Éphéméride


7 décembre |

Martin Luther King disait en 1967 "il est grand temps de passer d'une société orientée vers les choses à une société sur les êtres". Depuis les grandes guerres du XXème siècle le capitalisme-consumériste et le libéralisme ont créés de grands récits pour nous apporter une vie meilleure avec l'appui des énergies fossiles. Cela a détruit les espèces vivantes et créer une illusion presque parfaite dans cette société modelée par l'imaginaire américain. Les autres ont suivis et nous y avons adhéré. Ce discours n'est plus viable et nous avons rapidement besoin de nouveaux modèles. Des sommes importantes sont versées dans la publicité et sur internet pour nous faire croire qu'on est libre et heureux. Pour un grand nombre d'habitants sur cette planète, la course à la croissance matérielle est toujours l'horizon principal. Gagner de l'argent. On en vient à croire que le travail est une valeur. Certes oui à différents aspects et moindre dans une autre. 

Dans le dernier livre de Cyril Dion "le petit manuel de résistance contemporaine", l'auteur offre des stratégies pour transformer le monde sans toutefois détruire ses bases. Il est urgent d'agir et la plupart se demandent de quelles façons. Agir sur une base individuelle est nécessaire mais c'est collectivement que le changement sera considérable. Pour revendiquer et se mobiliser il faut distinguer des horizons et de projets communs sinon nous irons dans des directions opposées et mal définies. Boycotter certains produits ou entreprises et ces derniers perdront leurs emprises destructrices sur la vie et la planète. L'objectif est de transformer de l'intérieur au lieu de détruire. La plupart des multinationales possèdent de puissants mécanismes visant à protéger leurs intérêts et ce n'est pas par la violence que les changements surviendront. Il faut apprendre à développer des structures collectives visant à représenter nos droits et valeurs avec les différents groupes de la société. 

D'ici quelques années de grands bouleversements climatiques et sociaux émergeront, c'est le temps de modifier le cours de l'histoire en débutant par un choix judicieux de notre consommation. Le travail est-il en voie de disparition? On pourrait s'interroger avec la pénurie de main-d'oeuvre. Certes il y a la démographie mais on dirait que tout le monde s'est mis sur pause en même temps pour réfléchir sur son existence et son futur. Quel est le sens du travail de nos jours ? La motivation y est amoindrie car le projet commun est incertain et insipide. Le monde aujourd'hui est excessivement individuel, contradictoire et énergivore. Le travail est devenu un esclavage et nous consommons davantage de ce que la planète peut produire. Surtout il y a désiquilibre répartie sur les richesses dans le monde. Nous devrions bien constater, si nous ne sommes pas des idiots, qu'il y a des limites à exploiter les ressources naturelles et les nôtres. Nous en sommes venus à nous exploité nous-mêmes par notre déni. Ce n'est pas étonnant que plusieurs aient le goût de démissionner. La croissance économique est devenu la religion. Le bon sens reprendra le dessus tôt ou tard mais certains plus fragiles perdront au change si rien n'est fait. Je pense à la santé mentale de tant d'individus qui est menacé particulièrement aux jeunes à l'utilisation croissante des médias sociaux. Pour plusieurs la vie est plus radieuse dans le virtuel que dans le réel. S'asseoir sur ses lauriers n'est plus concevable et un retour en arrière non plus. Pour élaborer de nouveaux récits, nous devons identifier celui dans lequel nous règnons et nous en affranchir s'il y a lieu. C'est à ce stade où j'en suis et qui me libèrera irréductiblement. Je suis en train d'élaborer mon nouveau récit.


