Origines


7 avril|

Les textes biographiques et poétiques ci-dessous datent de plusieurs années. Quelques pages de ces vieux cahiers enfouis dans un coffret ont été revisités pour des fins d'édition. Je n'aurais jamais cru être capable d'exprimer publiquement ces confidences. Certains textes sont relativement anciens. Je réalise qu'à une certaine époque, mon souci littéraire était fortement marqué par une recherche esthétique marquée d'émotions.


Je naquis sans le désirer et sans être désirer du ventre d’une adolescente blessée. Gurty vivait à l’intérieur du Vieux-Québec sur la rue St Ursule. Prête à me rejeter, elle pleurait. Sa grossesse n’était pas volontaire. Issu d’un accident de parcours et de mensonges prémédités, je naquis en bonne santé le 26 février 1958. Mon père était un méprisant salaud parait-il, je ne l’ai jamais connu. Il n’a jamais reconnu la paternité. À 19 ans, Gurty m’offrit à une dame grande et fière qui lui semblait douée pour la maternité. Elle c’est hardiment trompée. Je venais à peine d’ouvrir les yeux lorsque je fus offert pour une période trouble et indéterminée. Marcelle était son nom. Femme de caractère et joueuse compulsive, elle quittait le modeste logis toutes les nuits où nous habitions dans un quartier crasseux pour fructifier son avoir et ses passions pour le jeu. Elle dévorait cigarettes et café jour et nuit. Elle épousa Paul-Henri à ma naissance car il était interdit pour une fille-mère d’adopter légitimement un enfant. Henri était vieux, comme ça elle aurait à vivre plus longtemps avec ses rentes qu’avec lui. Henri je l’aimais bien, il riait joyeusement, il écrivait de belles histoires. Mon père décédé trop tôt était écrivain et journaliste. Il croyait à ce Dieu qui ne m’a jamais été familier. Les ruelles sombres et sordides de mon enfance reflétaient l'indifférence de cette ville où je naquis. Ces lieux dont tous ont vantés les mérites et les espoirs, je n’y croyais pas, je n’y ai jamais cru. Arpentant ses rues et boulevards, j’ai tenté l’habitude d’y vivre, j’ai tenté de croire que je devais y être heureux. Ma mère était une curieuse femme, chaleureuse certes, compulsive et caractérielle. J’imagine qu’il le fallait à cette époque. Elle ne vivait qu'avec subjugation que pour les jeux de hasard. À mes dix ans, Marcelle ma mère adoptive devient aveugle et sans le sous jusqu’à sa mort quinze ans plus tard. Je me suis souvent senti différent de tous, mésadapté et allergique à ce que on la société avait à m'offrir. À mes sept ans, Marcelle me confia qu’elle n’était pas ma mère véritable mais le rejeton d’une famille juive. Cela resta ainsi jusqu’à sa mort, je venais d’avoir vingt-cinq ans. Marcelle et moi avons déménagé vingt-cinq fois. Souffrant de dépressions, je m’offris involontairement une thérapie après son décès qui me soulagea quelques années.


Ma vie fut une cruelle bataille pour survivre. Ce monde dont je tentais de m’exalter m’apparaissait aberrant et indifférent. Cet univers était celui où j’étais condamné à errer dans une profonde solitude. Des trottoirs j’en ai parcourus pour me soulager en vain. Des sentiers j’en ai gravis, sués, bavés dans l’espoir d’arriver quelque part. Mes plus joyeux souvenirs sont les paysages champêtres, les rivières tranquilles et toujours cette interminable route bordée d'arbres gigantesques. Mon regard fut, d'aussi loin que je me rappelle, résilient et résilié à marcher sans arrêt. J’ai connu de longues années de fumées diaboliques, des nuits blanches et d’aventures explosives jusqu’à mourir d’ennui. Je savais bien qu’un jour je devrais abandonner ce rôle. Je savais bien qu’un jour en moi allait émerger un nouvel homme. Il arriva un beau matin, j'allais me réinventé. Dans mes plus tendres et anciens souvenirs, je revois la forêt sauvage de la Haute Mauricie à marcher sur les grosses roches de la rivière Batiscan. Je pêchais de grosses truites avec Adrien, un huron. On y accédait par train. J’étais heureux et libre surtout, fuyant temporairement cette nauséabonde cité qui m'abritait de ses liens sordides. Quelques personnages et évènements ont tracés le parcours de celui que je suis devenu. Dans les années 90, j’ai créé une entreprise vouée au plein air et au tourisme d'aventures, j’avais 35 ans. Une panoplie d'activités sportives et sociales ce sont greffées au fil du temps avec une participation exponentielle. Ce fut ce qui m'arriva de mieux, enfin je renaissais dans une cause qui me tenait à coeur, rehaussait mon estime et me permis de me réaliser à différents niveaux. Plusieurs centaines de pèlerins m’ont accompagné de leurs enthousiasmes transhumances. Des histoires j’en ai racontées et entendues, des sornettes aussi. J'ai visité une multitude de pays avec des visages animés de compassion, parfois d’indifférence. Les montagnes, les ravins, les buissons je les voulais tous pour moi, c’était mes amis, mes conquêtes. Cette agitation était entremêlée de visages cruellement passagers. J’ai toujours voulu vous plaire, vous accompagner et vous offrir ce qui m’a terriblement manqué. C’est vous qui m’avez guidé pendant toutes ces années. En réalité j'ai toujours été les yeux absents de ma mère.


Il y a quelques années, spontanément, j’ai fait mon arbre généalogique à la suite du film Incendie de Denis Villeneuve, je voulais savoir d’où je venais avant qu’il ne soit trop tard et que mon histoire s'oublie à jamais. Trois quart juif sont mes origines culturelles. J'éprouvai une immense satisfaction de découvrir mes troublantes racines. J’ai recherché à savoir ce qu’était un juif. J’ai beaucoup lu, surtout Jacques Attali. J’ai fait des retrouvailles, découvert ma demi-sœur bouddhiste Suzanne dans les Cantons de l’Est et quelques cousins et cousines de Westmount, Côte St Luc et d'ailleurs. Pas facile d’assimiler cette nouvelle identité déjà que la première ne fut jamais bien intégrée. Maintenant je suis un peu moins bête mais toujours anxieux. L’amour m’a toujours effleuré, mon signe astrologique est poisson, sensible, rêveur et visqueux car difficile à saisir. Souvent je ne me reconnais pas. Mon histoire est celle d'un blessé résilient, du conquis conquérant. Je n’ai jamais compris ma véritable nature ni le sens de ma vie, je l’avoue, mais en écrivant ça aide. Je fis un jour la connaissance de Paul, philosophe et joyeux penseur qui, pour moi, représentait l’essence même d’un homme libre. Il parlait de sujets nouveaux et différents, il est devenu mon mentor. Il habite depuis plusieurs décennies à Prague, enseignant l'anglais. Durant ma participation aux groupes Dialogue inspirés par David Bohm, j'ai compris l’ampleur de ma tâche et de ma compréhension du monde. Dans le véritable dialogue ce n'est pas le sujet qui importe mais ce qui se passe en parlant. Une rencontre fortuite avec un second Paul eu lieu dans l'un de ces ateliers. Il était aussi différent que la plupart des hommes. Amoureux fou des oiseaux migrateurs et fort intelligent, il quitta le Québec au début de l’hiver pour s'envoler avec eux au Mexique. Il devint alors citoyen mexicain et heureux de devenir un ornithologue invétéré du pays en écrivant des ouvrages sur le sujet. J’enviais son courage, sa détermination à l’image des immigrants recherchant une nouvelle terre d'accueil. Je crois que le bonheur pour plusieurs est une question d’habitude, de conditionnement et de croyances, parfois erronées. Les miennes furent basées sur la perte, l'abandon, le doute, les grands espaces et la liberté. Paul vivait maintenant sur les chauds rivages du Pacifique, dans sa cour abritaient les plus beaux oiseaux du monde. Je me suis empressé d’imiter son geste, en vain, pour prendre conscience de mon incapacité à pouvoir rester en place longtemps. J’ai gagné de l’argent alors en marchant avec des gens inconnus, parfois lamentables, en faisant énormément de publicité et de bruit. Je voyais en eux des amis et une grande et joyeuse famille. Amère déception. Mes multiples publicités qui ont précédées internet étaient partout en ville. Je participais à des salons spécialisés, des reportages, j'apparaissais dans les journaux, magazines, périodiques. J'étais motivé pour ma nouvelle passion de conquérant du monde, travailleur autonome indépendant et surtout celle de sortir enfin du placard.


Aujourd’hui j'ai pris ma retraite de cette longue et hasardeuse promenade avec une panoplie de personnages hétéroclites qui durera près de trente ans. Un vas-et-viens incessant s'amorça pour devenir celui que je suis maintenant. Je parle aujourd'hui avec toute l’expérience acquise au fil du temps animé par la volonté de créer et de m'exprimer. Pierre, Jean et Jacques ont maintenant disparus. Je ne peux tous les nommer, veuillez m’en excuser. Ma mémoire fait défaut, c’est pour cette raison que je m’empresse d’écrire. Je pourrais vous parler du temps qu’il fait, c'est comme ça que l'on se fait des amis n'est-ce pas? Ce qui importe, c’est bien le moment présent, vous comprenez? Cet instant fugitif est important, il est le seul qui soit réel. Il requiert d’être observé avec la plus grande attention afin de bien comprendre le sens de notre trajectoire. Alors l’essentiel de notre conversation peut débuter. Les choix s’imposent. Parfois il est nécessaire de se taire ou de quitter, parfois d'écrire ou de parler. La condition humaine est un mystère, l'amour son mortier, sinon c’est l’effondrement. Vivre exige d’être équilibriste. Aimes-toi et le ciel t’aidera, dira-t-on. J’ai tant cherché à plaire que j'ai oublié de me plaire. J’ai tant cherché à me distraire que je suis mort d’ennui. Lâcher prise n'est pas toujours facile n’est-ce pas? Mes placards sont devenus vides, le silence m’attendrit de plus en plus. Souvent je suis en manque de je ne sais quoi, le vide dira-t-on. J'ai une amie fidèle, forte et fière qui fait parti du monde ordinaire comme tant d’autres. Son enthousiasme, son dévouement et sa constance sont remarquables. Ce fait divers est imperceptible dans le monde du spectacle et des nouvelles en continu. C’est de l’ordinaire que nait l’extraordinaire. Tu as toute mon admiration amie fidèle et sincère, peut importe la direction des vents. Des gens étonnants parsèment mon chemin, je perçois trop souvent que leurs ombrages. Mon regard manquerait-il de profondeur, de consistance? Pourtant je suis lucide malgré les fantômes qui m’habitent. J’ai le sens du dramatique direz-vous? J’esquisse ce qui m’encombre inutilement, du moins j’essaie.


