Résilience

2 novembre |

Expiration, inspiration. Je revisite lentement la pleine conscience. Chandelles, ambiance feutrée, silence profond. Je crois aimer la saison froide qui me convie aux voyages intérieurs. Je n'ai plus aucune envie de voyager pour les prochains mois car j'ai rendez-vous avec moi-même ici et maintenant. Hier j'ai croisé une ancienne connaissance qui pratique le chamanisme. Il est fils d'une famille aisée et bourgeoise. Ses propos en rapport avec la vie après la mort m'ont frigorifié. Il a porté un jugement sévère me traitant de matérialiste, rapidement je me suis distancié de lui. Je n'ai pas besoin de ça dans ma vie et je n'ai pas suffisamment de liens avec lui pour lui permettre cette attitude grotesque et hautaine. Invraisemblablement je rencontre peu longtemps après un ami d'enfance avec qui j'ai eu de bons rapports. J'ai conscience que j'ai bien cheminé. Je m'enracine de plus en plus dans mes convictions et le positivisme. Plus je serai soucieux de ma personne et plus mon mal d'amour sera comblé. Sans jugement ce soir je m'apaise lentement vers l'essentiel. La paix et la réconciliation dissolvent le surplus d'adrénaline de la dernière saison. Après deux mois de retour je revois encore le paysage défilé. Un ami français qui habite la Bretagne m'a appelé. La lumière hivernale se reflétant dans la neige lui manque. Je suis davantage en contact avec le monde que je crois l'être. Ceci est l'une de ma plus douloureuse distorsion. Il m'est difficile de cesser de me projeter dans le temps, de ressasser le passé. Il est difficile d'accepter ce qui est pour ceux qui sont blessés. Cela appartient aux idéalistes. Il est difficile d'accepter les souffrances surtout lorsqu'on a vécu avec elles trop longtemps. J'ai cruellement négligé ma véritable identité au point parfois de fuir celui que je croyais être. Mon identité a eu des ratés à l'adolescence. Deux personnages m'habitent, le moi véritable rempli d'amour et de paix et l'intrus, cet égo malsain qui ne cesse d'exprimer peurs et remous. La méditation arrive au bon moment ici et maintenant. Je tend vers ce précieux équilibre qui attira vers moi l'amour, celle envers moi-même dans une ième récidive. Demain j'ai une activité sociale en groupe, c'est la grande aventure. Quelle sont mes attentes? Probablement combler des besoins légitimes de base essentiels tels la reconnaissance, l'appartenance et l'amitié. Chaque seconde de sérénité et d'ouverture dans ma vie et envers la vie est un précieux cadeau.

31 octobre |

Il ne suffit que quelques mots pour que ton chemin s'éclaire. Hâte toi, hâte toi de les prononcer disait Walt Whitman. Robert Lalonde dans son dernier recueil la reconstruction du paradis, fait l'éloge de ce grand auteur américain. La maison de Lalonde a brûlée en 2018 qui après ce désastre tente ardemment de reprendre goût à la vie lui et sa conjointe Cet auteur québécois écrit de façon magistrale. Il m'était inconnu jusqu'au moment de le découvrir dans la boîte à livres. Je suis en admiration devant son bouquin éloquent. Depuis mon retour de ma grande épopée dans l'ouest américain, je me suis lentement rééduqué de mon antre. D'imaginer sa maison partir en fumée me laisse songeur. Tout chez moi est d'une propreté vigoureuse presque obsessionnelle. Je reprends ma posture hivernale dans mon délicieux fauteuil en laissant planer mon esprit librement. J'ai gagné aujourd'hui une paire de billets pour le théâtre, curieusement la pièce s'intitule pompiers et pyromanes. Depuis quelques temps une partie de moi s'est envolé en fumée, c'est pour cette raison que cette lecture m'interpelle. De petites joies refont leurs apparitions dans une douce et réconfortante routine. Il est souvent bon de chuter... affirme Whitman, il faut accepter de perdre la bataille comme de la gagner. J'attendais une parole limpide et une main qui m'indiquerait la voie à suivre. Je me suis égaré sérieusement dans ce dernier voyage. Je fus tellement occupé par le monde qui m'entourait que j'ai négligé celui qui vivait en moi. Le plaisir est immense de me retrouver, sachant fort bien que l'être qui n'habite n'est plus le même. C'est à cela que sert l'aventure. Einstein disait que la vie est comme une bicyclette, qu'il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.

27 octobre |

Je suis positif en lien avec mon récent cheminement professionnel, en ce sens j'ai bien réussi. J'ai su conservé mon logement dans un quartier que j'adore depuis près de 30 ans. En ce sens j'ai fait le bon choix en démontrant de la stabilité. J'ai vécu selon mes moyens sans m'endetter, en cela j'en suis fier. J'ai su me conserver en forme. J'ai développé une créativité ininterrompue me remettant en question sur le plan professionnel du mieux que j'ai pu et avec les ressources à ma disposition. J'ai développé au fil du temps des atouts tels l'écriture et la photographie pour ne nommer que ceux là. J'ai développé au fil du temps des qualités sociales, artistiques et entrepreneuriales. J'ai dépassé mes limites sans cesse dans mon entreprise en m'adaptant du mieux que j'ai pu contre vents et marées. J'ai réalisé tous mes grands projets de voyages et ils étaient fort nombreux. Je suis résilient et courageux. J'ai oeuvré à contre courant toute ma vie ce qui a fait de moi un être unique et original. J'ai été au bout de mon rêve à la retraite avec l'acquisition d'un véhicule aménagé en expérimentant le vanlife au maximum de mes capacités. Je suis fier des quatre dernières années à bourlinger avec le campeur à travers l'Amérique. Le véhicule est toujours là en excellente condition et me servira encore pour les années à venir de façon plus modérée. Je fus un travailleur autonome ce qui m'a permis d'acquérir confiance en moi tout en faisant l'acquisition de multiples expériences. J'ai démontré et encore aujourd'hui une grande ouverture d'esprit. Je suis économe ce qui m'a permis de demeurer indépendant jusqu'à la retraite. Je suis conscient positivement de mes acquis. Je suis plus fort que je crois l'être. J'ai réussi à maintenir une saine alimentation en redoublant d'effort depuis quelques temps en perdant dix livres. Je me suis inscris à nouveau au gym après une absence de quatre ans. J'ai su en toute humilité demander de l'aide du mieux que j'ai pu dans les moments opportuns. Mes forces et mes qualités sont nombreuses telles la capacité de me remettre en question, savoir rebondir, prendre soin de moi, avoir une certaine discipline et être indépendant. En ce sens je suis résilient. Je suis fier d'avoir franchi le seuil de la retraite en bonne santé physique et en ayant respecté mes objectifs financiers. Tout ceci représente l'aspect positif de ma personnalité et de mes réalisations. Cet exercice est sain et me permet de mettre en relief le meilleur de moi-même. J'ai toujours été très actif mais depuis quelques temps j'ai appris à me poser dans la gratitude et la reconnaissance. Merci la vie est le mantra que j'ai adopté.

25 octobre |

Élevé en partie par mon père adoptif qui était journaliste et d'une mère qui est devenue aveugle à mes dix ans, il n'est pas étonnant que je suis doué pour la communication écrite et visuelle. Le goût du voyage et de l'aventure proviennent du fait de vouloir fuit la réalité que j'habitais. Ces fugues m'ont permis d'accumuler des expériences tout en créant ma propre entreprise. Je réalise depuis peu les forces créatrices qui m'habitent. Ma motivation en ce sens m'amène à solliciter un emploi à temps partiel dans le domaine des relations publiques. Ce secteur regroupe les agences de presse, le marketing et la valorisation des entreprises privées et publiques. En entrant dans l'une de ces entreprises cette semaine j'ai rapidement compris que j'y avais ma place. Une à deux journées par semaine de travail rémunéré suffise pour développer mes forces créatrices et ma motivation. Des équipes jeunes et dynamiques y travaillent dans un décor inspirant de bon goût et d'avant-garde. Je viens de faire mes premiers pas aussi à l'intérieur de communautés virtuelles de d'activités sociales pour célibataires faute de mieux. J'ai adopté par la même occasion quelques sites de partage de photographies. Je ne dois pas baisser la garde même à la retraite. Je tiens à rester actif en contribuant à la communauté tout en respectant mes limites. Je deviens ainsi Mario 2.0 dans sa toute nouvelle version.

23 octobre |

Le gym où je m'entraîne est situé dans un petit collège privé qui offre un enseignement de grande qualité. La moitié des étudiants proviennent de différents pays, du jamais vu dans cet établissement scolaire. À chaque séance je discute avec quelques-uns d'entres-eux. Je débute souvent par demander de quels pays ils proviennent. Aujourd'hui je me suis adressé à une jeune algérienne en lui parlant de la Palestine. Elle c'est mise à parler longuement et soudainement elle a fondue en larmes. J'ai bien compris qu'elle était très émotive mis à part la cause palestinienne. Elle habite Québec seulement depuis deux mois seulement. J'ai interrompu cette discussion lui disant avoir déjà été chez les Berbères au Maroc et en Turquie et que j'avais été enchanté par ces peuples au grand coeur. Autrefois les juifs, les chrétiens et les musulmans vivaient ensemble en paix, se respectant les uns les autres. Les grandes périodes de colonisation ont divisée les peuples. Je suis heureux de me retrouver dans ce petit espace avec ces jeunes. On est très loin ici des 11,000 étudiants du Cégep Ste Foy. Seulement 1,200 étudiants sont inscrits à ce collège privé. L'argent ne fait pas le bonheur mais ça aide largement. Le thème de l'intégration me tient à coeur pour avoir souffert d'un manque criant de ressources dans mon adolescence. J'ai travaillé près de 30 ans auprès d'une agence spécialisée en accueillant des randonneurs, des gens esseulés et des voyageurs. J'en sais quelque chose. Néanmoins je suis très incommodé devant la maladie, l'ignorance et la violence. C'est dans l'action que je me suis réalisé. À l'âge de la retraite je m'apaise. Je me surprends d'être assez cérébral depuis quelques années en considérant mon goût pour l'écriture et la lecture. Je suis davantage équilibré, le début de la sagesse assumée. J'étais travailleur autonome mais avec une retraite en santé je me sens plus autonome, plus libre. Toutefois je n'ai pas toujours conscience de cette liberté. Cette dernière s'affirme davantage par son absence. La présence stimulante de l'autre me manque mais j'y travaille. Pendant tout ce temps j'étais occupé à gagner ma vie dignement. Je peux admettre humblement dans l'accalmie que je vis présentement; veni, vidi, vici du latin qui signifie; je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu, exprimé par Jules César. Je m'identifie à cette fameuse expression. Ma curiosité est immense que je n'aurai point de répit pour la suite. Rien n'est acquis toutefois. Le repos du guerrier ou de l'artiste dépendamment de l'angle que l'on regarde ne possède que peu de répit.


22 octobre |

Dans les guerres ou les crises économiques ce sont les plus démunis qui en subissent les conséquences en premier lieu. Ce matin dans les médias le sujet des gens vivant dans leurs véhicules est relaté. Tout a été si rapidement depuis la pandémie. Je n'arrive pas à croire que nous en sommes arrivés là. Le Québec pourtant reconnu pour ses mesures sociales ne répond plus à la demande. Je suis très sensible à ce sujet. Fort probable que plusieurs d'entres-eux étaient mal préparés mais comment peut-on se préparer lorsque l'on se fait évincé par son propriétaire. Les liens de confiance envers la société se tarissent. L'arrivée massive de nouveaux arrivants a changé le portrait au Canada, dans le monde occidental et dans les grandes cités. Les pays riches étaient mal préparés pour accueillir autant de nouveaux arrivants. Le choc des civilisations sera cruel par une sélection naturelle éliminant les plus faibles. Des profiteurs et des magouilleurs sans aucune espèce de considération pour les pauvres gens ont pris le relais afin de s'enrichir de façon désinvolte. J'ai passé une année complète dans mon véhicule sur les trois dernières années. Je peux comprendre le désespoir de ne pas avoir un toit sur la tête. Aujourd'hui je remercie mes anges gardiens d'en avoir un. Ces temps-ci j'ai tendance malheureusement à ne percevoir que les choses qui vont mal; la guerre, la misère, la pauvreté. Comment faire pour se mettre la tête dans le sable lorsque tout bascule autour de moi malgré le fait que je vis au bon endroit. La semaine dernière en discutant avec des étrangers de par le monde je réalise la chance de vivre ici. Je souhaiterais observer davantage d'élan de solidarité et de voir la transformation de ce monde à la dérive basé principalement sur l'argent. Les communautés virtuelles que Facebook proposent, je n'y crois pas. Pourquoi faire des courses me réjouis autant en deçà des relations interpersonnelles depuis quelques temps? Que peut m'offrir les relations interpersonnelles dans un contexte de méfiance et d'individualisme excessif. Je crois qu'ils nous manquent la volonté d'y parvenir comme si la solidarité se manifeste seulement en cas de crise extrême. Depuis les années 50 le Québec a vu la plus prestigieuse croissance de son histoire. Le monde ne sera plus jamais ce qu'il était, qu'on se mettre à l'évidence. Les problèmes dans le monde actuel provient du fait que des groupes d'individus amassent des richesses incommensurables et qu'ils ne sont pas prêt à céder une parcelle de leurs pouvoirs en modifiant le modèle en place. Dans le dernier film de Martin Scorsese, la note américaine on se désole du génocide des indiens de l'Oklahoma au début du XXème siècle. Des choses similaires se déroulent sous nos yeux aujourd'hui avec les plus démunis de la société. Pour terminer cette sombre page je terminerai en disant qu'où il y a de la vie il a de l'espoir.

21 octobre |

Je suis rassasié de voyages pour le moment mais pas de poser mon regard sur le monde. Je n'éprouve peu d'enthousiasme à voyager seul ces temps-ci. J'adore le cinéma en après-midi lorsque la salle est presque vide. Enfant, ma mère adoptive me donnait des sous pour aller voir un programme double au cinéma Odéon de St Roch. C'était à l'emplacement actuel du YMCA. L'argent servait pour prendre l'autobus, le cinéma, les hot-dogs et les friandises. C'était ma plus belle sortie même si j'étais seul. Pour un moment je l'oubliais. J'aime passionnément les bons films, le dernier de Martin Scorsese est un chef-d'oeuvre de même que Oppheimer. C'est lorsque le film me reste dans la peau pendant des jours que je reconnais la magie du troisième art. J'aime les drames historiques ou biographiques. Je n'apprécie guère le théâtre, les comédies et les mélodrames à la télévision. Les spectacles d'humour ne me font pas rire et les téléromans je m'en passent volontiers. Ma vie est bien tranquille c'est temps-ci, c'est probablement mieux ainsi. Je débute la semaine prochaine des soirées de discussions et de partage entre hommes. Ces ateliers bimensuelles sont composés de six à huit personnes. Dans le passé j'y ai déjà participé, ça me permet de sortir de soi-même et de créer des liens. Par chance c'est à quelques pâtés de maisons. Je suis l'actualité depuis mon retour de voyage, ce n'est guère réjouissant. Le monde s'en va à la dérive, la planète aussi si rien ne change. Je pose souvent la question sur la rue à des étrangers s'ils préféreraient vivre en Chine, aux États-Unis ou en Russie. Les plus jeunes ou les gens moins éduqués ne comprennent absolument rien de la démocratie. Ils répondent un peu n'importe quoi. Les gens plus avisés répondent que la liberté est entre les mains des États-Unis car c'est l'état policier, c'est bien ainsi. Ceux qui détestent les américains sont jaloux, ne les connaissent pas, possèdent des préjugés ou ne peuvent tout simplement pas entrer sur le territoire. Les chinois sont des gens réservés et discrets. Les remous qu'ils créent sont pour que le milliard et demi d'habitants puissent vivre sinon survivre. Le commerce est la règle numéro un. Concernant la Russie plusieurs pays alliés le sont surtout par intérêt, pour leurs ressources et le faux sentiment de protection du régime corrompu en place. Personne toutefois n'aimerait y vivre à l'instar de la Chine ou des États-Unis. J'aime beaucoup connaître les opinions des étrangers sur différents enjeux et politiques actuels. Discuter ouvertement permet d'éviter le cloisonnement et les préjugés qui en découlent. Les médias n'offrent que des points de vue fragmentaires et des clichés que ce soit en Amérique et ailleurs dans le monde qui varient selon les intérêts. C'est de la France que l'on peut obtenir les informations plus pertinentes sur l'actualité. La devise de la République française étant; liberté, fraternité, égalité. Malgré le fait que la Chine est un pays communiste, les chinois me semblent moins corrompus que les russes. Le personnage public que je déteste le plus est sans contredit Vladimir Poutine. Il me fait peur, il assombrit la démocratie dans le monde à même titre que Trump. Ce dernier toutefois tombera dans l'oubli sous peu j'en déduis car les États-Unis n'ont pas les moyens de s'affaisser autant de la face du monde. Dans le passé j'ai croisé à maintes reprises des russes, ils ne manifestent que peu de chaleur humaine. Mais pour être totalement objectif je devrais aller dans ce pays, je n'irai point car je parle trop. C'est pour ça que j'écris, afin que le flot incessant de pensées puisse se dissoudre laissant place à une libération vitale.


18 octobre |

Le meilleur moment pour aller dans le Vieux-Québec est l'automne de même que pour voyager. J'y prends beaucoup de clichés, tout est formidablement photogéniques. Il y a beaucoup de groupes en voyages organisés de différentes nationalités. En prenant du soleil j'aperçois une jolie blonde. Je suis incapable d'y donner un âge. Ses cheveux sont étranges, je crois qu'elle porte une perruque. J'ai envie de m'adresser à elle. Je m'approche, elle est au téléphone. Elle porte une jupe assez courte qui laisse entrevoir des jambes pulpeuses. Son teint est pâle et arbore des lèvres d'un rouge vif. Elle porte des verres fumés. Elle a branché son téléphone dans un mur extérieur. Je m'approche et lui dit; c'est une question de vie ou de mort le téléphone je vois. Elle me répond avec un large sourire que c'est exact et que la probabilité qu'elle meurt d'un cancer prochainement est très élevée. En effet elle porte une perruque. Peu de gens ne voient les gens comme je les vois. Mes yeux sont ultra-perçants. Au téléphone c'est son médecin. Je lui souhaite bon courage et poursuis mon chemin. Tous et chacun a son histoire, parfois lumineuse, d'autre d'une grande noirceur. 


Un ami me dit que je devrais avoir davantage d'empathie. Comment fait-il pour dire ça? Je n'aime pas les conseils préférant l'accompagnement et l'écoute si on me veux du bien. La ville de Québec grenouille d'histoires parfois rocambolesques, il suffit d'ouvrir les yeux. Certains endroits mériteraient davantage de canopée. Je croise des coréens, à la blague je demande du sud ou du nord, ça les fait rigoler. Les chinois je demande s'ils sont venus en Amérique en ballons. Voilà mon empathie aujourd'hui. Quand je vois une araignée dans la maison au lieu de la tuer je l'éjecte au dehors. Voilà mon empathie. C'est pour ces raisons que parfois je ne prends toujours pas pour acquis ce que les gens me racontent. Je suis fait ainsi mais si la conversation est stimulante j'y participe assidûment. À l'approche de la saison froide j'aimerais bien démontrer de l'empathie en réchauffant le coeur d'une jolie personne. Malheureusement les gens ne viennent jamais vers moi. De toujours ce fut ainsi. J'ai développé des distorsions cognitives. Je me demande comment faire pour rencontrer une femme. Dans plusieurs pays c'est plus facile. Un journaliste français qui a écrit un livre sur le peuple iranien raconte qu'il a de la difficulté à rester seul un instant. Les asiatiques affichent une joie réelle en recevant de bienheureux commentaires. Toutefois le positivisme est de rigueur et les politesses aussi. Tout peut être exprimé, ça dépends de la façon de s'y prendre.


Je ne comprends pas ce qui se passe par ici, pourtant j'y suis né. En vieillissant je désapprends ce genre de chose et je suis moins motivé d'aller vers elles. J'interprète à tort que je ne suis pas suffisamment attrayant, trop vieux ou quelque chose qui n'est pas toujours de mon recours. On m'a déjà dit de faire quelque chose, plutôt simpliste comme affirmation. Et voilà que le hamster s'emballe. J'ai tenté un tas de trucs, le virtuel, les cafés, les ateliers, les activités. Je croise beaucoup de personnes qui ont peur, peur d'avoir peur, d'être dérangé, d'être submergé ou je ne sais quoi. Leurs amis leurs suffisent et elles sont trop occupées. La plupart embrassent leurs smartphones constamment ne laissant aucune place à ce qui est en dehors de l'écran. C'est comme si la réalité était dans l'appareil considérant le monde extérieur une menace. Je crois que les québécois seront les premiers à adopter l'intelligence artificielle car ils raffolent de ce genre de gadgets pour esquinter les imprévues qui pourtant font parties de la vie. Être constamment en contrôle est un signe de peur et de faiblesse. Ainsi on laisse passer des évènements qui pourraient s'afficher importants. Cela vaut aussi pour moi mais j'y travaille beaucoup. Sinon leurs existences sont bien remplies et leurs horaires surchargés. Je me demande souvent s'ils ont vraiment le choix ou si ce n'est que par peur du vide. Mon discours est amer en partie j'en conviens. Je tiens à apporter des nuances, tout n'est pas tout à fait noir ou blanc. Il est fort probable que je ne suis pas au bon moment ni au bon moment. Plusieurs iront travailler pour passer le temps, pour chasser l'ennui, plusieurs diront que c'est pour l'argent. Je suis content de mes clichés aujourd'hui, ma journée de travail c'est traduite dans la beauté, l'harmonie et la création. Je suis heureux d'avoir du temps, ce fut toujours ainsi, c'est l'une de mes richesses. J'irai plus souvent dans le Vieux Québec à la rencontre des autres.

17 octobre |

J'aime entrer en contact dans les lieux publics avec des gens venus de pays étrangers. En démontrant une ouverture je suis toujours bien accueilli. Je suis curieux de l'autre avec des questions intimistes. Ces nouveaux arrivants sont contents qu'on s'intéresse à eux, à leurs pays d'origine et leurs cultures. Au restaurant indien je dis à l'amie qui m'accompagne de ne pas se surprendre si j'adresse la parole à deux musulmanes voilées à nos côté avec quelques questions personnelles. L'une d'entre-elles convertie à l'islam mais elle affiche une belle ouverture et me semble radicale dans ces propos, elle est très jeune. Cette courte conversation me réjouis toutefois. Les nouveaux arrivants pour plusieurs doivent démontrer cette ouverture à l'autre et la plupart le font bien. Ça prend beaucoup de courage et d'ouverture pour s'intégrer à un nouveau pays et à une nouvelle culture. La religion c'est personnel d'autant qu'elle demeure dans le domaine du privé et que l'on ne tente pas de me convertir ou d'en juger. Chez le rabbin j'ai tenté en vain, les codes sont trop restrictifs, trop radicaux. Je ne ferai pas de comparaison, cet exercice serait malsain. Je garde pour moi mes impressions en évitant les critiques inutiles. Jamais je ne me suis aussi bien senti vivre dans mon quartier avec cette diversité et ma liberté retrouvée. J'ai eu souvent le goût de quitter le navire dans une fuite désespérée. Québec m'a vu naître et j'y suis attaché malgré les discordances parfois. Ailleurs il y en aura toujours alors aussi bien m'encrer pour le meilleur et pour le pire dans ma ville natale qui est fort jolie pour qui sais regarder. J'apprécie le travail du maire actuel et son discernement. Je ne choisis pas toujours ma route, c'est elle qui me choisis, on appelle cela le destin. Je me réalise en partie dans l'action comme pour tous les hommes je crois. Plusieurs c'est dans l'amour, action du coeur. Le mien est parfois desséché mais je m'en occupe. Le pardon s'effectue lentement et c'est surtout envers moi-même qu'il se manifeste en premier lieu. J'ai eu dans le passé une famille d'accueil disfonctionnelle, elle aurait pu être meilleure comme elle aurait pu être pire. Jamais je ne le saurai. L'important est d'avoir survécu malgré l'adversité. Ce soir je suis rempli de reconnaissance envers la vie, envers mon destin. En ouvrant mon coeur la vie m'offre ses trésors.

16 octobre |

Je crois qu'un jour un salaire universel sera versé à tous les habitants de la terre. Ce moment viendra ou les robots et l'intelligence artificielle remplacera un grand nombre d'emplois. D'autres emplois seront créés qui ne sont pas lucratifs tels élever les enfants, aider les grands parents, organiser les activités communautaires et s'occuper les uns des autres. En cela le salaire universel ne sera pas versé en vain. Il ne s'agit guère de sauver des emplois que de sauver la vie des hommes. Utopie me direz-vous? Les juifs ultra-orthodoxes en Israël reçoivent ces subventions afin d'étudier ensemble le Talmud. Certes ils ne sont pas riches mais ils démontrent un taux de satisfaction élevée en rapport avec leur qualité de vie. On pourrait se servir de ce modèle pour repenser notre condition humaine, les technologies aidantes. Pour ma part je peux affirmer que ce modèle me va très bien. Le monde actuel est déficient faut se l'avouer et si un vent de changement n'apparaît pas bientôt nous courons tous à notre perte. Il faut que l'humanité et la vie sur cette planète retrouve son sens, il est urgent d'agir. L'intelligence artificielle pourra, si elle est bien appuyée des hommes, offrir une trêve et de l'espoir dans un système ne répondant plus aux besoins actuels de l'humanité. Espérant que ces technologies n'affaiblissent les humains comme l'on fait les sociétés industrielles. Une ère nouvelle basée sur un communiste renouvelé ferait son apparition avec l'aide de l'intelligence artificielle. Il est urgent d'agir pour un monde meilleur, l'heure n'est plus aux transgiversations.

15 octobre |

Actuellement beaucoup de choses et d'idées tombent en désuétude rapidement. Aujourd'hui je suis allé au salon des aînés du centre de foires. Il y avait un monde fou, des milliers de personnes. Je n'y suis pas resté longtemps. J'ai trouvé triste de voir le spectacle de tous ces gens rechercher un semblant de bonheur et de distraction. Une zone était aménagée pour offrir des emplois à temps plein ou partiel aux aînés. Ce fut mon principal intérêt ayant atteint la retraite et désirant travailler une journée par semaine. Rien ne presse. La plupart des grandes institutions n'offrent pas des emplois à temps partiel car leurs structures et leur bon vouloir ne sont pas au rendez-vous. Les mentalités font en sorte que l'on passe pour des paresseux ou sans motivation lorsqu'on sollicite un poste d'une journée par semaine. J'ai connu la même histoire dans ma jeunesse. Cette foire est principalement commerciale. Rien de très progressif malgré les tentatives. À l'heure ou le coût de la vie est extrêmement élevé, le libéralisme perd de son lustre. Rapidement j'opte la direction d'une bonne librairie. J'ai besoin de bouquins qui m'inspirent. Je tombe sur un historien israélien de renommée internationale, Yuval Noah Harari. J'achète son dernier livre "21 leçons du XXIème siècle". Les premières pages m'enivrent de vérité et de savoir. Dans la foule les opinions sont tellement partagées que j'y perds pied. Malgré tout la diversité est enrichissante et il me serait impossible de vivre où tous seraient identiques. Au même instant je revois les milliers de gens qui font le tourniquet pour remettre leurs offrandes au premiers venus en se faisant proposer des tas de trucs obsolètes au bonheur à ce salon. Tous ensemble à la file indienne ils se sentent moins seuls un peu à l'image des spectacles d'humour. On rit tous ensemble, là est le réconfort et le sentiment d'appartenance. Ça s'arrête là, l'illusion est totale. Ceux et celles qui proposent des emplois en réalité offrent des portes tournantes telles des plateformes numériques impersonnelles. J'ai l'air pessimiste mais en plongeant dans certains bouquins j'y découvre davantage de lumières et de stabilité. Des questions et des réflexions s'invitent où il y a lieu de s'inquiéter pour la suite du monde libre. Je n'aime pas les phrases toutes faites du genre c'est ça la vie. La société de masse est devenue un spectacle ou les repères et le bon sens s'évanouissent rapidement. Dans la foule je me distrais quelque peu mais me désole abruptement. Les gens n'ont pas le temps de réfléchir car il faut travailler, élever les enfants, faire les courses. Que faire alors ? Se mettre la tête dans le sable, résister, se révolter, changer de gouvernements aux quatre ans le temps de mettre quelques couches de vernis ici et là. Le Québec appartient aux promoteurs, c'est eux qui détiennent le pouvoir. Il faut faire vite alors en répondant aux rapports trimestriels des actionnaires. La philosophie n'a pas de place dans ces projets, seuls les sempiternels rendements comptent. Je n'ai pas les réponses mais une chose est claire est que je dois m'abstenir de faire des vagues inutiles dans un monde de plus en plus étrange, intolérant et complaisant tout en faisant émerger en moi la paix et le silence de ce brouhaha turbulent.

13 octobre |

L'énergie, le moral et la forme réapparaît enfin. Le gym, une alimentation rigoureuse, le sommeil commencent à faire son chemin. La confiance, le blogue et mes repères réapparaissent lentement. Le voyageur revient un jour ou l'autre sinon ce n'est pas un voyageur. Ce fut toute une aventure, celle que l'on fait qu'une fois dans sa vie. 2023 aura été révélatrice. Je suis chanceux, j'en conviens. La van sera utilisé avec davantage de parcimonie. J'ai d'autres choses à vivre, la route n'est pas terminée mais elle sera différente avec un équilibre assurément. Un type que je connais m'a dit que ça paraît que j'ai recommencé à m'entraîner, ça m'encourage. J'aurai prêché dans le désert réellement. J'ai appris. Maintenant je reconnais davantage le mot merci. Merci la vie. Dans quelques semaines je vais hiverner. J'ai peu à dire ce soir mais je délie mes pensées qui, à mon retour, étaient entremêlées. Ce dialogue avec moi-même est salutaire faute d'avoir des échanges. En Californie j'ai trouvé au sol du cannabis que j'ai consommé. J'ai continué cette folle habitude qui est rapidement devenu un cauchemar. Il y a deux ans dans l'ouest canadien j'ai aussi consommé, j'en suis revenu malade. Je m'identifiais à Beaudelaire dans les paradis artificiels en fumant du haschisch mélangé avec du cannabis. Un cocktail explosif qui déprime le système nerveux littéralement. En Californie le premier joint fut dans Sequoia National Park au pied des arbres géants. J'étais pris dans un engrenage qui aura duré deux mois sans avoir la volonté de cesser. Dans le passé j'avais déjà fumé sachant que cette merde n'est pas faite pour moi. Il faut tomber dans le fond du puit pour savoir y remonter, certains n'y remontent jamais. C'est pour ça que je dis merci. J'ai dépassé mes limites dans ce voyage, par exemple en prenant des chemins de terre complètement désertiques sur des journées entières sans voir aucun signe de vie, garages, habitations. Parfois le véhicule passait à peine enlisant mes roues à quelques reprises. L'adrénaline était à son maximum. C'est au Nevada que j'ai vécu mes meilleurs moments, un dépaysement complet. C'était avant le weed. Les boutiques de cannabis et ses dérivés sont partout sauf chez certains états républicains du Midwest. La Californie m'aura cassé. Maintenant la sobriété m'a rejoint, l'équilibre aussi et je m'en porte mieux. Il est important pour moi d'exprimer ceci, le récit aurait été incomplet.

12 octobre |

Je crois avoir voulu inconsciemment disparaître souvent tout comme les "évaporés du Japon". Ce livre écrit par Lena Mauger est un reportage méticuleux sur les gens qui disparaissent volontairement de la société au Japon. La culture nipponne est centrée traditionnellement sur la performance, le travail et la réussite. Si on ne fait pas parti de la masse on est marginalisé. Ceux qui manque à leurs devoirs et ont des échecs disparaissent volontairement par honte. Dany Laferrière dans "sur la route avec Bashō" dit "je crois que dans ces moments de crise aiguë où tout semble bougé sous nos pas il est bon de quitter notre époque". Dany Laferrière est admirable du fait qu'il mixte la réalité avec le rêve. Autant j'avais de la facilité à écrire il y a quelques mois autant il m'est difficile aujourd'hui. En réalité écrire à tous les jours dans le blogue lors du récent voyage de quatre mois m'a paradoxalement inspiré et saturé l'esprit. J'ai ressenti fortement un vide et une fatigue extrême au retour de cet intense périple. L'extrême contraste entre la vie en vanlife dans un espace restreint et le retour à la réalité chez moi fut pénible. J'ai bougé beaucoup possiblement trop pour mes capacités. Un repos salutaire est prioritaire et surtout l'absence d'effort et de mouvement. J'ai dépassé mes limites, je le reconnais. 

Moins je sais plus je comprends, je reconnais. L'aventure ne sera plus jamais la même après cette année fulgurante, la troisième du genre. Écrire sera mon salut malgré le fait qu'il soit difficile en ce moment. Lors du récent voyage je décrivais le monde extérieur avec son histoire et sa culture qui se déroulaient sous mes yeux. Au retour je dois voyager à l'intérieur de moi pour y retrouver ma source et mon inspiration la est la difficulté en ce moment. La réalité est que j'y ai retrouvé le vide et l'absence de moi-même et de l'autre. La transition est cruelle. La réalité devant laquelle je fais face actuellement est un sentiment d'isolement social. Ce sentiment m'a toujours habité même parfois entouré de gens. On se doit de comprendre avec le coeur et non l'esprit. Mon coeur a été trop longtemps fermé surtout depuis la pandémie. Partout je vois des fissures dans notre culture. Rien n'est acquis malgré le fait que je vis dans une société relativement prospère. Qu'en est-il de cette richesse et de cette culture? La terre certes, l'eau mais c'est surtout les gens qui en font la distinction. La société québécoise est ingénieuse, patenteuse, parfois au détriment de la raison. Il le fallait bien pour vivre sur cette terre rude où tout devait se réinventer pour s'adapter et ça ne s'arrête jamais. Nos difficultés sont reliées au fait que nous avons été colonisé et soumis au dogme de l'église. Au fait que nous n'avons jamais été indépendant, autonome. Cette affirmation s'applique aussi pour moi car mon apprentissage fut cruellement indisposant. Je ne critique point mais je tente d'affirmer une certaine réalité. Après de nombreux voyages je suis venu à la conclusion que je suis pas fait pour vivre ailleurs. Pour cela il aurait fallu le faire très tôt ou les apprentissages et les adaptations sont plus faciles. Le monde parfait n'existe pas de notre vivant. Nous avons tous besoin des éléments de base pour vivre, ensuite c'est de son recours à transformer, du mieux qu'il soit possible, son monde intérieur et son regard. Nous allons tous mourir un jour, en cela l'angoisse est omniprésente J'avoue être hypocondriaque et anxieux, c'est pas facile mais en écrivant je m'encre dans le moment présent. 

J'ai parfois l'impression que mes repères me glisse sous mes pieds. Au centre commercial la semaine dernière il y avait des nouveaux arrivants comme jamais je n'en avais vu auparavant. Ça m'est égal mais le décor change considérablement. Je vais modéré les téléjournaux de façon à me protéger du négativisme qui y règne. Des guerres, de la violence, de l'indifférence partout et bientôt le manque de ressources cuisantes par les changements climatiques. J'ai tendance au négativisme mais j'y travaille fermement. La difficulté est de ne pas le faire en me renfermant. Lors du récent voyage de quatre mois en vanlife j'ai réussi plusieurs mois à élargir mes horizons. La vérité est que j'ai compris qu'il me manquait des besoins de base pour rester en équilibre, par exemple mon alimentation qui a fait défaut et le taux d'adrénaline trop élevé sur un trop long laps de temps. L'adrénaline est reliée au stress que les endomorphines associées au sport sont reliées au bien-être. La solitude je crois bien l'avoir fui mais je réalise, malgré toutes les beautés de la terre, qu'elle m'a accompagné dans un déni insoutenable. J'ai ressenti un profond déracinement en n'ayant que peu ou pas d'interactions sociales et de repères. Le signe que je prend du mieux est la reprise de l'écriture et de la saine lecture. Je suis conscient que le monde actuel est inondée d'informations, cela n'ira pas en s'améliorant malheureusement et nous n'avons pas encore connu l'intelligence artificielle comme s'il n'y avait pas suffisamment d'artifices dans ce monde en rapide mutation. Quoique qu'il en soit j'ai le goût de m'encrer en moi davantage dans une communauté qui plus juste et crédible. Ma confiance s'est étiolée au fil du temps par des blessures que je me dois d'observer avec rigueur sans jugement toutefois afin de les amenuiser.

5 octobre | Rivière Bécancour, Parc des Chutes Lysander, Inverness, Centre du Québec 

Mon copain à St Gilles-de-Lotbinière habite dans une luxueuse maison en bois rond de pin blanc qui s'est fait construire. De grosses truites pataugent dans l'étang à côté du pommier. Ses deux chiens reniflent autour. On a mangé des tartares et des saumons grillés sur le grill près du feu. Après le spa le lendemain matin je suis allé au parc des chutes Lysander à Inverness. Autour de cette municipalité s'étiolent mes paysages et villages préférés. J'attache mon hamac sous de grands pins dans le vent chaud de cet après-midi d'octobre. J'éprouve beaucoup de gratitude et d'apaisement. Les chemins historiques Craig et Gosford du début de la colonisation du régime anglais Craig traversent la région sur de jolis vallons. Partout où il y a des traces anglosaxones, je m'y sens bien. Mon copain n'est pas bien, il attend d'une journée à l'autre un appel pour une chirurgie à la hanche. Il travaille beaucoup, c'est sa fierté. C'est un véritable leader et gentleman. On a beaucoup parlé. Je reprends lentement le goût d'écrire. Une partie de mon hiver sera consacré à la réflexion, à l'entraînement, à l'écriture et à la recherche de compagnons pour faire quelques activités et discussions. Je réalise à peine que je suis à la retraite. Je note dans un fichier une liste des endroits à revoir. Je m'organise. Merci la vie.

4 octobre | St Gilles-de-Lotbinière, Chaudière Appalaches 

Je me suis acheté de nouveaux espadrilles, ça évolue rapidement depuis mes derniers. J'ai demandé des souliers de marche, le conseiller m'a dit qu'il n'existait pas encore des souliers pour s'asseoir. Depuis plusieurs semaines je mets à jour une panoplie de choses utiles et pratiques avant le remisage de mon véhicule. Je sens en moi un véritable vent de changement. Je sens que j'avais certains rattrapages à effectuer. En écrivant je fais la sieste à l'ombre dans un joli boisé en attendant d'aller voir un ami. Il aime bien prendre une tasse, je lui ai acheté une bonne bouteille... d'eau pour rigoler. C'est l'une des rares personnes connues dans mon défunt club de plein air avec qui j'ai du plaisir à revoir. Que de discussions et souvenirs au menu. J'aimerais bien organiser comme jadis quelques randonnées en raquettes hors piste dans Chaudière Appalaches, de loin mes préférées. On verra bien où le vent me portera. Il est vrai que j'ai eu de la chance d'avoir réaliser tous mes rêves et projets sauf pour l'amour si longtemps attendu. Le destin en a voulu ainsi jusqu'à présent. Comme pour le reste, la vie me porte où elle veut bien. J'éprouve de la reconnaissance pour deux choses. La première est le club que j'ai créé en 1994, époque où internet n'existait pas, deuxièmement d'avoir conserver mon modeste logis depuis bientôt 30 ans qui me convient. Cette constance a été salutaire. La route fut longue depuis 2020. J'ai parcouru 80,000 kilomètres avec Béa, ma van fidèle, à travers l'Amérique du Nord d'un océan à l'autre et la route n'est pas tout à fait terminée mais elle sera plus lente et moins longue. 

Ma curiosité et ma passion pour les choses que j'entreprends est l'une de mes qualités, je suis aller au bout de mes rêves jusqu'à présent. Je fut un précurseur des époques traversées. Il m'est impossible d'avoir des regrets de toutes ces expériences malgré les soubresauts parfois incommodants.  J'ai maintenu le blogue de l'aventure avec détermination et persévérance. Ce fut le prolongement naturel de ma création en 1994. Faute d'être en relation avec l'amour d'une femme je le fus avec moi-même ce qui m'amène aujourd'hui à reconnaître mes besoins actuels. Un monde est immense à l'intérieur de chacun de soi qui attend d'être découvert à chaque jour.

30 septembre | Ruisseau Leblond, St Gervais-de-Bellechasse, Chaudière Appalaches 

Le thème actuel qui suscite mon attention est celui de la solitude et de la difficulté à créer des liens d'amitiés sincères. Je me remets lentement après quatre mois d'intenses mobilités aux États-Unis en vanlife et un mois en cyclotourisme à Cuba l'hiver dernier. Je constate à mon retour plusieurs réalités contradictoires qui se côtoient dans la culture actuelle ayant suffisamment pris du recul pour l'affirmer. Je prends davantage conscience de mes lacunes interpersonnelles qui me portent. Depuis toujours je suis fasciné par le sujet pour avoir travailler de nombreuses décennies dans un milieu de vie singulier et hétéroclite. Aujourd'hui la réalité me rejoint.


Je passe quelques nuits dans une forêt d'érables dans Bellechasse sur les rives du ruisseau Leblond. J'ai adopté ce lieu pour m'y ressourcer depuis quelques années. Je vise davantage l'immobilité après mon périple au sud de la frontière. J'ai appris beaucoup sur moi depuis peu, la retraite étant amorcée solidement. Mon corps me l'indique mais pas mon esprit qui demeure vigilant. En écrivant dans cet espace revitalisant, je fais le point sur ma vie. Le cocooning à compter de novembre m'attend bien entendu en remisant Béa ma précieuse van. Cette année pour mes 65 ans, j'ai été le plus loin qu'il m'était possible d'allé dans ma tête et mon corps. Même si j'ai vécu des épreuves je suis satisfait du cheminement. Les plus grands malaises se sont retrouvés dans une solitude non désirée. Je n'ai autre choix que de l'apprivoiser. Bien entendu je ne désire pas constamment être accompagné mais le manque de partage et d'amour m'indique des lacunes importantes.


J'ai tellement passé de temps à entretenir mon blogue depuis avril sur des éléments extérieurs que j'ai négligé d'entreprendre le voyage intérieur nécessaire à mon équilibre. J'étais trop occupé à autre chose. J'ai repris depuis quelques semaines un entraînement dans un nouveau gym que j'adore en adoptant une alimentation beaucoup plus saine et appropriée que dans les dernières années. Mon objectif maintenant est de retrouver un poids santé et un meilleur équilibre physique et mentale. La plupart de mes objectifs de voyage sont atteints. Depuis toujours je mettais à jour un fichier avec des projets de grandes aventures. Je l'ai ai tous atteint sauf pour quelques petites escapades ici et là que j'entreprendrai avec plus de douceurs et de parcimonie. Ceci étant dit je tenterai de me créer un nouveau réseau d'amis véritables ce qui n'est pas simple surtout à Québec. L'hiver n'ayant pas de véhicules je vais me remettre à lire et écrire. Je n'envisage plus de très grands projets qui ont parfois été en contradiction avec mes besoins réels. Ces derniers devront passer par davantage d'interactions avec autrui. Je pourrais écrire mon blogue dans un cahier mais je sais que j'y porterais moins d'attention. J'aime écrire dans cette page lumineuse et ouverte sur le monde. Je suis littéralement en amour avec Chaudière Appalaches, toutes mes excursions passées et présentes me le confirme maintenant. Je m'y sens comme chez moi. À ce titre j'ai un projet à compter du printemps prochain en association avec cette région que je divulguerai plus tard.


