très différents mais cela ne nous empêche pas de partager avec ceux-ci. Les différences nous fortifient et nous enrichissent. Combien de gens appellent leurs conjoints ou leurs conjointes de douce moitié. C'est réducteur car ça démontre le manque d'autonomie dans plusieurs situations. Le ciel a voulu que je sois seul pour apprendre les mystères de ma vie. Vivre seul est difficile. À deux ça dépend des intentions qui unissent derrière. La question se pose. Dans les deux cas des stratégies s'imposent. Le monde idéal n'existe pas. Complètement seul il est impossible d'avoir la satisfaction de donner et de recevoir à moins d'être égocentrique ou animé de troubles psychiques. Seul c'est bien un certain temps pour se ressourcer et faire quelques mises au point. Ce n'est pas tant les évènements qui peuvent faire souffrir que l'attitude devant les évènements. Vivre heureux et seul sans interactions est impensable. Vivre en couple ou en société peut s'avérer l'enfer sur terre. Ce que je crois c'est que tout est cruellement impermanent. Le défi qui se présente à chaque instant est de rester en équilibre en faisant les choix qui s'imposent. Ma situation actuelle sera tout autre dans quelques temps car tout est impermanent, même ma solitude. Il s'agit d'élever ma conscience et de demander que les choses arrivent. Je n'ai autre choix que de vivre au moment présent car au bout du chemin je mourrai. Seule cette douloureuse pensée m'oblige à me ramener dans l'instant présent, seule source possible de bonheur durable. Je n'ai ni le goût ni la capacité d'inventer des personnages. Je préfère m'occuper de ceux qui existent ou ceux qui sont dans ma mémoire. Je suis fais du passé et du présent, je n'ai aucune autre option valable pour être heureux. Le passé a fait celui que je suis devenu mais je possède un certain pouvoir en me recentrant sur le présent. La dualité est partout dans l'univers des hommes. Je ne dois pas m'étonner alors que la souffrance alterne avec le bien-être, que la lumière avec l'obscurité, la présence avec l'absence. Tout en soi est question de perceptions. Il ne s'agit pas de devenir un devin, un esthète ou un gourou. Il s'agit simplement d'atteindre l'équilibre dans le respect de la vie qui est en soi et autour de soi.

10 décembre|

Depuis longtemps je pratique la pleine conscience et le yoga. J'ai démontré une certaine constance dans les pratiques. Dans les moments les plus difficiles ces disciplines m'ont accordées des moments de grâce voir de résurrection. Durant quelques années j'ai pratiqué les Dialogues de David Bohm dont l'essentiel est de prendre conscience de ce qui se passe en communiquant, les sujets étant secondaires dans les ateliers. Les Dialogues sont à l'image de la méditation qui veut que l'on observe ses pensées au lieu d'intervenir. Aujourd'hui j'ai acheté des huiles essentielles de romarin et d'eucalyptus pour aromatiser mes séances de yoga et de méditations quotidiennes. En cette journée de pluie, je fais de la soupe à la citrouille et aux betteraves. Ce sont mes façons de m'occuper le corps et l'esprit. Il devenait primordial de recentrer mon énergie au retour du voyage prolongé aux États-Unis par un profond repos et une saine alimentation. À chaque jour je débute la journée par un smoothie aux fruits et à la verdure en y incorporant des amandes et de l'avocat. Les prévisions astrologiques pour les poissons en cette fin d'année m'indiquent devoir respecter et fixer mes limites. Curieux j'y songeais. Hier j'ai recommencé à lire, chose qui m'était impossible depuis plusieurs mois par manque de motivation et de concentration. Monsieur Ibrahim et les fleurs du Coran d'Éric Emmanuel Schmitt se présente au bon moment pour son histoire remplie de sagesse et de sensibilité. Le monde de la réalité a ses limites, le monde de l'imagination est sans frontières disait Jean-Jacques Rousseau. Curieux j'y songeais aussi.

9 décembre |

Mon livre fétiche a longtemps été Into the Wild. C'est le récit biographique tragique de Christopher McCandless, jeune américain parti à la conquête des grands espaces et retrouvé mort empoisonné dans un vieil autobus en Alaska. Son histoire a été adaptée au cinéma sur les chansons originales d'Eddie Vedder. À la toute fin il aura écrit dans son journal vouloir retourner auprès de sa famille. L'absence de l'amour de ses proches lui devenait insupportable. Plus jeune je me suis souvent identifié à lui dans sa quête d'aventure et de liberté. Bien souvent j'ai failli y laisser ma peau. L'aventure est enivrante mais jamais autant que l'amour. C'est en son absence que je la reconnais. C'est privé de liberté qu'elle dévoile tout son sens. C'est dans la maladie qu'on réalise la chance d'être en santé. Hier j'ai vu le reportage de deux heures avec Patrice Roy sur l'intelligence artificielle. C'est renversant ce qui se passe à l'heure actuelle. Des garde-fous devront être mis en place pour éviter des dérapes probables. Cette technologie sera comme celles qui l'ont précédées bien utile mais destructrice si mal utilisée. Il viendra un jour où l'ont se saura pas si on a affaire à un humain ou un robot. Tout ça s'active très rapidement. Les gouvernements auront des difficultés à suivre le rythme en imposant des règles comme on le voit actuellement vis-à-vis des GAFA. Les gouvernements sont à la remorque des multinationales, ce qui n'a rien de rassurant. Ces dernières n'existent que pour le capital qu'il accumule et les gouvernements en profitent. La plupart des cerveaux de notre monde s'aliènent pour le gain et le pouvoir que profilent ces entreprises. Ces systèmes s'installeront car les grands acteurs y ont décelés des fissures dans notre monde. Les gouvernements pourront devenir les marionnettes de ces sociétés car elles possèdent plus de pouvoir que ces derniers. Tel l'animal qui s'agite devant le sang de ses proies, des changements de paradigmes s'imposeront pour le meilleur et le pire. Je comprends pourquoi Christopher McCandless a voulu fuir le monde qui l'abritait. Sa fuite l'aura précipité trop tôt dans une fin précoce. Le monde que nous habitons change très vite mais est-ce que les humains changent-ils à la même vitesse? Poser la question c'est y répondre.


8 décembre|

Raconter son histoire, la seule que l'on a et que l'on aura. C'est vital. Le passé ne doit pas être trop visité mais ma mémoire m'y plonge au repos. Le collège où je m'entraîne possède les rumeurs du passé. La modernité ne si est pas arrêtée pour mon ravissement. J'aime regarder la jeunesse et ses promesses. Un collège est un admirable milieu de vie, ça me change des vieux que j'ai trop longtemps côtoyé. Je remonte la pente, mon énergie aussi. J'ai allumé des lumières de Noël comme à chaque année. Cela m'imprègne de calme, de sérénité. Je n'ai pas effectué mon bilan annuel. L'année bientôt achevée fut tumultueuse avec des apprentissages permanents et parfois douloureux. Les expériences vécues furent révélatrices ayant atteint des limites sans équivoque. J'en ressors vainqueur mais meurtri. J'ai réalisé un vieux rêve de traverser la moitié de l'île de Cuba à vélo et de découvrir plus de vingt-cinq états américains en campeur durant quatre mois en solitaire. L'année fut riche en émotions fortes de planification et de mouvements excessifs. Cette année clôture un cycle d'aventures intense. Je prends conscience maintenant d'avoir franchi l'âge mûr. Rien ne sera jamais plus pareil après cette année. J'aurai aimé écrire de la poésie mais l'urgence en moi d'exprimer certaines choses crûment est plus forte. Je suis fidèlement une ligne de vie trouble pour me lier à l'amour. J'aimerais lire comme je l'ai fait durant les dernières années. Cela m'est impossible pour le moment, j'ai trop à dire, mon vase est plein. Je sais que je me répète parfois, certains sujets défilant en boucle mais je dois extirper la douleur que j'éprouve. Je ne serais pas honnête envers moi en tentant d'enjolivé mes propos pour des apparences trompeuses. Durant les quatre mois sur la route j'ai décrit les paysages traversés comme jamais je l'avais fait auparavant dans une réelle intensité.