La longue marche

La longue marche est celle de la résilience, du désir de vivre, de soi, de l’autre. La longue marche est un idéal, immense, universel. La longue marche dilate l’esprit, apaise le corps, proposant la transcendance de ce qui semble être. La longue marche est celle de la transition, des rencontres fragiles, éphémères souvent fertiles. Elle est ma source de volonté pour me projeter dans le temps excluant toutes promesses. La longue marche me mobilise contre l’ignorance, elle me séduit par sa beauté immortelle qui ne cesse de se renouveler. La longue marche c’est le désir de dépassement et la poursuite de mes rêves sur les chemins les moins fréquentés. Un pas à la fois, des choix me sont proposés parfois austères, souvent essentiels mais jamais anodins. Se choisir c’est aussi renoncer. Sur les trente années d'existence, le club de marche et de voyages d'aventures qui a existé, seule la routine fut bannie de cette trajectoire. Trente années de gloire, d’apprentissage et de bonheur dans les bois furent celle de marcher dans l’extase d’une communion ancestrale et renouvelée.


Partir Ailleurs

Mes âmes dénudées m’appartiennent. Acharnés de mieux-être, intelligences frêles, j’entends mes complaintes. Les horloges taisent enfin mes gloires superficielles. Ces formes incroyables devant l’absolu s'agglutinent dans une lumière somptueuse. Périr les bras croisés, mauvais destin. Ma volonté ne me reconnaît plus, amputée du verbe aimé. Mourir est remis à demain, j’ai du travail à effectué, un artiste à mettre au monde. Incompris et immatériel, n’invoquant pour le moment que le trône du vaincu et du vainqueur. Un monde nouveau tente de ressurgir, ignoblement plus beau, constitué de ténacité, teinté d’obscurité. Cruelle est la dualité de l'homme. Addiction du non-retour, je m’y délecte. En attendant, je survole une crasse immonde, séjour latent de peur et d’abstraction. J’émets des mots sans les reconnaître recherchant à maîtriser mes constantes dépressions. J’ose conjuguer l'amour avec l'espoir sur cette infâme destinée. Je revendique le droit de m’exprimer, le droit de m'enflammer, de vivre. 
Tant de mots identifiés et d'errances malmenées, je suis le maître de la dissertation subliminale. Mon salut est d'écrire, de vous dire. Que des orages soient attendus, je me fous des prévisions. Le courage l’emportera avec son lot de rêves et de convictions.


Promiscuité

Ma plume dégoutte ici et là, son sang refait le monde. Trois milles ans de traduction, vingt milles années d'obscures destinations pour découvrir des jeux d'enfants et des jardins de guerre, pour boire de la bière et humer ses amères illusions. Et parmi les chants de gloire et les chanteurs populaires surgis le doute perçu dans les larmes du non-retour.


S'entendre

Il m'appartient de vous écrire ces quelques mots, ou plutôt de vous écrire ses remords millésimes. Que de vignes se pressent et dégouttent sous le joug de votre présence. Je guette l'image sournoise de vos traits et prête volontiers un masque à votre visage pour que me trompe vos grimaces moribondes. Que d'espace restreint à vibrer mes peines dans la noirceur d'ici. Que dirais-je sinon que pour m'apaiser je me console en me disant que de misères semblables se vivent aussi. Cette nuit je veux signer un pacte avec tous les artistes vivants et ayant vécus pour célébrer avec eux l'éternel complainte de la vie paradoxe. Rien ne m'affecte autant que la beauté toute nue du chant enfreint de douceur et du dessin simple et révélateur. Des yeux, des bouches s'harmonisent avec leurs couleurs de peaux respectives alors que tout mon être s'enracine du poète et du jouisseur.


L'Être

On m’a dit un jour c’est ça la vie, c’est ça la vie je réponds et j’ai fui. Prisonnier de l’esprit, éphémère est ma joie. Amer est mon doute de n’avoir fait que passer dans ce monde indifférent, dans ce monde insouciant. Je casse la croûte dans un désert brûlant de déchets puants. Je n’ai plus grand chose à faire sinon fermer ma gueule et écrire des textes. Je n'ai plus qu’à marcher sur les froids trottoirs, les boulevards pressants. Mais qu’avez-vous fait de nous? Qu’avez-vous fait de moi? Ne reconnaissez-vous pas la faim réelle ? L’amour que je connais est moribond, l'amour que je côtoie n'existe pas. Seul le temps perdu s’effrite amer et décevant. J’aurais aimé te dire, j’aurais aimé te plaire dans un cadre enchanteur. L’eau y serait douce, ni trop froide, ni trop trouble. Mes mains ne cessent de s’agiter et d’attiser ta venue. Comme je te désire dans l’astre du jour. Comme ta peau me paraît absente. Saccagé, je le suis par la peur et l’abandon. Il ne suffirait pourtant que le verbe aimer se conjugue avec le verbe être. J’ose croire que tu existes afin de t’obéir obstinément. Tu es belle comme des cuisses, j’ai faim de nous. Dans l’attente je goûte la poésie du désir inachevé. L’abîme n’est jamais très loin. Lâcher prise c’est ce qu’on dit, fuir est encore pire, je voudrais en finir. Que ferait-on sans ses voisin, ses amis? Semblable à des bêtes le festin tire à sa fin. Je me fou du monde entier. Plus rien m’accapare sauf cet inconditionnel amour de l’être sublimé. Jamais je n’oublierai la convoitise d’un être chair ou la perte d'un ami. Jamais je n’aurais pensé que la lumière fut mon seul parcours. Crédule? Il m’est de plus en plus difficile de songer aux beautés des hémisphères. De ce trou béant où voltige ma solitude rien n’est acquis. M’agiter est ce qu’il me reste en attendant demain, en attendant la fin.


Néant de culture

Je naquis dans un vase clos, ne me doutant pas que le monde soit si vaste et liquide. J'entrepris de multiples horizons, stimulé par l'aventure. Mes neurones s'édifièrent de conquêtes sensorielles dans une vaste dérive de rêves et d'espoirs. Mon regard éclaira un monde en friche. Mon esprit tentaculaire et intransigeant s'illumina allègrement m'abreuvant d'essences primaires, me révélant de latentes convictions. Je reconnais des envies d'abnégation pressentant le début d'un non-retour. Cette luxuriante créativité s'exprima d'un éclat de lucidité et d'extase m'engageant à retrouver mon pouvoir. Me réincarnant somptueusement, d'étranges et viscérales illusions sont mises à jour. Je reprends la place qui m'a été offerte au lever de ce jour périmé. Mon lit est vaste comme un empire. Ma chambre est belle comme le jour de ta fête. Je reconnais les forces qui m'habitent malgré la souffrance qui m'abrutit. Retrouve ami invisible ta véritable nature, celle qui nourrit ton âme vagabonde. Cesse cette édifiante trahison. Étreins ton amour éternel, peut importe sa direction. Ta poésie émerge enfin afin d'éviter de périr trop tôt.


Misère

Généreux de ma présence, c'est ce que je peux t'offrir. Cette vie offerte et mystérieuse se projette à vive allure. La conscience qui abrite mon corps est amère et douloureuse. À plusieurs reprises j'ai songé de quitter le navire. Son ventre solitaire basculant à plusieurs reprises dans le néant. Mes rêves ne s'enflamment plus comme avant. Ma jeunesse s'étiole dans la nuit abyssale. Je reconnais la blessure ancestrale par le doute et le vague à l'âme. Je ne sais pourquoi j'existe, je m'endors souvent dans un rituel stérile et accablant. Je recherche dans cesse la beauté en chaque chose, chaque regard. Je m'accorde un moment de grâce, un répit pour vibrer ma peine d'ici. Seule cette quête d'amour me projette en avant tardant à se manifester. Ce n'est jamais plus comme avant. Mon miroir ne reflète que des bêtises, ma tête éclate. M'esquisser est ce que je peux m'offrir de mieux en attendant le grand rassemblement.


La banquise

Tes jambes bavardes, distraites de leurs pas le sol méprisé. Les parfums errants succombent sous l'haleine d'une époque assimilée. Chaudes esquisses aux teintes imagées. Automate pétrifié, exil inutile. Chemins d'asphalte du pays lessivé. Breuvage de la soif, la faim se presse. Les désirs s'emboitent agressifs, volubiles. La règle perd son jeu d'être seule à régler le doute de n'avoir fait que passer. J'ai vu le pays du soleil de minuit. J'ai vu les pays dévoilés leurs ombrages. Des repères sont identiques et contrariés. L'acteur clamant sa liberté gèle sur la banquise, le plaisir étant cruellement passager.


Promenade

Les gens s'enlacent sur l'autoroute suivant de près les panneaux suralimentés d'indications. Ils se dissipent à l'intérieur d'une boucle et ne cessent de tournoyer. On dirait qu'ils existent mais ne font qu'accélérer leurs doutes d'avoir trop trimballé. Plus ils avancent et plus ils dégénèrent dans le fond d'une brèche intermittente. Je marche le long de l'autoroute. Levant mon pouce aux moteurs d'acier, personne ne me reconnaît. On me demande ma direction, sud je leur réponds. Cela m'évite des pourparlers, m'enterrant de bières salées entremêlées de douces musiques country. Le long des autoroutes je casse la croûte d'un doute amer qui m'a toujours habité. Seul sur l'autoroute je pleure mes simagrées.


25 mars |

Albert Camus affirmait "qu'il arrive que les décors s'écroulent dans la routine d'un rythme infini. Un jour seulement, le "pourquoi" s'élève. La lassitude est à la fin des actes d'une vie machinale, mais elle inaugure en même temps le mouvement de la conscience. Elle l'éveille et elle provoque la suite. La suite, c'est le retour inconscient dans la chaîne, ou c'est l'éveil définitif". Quel magnifique texte. Camus est un auteur que j'aime beaucoup. Son thème récurrent est l'absurdité du monde et le raisonnement absurde. "On fait les gestes que l'existence commande pour beaucoup de raisons dont la première est l'habitude". Depuis toujours je m'interroge sur le sens de la vie qui ne représente que quelques poussières dans l'univers. En même temps c'est la seule vie que j'aurai à moins de croire en la réincarnation, je n'y crois pas. Sans tous ces écrivains avec lesquels je possède des affinités pour les thèmes qu'ils exposent en se commettant indirectement à moi, ma vie serait moins riche, moins densément habitée.