5 décembre |

"Femme désire rencontre casual". J'ai recherché dans le dictionnaire ce mot populaire dans les sites de rencontres. Ça veut dire décontracté. Je me demande ce que veux bien dire une rencontre décontractée? Fort probable un mot à la mode ou peut être une relation anonyme en pyjama chacun chez soi devant une webcam? Curieusement tous font énormément de sports et de voyages dans ces sites, en réalité qu'en est-il? On dirait que la plupart des célibataires ont leurs faces sur un écran. Parfois il est indiqué non disponible et leurs profils sont toujours là !!! Parler à une inconnue sur la rue n'est pas courant de nos jours. On peut facilement passer pour un "dinosarius" d'une époque révolue. La peur et la méfiance règnent, on évite les malaises. Naviguer et magasiner anonymement un conjoint (e) en ligne est moins inquiétant. À la moindre différence identifiée on passe rapidement à un autre face. Il y a aussi les personnes très occupées. Comment font-ils alors pour prendre ce temps précieux à regarder sans cesse leurs écrans? Plusieurs font du jogging, c'est une bonne chose, c'est à la mode et quelques minutes suffisent pour retrouver le tonus. Le reste du temps toutefois pour la plupart sera consacré devant un ordinateur. C'est bon pour le cardio paraît-il. On sera "top shape" pour naviguer encore plus rapidement et avoir un teint "casual". Alors on essaie de courir aussi rapidement que la vitesse requise sur son portable. Régulièrement de nouveaux forfaits internet sont vendus proposant des réseaux à plus grandes vitesses. Parfois je souhaiterais des pannes de satellites pour que les gens se parlent à découvert. Voilà! mon opinion. Les revenus que les sites de rencontres et facebook récoltent sont faramineux. Ces sommes vont pour la plupart à l'étranger. Parfois j'entends dire que ça fonctionne pour une amie, un frère, une collègue. La plupart des célibataires y sont cartonnés comme des troupeaux de moutons. Le temps économisé en fermant son poste permettrait de sortir et d'aller voir le monde avec davantage de fructueux hasards des cafés et des coins de rues. Je ne suis pas à l'abri de cette addiction. Je prend conscience de cette dépendance généralisée qui semble apportée le mirage d'une certaine facilité. Internet nous présente en schéma à sens unique le monde dans lequel on se prélasse, qu'arrive-t-il lorsque les rencontres sont réelles? Malaises et inconforts. Pour certains groupes d'individus la réalité n'est que le prisme traversant les écrans. Et si on avait peu de temps à vivre serions-nous planter devant nos portables pour nos derniers jours? J'en doute.


2 décembre |

Auparavant la société englobait et contenait l'économie, or voilà désormais l'économie englobant et contenant la société. Les idées parfois me manquent sporadiquement. Décrire l'actualité à tous les jours ne m'enthousiasme guère, la politicaillerie non plus. Je sais bien que c'est un mal nécessaire mais les médias répétant sans cesse les mauvaises nouvelles affaiblissent ma source intérieure. J'aime raconter des histoires en voyageant, décrire les impressions qui traversent mon esprit, accorder mon souffle avec les paysages en alternance avec le cocooning. Je suis furieusement sédentaire depuis quelques mois mais au fond de moi abrite un aventurier. Mon regard a besoin de larges horizons, d'exotisme et de beautés. La semaine prochaine j'ai ma 3ème dose du vaccin covidial. Psychologiquement je me prépare à des aventures cet hiver songeant aux tropiques avec mon nouveau et magnifique sac à dos de 55 litres acheté aujourd'hui, ça me motive. Si les conditions ne le permettent pas et n'ayant pas de véhicules l'hiver je ferai la location d'une voiture à l'occasion pour des escapades à la campagne et faire de la raquette. Il m'est impensable de rester à la maison n'ayant comme seul objectif écouter le téléjournal, regarder le temps qu'il fait la face collée à la fenêtre ou marcher sur les rues indifférentes de la ville. J'ai un projet en perspective, en attendant je suis de près les informations sur le développement de la pandémie comme tous les voyageurs fébriles à l'approche d'un départ imminent.


27 novembre |

"Le touriste est tout le contraire d'un marginal, il est parfaitement dans la norme et c'est pour cela que l'aventure, fondamentalement, lui échappe. La pratique de routes toutes tracées est une improbable évasion. L'existence devient exagérément schématique au nom du refus de l'aléa. Or l'aléa n'est-il pas le propre de l'expérimentation et de la découverte, c'est-à-dire, aussi, le propre du voyage? Le monde se bocalise et s'uniformise culturellement" dit Rodolphe Christin. Trop de gens vivent dans les grandes villes aujourd'hui avec des écrans énergivores fusant de partout. Tentant désespérément de fuir la réalité ou d'en déceler une nouvelle. Nous sommes dans une époque où le faire et l'avoir prend la place de l'être à bien des égards. Nous vivons dans une époque moderne où la performance et les burn-out dominent. Dans les années 50 les gens ont quittés massivement la campagne pour vivre en ville. De là est apparu le tourisme de masse. Plusieurs cons-citoyens rêvaient nostalgiquement d'un retour aux sources dans la nature. La société de loisirs est apparue avec ses déplacements incessants vers un modèle croissant de consommation. Cette exode vacancielle a créé l'industrie touristique que l'on connaît aujourd'hui banalisant la vie et la culture dans une consommation démesurée. De multiples emplois d'une nouvelle industrie ont émergés de par le monde et, de surcroît, une nouvelle attitude entrepreneuriale. Une immense opportunité d'affaires est née de cette nouvelle sphère d'activité lucrative. La rentabilité et le développement outrageux n'ont cessés depuis d'être le leitmotiv compulsif. Cette mouvance matérialiste détruit nos écosystèmes, l'inconscience devient collective. Depuis la pandémie, nombreux sont les gens désireux de se rapprocher de la nature, ils veulent toutefois apportés dans leurs enclaves la ville qu'ils tentent de fuir, furieux paradoxe! Blaise Pascal disait "tout le malheur des hommes vient d’une seule chose, qui est de ne pas savoir demeurer en repos dans sa chambre."