Mon quotidien ces derniers temps n'a pas le relief, le charme et la perspective pour écrire de la poésie. J'ai besoin d'un effort considérable pour m'enthousiasmer devant l'âge d'or. Je sais qu'un jour le soleil brillera de nouveau et que l'amour parviendra jusqu'à moi avec plus d'éclats. Mon apprentissage ne s'est pas fait en douceur et je n'ai pas toujours pris le plus court chemin pour découvrir l'amour. J'ai parcouru beaucoup de routes pour me rendre compte que l'amour est beaucoup plus près que je l'avais imaginé. Des perspectives nouvelles modestes je vois poindre à l'horizon. De nouveaux projets à ma mesure seront se dessiner, j'en suis convaincu, avec humilité. Ce n'est pas dans la dernière année que je fus le plus en équilibre mais j'ai vécu à fond, seul certes, en mouvement dans la vie. Durant la dernière année, la chance malgré tout, m'a accompagné. Toutes les expériences vécues font de moi un être unique, un être riche d'une trajectoire difficile mais fabuleuse. Je porte en moi toutes les rumeurs du monde. En cela le repos m'est nécessaire avant de reprendre la route. Pour obtenir quelque chose il faut déjà l'avoir perdu. Je remercie ceux et celles en ce moment qui croise mon chemin, vous êtes plus important que vous ne le croyez. Rien n'arrive au hasard, tout est déjà tracé pour nous en naissant. La réelle vérité réside dans l'acceptation de ce qui est ici et maintenant. La vérité est en mouvance constante. Sisyphe a cruellement été puni des dieux pour vouloir enfermer la mort afin de rester en vie éternellement. Il y a beaucoup de leçons à retirer de notre passage. La seule chose qui restera c'est l'amour. C'est le seul bonheur qui soit durable.


6 décembre |

Les émotions les plus vives que j'ai jusqu'à présent furent la tristesse suivi de la peur. Une bonne gestion des émotions est essentielle. La plupart des émotions dégagent des signes similaires au corps d'où le besoin de savoir identifié laquelle nous habite. Une émotion peut en  entraîner d'autres si en plus elle est mal identifiée. Enfant c'est l'ennui que je portais qui m'a le plus caractérisé suivie de la peur. L'ennui est la cause principale des émotions qui se sont propagé sans comprendre tout à fait ce qui se passait et les actions adéquates que je devais entreprendre étant trop jeune. À cette époque, dans les institutions scolaires, c'était les conseillers d'orientation qui signalaient les malaises des jeunes aux parents. À partir des émotions vécues se définit en partie la pensée et les comportements. Les émotions mal gérées à l'enfance nous accompagnent toutes notre vie. Les distorsions cognitives et l'isolement social sont fréquents lors de mauvaises gestions des émotions en provoquant des symptômes de développement de la personnalité dans bien des cas. Je revisite ces thèmes en ce moment par la présence d'émotions fortes reliées à la retraite. Chose qui me rassure c'est que je ne suis pas le seul à vivre ces remises en question douloureuses et incontournables. Ces étapes de vie qui parfois se veulent malaisantes arrivent à différents stades de vie. En prenant du recul mon seul et véritable projet de retraite fut la vanlife. Dans les quatre dernières années j'ai passé une année complète seul avec Béa, mon petit campeur sur des milliers de kilomètres en Amérique du Nord. J'ai été très loin dans cette expérience et je ne regrette rien de ce qui a été accompli. Au retour du dernier périple des émotions fortes plutôt négatives se sont fixées en moi. Je suis revenu à la réalité dans cette solitude que j'ai tant voulu fuir. Au retour à la maison sans projets j'y ai ressenti un vide immense qui a versé son lot d'émotions vives. Dans ma vie professionnelle en tourisme d'aventures mon adrénaline était à son maximum. J'obtenais valorisation, satisfaction du travail accompli, j'étais respecté ou du moins je le crois et je gagnais ma vie tout en développant une magistrale créativité. 


Depuis cet automne au retour du dernier voyage de l'ouest américain, l'atterrissage ne s'est pas effectué en douceur, l'adrénaline n'étant plus présente pour m'exalter. Le quotidien m'apparaissait terne et âpre. Je sais qu'il m'appartient de surmonter ce malaise par une attitude positive et une recherche approfondie de mes intérêts et besoins. Je sais qu'il m'appartient  de faire venir à moi les beautés du monde. La pente est ardue mais pas impossible. Les résultats devront s'effectuer à l'intérieur de moi bien entendu et à l'intérieur de groupes sociaux et amicaux en développant un sentiment d'appartenance. Je me suis trop accroché à mon travail que j'ai créé comme ceux qui s'accroche au pouvoir et aux habitudes. Je ne sais reconnaître ma zone de confort car elle n'a jamais exister chez moi. Mon égo fut la manifestation de mon instinct de survie dans mon cheminement professionnel. Cela aura été nécessaire mais trop longtemps j'en aurai abusé. Ces temps-ci je suis redescendu de la montagne afin d'y retrouvé le repos. La marche aura été longue mais pas en vain, j'en suis convaincu. La vie n'est pas un long fleuve tranquille. Un jour je repartirai vers les sommets ou sa symbolique avec un esprit plus serein et un pas plus léger. Alors les émotions ressenties seront porteuses de joie. 


5 décembre|

Le thème de l'identité est vaste. Tous et chacun portons différents chapeaux dans une vie. Plusieurs auront des rôles multiples dans leur existence de parent, travailleur, conjoint, etc... Le rôle du travailleur au retraité est une étape cruciale pour la suite des choses. Quand, dans la forêt, un animal est blessé, il se repose. Il part à la recherche d'un endroit très paisible et y reste sans bouger pendant des jours et des jours. Il sait que c'est le meilleur moyen de permettre au corps de guérir. La sagesse de l'arrêt et de la guérison est encore vivante chez les animaux, mais nous les humains avons perdu la capacité de nous reposer. À la retraite le rythme devrait diminuer pour que le corps conserve sa fluidité, sa vitalité. L'équilibre doit se redéfinir à chaque instant pour que la conscience de soi et du monde ne se détériore. La méditation de la pleine conscience est pour moi la clé maîtresse de l'équilibre. Durant les quatre mois en voyage j'avais oublié parfois de respirer consciemment. Je réapprends depuis peu à me recentrer par la respiration consciente. Montaigne disait: mieux vaut tête bien faite que tête trop pleine. J'ai eu une vibrante conversation aujourd'hui avec Thomas, enseignant dans un collège privé. Sa femme est médecin. Il a 40 ans. À la jeunesse nous rêvons d'idéaux. La volonté de changer le monde nous étreint. Viens le couple et les enfants. Les grands idéaux de plusieurs se transforment en quête de matérialisme disproportionné parfois. La consommation excessive est signe de malaise. Le temps manque pour effectuer les tâches familiales. Le temps pour soi se contracte passablement dans le tumulte des responsabilités. Je raconte tout ça en révisant nos trajectoires. L'instinct de survie est fort. Le mental et l'égo sont des trouble-fêtes dans nos cheminements aléatoires en dents de scie. Nos trajectoires ne sont jamais rectilignes car la vie ne l'est pas. Le mental est un hôte vilain qui sait faire des bêtises aux plus malins. 