En renouant avec l'une de mes activités préférées, la randonnée hors piste, j'ai croisé les propriétaires des érablières adjacentes. Ils m'ont tous exprimé de la bienveillance en me permettant de séjourner sur les lieux. Je reconnais la grande amabilité des fermiers de Chaudière Appalaches. C'est pour ces raisons que je m'y sens bien et que j'y reviens. Dans une autre vie j'y habitais. La culture y est bien différente de la rive nord et Québec. J'aime les forêts de feuillus et les érablières. Les traditions ont permis de développer l'ouverture et l'entraide ce qu'elles ne cessent de s'effriter en ville. J'ai arpenté la forêt sur une douzaine de kilomètres, ce soir je me sens apaisé de renouer avec le Québec rural et champêtre. Voici des pistes pour la suite. L'objectif n'est jamais une fin en soi, le chemin pour y accéder demeure la meilleure source de motivation.

West American | Midwest

Bienvenue sur le journal de l'aventure. Mon blogue se présente intimiste dans ses récits et propos. Il exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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7 août| Rivière Palmer, Ste Agathe-de-Lotbinière, Chaudière Appalaches, Québec 

Le Vermont a ceci de particulier. Dans le passé, l'histoire raconte que la moitié des gens qui habitent l'état provenaient de New York et des grandes villes de la côte est. Les new-yorkais à l'époque qui se permettaient d'avoir deux résidences étaient les bien-nantis de la société. L'aspect libéral doublé d'une conscience aiguë de la société est un trait distinctif du Vermont. La mentalité libérale et réfractaire au capitalisme outre-mesure a fait du Vermont une terre ou le bons sens et l'harmonie entre les communautés et la terre est la règle. Bernie Sanders en fut son grand représentant, activiste et ancien maire de Burlington. Rien ne se fait dans la démesure ou la malversation parfois inconsciente comme dans les autres états. Le Vermont possède une dimension humaine particulière. Think Big n'a pas sa place mais plutôt small is beautiful. Dans un autre ordre d'idée, les juifs aisés newyorkais possédaient beaucoup de maison d'été et de lieux de divertissement dans les Catskills au pied des Adirondacks. Woodstock a eu lieu grâce aux juifs de Bethel Woods dans les comtés de Sullivan et Uster. Cette grande région se nomme Borscht Belt. Un jour j'irai approfondir mes recherches de ce côté. Les routes du Vermont sont magnifiques, le paysage est très beau et à proximité de Québec. Les rivières y sont délectables. Surtout on peut y apprendre beaucoup de nos voisins. Je prends la route panoramique 100 qui traverse le Vermont du nord au sud en longeant les Montagnes Vertes. La mauvaise température affecte le Vermont cette été. J'ai traversé le Vermont par de petites routes rurales. Le passage aux frontières canadiennes s'effectuent à Stanstead en Estrie. Lunch thaïlandais à Magog sous la pluie. Ensuite Danville qui est un village que j'aime en l'Estrie et qui est le premier à partir de Québec. J'y prends une pause. Je suis complètement foudroyé par mon entrée dans la belle province. Belle certes mais pas les routes et la vitesse excercée. Je roule moitié moins rapidement sur les routes pavées au Québec que sur les chemins de terre du Nevada et des Dakotas. Direction Chaudière Appalaches pour ma dernière nuit en vanlife, précisément sur la rivière Palmer à Ste Agathe-de-Lotbinière. Ce sera ma 118 nuits aux États-Unis. Demain matin je serai chez moi après un passage urgent au supermarché et chez le coiffeur. Un bilan de ce formidable voyage suis ci-dessous. Je ne dis pas adieu mais au revoir. This is an amazing vanlife road trip in Midwest and Northwestern States forever. Bravo et merci la vie !

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Épilogue

Depuis toujours je rêvais du Wyoming, du Montana, des états environnants du nord-ouest américain, des déserts, des canyons en fleurs au printemps et des montagnes incroyablement belles. Vingt-trois états traversés en quatre mois en vanlife solo avec Béa qui a fait du bon boulot. Aucune crevaisons ou problèmes mécaniques ni de santé. 22,250 kilomètres au compteur en 118 nuits à raison d'une nuit à chaque spot. Mes pneus sont à changer cet automne, ils étaient neufs au départ, fort probable à un mauvais alignement. Au moment d'écrire, j'entend tirer des coups de feux sans arrêt. Ça m'étonne beaucoup, devrais-je déguerpir, c'est inquiétant. Les cafés sont forts chez Tim Hortons du Québec, ce sera l'aventure jusqu'à la fin. De tout le voyage je n'avais entendu autant de coups de feux d'aussi près. Le Far West n'est pas aussi loin qu'on croit, il y a autant de cowboys au Québec mais au lieu d'avoir des chapeaux de cowboy sur la tête ils ont des tuques ou des casquettes. Sur les vingt-trois états traversés je ne connaissais que le Vermont, New York, la Pennsylvanie et très peu l'Ohio. Durant ces quatre mois j'ai su conservé mon enthousiasme. Avec émois je fis des découvertes étonnantes et multiples. Ces profondes expériences m'ont apportées des réflexions profondes sur mon existence et la vie dans son évolution actuelle à travers la nature et les humains. Cela représente le voyage d'une vie que je viens de réaliser. C'est une initiation spirituelle, morale et physique. Pour retrouver ce que l'on crois perdre ou gagner, il suffit de prendre le recul nécessaire. Working hard, playing hard disent les américains. Une profonde transformation s'est effectuée qui laissera des traces indélébiles. Vivre seul pendant quatre mois fut probablement le plus difficile malgré le fait que je pouvait être en contact superficiellement avec les gens. La langue est une barrière avec le temps qui s'associe à la solitude. J'ai des amis que j'apprécie à qui parler de temps en temps et j'ai internet qui aident. 

Je n'ai jamais été intimidé sérieusement pendant tous ces mois et ce n'est pas les occasions qui ont manquées. L'adrénaline m'a accompagnée sans cesse dormant chaque nuit à des endroits différents, parfois assez étranges. Incluant la réduction aux personnes aînées, j'ai débourser un grand total de 2.50$ pour le seul camping utilisé du périple. Je n'aime pas payer pour dormir entassé et j'aime mieux être au milieu de nul part que dans l'indifférence. Voici la liste rudimentaire des lieux qui m'ont le plus bouleversés dans le temps. La traversée du Mississippi et surtout le Missouri car le véritable Far West débute en franchissant le pont. Les premiers arrêts significatifs pour moi furent le village mormons à Nauvoo. Ensuite St Louis qui affiche toute la laideur du pays. À Kansas City je me suis recueilli au monument des pionniers qui partirent de ce lieu sur l'Oregon Trail. Ensuite les premiers sites historiques, répliques de forts, plaques commémoratives du Far West et j'en passe. Je n'arrive pas à croire toute la route parcourue des villages du Midwest, du West Coast, des Montagnes Rocheuses. des National Park, National Forest, State Park et tous les spots en bondooking. Plus loin les Sand Hills au Nebraska m'ont ébloui. Je me retrouve seul au printemps avec les plus beaux orages électriques de ma vie. Je suis près d'un lac perdu avec tous les oiseaux en migration autour hurlant à travers les éclairs et les grenouilles. Je sentais que le véritable départ s'amorçait. J'éprouve un vif sens de l'orientation doublé d'une grande curiosité et du goût pour l'aventure et les défis. Je suis dans la Prairie enfin, je me sens libre. Le printemps est en fleur, c'est éblouissant. À partir de la mi-juin la nature se relâche  jusqu'au flatulant solstice d'été. Les réserves indiennes, j'en ai traversé plusieurs mais je ne faisais pas de grands détours pour les voir après le passage de quelques-unes. 

Ensuite vinrent les Badlands au Dakota du Sud. Mon premier BLM officiel fut Sage Creek Campground Badlands National Park. Les bisons venaient presque se frotter sur la van. Les Black Hills j'ai pas aimé, question de goût. Une couche d'aventure supplémentaire, en traversant quelques pass qui font me fais monter l'adrénaline au Wyoming. Les premiers cervidés, les volcans aux cimes enneigées, la côte du Pacifique. Je n'ai utilisé qu'à 95 pourcent du temps que des country roads et des routes secondaires. Les déserts n'ont de choix que de transformer les passagers du temps, je fus l'un de ceux-ci, mes pas sont tracés dans le sable. Les déserts et les Badlands furent pour moi la plus grande révélation. Apprendre et comptempler  cet environnement est ce que j'ai vécu de plus sublime en nature jusqu'à ce jour. Le mélange de roches et d'herbes, humer les odeurs de sauge. Oser marcher sans la troupe. La fraîcheur du matin et du soir à entendre les coyotes et admirer les étoiles sont de loin mes plus belles expériences en nature. J'ai le devoir de citer ma passion irréductible de la sauge sauvage précédemment citée. La plupart de mes visites des parcs nationaux ne sont pas de belles expériences. Ce grand voyage ne s'effectue pas toujours comme dans les images d'Instagram. Toutefois je pourrais dire que la randonnée hors piste dans le désert, son silence, sa présence m'ont éblouis. Seul parfois sans pouvoir échanger avec l'autre dans l'intimité ou la randonnée a été limitatif. Ça serait plus stimulant et agréable. Que de fois j'ai casser la croûte sur le bord des chemins poussiéreux du Far West à regarder les troupeaux de bovins et les chevaux, de toute façon j'aime ça quand même. Les ranchs y sont incroyables. L'aventure a grimpé d'un cran en Utah à la limite avec le Nevada et l'Idaho. Les randonnées effectuées sur un col furent inoubliables. 

La grande surprise du voyage fut le Nevada. Je n'ai jamais cru que cet état avait tant à offrir en exotisme, en montagnes aux cimes enneigées.  Le dépaysement et la surprise furent à son comble avec la recherche des villages fantômes, anciennes mines délabrées, piste asséchées. Les meilleurs moments étaient de ce côté car la météo m'était favorable dans ce désert de casinos et de cailloux flamboyants. C'est un univers tellement invraisemblable. Je me suis mis à penser que je trouverais de l'or, j'y ai trouvé de vieux artéfacts oubliés du Far West malgré les vieux prospecteurs de Gold Point qui surveille les étrangers avec bienveillace. Yellowstone j'ai pas aimé, c'est à ce moment que j'ai commencé à douter de mes intérêts pour ces lieux trop touristiques. Je n'aime pas les clôtures en vanlife. J'ai dormi aux milieux de cratères et de volcans en Californie du Nord et en Oregon, arpenté la côte du Pacifique avec les Redwoods, partout la nature fait des dégâts depuis peu avec les changements climatiques. J'ai pas mangé aussi bien comme je l'aurais voulu, ma paresse à cuisiner, mon budget limité pour les restaurants et le peu d'endroits avec des produits frais et agréables m'ont rationné en aliments agréables. C'est à Tonopah au Nevada au passage à Gold Point, la plus belle ville fantôme que j'ai visité que je fus à un tournant du voyage.  Je décidai dans l'élan printanier du cheval fou de me rendre à Death Valley en Californie et faire comme on dit, les parcs de la Sierra Nevada. Les grand arbres valaient le détour et ses généraux en Californie avec la Vallée de la Mort. Le coût de la vie dans les états de la côte du Pacifique est exorbitant, il y a trop de monde, de circulation automobile, d'interdits, de pollution, de règlements et de styles de vie incompatibles avec la mienne. Je trouve les gens complètement cinglés la plupart du temps dans les grandes villes alors j'y passe pour le confirmer. Ma grande surprise au retour a été de constater que mon sens de l'observation devenait plus éguisé, que je me retrouvais davantage sur les pistes dans le désert et que j'aimais ça autant en van qu'à pied. J'ai atteint le seuil critique des 10,000 pieds en randonnée au Toyaibe National Forest avec un dénivelé non-négligeable. Ma prochaine grande surprise a été ensuite les Badlands que je devais traversé au retour. J'y ai appris beaucoup sur moi, mes intérêts, mes goûts et aussi du silence. L'est du Montana et l'ouest du Dakota furent les dernières grandes stupéfactions devant tant de beautés et en même temps de désolation. Où que plusieurs voient la désolation, j'y vois de la beauté et de la vie.  Ce sont dans ces régions qu'ils y avaient le plus de sauterelles et de mouches domestiques réunies. Je viens de faire un long pèlerinage. L'objectif au retour ensuite à été Apostle Islands National Lakeshore Superior Lake au Wisconsin que j'ai apprécié. Plusieurs états traversés n'ont pas particulièrement retenu mon attention, l'Indiana, l'Illinois, le Minnesota, l'Ohio et le Michigan sauf à Détroit qui en faisant des fouilles j'y ai découvert de belles surprises. C'est un endroit que j'aimerais retourner surtout dans les quartiers de maisons et édifices abandonnées.

Voici ce que je j'ai retenu des endroits traversés aux Great Lakes. Lakes (Superior, Michigan, Érié, Huron et Ontario). Apostle Islands National Lakeshore au Wisconsin, les environs de Détroit entre Detroit River et Lake Érié. Cleveland, Buffalo, Rochester et St Louis n'ont rien eux à m'offrir autres que la laideur, c'est dommage mais America Great Again ne sera de retour que dans un ordre d'idée complètement différent. Le Canal Érié ensuite m'amène d'Oswego à Hudson River Valley. À ce moment je sais que le retour est éminent. La température à été de mon côté durant le voyage. Comme partout le coût de la vie est élevé, je fais alors des choix. En franchissant la frontière canadienne il se met à pleuvoir, demain on annonce le déluge. Je suis au milieu de nul part ce soir sur le bord de la rivière Palmer à Ste Agathe-de-Lotbinière dans Chaudière Appalaches. Le gars a cessé de tirer des coups de feux à la noirceur après une heure de déluge. J'ai pas fléchi, j'ai bien jugé. J'ai soigneusement sélectionné, pour la dernière nuit, un endroit propice pour écrire la grande finale. Il pleut, c'est gris dehors. J'ai traversé plusieurs villages du Québec au retour, c'est morose et les routes mauvaises. Je demeure content d'y être ainsi est le destin des hommes à être incapable de rester tranquille dans sa chambre. La trop longue période de mauvais temps et de chaleur humide affecte. J'ai le cafard, c'est normal. C'est toujours ainsi les retours. On crois revenir en arrière mais je reviens différent. Quelques semaines sont nécessaires pour saisir la transformation. Pour dormir partout mais vraiment partout durant ces quatre mois j'ai jamais porté aucun soupçon d'insécurité. Pour me laver et trouver les services ne fut pas un souci prenant les précautions d'usage. J'ai de la difficulté à réaliser que ce chapître du blogue arrive au bout de son chemin. Depuis le départ du 15 avril dernier jusqu'à demain le 8 août, j'aurai écris à chaque jour dans le blogue en prenant des photos quotidiennes.  Comme on dit chaque chose en son temps. Home sweet home. Le temps est venu de prendre soin de moi à d'autres niveaux car ici j'ai atteinds ma limite en la dépassant largement. Je suis retourné au port le temps d'une autre traversée. Lorsque je serai fatigué de conduire au prochain départ au désert, j'aimerais accompagné une charmante personne pour me ralentir et faire équipe en observant les pépites d'or du Nevada ou des états limitrophes. L'aventure s'y retrouve, c'est garanti. Une porte en moi c'est ouverte, de toujours je porterai les traces de cette aventure.

6 août| Milton Pond Town Forest, Westford, Northwestern Vermont 

Au réveil je fais quelques kilomètres de randonnée le long d'Hudson River à Hadley-Lake Luzerne. J'ai dormi à cet endroit hier, de toute beauté. Ensuite je file à Lake Georges dans les Adirondacks. C'est dimanche au coeur des vacances, les touristes sont au rendez-vous. C'est une grosse destination touristique les Adirondacks. Il y en a pour tous les goûts. C'est le terrain de jeu des newyorkais avec les Catskills dans les Adirondacks et Hudson Valley River. Vingt millions habitent l'Empire State, New York. Si je compte toutes les grandes villes et agglomérations de la côte est cela représente une somme considérable de touristes sans compter le couloir Montréal-New York qui est un axe routier et d'échanges commerciaux importants. C'est à Hudson River que j'ai compris que j'étais près de la maison. C'est à Hudson River que le Midwest se termine pour moi. Ici c'est un terrain connu qu'il est toujours agréable de revoir. Je longe Lake Georges jusqu'à l'ancien fort français Ticonderoga près  de Champlain Canal. Je prend le ferry sur Hudson River. C'est 15$ mais ils ne prennent pas les cartes de crédit, je traverse gratuitement. Belle porte d'entrée à Green Mountains State, le Vermont. Je suis dans Champlain Lake Valley À Burlington j'ai quelques courses à faire. Je croyais qu'étant dimanche tous les commerces allaient être fermés. J'ai réussi à faire nettoyer et graisser mon vélo pour 50$ en une heure, le temps d'aller voir un groupe de musiciens. À Québec ça m'aurait coûter 250$ et j'aurais attendu des semaines. Le cyclotourisme n'est pas recommandé dans l'ouest, la randonnée y est de loin l'activité recommandée. Mon vélo a fait le voyage sur le support. Il y avait quelques pelletées de sable dans l'engrenage après la traversée des grands déserts d'Amérique du Nord. Je considère que le meilleur endroit pour faire du cyclotourisme est la Nouvelle-Angleterre et le long des Appalaches. Ensuite je découvre un superbe magasin de plein air comme rarement j'en ai vu, Outdoor Gear Exchange. Je m'achète des souliers de marche Merrill Moab et des bottes de randonnée Lowa Renegade GTX. Les bottes étaient en solde à 30 pourcent de rabais et je n'ai pas payé les taxes sur les achats. Il ne restait qu'une couleur et une paire à ma grandeur. J'ai pris les noires même si je préférais les brunes. J'ai vraiment fais ça rapidement car je savais ce que je voulais, je suis très content. J'ai économisé temps et argent. Burlington est fort probable l'une des villes américaines qui a le plus à offrir. Le lac, les montagnes, le vélo, la culture, les restaurants, les services. Le Vermont est un état à part, avec une identité et une culture unique au pays. C'est une belle porte d'entrée le Green Mountains State pour le Vermont. Je vais m'éviter des descriptions car je n'avais pas prévu revenir par la Nouvelle-Angleterre. Champlain Canal passe à quelques mètres de Lake Georges mais bifurque vers Glens Falls à l'endroit où débute le Canal Érié. Les gens qui habitent ce secteur du pays ont une qualité de vie exceptionnelle par rapport au reste des États-Unis. Je pense aussi à Saratoga Springs, la ville que j'ai passé ma première nuit aux États-Unis. Les valeurs au Vermont sont de loin les plus libérales du pays. J'ai trop à raconter du Vermont, j'y reviendrai une autre fois. Je suis installé à l'écart de Champlain Lake Valley pour la nuit. Les espaces sont rares pour bondooker de ce côté. Je suis installé à Milton Pond Town Forest de Westford dans les Montagnes Vertes. Je serai au bon endroit demain matin pour me dégourdir les jambes. D'ici quelques jours je ferai un bref bilan du voyage. Je traverserai les douanes. Tellement content de faire mon retour de ce côté. Les arbres prennent de la couleur déjà. Je viens de lire que le soleil est au plus haut cet année du 6 mai au 6 août, il est temps de rentrer surtout avec cette chaleur humide qui n'existe pas dans l'ouest.

5 août | Hadley-Lake Luzerne, Hudson River Valley, Catskills Mountains, New York 

Je suis content d'avoir passé ma dernière nuit à Oswego sur Ontario Lake. Je prends ensuite la direction du Canal Érié en direction de Hudson River par Catskills Mountains dans les Adirondacks. C'est à Mohawk River Valley que passe le Canal Érié d'une longueur de 584 kilomètres. C'est une belle route pour aller des Grands Lacs à partir de Saratoga Springs. Je suis installé dans un joli parc sur la rive d'Hudson River à Hadley-Lake Luzerne près de Glens Falls. La lumière du jour commence à se transformer. J'aurais pu revenir par la voie maritime du Saint Laurent mais cette piste a des airs connus et le Canal Érié fut une découverte. Il y a du monde à chaque bout de plage que je vois. Il me reste plus beaucoup de routes une fois arriver à Lake Georges demain matin. Je ne prendrai pas les autoroutes pour revenir chez moi car je déprimerai. Je rentrerai comme j'ai fait le voyage d'un bout à l'autre du pays par les backcountry roads. Je trouve que j'ai eu de la chance aux Grands Lacs. J'y aurai passé une période caniculaire me rafraîchissant le soir venu près de l'eau. Je considère avoir pris suffisamment de temps pour faire ce que j'avais à découvrir.

4 août | Sheldon Beach Park, Oswego, Ontario Lake, Upstate New York 

Mes free spots sont souvent plus beaux que ceux des campings. Le site est complètement ombragé hier qui était sur une falaise plongeant dans une crique profonde. De grosses pluies et de grands vents ont brassés Béa cette nuit. Heureusement ce petit boisé m'a évité des soucis. Ce matin le vent est bon enfin sur Ontario Lake, je suis pas bien dans les canicules. Je m'arrête dans un beau parc. Je suis seul. Une femme stationne à côté de moi. Elle est vêtue d'une robe noir. Je m'approche pour lui parler, elle va à des funérailles. On aurait dit une apparition  d'un bouquin d'aventures. Mes histoires de ce côté sont absentes malheureusement comme en témoigne ce court événement. Mais comme je n'aime pas les romans je n'ai rien à  déclarer monsieur l'agent. Comme on dit, le meilleur s'en vient. Ontario Lake se laisse désiré, la route ne passant pas toujours près. Les vents amènent de grosses vagues. Depuis la région de Buffalo-Niagara les vergers sont présents. Niagara River fait le lien entre les lacs Érié et Ontario et la frontière entre le Canada et les États-Unis. Le Canal Welland en Ontario est la 4ème version à ce jour. Plusieurs écluses jalonnent le canal entre Lake Ontario et Lake Érié. La rivière Niagara et ses escarpements aux chutes ne permet pas le passage des navires. En bref je peux dire qu'il y a eu deux grands canaux d'envergure, Ohio and Érié à Cleveland et Érié Canal d'Oswego à Hudson River.

Je cueille quelques pêches et des prunes, j'achète des bleuets. Je bifurque à Rochester, la route est compliquée sur le littoral avant Rochester, siège social de Kodak. J'y fait mon changement d'huile, fait des courses et quitte rapidement cette dernière grande cité des Grands Lacs après un sandwich. Au garage les travailleurs, les clients et le propriétaire sont noirs et gentils. Après Rochester le littoral d'Ontario Lake est calme. Les arrêts que j'effectue dans les parcs sont superbes. Le maïs atteind dix pieds, à mon départ le sol était presque gelé. Pour ma dernière nuit aux Grands Lacs je choisi Sheldon Beach Park à Oswego. Le lieu est un no man's land à travers les usines. Je mérite un beau coucher de soleil et un petit cornet pour ma dernière nuit aux Grands Lacs. Comme par magie c'est le plus beau du voyage. Un petit cornet ou quoi que ce soit d'alimentaire est big au États-Unis, le même serait un grand au Québec. Il n'y a presque plus d'humidité. Dans mon adolescence, lors d'un voyage en autostop, je m'étais arrêter à Oswego pour aller à une grande fête animée de groupes rock sur la plage. C'est un souvenir fort que j'ai me souvenant d'avoir perdu la tête à plusieurs reprises au weekend de ce festival rock dans les années 70. Les effluves de marijuana aromatisaient le site. Je faisais mon initiation des États-Unis et des mouvements de libertés communautaires. L'état de New York, j'aime bien. À compter de demain je quitte les Grands Lacs après le séjour des Lacs Supérieur, Michigan, Érié, Huron et Ontario. Je prendrai une nouvelle route afin de me divertir des Grands Lacs. Une autre étape est réalisée. J'ai accompli le tour complet des Grands Lacs sur plusieurs années incluant Georgian Bay, Hudson River, Érié Canal et Finger Lakes. Une chose est certaine est que ce soir à Oswego, j'ai un fort sentiment  d'accomplissement. La boucle lentement se referme mais le voyage se poursuivra bien au-delà des 120 jours. Le jour où mes rêves disparaîtront, c'est que j'aurai disparu aussi. En tout cas je n'ai plus de sable et de poussière dans la van comme au Montana et presque plus de cadavres de sauterelles séchées sortant du moteur.

3 août| Olcoot Beach, Ontario Lake, New York 

Depuis une semaine les trains font parti du paysage, je les entends beaucoup. Au lever j'ai marcher sur la longue plage de Conneault Sand Bluff Park en Ohio puis j'ai traversé en Pennsylvanie. La transformation est totale. Tout devient vert, plus propre et harmonieux. 60 pourcent de l'état est boisé. Les routes sont belles. Le littoral de la Pennsylvanie est petit avec 225 kilomètres sur Lake Érié. Il y a 13 millions d'habitants. Les pires routes du voyage furent au Michigan et en Ohio, au Canada le Québec gagne la palme amplement. Je marche dans deux autres parcs côtiers en Pennsylvanie et je passe à Érié, grande ville industrielle. Je suis dans les Mounts Allegheny. Ces montagnes sont une branche des Appalaches. Ensuite je traverse vers l'état de New York à Buffalo. C'est toujours chaud et humide. La ville apparaît dans une brume épaisse de chaleur, de pollution et de fumée des feux de forêts. Le Canal Érié débute ici jusque dans Hudson River Valley. Il fait 585 kilomètres. Après Détroit, Cleveland et d'autres villes de la Rust Belt j'en ai assez du traffic des grandes villes. À Buffalo il y a beaucoup de gratte-ciels des années 30 de style art-déco. C'est la plus grande ville de l'état après New York. À Buffalo je n'ai plus de patience, je ne prends pas les bons chemins pour traverser la ville. Les banlieux s'éternisent. Je ne prends pas le temps de manger des Buffalo Chicken Ring. Les banlieux pour moi c'est être dans le vide. Les enfants apprennent à aimer les banlieux ou à les détester. Il n'y a peu de certitude dans la vie. J'arrive tard sur la rive d'Ontario Lake à Olcoot Beach.

2 août | Conneault Sand Bluff Park, Lake Érié, Eastern Ohio 

Hier le soleil s'est couché avec un halo de brume important causé par les feux de forêts au Canada. La Cuyahoga River long de 500 kilomètres qui se déverse à Cleveland a brûlé plus d'une fois, treize au total tout comme les rivières d'autres villes industrielles des États-Unis en raison des déversements inflammables. La majeure partie de la population de l'Ohio vivait le long d'une ligne allant de Cleveland à Cincinnati, le tronc principal du canal devait desservir ces zones. Mais aucune rivière n'a suivi cette ligne, les canaux étant moins chers et plus faciles à construire le long des vallées fluviales, ce qui rend difficile la conception d'un système approprié. Plus précisément, le pontage des vallées fluviales de Scioto et de Miami nécessitait d'élever le canal à une altitude telle que l'eau d'aucune des deux rivières ne pouvait être utilisée comme source. En conséquence, le canal a été divisé en deux sections: le canal Ohio et Érié, qui reliait Cleveland à Portsmouth via Licking Divide, la vallée de la rivière Scioto et le canal Miami et Érié, qui reliait Cincinnati à Dayton. Ce deuxième canal serait finalement prolongé jusqu'à la rivière Maumee à Toledo. La croissance rapide de Cleveland est dû à la création des canaux pour le déplacement des marchandises. Le canal Akron-Cleveland se nomme Ohio et Érié Canal et le second Miami et Érié Canal. Ces deux canaux étaient nécessaires pour relier Cincinnati à Cleveland. Les canaux étaient construits le long des rivières, aucun ne reliait les deux villes qui constituaient la moitié de la population de l'Ohio. Les rivières et les canaux ont joué un rôle important au développement de cet état du Midwest. La sidérurgie, les mines de charbon et de fer combinés créa l'acier, la demande est forte au XIXème siècle. Les canaux de Cleveland ont permis un développement exponentiel, Cuyahoga River a joué un rôle capital. 500 kilomètres la longueur du canal reliant Akron à Cleveland. Avant les automobiles et les trains, les marchandises voyageait par les rivières. Les produits de tous usages issus du fer étaient transformés dans la région de Cleveland. Ce ne fut pas ma plus belle journée, à Cleveland je passe à travers rapidement. Pittsburg en Pennsylvanie et Cleveland étaient les villes industrielles les plus prospères du Midwest pour le charbon et le fer. De gigantesques développements grâce aux réseaux de transports maritimes, fluviales et plus tard ferroviaires ont apportés une croissance économique importante. Rien d'autres de m'attire après Détroit. La ville de quatre millions d'habitants est suffisante à visiter en quelques jours. C'est la ville que j'aperçois le plus de gratte-ciels du voyage. Les rives de Lake Érié sont populeuses, la spéculation immobilière est forte. Ça fait quelques fois que je viens dans l'état, l'Ohio Valley River et la région appalachienne qui borde la Virginie Occidentale sont mes préférés. Depuis déjà longtemps que je navigue sur les terrains plats. Je suis à quelques kilomètres de la Pennsylvanie à Conneault Sand Bluff Park sur Lake Érié. Demain je vais voir mes premières montagnes. Définitivement l'Ohio est pas mon état préféré. J'ai préféré le Michigan pour son littoral plus sauvage. Le rectangle que compose les villes de Chicago, Détroit, Columbus, Cincinnati, Cleveland et Pittsburg est l'un des secteurs les plus populeux et industrialisé du pays.  

1er août | Sandusky, Lake Érié, Ohio 

Après Détroit et le Michigan, je traverse en Ohio sur les rives de Lake Érié. Il y a douze millions d'habitants dans l'état, la capitale est Columbus. De grandes villes meublent l'Ohio dont Cincinnati, Claveland, Dayton et Toledo. Le lac a une couleur étrange entre le vert et le brun. Détroit est le nom français pour désigner le passage des eaux entre Huron Lake et Lake Érié via St Clair River, Detroit River et Lake St Clair. Il y avait beaucoup de gens et d'habitations au Michigan. Les terrains sont tous privés sur le bord des Grands Lacs. Du Michigan j'ai pas appris grand chose de l'état à part Détroit et le nombre impressionnant de canaux et de marais sur Lake Érié. La flore et la faune sont très riches malgré les usines qui flirtent avec Detroit River. L'accès à Detroit River n'était pas, dans son ensemble autorisé. De grandes entreprises jonchaient la rivière qui ne permetttait pas l'accès. Dans les années 40 des signes troublantes de pollution faisaient leurs apparitions. Je passe à côté de quelques centrales nucléaires et de charbon. C'est très humide aujourd'hui, le ciel est lourd et gris. Je m'installe à la marina de Sandusky près de Claveland. Demain matin j'irai en exploration à Claveland. Quatre millions d'habitants flirtent avec le grand Cleveland métropolitain et ses banlieux. L'Ohio est au coeur de la Rust Belt au Midwest. Les riches gisements de charbons et de fer alimentés par une révolution industrielle révolutionna le monde moderne. L'offre et la demande de nouveaux produits  transforma le monde à une vitesse vertigineuse. Je suis chanceux dans mes spots la nuit pour dénicher les bons endroits. Je suis fidèle au leave no trace en tout temps. Dixie Highway était de la même trempe que la Route 66 ou Lincoln Highway qui ont succédé à l'Oregon Trail. Dixie Highway partait de Sault Ste Marie en Ontario à la frontière avec le Michigan jusqu'à Miami en Floride. Plusieurs routes secondaires y furent créées. Tout était à faire dans le transport routier et les infrastructures, l'automobile venait de transformer le monde. Non pas qu'il n'y avait pas de changements mais cette fois-ci ils s'opéraient à  une vitesse jamais égalée. Hier le soleil s'est couché avec un halo de brume important causé par les feux de forêts au Canada. Jamais je n'aurais cru que je dormirais dans une van dans une grande ville américaine en squattant n'importe où. 

31 juillet | East Rockwood, Huron Valley River, Lake Érié, Lower Michigan 

Je sais pas pourquoi les noirs ont toujours ou presque des vitres teintées sur leur bagnoles. Ils ne faut pas qu'ils soient reconnus ? Hier soir tard un homme en crise a hurler pendant quelques heures. Il était près, de l'autre côté d'une grande clôture de bois où je suis stationné pour la nuit. Lorsqu'on voit le nombre d'usines et de pollution à Détroit, c'est pas étonnant que le lac Érié soit si pollué. Il n'est pas le seul coupable. Cleveland, Érié, Buffalo et Détroit ont fait des ravages environnementaux de ce lac. La dernière décennie a vu une sensibilisation accrue des problèmes énergétiques et environnementaux. C'est lundi, je passe la journée entière à essayer de voir le plus que je peux de Détroit. Je suis retourné à Highland Park. Woodward Avenue devient un National Scenic Byways, c'est le sentier du patrimoine automobile. Il a été créé après le grand incendie de 1805 qui dévasta la ville et le patrimoine architectural français. La plus grande densité de population se retrouve dans ce quartier. Le problème structurel de Détroit réside paraît-il par un trop grand nombre de maisons unifamiliales construites au centre-ville entre 1910 et 1920. Woodward Avenue fait 43,5 kilomètres. C'est cet endroit que je voulais gravé dans mon esprit. Être dans ces rues qui jadis portaient une population grandissante sont devenues des espèces de no man's land sur peu de temps. Il y a une tragédie qui transpire de Détroit, une nostalgie, une beauté cachée dans chaque maison. Détroit a une âme et survivra. Elle a vu pire. Avec l'augmentation de la population, les signes sont positifs. Sur certains quartiers les gazons sont laissés en friche avec des tonnes de déchets partout. Avec les maisons et édifices parfois imposants abandonnés, ça créé une atmosphère étrange. Aucune grande ville n'a autant de citoyens noirs sur son territoire. Sur une carte routière on voit une grande tache à Détroit. Les municipalités greffées à Détroit sont des cantons et county. La ville possède un espace assez grand, considérant le nombre d'habitants actuel. Analyser et comprendre Détroit est un bon exercice sociologique. Faire de l'exploration urbaine (urbex) et photographique dans cette ville est une source d'inspiration. Je ne me suis pas senti en danger à aucun moment dans mes déplacements. En fin d'après-midi j'avais terminé une grande boucle de Détroit sur deux jours. Je m'installe pour la nuit sur une marina déserte près de Lake Érié Metropark à East Rockwood à l'embouchure de Huron Valley River sur Lake Érié. Des nénuphars géants tapissent la rivière. L'endroit est typique et à l'abandon. Au Michigan il y a davantage de délinquance envers les lieux publics. Une autre belle journée bien remplie se termine dans une ambiance incroyablement authentique et naturelle autour de moi. Je suis seul dans une rue fermée par des travaux sur le pont en construction. Les routes au Michigan sont les pires utilisées du voyage. Je me croirais au Québec. J'entends rire, des bruits ambiants diffus se dégagent. J'ai fait une belle trouvaille de ce parc qui manque d'attention. En m'appuyant sur la rampe le bois a cassé. J'ai failli tomber dans le marécage. Mon sens d'orientation est très aiguisé et je suis pas trop peureux. L'idée est de pas trop réfléchir et avancé avec son ressenti et son instinct.

30 juillet | Trenton District, Détroit, Lower Michigan

Détroit, Motown ou Motor City fut fondée par un français en 1701, Antoine de la Mothe-Cadillac. Sa croissance et son déclin sont causés par l'industrie automobile. Elle avait oubliée de se diversifier. Détroit est situé sur les rives de Lake Érié et de St Clair Lake. Ce dernier est situé entre Huron Lake et Lake Érié, séparé par Detroit River et Sainte Claire River. Détroit s'illustre également par son taux de criminalité record, la classant comme la ville la plus dangereuse des États-Unis et parmi les dix premières au monde pour le taux d'homicide de 43,7 crimes pour 100,000 habitants par an. Près de deux millions d'habitants vivaient à Détroit en 1950 pour redescendre à 265,000 aujourd'hui. Voici une liste exhaustive des modèles automobile aux noms forts qui frappent l'imaginaire de ceux de mon âge sinon davantage et qui ont connus une grande popularité ; Ransom E. Olds Oldsmobile, David Dunbar Buick, Cadillac, Dodge and Brothers, Pontiac, Louis Chevrolet, Plymouth, Mercury, Henry M. Leland Lincoln. Les trois plus grands constructeurs automobile furent ; Walter Chrysler, Henry Ford, William C. Durant General Motor GMC. Ces trois constructeurs ont pignons sur rue à Détroit. La ville décline à compter de 1958 avec la fermeture de Packard qui fabriquait depuis longtemps des voitures de luxe avec Studebaker. 

La ville passe de 1,8 millions d'habitants à 265,000 habitants et devient presqu'entièrement afro-américaine, les Blancs n'ayant cesser de quitter depuis les années 1950. À la fin du XIXème siècle, Détroit était la quatrième plus grande ville de l'Amérique du Nord après New York, Chicago et Philadelphie. Sa popularité est causée par sa situation géographique, maritime, ferroviaire et pour l'accès à de nombreuses ressources naturelles. Les Noirs se libèrent de leurs chaînes au sud et se déploient massivement au nord dans les villes industrielles pour y travailler. À la fin du XIXème siècle on construit un nouveau pays, c'est l'âge d'or du monde moderne comme dans les pays occidentaux. Détroit s'est construit qu'avec l'apport de l'automobile  pour prospérer, elle a oublié de se diversifier. Lors de la faillite de Détroit en 2013, la ville comptait 80,000 bâtiments délaissés. Jamais une aussi grande ville américaine n'avait été en faillite. Le déclin a débutée en 1958, la ville ne c'est jamais relevée sauf par brides ici et là. Dans ma journée j'ai visité Highland Park Packard Automotive Plant ou ce qui en reste. Des hackers hantent les lieux. Tout près c'est Ford Highland Park Plant Model T qui remplacera celui du centre-ville, Ford Piquette Avenue Plant. Je vais à Old Central Train Station. Elle est comme neuve, fermée depuis 40 ans. Les automobiles ont tuées la gare mais pas les trains. Détroit est parsemé de voies ferrées. C'est à Détroit que ressemble le plus à nos routes du Québec. Le système d'interstates s'est développé dans les année 50. Les grandes banlieux que l'on connaît aujourd'hui proviennent en partie de la mise en circulation de millions d'automobiles à cette époque. Les citadins qui avaient les moyens ont achetés des automobiles et ils ont quitté cet enfer d'acier massivement, j'extrapole. Je vais à Eastern Market ensuite je traverse les 43,5 kilomètres de Woodward Avenue de Pontiac à Détroit. C'est l'équivalent d'une grande artère prestigieuse comparable à toutes les grandes métropoles. Le style art-déco est omniprésent. L'architecture est intéressante. Une ambiance règne dans cette ville étrange. De Pontiac à Détroit il y a plusieurs symboles de cette époque. Les premiers kilomètres pavés aux États-Unis y on été réalisés sur Woodward Avenue. J'ai de la difficulté à réaliser l'ampleur de ce projet autour de l'automobile qui a fait rêver à une vie meilleure des millions de gens. La ville est sale mais il y a de beaux secteurs. Hamtramck est demeuré enclavée avec Highland Park à Détroit. C'était un quartier de polonais qui maintenant abrite des musulmans. Des femmes voilées au burka défilent à l'ombre des rues malfammées. 82 pourcent de la ville est afro-américaine. Beaucoup de détritus jonchent la ville immense. Ça pourrait être pire car il y a déjà eu beaucoup plus de gens. L'industrie automobile requièrait beaucoup d'espaces. Les pièces, les voitures, les contracteurs, les logements, les services.

Toute cette ville est hétéroclite et différente de l'ensemble du pays. La culture qui règne à Détroit est très riche. Le caractère de la ville est très intéressant. Je vais lire des ouvrages sur Détroit au retour, ça me fascine. La ville depuis enterre ses ruines du passé. Un jour on ne saura plus qu'il y avait toutes ses usines à Détroit, elles auront été toutes remplacées par des stationnements de centres commerciaux et de condominiums. Je contemple plusieurs anciens gratte-ciels de la ville qui abritait plusieurs théâtres prestigieux. Je ne cesse de regarder partout autour de moi. Que la ville soit entièrement noire m'intimide. Je sors du centre-ville pour Trenton District de Détroit sur la rive de Detroit River. Je ne suis plus dans la turbulence de la cité malgré que j'avais bien planifié mon coup en traversant la ville un dimanche de juillet. Détroit est une ville avec énormément d'industries, d'entrepôts, de raffineries. J'ai vraiment aimé mon passage. Le plus bouleversant à Détroit est de constater de mes propres yeux le nombre de maisons, d'entrepôts, de garages, d'usines abandonnées et démolies ou en voie de l'être. Près des ruines de Packard Automotive Plant Highland Park on a installé une piquerie supervisée quasiment à l'intérieur du bâtiment. C'est très lugubre comme spectacle avec les détritus qui se partagent l'espace avec les zombies. Un jour cette ville sera méconnaissable par sa transformation qui s'effectue depuis 60 ans. Détroit est une ville fascinante qui mérite le détour. Elle est fortement reliée à son passé, son caractère est distinct, original et unique. Ce qui caractérise la ville est de constater l'abandon chronique de plusieurs entrepôts, commerces et bâtiments multiples. Plusieurs sont en décrépitude avancée. Ce n'est pas toutes les grandes villes qui m'attirent, Détroit est une ville fascinante, son passé spectaculaire est incroyable. Chaque rue devient un spectacle à Détroit. Malgré l'adversité il y a toujours de l'espoir.