Parfois en partageant mon blogue à la lumière de ce médium, je me surprends à imaginer d'écrire à des lecteurs. Mentir serait d'avouer vouloir n'écrire que pour moi-même après réflexion. Je me transforme comme la lumière du jour, il n'y a pas de vérités absolues dans l'esprit des hommes. J'avoue éprouver un délectable plaisir à partager cette danse orthographique. Cette connexion fenestrale m'offre assurément du sens car vivre en vase clos est difficile. Cela vaut aussi pour tous les hommes sauf pour quelques exceptions. La fantasmagorie éprouvée devant cet art est une fixation absolue de ma concentration à l'intérieur du moment présent. Peu de choses ne me procurent cette louable satisfaction avec autant de profondeur. À vingt ou trente ans j'aurais dit les femmes. Si cela est bon pour moi, il sera peut-être bon pour un autre. Je ne suis nettement pas habile et peu enclin à écrire des fictions préférant l'essai et le carnet littéraire. Ce qui est bien dans la rivière de l'écriture c'est qu'elle se déverse en ouvrant les valves en amont. Il m'est impossible alors de savoir où le courant m'apportera. Peut m'importe d'abord que je suis en mouvement, que je suis le mouvement. Et je laisserai une trace de mon passage si telle est ma destinée. Le voyage c'est comme ça. J'ouvre ma porte et les choses se présentent naturellement et spontanément comme dans le délicieux film de "monsieur oui" avec Jim Carey dans lequel sa vie se transforme dans l'affirmation.

24 mars |

Pour faire le plein, me recréer, je dois faire le vide en moi. Sachant très bien que ce vide n'existe pas, je n'exerce néanmoins à jeter du leste dans mon esprit et mon environnement immédiat. Créer un espace à l'intérieur de soi est nécessaire pour jouir d'une vision du monde renouvelée, créer de nouveaux liens, voir et vivre autrement. Ma zone de confort doit inévitablement se rompre, de temps en temps, en modifiant mes repères et mon champ de vision. Lorsque je change de place, l'horizon se transforme, mes pensées aussi. Logé dans une matrice à la fois cruelle et bienveillante, j'observe l'inconfort malgré les dissensions et le doute. Écrire, ne jamais cesser ressentir les mots exhumés. Que le verbe me réincarne dans plus grand de ce que je crois être. Immobiliser un instant les images et les mots qui parfois hésitent à venir au monde. Nouvelle vocation, nouvelle direction assurément. Freiner le rythme exacerbé du temps dans la folle tentative de l'enfermer. Sisyphe aura tenté, il a été puni par les dieux. Il est devenu las et immortel. Il prit conscience toutefois que dans chaque malheur il y a sa contrepartie, sa vie lui est parue différente à ce stade. La dualité nous porte, c'est comme ça que ça se passe chez les hommes. Observer les oiseaux, le printemps, renaître et respirer. Le soleil bientôt me réchauffera laissant apparaître de nouveaux rêves, de nouvelles projections.

22 mars |

Sénèque disait "lorsque cesse le stade instinctuel, la socialisation prend le dessus, ou plutôt l'autorité de l'opinion. Quiconque aspire à une joie sans éclipses ne doit se réjouir que de ce qui lui vient de lui seul. Il ne dépend pas d'autrui, il n'attend pas les faveurs du sort ou des autres, sa félicité lui vient de lui-même". Paul, un vieil ami, me disait récemment; "utilisez le temps que vous avez, le temps est précieux. Vous aimez vivre et vous vivez pour aimer. Ironiquement il ajoutait; "si vous voulez des amis parlez du temps qu'il fait" disait Paul. Il habite depuis très longtemps Prague en Tchécoslovaquie. Désormais à la retraite, il y enseignait l'anglais. Troubadour éveillé, curieux des cultures du monde et grand voyageur, il fut mon mentor. Originaire de Saint Jean à Terre Neuve, nous nous sommes rencontré à Québec. Il était travailleur social de rue. Lorsque nous marchions, il aimait aborder les gens sur la place publique avec une simple question, "devrait-on offrir les mêmes salaires aux vidangeurs qu'aux médecins? Débute alors une intime et abondante conversation. Nous avons fais ensemble plusieurs voyages de cyclotourisme au lac St Jean, dans les Cantons de l'Est et au Vermont. Il ne laissait personne indifférent, affichant une personnalité originale, indépendante, attachante et socratique. Son père est décédé à l'âge de 98 ans, il écrivait de nombreux essais. Paul développa très tôt son intérêt pour l'histoire et la littérature à l'image de son père. Ce dernier offrit à ses enfants une immense terre qu'ils vendirent pour leurs études leurs permettant de s'éduquer. Paul est un révolutionnaire pacifiste, anticonformiste, antibourgeois, voltigeant à contre-courant du populisme sans toutefois verser dans le négativisme et la violence. Paul était aussi le prénom de mon père que je n'ai pas connu car décédé trop tôt. La littérature était la passion commune de ces deux personnages aux antipodes l'un de l'autre. Mon ami Paul ne pouvait pas résister à la tentation d'immigrer dans les anciens pays communistes où il y retrouvait matière à créativité et d'expression qu'il ne retrouvait pas dans son pays.

Pour revenir à mes moutons, rien ne fut plus régénérateur pour moi, ces derniers temps, que d'éteindre le téléviseur à part pour quelques variétés culturelles originales. J'ai cette certitude de pouvoir confirmer que mon âge requiert davantage de silence et de calme. Les images cadencées et le bruit ambiant ne me conviennent plus comme avant. Je sais décrypter davantage les gens et leurs stratèges étant moins naïf. Plus jeune j'étais quasi inconscient de toute cette turbulence. Chaque jour j'éprouve la nécessité de marcher dans le grand parc à côté de chez moi. Me retrouver au maximum à quinze minutes à pied de tous les services essentiels représente à mes yeux une qualité de vie incontestable. Je pèse les avantages et les inconvénients de mon environnement immédiat et je constate la chance d'habiter ici, le verre à moitié plein. Rien ne sera parfait de mon vivant mis à part ces moments délectables de grandes connectivités avec la vie qui me porte. J'aspire à la simplicité volontaire et je crois vivre dans le meilleur des mondes. Toutefois sans mon modeste campeur, un élément important, pour ne pas dire essentiel, serait absent du moins pour les années à venir. Cette liberté de mouvement et de ressourcement m'offre la possibilité de m'épanouir et de m'équilibrer à ma juste mesure. En moi je porte le monde, en moi je me réalise pleinement car les fruits sont mûrs. Je sais que des événements peuvent me troubler n'étant pas à l'abri des imprévues. En ce moment je me sens en équilibre avec mon être et mes projets me portent dans l'exaltation et l'émerveillement de l'enfant. Je n'attends rien ni de personne pour me sauver aujourd'hui. Je suis ma propre lumière. La route bientôt sera ce tremplin pour contempler allègrement cette vaste demeure qui m'abrite le temps d'un respire.

19 mars |

J'ai repris quelques extraits du livre fascinant de Paolo Coelho, "Pèlerin de Compostelle". Un passage puissant m'a profondément ému. "Pèlerin, tu es distrait; calme toi. Parce que tous les appelés ne seront pas élus. Il n'est pas donné à tout le monde de dormir le sourire aux lèvres et de voir ce que tu vois. Bien sûr nous devons partager, même les informations que nous possédons tous. Nous devons à tout prix nous garder de céder à la volonté égoïste d'arriver seul à la fin du voyage, sous peine de découvrir un paradis vide, sans aucun intérêt, et de mourir bientôt d'ennui. Il ne faut pas nous emparer des torches qui éclairent notre chemin et les emporter avec nous: en agissant de la sorte, nous emplirions nos sacs de lanternes, mais toute cette lumière emmagasinée ne saurait remplacer la compagnie que nous manquons. Alors, à quoi nous avancerait-il ?" Ce texte est profondément émouvant. Cette semaine j'attends un bouquin sud-coréen sur un sujet très actuel de ce pays qui arrive en librairie; "Honjok". Ce livre en anglais sera disponible sous peu en français à Québec. Francie Cristal Tai et Francie Healay en sont l'auteure et le traducteure. L'étymologie du nom "hon" signifie seul et "jok" tribu. Le terme "honjok" désigne les personnes qui ont choisi de pratiquer des loisirs solitaires, de profiter de leur indépendance et d'embrasser la solitude. Les "honjok" rejettent les valeurs sociales collectives, préférant célébrer l'individu avant la communauté. Cette tendance qui prend sa source en Corée du Sud est grandissante dans plusieurs pays. Ce sujet suscite beaucoup d'intérêts et de curiosités. Il m'est impossible pour le moment de commenter sur le sujet avant de prendre connaissance du livre, j'y reviendrai. Les cultures contemporaines se transforment au même rythme que nous changeons sinon plus rapidement avec les médias sociaux en avant-plan. Cette semaine je vais me procurer quelques ouvrages pour la route prochainement.

15 mars |

Dans "le meilleur des mondes" d'Aldous Huxley l'auteur imaginait l'avenir où les enfants naissaient dans des éprouvettes au lieu des familles. Ils étaient éduqués à se tenir loin de la nature et des livres, ces derniers minant la consommation. Dans nos gestes nous sommes indécents à ne pas freiner cette consommation excessive. Avions-nous d'autres plans ou n'avions-nous pas suffisamment de courage pour rompre ce cycle ? Créer et croître sont une unique et même chose, en ce sens j'ai besoin de lire et contempler la nature. J'ai très peu de modèles viables dans l'espèce humaine de mon entourage, est-ce le hasard ou le contexte qui l'a voulu ainsi ou les deux ? J'ai rompu avec le téléviseur n'y trouvant que des produits de consommation, des mauvais exemples et de la propagande qui ressemble de moins en moins à mes héros désintéressés. Certes parce qu'il est important de se vendre, de consommer, d'afficher pour commercer, toutefois ce tragique cirque loufoque est hachuré et drapé de faux éclats et de mensonges. Dans les forums sur les médias sociaux, le monologue ainsi soit-il, tourne autour des produits de consommation et des couleurs du produit en vogue. Notre virtuel réseautage monochrome mets les gens en boîte en les assimilant dans une culture inculte à la "big brother". 