J'ai vu cette semaine le premier film d'envergure sur l'intelligence artificielle, le Créateur. C'est excellent et admirablement bien joué. On peut s'imaginer un futur proche d'humanoïdes dotés de l'intelligence artificielle. L'écrivain et historien israélien Yuval Noah Harari est l'un des premiers grands auteurs contemporains traitant de l'intelligence artificielle. C'est fascinant et troublant à la fois. La famille représente le groupe apportant le plus de stabilité et de réconfort chez les humains. Je n'ai qu'une soeur que j'ai connue à mes vingt cinq ans qui habite les Cantons de l'Est. Je n'ai peu ou pas connu mes neveux et nièces ni connu mon père naturel. Il a été enterré dans une fosse commune. Mes parents adoptifs ne reposent pas sous terre au même endroit car l'amour n'était pas au rendez-vous. La vie est tragique à ceux qui n'ont pas de stabilité émotionnelle ou identitaire. Comme l'animal blessé, les hommes doivent bien se reposer entre chaque bataille. Ma vie fut un champ de combat. Les différentes étapes de vie jadis étaient célébrées dans un rituel de passage obligé. Seul je les ai traversés. Je demande souvent aux anglophones croisés au hasard qu'elle est selon eux la différence entre les anglais et les français. Tellement diplomates qu'ils ne répondent guère à ma question me retournant habilement la question. Que je les trouve brillants dans leurs attitudes. Il est probable qu'ils n'accordent pas tant d'importance à ces différences que dans l'attitude et le respect devant les règles. J'ai souvent tenté d'outrepasser les règles. J'en connais les causes. Mon instinct de survie aura prévalu au détriment ou au contournement des règles d'usage. Je fus un véritable autodidacte par nécessité et continue de l'être malgré la tristesse que j'éprouve dans l'absence de groupes de soutien et d'appartenance. Dans les plus grandes misères se développent les plus grandes forces. Rien n'est tout à fait blanc ni tout à fait noir. L'enseignant rencontré aujourd'hui avait l'air plus jeune que son âge. À la blague je lui dit que c'est parce que sa conjointe est médecin. Il m'a dis une chose que j'ai retenue. En n'entraînant de la sorte ça me sert et ça sert aussi à ceux de mon entourage. Simpliste comme aveu mais élémentaire. L'homme a besoin de ce qu'il y a de pire en lui s'il veut parvenir à ce qu'il a de meilleur affirmait Nietzsche. Décidément l'apprentissage n'a pas d'âge.

4 décembre |

La vie étend ses surprises par des évènements simples et significatifs. Des gens d'autres pays m'étonnent de leurs gentillesses. J'ai l'impression parfois d'être plus prêt d'eux que de plusieurs québécois de souche comme on dit. Ces gens venus d'ailleurs possèdent beaucoup de discernement par le fait d'avoir quitté leurs pays souvent dans des conditions difficiles. Eshtah vient du Kurdistan. Il est ouvrier sur les plaines d'Abraham. On a de brèves et chaleureuses conversations ensemble entremêlant politique mondiale et économie. Il reconnait ceux qui lui ouvrent la porte. Plus tard une colombienne, Anna, qui s'adresse à moi à travers une discussion dans une clinique médicale. Ça me touche beaucoup ces moments d'ouverture sur le monde. Définitivement j'aime les relations sociales avec des propos stimulants empreint d'ouverture et de chaleur humaine. Cela représente pour moi de la nourriture au même titre que le pain. Lorsque je regarde le téléjournal ce qui détonne est la rapidité dans laquelle on passe d'un sujet à l'autre. De la guerre aux potins artistiques en passant par les sports. L'animateur météo nous prédira le temps qu'il fera de Gaspé à Gatineau en un temps record en parallèle avec les meurtres et les drames relayés en boucle. Tout cela entremêlé d'annonces publicitaires clinquantes alimentées de connections rapides et de gadgets toujours plus mirobolants. Même dans la météo les présentateurs font de la publicité maintenant pour vendre des vêtements. En fermant le téléviseur tous ces messages nous laissent pantois. On se demande quoi retenir de ces intermittentes informations et propagandes. Et l'on ressent le malaise de toute cette agitation sans pouvoir interagir. C'est pour ça que les nouvelles générations quittent la télé pour internet, c'est pour les interactions qu'elles proposent. Et les doigts s'agitent inlassablement dans un gouffre addictif. Être connecté et surtout ne rien manqué est l'essentiel dans un monde tellement étrange. C'est voulu ainsi, je n'y échappe pas. 

La chose la plus difficile d'atteindre est l'équilibre dans tout. Ce n'est pas une tâche facile d'avoir le discernement nécessaire pour notre équilibre. Il est facile de se remettre en cause et tomber dans le piège. L'action est nécessaire mais dépasser un certain stade elle est malsaine. Parfois dans mon esprit des flashs surviennent alimentant ma mémoire enfouie. L'origine de la rue Claire Fontaine provient d'une source d'eau fraîche qui jaillissait à l'angle des rues St Jean et de la Claire Fontaine d'où son nom. Une maison avait été construite autour de la source privilégiant son propriétaire à une ressource non négligeable. Sur cette rue jadis les religieuses des Franciscaines Missionnaires de Marie y habitaient. Je me rappelle car une tante y demeurait à la fin de ses jours. Une magnifique chapelle a été détruite pour faire place a des condos de luxe entassés pour faire fructifier les avoirs des entrepreneurs. Parfois je me demande à quoi ça sert un urbaniste dans une ville si ce n'est qu'alimenter les revenus de la ville. La congrégation possédait un immense jardin cloîtré allant de la Grande-Allée jusqu'au boulevard René Lévesque. L'actuel Grand Théâtre de Québec a été construit sur le jardin. C'était une toute autre époque. L'hôpital Jeffrey Hale avait sa façade sur René Lévesque. Je me rappelle car ma grand-mère habitait avec sa famille dans un immeuble de bourgeois notable dont le pâté de maison a été complètement rasé pour faire place à des tours à bureau et des banques. Une servante a passé sa vie à servir mes grands parents et mon grand-oncle Damase. Elle s'appelait Lydia. Plusieurs membres de ma famille était des aristocrates, écrivains et intellectuels. J'aimais beaucoup aller chez ma grand-mère, j'aimais les beaux tapis du salon, le foyer, les meubles anciens, le calme et l'harmonie des lieux. J'utilisais le pouf du vaste salon pour mes acrobaties sous les yeux amusés de la famille. J'étais un bel enfant comme tous les enfants. J'étais heureux car j'avais une grande famille qui semblait me chérir. Mon père et moi allions parfois le dimanche chez ma grand mère. Lydia la servante, ou la bonne comme on disait dans ce temps-là, nous faisait des sandwichs au jambon à la moutarde forte avec des muffins à la vanille que nous allions manger sur les plaines d'Abraham. La vie étant ce qu'elle est cette famille a disparu trop tôt en même temps que les tours à bureaux sont apparus. La maison de ma grand-mère, ses occupants et les jardins de pommiers des religieuses ont quitté ma trop courte jeunesse. Je raconte mon histoire car c'est la seule que j'ai eu. Ces flashs me reviennent de temps en temps comme pour m'indiquer que je viens de quelque part, comme pour m'indiquer que je porte toujours des souvenirs de famille.