29 juillet | Groveland, Lower Michigan 

Détroit est la plus grande ville frontalière avec le Canada. Détroit et la ville canadienne voisine de Windsor sont reliées par un tunnel routier, un tunnel ferroviaire et le pont Ambassador, qui est le deuxième passage international le plus fréquenté d'Amérique du Nord, après San Diego-Tijuana. 4,3 millions d'habitants s'aglutinent à Détroit. J'aime toutes les variétés de cerises. La cerise Rainier provient de l'état de Washington comme plusieurs autres variétés. Un enseignant à l'université de cet état a créé une variété distincte avec des croisements. J'y revient tard mais j'avais mis ce sujet délicieux dans un tiroir. À chaque fois que j'en mange je revois le Mount Rainier. Si je ne fais pas le blogue, les images, le tracé, je ne me souviendrais plus du parcours détaillé. De gros orages ont éclatés cette nuit, l'humidité a quitté enfin. Les omelettes aux restaurants traditionnels, j'aime ça le matin avec le sourire de la serveuse. Aujourd'hui je traverse plusieurs agglomérations importantes; Midland, Bay City, Saginaw et Flint. Ces villes ont tous un lourd passé relié à l'industrie automobile. De vieux entrepôts ont été recyclés au goût du jour. Les populations sont largement afro-américaines parfois à  80 pourcent. Il y a beaucoup de chômage et de pauvreté. J'aperçois plusieurs grandes églises et cathédrales. Elles sont présentes pour soulager les malheurs de plusieurs d'entres-eux, car travailler dans ces chantiers étaient de l'esclavage sauf les quelques dollars gagnés par semaine. À Flint il y a quelques années, un scandale important a éclaté. La municipalité à pris l'eau de Detroit River au lieu d'importer les eaux de Huron Lake pour alimenter l'eau potable de la ville. Plusieurs personnes sont décédées dont beaucoup étaient des enfants. Le plomb était de loin très élevé dans l'eau ce qui a causé de graves conséquences. Depuis la ville fut poursuivie, les taxes ont augmentées et l'eau potable provient de Huron Lake. Roger Moore a produit plusieurs documentaires chocs sur la société américaine au cinéma. Sur l'un de ceux-ci, le sujet portait sur le scandale de l'eau potable à Flint. Je trouve dans l'ensemble n'avoir rien vu des ruines à ce jour de ce passé aux influences fortement industrielles. Je suis installé dans un joli boisé entre Flint et Détroit. Demain matin j'entre à Détroit. D'ici là je vais faire de judicieuses lectures pour préparer ce plongeon vers l'aventure. Je suis convaincu de mon intérêt historique, culturel et architectural envers Détroit, la Motown du Midwest. Dans le Nord-Est des États-Unis les centre-villes sont généralement plus vivants, plus habités que partout ailleurs au pays. Detroit Institute of the Arts est l'un des plus grand et prestigieux musée des États-Unis. 

28 juillet |Manistee National Forest, Bills Lake, Lower Michigan 

Les lacs les plus propres aux Grands Lacs en ordre de propreté; Superior, Huron, Michigan, Ontario et Érié. Ce dernier n'a pas la côte de passage, les autres c'est affirmatif. À Muskegon je retrouve une ville pauvre de noir afro-américain. La chaleur est torride. Je traverse la ville sans constater quelque chose de particulier. Sur internet on dit que la violence règne dans cette ville. La réalité c'est qu'il y a des quartiers tout ce qu'il y a de plus normal et, par exemple, de l'autre côté d'un pont des quartiers entiers que je ne pssserais pas à pied. Toutefois je ne peux faire trop de détours dans une ville à moins d'indices particulières qui m'y inviterais. L'idée de me plonger dans ces lieux sordides me stimule car c'est un tremplin dans le passé, celui de l'industrie automobile, des aciéries, electric factory, transport maritime, ferroviaire et industriel. Détroit est capitale de l'automobile aux États-Unis. L'acier provenait près de la vallée de l'Ohio à la création de ces gigantesques entreprises. Cette grande région des acieries deviendra Rust Belt lorsque le pays prendra une expension économique et industrielle phénoménale. Avec la robotisation, les machines ont remplacées plusieurs travailleurs qui ce sont retrouvés sans emploi et dans la rue. Avant je passe dans quelques autres villes pour me pratiquer avant de me rendre à Détroit, la ville la plus violente des États-Unis avec Saint Louis au Missouri et Memphis au Tennessee. Le calcul des homicides violents d'une ville est le nombre de victimes aux cent personnes. Lorsqu'une ville est insécure pour passer la nuit j'en sors le moment venu. Lorsque la ville est trop grande je dois avoir quelques bons repères sécuritaires dans la ville pour boondoker. Je suis content de changer de cap. Les littoraux c'est beau mais ça vient avec la circulation automobile. Je préfère de loin aller dans l'arrière-pays avec sa multitude de petites routes désertes. C'est là que se retrouve le plaisir du road trip. La soirée et la nuit sera la plus chaude du voyage. L'humidité gagne du terrain chaque jour.

27 juillet | Bestie Point, Frankfort, Michigan Lake, Lower Michigan 

Une autre journée caniculaire s'amorce. Je descends Huron Lake. Les routes rapides malheureusement accompagnent les rivages des Grands Lacs. C'est monotone, je traverse sur la côte de Michigan Lake. C'est plus joli de ce côté avec de belles dunes de sable à l'infini. Les eaux sont turquoises et transparentes. Elles sont très chaudes. Un passage intéressant est Tunnel of the Threes, une longue route qui offre de beaux tunnels sylvestres à traverser. Le plus beau littoral maritime que j'ai parcouru avec enchantement en Amérique du Nord est Atlantic Coast à Nova Scotia. J'aperçois une bakery, ils font d'appétissantes colations fraîches du matin. Je passe sur la côte de Charlevoix. Je m'installe sur la rive de Michigan Lake à Betsie Point de Frankfort. Je suis seul. La plage est à mes pieds, c'est très beau. Ce sont les déjeuners au restaurant que j'aime prendre le plus en vanlife. Les omellettes c'est bon, j'en ai pour mes dollars. Il y a que des propriétés privées sur les Grands Lacs. Demain débute une nouvelle étape du voyage. À partir de Muskegon je ferai plusieurs grandes agglomérations incluant Détroit, la 2ème plus grande ville du Midwest après Chicago. Toutes ces villes que je traverserai a pour objectif de saisir la pauvreté et la misère extrême de ces régions post-industrielles. J'aime comprendre de mes propres yeux la réalité. Il y a beaucoup de violence à partir de Muskegon, je devrai être vigilant surtout la nuit pour camper. Lower Michigan regroupe la plus grande population de l'état à la frontière de l'Indiana et de l'Ohio. En traversant j'y retrouverai de grandes cités parfois lugubres et délinquantes. Je m'endors au son des vagues ce soir, j'ai un terrifique spot. C'est la côte est de Michigan Lake qui est la plus sensuelle et verdoyante depuis mon arrivée aux Grands Lacs. Du Québec pour aller dans l'ouest américain, c'est préférable de passer près de Chicago. C'est la route la plus rapide et agréable. Mon passage au Wisconsin et Michigan a servi à me rendre à Superior Lake. Après ce périple j'aurai visité tous les Grands Lacs que composent une grande partie du territoire américain. Pour aller dans l'ouest canadien il faut traverser plus de 2,000 kilomètres en Ontario, aucune autre option n'est possible autre que la transcanadienne, l'horrible route 17. Une horreur que je ne revivrai plus. Je ne fais pas les Grands Lacs comme destination mais pour les utiliser comme passage vers l'ouest et satisfaire ma curiosité. C'est chaud et humide. J'arrive à Traverse City qui, paraît-il, est la capitale des cerises au Michigan. Je m'achète un sac, je n'ai pu résister avec ces coteaux remplis de vergers de mes fruits rouges préférés.

26 juillet | Cheboygan, Huron Lake, Upper Michigan 

Une autre journée de contrastes en passant de Superior Lake au lac Michigan et Huron Lake. En quittant Superior Lake il c'est mis à tomber de grosses averses. Le Michigan est en réalité deux péninsules, celle du nord (upper) et du sud (lower) qui sont reliées par un immense pont, entre les lacs Huron et Michigan. Il est long de huit kilomètres, celui de l'Île du Prince-Édouard en fait treize à titre comparatif. C'est impressionnant. Les contrastes sont frappants avec la température. Ce fut très chaud, parfois froid, avec de grands vents parfois c'est le calme plat. Je m'installe derrière un vieux garage à côté de Huron Lake. Je ne retiendrai d'Upper Michigan qu'une longue route de traverse pour aller ailleurs. C'est en quittant le Wisconsin qu'une autre rupture vers l'ouest s'effectue. À retenir jusqu'à présent des Grands Lacs, c'est Apostle Islands National Lakeshore au Wisconsin. Je verrai bien ce que demain me réservera. Des deux trajets en vanlife dans l'ouest américain et dans l'ouest canadien, je referais sans aucune hésitation la route de l'Oncle Sam. Aujourd'hui j'ai été obligé de prendre des autoroutes rapides. Ça me déprime lorsque je roule trop longtemps sur ces voies de passage. J'éprouve des difficultés avec la circulation automobile. Si ce n'était pas de tous ces paysages et destinations paisibles à découvrir dans l'arrière-pays je ne ferais pas du vanlife. Rouler sur les littoraux des Grands Lacs me fait apprécié davantage les chemins de travers. La suite à Lower Michigan sera plus arrimée à mes goûts qu'à Upper Michigan.

25 juillet | Baraga, Superior Lake, Upper Michigan 

Les prochaines journées seront plus difficiles avec l'humidité et la chaleur extrême. C'est incroyablement plus tolérable la chaleur sèche de l'ouest. J'ai parcouru la péninsule de Copper sur Superior Lake sans grand intérêt. Fort probable le temps gris, orageux et lourd y a fait pour quelque chose. À  Houghton je prends le pont pour aller à Copper Island. Définitivement le meilleur secteur au bor jed de Superior Lake fut Apostle Islands National Lakeshore au Wisconsin. Les touristes à Upper Michigan ne semblent utilisés la région comme voie de passage au lieu d'une destination touristique. Fort probable que l'été ils vont aux lacs Michigan et Huron où les eaux sont plus chaudes et qu'ils sont plus près des centres urbains. Je suis installé près de Baraga à Superior Lake. J'ai trouvé le spot sur IOverlander. Le site est vraiment beau. Je suis seul, j'ai une petite plage pour nager demain matin. Le Michigan possède dix millions d'habitants, la capitale est Lansing. 

24 juillet | Silver City, Superior Lake, Upper Michigan

En passant au Wisconsin, j'avais hâte de prendre la route du littoral vers Apostle Islands National Lakeshore sur les rives de Superior Lake. Tout est magnifique, c'est très agréable d'être ici. Encore une fois hier je fut très dépaysé en changeant de décor rapidement du Minnesota au Wisconsin et encore plus au Michigan. Cet état regorge de belles forêts de feuillus et un immense littoral sur trois Grands Lacs; Superior, Michigan et Huron. La côte du Michigan est moins rugueuse qu'au Wisconsin. Je suis installé à Silver City entre Superior Lake et un étang à grenouilles. C'est situé à côté d'un assez beau et grand parc d'un vert flamboyant; Porcupine Mountains State Park. En s'approchant de plus en plus vers le nord à Superior Lake, les arbres sont plus petits car le climat est rigoureux et il change rapidement. Il y a beaucoup de maringouins. Le plus grand nombre de pêcheurs à Superior Lake jadis était à Bayfield devant l'archipel des apôtres. Le vent ressemble à celui de la mer sans le sel. La côte qui mène à l'archipel Apostle Islands National Lakeshore est magnifique. Il y a beaucoup de kayakistes. Toute la route du littoral au Wisconsin est très cool, pas commerciale du tout, avec quelques commerces de produits locaux. Hier mon couple d'amis m'ont fait un gros steak au BBQ et ce matin à la poissonnerie j'ai acheté du saumon fumé. Il y avait une belle variété de beaux poissons du lac. La population du Wisconsin est de six millions d'habitants, la capitale est Madison, la plus grande ville est Milwaukee. Il y a 22 îles dans l'archipel Apostle Islands National Lakeshore. Les eaux sont cristallines et certaines plages ont du beau sable rougeâtre, blanc ou doré. À la radio, il y a plus de commentateurs que dans l'ouest et les sujets dont plus intéressants. On discute davantage politique et de culture. Démocrate ou républicain au Wisconsin? Moitié moitié selon les statistiques. Les gens à partir du Michigan vers l'est ont des valeurs plus libérales. Je le vois bien. Les gens me l'affirme en leur posant la question. Trump semble perdre des plumes pour ses fresques judiciaires. America's Diaryland. Le Wisconsin est le premier éleveur de vaches laitières et le premier grands producteurs de fromages avec une grande variété. La bouffe préférée des américains est le hamburger, la pizza et le poulet frit. Je déteste pas à l'occasion seulement, c'est easy going et parfois la tentation est grande. Surtout qu'ils sont partout même au téléviseur du poste d'essence, j'exagère à peine. En réalité la gastronomie n'est pas ma première raison de venir au États-Unis mais je m'y fais. C'est un compromis en échange de cette grande et riche apprentissage et de découvertes. Je tourne les coins ronds en cuisine pas mal après plus de quatre mois sur la route. Dans le film bibliographique de McDonald's, les premiers administrateurs crurent que la lettre dorée du M de McDonald's devrait être présente à côté de chaque église et de chaque ville du pays. Aujourd'hui des croix tombent, à d'autres endroits elles s'élèvent, McDonald's demeure toujours populaire. Non ils ne m'ont pas commandité pour en parler, j'ai payé mon hamburger moi-même. Après le blogue, j'en avais trop parlé, ça m'a donné le goût.

23 juillet | Wisconsin Point, Superior Lake, West Wisconsin 

Le Minnesota a davantage rompu avec les traditions comparativement aux états du nord-ouest ou Upper Midwest. J'avais un emplacement de luxe sur le lac à côté du Club House d'un club de golf. Les gens du village portuaire haut de gamme venaient me parler pour me dire que ma van est cool. Ils disent cela car ils sont gentils. Hier soir les gens étaient heureux d'être ici. C'est un environnement privilégié lorsqu'on a les moyens. Je demeure privilégié d'avoir pu y passer la nuit. Il faut aimé la pêche au Minnesota, c'est pas a le choix qui manque. Je mange un Maple Long John, un beignet allongé à l'érable. Rien de mieux pour remonter le moral sur la route. Duluth est une grande ville indutrielle comme plusieurs autres sur les Grands Lacs. Superior Lake est le plus grand lac d'eau douce au monde. À Wisconsin Point où je me trouve pour la nuit, c'est le plus grand banc de sable d'eau douce au monde. C'est un spot IOverlander. Je suis à quelques mètres seulement du Minnesota Mes amis Estelle et Jean-Marie vienne me rejoindre tout à l'heure. Je viens d'enlever les carcasses de sauterelles séchées avec des gants qui étaient près du radiateur. Il y avait aussi deux oiseaux séchés camouflés près du moteur. La température est probablement dix degrés de moins que la plupart des endroits sauf bien entendu en haute montagne. Il aurait été impensable de rouler vers le sud du Minnesota du Wisconsin pour y faire du vélo. Les chaleurs grimperont encore dans les prochains jours. Les eaux de Superior Lake sont froides.

22 juillet | South Harbour, Mille Lacs Lake, Eastern Minnesota 

Le Minnesota a 5.8 millions d'habitants. L'état abrite les prairies de l'ouest, désormais consacrées à l'agriculture intensive; forêts de feuillus dans le sud-est, maintenant partiellement défrichées, cultivées et colonisées; et les North Woods moins peuplés, utilisé pour l'exploitation minière, la foresterie et les loisirs. Environ un tiers de l'État est couvert de forêts, et il est connu comme la terre des 10,000 lacs et  pour avoir plus de 14,000 plans d'eau douce couvrant au moins dix acres chacun. Plus de 60% des habitants du Minnesota vivent dans la région métropolitaine de Minneapolis-Saint Paul, connue sous le nom de villes jumelles (twin cities), le principal centre politique, Avec une population d'environ 3,7 millions d'habitants, les villes jumelles sont la 16ème plus grande région métropolitaine des États-Unis. St Paul est la capitale du Minnesota. Le Mississippi River prend sa source à Itasca Lake au nord du Minnesota près de la frontière avec le Manitoba, pas très loin où je me trouve. Il traverse 33 états. Pour ma part après le périple il me restera que l'Oklahoma, l'Arkansas, le Mississipi et l'Alaska à traverser pour compléter mon tour des États-Unis. L'Alaska n'est pas dans mes projets. Au Canada seul le Yukon n'a pas été traversé et ce n'est pas dans mes plans aussi. L'humidité gagne du terrain la nuit. Fergus Falls est une jolie ville, j'y ai dormi dans un charmant parc, le pop top levé en plein centre-ville. Mon rapport avec les bruits ambiants c'est transformé au fil du temps. Je suis de plus en plus conscient de la valeur du silence et cela c'est confirmé davantage depuis la traversée de Missouri River. Cette rivière marque davantage l'ouest et l'est de façon évidente. La plus haute montagne ne fait que 701 mètres au Wood Lake dans le nord. Ce matin je prends Scenic Otter Trail Road vers South Harbour à Mille Lacs Lake. Ce lac était d'une forte importante pour les échanges commerciaux entre les indiens et les trappeurs. C'est une petite mer par sa dimension. Je suis à  quelques heures de Minneapolis, c'est pas étonnant de constater la riche villégiature avec ce magnifique lac à proximité. Le secteur où je suis est développé et aisé. Ça me fait penser à Georgian Bay en Ontario. Beaucoup de canadiens-français on laisser de nombreuses traces, le Minnesota faisait parti des territoires français avec la Louisiane et l'Illinois. Les voitures sont plus lentes dans le Minnesota. En traversant le Missouri River bien des choses ne sauront plus pareil. Un garagiste et une serveuse ce matin me disait vouloir vivre dans les régions des Dakotas pour le climat sec et une population plus petite. J'aurais aller vers Wood Lake Region à la frontière du Manitoba et de l'Ontario. Je suis au sud de la frontière de ces provinces. Je ne peux pas tout faire, il faut que je m'en garde pour les années futures. À Little Falls, le Mississipi River franchi une chute et commence à se détériorer et se polluer en poursuivant sa route vers le sud notamment à Minneapolis. Depuis le Missouri River les vaches laitières ont remplacées le boeuf de l'ouest. Le spot ce soir est super sur les rives de Mille Lacs Lake mais rien ne sera comparable que dormir dans le désert ou les Badlands. N'en demeure que ce soir les cowboys n'ont plus les mêmes costumes et que je retrouve des gens qui me ressemble largement par les coutumes.

21 juillet | Spies Waterfront Park, Fergus Falls, Western Minnesota 

En me levant ce matin à Modridge sur le bord de Missouri River je savais que je tournais une page. J'ai fait une vingtaine de kilomètres en longeant le fleuve avec Béa pour dire au revoir au Far West. Les collines séchées au soleil me regardent de l'autre côté de la rivière. Il y a beaucoup de couleurs nuancées et de lumière subtiles. De ce côté c'est le Midwest avec les herbes qui ne finissent plus de grandir. C'est mon entrée au Corn Belt. Les États-Unis n'ont pas fini de m'étonner avec de forts contrastes dans les paysages en peu de temps. Je vois des panneaux indiquant Lewis and Clark Trail. J'ai traversé le Dakota sur deux principales artères, la 20 et la 10 est qui n'avaient pas d'automobiles. C'est un bon choix. Parti en avril je devais aller plus au sud pour me diriger vers l'ouest. Je me suis rallongé volontairement afin d'aller chercher, en plus de la chaleur, le départ de l'Oregon Trail à Kansas City. La route que je trace en ce moment vers l'est est l'une des meilleures pour qui veut découvrir le road trip sur les plus beaux paysages sur la route vers l'Ouest américain. Je suis installé ce soir dans une petite ville de 13,000 habitants à Fergus Falls derrière une église sur Spies Waterfront Park. Ce que je note du passage du Missouri River c'est la présence de plus en plus d'agriculture. La population et le réseau routier devient plus dense. C'est plus humide et le terrain devient plat comme une crêpe. Nous sommes au sud du Manitoba dans une espèce d'immense bassin qui descend très loin passé la frontière américaine. Ce bassin immense est celui de Red River au Manitoba. Le Manitoba est la province qui me semble la plus  ennuyante en terme de paysages. Un état ou province sans relief m'ennuie. La Floride ne serait pas un endroit apprécié car trop plat, humide et populeux. En roulant aujourd'hui j'avais en tête une réflexion à partager. Le vanlife et son expérience est un détachement de la matrice et ou je peux me foutre la paix à moi-même. Je n'avais jamais resté aussi  longtemps dans le désert, cette expérience m'a profondément marqué. En faisant le plein d'essence tantôt j'ai fait de l'ordre un peu et j'ai retirer l'équivalent d'une pelletée de sable et de poussière des Badlands. Le passage des sauterelles est terminé. Elles étaient nombreuses près des Badlands. Chaque journée est tellement différente. À partir du Minnesota vers l'est je possède tous les guides à vélo. Je vais me mettre à étudié ça.

20 juillet | Mobridge, Missouri River, South Dakota 

Je suis content de prendre une pause du sable et de la randonnée. J'ai pris congé de trop cherher aujourd'hui en roulant lentement discutant aux vaches de passage. J'étais seul sur la route jusqu'aux rives de Missouri River à Modridge au South Dakota. Sur la route je croise des petits villages. L'un avec qu'une caserne de pompier rustique. Un autre le village c'est l'épicerie et les pompes à essence. Une chose est certaine, c'est que le coût de la vie à partir du Montana vers l'est coûte beaucoup moins chère. En Californie j'ai vu à 5.50$ le gallon, ici c'est 3,29$. J'ai fait un bon choix de route vers l'est, la meilleur selon moi pour traverser le pays au nord. Il est vrai qu'avec plus de trois mois en vanlife, je développe des apprentissages Je vois d'étranges noms de villages, Glad City, Bison, Prairie City, Trail City, La Plant, Grass Ridge, Peaceful Valley. Ça commence à sentir les grasshoopers rôties au radiateur. Je suis content de ne pas faire de chemin de terre aujourd'hui. Hier je suis aller au car wash  et j'étais sur ma cinquième journée consécutive de randonnée, de sable et de Badlands. Chaque état à une quantité non négligeable de county. Ces derniers ont un pouvoir réel sur leur milieu et les élus sont près des communautés. Avec ce voyage je réalise que je préfère les State Park que les National Park. C'est beaucoup moins touristique et plus tranquille et pas nécessairement moins beau. J'ai toujours de trois à quatre cartes ouvertes en même temps avec deux écrans à suivre. Je fais ce qu'il faut, je n'ai pas de co-pilote. J'arrive en fin d'après-midi à Modridge avec le sentiment d'avoir réalisé en traversant le pont sur Missouri River, une autre étape significative. Dans un champs à l'ombre aux limites de Modridge je revois des passages de ma traversée vers l'ouest. Ce qui frappe en traversant le Missouri River c'est la chaleur humide qui inonde sa lourdeur. Je vois mes premiers maïs. Mes amis Estelle et Jean-Marie sont à environ quelques jours derrière moi. Je leur donne mes suggestions de parcours. Pour cela je lui dit de me présenter à la blague une de ses amies pour faire une randonnée. Une chose est certaine, la route ne sera plus pareille de ce côté de la rivière et les aventures m'auront pas les mêmes reliefs et paysages. Si je pouvais mettre ma van un jour dans un train vers l'ouest.

19 juillet| Bowman, North Dakota

Gros vent au réveil. Je pars marcher sur Petrified Forest North Trail dans Theodore Roosevelt National Park South Unit. C'est pas la foule car la horde de touristes rayonnent autour de Medora. La ville abrite le Château de Mores. Son propriétaire, un aristocrate et riche homme d'affaire français fonda la ville de Medora en lui donnant le prénom de sa femme. Ensuite j'entre dans le parc national sur la Scenic Drive. Beaux paysages mais l'expérience est gâchée par la présence des touristes. Theodore Roosevelt National Park ressemble au Grand Canyon en plus petit. Ensuite je vais au Painted Canyon. Il fait trop chaud en après-midi, dommage c'est magnifique. Les Badlands au North Dakota sont les seules montagnes de l'état. Elles font 140 kilomètres par 35 kilomètres. 750,000 habitants y vivent, la capitale est Bismarck. Le mot Dakota provient d'une souche d'indiens apparentée aux Sioux. Je passe à côté de White Butte, la plus haute montagne de l'état à 1,068 mètres. Lorsque je marche je porte des pantalons longs pour éviter les morsures de serpents et les tiques mais de ce côté je vois pas leurs présences. Le reptile dangeureux dans le secteur est le serpent à sonnettes des prairies. Des trois secteurs du parc national il existe Theodore Roosevelt Elkhorn Ranch Unit. Je n'y suis pas aller car j'ai mon surplus de chemins de terre aujourd'hui. Cet homme fit le 27ème président des États-Unis et l'un des meilleurs en obtenant un Nobel de la paix et pour avoir son visage sculpté dans le Mount Rushmore. Je suis heureux du déroulement de mon passage au Montana et au Dakota du Nord particulièrement dans les Badlands. Les couleurs des Badlands au Dakota du Sud sont plus blanchâtres. Pour bien compléter ce séjour bien rempli autour de Medora je prends la Scenic Drive de 75 kilomètres entre Medora et Bowman sur les hauteurs de Little Missouri River National Grassland and Badlands. Je dors à Bowman qui n'a rien à voir avec les quatre dernières journées passées dans les Badlands. Ce fut excitant, sauvage, western à fond. J'y ai découvert un monde et des terres qui n'étaient totalement inconnus. Trop souvent les gens vont rapidement dans l'ouest et ne prennent pas de regarder ce qu'il y a sur la route avant. À Bowman je m'installe sur une terre agricole. Un couple s'amène en furie me demandant de quitter. La jeune femme tellement en colère ou apeurée frappait fort dans les fenêtres m'insultant hystériquement. Son copain a été obligé de la ressaisir. C'est mon premier événement du genre en près d'un an aux États-Unis à l'aventure. La moyenne est bonne. Je pars camper plus loin.

18 juillet | Petrified Forest, Little Missouri River National Grassland and Badlands, Theodore Roosevelt National Park South Unit, North Dakota 

Pourquoi les vaches se tiennent en groupes serrés l'été dans les prés? Toutes ensemble les queues font l'équivalent d'un immense ventilateur et de plus éloignent les mouches tenaces auprès des du troupeau.  Ensemble elles projetent du sable fermement sur elles pour éloigner les bestioles. C'est incroyable de constater qu'il y a des gens qui habitent des régions complément isolées. Je traverse beaucoup de nuages de sauterelles. Plusieurs se sont réfugiées dans l'espace entre le radiateur et la carrosserie. Il y en a pour près d'un pied. Aujourd'hui le ciel est bleu, il n'y a plus de fumée. J'aime beaucoup les climats secs. Un peu d'ombre, très peu et on est bien. En fin d'après-midi j'ouvre les portes et le toit, le vent est souvent présent et les nuits sont fraîches comme dans les déserts. Les Badlands se situent en Sasketchewan, en Alberta à Drumheller, la vallée des dinosaures. Il y en a en Oregon, Idaho, Washington, Montana, North et South Dakota. Dans les déserts on utilise pas le terme Badlands. Elle s'appliquent dans les régions agricoles où les terres sont impropres à toutes espèces de culture. 

Au réveil je m'aperçois que je m'étais installé sur une ancienne piste au coeur des Badlands. C'est indiqué sur All Trails, application indispensable. On y voit davantage que les sentiers. Je prends mon sac à dos, de l'eau et mes bottes de randonnée. Je suis sur une crête au vent dans un paysage éblouissant. C'est facile de s'y perdre sans outils de navigation. Après quelques heures de pur délice je suis ravi. Je reviens lorsque la chaleur se fait sentir. Je prends la route pour North Dakota ensuite cherchant à me démêler avec le peu d'informations sur les Badlands de l'état. Je zigzague beaucoup à travers Little Missouri River National Grassland and Badlands. Je traverse des paysages variés et isolés. J'arrive à Medora, petite ville touristique du North Dakota pour admirer la prairie, les canyons et ses déserts. Je prend des notes sur Theodore Roosevelt National Park jumelé avec la ville. J'ai beaucoup d'informations à déceler du potentiel d'excursions dans la région. Je suis situé au sud-ouest de l'état qui borde le Montana. J'aimais les sites dans les Badlands du Montana qui indiquait Bock Management Backountry. Ce sont des pistes qui traversent des terrains privés, on doit sauter des clôtures pour y accéder lorsqu'elles ne s'ouvrent pas. Dans le plan du parc national, je vois à quinze kilomètres de Medora, Petrified Forest Trail à l'entrée de Theodore Roosevelt National Park South Unit. Je me stationne au début du sentier pour la nuit. Silence total je suis seul avec les sauterelles. Le sentier pédestre Maah Daah Hey Trail long de 155 kilomètres traverse Little Missouri River National Grassland and Badlands incluant Theodore Roosevelt National Park Three Units. C'est un sentier commémoratif en l'honneur des indiens Sioux et Dakota qui traverse les hauteurs des Badlands. Ce parc inclut trois sections de deux heures environ l'une de l'autre. Celle du sud, du nord et au centre  c'est le ranch d'été de Theodore Roosevelt qui aimait la beauté de la nature environnante. Three Units ont dit par ici pour les trois sections. Le parc est entouré de Little Missouri River National Grassland and Badlands.

17 juillet | Richland County, Eastern Montana 

Ce matin je suis aller au Makoshita State Park à Glendive. Chose étonnante, la ville est construite à l'orée des Badlands sur les rives de Yellowstone River. Pas très loin le Missouri et le Yellowstone River se jumele. Le parc est à cinq minutes de Glendive. J'ai fait le plus beau secteur du parc sur Hungry Joe Trail. Ce sentier est absolument féerique de même que le parc. Il n'y avait personne ce matin, sur la route c'est trois jours je suis seul. Je suis très loin de la Californie et c'est tant mieux. Ce parc est l'un des plus grands du Montana. Les accès au public sont très limités mais la randonnée pédestre y est à son meilleur. Je regrette pas mon choix de secteur. Je prend plus mon temps depuis que j'ai quitté l'ouest et les Rocheuses. Je prends mon rythme. Ensuite je me dirige à la frontière du Dakota du Nord. Les paysages sont entremêlés des Badlands et des Grasslands, c'est féerique. La fumée s'est dissipée aujourd'hui. Je passe beaucoup de beaux moments à tenter de trouver de beaux endroits pour marcher et dormir. C'est dommage que de tels lieux soient loin du Québec. Je m'installe dans la prairie au milieu de nul part sur une route déserte. Il pleut, je ne peu pas m'avancer trop dans les pistes. Je trouve un bon endroit près de la route, de toute façon personne ne passe. C'est près d'ici qu'une espèce de pin cesse de s'épandre vers l'est. C'est moi lentement qui se répand assurément vers le Midwest.

16 juillet | Badlands, Glendive, Eastern Montana

Hier un bon tronçon de la route entreprise pour me rendre à Brockway et Terry se nomme Big Sky Backcountry Byway. Je suis étonné de la qualité  de réception des réseaux américains en collaboration avec mon fournisseur à Québec. Tôt ce matin je pars sur Milwaukee Railroad Bridge Road à Scenic Terry Badlands Wilderness Study Area. J'ai fait douze kilomètres aller-retour sur le chemin de 4x4. C'est l'une de mes plus belles randonnées du voyage. Bizarrement la fumée des feux de forêts camoufle suffisamment le soleil pour faire baisser la température considérablement. Ce fut le paradis, je suis content de ma découverte. C'est comme ça que j'aime voyagé.  Le nom Milwaukee Railroad Bridge Road provient des contrebandiers de Chicago lors de la prohibition. La marchandise passait dans les Badlands pour ne pas être repéré. Ce paysage est grandiose et éblouissant. Je me demande comment une telle route peut tenir encore avec les intempéries. Jamais je n'avais marché aussi allègrement dans des Badlands. Le mot Wilderness désigne un lieu publique et protégé. Ce n'est pas interdit mais les accès sont rares et limités. Ce fut une journée exceptionnelle malgré la fumée car en temps normal il aurait fait très chaud en cette période de l'année. Ensuite je file à Glendive faire mon lavage et me trouver un spot pour la nuit dans le parc municipal. Plusieurs cervidés broutent autour de la van. Un très jeune policier vient me voir au parc. Il me souhaite la bienvenue à Glendive et me félicite pour mon véhicule. Depuis quelques jours des nuages de sauterelles m'envahissent. Le long des chemins de terre, des marguerites brunes et jaunes qui ressemblent à de petits tournesols garnissent le désert. Demain matin je vais au Makoshita State Park dont le poste d'accueil est à Glendive. Le mot n'est pas japonais mais provient d'un dialecte indien de souche Lakota. La rivière Yellowstone est la plus longue rivière sans barrage aux États-Unis à part l'Alaska. Elle fait 1,080 kilomètres. 


15 juillet | Scenic Terry Badlands Wilderness Study Area, Yellowstone River, Eastern Montana 

Traversée de Fort Peck Indian Reservation jusqu'au Missouri River et Wolf Point. Plusieurs comtés du Northeastern Montana et Fort Peck Indian Reservation sont ennuyants ou en partie est-ce la fumée des feux de forêts de l'ouest canadien qui reprend de plus belle? À la frontière j'ai fait demi-tour vers le sud qui semblait mieux. Le Canada m'effraie t-il tant que cela? Hier un chemin de terre atroce menant nul part, ce matin ce vide spatial. Je réfléchi davantage faisant de recherches en tapant Badlands sur internet.  Ça apparaît à l'est du Montana incluant le sentier Calypso, le top des Badlands au Montana. Plus loin j'arrive par hasard à la journée annuelle de Brockway Diary Day Rodeo. Spectacle en soirée gratuit avec l'achat du billet du rodéo à 12$ incluant un délicieux souper au Washington Hall de Brockway. Le site est beau, ça me fait penser à Woodstock mais en plus familial. L'ambiance inoubliable de ce village complètement désert qui répète le rodéo au même endroit depuis 105 ans est incroyablement authentique. C'est l'un des plus notable de l'état. Il est situé dans la région la plus isolée du Montana. Les cowboys sont très jeunes, plus d'hommes tournent autour de ce monde. Être cowboy c'est nager dans un monde viril et c'est devoir afficher son savoir faire. Ça prend beaucoup de force la vie de cowboy. Ensuite vers Yellowstone River je file à Terry. Je prends un chemin de terre menant à un vieux pont d'une voie dans les Badlands qui traverse la très large Yellowstone River. Je m'y était préparé. Un vieux panneau indique que le pont s'est effondré avec des trains dessus. La chaussée du pont est brisée. Des trous apparaissent, c'est ficelé avec de la broche. Installation au bout de la route à Scenic Terry Badlands Wilderness Study Area. Une affiche indique Calypso Trail au bout du chemin. C'est vraiment un bel endroit. Ça valait deux journées de viraillement. Dans une note sur internet on disait de se rendre le plus loin possible en auto dans le BLM. À la dernière côte j'ai reculé et me suis installé pour la nuit. C'est le silence total. Je suis content de ma découverte. Les Badlands n'apparaissent pas sur les cartes et les routes ne sont pas facile à se rendre en ces lieux. Le Calypso Trail débute à cet endroit pour demain matin. Personne dans les Badlands où je me trouve, pas de facilités de ce côté et aucune place raisonnable pour stationner. Mais qui a dit que j'étais raisonnable. La route devient impraticable en cas de pluie. Déjà sans pluie c'est limite. Je pars pour une quatre heures de randonnée, le lieu est propice. Avec la fumée une ambiance étrange plane dans le désert. Certaines terres publiques aux États-Unis telles les BLM sont vraiment belles, gratuites et accessibles sauf pour les accès qui demandent une forte vigilance. Lorsqu'on a goûté à ça un jour, ça deviend difficile de pas vouloir récidiver pareil bonheur.


14 juillet | Scobey, Northeastern Montana 

Les vents forts ont poussés la fumée des feux de forêts de l'ouest canadien aujourd'hui vers ce côté. Le ciel est opaque et gris. Je fais mon excursion sur le chemin de terre vers Frenchman Creek vers la frontière canadienne à travers la prairie. Grassland en français signifie prairie. Il y a plusieurs state park ou national forest qui sont des Grasslands. Un pourcent seulement de la prairie naturelle existe aujourd'hui en Amérique du Nord, le reste ce sont des terres cultivées. Je suis exactement dans le Grassland au sud du parc canadien du même nom. Je ne vois rien à ce qui ressemble à ce parc visité il y a deux ans en Sasketchewan. L'alternance des paysages est rapide et insoupçonnée. La prairie est composée de graminées, fleurs, herbes et certaines espèces de légumineuses. C'est un super aliment. Une grande variété d'espèce retrouvée dans la prairie permet un sol plus riche et nutritif. Je vois un immense serpent traversé le chemin, je ne connais pas son espèce. Il prend la moitié de la voie. Il a des anneaux bleutées, il fait six pouces de circonférence ou à peu près. Je note les villages à traverser sur la carte. Plusieurs ont plus de silos à grains que de maisons. Les chiens de prairies endémiques de la région canado-américaine ne vivent que dans un périmètre limité. Les changements brusques de paysages sont davantage prononcés aux États-Unis qu'au Canada et, ce, largement. Je suis ce soir à Scobey au Northeastern Montana à quelques kilomètres de la Sasketchewan.

13 juillet | Vandalia, Milk River, Northeastern Montana

La route 200 à partir de Grass Range que j'ai croisé hier est l'une de plus belles depuis le départ du voyage il y a trois mois. Ce matin après Jordan j'ai marcher sur des sections public off travel dans les Badlands à partir de la 24 sur la 200. Il n'y a aucune circulation automobile, aucun village ou presque et aucun service. C'est le secteur le plus désertique du Montana. Il y a des beaux campings rustiques et gratuits au National Wildlife Refuge, Charles M. Russel. Je m'arrête à Neilson Creek, l'un d'entre-eux. On peux rester 14 jours. Le vent est fort. Le site est complètement ahurissant au coeur des Badlands. On a créé le plus grand barrage hydroélectrique des États-Unis à Fort Peck plus loin qui est aussi le nom d'une grande réserve indienne. Le fleuve Missouri devient Fort Peck Lake au barrage long de sept kilomètres. À cette endroit les Badlands deviennent immédiatement des terres cultivables. À chaque jour des nouveautés, des aventures, des surprises m'arrivent. C'était vraiment beau de marcher dans les vieux chemins de désert aujourd'hui. C'est ressourçant, surtout qu'il ne fait pas trop chaud. Je suis installé dans les champs autour du village de Vandalia sur Milk River au Northeastern Montana. Le village ressemble davantage à un garage de tracteurs qu'à une communauté. Demain j'ai un beau projet d'excursion. Je dois bien profité de la région des Badlands et Grasslands. J'adore ça surtout qu'il n'y a personne nul part et que les endroits pour boondoker sont incroyables. Le silence dans les prairies, le désert et ici dans les Badlands, tous ces lieux ont un pouvoir d'attraction chez moi. Il y a beaucoups de mouches domestiques et parfois des moustiques dans les prairies et par ricochet dans la van. De l'autre côté de la frontière du Canada c'est le Saskethewan précisément Grassland National Park. Il existe deux sections distinctes du parc, le bloc est et ouest séparé de 80 kilomètres. Ces parcs sont très grands et probablement les plus beaux du Canada. Ces lieux uniques au Canada sont situés dans des régions très isolées. Cette région des Badlands en Sasketchewan m'avait le plus marqué au Canada avec Okanagan Valley à cause de ses régions désertiques. Demain je tenterai, par un chemin de terre de 100 kilomètres, me rapprocher du coté canadien des Grasslands à la frontière. En fait ils sont un mixte des Badlands et des Grasslands. Les Badlands ne sont pas identifiés sur les cartes. J'aime les déserts mélangés d'herbes clairsemées et de sauges sauvages remplies de lumière. Être à l'ombre dans le désert, aucun de ces bonheurs dans les contrées humides n'existent. J'aime les open space plus que tout. Il y a des climats, des pays que je suis bien. Le climat du désert est celui qui me convient le plus, les matinées, les soirées et les nuits fraîches et du soleil resplendissant de clarté m'interpelle. Sortir de la masse, des trucs à la mode et du cliché au moins quelques mois par année pour se souvenir qu'il existe autre chose que la belle province. 

12 juillet | Jordan, Northeastern Montana 

J'ai bien sélectionné la route, c'est beau sans cesse et légèrement vallonné. Pas de réseau, ni de radio, presque pas de villages ni de circulation. Le plaisir est grand de rouler au Montana. De grandes sections de l'état sont presque inhabitées sauf par de vastes ranchs à perte de vue. C'est ici au Montana que la vie de cowboy prend toute son ampleur. Le rodéo est toujours une activité populaire mais lentement elle prend place dans l'histoire du Far West. Il fait moins chaud. Je me suis installé pour la nuit sous les arbres rafraichissants d'une église à Jordan. Je suis près de Missouri River qui a une longueur de 3,766 kilomètres. Il dépasse de 40 kilomètres à peine du Mississippi avec 3,726 kilomètres. Depuis les Rocheuses la prairie prend toute la place brusquement et pour un bon bout. Il y a beaucoup plus d'options de routes panoramiques et autres dans les prairies américaines que dans les provinces canadiennes. Malgré le nombre élevé d'habitants aux États-Unis, il est étonnant de constater que de grands territoires américains sont complètement désertiques. C'est le véritable grenier de l'Amérique. Ça faisait une éternité que je voulais traversé le Montana.  Je suis situé en ce moment près de la Saskatchewan et du Dakota du Nord. En traversant les Rocheuses j'ai franchi un autre univers. Au Montana des noms de villages sont indiqués et souvent il n'y a que quelques carcasses de vieilles voitures et quelques maisons abandonnées. Souvent dans le voyage je me demande pourquoi ai-je besoin de vivre du centre d'une ville de 850,000 habitants? Ce n'est pas la première fois que je me pose la question sans pouvoir y répondre complètement.

11 juillet | Square Butte, Northern Montana

Sur le bord du chemin au Montana les croix blanches indiquant un décès de la route à l'endroit d'un accident. Ça ne semble pas différent mais ici c'est un organisme qui en est responsable. Les croix sont uniformes et offertes aux familles. Un régistre est établi. Ce matin le ciel est gris, c'est frais. Les trains paraissent plus long la nuit. J'en sais quelque chose, j'étais à quelques pieds de la voie ferrée. Ce voyage frappe l'imaginaire comme nul part ailleurs car il retrace un passé très récent. L'ouest du pays n'est souillé par les blancs que depuis 1850. Caïn et Abel était des frères ce qui n'a pas empêché de se tuer. Aucun pays au monde ne possède autant de biodiversités, des paysages différents en si peu de distance. Le contraste est gigantesque entre la journée d'hier dans les Rocheuses et la prairie où je suis. Même la météo a un écart considérable avec hier. Je n'ai plus à penser aux ours et grizzlys. Je m'arrête à Fort Benton sur Upper Missouri River. Le village est historique et joli. C'est bien conservé et aménagé. Il y a la réplique de Fort Benton. Les steamboats ou traversiers à vapeurs vers l'ouest remontant le Missouri ne pouvaient aller plus loin. Le fleuve termine sa course près d'Helena, la capitale du Montana. La plupart des centres urbains du Montana sont situés à l'ouest de l'état près des Rocheuses. L'expédition Lewis and Clark était un passage obligé à Fort Benton pour franchir les Rocheuses et la porte du Pacifique. C'est eux qui revendiquent au nom des blancs la découverte des Montagnes Rocheuses. Depuis ils ne sont plus les seuls. L'herbe est de plus en plus longue, il y a plus de vaches. Je suis seul sur les routes. Le terrain commence à ressembler à la prairie joyeusement vallonnée. Je suis dépaysé dans arrêt depuis le départ. Les chemins de terre sont moins poussiéreux. On est très loin du West Coast. Le coût de la vie à l'est des Rocheuses est moins élevé en passant par l'essence et l'épicerie. J'ai semé le cortège des vacanciers de l'ouest avec leurs chaloupes et casseroles qui leurs sert d'habitats temporaires qu'ils utilisent pour se distraire quelques semaines. Je fais de même mais je suis plus vagabond que la plupart d'entre-eux je crois. Je suis un artiste qui prend son inspiration en sortant des sentiers battus. J'aime en revenir des fois. Le parti républicain a longtemps été le parti du peuple, le parti populaire. Le terreau où germe une profonde culture de traditions américaines se retrouve massivement chez les républicains. Le savoir ne se transmets plus autant qu'aux générations précédentes, l'informatique a créé une rupture brusque de la transmission culturelle et sociale. Le savoir, qui jadis passait par les régions rurales, c'est déplacé dans les centres urbains et ses périphéries tentaculaires et énergivores. Les républicains représentent la stabilité de la communauté et de la famille. Ils entretiennent et s'identifient aux valeurs religieuses et communautaires. La famille est le pivot. Le vent est fort. Je suis à Square Butte au nord du Montana en arrière de plusieurs silos à grains sur un chemin de terre. Je n'entend que le vent. 