J'ai commencé à travailler très jeune. Je perturbais souvent la chaîne de production avec mes questions et réflexions existentialistes. Je ne voyais aucun sens à tout ce qui s'affichait autour de moi sauf la géographie et la nature. Ces deux sujets "pas payants" faisaient de moi un éternel rêveur. En réalité je ne rêvais que de m'enfuir très loin de cette crasse immonde où je divaguais lamentablement. Sur un retour aux études je me suis inscrit aux études collégiales en communication, j'y avais de l'intérêt et un certain talent. La communication visuelle me passionnait mais elle arpentait principalement les objectifs de consommer et de vendre. Les images abondamment utilisées à des fins commercials, leurs natures  troublantes sont parsemées de manipulations mercantiles. Nous sommes rendu à devoir s'interroger constamment de la pertinence des images présentées. Les tricheries se multiplient considérablement à ne plus pouvoir reconnaître le vrai du faux. Comment aurais-je pu penser un instant dans la vingtaine écrire un blogue animé d'images concordantes au texte sur la liberté? Même les spiritualités et médecines douces sont récupérées par cette vague de consuméristes aguerris. Je n'ai pas la vocation du spécialiste mais celle du "diversialiste", du généraliste devrais-je dire, mais je n'aime pas ce mot. 

Des couples autour de moi sont unis dans cette consommation excessive. Leurs manoirs feutrés affichent des illusions de naïve sécurité. Tôt ou tard le ballon se dégonflera révélant une amère déception et une profonde solitude. Heureusement tous ne se jetteront pas dans ce gouffre proposé. Derrière les fenêtres closes il y a de bonnes intentions, pendant ce temps la vie passe et le courage s'affaisse. J'ai demeuré fidèle à mes convictions malgré le chemin rempli de méandres hasardeux et de doutes. J'ai surfé sur la simplicité volontaire car les efforts pour obtenir ces objets m'apparaissaient surdimensionnés. Tout cela révèle des lacunes importantes très tôt dans mon éducation ou plutôt dans celle que je n'ai pas reçu. J'ai investi la plupart du temps dans la liberté à contre-courant. J'ai fais ce qu'il m'étais humainement possible de faire avec les moyens du bord. En ce sens je me suis réalisé pleinement. Ma liberté est ma fierté, rien ni personne ne pourra me dévié de cette éblouissante satisfaction. Ma résilience est une force incontestable qui s'est acquise dans la douleur et la résilience. À bien y penser je ne regrette pas grand chose de ce cheminement, il a fait ce que je suis devenu, un blogueur arrimant les mots avec la liberté. Avec cette constance et tenace envie d'écrire je vois le chemin parcouru et je perçois la progression positive dans mes propos et réflexions. Malgré mes quelques critiques acerbes je suis plus positif, nuancé et objectif vis-à-vis moi-même et mon environnement. Je fais mes propres choix en fonction de mes besoins et non en fonction de la mode et des autres. Je peux demeuré assis plus longtemps n'ayant moins besoin  de m'esquiver. Peut-être est-ce le côté positif de vieillir car la vie chez les vieux a tendance à ramollir et les contrastes d'humeur moins accentués.


12 mars |

Cette fontaine ci-dessus pour moi est symbolique. Située dans le centre-ville de Saratoga Springs dans l'état de New York, cette eau minérale et gazeuse favorise la digestion et coule ici depuis la nuit des temps. Cette belle et richissime cité sera mon premier arrêt à mon périple du nord-ouest américain. Il y a une dizaine d'années, dans l'une de mes plus significatives relations amoureuses, Sylvie et moi nous nous étions arrêter s'abreuver à cette source. De ce voyage d'aventures à vélo je ne voulait pas y voir la fin. Le printemps dernier j'y fis halte à nouveau dans un rituel désirant obtenir de la chance et de l'amour. Je fis des réserves d'eau dans de grandes bouteilles et j'ai fais un très beau voyage. Ce soir je fais une délicieuse lecture d'Alessandro d'Avenia du livre "l'art d'être fragile ou comment un poète peut nous sauver la vie". L'auteur s'inspire du poète italien Giacomo Leopardi pour raconter l'enseignement du XIXème siècle aux jeunes adultes les préparant devant la vie. Je retiens ces quelques phrases bouleversantes que j'ai repris à ma façon comme mon père, journaliste de profession en avait l'habitude. Il superposait, entre chaque pages d'un livre sélectionné, des annexes de pages vierges collés avec du ruban adhésif sur lesquels il recomposait à sa façon les écritures. C'est un exercice que j'aime faire non pas dans le but de plagier mais pour pratiquer mon style et ma compréhension du texte. Toutefois je laisse intact mes précieux livres. Il sera impossible pour moi ce soir de rajouter quoi que ce soit d'autres après ce texte illuminé de vérités.


"Il existe une armure de peurs qui empêche de comprendre et d'apprendre ce qu'il faut dans cette vie. Ce n'est pas l'art d'être invincible et parfait qui importe mais celui de se savoir être comme on est, invinciblement fragiles et imparfaits. Ainsi se réveille la passion assoupie, l'originalité en soi, et l'on chasse la peur de ne pas être capable. En moi a toujours exister ce feu qui ne veut rien d'autre que brûler de la passion, jusqu'à brûler soi-même faute de combustible. Ce feu c'est le feu de la vie. Il ne peut s'éteindre, seulement s'exténuer et languir, dévoré par le cynisme ou le manque d'espoir. Les passions se réveillent au contact de la flamme, et non par les modes d'emploi pour allumer le feu".

11 mars |

Le chapitre "gratitude" du blogue de l'aventure se termine bientôt, il fut pour moi d'une grande révélation.  Il cédera la place au prochain épisode en vanlife dans l'ouest américain ce printemps. Chaque périple de nomadisme alterne avec une période de sédentarisme qui rassemblent des réflexions bien différentes. Un sujet que je n'ai pas évacué est mon intérêt marqué pour l'histoire des "asylums". L'an dernier j'ai découvert ce sujet et des sites historiques passionnants à par hasard et par curiosité, les "lunatic asylums". C'était le nom des établissements de santé mentale d'une autre époque, les asiles ou "state hospital". Plusieurs de ces sites immenses comme des petites villes regroupaient parfois plus de 13,000 patients. Dans les années 60, grâce aux nouveaux médicaments tels la "thorazine", ces institutions sont devenus vétustes, la réhabilitation a débutée après plus d'un siècle d'obscurantisme.

Si je m'intéresse à ce sujet c'est que je naquis sans être désiré, ma mère était une fille mère qui me confia à la "crèche" soutenue par les communautés religieuses. Ce grand bâtiment, qui a modifié sa vocation depuis très longtemps, était situé près de chez moi à l'endroit où se retrouve aujourd'hui la "cité verte" du quartier Montcalm. On retrouve derrière l'établissement un "memorial" pour commémorer l'oeuvre des religieuses. Le dernier chapitre de mon blogue "gratitude" s'intitule ainsi en partie avec la chance d'être parvenu vivant et en bonne santé à la retraite. Si après l'âge de deux ans les orphelins ne trouvaient pas de familles d'accueil ils étaient confiés aux institutions en santé mentale appelés à l'époque des "asiles". Québec et Montréal lunatic asylum, pour nommer les plus importants, sont devenus plus tard Robert Giffard et St Jean-de-Dieu. À la création de ces hôpitaux, plusieurs patients étaient attachés, maltraités et enfermés. Plus tard à l'apparition de la nouvelle génération de médicaments les patients étaient davantage barricadés par des prisons chimiques. À partir du XIXème siècle il y avait beaucoup d'orphelins pour différentes raisons notamment avec la contraception. Le gouvernement québécois voyait ses écoles remplies à craquer. Le gouvernement canadien à cette époque ne subventionnait pas l'éducation mais les hôpitaux. Pour récolter des subventions, le gouvernement provincial transformait progressivement les écoles en hôpitaux psychiatriques enlevant les tableaux noirs pour les remplacer par des chaises berçantes et des fenêtres grillagées. Les orphelins de Duplessis sont apparus et, s'ils étaient en relative bonne santé  malgré les déficits affectifs et d'éducation, ils développèrent des problèmes sérieux rapidement une fois à l'intérieur de ces murs. 

Mes parents naturels étaient de nationalité juive sauf ma grand-mère maternelle qui était canadienne française. Pour cette raison je fus rejeté du clan de même que tous ceux de sa lignée. Dans cette communauté c'est le sang de la mère qui est reconnu. Je fus adopté à quelques jours par une canadienne française comme on disait, célibataire inadéquate pour la maternité. Son âge avancé et ses problèmes en rapport avec le jeu compulsif furent en grande partie responsable des difficultés encourues. Toutefois ma mère adoptive représente à mes yeux ma mère véritable. Elle m'a donné l'amour nécessaire malgré le fait que mon éducation et mon soutien fut défaillant. Elle a fait ce qu'elle a pu et en cela je sais pardonner. Grâce à elle j'ai peut-être pu éviter la "maison grise" comme on l'appelait. J'ai souvent eu l'impression d'être assis entre deux chaises et ce n'est que tout récemment que j'accepte ce qui est et non pas ce qui devrait être, ce que je possède au lieu de son contraire. Ma vie fut constituée d'une longue quête c'est pour cette raison que je suis captivé par l'histoire. Sans me projeter inlassablement dans le passé, ce dernier fait éruption à l'occasion. Depuis mon récent voyage de vélo à Cuba j'éprouve de la gratitude envers la vie qui, malgré les obstacles, fut bienveillante envers moi. Le seul mot qui me vient est merci. Merci à ma force, ma résilience et mon courage qui m'a été donné pour accomplir ma mission, celle d'apprendre à vivre. Vagabonder, errer à l'aventure, se promener signifie en anglais "to ramble". Curieusement, plusieurs de mes parcours à vélo aux États-Unis débutent par "ramble". Mon errance c'est transformé aujourd'hui en contemplation et en découverte du monde. Je suis comme le vent, parfois tourbillonnant sur lui-même, parfois dans toutes les directions. Je suis en train de préparer minutieusement en ce moment un laborieux texte d'introduction  qui sera affiché sur le blogue bientôt, "northwestern states". Je viens de terminer la lecture d'un magnifique roman du québécois Jacques Poulin, "Volkswagen Blues". Ce livre m'a fortement inspiré et s'est mérité un prix littéraire. C'est un "road trip story" racontant l'histoire d'un homme recherchant son frère dans l'ouest américain après 25 ans d'absence.