1er décembre|

La méditation de la pleine conscience de Christophe André est celle qui me rejoint le plus. À chaque jour je dispose d'un moment privilégié pour me déposer dans l'instant présent. Dans la respiration consciente le sentiment d'appartenance à la vie se manifeste davantage que dans sa différence. Ma visite dans un centre communautaire aujourd'hui m'a permis de rencontrer Élodie. Cette femme n'a pas d'âge. Son regard est lumineux comme le jour. Elle démontait son exposition de la vitrine du centre. Je lui ai demandé si elle pliait bagage afin de m'introduire. Élodie est une véritable artiste dans l'âme. Elle a étudié en arts visuels et travaille dans un sex shop. Son exposition était emballée dans de gros sacs en direction d'autres établissements de Limoilou. C'est le secteur où elle a décidé de jeter l'encre pour diffuser ses messages percutants. L'exposition recueille des peintures et des objets inutilisables recueillis dans des sex shops. Un sex doll décomposée grandeur nature paraît-il témoignait d'une évidente curiosité auprès des passants. Les quelques instants passés ont été délectable autant pour son charme que pour ressentir l'énergie qu'elle dégage. Il y a tellement peu d'endroits pour créer des liens en ville. Certains ont décidément plus de faciliter à ce faire. Les gens sont toujours pressés, vont et viennent dans une course frénétique. Ou bien ils se donnent des airs de gens pressés. Créer des liens en développant un sentiment d'appartenance m'apparaît difficile plusieurs ayant déjà leurs propres réseaux. Québec est une ville hermétique en ce sens. Et puis tout est cruellement passager. Je me dis que si je veux très fort quelque chose ou des évènements ils arriveront tôt ou tard. M'arrimer avec des gens avec les mêmes intérêts au même moment n'est pas facile. Cela dépend de cette synchronicité dont je ne possède pas toujours le pouvoir d'exécution. Le goût de l'écriture pour raconter des histoires, mon histoire je le possède, cela m'appartient, C'est un acquis. Je les préfère réelles que fictives. Un grand-oncle écrivait des histoires romancées imprégnées de poésie. Il était de son temps. Ce style me plaît en l'adaptant à l'époque. Écrire exige d'être intensément dans le moment présent. C'est un exercice solitaire. Écrire comme je le fait développe mon esprit et mon discernement. Si j'étais plus jeune je recommencerais sans hésitez à mettre en relation les gens qui se cherchent. L'art est un moyen efficace pour se développer. La solitude qu'elle incombe requiert l'absence d'interactions sociales qui, sans équivoque, sont une source magistrale d'inspiration lorsqu'elles sont harmonieuses. Les dérives de nos sociétés reposent en partie par la trop grande consommation d'internet. J'aime le gym où je m'entraîne dans un collège privé. J'ai quelques interactions avec des jeunes étudiants. L'un d'eux, éthiopien, me salue gentiment à chaque fois que je le croise. Il est reconnaissant car je lui adressé la parole avec des questions sensibles. J'ai passé davantage de temps dans ma vie avec des plus vieux que maintenant je prends plaisir de voir la jeunesse s'animer Dans une autre vie j'aurais été sûrement un bon prof en sciences humaines.


30 novembre |

J'ai beaucoup marché à la basse ville aujourd'hui. L'itinérance frappe le regard en premier lieu. Une femme accompagnée de ce qui me semble un dealer m'interpelle fermement pour me demander si je venais lui rapporter son argent. Je m'achète un sandwich vietnamien dans une boulangerie. Il n'y a pas de tables. En face un centre communautaire offre des repas et de l'hébergement gratuitement aux démunis. La maison Revivre. Ce nom est fait pour moi. J'entre. Je prends une table dans le hall. On trouve curieux que j'apporte mon casse croûte, les repas étant gratuits. On m'offre du boeuf aux légumes avec une sauce d'une couleur étrange. Je prend le plat dans un bol en carton et l'offre à un itinérant. Il est content. Je m'étais tracé un itinéraire aujourd'hui dans le but de me trouver une nouvelle identité ou de nouveaux projets. La rue offre l'inspiration à ceux qui sont encore capable de marcher. Quelques organismes communautaires, des galeries en arts visuels, des cuisines collectives. J'explore. Les gens sont pas très riches dans les parages. Des commerces émergent ici et là tentant de répondre aux besoins. Des organismes d'aide aux immigrants sont présents. J'offre ma présence pour faciliter l'intégration. On n'accepte pas les québécois sauf quatre ou cinq déjà en place. Curieux. Je poursuis. Je participe à un café rencontre pour ceux qui se cherchent. Je suis l'un d'entre-eux. La vie c'est comme les montagnes russes. Je tente de remonter mon carrousel qui a largué les hauteurs pour un moment. J'ai besoin de chaleur humaine. J'en retrouve baignant d'humilité et de fragilité. La vie ne connait pas le vide. Une nouvelle identité m'attend au coin d'une rue peut-être. La rue est en moi. Je ne peux pas reconnaître cette nouvelle identité dans l'immédiat. Elle émergera ou je vacillerai. Le soir je médite. Je lis moins car trop d'histoires me portent, mon vase est déjà plein. Demain j'ai une autre rencontre fortuite. Il y a beaucoup plus d'hommes dans la rue. Les femmes ont davantage de réseaux. Elles savent davantage prévenir les coups. C'est une question de nature et de rôle. La photo d'une femme sur un site de rencontre ne tarde pas à être sollicitée peut importe ses traits ou son caractère. Le désert rejoindra les hommes insouciants et qui n'ont pas de chance. Les femmes compenseront leurs amours manqués avec leurs petits-enfants. Le pouvoir est restreint dans la solitude qui perdure. L'entonnoir est inversé pour les hommes. C'est comme ça qu'on en vient à dire c'est ça la vie. Je ne suis pas seul à qui le vase est plein. On marche pour en vider un coup. Il y a beaucoup de gens qui marchent pour oublier, ça paraît pas trop dans les visages mais on s'en doute. D'autres travaillent aussi pour oublier ou pour se donner un rôle. Seul l'amour en ce moment pourrait faire vaciller les choses. En attendant je traine mon corps alourdi d'un trop plein sur les trottoirs indifférents. Je ne suis pas utile donc je suis.

28 novembre |

Il se dit beaucoup de choses ces temps-ci dans les réseaux d'informations et les médias sociaux. Avec mon blogue j'en rajoute une couche de plus. Un fait divers a suscité mon attention dans un petit village des Bois Francs. Un litige a donné raison à la municipalité afin de démolir la grange-maison de Jean-Pierre. J'ai connu jadis cet ex-entrepreneur originaire de Québec. J'avais loué sa grange et deux petites maisons pour un weekend champêtre à Pâques avec un groupe. C'était mon tout premier forfait d'aventures que je réalisais pour Vert l'Aventure Plein Air. Déjà à l'époque les lieux étaient très rudimentaires et plutôt rustiques. Était affiché dans le prospectus de l'époque; "Pâques dans les Bois Francs à l'Auberge de la Belle Tranquilité". Il en coûtait 78$ pour trois jours et deux nuits incluant les déjeuners, les soupers et le guide. Jean-Pierre octogénaire aujourd'hui a toujours été un personnage marginal et indépendant. Les lieux sont très beaux et sauvages entre deux rivières qui coulent des journées tranquilles. Jean-Pierre avait ses racines dans le mouvement hippie. Il a tenté en vain d'empêcher la démolition de son havre de paix. La justice a eu raison de son argumentaire. Des règles étranges permettent de détruire son gîte pour des raisons de sécurité alors qu'il y vit seul pour finir ses beaux jours au milieu des champs.

Aux États-Unis il est très fréquent de voir ce style de maison délabrée.  La conformité et l'uniformité sont nos règles pour dicter nos façons de voir les choses. Il serait davantage approprié de faire du cas par cas dans certaines situations comme celle-ci. Je me souviendrai toujours de ce weekend à Pâques dans les Bois Francs. Ce fut authentique, dépaysant et bien différent de ce que l'on appelle la norm-alité. Lentement je me réconcilie avec la lecture étant plus concentré. J'ai cessé le cacao pur dans mes breuvages chauds. Déjà le café et le thé me sont contre-indiqués pour la nervosité qu'ils m'incombent, le cacao pris sur une base régulière m'est néfaste. L'Inesperée de Christian Bobin me ramène lentement à la réflexion profonde et le calme. Les premières pages me suffisent à reconnaître un être hautement spirituel. Cet essai est tout à fait mon genre de lecture. La vulgarité, on dit aux enfants qu'elle est dans les mots. La vraie vulgarité de ce monde est dans le temps, dans l'incapacité de dépenser le temps autrement que comme des sous, vite, vite, vite. J'avais un laisser passer pour le Musée des Beaux Arts aujourd'hui. Qu'une immense coquille vide au mur infiniment blanc. Très peu de choses significatives pour moi  dans ce mastodonte. Dans trois ou quatre ans on fera l'inauguration d'une autre salle. Je ne comprends rien à tout ça pour avoir visité quelques beaux musées américains. Les galeries chez nos voisins débordent de somptueuses peintures. Chez nous on aime le contemporain, le moderne, le neuf, les concepts nouveaux genres. Action ça tourne ! Ce soir c'est la pleine lune du gel et des castors, l'hiver approche.