Déjà trois mois dans quelques jours que j'ai quitté mon logis. Je n'ai pas manqué une seule journée d'écriture dans le blogue ou de prendre quelques images. J'aurais oublié toutes ces journées passées dans l'ouest américain en vanlife. En une journée tellement de choses ont changées, la température, l'environnement, le processus de retour dans mon esprit. Je ne veux pas y penser que des images déferlent dans mon esprit en conduisant. Les amitiés et les bons échanges me manque. Être accompagné tout le temps, je sais pas, ça dépend qui je crois bien. C'est vaste le Montana. Un type venu de nul part à pied a frappé à ma porte tantôt. Son chapeau de cowboy contrastait avec ses running vert. Je suis chez lui. Il me dit don't be worry. Ses lunettes de soleil ressemble à ceux d'Elvis. Je regarde autour il n'y a que quelques silos à l'horizon, aucune maisons, étrange. Les gens dans les campagnes profondes ont un sens commun développé. J'ai beaucoup de respect et d'admiration pour ceux qui vivent dans ces régions isolées. Un sentiment fort de bout du monde m'habite ce soir étant situé au versant est des Rocheuses dans une solitude qui pourrait être encore plus grande si je n'avais en ma possession internet. Si je n'ai pas de réseau un soir j'écris davantage. Une ancienne connaissance, Louis m'a profondément marqué par son enthousiasme du plein air et ses récits d'histoires et d'aventures. Nous avions le même jour Serge Bouchard. Il a écrit le sentier des Jésuites, ouvrage historique et romancé d'une partie de l'histoire du Québec. Je retiens plusieurs choses de lui sans parler de sa passion contagieuse à raconter des histoires véritables effouies dans le passé. Son intérêt est la géomorphologie. Je me suis toujours souvenu de ce mot énoncé de sa part. Je comprenais parfaitement ce qu'il racontait. Ma passion est la géomorphologie. Les migrations multiples des hommes dans le temps et l'espace ont façonnées le monde où nous vivons. La ruse qu'ils ont développé pour s'adapter, évoluer ou régresser est phénoménale. À prendre distance de mon quotidien j'aiguise mon ressenti, mon espace de vie, ma créativité, ma soif d'aventures et de connaissances. La lecture des sols permettent de comprendre l'histoire des hommes et leurs migrations. Partir c'est sortir du connu pour aller vers soi. C'est en se perdant que l'on se retrouve. La pause fructueuse sera silencieuse. Les carrefours sont importants, je dois faire un choix comme dans la scène finale d'un vieux film western dont j'ai oublié le titre.

10 juillet | Cut Bank, Northern Montana 

J'étais tôt au Watertown-Glacier International Peace Park ce matin lundi. Je croyais être tranquille, ce fut pare-choc à pare-choc durant les 75 kilomètres de la traversée du parc. En réalité les parcs américains et canadiens possèdent leurs autonomie. Par exemple au Montana c'est plutôt Glacier National Park le nom commun. Going-to-the-sun Road est considérée comme la plus belle route des États-Unis. Seul le volcan Halehakala à Maui, Hawaii possède un aussi grand dénivelé. C'est très beau mais l'expérience est ternie par la masse de touristes. Néanmoins je suis heureux d'être aller sur Going-to-the-sun Road à Glacier National Park. La beauté est relative et propre à chacun. Ce vaste écosystème vierge est la pièce maîtresse de ce que l'on appelle l'écosystème de la couronne du continent, une région de terres protégées couvrant 16,000 milles. C'est ici en grande partie que les espèces animales migrent du Canada vers les États-Unis. Beartooth Highway, que j'avais fait en parti à l'aller près de Yellowstone, est la plus haute du pays. Skyline Drive dans les Appalaches et Nathez Trace dans le sud profond sont des exemples de routes panoramiques à travers ce pays magnifique. À la rencontre du Continental Divide dans les Montagnes Rocheuses du Montana je me suis dit que je prenais le bord de l'est, que maintenant ça vient d'arriver. C'est nostalgique et je me sens impuissant devant le temps. De Logan Pass à Glacier National Park est à 2,030 mètres, Beartooth Pass à 3,330 mètres. J'éprouve des émotions à refaire le sens inverse. Qu'ai-je appris dans l'ouest? Quelles sont les empreintes d'un tel voyage sur moi. Les indiens Kootenai occupaient l'ouest des Rocheuses et les Blackfoot à l'est. C'était des bandes rivales. L'arrivée des chevaux donnèrent priorité aux indiens de la prairie. Je suis installé dans cette prairie que j'aime dans un dead end road près de la voie ferrée.

9 juillet| Columbia Falls, Western Montana 

La traversée du Montana rassemble plusieurs écosystèmes. Les noms évocateurs des indiens du Montana et mes souvenirs d'enfance réapparaissent. Nez Percé, Pend Oreille, Tête Plate, Pieds Noirs. Ils sont de la famille Kootenai qui possède une culture riche et développée. Ma première journée au Montana est ternie par la circulation autour de Missoula et la vallée où elle se retrouve. C'était impossible à trouver plus beau que Salmon River en Idaho. Celle-ci je m'en souviendrai longtemps, surtout en mangeant du saumon. Cette route est au podium de la liste des plus belle durant le périple. Je dors à Colombia Falls au pieds de Watertown-Glacier International Peace Park. Demain je fais l'épicerie et je prendrai mon temps car c'est l'un des plus beaux parcs américains. Dix millions d'habitants vivent au Montana, quatrième plus grand état américain. Il m'est difficile de parler des distinctions culturelles dans les régions que je traverse en van. Comprendre les traits culturels exige du temps, imaginez l'intégration.

8 juillet | Hamilton, Montagnes Rocheuses, Western Montana 

Promenade exquise, l'une des plus belles routes du voyage, je l'ai faite en Idaho. De Stanley, face à Sawtooth Range Mountains, jusqu'au Montana le long de Salmon River c'est une oeuvre d'art naturel et visuel inouï. À mesure que je m'approche du Continental Divide ou des Montagnes Rocheuses le désert fait place aux forêts. Je suis installé à Hamilton dans l'ouest du Montana sur un terrain urbain désert. L'orage est dans l'air. Jamais je n'avais vu autant de rafteurs depuis deux jours. Salmon River est de loin la plus belle rivière que j'ai vu pour les activités sportives nautiques. Belle par les paysages qu'elles côtoient avec le soleil. La 75 est et la 93 nord en Idaho est à retenir. De plus c'est plein de beaux sites de camping gratuit sur la rivière. Il y a beaucoup de beaux endroits hors sentiers pour gravir les montagnes. J'aime mieux les montagnes dénudées de forêts. Le regard porte davantagne sur la forme et la couleur que les apparats qui les cachent. La nudité des montagnes est plus sensuelle mais ça c'est pas écrit dans les guides.


7 juillet | Sunbeam, Malm Gulch, Tunnel Rock, Sunbeam, Salmon River, Sawtooth Range Mountains, Eastern Idaho

Longue promenade en van de la forêt dense au désert aride de l'Idaho par Sawtooth Range Mountains. C'est au village de Stanley la consécration pour admirer ce joyau du massif enneigé de Sawtooth Range Mountains jusqu'à Salmon. Toute la journée je suis dans deux vallées, North Fork Payette River et Salmon River. C'est la première grande fin de semaine qui marque le début des vacances pour les américains après leur fête nationale. Dans ces régions le rafting et le kayak sont très populaires. Ce sont les plus belles rivières d'eau vive parcourues depuis le voyage. On dirais que je rêve avec tous ces beaux paysages réunis ensemble. L'ouest américain, les prairies, c'est fabuleux. C'est étonnant encore une fois de passer rapidement de la forêt au désert. C'est ce que je retiendrai du périple. J'aime ça ces contrastes et surtout les déserts. Jamais depuis que je suis parti que je n'avais vu autant de campings gratuits qu'aujourd'hui. Plusieurs beaux sites sur la rivière affichaient gratuit pour une durée maximale de 14 jours. J'aime mieux dormir dans le désert et à peu près tout ce qu'il offre. Je suis en boondoking, comme toujours, cette fois-ci à Malm Gulch de Tunnel Rock dans Sawtooth Range Mountains sur les rives de Salmon River, dans les massifs du même nom. Tunnel Rock s'appelait jadis Sunbeam. Depuis Stanley ce sont mes paysages préférés que je traverse. La plus haute montagne de l'état, Borah Peak à 3,837 mètres est situé pas très loin d'ici, son profil se dessine. Le silence est beau dans le désert et plus beau que n'importe où au monde. C'est mon humble point de vue. Ce matin j'ai fait de la randonnée dans le désert hors sentiers. Je dois me forcer un peu car les journées sont trop chaudes pour l'exercice.  C'est vraiment trop beau de se secteur. Plus loin je pars en van dans un chemin de terre pour Bayhorse et Ponderosa Ghost Town. Parfois les déserts sont encaissés sur de courtes distances entourés de forêts épaisses. C'est là mon travail de me faufiler où les paysages sont les plus exquis. J'écris derrière un restaurant qui ont aménagé une belle cour ombragée.

5-6 juillet | Hells Canyon National Recreation, Snake River, Eastern Oregon 

Promenade dans Hells Canyon National Recreation à la frontière de l'Idaho et de l'Oregon. C'est le nom que porte Snake River à cet endroit. C'est la plus longue rivière de l'Idaho, état peu peuplé et très rigoureux sur les règles et valeurs conservatrices. Un très long chemin de terre pour un très grand ménage de la van sur Hells Canyon Overlook. J'y ai passé la nuit. Le plus impressionnant aujourd'hui fut Grande Ronde River quoique cette dernière est bien cachée. Parfois je me demande si je rêve. Wallowa-Whitman National Forest est la forêt qui m'entoure. Les territoires sont vastes. J'ai découvert des gens qui peuvent vivre n'importe où. En réalité ça prend de l'eau, du blé et un peu d'amour. Depuis quelques jours, des pierres petites et grosses, jonchent des tronçons de routes. Quelques fois je les enlèvent. La région de Hells Canyon et Snake River est très sauvage et isolé. Ça me donne le temps de voir les papillons et les fleurs des montagnes. Il y les chemins pavés et les autres. C'est ardu de faire le tri car les conséquences peuvent être énorme avec ses choix. Quel est l'étrange rapport avec nous-même qui nous lie à la culpabilité entre ce qui doit être accompli et le reste ?


3-4 juillet | Farmington, Hanson Ferry, Grande Ronde River, Eastern Washington

Promenades dans l'arrière-pays de l'état de Washington après la traverse des grandes villes et réserves indiennes de Yakima et Spokane. Les automobilistes sont impittoyablement pressés. Un camionneur a eu à deux reprises la rage au volant sur la route et j'en passe  Plus tard un couple a essayé de s'en prendre à moi en tentant de me vendre des cartes d'essence frauduleuses. Mon défi est de tenter de relever sur les cartes les régions boisées des régions désertiques. Je ne traverserai pas en Idaho maintenant préférant aller dans l'est de l'Oregon pour le moment. Je suis complètement perdu dans une région à l'est de l'Oregon, Hells Canyon National Recreation. Le canyon est situé dans une région désertique entre l'Idaho et l'Oregon. La nuit dernière j'étais au Grande Ronde River. C'est très dépaysant par ici, c'est une région isolée. L'aventure prend tout son sens ici. La chaleur est torride malgré les sommets enneigés.


2 juillet | Kettle Falls, Columbia River, Northeastern Washington 

De courtes promenades en van sur la frontière américaine entre Washington et la Colombie Britannique. Je traverse Okanogan et Colville National Forest. En à peine quelques heures de van le paysage est passé du désert à la forêt. Ce soir je dors sur Colombia River à Kettle Falls. La rivière Kettle prend sa source en Colombie-Britannique et est l'une des plus fraîches pour camper l'été. J'y avais passé plus de cinq jours il y a deux ans à mon passage dans l'ouest. Hier était l'un de mes meilleurs spots pour dormir. Ce n'est pas la même histoire ce soir. La prochaine fois que j'en trouverez un beau j'y resterai plus longtemps.


30 juin - 1er juillet | Nighthawk, Silmikameen River Valley, Northern Washington

Promenade en van le long de Colombia et Okanagan Valley River. Un record de chaleur est établi en voyage. Ça ira pas en s'améliorant, je dois réfléchir à mes gestes. En m'approchant d'Okanogan Valley en Colombie-Britannique ça me rapelle mon voyage en vanlife il y a deux ans. Ce fut l'été des feux de forêts et des canicules dans l'ouest canadien. Des records auront été franchis, celui de Lytton je m'en souviendrai. Le village a été rasé en passant à côté. Je ne tiens pas à revivre cela. Ce fut l'année qui ferma la frontière par la covid. Je regardais du côté des États-Unis, je fus patient. J'avais bien mieux à récolter du côté américain, c'est confirmé. Aujourd'hui j'ai traversé une petite ville particulière, Chelan Lake, qui doit sa popularité à son lac aux eaux émeraudes. Il est protégé à l'intérieur de forêts nationales dont Okanagan National Forest qui prennent une place considérable au nord-ouest américain. Se retrouvent ici de vastes territoires que couvrent plusieurs grandes rivières et beautés naturelles. La vallée de l'Okanagan, que ce soit au Canada ou aux États-Unis, est une terre propice en production fruitière surtout par l'irrigation. Petite distinction, Okanagan est aux États-Unis ce qu'Okanogan est au Canada. Plus à l'ouest c'est Cascade Range et ses forêts humides et denses. Il y a la version américaine et canadienne de Cascade Range. Je suis installé à Silmikameen River Valley de Nighthawk à cinq kilomètres de la frontière canadienne et à peine la même distance pour Cascade Range. Me retrouver derrière cet endroit précis me fait étrange. Il y a deux ans exactement, j'étais de l'autre côté de la frontière à quelques kilomètres d'ici. J'avais fais une belle randonnée pédestre. Keremos-Silmikameen-Cathedral-Osooyos furent mes plus somptueux souvenirs vers l'ouest canadien précisément dans Okanogan Valley. Somptueux pour l'aspect et dépaysant du décor désertique. Rien n'est plus beau qu'une rivière tumultueuse qui dégage sa musique en dévalant une montagne désertique. En réalité l'art exprimé n'est pas seulement associé au voyage mais au moment où il se déroulera. Les repères habituels ont bien tôt de rééquilibrer les règles, ici elles n'existent pas. Sans partagez l'émoi devant tant de beautés est inhumain. Décrire un paysage, transmettre une impression c'est pas facile. C'est beau ce soir ici, trop chaud certes, mais très beau. Il est difficile à réaliser que le désert du Nevada vienne mourir à Okanogan Valley en Colombie-Britannique en y apportant quelques serpents et cactus à ses pieds. Le village de Lytton a complètement été détruit par les flammes, je passais à côté dans la fumée, il faisait 49.6 degrés lorsqu'il ont fermé la route, un record canadien.


29 juin | Entiat, Columbia River, Washington

La température frise 37 degrés. C'est le souvenir vague que j'ai à mes 17 ans à cueillir des fruits dans Okanagan Valley de la Colombie Britannique. Après quelques mois de cueillette de fruits j'ai descendu la côte ouest jusqu'en Californie en autostop. La couleur ocre des montagnes de l'est de Washington n'a pas changé. Le soleil est de plomb, il rase tout cruellement sur son passage. Plusieurs records de chaleur ont eu lieu dans l'état. Il y a deux ans lors de mon voyage en vanlife dans l'ouest canadien, Osoyoos a gagner le prix du dépaysement et la beauté par le minéral au Canada dans un premier temps et en second le record de chaleur canadien. Silmikanen Valley et Nighthawk vers Keremeos sont mes coups de coeur canadien. Il est de ces souvenirs qui ne s'entravent. La région qui borde le fleuve Columbia est gonflée à bloc par l'agriculture dans l'état de Washington. L'irrigation est de premier plan. Le trafic a repris ce matin, la trame sonore automobile est omniprésente. Depuis Yakima les communautés latinos sont plus présentes pour les champs. J'ai très chaud, je fais quelques pauses. Je suis installé à Entiat sur la rive de Colombia River pour la nuit. Le vent souffle la chaleur à la tombée du soleil. De toujours pour moi l'est de Washington représente le soleil qui brûle tout. Une lumière dorée qui rorgne ses nuances fragiles du printemps. Okanagan fut et représente encore pour moi la terre canadienne de tous les rêves, de la jeunesse et de tous les défis. Aux États-Unis il y en a des milliers comme cette bourgade mais le charme opère toujours. J'irai dans les prochains jours arpenté American Okanagan Valley River qui se jette dans Colombia River. S'il y avait un endroit pour rouler avec Béa en Amérique c'était bien dans les états du nord-ouest américain.


28 juin| Moxee, Rattlesnake Hills, Washington 

Un volcan c'est comme une île. Le Mount Rainier est gigantesque. Je suis aller à Paradise sur l'un de ces flancs. Sunrise n'était pas accessible sauf White River Campground où la vue du Mount Rainier est monumentale. Emmons Glacier devant moi est le plus grand glacier des États-Unis. Le Mount Rainier est une barrière naturelle contre l'air frais et humide du Pacifique et à l'est, vers Yakima, c'est le désert quasi complet. La rupture est énorme en à peine une heure. Je ressens le changement de climat depuis quelques minutes. Les nuages vers l'est s'oublient avec le reste. Sur ce versant de Cascade Range il y a beaucoup de rivières souterraines et de nappes phréatiques. Les fruits stands font leurs apparitions. Je ne m'en priverai pas dans les prochains jours. Les Mounts St. Helens et Rainier m'auront donné du fil à retordre pour mon entrée dans l'état de Washington. Je suis installé ce soir dans un champ désertique à Moxee près de Colombia River. En écrivant mon blogue, le propriétaire me demande gentillement avec son costume de cowboy impeccable de partir pour laisser aller les bêtes et fermer la porte. Je trouve un autre spot à trois kilomètres. Dans Wenatchee National Forest les campings sonts gratuits et très beaux. La dame me dit que c'est pas la bonne place sur un terrain vague. Enfin je trouve un dead end derrière des plantations de fruits à l'infini. À l'est de Cascade Range la circulation automobile est réduite considérablement. Le nord-ouest américain offre les meilleurs fruits de de la saison et de multiples variétés. C'est dans l'est de l'état que l'agriculture est à son apogée surtout avec les fruits. Je n'irai pas à Olympic Peninsula, Seattle et Olympia la capitale de Washington. Les grandes villes pertuberaient le plaisir que j'ai en ce moment dans les régions rurales de Colombia et Yakima Rivers.


27 juin| Morton, Cascade Range, Washington 

Je me suis levé dans une pluie fine au coeur du Mount St. Helens Volcanic National Monument. La brume est épaisse. Au secteur sud du parc les routes sont un véritable labyrinthe. Le Mount St. Helens ne se laisse pas découvrir aisément. Le secteur sud ne communique pas avec les autres sections. Celle du centre du parc est fermée et celle du nord n'est pas encore prête pour l'été. Les distances sont longues pour avoir accès au Mount St. Helens. Ensuite je pars vers Mount Rainier National Park. 4285 mètres est le dénivelé de ce mastodonte de Cascade Range. C'est un stratovolcan, les plus grands et les plus actifs sur terre. La plupart des volcans de l'ouest américain sont des stratovolcans et sont situés dans l'arc de feu, la plus importante ceinture de feu ou de volcans au monde. Il y a beaucoup de visiteurs au Mount Rainier. La foule ne m'emballe pas. Plusieurs routes sont fermées en altitude et d'autres démolies cet hiver avec la quantité exceptionnelle de neige. Ce fut une longue route aujourd'hui. Je suis content de m'être enfin arrêter à Morton dans Cascade Range de l'état de Washington. Je campe derrière un parc municipal. Le Mount Rainier est visible de partout de Washington, c'est un icône important de l'état.  C'est l'un des plus dangereux volcans au monde, le 7ème plus précisément. Voici la liste des parcs et sites importants traversés dans l'ouest américain; Death Valley, Sequoia, Kings Canyon, Yosemite, Tahoe Lake, Lassen, Mount Shasta, Crater Lake, Hood, Mount Rainier, Mount St. Helens, Newburry National Monument, Yellowstone, Grand Teton, Big Horn, Crater of the Moon, Crater Lunar, Toyaibe National Forest, Black Hills, Badlands. Demain est une nouvelle étape du voyage qui débute, l'est de l'état de Washington.


26 juin| Mount St. Helens National Volcanic Monument, Cascade Range, Southern Washington 

Ce matin direction du Mount Hood Village National Forest en Oregon près de Colombia River et de Portland. 3,408 mètres est son sommet gigantesque et le plus haut de l'Oregon. Il y a quatre millions d'habitants en Oregon et huit millions dans l'état de Washington. Plus tard j'arrive au Mount St. Helens Volcanic National Monument dans l'état de Washington par de petites routes forestières ayant pris le traversier pour Colombia River. De beaux spots près de la lave du volcan. Un labyrinthe de chemins pavés dans la brume à l'ombre des Douglas. Une éruption au 175 ans. On entends rien. Il y a eu une éruption mortelle du Mount St. Helens dans les années 1980, 57 personnes sont décédées. Tout est grandiose, la forêt est sauvage, luxuriante et envahissante. Mounts St. Helens et Rainier sont situés entre Seattle dans l'état de Washington et Portland en Oregon. Je suis heureux d'avoir découvert tous ces endroits incroyables et mystiques. Je suis content d'avoir prêté des images à mes rêves lointains. Ce soir j'ai un autre beau spot. La condition d'un tel lieu est qu'il soit silencieux en premier lieu. Des deux guides vélo sur l'Oregon et de la Californie du Nord aucun ne m'auront assez convaincu. Décidément trop de circulation automobile et des parcours trop longs. Je fais mon plan au jour le jour. Mon prochain objectif après le mont Rainier seront les régions semi-désertiques de l'est de Washington et du Colombia River, de l'Idaho et du Montana. Je poursuis selon la température en vigueur. Le mois de juillet et août me limite pour les activités physiques intenses au soleil. Les randonnées dans le désert me manque, l'odeur de la sauge après la pluie aussi. J'y reviendrai plus tard.


25 juin | Mount Hood Village, Oregon 

Passage de la côte du Pacifique à Willamette Valley. Il fait très chaud dans la vallée. Il y a beaucoup de circulation automobile. Je m'arrête à Salem, la capitale de l'Oregon. Le style est West Coast, architecture légère, aéré, simple, écologique. Tout est est de bon goût en Oregon. On y est plus éduqué et les salaires sont au dessus de la moyenne nationale. Les vignobles sont une affaire sérieuse en Oregon. On y retrouve les meilleurs vins au monde dans la vallée Willamette. Je campe à Mount Hood Village derrière  une chapelle. Je suis près de Portland et de Colombia River.


24 juin| Monmouth, Willamette Valley, Oregon 

Longue route en van. Rien de particulier à part que je quitte la côte du Pacifique littéralement gelé. Quelques kilomètres plus loin dans les terres je gagne 25 degrés. Je suis installé à Monmouth dans Willamette Valley. Cette vallée fertile est longue de 250 kilomètres. Elle a la même longueur que Shanandoah Valley en Virginie et elle m'y fait penser. Plus du trois quarts des habitants de l'Oregon habitent Willamette Valley de Portland sur Columbia River à Eugene plus au sud. Je suis sur une ferme. Il fait beau et chaud, c'est silencieux. Willamette Valley a été pour de nombreux pionniers l'objectif ultime pour une meilleure vie. La terre y est riche, l'eau abondante et les ressources disponibles dans les trois chaînes de montagnes environnantes et dans l'Océan Pacifique. Il y a beaucoup de circulation automobile sur Pacific Highway. Les spots pour dormir sont pas facile à trouver, beaucoup d'interdictions partout sur la côte. La patience porte fruit, ce soir je campe dans un pré à l'orée du bois.


23 juin | Charleston, Pacific Coast, Oregon

4.5 millions d'habitants peuplent l'Oregon, dix fois moins qu'en Californie. Portland est la plus grande ville de l'état avec habitants et Salem la capitale. Port Orford, est la plus ancienne ville de l'Oregon traversée aujourd'hui. Très diversifié l'Oregon regroupe toute une gamme de paysages possibles en passant aux volcans, aux déserts, aux forêts luxuriantes et un littoral sauvage et éblouissant. C'est l'un des meilleur état de l'union pour différents aspects mais l'un des plus cher. Beaucoup de cyclistes longent la côte du Pacifique à vélo de Vancouver à San Diego. Il y a des affiches m'indiquant que je suis dans une zone de tsunamis. Je suis installé à la marina de Charleston près de Coos Bay.


22 juin| Gold Beach, Pacific Coast, Southern Oregon 

Au réveil mes amis étaient partis vers le sud, moi vers le nord. On va se croiser plus tard. Une brume épaisse traînait sur la côte du Pacifique ce matin avec une température assez basse pour la St Jean Baptiste. L'hiver dernier il y a eu un peu de neige, davantage qu'à l'habitude. La côte du Pacifique est très pluvieuse et grise. Des gens me disent qu'il fait soleil deux jours par semaine et le reste c'est gris et pluvieux. Le véritable nom pour englober les parcs du Nord de la Californie est Redwood National and State Parks. J'ai fait une halte à Crescent City, dernière bourgade du Nord de la Californie. Je vois des palmiers. Je vais marcher à Jedediah Smith Redwood State Park. Ensuite Howland Hill Road sur 16 kilomètres pour atteindre Grove of Titans et Stout Grove, les géants redwoods du parc et du monde entier. La Californie possède le plus grand nombre de parcs et de forêts d'états dans le pays. Je revois ma journée d'hier avec mes amis. Ce fut une température parfaite autrement qu'aujourd'hui. C'est un souvenir qui restera. Je ressent comme du déjà vu en passant ici. Je  suis installé à Gold Beach sur Pacific Coast au sud de l'Oregon. Un grand terrain vague borde la mer. C'est un bon endroit. Les deux dernières nuits mes amis ont négocié ma gratuité au camping avec ma van. Entres amis ça me va mais seul ces endroits ne m'attirent guère. Je planifie au jour le jour les plus beaux et insolites endroits.


21 juin | Klamath River Camp, Klamath, Prairie Creek Redwoods State Park, Pacific Coast, Northern California 

Ce matin promenade avec mon ami Jean-Marie pendant qu'Estelle, sa conjointe, faisait une pratique de piano électrique. La température est idéale, la forêt est somptueuse. On marche plusieurs kilomètres sur la plage près des pélicans et des phoques qui se comptent par centaines. Ensuite on part chercher Estelle pour aller marcher Prairie Creek Redwoods State Park. En son centre Big Tree et ses sentiers des plus vieux et grands redwoods. Les redwoods sont plus grands que les sequoias mais pas plus large. Il y a trois grandes sections dans Redwood National State Parks; Del Norte Coast, Jedediah Smith et Prairie Creek. Retour en fin d'après-midi au Klamath River Camp pour un autre bon barbecue. 

20 juin | Klamath River Camp, Klamath, Prairie Redwoods Creek State Park, Pacific Coast, Northern California

Les randonnées se sont succédées sur la Côte du Pacifique en Californie du Nord. La forêt sur la côte est luxuriante. Des rhododendrons défilent les montagnes, les sentiers traversent Hammond Trail, Trinidad, Prairies Creek Redwoods, Humboldt Lagoons et Patricks Point State Park. Le temps est frisquet. Je rencontre mes amis Jean-Marie et Estelle de Québec avec leur roulotte à Klamath River Camp de Klamath. Le camping est familial et très propre. Je profite de la buanderie et de la douche. Le steak grillé, pommes de terre et choux de Bruxelles resteront gravés, merci les amis et du beau feu.

19 juin | McKenlyville, Pacific Coast, Northern California

Je viens de faire mon entrée sur le Pacifique en Californie du Nord à Arcata. Ça me rappelle bien avant mes 18 ans. La première fois que j'ai vu l'océan, c'était le Pacifique à Lincoln City en Oregon. J'avais planté ma tente sur la plage ne ne me figurant pas que la marée soit si haute. J'ai tout ramassé à temps et mis le tout dans les sécheuses du village. C'est la seule chose que je me rapelle de l'Oregon avec les cerises que j'aime tant manger. Je dors sur la rue adjacente du club de golf à McKenlyville. Malgré que j'ai fait un secteur tranquille sur la 96, c'est la seule région de Californie où je me sens moins terrorisé par le trafic. Les plages sont belles, les stationnements convoités. Des panneaux indiquent partout de ne pas stationner la nuit. Demain je rencontre Jean-Marie et son Estelle de Québec. Ils sont parti le 15 mai de Québec avec leur roulottes que j'appelle la casserole. Je l'appelle demain midi. Je vais regarder du côté des spots d'IOverlander. De Mount Shasta vers le Pacifique ça descend très longtemps. C'est difficile à réaliser que j'ai traversé les États-Unis par les country roads. Que de forêts nationales auraient-je traversés ainsi pour arriver en Oregon? J'ai rêver de ces terres lointaines tout comme l'on fait avant moi des milliers de pionniers.


18 juin | Independence River, Happy Camp, Klamath River and National Forest, Cascades Range, Northern California

Ciel bleu pur au lever, la journée est fraiche. Je prends la route qui mène au volcan Shasta. Un grand stationnement avec, au bout, des skieurs, des raquetteurs et des randonneurs. Le site est vraiment beau. C'est gratuit mais il y a trop pour continuer en auto et à pied c'est trop difficile. Je m'installe à Shasta-Trinity National Forest dans Klamath National Forest. Klamath représente une nation indienne, un lieu, une forêt, une rivière, des chutes, une région , un village, une ville. Klamath est situé au sud de l'Oregon et au nord de la Californie. Les fleurs multicolores sauvages parsèment les routes. Les services sont quasi inexistants. Mon réservoir est rempli. Je campe à coté de Klamath River d'Happy Camp. En tout cas le mien est very happy. J'ai un beau site dans la vallée profonde de Klamath River avec le soleil couchant. Ce soir c'est anormalement frais la température. Je me suis rasé. Je viens de faire mon entrée sur le Pacifique en Californie du Nord à Arcata. Ça me rappelle avant mes 18 ans. La première fois que j'ai vu l'océan, c'était le Pacifique à Lincoln City en Oregon. J'avais planté ma tente sur la plage ne ne me figurant pas que la marée soit si haute. J'ai tout ramassé à temps et mis le tout dans les sécheuses du village. C'est la seule chose que je me rapelle de l'Oregon et des cerises que j'aime tant et que je ne me lasse de manger.


17 juin | Mount Shasta City, Klamath National Forest, Northern California 

Ce matin deux tentatives infructueuses pour entrer dans Crater Lake National Park dans le sud de l'Oregon. Au secteur nord la neige bloque la route et au secteur sud, des bouchons de touristes engorgent le parc. Des forêts immenses recouvrent ces régions centrales. La Chaîne Côtière du Pacifique fait 310 kilomètres en parcourant les états de Washington et de l'Oregon. Cascade Range remonte en Colombie-Britannique. Voici une liste des hauts sommets de Cascade Range; Baker, Rainier, Hood, St Helens, Adams, Shasta, Three Sisters et Lassen, le volcan le plus au sud des Cascades. Ensuite je file sur Klamath Falls et la Californie du Nord pour rejoindre Mount Shasta City en fin d'après-midi. 4,322 mètres est l'altitude de ce volcan au cône parfait. Il est gigantesque. C'est le plus beau volcan que j'admire en Amérique du Nord. Un vortex dégage une énergie considérable de la terre. Le mouvement New Age a ses racines au Mount Shasta. Des cristaux s'offrent dans des boutiques ésotériques afin d'augmenter son énergie. Le volcan dégage un sentiment de grandeur et de force. Sa vue est imposante. J'y plante mes piquets pour m'imprégner au vortex du Mount Shasta en Californie. Depuis plusieurs jours je parcours des lieux que j'ai toujours rêvé de voir.


16 juin | Newberry National Volcanic Monument, Deschutes National Forest, Southern Oregon 

De mon campement à Oregon Badlands Wilderness, je fais une randonnée pédestre au réveil. En prenant une mauvaise fourche ma surprise fut grande en apercevant un randonneur qui m'a aidé, Doug. La boucle que je voulais faire était trop risquée compte tenu de la chaleur, de l'aspect technique du parcours et de la quantité d'eau à apporter. Autour de Newberry National Volcanic Monument il y a 400 cônes de volcans. Nul part ailleurs un aussi grand nombre est relevé. Bend est aux portes du désert et au pied de la Chaîne des Cascades. 200,000 personnes habitent Bend, la plus grande ville du centre de l'état vers l'est. Il y a plus d'humidité. Lava River Cave est une immense coulée de lave autour d'un cône parfait. La forêt épaisse a laissée place au désert. Ça devient commun moi qui est habitué aux arbres. Ce sont les déserts que j'éprouvent le plus de satisfaction à découvrir. Je m'installe en forêt au milieu de nul part. J'ai levé mon toit, les oiseaux chantent.

15 juin | Oregon Badlands Wilderness, Bend, Central Oregon 

Toute la journée je roule dans le Sud-Est de l'Oregon. Je suis seul, pas d'autos, ni de maisons, ni aucun service. C'est la rupture totale avec la Californie en relation avec le silence et la tranquilité. Les distances sont très grandes d'une station d'essence à une autre, je dois planifier. C'est surprenant de traverser de multiples biodiversités passant des déserts, aux forêts et aux prairies vastes et verdoyantes. 4,392 mètres est l'altitude du mont Rainier dans l'état de Washington. C'est le plus haut sommet de la Chaîne des Cascades. Le mont Sainte Helens le suis de près. C'est la principale grande chaîne côtière de montagnes avant le Pacifique. Elle s'étend sur 1,100 kilomètres de l'Alaska jusqu'au nord de la Californie. Les monts Lassen et Shasta au nord de la Californie sont les deux derniers volcans au sud de la Chaîne des Cascades. Il y a beaucoup de parcs nationaux reliés aux activités volcaniques. Lassen Volcanic National Park, Diamond Craters, Shasta, Crater Lake National Park et les environs de Bend. Je traverse une forêt splendide à Ochoco National Forest. Ensuite vers une région semi-désertique près de Bend à Oregon Badlands Wilderness. Les deux états américains les plus isolés lorsqu'on regarde la carte des États-Unis est le Nevada et l'Oregon. L'ouest américain est constitué de vallées. J'en ai traversé plusieurs toutes magnifiques les unes aux autres.


14 juin | Radar Hills, Hines, Malheur National Wildlife Refuge, Southeastern Oregon 

La route au Nevada sur Sheldon National Wildlife Refuge et Virgin Valley Hot Springs est remarquable. Le bassin d'eau chaude translucide est magnifique, le site l'est aussi. C'est l'un des endroits super cool du road trip. J'ai traversé en une journée un beau désert aride et inhabité entre le Nevada et l'Oregon. Aucun service sur 125 kilomètres. Le Grand Bassin (Great Basin) inclut le Nevada, la moitié de l'Utah et des sections de l'Idaho, de l'Oregon, du Wyoming et de la Californie. Après plusieurs journées de pluie, le ciel devient d'un bleu pur. Le vent est puissant dans les vallées. Je m'installe à Radar Hills (rest area) de Hines à Malheur 
National Wildlife Refuge. Je suis au Sud-Est de l'Oregon. 


13 juin | Virgin Valley Hot Springs, Sheldon National Wildlife Refuge, Northwestern Nevada

Traversée de la Californie en Oregon ou au Nevada change le rythme et les paysages. Je préfère de loin le Nevada et l'Oregon que la Californie pour de multiples raisons. À Denio Jonction je mets de l'essence et me rend compte que j'avais dépassé les hot springs de Sheldon National Wildlife Refuge au Northwestern Nevada. Je refais demi-tour et prends un chemin de terre sur la droite vers le réservoir. Le ciel sombre et menaçant m'empêche de faire les vingt kilomètres. Je tente la seconde option sur Virgin Valley Hot Springs. Le camping est sympathique et gratuit avec son petit lac artificiel d'eau chaude. L'endroit est quasi désert. Il y a deux douches qui coulent de l'eau de source chaude sans cesse. Je suis vraiment au bon endroit, c'est absolument magnifique. Great Basin est un nom à retenir avec Toyaibe National Forest. Ce sont ces expériences en nature que je tiens à récidiver.


12 juin |Adel, Southeastern Oregon 

Large pullout along the highway. C'est la description du spot d'IOverlander. J'y étais installé en voyant la notification. Ce soir je suis de retour dans le désert, cette fois dans le sud-est de l'Oregon. Cette partie de l'état est peu habitée. Ce matin d'Alturas en Californie, j'ai parcouru Scenic Byway vers le Nevada. Ce ne fut pas facile cette incursion sur ce long et hasardeux chemin de terre. À Cedarville le silence règne. Surprise Valley est gigantesque et très isolé. Je mange une omelette western au typique restaurant familial du village. Une assiette géante se présente accompagnée de gros pains beurrés et des hashbrowns. Après ce festin j'étais prêt pour une virée western. Le risque n'en fallait pas la peine. Lave-auto obligatoire au retour. En cas de pluie cette route est impraticable. Je fais mon entrée plus tard en Oregon à Lakeview. Je m'installe à Adel à quelques kilomètres du Nevada. Je n'ai pas aimé mon expérience vanlife en Californie. C'est trop rapide, il y a trop de gens, trop d'autos, la vie est trop chère et il y a trop de restrictions. La Californie n'est pas facilitante pour le free camp et les BLM. Pour avoir traversé plusieurs biodiversités je confirme mon goût prononcé pour les régions semi-désertiques. Ce soir je suis de retour avec les sauges sauvages. Leurs odeurs après la pluie sont enivrantes. Depuis le départ, le Nevada et son désert qui franchi plusieurs états du nord-ouest américain sont les lieux qui m'attirent le plus. Ce soir j'ai pensé à mon emplacement avec la pluie pour ne pas m'embourber. Les cieux sont euphorisants. Ils contrastent entre le coucher de soleil et les forts orages. J'aime le désert couvert de sauges, ses espaces infinis, son silence et sa profonde visibilité. Rien n'est comparable que le désert pour un retour vers soi. Cette route de l'Oregon est magnifique, les paysages saisissants. Dommage pour le California Dream, je n'y suis pas du tout, je ne l'ai vraiment jamais été. J'aurai eu du plaisir malgré tout en arpentant la Sierra Nevada en Californie du sud au nord. J'ai traversé Kings Canyon, Yosemite, Sequoia, Lassen Volcanic National Park, Death Valley. Je reviendrai dans quelques jours en Californie pour faire un pèlerinage au mont Shasta. Je veux trouver le bon moment d'y aller concordant avec une température clémente. Le mont Shasta est dans les hauteurs considérables. C'est un vieux rêve d'aller à Shasta. Je suis en train de figurer un tracé général. Je débuterai l'Oregon par le Sud-Est là où sont les déserts de l'état.


11 juin| Alturas, Northeastern California 

Je dois choisir sans cesse des routes. Je passe mes journées à des carrefours. Les orages dispersés m'ont fait dérivé vers l'est de la Californie. Partout dans l'état, les réservoirs, les digues et les barrages forment le paysage. L'eau est précieuse. Des centaines de kilomètres sans aucun service. La route en Californie qui longe le Nevada vers le Nord est calme et ennuyante. Je trouve peu de bons endroits pour marcher et explorer. Ce soir je dors derrière un temple mormon d'Alturas. J'ai fais quelques détours pour aller voir des spots d'IOverlander. Faut que je me fie qu'à moi-même. Ils n'étaient pas bons. Le village est perdu au bout du monde plus près du désert que de la forêt.


10 juin| Burney, Northern California 

L'exode des californiens est une réalité. En deux ans, un demi-million d'habitants ont quitté vers le Texas, l'Arizona ou l'Oregon. En 1850 la ruée vers l'or amena plus de 300,000 aventuriers à la recherche d'or et l'argent. Depuis la Californie n'a cessé de faire rêvé et d'attirer des gens. La Californie est l'état-pays avec ses 40 millions d'habitants qui possède le quatrième rang en terme de croissance économique mondiale. Je tente de grimper par le sud la route de Lassen Volcanic National Park. Le volcan enneigé a 3,177 mètres. La route est fermée. Les plus grands feux de forêts de l'histoire de la Californie se sont déroulés dans les régions de Lassen Volcanic National Park. On demande 30$ pour l'accès d'un stationnement à un dépanneur. Huit pieds de neige aux sommets. J'avais ma carte annuelle. Je tente l'accès par le nord. Dix kilomètres peuvent être franchies en van. En quelques minutes une rapide et rigoureuse tempête fit son apparition. Des grêlons gros comme des vingt-cinq sous fracassent le pare-brise. Il pleut, il neige. Je me stationne sur le côté de la route. Je réfléchis. Je prends la décision de poursuivre malgré les bancs de neige qui commencent à geler et la pluie qui forme des rivières sur la chaussée. Plus bas, le sol est sec. Le ciel noir et sombre est derrière moi. J'ai pris la bonne décision. En haute montagne les variations de température peuvent être troublantes. Le printemps s'installe que depuis quelques jours, l'été qu'au mois d'août. Je m'installe à Burney derrière le parc et le poulailler municipal. Une chose que je savoure enfin est qu'il n'y n'y a plus d'automobiles ou presque depuis Lassen Volcanic National Park. Les turbulences de la Californie se termine ici au nord de l'état. Je redécouvre à nouveau le calme et la solitude. Pas très loin, la vallée de Sacramento se termine au nord à Redding, au sud à Bakersfield près du désert de Mojave.


9 juin| Chester, Almanor Lake, Sierra Nevada, California 

Ce matin je file dans la Sierra Nevada. Le paysage est fortement boisé, les villages dans l'ensemble sans intérêts. De gros feux de forêts ont fait des dommages. Plusieurs routes et accès récréotouristiques sont fermés. J'ai de la misère à trouver des spots intéressants pour marcher ou dormir. En juin c'est trop tôt dans le nord de la Californie, il y a trop de neige en hauteurs.  Le Pacific Crest Trail fait 4,249 kilomètres du Canada au Mexique le long de la côte. Le John Muir Trail dans la Sierra Nevada fait 340 kilomètres du Mount Whitney à Yosemite Valley. Toujours du trafic malgré que je tente de prendre des routes secondaires sans succès. Je suis à Chester sur Almanor Lake dans la Sierra Nevada. 