7 mars |

Il n'y a plus de câble dans mon téléviseur, adieu! Simplicité volontaire et choix éclairé. Mon vélo est prêt pour le voyage dans l'ouest américain avec l'achat aujourd'hui de chambres à air supplémentaires et de nouvelles batteries pour l'odomètre. Déjà ma quatrième saison de vanlife, le départ se fera rapidement en avril ayant tout le nécessaire sous la main. La météo m'indiquera le bon moment pour la grande aventure. La chaleur dans les Rocheuses de l'ouest américain débute fin mai ou début juin, j'y serai ! Un livre m'interpelle sur l'histoire des grecs. Il mentionne que les athéniens ne travaillaient pas beaucoup. Vingt milles athéniens vivaient dans la cité de la Grèce antique et deux cent milles étrangers et esclaves en périphérie, les impurs que l'on disaient avec mépris. Les athéniens passaient leurs temps à discuter, profiter de la vie, des arts, s'occuper des affaires de la cité, de bonne chère, de sport et de philosophie. Ils pouvaient se le permettre. Dans ce sens je m'identifie à eux, épicurien possiblement, libre mais sans le désir d'opprimer autrui. C'était avant les sociétés de consommation qui n'ont, depuis, jamais cesser leurs ambitions voraces et destructrices. Des sociétés entières de privilégiés se sont enrichis dans le monde grâce à une masse critique de soumis et d'esclaves. Il y a eu le communiste, ce fut un échec. Je préfère m'identifier aux minorités qu'au troupeau sans tête ni raison, celui de la foule beuglant inopinément dans les estrades, celui de la meute voulant lynché le premier venu. Je suis privilégié, je le reconnais. Deux solutions existent pour acquérir la liberté; augmenter son pouvoir d'achat ou diminuer ses besoins. Arriverons-nous à nous libérer de tous ces mensonges et soumissions ? Les choix s'imposeront d'elles-mêmes si on ne les effectue pas délibérément. Avec la multiplication de l'intelligence artificielle, les changements climatiques et la pénurie des ressources naturelles, le monde devra trouver des solutions pour palier à la pauvreté. L'une d'entre-elles seraient de verser un salaire universel à tous sans discrimination aux frontières. Le livre est bien écrit, différent de plusieurs bouquins d'histoire parfois arides et austères. Il porte un langage savoureux et moderne dès les premières pages.


J'ai fais la connaissance d'une marocaine aujourd'hui établie à Québec depuis plusieurs années. Ouverte à la discussion, je fus ravi d'être accueilli aussi chaleureusement, la semaine dernière ce fut un algérien. Rares les fois que se présentent ces discussions loquaces et imprévues, la plupart des femmes de mon entourage étant plus réservées et discrètes avec les gens hors de leurs réseaux. Ce n'est pas autant la réalité que mes observations. Ces gens venus d'ailleurs ont le mérite d'être courageux abandonnant une partie de leurs identités pour s'ouvrir à d'autres mondes. Il existe les ghettos mais je ne ferai pas de généralités et commentaires sur ces sujets délicats. Le monde n'est pas divisé en deux, ce n'est pas aussi simple. J'avais rompu temporairement pendant un mois sans regrets mes saines habitudes de lecture et d'écriture pour tenter de me lier d'amitié sur des sites de rencontres populaires. Je suis surtout aller à la rencontre de moi-même dans l'exercice faute de n'y rencontrer personne. Le temps passé devant les écrans est considérable et les résultats décevants. J'y ai découvert un gouffre de misère sans fond et le mien par le jeu des miroirs devant lequel certains semblent y trouver amour et amitié. Mon abonnement étant expiré avec le désir de rompre cette insatisfaisante et malaisante quête virtuelle. Je reprend mes lectures en essaimant un grand vide de l'exercice sans regrets. Ma satisfaction ne fut pas autant le but que le chemin emprunté. En cela j'ai bonne conscience d'avoir passer à l'action et constate ma légitime ouverture envers autrui. Les grecs, même de nos jours aiment discuter dans la rue, sur les places publiques et les cafés. C'est un fort élément identitaire et culturel. Je ne renie ni mes racines, ni mon pays mais j'adopte une vision large et intéressée du monde qui m'entoure. J'ai davantage à apprendre de ces hasards de coins de rues que d'écouter le téléjournal machinalement en fin de soirée. La prudence est toujours de mise, ne pas oser représente un possible danger de cloisonnement et d'ignorance. La jeunesse a ceci de particulier qu'elle ose l'aventure et s'affranchir de nouveautés, elle apprend à se développer des expériences. Les plus vieux sont plus prudents pour ne pas dire peureux et las de modifier leur routine confortable. "Si vous pensez que l'aventure est dangereuse, essayez la routine, elle est mortelle" disait Paolo Coelho. La sécurité prime souvent au détriment du dépassement de soi, cette affirmation vaut aussi pour moi. À vouloir abuser de prudence, les murs se rétrécissent dans un monde obscur et délétère. Le téléviseur de toute façon était toujours fermé la plupart du temps. J'ai davantage de temps ainsi pour réfléchir et être avec mon meilleur ami, moi-même. La vie s'occupe bien de nous, il s'agit d'oublier un instant les guides et cartes d'usage et se perdre pour mieux se retrouver. Il existe les sages et les idéalistes. La sagesse parle des hommes comme ils sont véritablement, les idéalistes préfèrent les imaginer comme ils devraient être. À nous de choisir la façon d'envisager la vie. Luciano de Crescenzo à écrit le magnifique recueil "les grands philosophes de la Grèce antique".

4 mars|

Plusieurs oiseaux partis dans le sud cet hiver reviennent dans les grands arbres qui bordent ma rue. Écrire et lire sont des exercices qui nécessitent de la pratique pour se développer tout comme les muscles et le coeur. Depuis un mois je prends conscience qu'à défaut de lire régulièrement, mon écriture est plus relâchée. Je l'interprète comme une pause nécessaire pour dissoudre mes pensées vers d'autres préoccupations. Je peaufine plusieurs mises à jour ces temps-ci à mettre en place mon milieu de vie adaptée d'une routine bienveillante. Depuis peu, mon esprit est plus limpide, surtout après l'escapade à vélo de trois semaines à Cuba. Cette aventure à vaquer à autre chose et voir la vraie misère du monde fut bénéfique. Je suis profondément positif ces temps-ci, plus que je ne l'ai été dans les dernières années. Plusieurs facteurs tiennent de réponses à cet état d'être. Néanmoins je puis affirmer qu'un lâcher prise s'effectue pour le meilleur des mondes. Moins critique envers la société et par ricochet pour moi-même, je me surprend à devenir indulgent, joyeux, tolérant et compréhensible. Je m'adapte mieux car je me sens libre. Libre depuis que j'ai délaissé ma micro-entreprise et mon rôle de travailleur autonome dont j'étais si fièrement et vigoureusement attaché.

Pendant plusieurs décennies j'ai porté inlassablement un masque, un rôle, celui de vendeur de rêves, d'influenceur et d'organisateur dans lesquels une pression s'exerçait en moi indûment. Je m'étais attaché à ce rôle suffisamment pour en perdre une partie de mon identité véritable. Je me sentais protégé par cet attribut, cette armure de combat. Ce combat était de gagner ma vie et de la préserver, devoir ou illusion? La vie professionnelle et publique est une véritable jungle où les véritables amis sont rares ou inexistants. Je plafonnais dans ce rôle au fil des années car je protégeais l'être fragilisé au fond de moi par des moyens extérieurs qui m'étaient hors de contrôle. Ce contrôle infaillible jaillissait de tout mon être pour devenir nocif et envahissant. Je n'avais pour essence que la protection de mon emploi et de ma réputation avec une intensité immense dans une farouche défensive. Je n'avais d'identité que dans ce rôle valorisant et excessif. C'est aujourd'hui que je constate que cette rupture est saine. Ce détachement ne s'est pas effectué en une seule journée, j'en suis conscient. Des années nécessitent la rupture avec cette joyeuse famille reconstituée de rires, de jeux et de slogans. Je crois que toutes ces années dans cet inlassable projet de vie m'a apporté force et discernement. C'est aujourd'hui que je réalise tout ce que j'ai semé. Je le constaterai davantage au fur et à mesure dans ma nouvelle vie. Mon esprit est en train de se métamorphoser dans ce relâchement nécessaire et vital après toutes ces années d'acharnement, d'ambitions, de défis et d'orgueil. J'avais tellement de rêves à rattraper, je m'étais donné le devoir de réussir. La providence fut présente à moultes reprises. À chaque instant pendant ces décennies j'ai été supporté ne serais-ce qu'un instant à plusieurs instants. Le voile se lève enfin sur cette magistrale étape qui me présente ses vérités. Si mon esprit est plus lucide c'est que la paix et l'accomplissement sont dans mon coeur. Personne ne pourra m'enlever cette vie de pures aventures. Aujourd'hui après avoir tourné cette page tumultueuse je suis libéré d'un lourd fardeau dont seul moi-même en fut le détracteur.  Merci la vie !