27 novembre|

Trop tôt dans l'enfance j'ai côtoyé la souffrance, la misère et la mort qui ont fait celui que je suis devenu. Des traumas m'ont accompagné toute ma vie essayant d'avoir une existence normale. Des deuils importants en passant par l'intimidation, la drogue, le manque de soutien, le décrochage scolaire, les difficultés d'intégration, le rejet et l'abandon ont parsemés mon existence. Le seul répit acceptable fut dans la création et le développement d'une micro-entreprise en loisir et tourisme qui m'a offert l'opportunité de me réaliser à plusieurs niveaux. Dans mon jeune temps le soutien n'existait pas dans mon entourage ni dans les institutions. La rue m'a élevé à la dure. Malgré le manque flagrant de support j'étais résilient ou quelque chose qui tient du miracle m'a soutenu. Je n'irai pas plus loin dans mon histoire car je n'ai pas trop le goût de réveiller tout ça. Les traumas se réaniment par certains événements et situations. Rien n'est simple pour moi ayant une sensibilité à fleur de peau. Les traumas se ravivent devant le rejet, l'abandon et l'exclusion. Dans ces situations les émotions sont vives et mon attitude adopte des moyens de défense vétustes tel l'isolement, les émotions excessives et la fuite. Les malaises peuvent devenir douloureuses et disproportionnelles en rapport avec la situation. C'est tout un témoignage que je fais ici. Jamais je n'aurais cru avoir le courage de me dévoiler ainsi. J'ai appris avec le temps qu'il est plus dommageable de ne rien dire. Mon vase est parfois trop rempli que j'ai l'impression de craquer de partout. Lorsque l'eau s'approchant d'un barrage devient trop haute, le barrage cède. Je peux affirmer que j'ai céder souvent d'un trop plein d'émotions et d'anxiété. Le miracle se manifeste par le fait que je sois toujours vivant. Mon destin aurait pu être pire; la prison, la morgue ou l'asile. Ma vie aura été une putain d'aventure parsemée de chemins tortueux et de pensées toutes aussi tortueuses. C'est pour ça que j'écris. C'est pour raconter mon histoire. En ce sens ça me fait l'aimer et l'accepter avec le recul que l'écriture propose. Depuis une semaine un feu de foyer virtuel orne mon téléviseur avec un crépitement authentique. C'est mieux que rien et ça compense largement. Le bonheur n'est certes jamais durable mais il est dans la façon de voir les choses.


26 novembre |

Je demande à deux jeunes asiatiques de quel pays ils proviennent. New York me répondent-ils. Pour eux il y a la grosse pomme et les USA. Ce dernier abrite selon eux les esprits étroits à part quelques villes sur la côte ouest. Un marocain me confit qu'il n'a aucun souci avec les juifs, il est éduqué et n'a pas fait la guerre. Je prends conscience que de toujours j'ai été un idéaliste. Il me fallait croire à autre chose que ce cirque auquel je devais me déployé. La condition humaine ne sera jamais parfaite ici ou ailleurs car nous connaîtrons la souffrance et la mort. J'ai trop souvent voulu fuir ces faits. Trop souvent j'ai porté des attentes trop élevées en rapport avec la condition humaine et nos schèmes. Nos plus grandes souffrances résident dans notre pensée. On pourrait croire qu'en vivant dans tels ou tels systèmes ou gouvernances le monde serait plus beau. Mais peut importe les grandes utopies, les rêves et les promesses d'un monde meilleur nous souffrirons encore. Certes un salaire universel offert à tous les habitants de la terre soulagerait de maux multiples. Cela ne ferait qu'amenuiser nos souffrances et non pas de les éradiquer. Ces sommes nous permettraient de vivre mieux en passant davantage de temps à s'entraider et s'aimer. Depuis quelques temps je laisse aux jeunes générations les grandes décisions, j'ai confiance en eux et je n'ai plus d'autres alternatives. Certains grands problèmes et enjeux m'étreigne passablement. Je ne vois dans les politiques actuels qu'une redondance assommante prônant des discours creux et populistes pour ne conserver que le pouvoir. Ce pouvoir est comme la vie, il ne peut être mis dans un placard. Sisyphe l'aura payé très cher. Ces politiques sont imparfaites à l'image des humains, comment s'en surprendre? Malgré toutes nos imperfections et faiblesses, la jeunesse rêve d'idéaux et c'est bien ainsi. Le monde a besoin de cette innocence. Ensuite une fois que le système les assimile il en est fait d'eux. Nous sommes le système et il ne sera jamais parfait car nous ne le sommes pas. Telle est notre condition humaine. La vie des hommes offre un spectacle éblouissant d'un point de vue très limité. Parfois je crois vivre dans une pièce de théâtre enfreint de burlesque et de satire.


Malgré tout cette vie cruellement éphémère est belle. La mère et son enfant, les premiers pas et balbutiements du chérubin, les premiers baisers, les rêves de découvrir le monde, fonder une famille, acquérir une propriété pour y vivre. Tout cela est justifiable mais ne représente qu'un baume sur les souffrances futures car elles auront lieu tôt ou tard. En cela est le paradoxe des hommes et de ses contradictions. Elles se manifestent par sa rage et son espoir de vivre, sa capacité de se projeter en avant dans l'action. Je suis davantage dans les estrades ces temps-ci. Peut-être en est t-il rien ou j'ai tendance à me sous-estimé? Je dois déployer mon énergie à cibler mieux mes objectifs et de mieux définir mes besoins essentiels. Encore une fois je démontre trop de contrôle dans l'atteinte de mon bonheur alors qu'il est déjà présent ici et maintenant. Pourquoi je ne m'en tiens pas à cela? Qu'à cela ne tienne. Il est fort probable que mon véritable et principal ennemi soit la peur. Mais comment pouvoir la vaincre dans un monde si fragile et vulnérable. L'urgence de vivre est erronée dans l'interprétation que bien souvent on en fait. L'urgence de vivre doit se manifester en premier lieu dans la compréhension et l'acceptation de la peur. Qui craint de souffrir craint déjà de sa crainte disait Montaigne. Je quitte ce passage austère pour une méditation guidée bien méritée de Michel Dogma, le Grand Respir.


25 novembre|

Depuis quelques temps je prends plaisir à explorer le Vieux-Québec quelques jours par semaine. L'automne est la meilleure période pour s'y promener. J'aime l'hiver, la saison froide. Je n'ai pas toujours été de cet avis. J'ai beaucoup écris et lu depuis trois ans. Je suis en pause, l'inspiration fait défaut ou peut être bien que je suis dû pour vivre autre chose. Depuis une semaine je prends l'autobus, ça me plaît, je discute avec des gens. Ce qui m'inspire ces temps-ci c'est socialiser intelligemment, discuter, apprendre des gens. La cathédrale Ste Trinité de Québec ou Holy Trinity est la première cathédrale anglicane construite à l'extérieur des îles britanniques. Le marché de Noël allemand de Québec en collaboration avec le consulat général de la république fédérale d’Allemagne a présenté un concert intime à la cathédrale du contre-ténor Nils Wanderer, accompagné de la pianiste Jennifer Szeto. Je ne me souvenais pas d'être entré dans cette église étant fermée la plupart du temps. Je reconnais, après avoir voyagé si souvent, que le Vieux-Québec possède une âme et qu'elle communique avec moi dans mes marches hebdomadaires. Je reconnais la chance d'y vivre à quelques kilomètres à pied. Je fus éblouis de ce magnifique concert. Assis sur la première rangée près du consul d'Allemagne et quelques dignitaires, rarement je me suis senti aussi bien devant un rassemblement musical. Un socle dorée avec un aigle aux ailes déployées trônait près de l'autel. Il symbolise la force, la détermination et le courage. Écrire m'apparaît louable lorsque je vis des choses, des évènements ou des expériences. Ce chanteur possède un don, sa voix évoquant le Moyen Âge m'a fortement inspiré. Divine journée, merci la vie.

22 novembre |

Le blogue sous sa forme actuelle de journal personnel existe depuis mai 2021, date à laquelle Vert l'Aventure Plein Air a interrompu ses activités après plus de 30 ans. C'est ma façon de garder vivant sa mémoire et la mienne en écrivant mon journal intime. Je n'ai aucune idée du nombre de lecteurs qui le visite. Pour satisfaire ma curiosité merci de me l'indiquer en m'écrivant : vertlaventure@videotron.ca ou sur ma page facebook.