8 juin | Donner Lake, Truckee, Sierra Nevada, California 

Je prends la direction de Tahoe Lake au Nevada et en Californie. Beaucoup de terrains privés, de parcs et de plages payants. Il pleut, c'est frais. Trop de circulation automobile encore une fois. Lake Tahoe c'est commercial et embourbé. Il y a beaucoup de spéculations immobilières dans la région. Je me croirais sur le boulevard Décarie à Montréal ou dans les Laurentides un weekend d'été. Je m'installe au parc urbain de Truckee au pied de la Sierra Nevada. La neige aux sommets est abondante autour de Tahoe Lake. Tahoe Lake est un lac d'eau très profonde de 500 mètres. C'est le plus grand lac alpin des États-Unis et le deuxième plus profond après Crater Lake en Oregon à plus de 600 mètres. En volume d'eau seuls les Grands Lacs les dépassent. À compter de demain je sors littéralement des sentiers battus. 


7 juin | Reno, Sierra Nevada, Western Nevada 

Ce matin je visite Genoa, le plus vieux village du Nevada fondé en 1851. C'est très beau. Ensuite je file vers Carson City, la capitale du Nevada avec ses 58,000 habitants. Rien de particulier de ce côté. La capitale de la Californie est Sacramento, elle abrite 525,000 personnes, je n'y vais pas. Ensuite je m'arrête à Virginia City qui a abrité la 2ème plus grande mine d'argent du nom de Bonanza. L'endroit est joli avec beaucoup de bâtiments historiques western. Cette cité était riche par la quantité de minéraux se retrouvant dans la vallée. Plusieurs saloons, boutiques et restaurants composent harmonieusement cette ville historique et attrayante. La circulation automobile est beaucoup plus agréable du côté du Nevada. Trois millions d'habitants vivent au Nevada, 40 millions en Californie, voilà la différence. La rupture entre la forêt et le désert apparaît brusquement. Les nuages gris de la Sierra Nevada ne se rendent pas au désert. Plus loin c'est Reno, la deuxième plus grande ville du Nevada après Las Vegas. 265,000 personnes composent cette ville très étendue et qui ne me plais pas. Je m'installe pour la nuit dans un beau petit parc en direction de Lake Tahoe. Je serai au lac demain matin. J'ai toujours rêvé d'aboutir ici un jour. Je soulage ma curiosité en vivant plusieurs jours dans cette région de la Sierra Nevada à cheval sur la Californie et le Nevada. La montagne, la forêt et le désert à proximité font de cette région l'une des plus belle au monde.


6 juin | Genoa, Western Nevada 

À partir de Yosemite Valley vers le nord, la forêt prend largement place. Les routes sont étroites et sinueuses. Ça me rappelle le sud de l'Italie. J'ai toujours une dizaine d'autos derrière moi qui me pousse au cul. Les paysages se multiplient rapidement en une seule journée. J'ai fais mon changement d'huile, la van est en ordre. Il n'y a pas pas beaucoup de petits chemins tranquilles mais des routes très rapides et anchalandées. Je n'ai même pas la chance de regarder le paysage. Partout des clôtures, des terrains privés, des routes barricadées. C'est pas facile de trouver de bons spots en Californie. Beaucoup de sites sont payants. Ce soir je dors dans le plus vieux village du Nevada, Genoa, fondé en 1851. La Mormon et California Trails passe dans le village. Je suis au pied et à l'ouest de la Sierra Nevada près de Carson City, la capitale du Nevada et de Tahoe Lake qui chevauche le Nevada et la Californie. Je suis le seul en campeur dans ce parc urbain. La nature est vraiment très belle de ce côté. C'est verdoyant et escarpé. La température a changée littéralement depuis hier. C'est complètement gris et frais, beaucoup de neige en montagnes. 40 millions d'habitants en Californie amène la vitesse, le stress, la compétition, la pollution, l'inflation, la spéculation du territoire et du secteur immobilier. 


5 juin | Jamestown, California 

Je file tôt à Yosemite National Park dans la Sierra Nevada. À Mariposa Grove je marche dix kilomètres pour admirer Giant Forest, les pays grands séquoias du parc. Il y a beaucoup de monde pour un lundi. Le site des arbres géants est moins joli qu'à Kings Canyon et Sequoia National Parks. Beaucoup de feux dévastateurs ont fait des dommages dans ce secteur y compris les inondations par les pluies et la fonte brutale de la neige. Grizzly Giant Tree est le plus grand. Ensuite je me dirige à Yosemite Valley. Les touristes sont très nombreux. La vallée est vraiment très belle avec ses montagnes mémorables d'El Captain et Half-Dome. Bridalveil Falls est la plus grande chute du parc avec Yosemite Falls. Je reste pas longtemps dans la vallée. Le tourisme de masse minimise largement l'expérience du plein air. Les voitures roulent trop vite et sont trop nombreuses. Je quitte rapidement vers Jamestown au pied de la Sierra Nevada. Railtown Historic Park au coeur de ce joli village m'ouvre ses portes. Ça y est je crois avoir semer la foule. Je suis enfin sorti de ces attrapes-touristes que sont Sequoia, Kings Canyon et Yosemite National Parks. J'avais déjà visité ces trois parcs avant mes 18 ans mais je ne me souvenais plus de rien. La seule et unique raison qui m'a amené dans ces trois parcs nationaux est simplement pour admirer les arbres géants. Mission accomplie.


4 juin | Oakhurst, Sierra Nevada, California 

J'entre après le petit déjeuner au Chuckhansi Gold Resort and Casino de Coarsegold. Je suis au pied d'Eastern Sierra Nevada. Le village est pas terrible tout comme Oakhurst tout près. Je dois y passer la nuit afin d'avoir du réseau pour des appels importants demain avant d'entreprendre Yosemite National Park. Le complexe est très grand, 750,000 pieds carrés. On y entre comme dans les aéroports, la sécurité est omniprésente. Le complexe de divertissements avec restaurants, hôtels, bistros, piscines et casino est géré par les indiens et ce, à travers la Californie. Seules les communautés indiennes possèdent les casinos. Je m'achète une pâtisserie, je cause avec un client. Il vient de perdre 400$, son sandwich lui a coûté cher. Il fait très chaud depuis environ quatre jours. Les routes sont embourbées de voitures qui roulent dans toutes les directions. Ça me fait penser à la chanson Mad World de Gary Jules Les autos roulent très rapidement, les gens sont impatients, ça joue du coude en Californie. On est très loin de l'ambiance de la Nouvelle-Angleterre, du Midwest ou des Praries. Les salutations sont moins présentes, la compétition plus féroce, l'individualisme trône. Arnold Schwarzenegger ancien 
gouverneur de la Californie s'avoue lui-même ultra-individualiste. La Californie est plus violente et plus intense, à certain égard, en rapport avec tous les autres états traversés. Il y a énormément d'itinérants dans tous les petits et grands centres urbains. Je suis plus méfiant en Californie que dans tous les autres états traversés. Il y a beaucoup d'espaces clôturés et privés. Les avis sont omniprésents, c'est le lot d'être 40 millions d'habitants dans cette Californie fulgurante. Oui elle est tout sauf tranquille. Le caractère hispanophone émane massivement dans l'état créant une culture unique à part entière. L'agriculture est très développée. Parfois je me demande s'ils suffiront en eau lorsque je vois toutes ces fermes immenses de fruits et légumes. Sans vouloir trop m'avancer, je dirais que le travail au noir en Californie est très répandu. Je mange des pêches sous les arbres, le ventilateur tourne, le tonnerre gronde.


3 juin | Coasrsegold, California 

Au lever je me dirige vers Giant Forest dans Sequoia National Park. Je suis au cœur de la Sierra Nevada. Le General Sherman Tree est le plus gros arbre au monde. À Congress Trail, la randonnée me faire perdre l'équilibre au pays des géants. Les séquoias sont regroupés par grove en anglais qui signifie plantation. Des noms sont donné aux plantations. Les séquoias poussent à une altitude entre 1,800 et 2,100 mètres dans Eastern Sierra Nevada. Ce sont les plus gros êtres vivants sur terre. À Giant Forest 2,194 arbres géants, les plus grands au monde se situent dans trois milles carré. L'intérieur des séquoias est creux, unique dans la nature. John Muir, philosophe, naturaliste, écrivain a fait la promotion et la protection de la forêt en particulier Giant Forest et Sequoia National Park. Il a donné son nom à un sentier héroïque qui traverse les cimes de la Sierra Nevada du nord au sud. Je discute avec des touristes dans les sentiers. Hier je fus chanceux en entrant dans le parc, c'était la journée d'ouverture. Des gens de partout viennent ici dans le monde, même quelques québécois. C'est pasla grosse foule, tant mieux. Je me sens dans un musée en marchant à travers les géants. Je perd mon orientation facilement dans cette forêt magique. Il y a beaucoup de neige dans les montagnes et plusieurs secteurs sont fermés. Je redescend dans la fournaise de la vallée. Je traverse Fresno. Je passe rapidement, c'est sans intérêt. Les californiens ont des valeurs libérales sans trop de valeurs religieuses, athée pour plusieurs. Ce sont de féroces démocrates. La Californie et le Texas sont les deux plus grands états américains. La compétition est féroce en Californie. La vie est rapide, moderne, individualiste. La délinquance est très élevé, la drogue et le stress en rapport avec le coût de la vie. Il se fait tard, c'est plus long ce soir pour me trouver un spot pour la nuit. Je cède pour Coasrsegold au pied de la Sierra Nevada. Un gigantesque Resort and Casino trône les lieux, le Chuckhansi Gold Resort and Casino. L'endroit est très fréquenté et beaucoup de circulation automobile. Un gardien vient de m'aviser qu'il y a un stationnement pour les VR derrière le casino. Je m'y installe, lave la van, fait mon lavage, écrit dans le blogue.

2 juin | Kings Canyon National Park, Sequoia National Forest, Sierra Nevada, California

Hier fut une journée longue et pénible sur l'ensemble avec beaucoup de smog et de trafic. Par chance j'ai atterri au bon endroit pour dormir à Woodlake. Cette jolie ville de 8,000 habitants est quasi hispanophone. J'avais besoin de repos et ce fut l'endroit idéal. La ville est située au coeur des vergers et des vignobles. Je cueille quelques oranges fraîches en après-midi et je grimpe sur la route 245 vers Kings Canyon National Park. Le parc est juxtaposé avec Sequoia National Park qui sont tous les deux entourés de Sequoia National Forest. Cette route est vraiment superbe. Ici je retrouve l'Amérique profonde. Peu de voitures, le silence total. Plus j'avance et plus le ciel devient bleu en laissant derrière moi le méchant smog. La végétation est vraiment très sèche. Un rien pourrait allumer un brasier. Le contraste entre l'herbe jauni et les arbres est saisissant. La lumière est vive. Des champs de panneaux solaires parsèment les champs de la vallée. Le paysage change rapidement en prenant de l'altitude. En voyant mes premiers séquoias, je prends l'ampleur de la beauté californienne. Depuis toujours je rêvais de la Sierra Nevada remontant en zigzagant vers le nord. Je prends mon temps maintenant. C'est l'une des plus belle et surprenante chaîne de montagnes aux États-Unis. J'en déjà fait pas mal et pas seulement au pays pour l'affirmer avec certitude. La biodiversité est très contrastantes sur de courtes distances. De la vallée de la mort, des hauts sommets de la Sierra Nevada aux déserts brûlants et, ce, à quelques minutes à peine de forêts semblables est ahurissant. Pour cette raison, sinon bien davantage, l'ouest américain est, sans contredit, une expérience inouïe et unique pour qui sais reconnaître les beautés du monde. Je ne vois pas d'autres façons de s'aventurer sur le continent sans un petit campeur, des bottes de randonnée et un vélo. Je me sens parfaitement intégré entre mon strict nécessaire, mon campeur et le rythme de la route et de l'aventure. L'improvisation, l'aventure, la nouveauté et l'absence de repères sans cesse fortifie mon corps et mon esprit. Toutefois j'ai de la rigueur je suis discipliné. Je me développe en repoussant mes limites. Pour cela j'éprouve le besoin de sortir des sentiers battus. Le parcours, depuis bientôt deux mois, est excellent. J'ai réussi d'aller au bon endroit et au bon moment en tenant compte minutieusement de la température. Mon intuition est forte, mes sens sont constamment en éveil. Je vis à un rythme très spécial, l'aventure à son maximum. Je ne connais jamais vraiment l'ennui avec le meilleur de la vie qu'elle m'offre. Le seul ennui est l'absence d'une femme qui corresponde à mes goûts et intérêts à mes côtés à l'occasion sinon davantage. La fraîcheur remplace rapidement la chaleur torride des basses terres. L'entrée au parc est 35$. Après quelques minutes de réflexion, j'achète la passe annuelle à 80$. Avec la carte j'ai accès à tous les parcs nationaux américains pour un an. L'idée derrière est qu'un National Park est toujours entouré d'un National Forest. Les campings dans les parcs nationaux sont payants mais dans les forêts nationales c'est gratuit et on peux dormir partout à notre guise sans restrictions. Ce soir je n'ai qu'à franchir la ligne entre les deux pour dormir gratuitement. Mon excitation est grande maintenant d'admirer les séquoias géants, les plus gros arbres au monde. Le General Grant est le 3ème plus grand arbre sur terre par sa circonférence à sa base, c'est-à-dire 40 pieds. 118 mètres sont les plus hauts. Ce sont les redwoods qui sont les plus hauts mais pas plus larges que les séquoias. Les redwoods se retrouvent près du Pacifique au nord de l'état. Le General Grant est accompagné de deux douzaines de ses grands frères. Le site est majestueux, l'un des plus beau spectacle qu'il m'a été donné de voir et de ressentir. Les séquoias s'abreuvent dans de petites sources d'eau fraîche qui coulent dans les vallons. Les sites où grandissent les séquoias requièrent des conditions uniques et particulières Les plus gros arbres ne sont pas nécessairement les plus âgés. C'est son milieu dans lequel il vit qui caractérise sa grosseur. Certains ont près de 3,000 années d'existence. Ses cônes immenses éclosent seulement qu'aux feux de forêts, pas très souvent alors. Les arbres possèdent un tanin pour les protéger des incendies, des feux de forêts et des insectes. Par exemple le General Grant est le plus large mais a 1,500 années de moins que les plus gros. 

Le General Shermann a donné son nom au plus gros arbre du monde. À son époque il a construit un village entier avec un seul arbre. Des maisons ont été construites à l'intérieur des séquoias. Je vais bien dormir ce soir, l'air y est frais et pur. Un sentiment particulier m'habite dans ce lieu. Une magie s'exerce, on ressens quelque chose d'unique. Un rare endroit est constitué du fait que l'arbre est l'espèce vivante la plus grosse et la plus vieille au monde. Les vibrations ambiantes de cette forêt unique doublées d'une température exceptionnelle représentent pour moi l'une des plus belle expérience dans la nature. Viva California, je suis comblé.

1er juin| Woodlake, California

En quittant j'ai dit adieu Death Valley comme avait affirmer dans son journal une pionnière de la ruée vers l'or. 300,000 gens sont venus pour la ruée vers l'or en 1848 en Californie. Le boum a duré neuf années. Death Valley porte bien son nom. C'est sombre et lugubre dans la vallée. Je remonte vers le pied d'Eastern Sierra Nevada. Le contraste est brutal entre la vallée de la mort et le mont Whitney enneigé qui s'élève à 4,417 mètres. C'est le plus haut sommet de la Californie. À peine une demi-heure relie la vallée de la mort à cette montagne gigantesque. Mon entrée en Californie ne fut pas spectaculaire. Mes dépenses de la journée enregistrent un record aujourd'hui. Essence et nourriture dépasse largement les autres états traversés. Plusieurs routes sont fermées à cause des inondations causées par la fonte des neiges qui emporte les routes. Les panneaux sont mal indiqués, j'ai dû faire un détour de deux heures sur une route de montagne très accidentée. En traversant en Californie j'ai trouvé des similitudes avec le Québec. L'essence est chère, les routes sont mauvaises, les automobilistes pressés et les taxes élevés. Les infrastructures en Californie doivent coûter une fortune surtout avec les différents problèmes reliés au climat la sécheresse, les inondations, la fonte des neiges, les tremblements de terre, la pollution de l'air, la criminalité à la hausse, la surpopulation des centres urbains et les feux de forêts majeurs. La Sierra Nevada ne se traverse pas partout d'est en ouest. Les montagnes sont abruptes et les routes de montagnes sinueuses. Un détour considérable, non prévu, vers le désert de Mojave m'a obligé de prendre cette direction pour me rendre aux forêts des arbres géants. Je me suis retrouvé à mi-chemin entre Las Vegas et Los Angeles. 200 kilomètres me séparait entre les deux. Vers Bakersfield la pollution est extrême et le trafic intense. Jamais je n'ai vu un smog aussi dense et sur une très longue distance. Bakersfield, je me souviens de cette ville pour y avoir attendu quatre jours qu'une voiture me prenne en autostop. Ayant traversé les États-Unis deux fois sur le pouce, ce fut mon record d'attente. Pour vivre à Los Angeles, il faut être cinglé. Les camions roulent à vive allure, partout des pneus éclatés le long des autoroutes nauséabondes. Les autoroutes ont huit voies de large. Le coût moyen d'une maison est près d'un million de dollars. Beaucoup d'espagnols s'y retrouvent, ils font les boulots que les anglophones ne font pas. Ils sont en première ligne pour le travail agricole. 

Partout sur la route qui mène à Sequoia National Park des arbres fruitiers, des noix, amandes et autres. Pourtant les gens quittent la Californie pour les raisons énumérés plus haut et les distances à franchir en auto. La Californie est le pays de l'automobile. J'y entrevois des similarités entre cet état gigantesque et les pays méditerranéens pour ses paysages. La Californie est l'état le plus peuplé avec 40 millions à d'habitants. Los Angeles en possède près de 20 millions. Je suis étonné de ces chiffres. Je remonterai vers le nord de l'état rapidement. La Californie représentait jusqu'à récemment le rêve américain. La mode est passé, on le sens en parlant avec les gens, ils n'y croient plus. C'est ma plus grosse journée sur la route aujourd'hui depuis le départ. Isabella Lake fut le point le plus au sud de ma trajectoire. J'ai rallongé mon parcours en chemin car j'ai tout mon temps et ma curiosité est grande et mon plaisir de rouler aussi. En arrivant à Sequoia National Park, le panneau indique 35$ pour l'accès. Il n'y a personne à l'accueil. J'entre et me stationne dans une route de service. Deux personnes me voient installé. Quelques minutes plus tard le ranger m'expulse du parc. Les joggeurs ont communiqué avec l'agente qui était très sérieuse. J'apprends par la suite que la route du parc n'accède pas aux arbres géants. Revirement de situation. Des inondations majeures ont emportées la route. Je fais demi-tour pour m'installer à Woodlake au pied de la Sierra Nevada. Demain sera un autre jour.

31 mai | Paramint Springs, Death Valley National Park, California 

Je fais mon entrée tôt à Death Valley National Park en Californie. Il y a des bornes payantes pour l'accès, je passe tout droit. La chaleur grimpe considérablement pour atteindre 42 degrés en après-midi, le record étant 57 degrés. Il tombe cinq centimètres de pluie par année. Curieusement des averses dispersées et des orages planaient autour de la vallée sans oser s'y approcher. La Sierra Nevada à l'ouest fait écran en retenant l'humidité. La chaleur tourbillonne sans cesse dans la vallée en éloignant les nuages et le froid. La Vallée de la Mort est un réel désert, l'un des plus chauds et arides de la planète. J'avais fait le désert du Sahara et le Djebel Sahro à quelques reprises au Maroc, je vis des moments similaires, les dromadaires en moins. Death Valley est incroyablement grand. Je m'arrête à Furnace Creek, un hôtel haut de gamme situé au coeur de la seule oasis de la vallée. Des palmiers font de l'ombre. Je prends un chocolat chaud noir. Les tarifs sont exorbitants, le double pour quoi que ce soit dans ce petit complexe achalandé. Plus loin je m'arrête marcher huit kilomètres à Badwater, le point le plus bas des États-Unis à 85.5 mètres sous le niveau de la mer. Le sol est salé et mélangé avec de la boue qui a séché. On croirait du béton. C'est le tourisme de masse dans ce parc. Je suis allergique aux touristes en général, toutefois Death Valley fait parti des incontournables, je ferai un compromis. C'est le premier parc aux États-Unis conçu pour protéger un désert. Ce n'est pas l'érosion d'un fleuve qui a tracée la vallée mais des tremblements de terre qui ont provoqués une fissure. Les couleurs des roches sont tout à fait éblouissantes surtout Artist Pallette Drive. Ensuite je marche huit kilomètres à Mesquite Flat Sand Dunes. Des immenses dunes de sable où la chaleur atteind son paroxysme. Au retour je bois un litre d'eau d'un trait. Je termine cette journée exceptionnelle à Paramint Springs de Death Valley. Je m'installe sur une corniche plongeant la vallée de la mort à plus de 1,200 mètres. Le vent est fort et chaud. Une brume est présente dans la vallée causée par la chaleur extrême. Le toit est levé et les moustiquaires en place, j'ai encore une fois bien choisi mon spot. Je suis conscient de vivre une chose extraordinaire comme à peu près tous les jours depuis le départ.

30 mai | Ryolithe Ghost Town, Amargosa Desert, South Nevada 

Du monde étrange habite Tonopah, c'est le Far West véritable. Je pars à Goldfield, une petite ville qui était la plus grande ville minière vers 1908. Goldfield Hôtel était le plus somptueux du Nevada avec Mizpah Hôtel de Tonopah. Les comtés de Nye et Esmeralda ont eu les plus grandes exploitations minières vers 1900. Goldfield est très attrayante. Il fait plus chaud dans ces basses altitudes. Les Joshuas Trees font leur apparition. Ils ne poussent qu'à une certaine latitude et exige une température spécifique. Le désert du Nevada est immense et remonte le long de la Sierra Nevada et de la Chaîne Côtière vers le nord jusqu'à Okanagan Valley en Colombie-Britannique. Tous les anciens villages miniers avaient leurs bordels (brothels). Les salaires étaient bons si ont savais trouver les pépites d'or. Trouver de l'or, devenir riche représente l'americain dream. Les mineurs étaient nomades, des jeunes hommes erraient d'un camp à l'autre sans attaches autre que l'appât du gain. 

Depuis deux jours les cîmes enneigées des montagnes font place au véritable désert. Je visite ensuite le plus magnifique ghost town des États-Unis, Gold Point. Il y a quatre résidents permanents et quelques résidents occasionnels. J'ai rencontré quelques uns d'entre-eux. Ce sont de véritables prospecteurs d'or artisanaux. Avec leurs machines sophistiquées, ils m'ont appris sur les minéraux et l'extraction de l'or. Ce sont des gens passionnés. L'un provient de Floride avec sa femme. Il vit ici depuis quatre ans dans une vieille autobus psychédélique. Le second, du Tennessee, voyage avec ses filles dans un immense Winnebago six mois par année. J'ai vu dans le regard du vieil homme la passion de l'or lorsqu'il regarde les pierres. Il disait pouvoir faire 8,000$ par jour, sa femme dit qu'il parle beaucoup. Beaucoup de gens possèdent des roulottes et des motorisés. L'ambiance qui règne à Gold Point est unique, rarement je n'ai vu quelque chose d'aussi incroyable. L'or est très difficilement repérable. Il provient mélangé avec d'autres minéraux. Une méthode rigoureuse est exigée. La géologie devient fascinante en traversant ces endroits aux montagnes de multiples couleurs. Je me retrouve dans une région rude et isolée. Je suis littéralement dépaysé dans ce village fantôme où jadis vivaient 800 personnes. Des artéfacts et des vieilleries jonchent le sol partout, des trous de mines jalonnent le village avec de vieux véhicules abandonnés. Un type qui possède le saloon habite à Gold Point depuis 35 ans. Sa maison est un véritable musée de brocante. Il vend de la bière aux passants sur sa terrasse. Je m'y asseois. J'entends de la musique rock mais personne ne vient. Il paraît qu'il a fêté le weekend dernier. Ces villes champignons parfois ne vivaient pas longtemps. Plus loin, je visite Ryolithe Ghost Town à côté de Beatty à Amargosa Desert. Il est situé à cinq kilomètres de Death Valley National Park en Californie. Ryolithe était une ville prospère avec des bâtiments gigantesques pour l'époque. La plus ancienne gare ferroviaire du Nevada s'y retrouvait, le reste n'est que des ruines. Je campe à côté. C'est ma première véritable soirée chaude. Je fais un feu, je suis bien. À chaque pas des milliers de sauterelles bondissent. Death Valley est située sous le niveau de la mer. Les températures les plus chaudes des États-Unis s'y retrouvent. Heureusement c'est très acceptable pour cette période. J'ai vu mes premiers palmiers à Beaty. 

Le Nevada m'a appris beaucoup depuis mon départ, plus que tous les autres états traversés. C'est un monde à part avec une culture rude et des immensités incroyables. Je me sens comme une fourmi. De tous les endroits visités, c'est toujours par les chemins de travers que ce font les plus belles découvertes. C'est ma première soirée avec le toit levé et le moustiquaire. Un avant-goût de ce qui m'attends pour la suite dans les prochains mois si j'évite les hauteurs.

29 mai | Tonopah, Central Nevada 

J'ai parcouru 75 kilomètres d'Austin sur un chemin de terre pour me rendre à Berlin Ghost Town et Icthyosaur State Park de Toyaibe National Forest. Reese River Valley sur toute sa longueur traverse une réserve indienne. Berlin Ghost Town est très bien conservé car c'est l'état qui en est responsable. De multiples structures de métaux rouillés et aux tisons de bouteilles jonchent le sol des ghost town. Ce dernier est très authentique. L'histoire du Nevada est reliée au mines d'or et d'argent. Les mineurs ont introduit les jeux de hasards qui ce sont démocratisés. Auparavant sur un village de 500 habitants, il pouvait y avoir dix saloons. Travailler sous terre était exigeant et donnait la soif. Le jeu, les prostituées, le whisky et la bagarre qui souvent se terminaient mal étaient les activités principales. À côté de Berlin Ghost Town se trouve Icthyosaur State Park. C'est le plus grand site de fossiles de ces dinosaures. Le Nevada et les déserts environnants étaient des mers il y a des millions d'années. Ces sites sont très isolés. Ensuite je reprends la route pour visiter un autre village fantôme, Candelaria. C'était l'une des plus grande mine d'argent du Nevada. Ça me fascine beaucoup d'être dans ces lieux déserts en revivant l'histoire de ces villages fantômes. De Toyaibe National Forest la route descend beaucoup, les paysages se transforment de plus en plus à de véritables déserts. Les montagnes prennent toutes les couleurs inimaginables. C'est magnifique surtout que la chaleur commence à vouloir s'installer enfin. J'aurais voulu aller visiter Belmont Ghost Town, une ancienne mine d'or prospère, mais sur les 600 ghost town du Nevada, je ne pourrai pas toutes les faire. Trump avec son slogan America back again est surtout populaire dans les comtés ruraux, ceux qui ont jadis connus une époque prospère. Trump laisse planer envers eux que tous ces villages fantômes se réincarneront. Il y a de plus en plus de motorisés sur les routes. Ils sont énormes. Plusieurs fanatiques de quatre roues entreposent leurs bolides dans un garage à même la roulotte. Les moteurs ont la côte dans l'ouest, surtout avec les distances à franchir. Ce soir j'ai retourné dormir à Tonopah. C'était pas mon premier choix mais la difficulté de trouver des services essentiels sont très limités au Nevada à part Las Vegas, Reno et Carson City. Je modifie légèrement mon itinéraire et en profite pour aller dans un véritable épicerie, aller au lave-auto et faire le plein.

27-28 mai | Austin et Kingston Reservoir, Toyaibe National Forest, Central Nevada 

Au réveil à Ophir Mill Canyon Ghost Town, j'admire les fleurs de toutes les couleurs qui jaillissent spontanément du désert. Les lièvres courent partout. C'est un canadien-français du nom de Boulerond qui a créé la mine d'Ophir Canyon en 1863. Les canadiens-français étaient nombreux à l'époque dans les mines et la trappe. Ils savais tisser davantage de liens avec les indiens que les anglophones. Toyaibe Range est la plus belle chaîne de montagnes découverte jusqu'à présent. L'accessibilité à des hauteurs considérables, l'absence de touristes et d'ours rendent les lieux encore plus exaltantes. Les hauteurs de Toyaibe Range et d'Arc Dome Wilderness culminent à 3,568 mètres. Je suis arrivé tôt à Kingston Reservoir qui est le meilleur départ de randonnée pour Toyaibe Crest Trail. Le réservoir est situé à 2,266 mètres. Plusieurs anciennes ruines de maisons en pierre parsèment le site qui est fabuleux. Cet endroit est le plus intéressant du voyage pour vivre la haute montagne jusqu'à présent. C'est le long weekend de Memorial Day. Mes voisins dégagent des odeurs de cannabis qui se mélangent aux odeurs de sauges sauvages. Une grand-mère veut m'en offrir. Elle habite tout près dans Smoky Valley, elle en fait pousser. J'ai donné amplement dans ce dossier. Pour ce long congé, environ une quinzaine de campeurs sont éparpillés près du réservoir passionné de quatre roues. J'étais très déçu hier à Ophir Canyon de ne pas pouvoir me rendre aux sommets à cause de la pluie. Demain je pourrai me reprendre. De mon site, à côté du réservoir rempli de truites mouchetées, débute Toyaibe Crest Trail qui suit les crêtes de Toyaibe Range sur 58 kilomètres. Mon campeur est entre de vieilles ruines. Toyaibe Crest Trail est probablement le sentier le plus inspirant que j'ai découvert aux États-Unis à ce jour. La région est immensement sauvage. Des scènes du dernier Top Gun ont été tournées en avion ici. La plupart n'étant pas fanatique de randonnée, ce sera pas la foule demain en montagne. J'ai dégusté ce soir un délicieux steak de bison saignant pour avoir des forces demain matin. Dans tous les états traversés, tous m'ont mentionné n'avoir jamais eu un hiver aussi rigoureux et enneigé. Il y a 600 villages fantômes au Nevada. L'état se nomme Silver State pour le nombre de mines d'argent qui ont attirées des milliers de travailleurs à partir de 1800. Je suis content d'être avec quelques campeurs pour ce long weekend. Je discute, toujours les mêmes histoires mais c'est pas grave, ça me donne l'impression d'être relié aux autres quelque part. 

L'ouest américain n'a rien à envier à n'importe quelle contrée du monde. Je le sais car j'ai parcouru 27 pays, la plupart du temps en rapiéçant considérablement les territoires soit pour le trekking ou en exploration pour y amener des groupes de randonneurs. De toujours je fus et je suis un guide d'aventure. Sur une vingtaine de pays, j'y suis retournée deux fois chacun dans le cadre de mon travail. Les États-Unis n'ont pas le poids de l'histoire et les rumeurs du passé. Les traditions peuvent être bien dans certains cas mais nuisibles dans d'autres. Ce pays immense et contrasté me convient à merveille pour vivre ma retraite et mes rêves d'aventure pour les années à venir. Je ne suis pas pressé de mourir, j'ai tout mon temps. Je n'ai aucunement le goût de prendre l'avion pour les années à venir, préférant et de loin Béa, mon admirable campeur. Ce soir il pleut, je lis Par la force des arbres d'Édouard Cortés".

Ce matin, ciel nuageux. Je prends un copieux déjeuner aux crêpes à la farine de seigle aux bananes et bleuets. J'entreprends la longue montée de Toyaibe Crest Trail. Sur douze kilomètres aller-retour, je fais 800 mètres de dénivelé. Sur une durée totale de cinq heures je franchis les 3,000 mètres ou 10,000 pieds. Pas de pluie, ni de froid. Je m'enivre de bonheur là-haut, l'un des plus bel endroit que j'ai marcher à ce jour aux États-Unis. Pour atteindre le sommet Je dois passer dans la neige durcie et parfois quitter le sentier pour l'éviter. Je pourrais continuer à grimper encore mais le ciel devient gris et des orages éclatent dans la vallée. Je redescends en parti hors sentier. Je suis très chanceux de pouvoir vivre cette expérience, ce sera mon meilleur Memorial Day. Au retour je m'enfile un chocolat chaud noir brûlant et je pars pour le village de Kingston tout en bas. Je voulais prendre le chemin pour franchir la forêt national mais une avalanche a coupée la route, on appelle ça wash out. J'entre dans le saloon du village. Ça sent la testostérone. Je me sens vraiment ici dans le Far West mais les cowboys ont troqués leurs chevaux pour des quatre roues. La bière coule à flot. Je me sens pas à ma place et je quitte pour Austin. Ce village quasi fantôme est situé dans Toyaibe National Forest. La route pour s'y rendre passe à un col de 2,400 mètres. Il pleut abondamment. Un seul garage d'ouvert avec un dépanneur et un restaurant. Je fais le plein, mon réservoir est presque vide. On dirait que le village tombe en ruines. Cette partie du Nevada est très pauvre. C'est du Nevada que je me sens le plus dépaysé. Je m'y installe, très heureux de ma journée.

Je suis très satisfait du déroulement du voyage. Je suis très chanceux et débrouillard pour être au bon endroit et au bon moment. Reste à voir si St Christophe m'offrira le bonheur de rencontrer une gentille américaine qui aiment les randonnées et l'aventure.

26 mai | Ophir Mill Canyon Ghost Town, Twin Creek, Arc Dome Wilderness, Smoky Valley, Humboldt Toyaibe National Forest, Central Nevada 

Je suis très chanceux dans cette grande aventure, St Christophe m'accompagne. Mon flair pour dénicher les bons endroits est incomparable. Ayant bien dormi, je me lève tôt avec le soleil pour la randonnée en haute montagne cette fois-ci. Après un copieux déjeuner je prépare mon sac à dos et déguerpi avec fébrilité pour cinq heures de marche et d'exploration Deux choix sont proposés dans mon GPS, par le canyon ou la montagne. Je débute avec l'ascension par la route enlacée dans la montagne. Le départ est à 1,931 mètres. En chemin je découvre une dizaine de vieilles mines d'or et d'argent abandonnées. Le paysage est sublime. D'un côté Smokey Valley et de l'autre les crêtes enneigées d'Arc Dome Wilderness dans Humboldt Toyaibe National Forest. Je croyais avoir dormi près du domaine d'Ophir Mill Canyon Ghost Town cette nuit. Sur le dessus d'une montagne qui longe le spectaculaire canyon d'Ophir, ma grande surprise est de constater des immenses ruines au loin dans le canyon. Mon chemin m'y amène. Ophir Mill Canyon Ghost Town fut fondée en 1863. 400 mineurs y travaillaient. L'or, l'argent, le cuivre, le fer et l'arsenic s'y retrouvaient. Les ruines et les constructions en grosses pierres sont imposantes et magnifiquement bien conservées. Des vaches sauvages habitent les lieux, une végétation abondante y règne. J'aperçois trois vaches mortes, fort probable de faim l'hiver dernier. Je suis un vieux chemin non carrossable. Personne sur les lieux. Mon objectif est de me rendre aux crêtes enneigées à 3,231 mètres. À 2,623 mètres les nuages menaçants entraînent une forte précipitation de grêlons gros comme des dix sous. À cette altitude il fait froid, c'est la zone alpine. Je rebrousse chemin, inutile d'insister. 

Les hauts sommets de Humboldt Toyaibe National Forest sont de magnifiques défis à relever à compter de juin. Je suis un peu tôt dans la saison. Toyaibe Crest Trail serpente les crêtes d'Arc Dome Wilderness avec ses 58 kilomètres sur un dénivelé positif de 3,376 mètres. Arc Dome Peak culmine à plus de 3,590 mètres. La plus haute montagne du Nevada, Boundary Peak enfourche la Californie à plus de 3,982 mètres. Au retour je reviens par le canyon étroit. La cascade traverse la route à une dizaine de reprises. Un courant costaud m'oblige à porter attention. À un kilomètre du retour je perds mon GPS en sautant par dessus la rivière. Je retourne immédiatement et retrouve mon GPS à quelques pouces de la cascade. Sans mon GPS il m'est impossible de marcher dans la nature et même de trouver les pistes qui sont inombrables à l'ouest des Rocheuses. Cela s'avère les meilleures destinations pour moi. J'y découvre une nature sauvage, grandiose et contrastée. De plus, les sites pour camper avec Béa me permettent de réaliser mes rêves. En 1863 les ouvriers devaient travailler très dur pour entretenir ces lieux et extraire les minéraux. De retour au campeur je reviens mouillé mais heureux d'avoir fait cette découverte incroyable. Ce fut l'un de mes plus beaux moments de randonnée en Amérique du Nord. Ces paysages sont ceux qui m'enchantent le plus. De plus il n'y a pas d'ours au Nevada, ce qui est non négligeable. Au souper je dévore des fèves à l'érable et aux tomates suivi de tarte aux pommes.

25 mai | Ophir Mill Canyon Ghost Town, Twin Creek, Smokey Valley, Arc Dome Wilderness, Humboldt Toiyabe National Forest, Central Nevada 

Lincoln Highway est première route transcontinental des États-Unis terminée en 1912. La route 50 débute de Times Square à New York vers Lincoln Park à San Francisco. C'était la route principale de l'Amérique. La portion de cette route qui traverse le Nevada s'appelle Loneist Highway. Cette portion traverse les plus grands espaces semi-désertiques des États-Unis où peu ou pas de gens vivent. Même les vaches sont rares. C'est ce qui saisit le plus c'est la désolation et la pureté. La route 6 que j'ai choisi de prendre est fort probablement comparable avec moins de circulation et d'aussi beaux paysages. La mythique route 66 fut créé plus tard en 1926 et reliait Chicago à Santa Monica en Californie. Au Nevada il y a beaucoup de motels dans les petites villes traversées. Certains sont en piteux état. Les campings car font la concurrence avec les motels. J'en ai jamais vu autant que dans cet état. Des motels du nowhere sont jumelés avec les casinos, les restaurants et les bars. En entrant dans l'un d'eux, je discute avec un couple de vieux joueurs. Ils sont joyeusement ivres et ne gagnent pas un sous. Je leur dit amicalement de ne pas perdre leurs culottes au jeu. Il riait aux éclats. J'aime les américains. Je n'ai jamais eu de mauvaises expériences avec aucun d'entre-eux. Les États-Unis me font vivre, comme aucun pays ne l'a fait, une véritable aventure. Pour cela il faut savoir sortir des sentiers battus et des attrapes touristiques. À Tonopah, ville touristique et de mineurs principalement de 2,000 habitants. Le Mizpah Hôtel était à sa fondation le plus haut édifice du Nevada en 1907. Il paraît qu'il est hanté par plusieurs décès mystérieux. Il n'y a pas de taxes d'état au Nevada, les casinos remplacent largement les taxes. Il y a des rodéos régulièrement à Tonopah, des courses automobiles et des topless jeep festival. La plupart des habitants du Nevada se retrouvent dans les villes de Las Vegas, Reno et Carson City. En regardant la carte des États-Unis, c'est le Nevada qui possède les plus grands espaces vierges du pays. Je suis en plein centre de cette zone sauvage et fabuleuse qui me passionne. Je prends ça relaxe ce matin faisant les courses et le lavage. Ensuite je pars visité le village de Manhattan qui a jadis abrité une grande mine d'or. Je suis à Humboldt Toiyabe National Forest. Ce nom est partout dans l'état pour identifier ces lieux d'une grande inaccessibilité. Je navigue depuis quelques jours avec All Trails, la carte est plus précise que Google Map. Je m'arrête top en voyant une piste gravissant les montagnes. Un panneau indique Ophir Mill Canyon Ghost Town à Twin Creek, Washoe Valley, Arc Dome Wilderness, Humboldt Toyaibe National Forest. Un riche propriétaire de mines avait fait construire sur le site où je campe, un splendide domaine dans le désert à l'entrée d'un canyon spectaculaire. Je prends le chemin de terre et m'installe près d'une belle cascade. Je fais un beau grand feu. L'endroit est magique. Le plus beau free camp de toute ma vie. Décidément le Nevada n'a pas fini de me surprendre.

24 mai | Tonopah, Central Nevada 

Aujourd'hui je vis mes plus grandes aventures du voyage. La nuit dernière j'étais au coeur d'orages électriques qui ont durés toute la nuit. La van branlait beaucoup. J'étais au milieu de nul part dans le désert à Lunar Crater Backcountry Byway. J'ai été prudent à l'endroit où je me suis garé. Les flash flood peuvent avoir des conséquences désastreuses dans le désert. L'eau arrive rapidement et transforme en boue les chemins de terre en un éclair. En entrant au Nevada je voyais pas, au premier abord, découvrir d'aussi majestueux et désertiques paysages. La route 6 West d'Ely à Tonopah où je me trouve est fabuleuse. Aucune ou presque de circulation automobile et aucun services pendant 100 milles. À Lunar Crater je grimpe un volcan de 2042 mètres. Le dénivelé est de 305 mètres. Je fais du hors piste pendant les trois heures de randonnée. Je marche dans le plus bel endroit du voyage à ce jour. La pente est très raide pour parvenir au sommet. Le spectacle est saisissant. Des centaines de papillons blancs et de grosses sauterelles rouges me souhaitent la bienvenue. Au loin des médias et derrière des pics enneigés. Le contraste est saisissant. Je me croirais sur la lune. D'immenses ravins et de coulées de lave s'étendent sur des kilomètres. Je suis chanceux de vivre cette expérience de plein air unique. 