2 mars|

Il y avait longtemps que je n'avais pas fait autant de rangement en mettant aux ordures grands nombres de choses et d'objets révolus. J'ai créé aujourd'hui un index des guides "road biking et hiking" que je collectionne. Auparavant j'ai mis au recyclage un grand nombre de prospectus, cartes et documents de voyage dans le but de "créer" l'espace nécessaire et d'organiser physiquement et mentalement mes prochaines aventures. J'ai commandé aujourd'hui en ligne quelques-uns de ces guides. Il restera environ quatre à me procurer pour compléter ma collection sur les États-Unis. Peu de cyclistes et d'aventuriers auront autant parcourus à vélo d'aussi nombreuses destinations et parcours de cyclotourisme. J'ai une date approximative de départ en avril selon la météo en vigueur. Je passerai au centre du pays dans l'allée des tornades dans les prairies américaines. Dans mon téléphone sont installées des applications visant à m'aviser si l'une d'entre-elles s'approchent. Le Kansas et le Nebraska sont les états où sont dénombrées la plupart de ces tornades parfois meurtrières. C'est le choc des températures entre trois grandes régions des États-Unis qui causent ces fortes tempêtes. Le climat sec et froid du Colorado dans les Rocheuses, celui du golfe du Mexique avec son apport en chaleur et d'humidité et le froid humide des Grands Lacs. Ces trois grands systèmes combinés ont des effets violents et imprévisibles. Depuis quelques semaines je ne cesse de mettre mes affaires en ordre. J'ai déterminé un budget pour la retraite sur un fichier numérique. Jamais je n'aurai eu autant de prévisibilité financière et de temps libre. Je vis dans une étonnante simplicité volontaire comme toujours d'ailleurs mais avec une conscience de plus en plus accrue. Je vois en moi une transformation magistrale dans l'autonomie. Je ne regarde plus la télévision ayant fait d'internet ma source principale d'informations. Cette période est tout sauf stérile. Elle me suggère un prélude et le ressourcement nécessaire aux  prochains élans dans l'action, la créativité et les découvertes.

28 février|

Une semaine ponctuée de courses et de rendez-vous importants m'a intercepté. J'avais beaucoup de mises à jour et de réaffectation de mon milieu de vie. Je me trouve chanceux en le clamant tout haut. Ce printemps je serai libre comme jamais lorsque je quitterai mon patelin pour les USA en vanlife. Un ami est avec son Safari Condo en Floride en ce moment après avoir traversé plusieurs états américains et une partie du Mexique sur plus de quatre mois. On échange sur nos voyages respectifs et nos expériences étant tous les deux célibataires sans enfants. Son "nick name" est "free bird" et le mien "simple man" en l'honneur des baroudeurs des années 70 sur la musique de Lynyrd Skynyrd. Ces années furent les plus étonnantes de mon existence quoique je me sente très bien dans mon époque avec un sentiment de liberté retrouvé. Nous allons un nous croisé sur la route inévitablement le moment opportun. J'ai beaucoup de projets de voyages en vanlife. Il m'est impossible de vivre sans cesse dans la routine chaque jour dans mon domicile ou dans les alentours. J'aime être à la maison sur les chemins les moins fréquentés des États-Unis. Je dis ça mais en réalité j'aime mieux les petites routes goudronnées de l'arrière-pays. À vrai dire je suis un véritable maniaque de l'ordre et de la propreté et quelques kilomètres sur des chemins de terre peuvent exiger beaucoup de temps à nettoyer la carlingue. J'aime rouler avec Béa mon campeur dans une propreté éclatante. Je m'y sens plus léger et serein. Mes confidences en disent long sur l'excitation que j'éprouve en attente des prochaines découvertes sur les routes de l'Amérique. Depuis quelques semaines j'ai cessé de lire car occupé ailleurs dans ma tête. Je sais que ce besoin ravivera ma flamme tranquille et d'introspection prochainement. Je ne m'en fais pas outre-mesure de l'agitation qui m'a animé des dernières semaines. Ceci étant pour mieux me retrouver. Merci la vie !

26 février|

Québec est l'une des villes les plus conservatrices du Canada et les sites de rencontres le prouvent. Je n'essaierai pas d'exposer de grandes dissertations sur le sujet n'étant ni agent matrimonial, sociologue, voyant ou gourou. Mon besoin d'amour et de partage est noble, je me respecte ne m'avouant pas vaincu par la solitude. Je n'éprouve aucune culpabilité devant les lettres mortes expédiées. Une peine demeure, c'est l'absence. Le destin se chargera de moi le moment venu, voilà mon constat. Cet exercice dans cette quête me permet une meilleure connaissance de moi-même, toutefois je ne suis pas masochiste à ce point de faire une addiction de ces recherches virtuelles. L'amour n'a pas autant besoin d'explications et d'efforts, sinon ce n'est pas de l'amour mais de la peur. Dans le livre d'Alessandro D'Avenia "l'art d'être fragile" ou comment un poète peut nous sauver la vie" l'auteur raconte; "le malheur diffus de notre temps, et de tous les temps passés ou à venir, est causé par la carence de passions heureuses qui sont la clé d'une vie vivante".

20 février |

Lentement ou rapidement la vie suit son cours. La notion du temps est variable mais toujours la même, seule sa perception diffère. J'aime le temps libre même si parfois je tente de l'oublier. On n'arrivera jamais à compétitionner avec le temps. Qu'on veuille le fuir qu'il revient rapidement. Quand mon esprit se vide, le temps devient tout sauf du temps mort ou du temps perdu. Tellement d'illusions et de fausses perceptions ornent nos vies, ma vie. Depuis quelques semaines je ne cesse de faire des deuils de différentes façons. Je franchi une étape ces jours-ci, je le ressens très fort en moi. J'ai encore jeté une quantité de documents, dossiers, cartes, guides et souvenirs de voyages. Je fais le tour partout dans mon logis afin de me défaire des choses non-essentielles devant lesquelles je me sentais attaché déraisonnablement. Si je veux faire place à du nouveau dans ma vie, je dois faire le vide avant. Ceci vaut aussi pour les pensées, le passé et les désirs obsolètes. Être de son temps est dans une juste mesure sage. Avant je pouvais mettre bien des maux sur le dos des gens, les situations, les gouvernements allant de la température à la plus banale situation incontrôlable. Maintenant mes maux deviennent des mots conscients ayant une portée notoire et réelle.

J'avoue que je n'ai rien pour me plaindre aujourd'hui me considérant chanceux d'être vivant, en santé, avec un toit, de quoi me vêtir, voyager et m'alimenter. Mes besoins de base sont comblés, je suis en paix et libre. L'amour est en moi et autour de moi, c'est avec mon regard et mes sens que je ressens cet amour. Je dois choisir vers quoi je porte mon regard et mon attention, en ce sens je me sens positif comme jamais car je choisis de l'être. Il existe des prédispositions à être heureux, ce n'est pas dans les possessions et l'action excessives que l'on devient heureux. J'ai rarement entretenu un tel discours. Mon blogue y fait pour quelque chose. Écrire mon quotidien me fait prendre conscience davantage des différents états d'être qui m'affectent. Lorsque ça va bien je l'accueille avec une meilleure conscience aujourd'hui. Devant cette retraite je ne me sens plus obligé à quoi que ce soit ni même à vouloir plaire. Ce désir était en partie du fait que je devais vendre mes services ou par ricochet vouloir plaire. Je m'astreignais un contrôle excessif dans mes actions et mes pensées dans l'obtention de mes objectifs. Dans ce lâcher-prise une nouvelle identité se révèle. C'est celle avec laquelle je renoue d'amitié, celle qui m'a trop souvent négligé, celle qui se terrait en moi apeurée et coupable même d'exister parfois. Merci la vie !

17 février|

Dans environ deux mois, à mon départ pour l'ouest américain, je débranche complètement le câble sur le téléviseur. Les cinquante ans et moins ne regardent pas beaucoup la télé, je ferai comme eux. J'ai toutefois l'antenne numérique pour capter quatre canaux gratuits, ce sera suffisant. Je ne veux plus payer pour des publicités lassantes, de nébuleux divertissements et des mauvaises nouvelles en boucle. Je réinstallerai le wifi à la maison cet automne. Mon utilisation de données mobiles sur le téléphone plafonne sans le wifi à la maison et je ne tiens pas à toujours surveiller les données. Je redéfinis mes besoins à chaque année avec le fournisseur, négociant par l'occasion les meilleurs tarifs. Concernant mon portable que je n'utilise presque plus, il me sert uniquement de banque de fichiers d'images numériques et de documents. 

Je passerai le cap des soixante-cinq ans à la fin février en santé et en ordre dans mes affaires et mes finances. Je bénéficierai de rabais significatifs non-négligeables dans plusieurs commerces. Cette année est la dernière avec mon fidèle comptable depuis plus de trente ans. Il a fait un sacré bon boulot pour moi, je le remercie chaleureusement. Sans ses loyaux et bons services je n'y aurais pas parvenu. L'an prochain un organisme sans but lucratif de mon quartier fera mes impôts gratuitement qui seront beaucoup plus simples à effectuer. Je viens de fermer un compte de banque ne conservant que celui de la caisse pour les dépenses courantes. Cette étape nostalgique est importante après plus de trente ans de placements stables et parfois risqués. La banque fut meilleure que la caisse concernant les placements. Mon plan de retraite est planifié depuis plus de six ans, il a très bien fonctionné, je m'en félicite. On peut, selon le cas, prétendre avoir des sous en banque alors que ce n'est que de l'impôt reporté. Je n'aime pas les risques financiers et les dettes. Je n'aurai plus aucuns placements à gérer ainsi que les pensées et les tracas associés. À la fermeture du compte on m'a remis cinq sous que je conserve en souvenir marquant une étape de vie trépidante. En recevant cette pièce de monnaie forte symbolique, j'ai revu en accéléré une grande partie du chemin parcouru. Sur quelques secondes une partie de ma vie s'est volatilisée. Je fus littéralement secoué par cette émotive rétrospective. La jeune caissière africaine affichant un large sourire ne se doutait pas en me remettant cette pièce qu'une intense émotion s'agitait en moi tel le résultat d'un fort séisme. En soirée j'étais fébrile, mon esprit bouleversé par le flot incessant d'images et de souvenirs. Cette pièce de monnaie dans laquelle une énergie considérable était contenue dans plus de trente ans va s'évaporer lentement laissant place à autre chose. Cette émotion fut forte, demain sera une autre journée diluant ainsi un important chapitre de ma vie.

Mon revenu annuel sera acceptable et surtout prévisible. J'ai la chance depuis fort longtemps de posséder un logement abordable dont le loyer est ajusté selon mes revenus et, jusqu'à tout récemment, mes dépenses d'affaires. Sans cette aide significative la vie pour moi aura été fort différente. La simplicité volontaire débute dans quelques semaines. Je mérite cette pause prolongée, ma vie active n'ayant pas été de tout repos comme la plupart des travailleurs autonomes et salariés. Si des gens s'ennuient à la retraite, pour ma part je chemine patiemment depuis plusieurs années vers cette période insondable et délicate avec vigilance. Grâce au vanlife ma vie sera composée de périodes actives entrecoupées de repos. Les prochaines années seront très diversifiées et planifiées en ce sens. Mon campeur est complètement payé et je ne possède aucunes dettes. J'ai obtenu ce jouet au bon moment dans ma vie, j'ai bien réussi ma sortie et j'en suis fier. Je suis un miraculé et j'éprouve un certain mérite en étant de nature résiliente et économe. Mon instinct est fort.  En vanlife j'irai où les températures sont clémentes. J'ai partiellement ce pouvoir avec la mobilité que me procure ce style de vie et ce, plusieurs mois par année. L'important est de choisir ces périodes en affirmant une providentielle liberté. J'aurai amplement le temps pour réaffirmer mon mantra quotidien; merci la vie ! 