21 novembre |

L'estime de soi est faite de quatre composantes: le sentiment de confiance, la connaissance de soi, le sentiment d'appartenance à un groupe et le sentiment de compétence. Depuis un mois je lis et écris moins. L'estime que j'ai de moi-même et la confiance que je me porte sont réduites depuis mon retour de voyage. J'éprouve moins d'intérêts et de motivation à lire. Je ne dois pas m'en faire outre mesure. J'ai fort probable autre chose à faire. Surtout me recentrer et méditer. Je me suis identifié pendant près de trente années à un groupe que j'ai créé y développant un très grand sentiment d'appartenance. Ce groupe a disparu avec une partie de mon identité. Je m'en suis créé une autre cette fois-ci sous l'apparence d'un nomade solitaire et réfractaire. J'ai cruellement appris que ce mode de vie est incompatible avec ma nature tourmentée et du besoin que j'éprouve à socialiser et entretenir quelques repères. Ma confiance en a pris pour son rhume passant d'un extrême à l'autre avec en prime une longue pandémie qui m'a coupé du monde un bon moment. Ma retraite a été tumultueuse comme le reste de ma vie, je ne dois pas m'en surprendre. Ma vie est et a toujours été qu'une putain d'aventure. Le rêve de la retraite s'est estompé dans une forme d'oubli, de vide, de perte d'identité et de sens. Un vent de panique et de déprime par dessus m'ont littéralement jeté par terre. L'énergie qui jadis me permettait de longue lecture s'est amoindrie au point d'y perdre ma concentration. Je fais mon introspection depuis remontant lentement dans un lâcher prise. J'ai vécu ce que j'avais à vivre, j'ai récolté ce que j'ai semé, pire aurait été n'avoir rien fait. Ma voix s'est affaibli avec le sens des mots énoncés. Ma confiance en moi s'est effritée amèrement. Je ne me reconnais plus ou plutôt celui que je croyais être. Qu'en est-il maintenant? Quel sera la couleur de mon prochain port d'attache, mon encrage dans ce désert perturbant et inconnu? Ma force réside dans la résilience, celle de poursuivre avec la vie qui m'est prêté devant l'adversité, devant ce vide ou du trop plein qui veux s'abreuver de mon sang. De petits miracles jailliront j'en suis persuadé, parfois minuscules, parfois anodins mais toujours révélateurs. Ce n'est pas ma première déprime mais celle-ci m'apparaît plus difficile à surmonter. Je ne dois pas me presser dans la tourmente et mon désir de triompher à nouveau. Tout est dans ma façon d'envisager les évènements. Il est sain je crois bien de reconsidérer sa trajectoire de temps à autre. Cela ne s'effectue jamais sans heurt. Il y a des étapes de vie plus difficiles que d'autres, je viens d'en franchir toute une. Tout est dans la perception, la souffrance va me transcendé. Ce qui m'attriste le plus c'est de franchir ces étapes importantes en solitaire. En cela ce n'est pas un échec total mais une semi victoire, la vie n'étant pas rectiligne. Je contrôle si peu de choses.

14 novembre |

Dans le passé j'ai intégré le groupe Hommes Québec sur quelques années. Ce groupe de développement personnel a été créé par le défunt Guy Corneau psychologue. C'est un réseau extraordinaire mais la confiance entre les participants doive prévaloir, ce qui n'est pas garanti. Un groupe est un microcosme de la société avec le meilleur et le pire. Un groupe est autogéré par huit participants maximum avec des règles à respecter. Au retour de mon périple dans l'ouest américain j'ai refais une demande dans le but de réintégrer un groupe. Hier je fus invité. L'énergie n'a pas passée avec quelques-uns des hommes présents, j'ai quitté rapidement. Un groupe semblable est thérapeutique lorsque les bonnes vibrations sont au rendez-vous. Je ne suis pas du genre batailleur, je préfère me défiler devant l'adversité. Parfois c'est préférable d'autres fois il fait tenir tête en affrontant la menace lorsqu'elle devient inévitable. Je prend conscience de ma fragilité dans les relations humaines. Je suis très farouche et ne fais peu de compromis lorsque je ne me sens pas à ma place ou en situation de conflit. Ma réaction est la fuite ce qui n'est pas toujours le meilleur réflexe. Toute ma vie aura été marquée par la difficulté de m'intégrer socialement. Malgré cet exercice j'ai besoin de socialiser. Ce soir je médite aux chandelles. Ça se passe bien. J'aime le silence des froides saisons. Je n'y croyais pas jusqu'à tout récemment. Je fais tout ce qui m'est possible afin d'avoir une vie équilibrée malgré le fait que je sois seul. Parfois je ne dis aucun mot de la journée, c'est pas toujours facile mais je sais m'adapter, je n'ai pas toujours le choix. Je ne comprends rien, c'est mieux ainsi.  Accepter ce qui et avec parcimonie est nécessaire. Méditer c'est observer ses pensées sans jugement et sans aucune tentative de contrôle. Les pensées passent comme les nuages dans le ciel. Vient ensuite la respiration volontaire de la pleine conscience. Le calme et la paix s'immiscent lentement. Mon objectif est de médité trente minutes et plus par jour. Ce rituel devient primordial pour une vie équilibrée sinon l'esprit cherche à compenser vers des futilités et des distractions. L'énergie vitale devient alors altérée. Le piège est de cesser de méditer lorsque tout va bien. Om manah shivaya est un mantra à répéter plusieurs fois par jour. Les vibrations qu'apporte un mantra favorisent le calme et la sérénité. J'en ai besoin ces temps-ci. Quelques nouveaux arrivants m'ont adressé la parole avec compassion. C'est apprécié. Cette nuit j'ai fait un cauchemar épouvantable au point de devoir me lever quelques minutes. J'y voyais le suicide d'un vieil ami qui aujourd'hui est très malade. Le subconscient possède une mémoire vertigineuse et effrayante. 


13 novembre |

Le Dieu contemporain est le téléphone. Il est partout. Il épie, guette, raconte, séduit, influence et plus encore. J'éprouve envers lui un sentiment d'amour et de haine, une dépendance troublante. Les gens ont besoin d'être écouter, d'avoir de la reconnaissance, d'être approuver auprès des leurs bien souvent avant eux-mêmes. Je dois me discipliné de plus en plus pour éviter les nouvelles qui m'assaillent sans cesse. Il m'est impossible de me couper du monde. Le monde change rapidement. Je ne le reconnais plus certains jours. Ça va très vite. J'ai l'impression que l'on est en perte de contrôle, que l'identité se faufile dans la banalité. Les jeunes auront beaucoup à faire. Je me sens négatif pourtant il y a de belles choses dans la vie, elles sont d'ordre naturel. Ce que les humains en font me désole. On dirait une grosse mascarade remplie d'absurdité. Le mieux qu'il puisse m'arriver est méditer. J'ai l'impression d'avoir fait le tour du jardin mais je sais bien qu'en mon fort intérieur que c'est faux. Voici le paradoxe de la vie. Je dois apprendre à me tenir tranquille à l'intérieur d'une espèce d'immobilité croissante. Ce sont des pensées qui viennent avec l'âge peut-être. Que reste-t-il de mes rêves qui s'estompent dans l'indifférence et le vide? Je voudrais afficher de meilleures couleurs, c'est difficile, je m'enlise. La réalité est fausse à travers mes perceptions. La réalité est physique, mathématique, scientifique. Le reste n'est que des histoires pour se donner du courage, des convictions et des appartenances qui ne riment plus. Tout tourne en rond inlassablement. Pour donner du sens à tout ça je dois méditer, cessé de réfléchir, de me réfléchir. Je suis un être blessé, c'est ainsi. Mes propres pensées me blessent je reconnais. J'ai souvent l'impression d'être dans un mauvais film. Il me semble loin déjà le temps où je travaillais. Je m'affaisse dans une bulle qui rétrécit à vue d'oeil. Pourtant ce n'est pas parce que j'ai cessé d'explorer. Le problème viendrait-il du fait de vouloir trop embrasser ? Le problème ne vient-il pas du fait de ne pas rester tranquille à la maison par peur de mourir d'ennui? Montrer sa vulnérabilité peut être un risque. Ça dépend des circonstances. Montrer sa peur à un chien risque d'être encore pire. Je ne m'avoue pas encore vaincu mais je ne reconnais plus les batailles auxquelles je participe. J'ai beaucoup aimé la diversité, le changement et battre en retraite la routine. Mes forces ne me permettent plus autant d'audace et de force. La vie est si fragile.