Ensuite je pars en van à la recherche de Tybo Creek Ghost Town. Le chemin de terre pour s'y rendre de la route pavée est à 15 kilomètres. Je franchi le plat bassin pour pénétrer dans une profonde vallée entourée de montagnes arides. Cette mine de plomb a eu une longue durée de vie, 1895 à 1965. 2,000 mineurs travaillaient dans ce trou. À l'ouverture de la mine les travailleurs s'y rendaient en wagon. Il y a plusieurs bâtiments en piètre état et deux maisons habitées. Je ne vois personne. Partout il y a des galeries dont les entrées ont été barricadées à la dynamite. Le site est lugubre. Le nom du village fantôme provient d'un canadien français. Je retourne sur la route qui se nomme Grand Army of the Republic jusqu'à Warm Springs. C'est à un croisement de route. La seule bicoque qui tienne debout est un saloon fermé depuis belle lurette. Adjacent au bâtiment placardé, une piscine d'eau chaude attire mon attention. Plusieurs affiches no trepassing et keep out avec des clôtures ne m'effraient pas. Un camion s'arrête, un couple du Mississippi, Joël et Michelle. J'offre l'invitation à se baigner. Une cabine délabrée fera l'affaire. L'eau est très chaude et l'eau circule amplement qui indique la salubrité. Mes amis s'en vont à un festival de musique qu'ils rêvent depuis trois ans près de Tahoe Lake en Californie. Michelle est la plus jolie américaine que je rencontre sur la route. J'arrive toujours trop tard. On prend quelques photos pour éventuellement échanger. Je m'installe pour la nuit à Tonopah, petite ville de mineurs important de la région. Le village est attrayant d'authenticité. Près de Tonopah passe Extraterrial Highway qui longe une des plus grosses base militaire aux États-Unis. Des essais importants s'y déroulent depuis fort longtemps. Las Vegas est à 200 milles. Ce curieux nom pour cette route est dû à certaines histoires de gens qui racontent avoir vu à multiples reprises des extraterrestres. Selon moi des excercices militaires devraient être la cause de ces manifestations étranges

Tonopah représente pour moi un lointain souvenir. Je venais d'avoir 18 ans. J'ai fait le tour des États-Unis à plusieurs reprises en autostop, ça se passait ainsi dans ma jeunesse. À Malibu près de San Francisco, j'entre dans une agence de voyage pour voir si je pouvais prendre un vol pour une destination intérressante. La gentille dame plutôt âgée me donne le tarif pour un vol aller simple vers Honolulu à Hawaii. Pour près de 100$, je décidai d'acheter ce vol. La dame me trouvait plutôt courageux et téméraire pour mon jeune âge. Après m'avoir vendu le billet, elle m'offrit de me déposer à l'aéroport de San Francisco le jour du départ. En attendant elle m'invita chez elle dans une somptueuse villa qui avait accès à la plage de Malibu. Son mari était aveugle, il habitait avec elle. Après un séjour de quatre mois dans l'archipel d'Hawaii je reviens en Californie. Je portais un poncho, mes cheveux descendaient à la moitié du dos, je fumais de la marijuana. Je m'étais procuré un chien. Mon objectif était de vivre l'aventure dans les déserts. Le problème c'est que c'était trop froid en cette période. Je me rappelle d'avoir fait de l'autostop près de Tonopah. Il neigeait. Je vois une entrée de grotte dans la montagne de la route. Cette grotte était habitée, de la vaiselle et quelques objets rudimentaires trônaient l'endroit avec plusieurs chandelles. Je me rappelle avoir une blessure au pied. Le lendemain un couple me prends en autostop et voyant ma blessure m'invitèrent chez eux dans leur ranch à environ 100 milles plus loin à Pahrump Valley. C'était près de Las Vegas. Je restais assis de longues journées assis dans le canapé en regardant la télévision. Ma blessure ne guérissait pas. Étant tellement mal en point, je pris la décision de prendre un vol pour la maison de Las Vegas. Le sympathique couple sont venu de reconduire à l'aéroport. À Tonopah aujourd'hui seul le souvenir de la grotte a été conservée. Dans le village ce soir, un type chapeau de cowboy et pistolet à la ceinture cogne fortement à ma fenêtre. Il me dit de déguerpir d'en face de chez lui dans la rue. Je dis merci et pars m'installer pour la nuit quelques rues plus loin.

23 mai | Lunar Crater Backcountry Byway, Warm Springs, Central Nevada 

Des lilas plongeait de mes fenêtres ce matin. Je fais la route entre Wells et Ely. Le trajet est monotone. Beaucoup de camions lourds qui me dépassent. Pluie et orages dispersés toute la journée. Je traverse Great Basin, une immense étendue sans fin. Les montagnes sont enneigées et très hautes, elles semblent toujours très loin. C'est comme ça le Nevada. Les gens traversent l'état pour aller quelques part sauf au Nevada. Exception pour Las Vegas, ville du jeu et de la débauche. Il y a des casinos dans toutes les petites villes où je m'arrête. Des odeurs de vieux parfums tentent de réanimer les tapis de mauvais goût. La route après Ely, cet oasis au milieu de nul part, devient vraiment belle. Aucune voitures, aucune maisons, que la route serpentant les montagnes parfois boisées, parfois désertiques. Ce sont les parfaits paysages des films western de mon enfance. Je croise Pony Express Trail. Je suis sur la 6 West. J'aperçois un paysage lunaire, Crater Lunar Backcountry Byway. Ce sont de vieux volcans. Je m'y installe pour la nuit, camouflé derrière un volcan noir. Il pleut, le désert fleuri d'une multitude de fleurs jaunes et orangées.

22 mai | Wells, Snake Mountains, Nevada 

Je me réveille avec un curieux bruit. Deux grosses remorques débarquent un millier de moutons afin qu'ils puissent paître sur les sommets. Malheureusement ma randonnée débutait au même endroit. Le cowboy sur son quatre roues et ses chiens berger me font signe poliment que je ne suis pas le bienvenue car je ferais peur au troupeau. C'est dommage, j'y tenais beaucoup. Peu d'endroits ont toutes les conditions réunies pour la randonnée qu'à Dove Creek Pass. Tant pis je pars explorer Grouse Creek Valley. Les paysages sont renversants. Des daims courent partout. Je fais une randonnée facile d'une dizaine de kilomètres. À Groose Creek, la seule station d'essence est brisée. Plus loin je traverse en van au Nevada à Montello. Le Nevada me donne une impression de désolation et d'une curieuse solitude. Les vallées sont immenses. Le sol est plus sec, plus sablonneux. Il y a beaucoup de montagnes au Nevada mais elles semblent inaccessibles. Tout est loin au Nevada. Je décide de vivre une méchante aventure en traversant une grande portion du désert sur des chemins de terre très poussiéreux mais pas trop mauvais. Je ne vois personne sur 100 kilomètres. Avec la pluie il me serais impossible de faire cette route. Les flash flood dans le désert sont très dangeureux. Les routes deviennent des rivières en quelques minutes et tout se transforme en boue. Parfois je dois traverser des lits de rivières, c'est-à-dire des creeks en van. Je n'aime pas trop les chemins de terre mais pour vivre l'expérience je n'ai pas le choix. Je prends des pauses et de petites marches. Je croise un serpent jaune et noir de trois pieds en marchant à Schoolhouse Canyon. J'ai hâte de voir la fin de ce chemin qui n'en fini plus. Je me sens au bout du monde. Plus tard, j'arrive sain et sauf sur une route pavée à Jackpot, le premier village que l'on croise en arrivant de l'Idaho par le nord. Je descends tranquille et fatigué à Wells. Curieusement les montagnes où se situe Wells se nomme Snake Mountains. Je n'avais jamais autant fait de chemins de terre aussi désertique et en continue avec Béa. Elle est très sale et moi aussi. À Wells il y a un lave-auto. Ensuite je m'installe dans une rue ombragée de la petite ville pour la nuit.

21 mai | Dove Creek Pass and Wildlife Management, Grouse Creek Mountains, Lynn, Northwestern Utah 

Réveil au paradis ce matin à Grouse Creek Mountains. Je campe pour une seconde nuit au même endroit. Dove Creek Pass and Wildlife Management à Lynn au Nord-Ouest de l'Utah est mon coup de coeur. Le Nevada et L'Idaho sont seulement à quelques kilomètres. J'ai fais une belle randonnée sur les sommets ce matin à partir du col. Ensuite, toujours sur les routes de terre poussiéreuses, je pars en exploration autour de Sawtooh National Forest. Mais avant je réalise que mon réservoir d'essence est à moitié rempli. Ce n'est pas prudent dans ces régions de rester en panne. Je n'ai vu que quelques personnes sur les routes aujourd'hui. Je tente de trouver un poste d'essence. Près de deux heures pour y arriver. J'aperçois en haut d'une montagne le Grand Lac Salé. Quelques villages fantômes indiquent next service at 115 milles. Sawtooh National Forest fait environ 100 kilomètres en largeur, les sommets atteignent 2,500 mètres. Je fais le tour de la réserve par l'Idaho. C'est la première fois depuis que j'ai fait l'acquisition du campeur que je fais autant de chemins de terre. Il y a tellement de poussière que mon détecteur de fumée hurle sans arrêt. C'est de loin, mon plus beau terrain de jeu du voyage. Personne ne vient par ici, que le vent. Les paysages sont sublimes, surtout pour la randonnée pédestre hors-piste. C'est une région semi-désertique. Je traverse en van One Mile Road à Sawtooh National Forest. Quelques campings primitifs dispersés dans la réserve sont gratuits. J'en délire de bonheur tellement c'est beau. Je m'arrête, fais un petit feu près d'un ruisseau. Ensuite je traverse le village fantôme de Yost. La vallée est immense tout comme le reste. Après cette journée d'exploration, mon choix de randonnée est fixé pour demain. Je retourne camper au même endroit qu'hier pour être prêt plus haut et plus loin à marcher demain matin. Le site sur le col à Dove Creek est à peu près à 2,100 mètres. C'est mon spot numéro un du voyage. Les cols sont de loin les meilleurs départs de randonnée. 


Je prends le temps de tracer un bref bilan des endroits qui m'ont le plus marqué. Nauvoo, le village mormon sur le Mississippi. Le début de l'Oregon Trail à Independance au Kansas, les Sand Hills au Nebraska. Arnold et en haut de la côte à Judkins Hill, mon premier canyon. Valentine National Wildlife Refuge, mes plus beaux orages électriques à Duck Lake. Sage Creek Campground à Badlands National Park. Les bisons sont partout. La prairie vallonnée. Hogan and Luce Recreation Area au pied des Montagnes Rocheuses près de Cody. Beartooth Highway au Wyoming. Grand Teton National Park. Blackfoot Reservoir Campground et le premier prix est où je me retrouve maintenant près de California Trail à Sawtooh National Forest, Grouse Creek Mountains et Dove Creek Pass and Wildlife Management en Utah. Beaucoup d'autres endroits et moments forts sans oublier les gens que j'ai croisé.


20 mai | Dove Creek and Pass Wildlife Management, Grousse Peak Mountains, Lynn, Northwestern Utah 

Ce matin je pars tôt, j'ai pas très bien dormi la nuit dernière à cause du chocolat noir. La route est pas intéressante dans Snake River Basin. Des cultures agricoles industrielles parsèment le plat county le long de Snake River. Ces grandes rivières génèrent une forte économie agricole. Il fait chaud aujourd'hui, je dois aller dans les hauteurs rapidement. Je comprends pourquoi les gens portent des chapeaux de cowboy avec cette chaleur torride. Il fait être prudent en randonnée, la déshydratation me guette et l'on ne s'en rends pas compte. L'été doit être insupportable, j'ai quitté Québec au bon moment.  Je pointe Castle Rocks State Park à la frontière avec l'Utah. Cache Peak trône à plus de 3,151 mètres. L'endroit est très touristique, c'est l'un des premiers beau weekend de mai. Je poursuis à City of the Rocks National Reserve. Le paysage est magnifique mais la masse de jeunes touristes du dimanche altére l'expérience. Les campings rustiques en bordure du chemin de terre sont complets. C'est un endroit de réputation mondiale pour l'escalade et le plein air. Beaucoup de jeunes s'éclatent. California Trail passe dans la réserve. Elle se dirige à Register Rock, un abri rocailleux où les indiens communiquaient entre eux. Les pionniers de California Trail et les indiens avant eux ont gravés, dans l'immense rocher, leurs noms, des dessins ou des messages. Je passe le col à Emery Pass à plus de 2,000 mètres pour redescendre sur un très long chemin de terre poussiéreux et isolé qui m'amène en Utah. La vallée est très sauvage. Plusieurs grands ranchs prospèrent. Le paysage est vraiment à mon goût pour la randonnée. En quatre heures une voiture seulement a passée. Je stationne à Dove Pass and Creek Wildlife Management. Le col est à 2,050 mètres. Je pars immédiatement marcher sur les sommets environnants sur Dove Peak à 2,350 mètres. La région est semi-désertique. J'exalte. Je voudrais aller à 2,600 mètres sur Marble Canyon Peak mais il est trop tard malgré que l'ascension est facile. Je suis au paradis. C'est mon meilleur moment du voyage. Des cactus en fleurs, des fleurs sauvages à chaque pas et surtout pas de grizzlis dans cette région montagneuse. Le campeur a grimpé de justesse à plus 2,150 mètres d'altitude sur le bord d'un ravin. Je suis près de Lynn au Nord-Ouest de l'Utah à quinze kilomètres de l'Idaho et cinquante kilomètres du Nevada. Saytooth National Forest et Groose Creek Mountains trônent autour. Je crois que je vais rester un peu de ce côté faire de l'exploration, le lieu est magique. C'est pour ça que je voyage en campeur, c'est pour me retrouver dans ces lieux sauvages. Les écosystèmes sont multiples et tout près les uns des autres. L'Idaho j'aime beaucoup, j'y reviendrai plus tard dans le voyage. Je suis chanceux, en matinée j'ai réussi à trouver une carte routière du Nevada. Je suis rendu maintenant à une étape importante du voyage. La jonction entre l'Oregon et California Trails s'effectue dans les parages. Je prends la décision de faire la ruée vers l'or jusqu'en Californie du Nord en traversant le désert du Nevada.

19 mai | Carey Lake Wildlife Management, Crater of the Moon Monument, Southern Idaho 

Sylvain Tesson dit "le mariage est l'intervalle qui sépare la passion élémentaire d'une pension alimentaire". Ma vie affective est loin d'être rectiligne. Plus jeune, avec le pouvoir attractif de l'homme dégageant une virilité débordante, je fis d'agréables rencontres. Puis vint le féminisme, les incohérences relationnelles, la diète charnelle et l'absence de l'autre. Je saisi bien ma nature dualiste. Je comprend que l'amour est parfois une question d'intérêts plutôt qu'actractive. Aussitôt que je crois pouvoir définir l'amour qu'il s'échappe. Si une chose m'apparaît étrange, ce sont les sentiments amoureux, l'accouplage pour ainsi dire. Dans ma jeunesse, la période post-sexuelle ensemençait la monotonie ou sinon je ne connais rien à l'amour. Peut-être est-ce le sédentarisme à la longue qui m'indispose? J'essaie de saisir que je n'y arrive pas. La survie de l'homme réside dans sa force et sa capacité d'aimer. Fort probable une histoire ancienne avec Oedipe qui m'indispose. J'écris beaucoup pour entretenir une conversation. Mon esprit trop occupé à songrr prend l'espace de l'autre. L'équilibre devient désiquilibré. Depuis quelques années, j'ai cessé de me culpabiliser. J'apprivoise la solitude. Pire serait d'être malheureux à deux.

Ce matin je me réveille en pleine forme. Je fais la visite de Fort Hall Replica and Bannock County Historical Museum à Pocatello. Ensuite je vais m'acheter des cartes routières usagées dans un book store en ville. Pocatello est situé entre la région montagneuse de l'Idaho Est et de la plaine semi-désertique. Je file ensuite vers Fort Hall Indian Reservation. J'ai appris au musée en réalité qu'il y a trois sites du Fort Hall. Le premier à Pocatello où se retrouve la réplique du fort. Puis le Memorial situé sur la route principale de la réserve indienne. La directrice du musée m'apprend, à l'aide d'une carte historique du territoire, que l'emplacement réel de Fort Hall est situé sur la rive de Snake River. Je tente de trouver l'emplacement exact. La dame du musée me dit qu'ils ne sont pas en bon terme avec les indiens. Deux communautés importantes se partagent un territoire immense, les Shoeshone et les Blackfoot. Je trouve le chemin de terre sur la réserve qui donne accès au site. Des affiches rouges très dissuasives indiquent no trepassing. Je fais demi-tour et m'enligne hors du territoire indien. Partout des cabanes délabrées, des déchets et des croix sur le bord de la route indiquant des accidents de route. Les chemins sont cabossés, je croirais revenir dans la tribu du Québec. Sur plusieurs affiches, des trous de balles apparaissent et des graffitis haineux. De l'autre côté de Snake River c'est le contraste total avec les américains de descendance britannique. 

Je pars à l'aventure sur une magnifique route semi-désertique à Snake River Plain en écoutant à la radio du classic country. Il fait chaud enfin. Il y a une épaisse brume tout autour. Ce sont les effets des importants feux de forêts en Alberta. J'atteind mon objectif pour la journée, Crater of the Moon Monument. Je fais pas de la randonnée pédestre sur de petits sentiers et hors piste. C'est mon plus bel endroit visité à ce jour et peu de visiteurs. Ce site est indescriptible. Je marche autour d'anciens cratères, des cônes noircis et des champs de laves durcis. Je grimpe North Crater. Je m'introduis dans Beauty Cave et Indian Tunnel. Enivrant surtout que s'y est interdit. Les clôtures, trop souvent, nous empêchent de voir la beauté du monde. Les fleurs sauvages jaillissent partout. Je prends beaucoup de photos, mon record en une seule journée. En arrière-plan du parc, Lost River Range avec ses cimes enneigées contraste avec les cratères et les coulées de lave noircis. Le parc est immensément éblouissant, je suis charmé. J'aimerais grimpé les grandes montagnes semi-désertique autour mais les distances sont délirantes. C'est comme ça dans les déserts. Ça me rappelle le jour de mes 18 ans à l'intérieur d'Haleakala Crater State Park à Maui sur l'archipel d'Hawaii. Top of the sun s'appelle ce lieu magique. C'est fort probable l'endroit le plus étonnant que j'ai visité. Au fond du cratère géant où je pouvais marcher des journées entières, je passais du désert à la forêt tropical. Un cactus rare argenté du nom de Silverwood ne vivait que dans le cratère. J'habitais Lahaina à Maui pour trois mois. La semaine dernière cette ville a brûler complètement faisant de nombreuses victimes. Hawaii est fabuleux hors des sentiers battus. J'y ai passé quatre mois sur l'archipel. Si c'était à refaire je ne serais pas revenu à Québec. Je l'ai regretté en vain, après c'était trop tard. Je travaillais dans un restaurant qui s'appelait Organ Grinder à Lahaina sur l'île de Maui. À chaque fois que je demandais au couple propriétaire du restaurant qui vendait des Maui Burger d'où ils provenaient qu'à chaque fois ils répondaient par des endroits différents. Ce délicieux hamburger hawaïen était composé d'une rondelle d'ananas, de fromage suisse, de tomates et de laitue accompagné par une épais morceaux de boeuf haché bien grillé. J'habitais dans une minuscule cabane offert par les propriétaires derrière le restaurant. Ce gîte liliputien abritait jadis un vieux japonais. Un lit simple et une tablette adossé à un moustiquaire était l'espace consacré. À chaque weekend un concours de chasse aux plus grosses coquerelles avaient lieu dans le parc où le film Moby Dick avait été tourné. La réplique du voilier tenait la vedette du parc. Les hippies y jouaient de la guitare en fumant du Maui Buds. Une journée par semaine les Krishnas offraient gracieusement de la bouffe végétarienne. Les plus grosses coquerelles au monde habitaient Maui. J'aurais pu gagner le concours seulement en attrapant celles qui abritaient mon gîte. Quelque fois des employés mettaient des toiles immenses sur de nombreux commerces en bois du centre-ville en y injectant des insecticides pour déloger les encombrantes coquerelles. Ce soir, je suis installé à Carey Wildlife Refuge près de Crater of the Moon Monument.

18 mai | Pocatello, Idaho 

Aujourd'hui fut une journée de douce chaleur comme il y avait longtemps que j'en avais vu. Les arbres resplendissent d'une couleur vert tendre. Il y a un avis météorologiques concernant les inondations dans l'est de l'état. Les routes sont en assez bonne altitude. Plusieurs sommets trônent les 3,000 mètres. Je prend Portneuf River Valley jusqu'à Lava Hot Springs. Cette rivière très longue se jette dans Snake River qui est l'une des plus longue de l'état. Les indiens d'autrefois vivaient en abondance dans ces vallées riches en ressources. Il y a plusieurs chemins de terre avec des affiches sportsmen acces qui mènent vers des lieux de chasse. La culture de la patate en Idaho est une industrie prospère. Lava Hot Springs est une station balnéaire thermale. C'est une très jolie bourgade avec de magnifiques boutiques et restaurants, l'une des plus belles rencontrées depuis longtemps. Le paysage est à couper le souffle encaissé dans les montagnes. Il fait trop chaud pour les bains. Le tarif est 7.50$. Je prend un lunch. Il y a un joli camping gratuit sur la rive de Portneuf River. Ensuite je me dirige vers Fort Hall Indian Reservation près de Pocatello. Je suis ému d'arriver au monument de l'ancien site de Fort Hall Trading Post sur la réserve indienne. En réalité l'emplacement est situé à quatorze milles à l'ouest sur la rive de Snake River. Au temps des pionniers, c'était une étape importante pour les émigrants de l'Oregon et de la California Trails. Fort Hall est inscrit sur la liste des municipalités et sites Superfund ayant de graves problèmes de toxicité dans les sols et les eaux en raison des anciennes mines, celle-ci de phosphate. Dix-sept anciennes mines sont jugées dangeureuses. Une replica exacte du Fort Hall est située à Pocatello. À mon arrivée, le musée fermait. J'ai pris alors la décision de dormir dans un paisible quartier résidentiel ombragé près du campus universitaire. La ville a 58,000 habitants, la grandeur idéale à mon humble avis. La ville est très étendue. Le centre ville est enclavée entre Portneuf River qui est encerclée par des clôtures et du béton et de l'autre côté par un immense centre de tri ferroviaire. Demain matin j'irai visiter Fort Hall Replica and Bannock County Historical Museum. C'est un moment fort du voyage que je ne veux pas raté.

17 mai | Grace, Bear River Valley, Southeastern Idaho

Ciel gris, temps froid et des averses de pluie ont marqués la journée. Je m'arrête à Soda Springs. Jadis il y avait une centaine de puits d'eau minérale gazéifiée. Je prends quelques photos du geyser, je vais m'abreuver à une source. Soda Springs était un point de rencontre des pionniers de l'Oregon et de California Trails. C'est ici que je reprends l'Oregon Trail pour l'avoir délaissée au Nebraska sur Platte River. Je poursuis ma route vers Bear Lake qui chevauche la moitié de l'Idaho et de l'Utah. Le Wyoming est à quelques kilomètres. Ce lac aux eaux sablonneuses et turquoises est vraiment spectaculaire avec cent milles carré. Tout y est magnifique et très sauvage. D'un côté du lac, des grandes montagnes de sable subliment le décor et de l'autre côté, Cache National Forest avec ses sommets enneigés. Les écosystèmes sont très diversifiés sur quelques kilomètres à peine. Il y a beaucoup de state park autour du lac pour le protéger. C'est le deuxième plus grand lac d'eau douce de l'Utah. Une tendance au développement immobilier se fait sentir avec raison. Je poursuis vers Cache National Forest et Temple Rocks. Beaucoup de neige aux sommets et les rivières sont gonflées à bloc. La moitié des trois millions d'habitants de l'Utah sont mormons. Cet état possède l'une des meilleures qualité de vie des États-Unis. La démographie ne cesse d'augmenter. L'Utah est l'un des états américains qui possèdent le plus de parcs nationaux et les plus beaux. Butch, le boucher, Cassidy est né en Utah. C'était l'un des plus grands pilleurs de banque des États-Unis. Plus loin j'arrive à Logan, ville universitaire dans Cache Valley. La plupart des habitants de l'Utah vivent dans le Grand Bassin, Salt Lake City est son prolongement. Il y a beaucoup de circulation, je suis étonné. Je file à vive allure, de retour en Idaho. Je m'arrête à Franklin, la plus veille ville de l'Idaho fondée par les mormons. Je prend la direction de Bear River Valley. À un embranchement je tente un raccourci sur un chemin de terre. Encore une fois je suis chanceux de pas m'être embourbé dans cette route non-carrossable pour mon véhicule. J'ai eu des sueurs froides, je déguerpi rapidement de cette route pour les 4x4. Cache et Bear Valley sont très riches en eaux potables. Ces vallées sont très verdoyantes, surtout avec les pluies. Les fermes sont nombreuses. Je m'installe enfin pour la nuit après une longue journée à Grace sur Bear River Valley .

16 mai |Blackfoot Reservoir Campground, Soda Springs, Southeastern Idaho 

Yellowstone, Grand Teton National Park et les sept National Forest autour constituent le plus grand écosystème intact naturel des États-Unis. Je me suis couché hier avec le soleil et me suis réveillé avec un ciel bleu éclatant pour partir à la découverte de Grand Teton National Park. Les lodges ouvriront leurs portes qu'à la fin mai. Jackson Hole fait parti de Jackson Lake. Il fait bonne mine en reflétant les hauts sommets abruptes enneigés du parc. Pas beaucoup de touristes sur les lieux. J'ai bien choisi ma période. Mon objectif est atteinds. Si je fais mon bilan sur ces deux derniers parcs je dirais que Yellowstone ne pas trop enchantés. Mais je suis impressionné par la grandeur du parc et la nature qui y règne. La horde de touristes qui se suivent pare-choc par pare-choc est décevant, le site d'Old Faitful est fort intérressant par contre. Pour admirer les Montagnes Rocheuses, Grand Teton National Park m'a vraiment séduis. J'ai fait le bon choix en entrant par le nord de Yellowstone à Silver Gate et ressortir à Jackson. Cette ville hyper-touristique est axée sur le plein air et le sport. Jackson est de renommée nationale pour son ski alpin. Je ne m'y arrête pas. Je mange un hamburger et fais le plein d'essence. Je tente de fuir les touristes. Je comprends maintenant bien que je ne suis pas un fan de ces parcs de touristes étant un voyageur aventurier. 

Je file vers l'Idaho rapidement en descendant longtemps sur une route dans un grand et long canyon. Aussitôt arrivé en Idaho je prends une route secondaire. Enfin la tranquilité absolue, plus de circulation. Les hauts sommets et les forêts laissent leur place à la prairie montagneuse. La chaleur est de retour. Les ranchs réapparaissent. Par hasard je découvre un camping rustique à Blackfoot Reservoir Campground près de Soda Springs. Le site est vraiment exceptionnel. La neige vient à peine de fondre laissant les champs inondés. 2.50$ la nuit car j'ai 65 ans, sinon c'est 5$. Je prend une enveloppe en mettant l'argent dedans, j'inscris mes coordonnées et le numéro du site sélectionné et je dépose le tout dans une petite boîte en métal. J'aime mieux et de loin les country roads. Je préfère voir les gens vivent dans l'arrière-pays que d'être encadrer dans des parcs. Je m'y sens plus libre et j'apprends davantage. Ce que j'aime c'est le road trip, la van et moi-même bien propre et en ordre chaque jour. L'adrénaline est à fond. Plus je bouge et plus il m'est difficile de m'arrêter. Sur Youtube j'écoute le grand Johnny Cash


15 mai | Colter Bay, Jackson Lake, Grand Teton National Park, Wyoming

Ça fait un mois que j'ai quitté Québec. Ce matin j'assiste au jet fidèle et ponctuel du fameux geyser Old Faitful. Je ne suis pas le seul dans les gradins tout autour. Le spectacle est saisissant. Ensuite je fais une randonnée pédestre d'une dizaine de kilomètres autour des geysers et sources d'eau bouillante. Old Faitful Inn est sans contredit la visite incontournable du parc. Tout en bois rond, il a déjà accueilli 53,000 visiteurs en 1954. Le foyer à l'intérieur a utilisé 500 tonnes de pierres. Je prends une douche gratuitement à l'étage. C'est indiqué dans IOverlander. Un immense balcon permets de voir jaillir le geyser. Ensuite je parcours en van les secteurs non visités du parc. Il y a beaucoup de neige à certains endroits. Néanmoins c'est le site du geyser fidèle que j'ai aimé le plus. Il est impossible de faire de la randonnée dans le parc à cause des grizzlys. Ensuite je file vers Grand Teton National Park. Un trappeur canadien-français devait trouver le temps long en nommant les montagnes ainsi. Un vrai régal pour mes yeux se déploie. Je traverse la Continental Divide à 2,440 mètres. Je n'ai pas à débourser 35$US pour entrer au parc, sauf seulement si je venais du sens inverse. Il y a beaucoup de campeurs motorisés sur la route et pas mal de touristes pour un 15 mai sauf à Grand Teton National Park mais nous sommes lundi. J'ai un coup de coeur sur la marina de Jackson Lake. Je m'y installe pour la nuit, c'est mon plus beau spot à ce jour. J'y rencontre un dame âgée esseulée et aventurière de la Californie. Elle n'inspire pas à la conversation. J'aime mieux la compagnie des poissons qui sautillent dans le lac.


14 mai | Old Faitful Historic Village, Yellowstone National Park, Wyoming

Ce matin je quitte mon fascinant BLM à Hogan and Luce Recreation Area à Clark pour grimper sur Beartooth Highway. Les nuages se dissipent. Un panneau indique que Beartooth Pass est fermé à cause d'une épaisse couverture de neige sur la route. Au croisement c'est indiqué être ouvert sur 25 kilomètres. Je tente ma chance jusqu'à sept kilomètres du col à 3,337 mètres. Puis la route se termine abruptement devant des gros souffleurs à neige de montagnes. La route ouvrira le 26 mai. C'est l'une des plus belle route panoramique d'Amérique du Nord. Les lacs sont gelés. J'aperçois un grizzly. Vingt sommets au col ont plus de 3,658 mètres. C'est grandiose. Je fais demi-tour pour rejoindre Cooke City au Montana dans Gallatin National Forest. Je m'arrête quelques instants dans cet ancien village de mines d'argent. Plus loin je rejoins Silver Gate, porte d'entrée du nord de Yellowstone National Park au Wyoming. Le tarif pour accéder au parc est 35$ US. J'ai de la chance, c'est gratuit à cette entrée seulement aujourd'hui. Le parc Yellowstone est le plus vieux parc national au monde créé en 1872. C'est un écosystème très riche qui fait parti du patrimoine de l'Unesco. C'est dimanche, les touristes apparaissent. La saison ouvre le 15 mai, je ne suis pas en retard. Je vois des ours noirs, des centaines de bisons, des wapitis et un second grizzly. Le parc est posé sur un ancien volcan endormi et possède les plus grandes sources thermales au monde. Je m'installe gratuitement près des vieux chalets en bois rond du village historique d'Old Faitful. Le vieux fidèle, Old Faitful est un immense geyser qui est le centre d'attraction du parc. Tout est magnifique et grandiose. Un imnense bison frôle la van pour me souhaiter bonne nuit.

12-13 mai | Hogan and Luce Recreation Area, Clark, Northwestern Wyoming 

Aujourd'hui fut la journée la plus déprimante du voyage par la température. Mon voisin de camping Jeremy et sa femme Monique m'ont gentillement apporté une grosse truite brune fraîchement fumée. Les poissons vagabondent à Hogan Lake juste en face. Jeremy, un grand et costaud jeune gaillard travaille dans un ranch à Powell situé à 50 kilomètres d'ici. Ils ont deux beaux enfants et un chien. Je lui ai apporté un flocon de sirop d'érable. Le temps est censé s'éclaircir demain matin. Depuis trois jours c'est du temps frais et pluvieux. Je passe une seconde nuit à Hogan and Luce Recreation Area de Clark au Wyoming en attendant l'éclaircie me menant à Yellowstone National Park. Je suis au pied de Shoeshone National Forest. La beauté de cette région est composée de sa grande diversité. Hier un pitbull n'a pas aimé les couleurs vives que je portais. Le voisin l'a arrêté juste à temps. Le camping est situé à vingt kilomètres du Montana. Je me suis levé tard ce matin. Malgré le mauvais temps, j'aime mieux être ici qu'à Cody dans le brouhaha. Je ne fais pas du vanlife pour me planter dans les centre villes mais plutôt profiter de ce que la nature à de meilleur à m'offrir, du moins pour le moment. Des souvenirs de voyages remontent à la surface. Je suis aller très souvent, à titre de guide d'aventure, dans le Sud-Ouest américain. J'y ai accompagné plusieurs groupes de randonneurs principalement en Arizona et en Utah. Ces états possèdent de nombreux beaux grands parcs, état mormon. La différence avec le Nord-Ouest c'est la prairie qui accompagne le paysage. J'ai à plusieurs reprises évité en groupe des accidents qui auraient pu être tragiques. Je louais un minibus avec une remorque soit à Denver au Colorado, à Salt Lake City en Utah ou à Phoenix en Arizona. Lors d'averses abondantes dans le désert sur un long chemin de terre en Arizona, le minibus a glissé vers une descente vertigineuse. La pluie sur les chemins de terre dans le désert c'est comme de la glace vive. J'ai mis le frein à main et demander à tous de quitter immédiatement le minibus. Il était minuit moins une, c'était la catastrophe. J'ai réussi à immobiliser le véhicule et retourner en marche arrière loin de cette pente hasardeuse. C'est très dangereux le désert lorsqu'il pleut. Une autre fois au retour d'un voyage au Colorado, je me dirigeais vers le centre de location de la remorque au retour. Le type a mal installé la boule sur le hitch, en roulant vers l'aéroport sur l'autoroute la boule a fracassée un pare-brise à plus de 100 kilomètres à l'heure. Ne m'apercevant pas de ce qui se passait, je voyais bien qu'un accident c'était produit derrière moi. Des automobilistes m'ont suivis pour me prévenir, heureusement la boule n'a pas tuée personne et aucun incidents majeurs ne s'est produit sauf pour des dommages matériels. J'ai signé un constat et déclaré le tout à mes assurances. J'ai des centaines d'incidents du genre dans mes aventures. J'ai eu beaucoup de chance et de témérité. J'avoue percevoir davantage le danger lorsque je suis à la maison qu'à l'aventure. Les imprévues sont inévitables et, ce, malgré tous les préparatifs. l'aventure peut survenir à chaque instant. L'expérience acquise et mon campeur me permettent de vivre la suite de mon histoire en solo pour l'instant. Je ne regrette rien de mes entreprises et je referais le même parcours sans hésitation. La plus difficile randonnée pédestre fut en groupe au Long Peak dans Rocky Mountains State Park au Colorado. Sur quinze personnes seulement quatre ont atteint le sommet. 

Je réalise aujourd'hui que bien des aventures ne pourront plus se faire dans la même intensité, toutefois je suis chanceux de poursuivre cette passion avec de nouvelles limites que je me donne à chaque jour. Je ne dirai jamais l'aventure douce car dans le passé je fus engagé par une agence de voyages à vélo qui s'appelait L'Aventure Douce Plein Air géré par Marcelle Chénier de Valleyfield. À ma première sortie pour l'agence à titre de guide en ayant traversé la frontière américaine dans l'état de New York de l'Ontario, une camionnette m'a frappé. Insconcient, je me retrouvé au Samaritain Hospital de Watertown dans l'état de New York. Je me réveilla devant le prêtre pour les derniers sacrements. Je fus dans le coma quelques heures. Après tous les examens exaustifs et de multiples contusions et cicatrices on m'a déposé dans une station d'autobus pour mon retour chez moi. J'ai subi un choc post-traumatique mais pas de séquelles physiques. C'était en juin et l'année suivante je fus engagé par Vermont Bike Tours pour accompagner des cyclistes américains durant l'été en Europe. Encore une fois j'ai été témoin de plusieurs incidents mais l'expérience acquise m'a permis de créer ma propre entreprise d'activités et de voyages de plein air. Vert l'Aventure l'Aventure Plein Air a permis, à bien du beau monde et du moins beau, de vivre des expériences uniques. La transition entre mon travail et ma vie actuelle est énorme mais je reprend lentement mon rythme. Je redécouvre celui qui fut avant la carrière que j'ai choisi, si ce n'est pas elle qui m'a choisi. Je redécouvre la passion des grands espaces qui m'a toujours animé avant la vie tumultueuse de travailleur autonome.

Je ressors ébloui de mon séjour sur le plateau aride de Greybull River Valley. Ce qui m'attends plus tard n'est rien avec les deux dernières nuits. Je fais une petite randonnée dans les collines de la prairie. Au retour je rencontre un couple qui possède un ranch tout près. Son nom est John, il vit avec sa femme depuis toujours sur cette terre bordée par Greybull Valley. On discute chaleureusement. Il est très grand et costaud comme la plupart des hommes du Wyoming. C'est une race d'hommes libres. Il s'empresse de me montrer une vidéo prise la veille d'un grizzly avec son petit sur son dos traversant la rivière derrière son ranch. Plus loin, je m'arrête à Cody, cité mythique de l'ouest. Buffalo Bill a fondé la ville qui possède un musée impeccable à son nom. Je n'ai pas la tête aux musées ni au centre commerciaux. Buffalo Bill est un héros légendaire dans l'ouest américain à même titre que Kit Carson. La musique country à la radio est excellente. Des mesas forment le paysage, espèce de montagne au sommet plat. 

Les hivers sont rigoureux et très longs au Wyoming, les étés cuisants. Depuis trois jours il fait particulièrement froid. Cody est du style de Banff en Alberta, hyper-touristique. La saison débute frileusement à mon passage. Des boutiques de souvenirs à profusion, de beaux chapeaux et de bottes de cowboy comme à Nashville au Tennessee sont offerts à gros prix. Je fais l'épicerie et le plein d'essence. Je m'attarde au kiosque d'informations touristiques et, par joyeux hasard, je tombe sur le Bureau of Land Management du Wyoming. L'accueil est chaleureux. J'obtiens des cartes. Plus loin j'entre dans un grand magasin local de sport. Des fusils d'assauts de gros calibres ornent les murs. Je discute avec la vendeuse fort charmante et conservatrice dans l'âme pour ne pas contredire son entourage. Le Wyoming et les états voisins sont très pro-Trump. Ils ne voient aucun autre chef pour l'avenir du parti. Un jour le vent tournera avec les nouvelles générations. Les hommes aiment ici leurs fusils, ils sont chasseurs. À Atlanta ou à New York ces armes ne sont d'aucune utilité à part que d'engraisser les groupes criminels. En fin d'après-midi je dois me trouver un endroit génial pour dormir hors de Cody. Les villes ne m'apprennent plus rien à part de faire le plein de provisions. Sur IOverlander, je vois un spot sur la route qui grimpe en lacet abruptement vers Yellestone National Park qui s'appelle Million Dollar View. La météo est pas bonne pour l'altitude. Une fois arrivé sur ce spot une barrière m'empêche de poursuivre. Je redescends sur la route principale et croise un petit chemin de terre dans la prairie adjacente aux grandes montagnes. Des wapitis sautent partout, je crois rêvé. Tout à coup, par hasard j'arrive au milieu de nul part à Hogan and Luce Recreation Area dans les contreforts de Shoshone National Forest. Aucune indications ne laissaient présagé pareil endroit. Le camping est gratuit. Le lac devant les montagnes est de couleur émeraude. Je suis au paradis. Trois campeurs sont déjà installés. 

J'ai beaucoup voyagé dans ma vie. Je peux dire avec conviction que le paysage devant moi est l'un des plus beau à ce jour. En Europe il y a de beaux paysages mais jamais aussi sauvages qu'au Nord-Ouest des États-Unis. Et puis il n'y a pas les rumeurs et traditions du passé. À compter de maintenant je dois bien réfléchir où je mets les pieds, les grizzlys sont partout. De plus il y a les hordes de loups, les ours noirs et tous les animaux sauvages de l'Amérique du Nord rassemblés. Avant d'entreprendre la route vers les sommets de Yellowstone je vais attendre le beau temps, rien ne presse maintenant. Sur l'état voisin du Colorado, les grizzlys sont absents de même qu'en Oregon et en Californie. Les paysages du Wyoming sont incomparables avec aucun endroits de l'Ouest Canadien. Je vis d'intenses moments devant la route qui ne cesse d'embellir vers l'ouest. En moi du sang d'explorateur coule dans mes veines. Je suis au bon endroit. Je suis un chasseur d'images et de récits, je l'ai toujours été. C'est ma vocation.

10-11 mai | Fenton, Park County, Greybull River Valley, Wyoming 

I have a dream, disait Martin Luther King en parlant de son désir de liberté. Le mien était de dormir à la belle étoile dans les contreforts des Rockies au Wyoming, du Montana et des états du nord-ouest américain. Rien de plus sublime pour moi de tous les continents visités où j'ai mis les pied. Bien entendu j'ai aimé les pays méditerranéens, la Grèce antique, le sud de l'Italie. Ces pays croupissent des rumeurs du passé. L'ouest américain est peuplé par les blancs que tout récemment. Ils n'ont pas encore eu le temps de saccager ces horizons sauvages. C'est au Wyoming que véritablement l'aventure prend tout son sens. Le rythme ralenti. Le passé n'existe pratiquement pas à part les aventures de Kit Carson ou de Buffalo Bill. Le vol d'un oiseau, le vent balayant les buissons séchés dans la prairie, les wapitis marchant dans l'immensité, les nuages de dressant dans la vallée. 

Voilà pour moi le véritable bonheur. La liberté est ressentie dans l'ouest américain comme nul part ailleurs. J'ai des montagnes à gravir pour des mois, des canyons et des plateaux à découvrir. J'ai un monde à connaître pour me réinventer un monde selon ma nature véritable. Pour avoir passé un mois en Colombie-Britannique il y a deux ans, je peux affirmer sans hésitation que le nord-ouest américain a beaucoup plus à offrir pour moi. Il y a deux ans c'était ce périple que je voulais faire en vanlife. La pandémie avait alors fermée la frontière ce qui m'avais obligé d'aller dans l'ouest canadien. Ce matin, du BLM je pars marcher en exploration hors piste dans la grande prairie bordée par Greybull River Valley. J'aime tellement cet endroit que j'y passe quelques nuits. Ce BLM pour mon initiation est extraordinaire. Je suis complètement seul sans autre bruit que le vent provenant du lointain. Depuis hier soir il fait assez froid pour mettre tuque et gants. Cette nuit, il a fait 0 degrés. Il pleut légèrement, le ciel est gris, le vent est puissant et constant. Il y a eu une tornade hier à un endroit que j'ai traverser au Kansas et plusieurs au Colorado à 500 kilomètres d'où je me trouve. La température est très variable mais les prévisions pour les jours à venir s'annonce excellentes. Je me sens au bout du monde. J'aime beaucoup mieux les paysages du Wyoming que du South Dakota. Ici c'est vraiment sauvage. Des prairies, des montagnes, des déserts, des pistes à profusion, des canyons. Tout s'y retrouve en quantité illimitée. Je profite de cette pause pour lire et planifier mes prochaines destinations. Je débute maintenant à travailler avec l'application IOverlander. Ça devient essentiel à partir du Wyoming et pour tous les états de l'ouest américain. All Trails pour identifier les sentiers est une application incontournable. J'y vois sur la carte de l'application tous les sentiers, les chemins de terre et pistes abandonnés. Remarquables sont ces outils sans oublier le traditionnel Google Map pour naviguer sur la route.

Randonnée pédestre ce matin du free camp à Tongue River Canyon. Décor sublime. Des fleurs sauvages parsèment le rivage de la tumultueuse rivière. Ensuite je grimpe en van la route de montagnes enlacées de Bighorn National Forest. Je m'arrête pour marcher sur un chemin qui grimpe dans une prairie entre les montagnes. De la neige recouvre le sol à certains endroits. Des crocus et des fleurs sauvages jaillissent de partout. C'est grandiose. Je ne croise personne sur la route 14 west qui me conduis après la randonnée au col à 2728 mètres. La neige est abondante, les lacs pas encore calés. La route alternative 14 west est fermée car trop enneigée. Au col j'entreprends une descente en van sur 25 kilomètres. Je passe de la forêt épaisse à la prairie jusqu'au désert. Je m'arrête à Shell Falls. C'est gigantesque. À Greybull je mange des doubles cheesburger avec bacon et une grosse portion de frites. Je pars rassasier ensuite dénicher un endroit spécial ce soir pour camper. Je prends des chemins ruraux pavés jusqu'à Park County. Je longe Greybull River, des ranchs énormes parsèment la vallée. Je prends un chemin de terre qui grimpe sur un plateau gigantesque. À ma grande surprise je prends conscience que mon flair est extrêmement aiguisé. Le plateau où je me trouve est un BLM (bureau of land management). Les BLM regroupent des terres publiques où l'on peux camper gratuitement. Je suis très fier d'inaugurer mon premier BLM sur ce plateau sauvage. On peux y rester plus de quatorze jours consécutifs. Il y en a des milliers dans l'ouest américain, ce sont les meilleurs endroits pour camper et de loin. Les BLM sont très sauvages, aucun services ne sont disponibles. La vue est spectaculaire sur ce plateau entre deux massifs montagneux enneigés. Des wapitis se promènent curieux autour du campeur. Je suis au paradis. Vive les grands espaces, vive la liberté et le Wyoming.