13 février |

Demain c'est la fête des amoureux, la St Valentin. Pour les uns il y aura célébration, des présents, des câlins. Pour les autres, ce sera une journée comme les autres. Comme dit la chanson, les femmes sont jolies à trente ans, belles à quarante et après ça dépend d'elles. La beauté chez les femmes représente un pouvoir réel, un pouvoir de négociation. Cela existe depuis la nuit des temps, en quoi est-ce différent aujourd'hui ? Parfois je me dis que seules les sociétés technologiques progressent de nos jours à constater la bêtise humaine. La beauté des femmes affirme leurs libertés mais elles ont besoin de beaucoup plus que leurs charmes pour réussir. Néanmoins la beauté ouvre des portes à plusieurs niveaux et elle peut être une arme à deux tranchants si mal exploitée. Depuis toujours, en général, les hommes sont attirés par le charme féminin et les femmes le pouvoir des hommes. L'homme fut pourvoyeur et le sera encore en partie en constatant le coût croissant de la vie et les tâches familiales qui ne cessent de s'alourdir dans la complexité du monde. Il existe des raisons qui laissent croire que la beauté est une sorte de leurre. Ces propos sont évidemment intéressants mais délicats à discuter surtout avec quelqu'un de sexe opposé. Des sujets sont tabous que l'on doit exprimé avec beaucoup de discernement; la religion, la race, le sexe. À New York on demande lors d'une entrevue les accomplissements reconnus, à Boston le niveau de scolarité, à Philadelphie les personnes que l'on connaît. À Québec on demandera toutes ces caractéristiques sinon davantage. En attendant dans le cabinet de mon médecin de famille aujourd'hui, je discute avec des patients. L'un d'eux a quitté la vieille capitale après deux ans car il éprouvait des difficultés de réseautage. Ces sujets et notifications en rapport avec l'intégration sociale m'interpelle beaucoup. L'histoire ne dit pas comment il se sent au Centre du Québec, région de sa nouvelle résidence. J'essaie, depuis quelques temps, d'énumérer ce que je possède au lieu de regarder les choses ou les gens qui me manquent. On peut appeler cette pensée une soumission. Peut m'importe parfois si, d'une certaine façon, cette soumission rend mon âme plus légère. Toutefois la soumission a ses limites. Prendre un juste recul s'avère nécessaire pour bien saisir la nature de cette soumission, de cette acceptation ou ce lâcher prise que transmet la pensée populaire. La révolte en opposition avec la soumission possède son lot de difficultés. Il faut bien nuancer et réfléchir car les fruits récoltés peuvent s'avérer amers. Il importe de bien saisir ici la nature des propos et de faire de l'introspection. Mon objectif est de bien distinguer le bien du mal car la ligne entre les deux est mince et parfois difficile à définir. Du matin au soir depuis quelques temps la musique classique inonde mon logis, cette présence me va bien en sirotant du thé vert.

10 février|

Le poids des années ou le goût de la lenteur m'atteint. Je n'ai plus cette enthousiasme de m'envoyer en l'air à gauche et à droite de façon obsessionnel. Le rythme saccadé, je le conserve pour mes prochains voyages en vanlife. Ici si je bouge trop ça m'étourdit. J'aime le thé vert japonais, le sencha mon préféré me procure une clarté d'esprit. Je ne me verrais plus avec une voiture en hiver comme autrefois. Entretenir une boîte de tôle dans la gadoue et pour aller où ? Dans les centres commerciaux, sur les autoroutes ? Chez moi je n'ai plus à pelleter la neige d'aucune façon, quelle délivrance. Je me permets la farniente ayant pris la décision de reporter mon abonnement au gym. Après réflexion j'ai tout ce qu'il faut à la maison pour garder la forme avec mon vélo, mon tapis de yoga et mes élastiques incluant deux heures de marche en après-midi. Un type m'a appelé pour acheter mes sacoches à vélo, il viendra dans dix jours, bonne affaire. Ce printemps en voyage je dormirai davantage dans les campings ne délaissant pas pour autant le bondooking. Dans l'ouest américain les campings sont moins chers et parfois gratuits comme dans les BLM, ils sont plus grands et plus sauvages. Je suis heureux d'avoir ce projet, ce grand rêve. Je tente de converser avec des femmes sur internet sans grands succès, ça m'enlève de la motivation mais je demeure optimiste. Je ne le prends pas trop personnel ces refus contrairement dans le passé. Aujourd'hui j'ai jeté au recyclage quatre gros sacs verts une cinquantaine d'albums photos que je conservais depuis des décennies et plus de 2000 photos numériques de mon disque dur. Cela totalise environ 6000 photographies. J'ai conservé une dizaine d'albums, les meilleures. C'est une façon de rompre avec le poids des années et de conserver ce qui est significatif aujourd'hui. Vaut mieux laisser partir le bois mort dans le courant de la rivière et regarder devant soi. Il neige c'est beau, Cuba me manque pas. 

7 février|

J'ai rencontré une personne qui m'est chère aujourd'hui avec qui j'ai eu une relation amoureuse pendant trois ans. Une personne attachante, active et généreuse avec ses proches. Ensemble nous avons fait de nombreux voyages et d'inoubliables randonnées. Je l'ai initié au plein air et elle démontrait une forme physique exceptionnelle. Parfois on se croise et je ressens toujours une vive émotion à son passage. Elle est radieuse et le contact chaleureux. Cette personne fut un ange qui a passé dans ma vie, à sa pensée toujours je me sens protégé. L'amitié pour moi en vieillissant est le lien le plus précieux. Aujourd'hui je classe mes photographies, plusieurs ont déjà beaucoup d'années, certaines sont de véritables œuvres d'art. Je peaufine et sélectionne les meilleures, je suis surpris par le nombre de beaux clichés que je possède. Un ami avec lequel on a dîné ce midi m'a commandé une photographie dans le but de l'exposer dans son salon. Cela me rend heureux et fier. Depuis mon retour à Cuba je suis beaucoup plus serein, je suis assuré que cet état d'esprit va provoquer des nouveautés dans ma vie. Étant tombé très bas je ne peux que remonter maintenant. Mon estime de moi semble s'améliorer et je suis davantage positif. Par l'intermédiaire des médias sociaux en lien avec le vanlife, j'ai formulé une demande dans le but de regrouper trois à quatre vanlifers pour se croiser occasionnellement durant mon périple vers le Montana ce printemps. L'un d'eux a répondu positivement. C'est un virtuose de la guitare "new age", il est sympathique, le courant passe bien. Il rejoindra sa copine en Utah et m'accompagnera un bout, si tout se passe bien, jusqu'au Nebraska à la mi-avril. Une amie à moi qui administre des groupes de vanlife sur les réseaux sociaux va m'aider en approuvant et recommandant mon offre. Elle est en Arizona en ce moment en solo. C'est une personne admirable et courageuse. Le destin nous amène où il faut et je crois que seul une partie de nos rêves se réalisent. Ceux-ci n'aboutiront seulement si nous sommes complètement en accord avec eux. Parfois nous ne pouvons connaître la route avant de l'avoir entrepris. C'est dans l'action que nos rêves se réalisent et aussi dans le silence.

5 février 

Ce matin je me suis réveillé plus léger et serein qu'à l'habitude. Une grosse prise de conscience s'est manifestée. Depuis l'acquisition du campeur en 2020 je prévoyais partir de longs mois durant l'hiver ce qui exerçait sur moi une pression inconsciemment. Je n'avais aucune espèce d'idées réelles de ces ambitions jusqu'au voyage à Cuba le mois dernier. Depuis mon retour des tropiques ma santé s'est rétablie. Depuis que j'ai attrapé la covid en octobre dernier, je n'ai cessé de voir surgir des maux. L'odorat et le goût ont disparus depuis et ce n'est que depuis une semaine que je vois une nette amélioration de cette sinusite chronique enfin avec la prise des bons antibiotiques. Les changements climatiques que connaissent la planète feront en sorte que les hivers au Québec seront plus doux et appréciés. À mon retour je réalise la chance de vivre à Québec, dans le quartier Montcalm précisément. Les services essentiels et de tous acabits, qui semblent anodins lorsqu'ils nous sont disponibles, s'effectuent à pied de chez moi. Je n'ai plus de véhicule durant la saison froide. Je compte reprendre la reprise des sorties de raquettes l'hiver, cette activité me manque beaucoup. Je devrai trouver les moyens de me reconstituer un petit réseau de randonneurs pour atteindre mon objectif. La magnifique région de Chaudière Appalaches durant l'hiver pour pratiquer la raquette hors pistes me manque davantage que toutes les plages du monde réunies. Depuis mon retour de Cuba je réalise la beauté de l'hiver à Québec et du calme qui s'en dégage. De m'être trouver un gym à proximité qui me plaît a penché dans la balance, aussi modestement soit-il. Je considère pouvoir réaliser suffisamment de voyages en campeur de mars à novembre à chaque année, cela m'apparaît suffisant. Bien entendu on ne peut jamais dire jamais dans la vie. Je compte m'enraciner de l'hiver et entre chaque voyage à Québec davantage que dans les dernières années. Toutefois je ne suis pas à l'abri de pandémie ou de toutes sortes d'imprévus. Je juge important de m'encrer davantage, ma crise de fuite en avant semble s'être atténuée. 