11 novembre |

En marchant en ville je vois des gens que j'ai connus jadis et qui vieillissent mal. Accablés de maux divers parfois je peine à les reconnaître. J'ai passé une semaine troublante. Un voisin avec lequel dans le passé j'ai eu une altercation a récidivé en me proliférant des insultes. Sa femme est décédée, il est à la retraite. Lorsqu'il sort de chez lui c'est pour acheter alcool et cannabis. J'ai tenté à maintes reprises de lui tendre la main sans succès. La police a ouvert un dossier, des agents de sécurité de mon immeuble sont allé le rencontrer lui demandant de ne plus m'adresser la parole. Presque au même moment une conductrice avec la rage au volant m'a presque frappé en hurlant dans un stationnement d'un centre commercial. C'est une semaine chargée d'émotions et j'en passe. Aujourd'hui je suis allé comme à tous les weekends dans le Vieux Québec me détendre et prendre des clichés. Des étrangers peu farouches me saluent chaleureusement lorsque j'affiche ma disponibilité. C'est plutôt facile d'entrer en contact avec plusieurs d'entres-eux. Une  new-yorkaise franchement agréable avec son magnifique sourire s'est entretenu avec moi un quart d'heure. Ce n'est pas pour rien que j'ai fait mes études en tourisme au collège. J'aime les gens avec cette belle ouverture. Lorsque je croise des québécois dans les lieux publics il n'y a jamais ou peu d'interactions significatives voir même de salutations. Cela m'attriste de me sentir étranger chez moi. Mon sourire auprès de mesdames est la plupart du temps perçu comme une menace ou une intrusion, je n'y comprends rien. On dirait que pour plusieurs ça prend un cadre spécifique et encore. C'est dommage car chaque journée de solitude excessive me semble être du temps perdu. La solitude est une chose nourrissante lorsque désirée. Pour mettre du soleil dans ma journée je cuisine, ce soir je vais à un concert de musique.

7 novembre |

L'actualité me déprime littéralement. À la radio je n'écoute que la musique classique ou relaxante. Il y a longtemps je syntonisais Radio Galilée. Je me suis mis à l'écouter de nouveau pour valider mon intérêt actuel. C'est fort probable le seul endroit dans les médias où l'on approfondi la spiritualité. La base de cette chaîne est fortement catholique. De la musique intéressante à mes oreilles agrémentent les discussions à caractère philosophiques et spirituelles. Cela fait effet d'un baume sur tout ce que l'on entend ailleurs, divertissements, actualités, etc... Beaucoup de sujets qui prônent dans les médias sont associés aux divisions et à la compétition. Peut être est-ce ma propension à voir le côté sombre ? Il n'y a pas de publicités dans cette radio communautaire ce qui attire mon attention dans un premier temps. Ensuite on rejoint beaucoup de pauvres gens que plus rien d'autres ne s'attachent à eux. Je suis athée. Je pense parfois au type l'autre jour rencontré sur la rue qui me demandais si j'étais spirituel ou matérialiste. La plupart de ce qui se raconte sur les médias sont d'ordre matériel. Très peu de temps d'antenne n'est proposé à la spiritualité. À Radio Galilée, les accompagnateurs qu'ils soient spirituels, philosophes, théologiens ou croyants se relaient dans une lenteur appréciable. La plupart des réseaux de télécommunications reposent sur les publicitaires d'où émerge le caractère matérialiste de ces programmes. Tout file à une vitesse inouïe voir étourdissante. Dieu ne fait pas parti de ma gang mais les discussions et les réflexions diffusées me rejoignent en parti touchant ma sensibilité. Tout cela contribue à mes nouvelles explorations. Les divertissements matériels proposés ailleurs suscitent en moi peu d'intérêts. Samedi je vais à un concert de musique dans une église que j'affectionne sur la Grande-Allée, St Dominique. La musique des Voltigeurs et du 22ème Régiment seront à l'affiche pour une longue prestation. J'ai tellement besoin de calme que je me dois de restreindre les mauvaises nouvelles. Cela provoque chez moi des vibrations négatives et je n'ai aucun besoin de cette énergie si je peux m'en dispenser. Ce récital se pointe au bon moment. Dans mon livre de chevet ces temps-ci on décrit le monde absurde de la compétition que l'on habite. Écrit conjointement par Pablo Servigne et Gauthier Chapelle, l'entraide ou l'autre loi de la jungle est admirablement bien écrit. Je prends conscience de l'intense compétition qui m'habite depuis longtemps qui a généré trop de stress en moi. La compétition est saine mais poussée à l'extrême entraîne un stress intense. Les animaux l'ont bien compris ne chassant pas 24 heures sur 24. C'est l'entraide qui devrait prendre le relais de la compétition, ce n'est pas ce que nous révèlent les médias. J'ai vraiment voulu gagner à être le premier, le plus intelligent, le plus attrayant. Ça n'a plus aucune importance aujourd'hui, à quoi ça sert d'être sur le podium tout seul ? Les récessions, les échecs et les épidémies nous mettent en face de la réalité, c'est à cela qu'elles servent afin d'agir mieux en conséquence. Le premier pas c'est de se pardonner en prenant soin de soi. Ça peut paraître un geste égoïste prendre soin de soi mais c'est l'ultime devoir que l'on possède dans un monde en déroute.

6 novembre |

La mode est aux messages préfabriqués sur les médias sociaux. Il y a tellement de choses qui se disent et autant dans les communications et sur internet. Nous sommes littéralement inondés et je contribue avec mon blogue à en rajouter davantage. Les tendances actuelles sont de remplir le vide, de faire quelque chose à tout prix, de parler beaucoup.  Pour plusieurs la dépression ou la maladie est aux aguets en arrêt de travail. Vivement retourner sur le marché du travail, faire du bénévolat ou des activités à s'étourdir. C'est curieux mais c'est lorsque je n'ai rien à l'agenda que les meilleures idées émergent. Le refuge que représente l'écriture quand il n'y a plus d'espace où habiter devient une question de survie. Dans un autre registre je m’intéresse par le fait qu’on considère toujours que les locataires sont là temporairement pour, un jour, acheter et acquérir une propriété, Laurence Gagné en parle notamment dans son essai s'évincer, écriture et démantèlement. S’ils demeurent locataires toute leur vie, ils entrent dans une sorte de marginalité, dans un statut de gens qui ne sont pas parvenus à la réussite sociale.