9 mai | Tongue River Canyon Campground, Dayton, Bighorn National Forest, Northern Wyoming 

Edgeton fut un excellent endroit pour passer ma dernière nuit au South Dakota. Je trace bien ma route ne prenant jamais les insterstates. Je suis aller prendre mon déjeuner à la state line entre le South Dakota et le Wyoming afin d'inaugurer mon entrée dans le Far West. Ce qui retiens mon attention est l'immensité du paysage. Le Wyoming est l'état le moins peuplé des États-Unis avec seulement 580,000 habitants. C'est un autre univers le Wyoming. C'est celui du rodéo, des grands espaces et des ranchs. Les hommes portent le chapeau de cowboy, ils sont très réservés voir même sauvage. Je ne me préoccupe pas trop des républicains ou des démocrates, je suis en vacance. Toutefois je peux affirmer que les gens ont des tendances fortement conservatrices. 

La route est vraiment agréable. Peu ou pas de voitures même sur une petite portion de l'interstate que j'ai été obligé de prendre. De petites routes nombreuses en terre très poussiéreuses parsèment l'état.  Les routes principales secondaires sont magnifiques. Les ingénieurs des transports de la tribu du Québec devraient venir faire des stages ici pour apprendre à faire de véritables infrastructures. Je fais un long détour pour aller à Devil's Tower National Monument. 25$ pour franchir le site. Il ne m'auront pas. Franchement désolant l'endroit sauf que la montagne est impressionnante par sa forme. Les habitations sont rares au Wyoming. L'hiver plusieurs routes sont fermées en raison des nombreux blizzards. Les bourgeons n'ont presque pas encore sortis. Le sauge sauvage règne dans la prairie, sagebush est son nom. Son odeur est exquise. Les indiens le brûlait lors de cérémonie. La route 14 de Gillette à Sheridan est la plus belle empruntée à ce jour. Elle traverse des canyons, des prairies et des ranchs à l'infini. À mi-chemin j'aperçois avec extase les sommets enneigés des Rocheuses au loin. Le spectacle est à couper le souffle. Le contraste entre les Rocheuses et la prairie vallonnée est époustouflante. Je m'installe pour la nuit gratuitement à Tongue River Campground de Dayton dans Bighorn National Forest. À ce jour je n'ai pas débourser un sous pour camper. La neige est présente, le temps est assez frais. Le site dans la vallée encaissée de Tongue River est sauvage. La rivière est tumultueuse par la fonte des neiges. Deux ou trois campeurs tout au plus au free camp. La tranquilité absolue. Je crois comprendre que je suis plus sauvage que je le croyais en constatant les endroits que je recherche assidûment.

8 mai | Edgemont, Buffalo Gap National Grassland, South Dakota 

Lundi matin, c'est le bon moment de grimper le plus haut sommet de South Dakota, Black Elm Peak à plus de 2,207 mètres. C'est la plus haute montagne à l'est des Rocheuses. Après un copieux déjeuner au café de Custer, je file à Custer National State Park au départ du sentier à Sylvain Lake. 20$ pour entrer dans le parc, aucun bypass possible. Dans la saison touristique ou le weekend cela doit être pénible avec la horde de visiteurs. Les Black Hills et les Badlands font partis des destinations touristiques classiques. La randonnée passe à Black Elm Wilderness au coeur des Black Hills. En haut les chèvres de montagne broutent. Custer est la meilleure base pour faire des excursions sur les nombreuses routes panoramiques tout autour. Au sommet c'est frais, de la neige parsème les vallées. Les Black Hills sont une île dans la prairie. C'est un lieu sacré pour les multiples tribus indiennes qui se partage le territoire. Vingt-cinq pourcent de la population de South Dakota est indienne. La randonnée de douze kilomètres n'est pas très difficile avec un dénivelé positif de 450 mètres. Au retour je file vers Wind Cave National State Park. La route descend beaucoup pour atteindre le pied de la prairie. C'est beaucoup plus chaud. Le paysage est vraiment beau. Je fais deux courtes randonnées à Pine Ridge Trail et Canyon Wind Cave Trail. Les bisons sont nombreux. J'aime mieux ce secteur, c'est moins commercial que le mont Rushmore et les alentour. Je m'arrête à Edgemont pour la nuit. Le village est à Buffalo Gap National Grassland, la deuxième plus grande prairie des Etats-Unis. Le Wyoming et le Nebraska se retrouvent à quelques kilomètres. Je trouve un camping gratuit et un lavomat. Je nettoie la van et rempli mon réservoir d'eau. J'enlève la poussière que j'ai sur le corps sous une pompe à eau du camping désert. Je me sens mieux dans le backcountry que dans les trappes à touristes. J'y retrouve plus de beautés par l'authenticité des lieux. J'ai toujours préféré les chemins de travers. Ma solitude est plus facile à vivre en vanlife qu'à la maison. Demain je passe au Wyoming là où l'ouest américain débute véritablement. Le Midwest sera derrière moi.

7 mai | Custer City, Black Hills National Forest, South Dakota 

Hier soir au Sage Creek Campground des Badlands National Park on a mangé des steaks de bisons avec Félix et une jeune femme du Colorado. On a marcher au coucher de soleil sur les collines des prairies. Des coyotes ont hurlé à la brunante. Des lièvres, des moufflons, des chiens de prairies par centaines, des dindes sauvages, plusieurs espèces d'oiseaux se promenaient librement dans ce site unique dans mon voyage. La prairie a son meilleur ici avec des perspectives sur les Badlands. Ce matin je retourne marcher en traversant une rivière à sec. Un bison tout près ne regarde nonchalant. Je remercie la vie et je quitte vers Buffalo Gap National Grassland au pied des Black Hills National Forest. À Rapid City je m'achète des provisions, mon frigo est remplie de délicieuses denrées. Ensuite je file dans montagnes de pins sur la route panoramique qui traverse Custer State Park. En chemin je m'arrête prendre quelques photos du Mont Rushmore National Memorial et des têtes sculptées des présidents George Washington, Thomas Jefferson, Roosevelt et Abraham Lincoln. Gutzon Borglum a sculpté la tête des présidents qui lui semblaient les plus importants dans l'histoire des États-Unis. Donald Trump n'y est pas heureusement. Le temps est frais, quelques gouttes de pluie. Je fais parti des premiers touristes de la saison. Les Black Hills sont des territoires Sioux Lakota. En s'approchant de loin les montagnes prennent une couleur noire et sombre. Ce sont les pins qui revendiquent cette caractéristique. Je suis installé pour la nuit en boondoking, comme à l'habitude, à Big Rock Park à Custer City. J'ai droit à un beau coucher de soleil. La ville est l'idéal pour y passer la nuit. Demain je serai à quelques kilomètres du point de départ pour les plus belles randonnées des Black Hills.

6 mai | Sage Creek Campground, Badlands National Park, South Dakota 

Beaucoup de pluie et de vent cette nuit. Béa et moi étions sur un chemin de terre à 700 mètres de la route pavée. J'ai réussi de peine et de misère à sortir de là ce matin, la route étant devenue de la boue. Je file du côté nord des Badlands National Park. Un grand camping du parc apparaît. Je m'arrête prendre une douche, remplir mes bidons d'eau et je prend mon petit déjeuner. Ensuite je vais marcher quelques heures sur Notch Trail. En van je poursuis sur la route panoramique du parc. Je me croirais dans la version miniature du Grand Canyon. Le décor est splendide. C'est la première fois depuis mon départ que je vois de véritables touristes et campeurs. Je discute à plusieurs d'entre-eux. Plusieurs belvédères offrent des vues époustouflantes. Je poursuis à l'extrémité ouest du parc sur un long chemin de terre. Je m'arrête à Sage Creek Campground. L'endroit est à couper le souffle. Le camping rustique est gratuit. Cinq campeurs seulement sont sur le site. Des bisons en liberté pataugent à travers les campeurs. Des centaines de chiens de prairies sifflent. Je suis au cœur du meilleur de ce que la prairie peut offrir. Il est tôt mais l'endroit est trop cool. Demain j'irai marcher autour. Je rencontre un jeune québécois, il est seul. Les campeurs sont tous très sociables, c'est très agréable. L'été dans le parc, le thermomètre peut grimper jusqu'à 47 degrés. Il vente souvent et les orages sont nombreux. Je nettoie Béa de sa boue. Je suis content, la vie est bonne en ce moment.

5 mai | Badlands National Park, Rockford, South Dakota

Un vent chaud planait hier en soirée à  Valentine National Wildlife Refuge au Nebraska. Je me suis couché la porte de la van ouverte en regardant l'un des plus beaux spectacles qu'il m'a été donné d'admirer. Des orages électriques pendant des heures ont teintés l'horizon. Aucune pluie. Un étrange animal hurlait comme une femme en détresse. Ces cris combinés avec les orages devant Duck Lake étaient absolument terrifiants. Durant la nuit un vent puissant faisait bousculé le campeur au point de me demandé si je devais déguerpir avant d'être souffler dans le lac. Tout à coup le vent a cesser, je me suis rendormi. Au lever le ciel était nuageux. Dans les Sand Hills des orages dispersés ont ornés l'horizon toute la journée. Je me croirais dans le désert du Nevada. Les immenses ranchs dans le nord du Nebraska possèdent plus de 2,000 bêtes. Vers midi, je prend une pause au Samuel R. McKelvie National Forest en passant à côté de Merritt Reservoir. À travers cette région semi-désertique c'est un oasis de grands pins, mes préférés, qui apparaît soudainement. Je suis seul au milieu de nul part. Des bancs de neige jonchent les rares arbres adossés aux paturages. Je me prépare sur une grande table à pique-nique, un grand sac mêlé de piments rouges et verts, d'oignons, de tomates et de concombres finement coupés. Dans un plat, je mets de l'avocat et des fèves noires broyées. La préparation à l'intérieur des tortillas devient un gueuleton rapide et nourrissant. 

Ensuite je traverse du Nebraska au South Dakota. De l'autre côté l'agriculture réapparaît. Je suis dans les grands territoires et réserves indiennes des Sioux et Lakota. La plupart vivent dans les Dakotas, leur territoire est immense. La route est cabossée, j'ai l'impression d'être revenu dans la tribu du Québec au Bas Canada. Des déchets partout parsèment les villages et les champs. La communauté indienne Sioux est la plus pauvre des États-Unis. Un million d'habitants vivent au South Dakota. La route est monotone du côté de South Dakota dans les réserves indiennes que je traverse. Je dois être prudent pour garder le réservoir d'essence rempli et ne pas bifurquer dans le sable avec la van. Les routes sont complètement désertes. Parfois, sur une heure, je ne croise aucun véhicule. Des indiennes vendent des tapis et des couvertures sur le bord des villages. En fin d'après-midi, au milieu d'orages intenses, j'arrive à l'entrée de Badlands National Park. Le parc est sur les terres des Sioux et administré par eux. Le visitor center est fermé. Je roule quelques kilomètres longeant le parc. Des formations argileuses spectaculaires me rappellent les grands parcs nationaux de l'Utah. Les Badlands signifient terres impropres à l'agriculture. Je prend un chemin de terre et m'enfonce un kilomètre à l'extérieur du parc. La pluie et le vent m'interceptent brutalement, les orages électriques sont puissants. Les éclairs traversent le ciel inlassablement, je crois rêvé. Mon testament est déjà fait. Si j'avais à mourir, aussi bien le faire à l'aventure que de succomber en regardant le téléviseur à la maison. Je fais confiance, Saint Christophe, patron des voyageurs m'a toujours accompagné dans mes aventures. Je possède son effigie dans le campeur.


4 mai | Duck Lake, Valentine National Wildlife Refuge, Sand Hills, Northern Nebraska 

Je me réveille ce matin dans le décor somptueux des Sand Hills. C'est une région semi-désertique avec des grosses dunes de sable recouvertes d'herbes. Pas d'agriculture dans les Sand Hills, que de l'élevage à grande échelle. Chaque centimètres de terres appartient aux ranchos. Des clôtures partout. Un bluff est un promontoire, un marsh un marécage d'herbes hautes, un creek une rivière. Ces noms font partie du vocabulaire dans l'ouest. Je m'arrête au Nebraska National Forest. Je fais une randonnée pédestre dans les dunes recouvertes d'une forêt complètement dévastée récemment par un incendie majeur. Je me dirige à la tour à feu en piteux état. Le gardien devrait être en train de boire son whisky au moment de l'incendie. Le sous-sol des Sand Hills regorge d'eau fraîche. Valentine National Wildlife Refuge est mon second arrêt en début d'après-midi. 

Depuis aujourd'hui mes distances en van seront réduites pour prendre le temps d'admirer ce qui défile devant moi. La différence d'un refuge avec un state park est que je peux y dormir sans tarif ou restrictions. Il n'y a aucun campings ou de services au refuge. L'endroit est très sauvage à trente kilomètres de la route principale. Je suis complètement seul. Du Duck Lake où je campe, je pars en randonnée pédestre pour quelques heures. La beauté est partout. J'ai du flair pour trouver les endroits hors des sentiers battus. Le refuge regroupe plusieurs lacs dont les eaux de la nappe phréatique remontent à la surface. Il y a une faune extraordinaire tout autour à cause des lacs. Il y a rien de plus magnifique qu'un plan d'eau dans le désert. Un étang tout près regorge de rats musqués géants et de bosquets de fleurs odorantes. C'est mon premier bel arrêt depuis mon départ et de très loin. Des orages dispersés se faufilent au dessus de ma tête en randonnée à Rice et Marsh Lakes. Dans la journée un type me dit que l'allée des tornades passent plus au sud depuis plusieurs années. L'est du Kansas, de l'Oklahoma, du Mississippi et de l'Arkansas recensement la plupart des tornades dévastatrices. Marcher ici seul dans cette nature éblouissante est très zen. Je m'y sens mieux que nul part ailleurs. Par contre dans quelques semaines la chaleur deviendra insupportable. Pour avoir traverser le Canada vers l'ouest, je peux confirmer que les prairies américaines sont largement plus jolies. Des cygnes trompette planent au dessus du lac. Des orages électriques éclatent sans cesse à l'horizon. C'est au Nebraska et au Kansas que l'on retrouvent les plus beaux orages en Amérique du Nord. L'air est bon, ma porte est ouverte. Je suis heureux et libre. En temps réel je suis sur Polarsteps. Mes images se retrouvent sur ma page Facebook et dans ma galerie Flickr. Ces liens se retrouvent en haut de ma page Facebook.


3 mai | Judkins Hill, Arnold, Sand Hills, Nebraska 

La journée qui débute aujourd'hui n'est pas fameuse en terme de paysages dans son entière partie. Platte River Valley est sans contredit bien platte. La rivière fait 500 kilomètres d'ouest en est. Son lit est sablonneux, la rivière peu profonde. L'Oregon et Pionneer Mormon Trails passent sur toute la longueur de la vallée. Je suis dans Corn Belt. Les bassins aquifères du Nebraska possède l'un des plus grand bassin d'eau souterraines des États-Unis et probablement au monde. À trois pieds seulement, et cela partout, de l'eau fraîche jaillie en abondance. C'est pour cette raison que les grandes cultures sont omniprésentes. Le long de Platte River d'immenses silos à grains se déploient à l'infini. Mon premier arrêt est Pionneer Village Museum à Minden. Il y a de tout en passant par des maisons, des diligences, des avions, des autos, des antiquités pleins la baraque et j'en passe. Il y en a pour des journées à voir toutes ces reliques. C'est un musée privé, le plus important du Nebraska. Le long des rivières, peu ou pas d'habitations et de routes présentes, on se méfient des inondations.


Le régime des pionniers était constitué de lard, de pain, de bacon, de fève, de crêpes, de biscuits, de thé et de café. Ça sent les pesticides dans la vallée. Sur la route, des historic marker proposent des renseignements pertinents. Les trains remplis de charbon et de marchandises diverses défilent sans cesse. Les découvreurs et les pionniers ont emprunté les traces des indiens. Ils ont suivis leurs trails pour vivre. Des pistes, des chemins de fer, des routes ont été créé jusqu'à nos jours avec les interstates. La vitesse est le mal du siècle avec internet et l'informatique. On appelle cela le progrès. Plus loin je m'arrête à Fort Kearney Historic Site. C'est ici que vraiment les peuplements s'amenuisent vers l'est au XIXème siècle. Au delà, vers l'ouest apparaît la région semi-désertique. Presque plus personne. À Gutenberg je discute avec le guide du Pony Express Station. De l'endroit je quitte cette vallée non inspirante et l'Oregon Trail pour le nord, direction les Sand Hills. À Judkins Hill d'Arnold, je m'installe pour la nuit. Ici débute véritablement le périple. Les Sand Hills sont des dunes de sables qui font entre 550 mètres à 1100 mètres en se déplaçant vers l'ouest. Des canyons profonds et des cactus font leurs apparitions. Je suis subjugué. C'est l'apothéose après tous ces nombreux kilomètres parcourus. Les nuits sont froides, le vent omniprésent, peu m'importe, je suis dans l'instant présent et l'extase.


2 mai | Davenport, Southern Nebraska 

Après mon yoga, je pars à la découverte d'Hollenburg Pony Express Station State Park d'Hanover à la frontière du Kansas et du Nebraska. Je suis étonné de constater qu'il y a eu beaucoup de canadiens français qui ont marqués l'histoire du Midwest. La plupart étaient des trappeurs. Depuis aujourd'hui, je dois garder le réservoir d'essence templi. Les distances sont grandes et les stations d'essence rarissimes. Plus je me dirige vers l'ouest et moins il y a d'habitants. Le printemps est très tardif de ce côté, les bourgeons peine à s'ouvrir. Partout de grandes terres agricoles. Il y a peu de maisons et de circulation sur les routes. L'irrigation est omniprésente avec des immenses tubes hydroliques sur roues. Sans ces massifs outils ce serait le désert. Les cours d'eau s'assèchent vite. Beaucoup de rangs en terre sont de poussière fine. Je ne prends jamais ces chemins car je devrais passer mon temps à nettoyer Béa. Le sol et le fond des rivières sont sablonneux.


Hollenburg Station Historic State Park était un ravitaillement pour les pionniers vers l'ouest sur l'Oregon Trail et un arrêt du Pony Express. L'ancien ranch devenu un gite est situé à Cottonwood Creek. Cette messagerie à chevaux a existé dix huit mois à compter de 1860. Il a fait faillite à l'arrivée du télégraphe. Il partait de St Joseph au Missouri jusqu'à Sacramento en Californie. Le site est magnifique. Je suis seul ici pour admirer les lieux. Ensuite je délaisse les paysages vallonnés du Kansas vers le Nebraska. Ici le terrain où je passe est plat comme une crêpe. Je me dirige vers Rock Creek Station State Park. Des légères ondulations marquent l'endroit. Les rivières ici se nomment des creek. C'est de toute beauté. C'est ici le plus bel arrêt depuis mon départ. J'adore l'itinéraire que je trace au jour le jour. Depuis mon passage à Missouri River, je suis en parfaite harmonie avec ces grands espaces. Deux millions d'habitants vivent au Nebraska. À Rock Creek Station, l'Oregon, le Pony Express et l'Overland Stage Trails y firent un arrêt pour le ravitaillement. L'Overland Stage offrait du transport en diligence pendant neuf ans à partir de 1860 du Kansas à Salt Lake City. Les stagecoach ou diligence en français était des transporteurs de devises, de courriers ou de passagers. Les meilleures diligences provenaient de Concord au New Hampshire.  Ils étaient acheminées par train jusqu'au Missouri. Ce soir je suis installé à Davenport au sud du Nebraska. Seul les nombreux trains brisent le silence dans la prairie. Je suis très heureux de ma journée.


1er mai | Kimeo, Northern Kansas

J'ai bien planifié mon programme en visitant Kansas City dimanche en évitant le trafic. Mon passage à Saint Louis et Kansas City ne fut pas une mince tâche, préférant davantage les grands espaces sauvages. Ce matin lundi, changement d'huile et remplissage du propane à Topeka, capitale du Kansas. C'est une ville très étendue et peu attirante. Je m'achète des chocolats fins, fais l'épicerie et file vers la prairie ou ce qu'il en reste. En réalité la prairie est cultivée dans son ensemble et cette biodiversité n'existe pratiquement plus. Je longe Kansas River en croisant l'Oregon Trail, mon objectif. À une cinquantaine de kilomètres après Topeka, j'intercepte enfin la prairie. De beaux vallons dénudés semi-désertiques me séduisent. Je prends des routes rurales. Personne à part des ranchs épars et quelques fermiers. Trois millions d'habitants vivent au Kansas comparativement à l'Illinois qui possède treize millions. Les routes sont calmes. Le ciel est bleu, sans nuages. La température semble vouloir lentement se réchauffer. Les colons qui émigrèrent dans l'ouest au XIXème siècle achetaient leurs fourgons 100$. Cela représentaient une fortune pour eux à cette époque. Je croise des anciens sites de campements sur l'Oregon Trail, c'est fort intérressant. Je possède deux bons livres sur le sujet vraiment intéressant et agréable à suivre. Le premier train intercontinental a entré en service en 1869, ce qui mis un terme aux grandes caravanes. Lors de la Grande Dépression et du crash vers 1930, les fermiers du Kansas et de l'Oklahoma émigrèrent vers la Californie. Dans la même période un phénomène appelé Dust Bowl amplifière l'émigration. Des énormes nuages de poussières combinés par la sécheresse et de mauvaises pratiques agricoles ont accentué l'exode. Aujourd'hui les états qui attirent les familles par le boum économique sont le Colorado, le Texas, l'Arizona et la Floride. Les américains sont prêts à déménager rapidement d'un état à l'autre pour obtenir des emplois. Je me sens bien ici. J'aime entendre le vent dans les prairies. Des bisons pataugent pas loin d'ici. Les chouettes hurlent au coucher de soleil.


30 avril |Edgerton, Eastern Kansas 

Au réveil je visite, à quelques rues où j'ai passé la nuit, le vieux pénitencier d'état du Missouri à Jefferson City. Cet établissement fermé en 2004 a accueilli pendant 168 ans, les criminels les plus endurcis du Midwest. C'était le plus grand pénitencier à l'ouest du Mississippi. Ensuite je prends quelques photos du Capitole. Je reprend la route par des vents puissants après le petit déjeuner. Je garde les mains au volant, vigilance sur la conduite. Le Missouri est un état avec des valeurs très conservatrices et religieuses tout comme les états voisins du sud profond. C'est un état pro-vie. Des publicités payées par les groupes religieux dénoncent à la radio l'homosexualité. Les églises sont présentes partout. L'ordre et la justice sont appliqués avec rigueur. La répression est davantage exercée que la réhabilitation surtout pour les communautés noires. C'était jadis un état esclavagiste de l'Union. L'état est peu peuplé. Beaucoup de forêts et de petites montagnes parsèment le territoire. Les routes sont belles et peu achalandées.


En poursuivant la route Lewis et Clark Trail le long du Missouri River et, à ma grande surprise au village d'Arrow, la route bifurque sur l'ancienne Santa Fé Trail. Plus loin j'atteind Independance City en banlieue de Kansas City. C'est l'un de mes grands objectifs du voyage, celui de me retrouver à l'endroit d'où les grands convois de la conquête de l'ouest débutèrent leurs périples. Entre 1820 et 1870, 300,000 personnes ont entrepris leurs aventures dans le but de rechercher une vie meilleure en Oregon, au Nouveau Mexique ou en Californie à la ruée vers l'or. Independance Square était le point de ralliement des familles venus de l'est des États-Unis avant le grand départ. Je me retrouve au McCoy Park où les convois se réunissaient pour avec beaucoup d'émotions. Ensuite j'ai fait une visite rapide en van de Kansas City au Missouri et au Kansas. Deux millions et demi habitent cette cité moderne et riche qui ne cesse de s'agrandir. La ville est située sur un promontoire au confluent des rivières Missouri et Kansas. Il y a plusieurs grattes-ciel ce que Saint Louis n'avaient pas. Deux villes de même dimension avec deux univers complètement différent.


Plus tard je me dirige vers Gardner à la sortie de l'immense agglomération de Kansas City en suivant la State Line entre le Missouri et le Kansas. Gardner est le carrefour où bifurquent les trails de la Californie, de Santa Fé et de l'Oregon. Un petit kiosque dans un champs au milieu de nulle part indique, à l'aide de cartes, les informations pertinentes de la conquête de l'ouest. Encore une fois je suis très ému. Deux siècles plus tard, je m'apprête à prendre l'une de ces directions avec mon propre fourgon. À quelques kilomètres du memorial, je trouve un endroit à dormir derrière une ancienne caserne de pompier. Je suis à Edgerton au Kansas. C'est une étape importante du voyage, je suis fébrile tout comme devaient l'être les émigrants en 1820. Mai débute demain et les familles qui partaient vers l'ouest au XIXème siècle avec leurs wagons partaient aussi en cette période afin de traverser les Rocheuses avant l'automne. Je vis un rêve, l'americain dream.

29 avril | Jefferson City, Missouri 

La température ce matin pour le vélo et le village où j'ai passé la nuit était déprimant. La seule chose agréable dans cet endroit fut la douche chaude prise dans un camping quasi abandonné. Ensuite j'ai décidé de parcourir en van une partie du circuit à vélo loupé qui devait être le plus beau de l'Illinois. Certes les plus beaux paysages mais tristounet comme cet état qui m'a semblé ennuyant. Je prends le traversier plus loin à la rencontre du Mississippi et de l'Illinois River. Le ciel est bleu mais le vent est fort. Des maisons sont construites très hautes sur des pilotis le long de la rivière pour éviter les inondations. À vrai dire j'étais très excité au passage à Saint Louis. Cette ancienne ville française est affreusement laide. Je n'ai trouvé rien d'autres à faire que de prendre une photo d'Arch Gateway , l'emblème de la ville avec ses 192 mètres. Elle représente la conquête de l'ouest par Lewis et Clark qui ont découvert les Rocheuses au Montana par le fleuve Missouri aidé de nombreux indiens. Saint Louis a trois millions d'habitants. Elle est située aux confluents du Mississippi, du Missouri et de l'Illinois River. Très étendue, c'est une ville très malpropre dans plusieurs secteurs. 80 pourcent de la population est noire. En 2010, la ville était la plus dangereuse des États-Unis avec 2,100 actes d'origine criminelle pour 100,000 habitants alors que la moyenne nationale tourne autour de 430. Il aurait été impensable d'y passer la nuit avec tous les drogués, alcooliques, itinérants et zombies partout qui dorment par terre ou adossé sur des entrepôts. Des quartiers immenses de dépressifs. La conduite automobile est dangeureuse, un chauffard m'a évité de justesse. Des déchets jonchent une grande partie de cette ville immonde. C'est mon plus grand choc du genre aux États-Unis. Des terrains vagues où jadis des maisons jonchaient les quartiers, à d'autres endroits des maisons abandonnées et habitées par des squatters, voilà ce que je retiens de mon passage à Saint Louis. Le centre-ville ne possède aucunes rues animées de restaurants et de piétons. Les édifices ne possèdent aucun intérêt architectural ou historique.

Heureux hasard ou pur instinct, j'atterri sur la route historique 66. Je traverse la ville sur un trafic lourd avec ses banlieues tentaculaires. Toutefois ce fut agréable car différent. Par chance c'était samedi. Ici toutes les franchises américaines s'enchaînent dans un sordide décor. En sortant de la ville, la route 66 devient la route 100 qui se nomme Lewis and Clark Trail. Elle longe le fleuve Missouri. J'ai de la chance, c'était mon plan initial. Au sud de Saint Louis la région de nomme American Botton, le fond américain. Large territoire et très peu élevé le long du Mississippi, de sévères inondations ont lieu régulièrement. En sortant de Saint Louis vers l'ouest de beaux paysages verdoyants de douces montagnes, c'est le plateau Ozark qui fait si tu apparition. Les points culminants des montagnes Ozark sont principalement au sud de l'état, de l'Arkansas, de l'Oklahoma et du Kansas. C'est un vaste territoire boisé et le plus grand massif montagneux entre les Appalaches et les Rocheuses. C'est une région que je visiterai dans un futur voyage. Toute la journée j'ai roulé allègrement au son du jazz et du country. Les pousses apparaissent dans les champs. La route zigzague sans arrêt. J'avais mentionné auparavant dans le blogue qu'en franchissant le Mississippi j'entrais dans l'ouest. C'est une erreur de ma part car le Midwest s'étend largement au-delà. Le Kansas, Nebraska, Dakota du Sud et du Nord ferme le Midwest vers l'ouest. Des sauterelles me souhaitent la bienvenue sur mon pare-brise. En fin d'après-midi je termine mon invraisemblable journée dans le centre-ville de la capitale du Missouri, Jefferson City avec plus de 43,000 habitants. C'est une ville propre avec quelques belles artères animés et ombragées au dessus d'une haute colline. Elle s'adosse au Capitole et au-dessus du Missouri River. Je passe la nuit dans une petite rue tranquille près du vieux pénitencier qui a fermé ses portes il y a une quinzaine d'années. Une tornade a fait ravage en 2019. Je m'y sens en sécurité comparativement à Saint Louis. Les places pour bondooker ne manque vraiment pas. Il tombe une pluie légère.


28 avril | Kampsville, Illinois River, Western Illinois 

Parfois je m'étonne de constater que des lubies me portent. Par exemple celle de vouloir propret tout ce que je touche. Par exemple, mon blogue indique une volonté de contrôle. La solitude porte son lot de folie. Parfois je trouve trop charmant mes écrits, mes histoires de voyage, sans prolongement. À force de solitude, je perçois de petits détails insignifiants ou que sais-je. Marguerite Duras a vécu la solitude de sa vie, dans ses livres. Elle raconte l'agonie d'une mouche en train de succomber. Duras a immortalisé une vulgaire mouche. Ses lecteurs se souviendront de cette mouche des décennies après la mort de l'insecte insignifiant. Et si c'était un chien ? L'art porte la folie. C'est le prix à oser sortir et crier. Quelles sont les choix véritables que nous avons? Je n'ai pas toutes les réponses. Dans le silence j'entends l'écho de mes pensées. Et puis il y a les trains. Ils sont partout. On sais quand ils passent par leurs murmures, surtout ceux de la plaine, la prairie. Ils sont lié, leurs histoires sont communes. Jack Kirouac partait avec ses amis vers l'ouest. Une fois arrivé à destination il faisait chemin inverse vers l'est et cela de façon intermittent telle le train qui prêche la récidive. 


Je quitte Nauvoo, après un petit trainning et yoga. Je traverse le Mississippi vers l'Iowa à Fort Madison. Le fort est une oeuvre historique intéressante pour mon accueil dans l'ouest. L'ambiance diffère du côté du fleuve, plus décontracté, plus western. Plus loin je mange un sandwich aux oeufs à Beokuk
, petite ville historique au confluent de la rivière des Moines et du Mississippi. Un vétéran anti-trumpiste me raconte l'histoire de la ville. Ensuite je traverse au Missouri. Le paysage est joli. Je reprend le pont une autre fois vers l'Illinois pour m'installer à Kampsville sur la rive de l'Illinois River. Il y a là un village de 350 habitants qui ne possède aucun épicerie mais que des bar grill. Je choisi l'endroit car dans mon guide de vélo m'indique le plus beau circuit de l'état. Je campe près du traversier gratuit sur la rivière Illinois et en arrière du musée de l'archéologie. La région est une péninsule vallonnée entre le Mississippi et l'Illinois River, beaucoup de fossiles préhistoriques d'animaux qui s'y retrouvent. Une grosse tente en manque d'amour surnommée le Pavillon offre à boire et du fast food. Les gens ont tous au moins 50 à 75 livres de trop. Je prends de l'eau minérale et une frite. Je tenais à faire ce parcours à vélo car les prochains états que je traverserai, je n'ai pas de guides à vélo pour la bonne raison qu'ils n'existent pas. Mon plan, tel que prévu, sera de pointer les beaux endroits pour la randonnée pédestre. Les sites ne manqueront pas, j'en suis assuré, parole de vétéran du plein air.


26-27 avril | Nauvoo, Mississippi River, Western Illinois 

Le beau temps est arrivé. Je suis en journée d'arrêt à Nauvoo prenant largement du soleil bien mérité. Je campe sur les terrains historiques des mormons, d'où jadis une ville prospère et florissante jaillissait. C'est ici que tout à commencer pour eux. Le fleuve est très étroit où je me trouve. J'ai marcher quelques heures lentement à travers les vieilles habitations rénovées près du Mississippi. Des hordes d'oiseaux migrateurs s'y réjouissent. Le fleuve déborde ces temps-ci mais rien de catastrophique. Des mormons habillés de costumes d'époque m'accueille au passage. Sept millions de mormons vivent dans le monde et ce chiffre ne cesse de croître. Je me rend au gigantesque temple situé sur la colline adossé au village. Des hommes et des femmes tout de blanc vêtu m'indiquent que le temple est réservé aux membres. Pas de soucis j'ai pas la tête à parler de religion ni à me faire convaincre de quoi que ce soit. Toutefois les gens sont respectueux. Je ressens de la fatigue la gastro se dissipe graduellement après trois journées d'inconforts. Le soleil et de plus fréquentes pauses me seront bénéfiques. Reconsidéré mon alimentation quotidienne sera mon objectif dès maintenant. Si j'avais à refaire ma vie, j'habiterais en région dans une petite ville. Je ressens la solitude à l'arrêt. Je converse avec quelques gens. Tous me saluent sans exception. À Québec on ne se rend même pas compte que j'existe. On m'invite à manger des sandwichs, on me parle de la famille, du travail et du bonheur de ne pas vivre dans les cités. Le père, en privé, me dit qu'il cherche à marier sa fille en vain. Des pompes reliant des puits sont accessibles partout sur le site avec de l'eau fraîche. Le lieu où je dors est un carrefour de socialisation du village face au fleuve. Mon campement est situé à côté du Pionneer Memorial d'où débute Mormon Pionneer Trail vers l'Utah. À l'intérieur des milliers de noms présentent ceux qui sont décédés dans l'exode. Aucun noms de mes ancêtres y sont inscrits.


Le printemps est plus tardif dans le Midwest, j'en suis étonné mais pas mécontent. Mon spot cette nuit est éblouissant, je suis ému. Je n'utilise jamais d'applications pour les endroits où je dors. Mon flair est imbattable à ce niveau. En route je traverse l'llinois River. Beaucoup de barges m'indiquent l'important trafic fluvial. Je prévoyais faire une randonnée à vélo mais les vents forts m'ont fait changer d'avis. Je décide de faire du lavage en chemin, remplir mes réservoirs et mes bidons d'eau fraîche. Dans le Midwest tous les lacs sont artificiels, l'eau étant des ressources précieuses. Plusieurs fermes possèdent de petits lacs artificiels aussi. Maintenant mon objectif est d'atteindre Nauvoo, village historique de 950 habitants sur la rive du Mississippi. Le fleuve est le quatrième plus long au monde avec 3,800 kilomètres, il débute au Minnesota et se termine en Louisiane dans le golfe du Mexique. Nauvoo était une ville importante aussi peuplée que Chicago en 1840. Joseph Smith, fondateur du mormonisme s'installa à Nauvoo pendant six ans avec ses fidèles. En 1846 une émeute anti-mormons éclatère et Joseph fut tué en prison à Carthage, non loin d'ici. Son successeur, Brigham Young décida d'immigrer avec la communauté à Salt Lake City en Utah à 2,100 kilomètres de Nauvoo. La Mormon Pionneer Trail était née. Nauvoo est vraiment un oasis de paix surtout un endroit symbolique pour faire une pause prolongée avant de traverser le Mississippi pour la conquête de l'ouest. Ce site exceptionnel mérite d'y prendre son temps. Événement rare, un nid d'aigle à tête blanche est situé au cime de l'arbre à mes côtés. Je ne suis pas dans la saison touristique, le village est tout à moi. Les lieux pour faire du boondoking ne manque pas. Je suis arriver à une étape importante de mon voyage, la véritable aventure débute ici. Je suis en face de l'Iowa et à quelques kilomètres du Missouri. Nauvoo est située entre Chicago, capitale du jazz et St Louis, capitale du blues. Je suis tellement content que la chaleur se pointe. Mon objectif est atteind. Je ne voulais pas passer le Mississippi avec des chaleurs torrides car j'aurai manqué une étape importante. Les trois derniers états traversés ne sont rien à côté de ce qui m'attends de l'autre côté du fleuve. Des couples mormons passent et discutent avec moi. Le fleuve est un important passage d'oiseaux migrateurs. Je suis au bon moment, au bon endroit.


25 avril | Sangamon River, Athens, Central Illinois 

Un policier est venu frappé à ma porte cette nuit. Voyant ma bonne gueule, il me dit gentillement de rester pour la nuit. Visite de Bloomington ce matin, il fait froid, le temps maussade. Le campus est immense, il prend toute la place du centre-ville. Aucune industries lourdes ici, que des entreprises de service. Faudrait prendre l'indice du bonheur dans les statistiques des meilleures villes pour vivre. Le centre de l'Indiana est vallonné, assez vert, plutôt joli. Sur la pause du midi en voulant faire mon Indiana... Jones j'ai fait demi-tour dans un gazon trop mouillé, je m'y suis embourbé. Essayant mes "tracks" à neige, je fut incapable de me sortir de ce pétrin. M'ayant acheté un câble en nylon l'an dernier pour un incident du genre, je marche jusqu'à la première maison sur le rang désertique. Un homme âgé et presque sourd se précipita avec son camion pour me sortir de là. Ce fut difficile, on y est arrivé. Ensuite vers l'Illinois en traversant Wagash River qui fait la State Line, le terrain devient cruellement plat. C'est le royaume des agriculteurs. C'est difficile d'imaginer qu'il y avait des arbres ici jadis. Les tracteurs sont gigantesques. Le sol est très riche. Autrefois l'Illinois appartenait à la France, c'était le grenier de la Louisiane française. Au premier village rencontré, une tornade a laissé sa trace le printemps dernier. Des arbres arrachés, une dizaine de toitures de maisons soulevées et un garage détruit. "Cruise control" en ligne droite durant des heures, j'arrive à Springfield, capitale de l'Illinois. Abraham Lincoln y a été enterré derrière le Capitole. La ville est laide, il n'est pas question d'y dormir. Le contraste est frappant entre Bloomington et Springfield. Par hasard je croise la route historique 66. J'y roule quelques kilomètres. De 1925 à 1985, cette mythique et légendaire route surnommée "mother of the road" fait 4,000 kilomètres entre Chicago à Santa Monica en Californie. Les insterstates l'ont liquidés. Les villes dans le Midwest sont très étendues, c'est le royaume de l'automobile. En quittant cette sordide ville je trouve mon plus beau spot du voyage sur Sagaman River. Je me sens mieux, il fait plus chaud. Je lave la van, comme à tous les jours, je prends une douche... à la débarbouillette et me lave les cheveux dans l'évier. Ensuite je mange des céréales en écoutant Chuck Berry.


24 avril| Bloomington, Central Indiana 

Ce fut glacial la nuit dernière. J'ai eu des crampes à l'estomac et des douleurs partout accompagné de grande fatigue cette nuit. Je crois avoir attraper une bactérie dans l'eau ou dans quelques choses que j'ai mangé. J'ai filé en Indiana, ne mangeant que quelques fruits. L'Indiana est moins peuplé que l'Ohio, plus vert et plus tranquille. Il y a beaucoup de chapelles, nous sommes dans le Bible Belt. Les fermes ont des dimensions plus humaines. Il y a de petits vallons ici et là, c'est agréable à traverser. L'état est plus petit que l'Ohio. Les plus beaux paysages de ces deux états se situent dans le sud. En route je m'arrête au Whitewater Historic Canal à Metamora. Très typique est l'ensemble des maisons de bois habitées et flétries en pleine nature à côté du canal. La plupart des habitants sont des artisans. C'est un arrêt incontournable. Je passe la nuit à Bloomington sur la rive d'un lac sauvage et urbain. Des sentiers partent du stationnement. Bloomington est la 20ème ville aux États-Unis pour sa qualité de vie. C'est une cité incroyablement verte remplie de beaux parcs urbains. Plus de 55,000 étudiants universitaires y séjournent dans un cadre idéal. C'est l'une des plus prestigieuse université des États-Unis. Beaucoup de retraités d'Indianapolis et de Chicago choisissent cette agglomération de 80,000 habitants pour y vivre. De nombreuses pistes cyclables traversent la ville et tout est vraiment magnifique. Par contre le coût de la vie y est élevé. Bloomington est située entre Indianapolis au nord et Louiseville au sud au Kentucky. À l'est est situé Cincinnati en Ohio et St Louis à l'ouest au Missouri sur la rive du Mississippi. J'évite toutes ces grandes métropoles. Dans les prochains jours j'atteindrai le couloir des tornades aux États-Unis. Des alertes sont envoyés dans les téléphones en cas de tempêtes majeures. Le téléphone n'a pas besoin d'être ouvert. Si une alerte se déclenche faut s'abriter immédiatement au sous-sol d'un édifice. Sinon faut rouler rapidement en direction opposée de la tornade. Un ami d'un ami est décédé dans sa roulotte en Alabama sur le golfe du Mexique, il y a un mois de cela en pleine nuit, au moment le plus vulnérable. Ce soir la chaleur est enfin revenue. Vers l'ouest le climat s'assèche de plus en plus. Douglas, un retraité aisé de Bloomington est venu m'offrir des fruits et des barres tendres pour la route. Il a apprécié faire la connaissance de Béa, ma van et du québécois perdu que je suis dans le Midwest.