Depuis juillet 2020, j'ai passé 330 jours en vanlife soit plus de 110 jours en voyage sur les routes en moyenne par année. Personnellement le vanlife est de loin la meilleure façon de voyager. Dans deux mois je partirai à la conquête du nord-ouest américain sur les plus insolites paysages de l'Amérique du Nord. Dans mon itinéraire je prendrai sensiblement le temps de visiter l'arrière-pays des états suivants; Ohio, Illinois,  les Dakotas, Nebraska, Wyoming, Montana et Wisconsin. J'y ferai du cyclotourisme, de la randonnée pédestre, beaucoup de photographies ainsi que plusieurs visites historiques et culturelles. Lors de ce périple je pourrai observé des paysages insolites d'une variété et d'une beauté infinie tels; déserts, canyons, plaines, prairies, forêts et montagnes. Je passerai sur les rives du lac Supérieur au Wisconsin, l'un des plus beaux endroits aux USA. Je prendrai la route historique Clark et Lewis, les explorateurs ayant découvert les Montagnes Rocheuses en canot à partir du Mississipi. Ils ont remonté à partir de St Louis au Missouri sur le fleuve du même nom vers le Montana d'où le fleuve prends sa source. 

La nuit je ferai du bondooking en nature ou dans de petits villages. Je partirai à la mi-avril pour revenir à la fin juin. Je possède tous les guides et cartes nécessaires ainsi que tout le matériel pour m'assurer un voyage d'aventures hors du commun. Ce périple est un vieux rêve, celui du "west american dream". Je me demande bien ce que j'ai pu bien faire à Cuba sur le bord de la plage à m'embêter, chose qui ne me ressemble pas. En fait j'y allais surtout pour le cyclotourisme ce qui ne c'est pas passé comme prévue. Je réalise bien que ne suis pas fais pour la farniente tropicale et qu'après coup je réalise que les États-Unis sont pour moi, de très loin, mon jardin d'Eden. Le vanlife est une activité qui prend du temps à maîtriser. De plus les goûts changent au fil du temps. La semaine prochaine je débute un entraînement pour m'assurer un bon départ ce printemps. En vanlife il faut être très discipliné pour garder la forme et bien s'alimenter. Je vais tenter par le biais des réseaux sociaux de trouver deux à trois partenaires possédant leurs propres véhicules. Le but serait de se suivre à distance et se croiser à l'occasion une à deux fois par semaine pour trinquer, aller au restaurant où se faire des feux. Rien n'est assuré mais je ferai ce que je peux pour trouver des partenaires. Je considère que faute d'avoir une copine, en attendant c'est la meilleure formule pour s'assurer de la compagnie pour partager et affronter la solitude durant le voyage. Concernant cette copine qui tarde à se manifester, je considère avoir beaucoup à offrir et je prendrai davantage de moyens pour forcer Cupidon sachant bien que mon pouvoir est limité.

3 février 

Descartes disait "plus on doute, plus on pense; et plus on pense et plus on affirme une existence, celle d'une chose qui pense. Comment être sûr que ce qui est claire et distinct pour l'esprit est bel et bien la réalité?". Ce genre de questionnement vaque mon esprit pour observer mes opinions, mes idées. Il est possible que la réalité m'échappe ou bien que la réalité est absente de ma pensée ou différente que celle que je crois être. Cette dernière est accablé de rituels et d'habitudes. C'est très intéressant ces constatations philosophiques, j'aime bien plonger dans les profondeurs de la pensée. Lorsque je suis chez moi calme et en paix, ces songes me viennent à l'esprit. La vérité est au fond de nous et est distincte de chacun d'entre nous. Nous tentons de nous rallier à des vérités collectives et conformistes pour vivre, voir survivre. Tout comme le monde végétal et animal a ses propres lois, son propre langage, nous avons le nôtre, celui de l'intelligence et des affects. Étrange chose que la pensée humaine. Aussi étrange puisse-telle existé dans le temps et l'impermanence. La réalité n'est pas immuable car constamment en mouvement. Que le silence et l'immobilité me vont bien en alternance avec le mouvement. "Je pense donc je suis" seraient-ils deux, celui qui pense et celui qui est ? Étrange réflexion dans mon cheminement mouvementé et exutoire.

2 février

J'ai passé une bonne journée en m'ayant trouvé un nouveau gym pour m'entraîner après trois ans d'arrêt. À vrai dire je faisais du yoga et des exercices chez moi depuis la pandémie mais l'idée de me retrouver dans ce gym m'enchante. Je n'étais pas prêt à m'inscrire n'importe où et à n'importe quel prix. Ce gym est situé dans un beau collège à quinze minutes à pied de chez moi à côté des plaines d'Abraham, que vouloir de plus. Je ne connaissais pas l'existence de l'endroit avant que quelqu'un m'en parle cette semaine. Depuis mon adolescence je me suis entraîné dans plusieurs gyms. Je suis discipliné dans ce rituel qui m'est très favorable en m'apportant du tonus tout en socialisant par l'occasion. M'ayant promené dans le Vieux Québec avec un bon ami aujourd'hui je réalise que j'habite une belle ville. Des services sont disponibles à proximité et je peux tout faire à pied de chez moi. La seule raison qui requiert une voiture est dans mon désir de faire de la raquette ou de la randonnée dans Chaudière Appalaches, ma région de prédilection pour le plein air. C'est de cette région que les paysages au Québec m'emballent le plus avec ses collines boisées et champêtres. Ce besoin de quitter la ville une journée entière par semaine est vital surtout bien accompagné. Le hors pistes me manque beaucoup dans cette région où je possède mes plus beaux souvenirs de randonnées et de grands espaces. Une pierre est posée aujourd'hui avec mon abonnement au gym, avec de la patience et de la volonté j'attendrai ma cible.

31 janvier 

Écrire pour moi c'est entretenir une discussion, une relation. Écrire c'est éviter l'isolement comme traite Krishnamurti dans plusieurs de ces ouvrages. "Sans amour, vous aurez beau courir après tous les dieux de la terre, prendre part à toutes les activités sociales, tenter de remédier à la pauvreté, entrer en politique, écrire des livres - vous ne serez qu'un être mort. Sans amour, vos problèmes iront croissant et se multipliant à l'infini. Mais avec l'amour, quoi que vous fassiez, il n'y a plus de risque. Il n'y a plus de conflit. L'amour, alors, est l'essence de la vertu". Krishnamurti est incontestablement l'un de mes maîtres à penser. J'ai une collection de ces ouvrages que j'utilise pour réfléchir sur les grandes questions existentielles qui se manifestent souvent. Nul ne peut rester sans relation, dans l'isolement. Mais vivre c'est être en relation avec la vie. Ses nombreux thèmes abordent la solitude, la liberté, la relation, la société. Dans son livre "l'amour et la solitude", je me questionne sur le véritable sens de la vie, sans artifices, sans détours. Le sens de la vie n'est pas si loin qu'il n'apparaît. Pascal se questionnait à savoir "pourquoi ne restons-nous pas tranquille assis dans notre chambre". Krishnamurti dit "lorsque l'esprit vraiment comprends en profondeur les causes du désordre, alors, de cette prise de conscience, de cette vision pénétrante, de cette observation, l'ordre surgit spontanément". Les propos  de ce sage philosophe m'apparaissent telle la lumière surgissant des ténèbres. Ils me permettent de rassembler mon esprit dans une clarté indicible. Nul doute que j'ai besoin de ces paroles pour apaiser mes tourmentes. Sans ces bonnes paroles écrites ici et là je ne pourrais pas survivre dans le tumulte du quotidien. Je me nourris de spiritualité, tout n'est que spiritualité chez l'humain, c'est sa plus grande manifestation, le reste n'est qu'accessoires de cuisine. L'art est l'une des représentations la plus manifeste de la spiritualité. Le silence dans mes lectures me font revenir doucement chez moi ici et maintenant. Le silence me porte vers l'amour qui sommeille et qui tarde à se manifester. Probablement, comme la plupart, occupé à faire autre chose.

30 janvier 

Je remets lentement les pièces du puzzle de ce que constitue ma vie. Devant ma fenêtre une petite neige tapisse de sa douceur les moments difficiles passés sous les tropiques à Cuba. Il ne faut pas se fier aux apparences. Je suis heureux et fier d'avoir un passeport canadien. Ma vision ne sera plus jamais la même. J'ai descendu plus bas que je n'aurais imaginé. Je suis revenu affaiblie par plusieurs bactéries depuis la fin de l'automne dont le covid et une infection sinusale bactérienne persistante par la suite. Le covid, malgré cinq vaccins reçus, apporte de l'inflammation aux voies respiratoires ce qui peut favoriser les infections bactériennes. Ce n'est pas terminé encore ce que conclu le spécialiste aujourd'hui en me prescrivant de nouveaux antibiotiques plus adéquats. Ne pas pouvoir m'exprimer adéquatement en espagnol, sans pouvoir trouver des devises dans une région isolée avec une chaleur insupportable, sans nourriture acceptable, sans réseau ni téléphone fut un cauchemar. La préparation d'un voyage est un exercice mental, le voyage est autre chose. Jamais plus je ne verrai le Québec de la même façon. Mon univers se construit pierre par pierre avec patience et détermination. Un jour le casse-tête se dessine parfois il se dissout d'un geste malhabile ou mal intentionné. Ce soir je prends conscience du besoin de socialiser et de me lier d'amitiés. Mon besoin affectif est immensément inassouvi comme une oeuvre inachevée et je ne sais comment m'y prendre. Mon blogue est un moyen d'écrire mon récit, d'y fixer mon existence temporelle et de m'avouer résilient aux intempéries.

Le voyage représente le rêve, l'utopie, l'idéal. Il est possible que la clé de cette quête soit tout près à mes côtés. Il est de ces choses que je ne comprends pas où que je veux pas saisir. Et si c'était avec le coeur qu'il me soit possible de comprendre. Les expériences ne seraient possiblement pas les mêmes. Ce soir à la radio de la douce musique classique inonde de calme mon univers, je bois un jus d'orange. À Cuba les fruits sont plus difficiles à trouver qu'ici, les ouragans ont détruits les plantations. La reprise d'un nouvel épisode sur mon blogue est positif. C'est le signe du recouvrement de ma santé. Une section d'un chapitre vient d'être franchie. Je reviens transformé de cette expérience. J'aurais pu y perdre encore plus, merci la vie! Ma gratitude est grande ce soir envers les anges qui m'accompagnent et en ma force intérieure parfois sous-estimée. De multiples symptômes m'ont assailli à Cuba très rapidement. Ma résilience a exigée de déployer une énergie considérable. Seul dans cette situation fut éprouvant. Ce soir dans mon blogue j'exorcise cette souffrance subie. Je retrouve mon doux logis et sa quiétude pour un instant. Ma gratitude est grande, ma souffrance apaisée.