5 novembre |

Parfois je vois le verre à moitié vide au lieu du contraire mais j'y travaille. En prenant ma marche quotidienne sur les Plaines d'Abraham je rencontre souvent Socrate. C'est le nom que je lui donne car je ne me rappelle jamais de son prénom. Socrate est un gourou prêchant ses sermons à qui veut bien l'entendre. J'ai parfois de la difficulté à le suivre dans sa bonne humeur déconcertante. Il est un jovialiste heureux qui marche la tête haute scrutant les interlocuteurs intéressés. Chaque jour je dois faire des choix et j'ai décidé de minimiser mes interactions avec lui. À chaque rencontre j'ai l'impression de participer à une conférence d'une longueur intermittente. Il se donne des hauteurs de moralisateur qui ne me convient pas tout le temps. Enfin qui a dit que la vie est facile. Je n'ai jamais vu cette note de cette nature dans ma boîte aux lettres. J'ai souvent l'impression de gravir des montagnes à chacun de mes respires. Par chance que mon blogue existe, un lieu qui m'appartient. Hier j'ai joint un groupe Facebook sur les français vivant à Québec. Ils sont plus de 14,000. Je veux partager mes meilleures photographies avec eux et quelques messages occasionnels. J'aime bien les français. Quelques-uns d'entre-eux ont été particulièrement significatifs dans mon cheminement, j'en suis reconnaissant. J'ai accompagné des cyclistes et randonneurs québécois et américains en France et dans plusieurs pays d'Europe et ailleurs dans le monde. J'aime la culture française et leur éducation. Égalité, fraternité, liberté. La France à la différence du Québec c'est qu'elle est fut un pays colonisateur. Ils n'ont pas le profil de colonisé que l'on traîne ici depuis des lustres. Avoir quelques échanges avec eux stimule mon intellect. La plupart conversent admirablement bien et prônent une certaine rigueur en matière de communication.  Mon opinion sur le sujet est à prendre ou à laisser. Pourquoi pas me disais-je joindre ce groupe. Au retour à la maison à ma grande surprise mes images ont été supprimées dans le groupe. J'ai vécu la même chose dans un groupe d'une autre nature. Probablement que mon destin a voulu que je prenne une route différente. Enfin je quitte ces groupes virtuels pour naviguer sous d'autres cieux. À chaque jour depuis des mois je m'adresse à des étrangers sur la rue. On dit que les québécois sont chaleureux et hospitaliers mais qu'après les salutations d'usage les portes se referment abruptement et souvent dans le malaise. Chacun a droit à son opinion, j'ai la mienne. Je trouve que les étrangers qui émigrent vers une nouvelle terre d'accueil ont beaucoup de courage et d'audace. Rien n'est totalement noir ou blanc, j'en conviens. Être critique c'est aussi être réaliste, c'est tenter de comprendre, de réfléchir et d'observer le monde autour de soi et en soi.

4 novembre |

Si je n'avais pas fais de sport et plus tard lire et écrire je serais devenu fou. On s'entend que rencontrer une femme à 25 ou 35 ans ce n'est pas la même chose qu'à 65 ans. Un ami m'a convaincu de m'inscrire à Tinder. Il n'y a personne en bas de 100 kilomètres à la ronde en recherchant une femme entre 55 et 62 ans. Ce qui me semblait un jeu d'enfants ne l'est certes pas. Le système me propose toujours de mettre plus d'argent pour obtenir de meilleurs résultats. Bien entendu que tout ça sera relayé aux oubliettes si dans une semaine aucune proposition ne se présente. Ce qui est injuste dans ce système c'est que les femmes ne paient pas. C'est ainsi que ça fonctionne dans ces applications de rencontres. Tout cela a bien été étudié pour amasser le plus de sous possible. En me promenant au soleil près de chez moi je ne vois que des gens avec des grosses têtes, c'est-à-dire préoccupés. Tous dans leurs bulles respectives. Ainsi va le monde. L'espace commun se définit beaucoup par le matériel aujourd'hui. C'est pour ces raisons que l'itinérance prend de l'ampleur, l'isolement social, la violence, le suicide et les maladies mentales. 

Les prochains grands changements sociaux, économiques et culturels viendront des changements climatiques et de l'intelligence artificielle. On ne sais quand et comment mais une chose est certaine c'est que ça va donner un grand coup chez les humains et leurs cultures. Pour le meilleur ou le pire, personne ne sait mais l'intelligence artificielle se met en place rapidement. Les emplois ne seront plus jamais les mêmes. L'adaptation sera cruciale et surtout l'utilisation que l'on en fera. Les plus jeunes qui n'auront pas connu autre chose regarderont le passé bien étrangement. Il y aura une rupture. Ainsi va le progrès comme on dit. Si je suis et demeure seul pour le moment je dois m'adapter, c'est l'ultime recours que j'ai en ma possession. J'ai tellement essayé de réseauter par différent moyens que je suis devenu las et que parfois je perd confiance. Qu'en est-il de nos identités, de la mienne particulièrement ? Elle a eu tellement de difficulté à se définir à l'adolescence que j'en éprouve encore des séquelles. À mon époque il n'y avait pas d'éducateurs spécialisés ni de travailleurs sociaux. Même avec les appuis nécessaires rien n'aurait été garanti. Mon identité a fait défaut longtemps au point de me sentir étranger à moi-même. Alors je m'en suis créé une de toute pièce, celle de l'aventurier intrépide et téméraire. J'ai réussir à vivre de l'aventure et survivre en elle jusqu'à la retraite. C'est une solide victoire mais à quel prix. C'était ma seule solution, je n'ai aucun regrets. Tous les modèles pour moi ont fait défaut. L'identité est un grand sujet. Il est intéressant d'aborder ce thème. Mon identité depuis quelques années prend racine dans l'écriture et l'image. J'ai toujours aimé m'asseoir sur les places publiques pour observer les passants. Je tente de percer les images qui défilent à mes yeux. Ce spectacle est bien souvent étrange tout comme la plupart des humains dans leurs agitations. J'éprouve de plus en plus de satisfaction à écrire, prendre des photos, réfléchir librement. Hier j'ai contacté une ancienne connaissance en l'invitant à prendre un café. Elle a un copain, un travail et s'occupe de sa famille, bref elle n'est pas intéressé. Je pourrais interprété cela comme un rejet. Elle termine en m'écrivant que j'avais de la chance d'avoir autant de temps libre. C'est ce que je retiens. Oui je me sens heureux et libre. Ma décision est que lorsque le besoin de parler ou d'exprimer avec les humains deviendra nécessaire, en leur absence j'écrirai en ponctuant avec de sages lectures. Je compenserai ainsi et parviendrai du mieux que je peux à un équilibre satisfaisant en attendant d'autres stimuli. Si les fugues de ma jeunesse provenaient du besoin de ventiler, de me valoriser et d'apprendre, aujourd'hui ce schème n'a plus autant de signification. Cette étape importante est celle de mon identité forgée au fil des années est arrivé à son terme. Cette curieuse identité est à reconsidérer moi qui me croyais un éternel aventurier. Je continuerai à l'être au fond de moi mais en utilisant d'autres moyens pour rétablir le précieux équilibre.

3 octobre |

Je me suis senti mal à l'aise ce soir en allant à une soirée sociale dans un bar de Ste Foy. J'ai rencontré d'anciens clients de ma défunte entreprise. Ils étaient les derniers que je voulais voir. Ensuite les gens présents m'apparaissaient pour la plupart teintés de gris et de beige. J'avais l'impression d'être projeter vingt ans en arrière et de régresser. De plus les gens semblaient bien se connaître de là la difficulté d'intégration. Tant mieux pour eux. Enfin j'ai quitté rapidement sans aucune espèce de remords. J'aurai eu le courage de vérifier où j'en suis là-dedans. J'ai bien changé, j'en prends conscience. Je n'ai plus aucune motivation envers ce genre de groupe ayant donné amplement dans le passé. Je suis ailleurs et c'est bien ainsi. Cela ne m'empêchera d'expérimenter d'autres avenues. Il y a davantage de groupes fermés aujourd'hui qu'auparavant. Les gens sont plus conservateurs, plus sélectifs. J'ai l'impression  que plusieurs de sentent en sécurité lorsqu'ils sont en contrôle dans leurs bulles familières. Les meilleures rencontres, bien souvent, sont soit avec nos amis ou avec des groupes spécifiques basés sur des intérêts réciproques de cheminement personnel ou d'ateliers de croissance. Plus un groupe est grand et plus la moyenne d'âge mental des individus diminue. Je ne prétends pas détenir la vérité, ce sont seulement mes constatations, chaque groupe culturel étant distinct. Je sais bien que je ne fais pas mon âge, c'est génétique et quand je veux, je sais m'occuper de moi. Je trouve difficile de m'intégrer dans un groupe, m'identifiant peu, c'est mon problème. Mon enthousiasme pour le vanlife ayant passé je vais passer à autre chose sous peu je le ressens mais ce n'est pas urgent.