23 avril | Oxford, Southwestern Ohio 

Le ciel est vaste dans la plaine, ma tête est toujours dans les nuages. Vents dominants et puissants de l'ouest avec moins cinq degrés au départ à vélo de New Bremen ce matin. Quatre épaisseurs de chandails, tuque et mitaine pour parcourir cinquante kilomètres. Je ne suis pas pressé, rien ni personne ne m'attends. Le paysage est morose, le ciel est gris, les champs sont bruns, c'est la période de l'épandage. La contrée est mortellement plate, je ne pourrais pas vivre ici, par contre avec les cultures maraîchères sous le chaud soleil, le paysage doit être plus joli. J'aime mieux toutefois me retrouver dans le froid en ce moment, l'été il serait impensable d'y faire du vélo dans la chaleur torride de la plaine. Mieux être trop tôt que trop tard dans la saison. À mi-chemin, à vélo, je m'arrête me réchauffer à Loramie State Park. Des campeurs ont laissé des braises au camping. Tout est parfait pour le moment, j'ai fait mes randonnées aux endroits que j'avais planifié. Je traverse un grand territoire catholique, plusieurs villages arborent leurs églises distinctes. Un type me dit que c'est très stricte la religion de ce côté, que ce soit de confession protestante, catholique ou amish. J'ai déjà lu que plus les paysages sont rudes et austères, plus il y a de la pauvreté et plus les gens ont besoin de croire aux dieux. Aujourd'hui internet a remplacé les dieux sans parler de l'intelligence artificielle. Je passe à Hoosier Hill, le point le plus élevé de l'Indiana à 383 mètres. Je roule en van sur State Line Road bordant l'Ohio et l'Indiana sur soixante kilomètres, désolation du plat pays. L'essence est pas chère. Mon vélo est en parfaite condition, ma van et moi-même. Je mange et je dors bien, sinon il me serait impossible de voyager ainsi. C'est très excitant de découvrir chaque jour de nouveaux horizons, dormir dans un endroit différent chaque nuit. Personne ne me connait. Totalement incognito, je ne suis pas abruti par la routine, l'ennui et l'habitude. Ce soir je suis installé à Oxford, ville universitaire assez jolie. Il y a beaucoup de bons restaurants et de cafés abordables. Je prépare du riz au boeuf haché et aux légumes. Il fera très froid cette nuit. Je suis garé au fond d'une rue cul-de-sac appuyé à une large haie pour me protéger des vents de la plaine. Quelques flocons de neige se réfugie sur mon pare-brise.

22 avril | New Bremen, Western Ohio 

Je suis fier de moi car aujourd'hui, comme prévu, j'ai fait ma première randonnée à vélo du voyage. Au départ d'Hunstville, j'ai parcouru 55 kilomètres en boucle dans les vents constants et puissants. Au départ, il affichait dix degrés, la pluie forte est tombée toute la nuit. Heureusement le terrain fut plat avec de douces ondulations. La route passe à côté du plus haut sommet de l'Ohio, Campbell Hills à Bellefontaine avec 472 mètres. Ce ne fut pas ma plus excitante sortie à vélo mais j'étais seul la plupart du temps sur les routes de campagnes. Je ne voulais pas manquer ça, j'étais dû pour un grand bol d'oxygène. 


Partout à l'horizon des champs à perte de vue, des fermes immenses et de nombreuses communautés amish. En arrêtant caresser un cheval, une famille constituée de douze enfants ont cessé de travailler un moment pour voir l'extra- terrestre que je représentais pour eux. Tous étaient figés en me regardant, les garçons et le père portaient des chapeaux de paille et les filles des costumes traditionnels avec des bonnets. Le père arborait une longue barbe et des bretelles, le ceinturon à la ceinture est prescrit par leur religion car il serait un bijou. De grands percherons se promenaient autour d'eux avec leurs petits. L'Ohio est formé dans la constitution en 1803. La construction des canaux Ohio-Érié et Miami-Érié fut créé en 1825. Le premier reliait Cleveland vers l'intérieur de l'état et le second de l'Ohio River à Cincinnati vers Toledo au lac Érié. L'Ohio River se déverse au Mississippi qui rejoins le golfe du Mexique. Miami est le nom d'une rivière qui borde l'Indiana et l'Ohio. De là les marchandises rejoignaient les Grands Lacs vers le canal Hudson et New York. Les bateaux étaient tirés par des chevaux, des mules ou des boeufs le long des canaux. À la construction des chemins de fer, les canaux sont tombés dans l'oubli. Les villages tels New Bremen où passait le canal jouissait d'une formidable prospérité. J'y passe la nuit à côté d'une partie du canal conservé. À côté se retrouve le musée de la byciclette qui abrite l'une des plus grande collection privée au monde. C'est dommage, demain dimanche c'est fermé. 3000 habitants de descendance allemande vivent ici dans un paisible milieu de vie. Bremen signifie Brême. Rarement je n'ai vu autant de beaux espaces publics de cette qualité, les collèges et terrains de sport pourraient alimenter une bien plus grande population. Les carillons scintillent de leurs musiques, dehors il grêle.


21 avril | Lakeview, Indian Lakes, Western Ohio

Stromae, le chanteur belge dit "ah les amis, les potes ou les followers". Vous faites erreur, vous avez juste la cote". Je suis membre de groupes vanlife sur Facebook. Ce sont de véritables Marketplace du campeur. Des patentes, des objets en veux-tu en voilà. Beaucoup de commerce amateur, cela tient aussi pour l'amour ou l'amitié. Les gens n'ont plus le temps de rien connaître, ajoutent le renard. Ils achètent des choses toutes faites chez le marchand. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les gens n'ont plus d'amis. Pour cette raison ils les collectionnent sur les médias sociaux. Cela leur donnent l'impression d'avoir des amis. On fait ce qu'on peut avec ce qu'on a n'est-ce pas? Il existe des statistiques sur sa page pour obtenir des rapports. Il faut beaucoup de patience pour se faire un ami, cela dépendra d'où vous venez, quelles études vous avez faites, quel travail vous accapare, etc... Dans notre vie nous aurons trois ou quatre amis véritables. Sur Facebook la moyenne d'amis par personne est une centaine. Se faire voir, affirmer sa différence, réagir, aimer, tout cela à l'aide d'émoticones et de demi phrases noyées dans un bottin téléphonique virtuel mondial. N'est-ce pas d'une tristesse sans fin? Comment fait-on pour sortir de l'ombre? Selon moi par le fait d'accepter son sort en prenant le temps qu'il faut tout en restant authentique. La vitesse du réseau ne fera rien d'autre qu'accélerer le doute de n'avoir fait que passer. La patience en restant fidèle à soi-même est la seule résolution. À de très jeunes enfants qui forment un couple, la fillette répond aimer son petit copain pour sa maison. En Afrique l'élu est choisi pour sa salle de bain. Le pouvoir qui m'est offert est en lien avec mon esprit, ainsi en soit-il. 


La première règle des amish est : "tu ne te conformeras point à ce monde qui t’entoure". Travailler dur pour eux est considéré comme pieux. La Pennsylvanie, l'Ohio et l'Indiana possèdent de fortes origines allemandes et hollandaises, les amish s'y retrouvent en grand nombre. Les amish proviennent de la Suisse allemande du XVème siècle. Depuis que j'ai atterri à Winesburg le voyage débute véritablement. Les ambiances différent, surtout en empruntant les chemins de travers comme disait si bien Serge Bouchard. Là est le peuple, là est le pays, là est la vie. Je fais quelques arrêts gourmands chez les pâtisseries et fromageries amish. J'ai rarement vu autant de fromages sous un même toit. L'édifice est immense et de style bavarois. La région est vraiment très belle avec ses douces collines. Je bifurque sur une "scenic byway", une route panoramique qui m'amène vers Glenmont. Au village en plein soleil, je m'accroupi pour la sieste dans le "green" face à l'église. C'est le silence total, seuls les oiseaux m'accueillent de chants printaniers. Il n'y a personne. Plus loin un bassin où coule de l'eau de source, un septuagénaire rempli ses bidons. On discute. C'est un ancien motard, sa barbe va jusqu'à la ceinture. Je lui dit que j'étais heureux d'avoir trouvé la fontaine de jouvence. Une heure plus tard le terrain devient plat comme une crêpe. Il pleut, le mercure descends beaucoup. J'arrive à Indian Lakes pour la nuit. Je m'installe derrière une chapelle à Lakeview. "Quétaine" est un anglissisme qui provient de la famille Keating en Estrie. Ils s'habillaient très mal et les francophones disaient les Keating en contractant ce qui a dérivé en "quétaine". Ceci pour décrire ce lac et ses abobinables parcs de maisons mobiles et ses campings de bateaux et de motorisés. Rarement j'ai vu autant de roulottes en une aussi courte distance. On ne vient pas en Ohio pour y faire un voyage mais pour le traverser dans le but d'aller ailleurs. Malgré tout, en prenant les petites routes de campagne les promenades sont agréables. Il y a trois grandes métropoles dans l'état; Cleveland, Cincinnati et Columbus, la plus grande.


20 avril | Winesburg, Eastern Ohio

Partout c'est la valse des tondeuses, sport préféré des américains. Étape importante aujourd'hui, je fais mon entrée dans le Midwest, une grande première. L'ouest de la Pennsylvanie est jolie avec de petites montagnes vallonnées. Mon objectif fut Youngstown en Ohio. Alexandra Sicotte-Lévesque, une québécoise a réalisé un documentaire intitulé Greyland. Je voulais le voir avant le voyage, il est à l'affiche depuis le 7 avril mais à Montréal uniquement. Le film raconte l'histoire invraisemblable de Youngstown par deux personnes de la ville qui compte aujourd'hui 60,000 habitants. L'un d'eux a ouvert une friperie dans le centre-ville du nom de Greyland que j'ai visité. En stationnant devant un édifice à côté, un shériff petit et très gras vient me voir, je ne suis pas autorisé d'y laisser mon véhicule, quinze minutes lui dis-je. Il avait une chemise noir crasseuse, un air dégouté et affichait une étoile ternie par le temps avec un gros pistolet au ceinturon. J'ai lui ai parlé de la ville, je ne suis pas le seul à m'intéresser à son histoire. Un gigantesque pénitencier abrite des milliers de gens à proximité, fort probablement des noirs pour la plupart. Jadis 170,000 personnes, venant de partout dans le monde, habitaient la ville pour travailler dans les mines de charbon et les aciéries qui étaient les plus grandes du pays au début du XIXème siècle. Soixante pourcent de la population a quitté la ville au déclin de l'acier en 1970. La ville est sur la rivière Mahoning entre Pittsburgh, capitale de l'acier en Pennsylvanie et Cleveland en Ohio. La construction d'un canal a permis d'acheminer l'acier jusqu'au lac Érié. La venue des chemins de fer ne permettait plus de rentabiliser ces grandes industries, la ville étant trop loin des Grands Lacs. Youngstown fut la ville américaine qui a subit la plus forte expansion à cette époque et paradoxalement a subit la plus importante chute. Les afros-américains ont remontés au nord pour fuir l'esclavage au sud et venir travailler dans  les mines et les usines. Aujourd'hui les chômeurs noirs avec des problèmes en santé mentale, d'alcoolisme et de stupéfiants sont nettement visibles dans la ville qui tente de ressusciter. J'ai chaud, Youngstown me fout le cafard, je quitte pour les régions rurales. Je me faufile à travers d'immenses agglomérations qui s'aglutissent vers Cleveland. Le trafic est lourd, les autoroutes s'emboîtent les unes aux autres, les banlieues torrides. J'arrive en fin d'après-midi à Winesburg, magnifique et apaisant village amish. Les villageois ont troqués leurs carrioles pour des vélos électriques, on arrête pas le progrès. Je retrouve la sérénité et les oiseaux après ce passage en enfer.


19 avril | Tionesta, Alleghany River, Pennsylvanie 

"All you need is friendship" déclare Michel Erman dans son livre "le lien d'amitié". Cette proposition actuelle remplace "all you need is love" des Beatles. L'amitié est une tendance prédominante actuellement que l'amour vécu dans le couple moderne selon l'auteur. Lorsque l'amitié s'en va, c'est un retour vers soi, lorsque l'amour s'en va, c'est une perte de soi. Le joli hameau d'Hammondsport possède 675 habitants. La nuit sous la pluie en face de la petite plage avec de la lecture en soirée fut un pur ravissement. Aucun bruit n'atteinds mes oreilles. Après le petit déjeuner je rejoins le massif des Alleghany, imposante chaîne de montagnes en direction de la Pennsylvanie. J'atteinds Alleghany National Forest. Un petit tapis blanc recouvre les hauteurs. La route est magnifique, le soleil brille, les bourgeons éclatent le long des rivières. Je fais une courte randonnée à Three Sisters sur Longhouse surplombant le grand réservoir des Alleghany. Je suis seul avec des colonies de piciformes, communément appelé pic-bois. Je marche sept kilomètres en boucle dans une euphorie total. Voici les caractéristiques des américains selon moi; poli, calme, respectueux, ordonné, discipliné, conservateur, patriotique, réservé, bref de flegmatiques anglo-saxons. Ils sont amoureux des espaces verts, des arbres et de la tranquilité. En sortant de la forêt national je trouve un joli emplacement pour la nuit à Tionesta sur la rive d'Alleghany River. Un parc sportif municipal avec un gazon très vert et une table à pique-nique adjacente à la rivière. Plusieurs petits patelins aux États-Unis possèdent de beaux terrains sportifs très bien entretenus et ils en sont fier avec raison, parfois ce sont de véritables complexes. Des pères enseignent le baseball à leurs fillettes en fin d'après-midi, c'est du sérieux. Ces joutes forment le caractère, elles apprendront à travailler en équipe. Je m'asseoids dans les gradins, discutent avec une mère d'une d'entre-elles. Je ressens la fierté et en même temps la tristesse de savoir qu'un jour ses enfants quitteront le village. J'ai lavé Béa ma van avant le souper de pâte, elle reluis de béatitude tout comme moi.


18 avril |

Hammondsport, Keuka Lake, Finger Lakes Region, New York 

J'ai changé depuis le printemps dernier. L'hiver à Québec me fait veillir trop tôt. Entre les deux je suis aller à Cuba, je n'y retournerai plus. "Feel much better in United States", pays de l'aventure et des grands espaces. Maussade et froide journée de pluie aujourd'hui. J'aime mieux ça de ce côté afin de prendre les premières chaleurs plus loin vers l'ouest. Je traverse lentement la région des Finger Lakes dans l'état de New York. Onze lacs en forme de doigts, le plus long est Cayuga Lake avec 62 kilomètres. Sous la pluie et la grêle, Cornell University à Ithaca est impressionnante à traverser, une véritable cité dans la ville. Cette institution légendaire fait parti des sept prestigieuses universités de la Ivy League. Les magnifiques et gigantesques pavillons historiques s'étendent à perte de vue. Les étudiants marchent comme des automates la tête remplie d'équations. Ils font leurs entrées dans le monde des adultes et de leurs langages abstraits. C'est ainsi que les traditions se perpétuent. Watkins Glen State Park sera l'hôte de mes premiers kilomètres de marche du voyage, c'est calme et éblouissant. Je suis sur les rives de Seneca Lake. Je poursuis ma route vers Keuka Lake à Hammondsport. Je m'installe à Depot Park tôt dans cette jolie ville tranquille en cette période de l'année. Finger Lakes Region est réputé pour abriter les meilleures vignobles des États-Unis. C'est le même climat de Niagara en Ontario qui produit des fruits variés et les meilleurs vins du Canada. L'humidité et le relief vallonné favorisent le vignes, les Grands Lacs sont à proximité. Je ne bois plus ni alcool, café et thé, des addictions en moins. En milieu d'après-midi je m'offre une bon "dark" chocolat chaud. Toute la journée des paysages champêtres verdoyants m'ont charmé. Je poursuis inlassablement les panneaux routiers affichant "west road".


17 avril | Oriskany Falls, New York 

Il pleut abondamment, je dors bien. Le climat est déréglé, on le sais. Je vais chercher un marche pied commandé de la maison, une économie substantielle. Le clignotant des "air bags" allume. Mauvaise journée sur ce sujet. Je regarderai ça plus tard, ayant en main le rapport du concessionnaire. Je n'ai pas le goût d'attendre deux à trois jours les pièces. C'est compliqué. Cela ne m'empêche pas de conduire. Je traverse des villes d'anciennes zones industrielles. Les gens sont pauvres, les maisons en piètre état. Les "college town" contraste avec le reste. C'est le pays de la démesure, toutefois les routes sont en parfaites conditions, c'est agréable de conduire en van, je m'y sens libre et serein. Tout aux États-Unis respire l'aventure. C'est harmonieux, contrasté et dépaysant. Ça fait du bien enfin de sortir du Québec. Demain j'oublie temporairement mon souci mécanique. Je dors dans un bled perdu. Un petit parc avec sa fontaine ricane en attendant les beaux jours.


16 avril | Saratoga Springs, New York

Vert l'Aventure Plein Air est mort à Québec mais une partie renaît de ses cendres en traversant la frontière américaine. Hier à la radio, j'entends dans les faits divers qu'une jeune femme de 27 ans s'immole en face de l'hôtel de ville de Montréal. Elle écrivait des livres de poésie. La dernière phrase écrite de sa part fut "ne tuez pas la beauté du monde". J'ai cette phrase en tête constamment. Au départ de chez moi, je quitte les bancs de neige. Au Centre du Québec l'herbe est verte et en Montérégie les bourgeons apparaissent. À Saratoga Springs dans l'état de New York où je passe la nuit, le printemps me souhaite la bienvenue avec ses arbres en fleurs et son ambiance décontractée. Aux douanes j'attends une heure dans l'air climatisé du campeur. Le douanier sympathique me demande quasiment rien. J'enfile mes culottes courtes pour ensuite me faire un chocolat chaud. À mon arrivée à Saratoga, un orage éclate. J'entre dans un restaurant chinois, je prends du poulet aux acajous, délicieux et abordable. Il fait chaud, c'est humide. Saratoga Springs, mon point de départ pour le périple transpire l'abondance, la ville est  flamboyante. Je dors sur la rue à côté de Progress Park au centre ville. L'eau minérale gazéifiée coule dans les fontaines du parc. Je rempli mes bidons et me couche tôt.


13 avril |

Hier j'ai déremiser le campeur pour un départ éminent. J'ai acheté de nouveaux pneus, un chargeur intelligent et un marche-pied miniature et amovible pour grimper facilement sur le toit. Mes affaires sont rangées dans la van, restera les derniers préparatifs et mettre belle Béa pour sa grande virée dans l'ouest américain. Je suis très fébrile devant ce voyage d'une vie, l'adrénaline est à son comble. En 2021, c'était ce voyage que je voulais effectué. La frontière étant fermée alors par la pandémie, j'avais décidé de traverser le Canada vers l'ouest canadien. Je n'y retournerai pas préférant largement les États-Unis. Les provinces qui me conviennent le plus au Canada sont Terre-Neuve et la Nouvelle-Écosse aux mois de juillet et août. L'an passé, tous mes voyages en vanlife ce sont magnifiquement bien déroulés. Ce fut un pur enchantement à tous les niveaux incluant 2000 kilomètres parcourus à vélo avec beaucoup de randonnées. J'apporte toujours mon cyclosportif sauf dans les Maritimes durant l'été. Je prends ça plus relaxe préférant pêcher dans l'océan. J'ai parcouru l'année dernière la chaîne des Appalaches jusqu'en Georgie, la Nouvelle-Écosse à l'été et la Nouvelle-Angleterre à l'automne. Cette fois-ci l'aventure sera vraiment spectaculaire avec les plus beaux et insolites paysages d'Amérique du Nord. Je réalise un vieux rêve d'aventure cette fois-ci dans le Midwest et le nord-ouest américain pour une durée indéterminée. Lorsqu'on a connu la vie de nomade en vanlife, c'est difficile de faire marche arrière.

12 avril |

Moisir dans une cave, croupir dans une prison. La moisissure est assurément moins abondante qu'au Moyen Âge me semble-t-il, mais on ne sais rien de ces lieux aux différentes hémisphères. Qui cela intéresse-t-il? Peut-on imaginer pareil destin? Dans les hauteurs, la moisissure est amoindrie avec l'horizon et le ciel dominant surtout avec une terrasse animée de bouquets de fleurs. C'est pour cette raison que je voyage, pour éviter de moisir sur le sol bétonné et parsemé de fourmis humaines. Les hommes délaissent les religions, ils y croyaient découvrir des paysages idylliques, ils ont atteris devant un mur. La religion est une affaire personnelle, pas celle d'un ministère d'état ni d'une secte. Il faut faire confiance à l'ami invisible en soi-même. On peut lui offrir les noms qu'on veux, avec ou sans visages, lui prêté une forme ou une couleur, cela nous appartient et à nous seul. Bien des choses sont impossibles à comprendre par l'esprit, la raison a ses limites. L'escapisme est un mot rare provenant de l'anglais "to escape" qui consiste à se retirer du monde et de la vie civique, par fuite ou désabusement, par opposition à la prise de parole ou à l’action individuelle ou sociale. "Fuyons parce que demain sera pire qu'aujourd'hui" affirmait Sylvain Tesson. Dans son livre "une très légère oscillation", ce titre signifie qu'à l'aide de son journal intime, son être verse dans une légère oscillation. Quel titre magnifique! Le terme blogue provient d'un mot composé, né de la contraction de web log ; en anglais, log peut signifier registre ou journal. J'aurais pu déblatérer dans un sombre cahier, mais incontestablement je préfère divaguer sur mon blogue. La trame lumineuse du minuscule réceptacle située entre le monde extérieur et le mien provoque chez moi une véritable métamorphose. 



9 avril |

"Peut-être que le bonheur ne récompense que ceux qui ne l’ont pas cherché" réclamait Alain le philosophe. La philosophie de nos jours n'a pas perdu ses lettres de noblesse. Je dirais plutôt que la philosophie qui signifie "amour du savoir", se retrouve actuellement dans différents styles littéraires. Elle émerge aussi dans plusieurs domaines; psychologie, sociologie, littérature. Elle tend à être plus généraliste, d'une part, dans le courant d'intermondialisation. Depuis peu, je m'intéresse à l'étymologie des mots. Parfois avant d'écrire j'effectue une recherche visant la rectitude de mes propos. Compagnon signifie "celui avec qui je partage le pain". Je dois être mon meilleur ami car la plupart du temps je casse la croûte seul, ce n'est pas toujours par choix. La culture, à proprement parler, est ce qui se passe entre nous lorsqu'on communique dans l'espace commun. Ça passe par le langage, les arts et les techniques. Le mot culture signifie "qui aime se cultiver en partageant savoir et techniques". Les artistes expriment la culture. On pourrait observer notre culture en partie, par ce que les artistes expriment. Quand ça vole pas très haut, c'est le reflet de nous-mêmes qu'on perçoit. La culture est bien différente si l'on provient de la campagne, de la ville, d'un pays étranger, d'un milieu aisé et éduqué ou ouvrier. La langue est un trait culturel dominant même si les préoccupations de tous et de chacun se ressemblent pour les besoins de base. La langue est une forte distinction culturelle. Par exemple les français ont légués à plusieurs pays colonisés des certitudes, les anglais des apprentissages. Les différences culturelles ici sont nettement évidentes. Pour cette raison les pays anglo-saxons se portent mieux. 

J'ai rencontré un homme sympathique dans un café aujourd'hui. Nous avons discuté de littérature, de culture, bref de tout sauf du temps qu'il fait, fort heureusement. Tout comme moi, il est célibataire sans enfants, ce qui m'apparaissais un point commun. Cette conversation fut très enrichissante. Il possède plusieurs connaissances ayant travaillé au service canadien du patrimoine. Nous avons échangé sur la définition de culture, sujet qui m'est cher. Malgré certaines dissonances réflexives de sa part, j'ai trouvé possible, voir agréable, d'établir une fructueuse conversation autre que celle de la pluie et du beau temps. Nous n'étions pas dans le registre des "j'ai dit, elle a dit, il a dit" qui m'apparaît être le vocabulaire préféré des gens en lien prioterement aux relations sociales et familiaux. Du fait d'être seul, j'ai peu à dire sur mes interactions sociales. Lorsque l'occasion se présente, je me surprend du plaisir à discuter dans une certaine transparence et profondeur. Il est plus facile parfois avec les étrangers. Impensable seraient d'avoir une parfaite similitude d'opinions et d'esprit avec les gens, étant donné toutes les différents profils d'une culture partagée. Rare dans la vie une véritable synchronisation apparaît entre deux êtres. Parfois quelques-uns la retrouve car il le faut bien. C'est le cas des couples que la nature et le destin a voulu. Que l'harmonie et l'amour véritable soient le cadre de leur relation est souhaitable. Parfois les similitudes ne sont que de pures illusions reliées au pouvoir attractif du premier jour. Ou bien ne serait-ce que des habitudes visant à combler des besoins matériels et affectifs disfonctionnels. Restons positif tout de même car nous ne vivons pas comme des dieux. Le retour en arrière devient impossible pour certains, douloureux pour les autres. La liberté et le bonheur tant recherchés se teintent alors d'amères déceptions. Notre devoir est d'avancer sans cesse dans nos rêves malgré l'adversité. Notre devoir, en plus de faire les choix qui s'imposent, est de posséder les outils nécessaires pour réussir sa vie et non la perdre en voulant la gagner. Le savoir et les connaissances représentent nos meilleurs alliés. Le bonheur c'est comme le sucre à la crème, pour en avoir il faut savoir en faire.


5 avril |

What i'm doing here? Je crois sincèrement que le nomadisme est une chose merveilleuse. Ne pas savoir exactement où aller, être libre sans attache avec le ciel comme guide. Bien entendu j'ai quelques distractions et objectifs devant moi. Une journée à la fois, je découvre ce qui m'exalte. Nombreux sont les fruits à cueillir sur la route. Ici mes pensées s'aliènent dans un marais stagnant, bientôt elles iront s'abreuver à la source. Ma ville natale est un dortoir parfait entre deux voyages. "Tout bien considéré, il n'y a que deux sortes d'hommes dans ce monde, ceux qui restent chez eux et les autres" disait Rudyard Kipling. Mes aventures passées me sont complètement indifférentes sauf celles où j'ai marché seul. Travailler c'est être rémunéré pour servir. Autrui m'a bien servi pour apprendre et survivre. En cela c'est très suffisant n'est-ce pas? Tout le reste ne fut qu'accessoires car les amours et les amitiés passent comme le vent. De toujours j'ai été fait pour le nomadisme et l'aventure. Je retrouve les outils de ma vocation actuelle avec le vanlife et la retraite. En ville pendant d'interminables mois, le visage des passants ressemblent à des morts-vivants. Ils sont dans l'attente du congé férié, du prince charmant ou du déluge. Inévitablement je vais revenir à la maison pour dormir jusqu'au prochain départ. J'ai l'air de celui qui porte une rancune viscérale et une amertume. De ma vie active j'ai oeuvré à l'intérieur de multiples activités sociales et lucratives. À contre-courant, j'ai résisté à la société individualiste surtout durant la dernière décennie.  Depuis, le monde en général, se fout des autres sauf pour ses intérêts mesquins. Il m'aurait été impensable aujourd'hui de créer une entreprise communautaire telle que je l'ai fait il y a 30 ans, le monde a changé, il s'est replié sur lui-même. Faut savoir exister pour soi-même ces années-ci, ne compter sur soi. Vivre seul n'est peut-être pas une mauvaise chose, j'y reviendrai. Je reconnais qu'autrui est rapidement embarrassé par les interactions personnelles et davantage à l'aise dans les relations mercantiles comme quoi le consumérisme est toujours très actif. Peut-être est-ce la culture environnante qui fait défaut? La peur anime tellement de gens qu'ils s'empêchent de vivre omis dans la soumission. Les cartes à jouer s'épuisent, le souffle s'étiole. On devient ce que l'on pense. La masse ne progresse pas vraiment. La chance n'est pas offerte à tous, la chance se mérite. Regardant en arrière je réalise que j'ai survécu aux hostilités et que malgré tout je demeure positif, libre et heureux comme un nouveau-né.


2 avril |

Descartes écrit "maintenant que mon esprit est libre et, que je me suis procuré un repos assuré dans une paisible solitude, je m'appliquerai sérieusement et, avec liberté à détruire généralement toutes mes anciennes opinions. Mais ce dessein est pénible et laborieux, et une certaine paresse m'entraîne insensiblement dans le train de ma vie ordinaire". Dans ses nombreuses théories Descartes mets en relief le doute en soi. Il affirme que plusieurs leurs sont impossible de vivre avec ce doute en eux préférant le déni. Mon évolution dans l'écriture me porte davantage sur les idées que sur le style. Toutefois les mots n'apparaissent de plus en plus fluides et esthétiques, si mon style m'améliore je ne m'en rends pas toujours compte. Avec cette passionnante pratique, écrire devient aussi naturel que manger et dormir. Une amie fut surprise de la quantité de livres que je possède. Ils sont classés  minutieusement avec grand soin. Près de ma bibliothèque je suis inspiré au point de vouloir gribouillé dans l'immédiat. Je ne tiens pas à décortiquer des sujets trop soutenus préférant butiner à gauche et à droite sur de multiples humeurs. Je constate que vieillir rapetisse mon espace de vie, mes choix deviennent plus modestes et sélectionnés avec parcimonie. J'ai davantage de temps pour réfléchir et m'occuper de moi pour l'essentiel. Mon temps davantage précieux, je le préfère libre qu'à un agenda bourru de mouvements incessants. Je fuis les groupes, j'ai donné avec les perroquets et les coqs. J'aime les mots justes qui reflètent mon esprit. Je fuis la polémique qui jadis me nourrissait. Parfois je me surprends de tourner en rond. La vie étant faite de gestes répétitifs, ainsi ne devrais-je pas m'en étonné. La différence est qu'aujourd'hui je ne déplace plus dans cette féroce mobilité dans laquelle je m'identifiais. J'ai appris à me poser. Lorsque j'écris, je voyage. Lorsque je lis je vagabonde. Ça m'évite de perdre mon énergie, préférant le conserver au moment opportun. Plusieurs deviennent des cons en vieillissant. J'espère ne pas faire parti de ce groupe. Repliés sur eux-mêmes et dans leur orgueil jusqu'au jour ou le dos se casse, ils révisent alors leurs positions. Je trouve les jeunes beaux, leurs élans, leurs spontanéités. Ils ne savent rien pour plus tard, c'est mieux ainsi.

J'espère continuer de m'ouvrir à la vie, de contempler la beauté du monde. J'ai une amie qui est hyperactive, je ne l'envie pas. À l'heure ou avec l'âge le rythme requiert des pauses, de l'espace, le sien se comprime compulsivement. Tout peut être dit, ça dépend toujours de quelle façon. On me raconte parfois d'aller travailler ou faire du bénévolat. Je répond ne pas vouloir mourir à la tâche, préférant crever dans une tornade en voyageant. Quelle étrange pensée n'est-ce pas? La mort doit-être comme on a vécu. En attendant j'aime observer mes pensées défilant. Pour méditer la méthode est d'observer ses propres pensées sans jugement ni effort. Seulement les observer comme les nuages défilant au ciel. J'apprends ainsi à aimer mes pensées peut m'importe leur rythme et leur nature. Je médite parfois en écrivant car mon esprit coule avec les mots ne tentant pas de les retenir, de les corriger. Il y a une différence entre l'écriture sur la route ou chez soi. À la maison mon esprit est davantage cloîtré dans la routine, le quotidien, la pensée tourbillonnant davantage sur elle-même. Sur la route je peux me reposer de ce marasme, défilant à l'infini les paysages et les événements. En apportant ces paysages à la maison, je les trouve obsolètes comme du bois mort sauf qu'ils me serviront à attiser mes souvenirs à la maison de retraite. J'ai commencé à mettre de côté des bouquins pour le voyage; où tu vas, tu es, Jon Zabat-Zinn; le guide des égarés, Jean d'Ormesson; théorie du voyage, Michel Onfray. Il y en aura quelques autres en plus des précieux guides de voyage. Wikipédia demeure une source infinie d'informations que je ne peux pas me passer. Quelques jours il est mieux d'aller sans cartes, ni destinations car c'est en se perdant que l'on se retrouve. "La paix ne peut venir que de soi-même, personne d'autre ne pourra m'en indiquer la direction" disait Ralph Waldo Emerson. La date de départ est imminente et fixée. Je pars dans des contrées lointaines et isolées mais je serai près de moi comme jamais.


30 mars |

Nos vies, nos histoires, nos amours, nos repères filent à vive allure. Tout s'envole rapidement. Il en est ainsi des gens qui croisent notre route. Ces personnes qui passent dans nos vies, sont là pour nous apprendre des choses importantes sur soi et sur l'amour émergeant. Le bien et le mal existent uniquement dans nos esprits. En réalité, ces rencontres que le hasard a voulues, existent pour nous faire grandir. Nombreux sont les hommes et les femmes qui ont interagis avec moi. Plusieurs n'auront fait que passer me laissant souvent triste et amer pour n'avoir fait que passer. J'éprouve des difficultés avec le rejet et l'abandon de par de troublantes expériences du passé. Je n'ai pas toujours assimilé tout cela mais j'y travaille activement. L'amitié sincère et partagée nourrissant mais la forme de certain attachement est néfaste. Combien de fois fut ma surprise devant les étonnantes réactions d'autrui à certains moments. Combien malaisantes certaines situations imprévues m'auront troublé. Cette semaine seulement, deux événements m'ont obligé à réfléchir sensiblement sur la nature de ces étranges incidents. Je réalise l'importance d'observer ce qui se passe en moi lors de ces interactions, mon attitude, mes pensées et cela bien au-delà de celles de l'autre. Cela n'est pas par manque d'empathie mais par respect de soi-même. Ce qui se passe dans leurs têtes à ce moment doit m'être indifférent, ou objectivement neutre devrais-je dire, à moins que ce soit un ami proche ou un membre de la famille. Je peux ressentir inconsciemment de la culpabilité devant certains incidents. À bien y réfléchir ces réflexes sont absurdes, inconscient et sans fondement. Cela trahi d'anciennes blessures ou une mauvaise éducation.

Je ne peux pas être responsable de la réaction des autres. Une connaissance est un bien grand mot qui n'a rien à voir avec "connaître". Un voisin, un collègue, un client, un passant, toutes ces relations demeurent teintées de superficialité mais elles sont réelles et nécessaires. Nous ne vivons pas dans une bulle étant tous relié d'une manière ou d'une autre. Nous ne connaissons pas toutes les charges émotives que ces personnes portent en elles. Ces relations, aussi futiles soient-elles, tissent néanmoins notre quotidien d'une étrange complexité. Il est mieux prendre certaines distances émotives devant certaines d'entre-elles dépendamment des facteurs environnants.  Cela vaut aussi dans l'amour. Ma vie comme celle d'autrui est composée de deuils, de ruptures, de choix douloureux. Plusieurs de ceux que je croyais des amis ne sont en réalité que des mirages reflétant mes propres illusions. Attachement douteux, peur viscérale du vide, mon esprit me joue des tours dans ma quête légitime relationnelle. On ne me doit absolument rien, en cela quelles sont mes attentes si elles en sont. L'attachement et le monde relationnelle sont d'étranges choses absurdes dirait Albert Camus.


27 mars |

La musique classique me fait parvenir des ondes positives au cerveau se permettant d'être calme et de m'autorégulariser. Un livre fort intéressant de Michel Onfray est "théorie du voyage". Il raconte, comme peu l'ont si bien exprimé, les caractéristiques des nomades et des sédentaires. "Le nomade possède le goût du mouvement, la passion pour le changement, le désir forcené de mobilité, l'incapacité viscérale à la communion grégaire, la rage de l'indépendance, le culte de la liberté et la passion de l'improvisation de ses moindres faits et gestes, il aime son caprice plus que celui de la société dans laquelle il évolue à la manière d'un étranger, il chérit son autonomie placée nettement au-dessus du salut de la cité qu'il habite en acteur d'une pièce dont il ne méconnaît pas la nature farcesque". Rarement je n'ai été en contact directe avec une description aussi réelle et détaillée de ce que je ressens à ce sujet. Ce monde statique tournant sans cesse sur lui-même, agité, apeuré, se prenant trop au sérieux me semble inopérant pour combler ma vitalité. Je parle de mon environnement propre. Modifier celui-ci pour un autre pourrait être redondant car il s'agit toujours de sédentarité. Ce dernier évolue dans un enchevêtrement de codes aliénants et répétitifs pour ma part. À mon égard je retrouve une énergie décuplée et une régénérescence accrue en puisant dans de nouveaux horizons, de nouvelles cultures, libre de toutes ces grimaces moribondes arborant de cinglantes routines. Je suis un éternel idéaliste, mais je tiens à mes convictions, à mes rêves. Toutefois j'avoue me satisfaire d'un toit pour m'abriter au retour de mes tergiversations nomadiques. Je crois posséder ces deux caractéristiques, le nomadisme en vanlife étant celui que je m'identifie le plus quoique qu'avec l'âge l'immobilisme me sied bien sur de courtes périodes. C'est de loin dans un campeur que je me sens le plus libre. Ma fébrilité est grande à l'aube de ce grand départ. Merci la vie !

J'ai mis de l'ordre dans mes applications pour la route sur mon téléphone. Sur internet j'ai vendu un vieux GPS et beaucoup d'objets choses obsolètes et inutiles. J'ai fais des mises à jour sur mon nouveau GPS Garmin avec toutes ses cartes intégrées de l'Amérique du Nord. Tout le nécessaire est prêt pour le périple dans l'ouest américain avec une liste exhaustive d'équipements et d'accessoires. Les huit derniers guides de voyages qui manquaient à ma collection sont arrivés par la poste. Après trois années consécutives en vanlife, je suis mieux préparé pour l'aventure n'apportant que le stricte nécessaire dans ma boîte à rêves. Ça prend beaucoup de petites choses à portée de main pour être autonome tout en ayant du plaisir. Un confort rudimentaire et pratique m'est nécessaire pour les longs trajets, par exemple la nourriture, ma musique et mes livres. Je veux éviter les achats le plus possible sur la route. La première année j'arrêtais souvent pour ceci et cela. Mon campeur est en ordre, tout y a été inspecté avant le remisage l'automne dernier. Je tiens un tableau de bord rigoureux de l'équipement et je suis extrêmement minutieux dans tous les aspects du voyage. Je suis très soucieux du détail dans le rangement de l'équipement et la nourriture. Le campeur est rigoureusement propre autant à l'intérieur qu'à l'extérieur, il devient le temps qu'il faut un milieu de vie qui se doit d'être agréable. Cette discipline m'apporte un solide moral sur une longue période. Le vanlife est un style de vie incroyable et beaucoup de discipline est requise pour bien profiter de l'aventure. Pour la navigation sur la route, en randonnée ou à vélo, je suis top niveau. Je suis extrêmement efficace pour repérer les "spots" pour la nuit et trouver les centres d'intérêts en nature. Le "backcountry" est de loin mon terrain de jeu préféré. À ce niveau rien ne m'échappe car je suis extrêmement curieux et enthousiaste. Mon espace est restreint mais je possède tout le nécessaire pour être serein et autonome. Des panneaux solaires à l'isolation, poêle, frigo, congélateur, ventilation, coffre de rangement, vélo, etc... Tout y est intégré à la perfection au quart de pouce. Par ricochet, à la maison, chaque centimètre de mon espace de vie à été revue, simplifiée et améliorée afin qu'au retour je puisse bien récupérer dans un confort simple et harmonieux. Je n'ai aucune dette et aucune responsabilité autre que de jouir de la vie lentement en contemplant le meilleur de ce qui m'est offert. J'ai cultivé beaucoup en semant ici et là, maintenant je récolte la beauté, la simplicité et la paix. Om namah shivaya 🌿

28 mars |

L'arche de St Louis, "gateway arch" au Missouri en acier inoxydable haute de 192 mètres est le symbole de la conquête de l'ouest. Les premiers colons venus de l'est débutèrent leurs périples à Independance au Missouri pour emprunter l'Oregon trail longue de 3,500 kilomètres jusqu'à Oregon City dans Willamette Valley. Tous n'étaient pas de grands aventuriers mais des gens ordinaires recherchant une meilleure vie pour eux et leurs familles. Les longues caravanes partirent en avril du Missouri pour s'installer sur les grandes terres fertiles de l'Oregon près de Portland. C'était la terre promise "du lait et du miel" pour les nouveaux immigrants. Cette gigantesque vallée entourée de trois chaînes de montagnes près des côtes du Pacifique s'étend sur 150 kilomètres. Soixante-dix pourcent de la population de l'état vit dans cette fertile vallée. Partant en avril ils évitaient de traverser les Rocheuses enneigées de l'automne. La piste traverse une partie du Kansas, la totalité du Nebraska, du Wyoming, le sud de l'Idaho et l'Oregon. Une grande portion de la piste qui traverse le Wyoming se nomme "emigrant trail" qui, à Fort Hall en Idaho, fourche sur deux pistes, celles de l'Oregon et la seconde sur la piste de l'or au Nevada et en Californie du Nord jusqu'à Sacramento. La ruée vers l'or se déroulait dans deux régions distinctes du nord de la Californie; "northern California goldfields" près du volcan Shasta et "Sierra Nevada goldfields" près de Tahoe Lake. La rue que j'habite curieusement porte le nom d'un grand explorateur canadien français qui fit sa trace le long du Mississippi, le père Marquette. Ce fleuve mythique sépare l'est et l'ouest de l'Amérique. 

St Louis est situé à 477 kilomètres de Chicago dans l'Illinois. De la capitale du "blues", débutèrent les expéditions de Clark et Lewis, ces explorateurs qui découvrirent les Rocheuses au Montana en remontant en canot la rivière Missouri aidé des indiens. Un monument érigé en l'honneur de Meritewer Lewis sur l'historique Natchez Trace au Tennessee indique son destin tragique où il succomba. J'ai dormi le printemps dernier sur ce site, en remontant vers Nashville capitale mondiale de la musique, dans ce qui abrite maintenant un magnifique camping sauvage et gratuit. Près de Chicago, sur la rivière Illinois, "starved rock" signifie le rocher de la famine. Sur son sommet abritait le fort français St Louis. Le peuple amérindien des Illinois vivait prospère autour du rocher dans une abondante nature. Des guerres éclatèrent et cette tribu fut consignée sur leur rocher inaccessible jusqu'à mort s'en suive, ce qui extermina complètement ce peuple pacifique. Je quitte Québec à la mi-avril pour la route des pionniers vers le nord-ouest américain et le midwest en passant par les prairies et les "badlands". Ce parcours illustre les plus beaux paysages des États-Unis tant par leurs diversités que par leurs cultures mythiques et insolites qui s'y retrouvent. Mon aventure débutera vraisemblablement à l'ouest de la Pennsylvanie au coeur de la "rust belt". C'est la ceinture de rouille qui se caractérise par les anciennes mines de fer et les vieilles usines de transformation, souvent abandonnées. L'ère industrielle aux États-Unis était née dans cette région avec l'Ohio que je traverserai. Ensuite je poursuis vers l'Indiana et l'Illinois au coeur du "corn belt", le pays du maïs. Puis le long du Mississippi pour atteindre l'Iowa, le Kansas, le Nebraska et le Dakota du Sud. Les paysages défileront majestueusement le long des rivières aux noms indiens, dans les prairies et les canyons désertiques des états du midwest américain. Au Kansas je traverserai "tornados alley" au centre du pays. Je possède d'ores et déjà des applications dans mon téléphone pour m'aviser de leurs trajectoires en cas d'urgence. Ensuite la route se poursuit au Wyoming, l'Idaho et le Montana dans les montagnes Rocheuses. Au retour je rejoindrai le Dakota du Nord, le Wisconsin et le Michigan par les Grands Lacs. Le tracé de l'itinéraire s'effectue selon les conditions météorologiques en vigueur, les intérêts établis de jour en jour et de mon humeur.