25 novembre |

Épictète disait que "le grand obstacle n'est pas la réalité mais la représentation de ce que nous en avons". Dans la consolation de l'ange de Frédéric Lenoir il est dit "tout le chemin de la vie c'est de passer de l'inconscience à la conscience et de la peur à l'amour". Voilà le sens ultime de toute existence. Le destin a mis sur mon chemin des gens afin de me révéler les prémisses du bonheur et de ma réalité. Freud appelait ça le mécanisme de répétition. Tant que je n'ai pas compris ce quelque chose d'essentiel qui me pousse à commettre des actes de manière pulsive, la vie m'enverra des rencontres et des évènements dans le but de me confronter à cette pulsion et cette croyance qui vivent en moi. En référence à une rencontre récemment d'où il devait, mais pas absolument, avoir amour et joie, je n'y ai retrouvé que douleur et amertume. Je ne distingue pas toujours mes attentes et mes besoins relationnels avec une femme s'il y a désir. Le désir m'apporte une certaine souffrance. Je répète inconsciemment le même réflexe dans le but de m'éveiller à l'amour et manifestement je n'y arrive pas. Des peurs ancestrales dominent mon inconscient qui m'empêche de basculer dans cet état de grâce. Les occasions ne s'y prêtent moins depuis la retraite annoncée. Il est aussi possible que les bonnes personnes ne soient pas au rendez-vous, l'autre n'étant pas disponible pour les mêmes raisons que moi possiblement ou que sais-je le hasard ne m'est pas favorable. Il est possible qu'en affirmant cela que je sois dans le déni, parfois je me demande si le hasard existe vraiment. Bien des choses sont invisibles à mes yeux. Ma liberté et son désir évoque souvent une fuite par en avant. Une chose est admise c'est que tout ce qui m'arrive à présent je l'accueille avec davantage de conscience et d'indulgence. Je vais cesser cette réflexion pour le moment, j'y reviendrai plus tard.


23 novembre |

Le iPhone dans les mains prolonge l'absence de soi-même et de relation à l'autre à côté de soi. Gandhi disait "Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde." Il est bien facile de critiquer et de juger à propos de tout et de rien mais le changement commence par soi-même. Juger se trouve dans le domaine de la dualité, elle demande une réponse du genre oui ou non, bien ou mal, coupable ou non-coupable. Critiquer est plutôt une description qui énumère les points positifs et négatifs. Une de mes clientes, fort gentille d'ailleurs, m'a révélée indirectement sa personnalité complotiste. Au début je ne m'étonnais pas trop de ses propos qui m'apparaissait comme une solide affirmation. Plus tard je me rendis compte que ses commentaires grossièrement répétitifs dépassaient largement le bon sens et qu'elle possédait un certain mépris envers la société. D'autant plus que la moitié de ses amis sur les médias sociaux étaient de puissants conspirateurs. Je m'étonnais de constater comment les supporteurs de Trump croyaient à tant de balivernes aux USA. Je suis d'autant plus surpris d'apprendre que cette vague de folie s'étend près de chez moi auprès de gens que je ne doutais d'aucune façon. J'ai eu dans le passé un groupe au Costa Rica une dame assez violente dans ces propos envers moi. Un jour, lors d'une baignade dans les eaux thermales du volcan Arenal, je m'approchai d'elle dans le but d'établir un rapprochement. Elle m'apprit qu'après le suicide de son père sa famille c'est littéralement entre-déchirée. Je compris alors que je n'étais pas la source de ses vives réactions et me suis dégagé alors de toute forme de culpabilité. Plus tard dans des circonstances similaires j'ai pris, non sans difficultés, un certain recul devant certaines personnes dans les groupes auxquels j'étais responsable. "Il ne faut pas faire par les lois ce qu'on peut faire par les mœurs" écrivait Montesquieu. Les mœurs ça comprend et relie nos manières de vivre, de penser et nous relie les uns aux autres. Ce sont aussi nos racines et nos idéaux. Les lois seules ne pourront être les seules balises de la société. Avant de formuler des critiques maintenant je porte mon regard sur moi-même et sur les raisons profondes que m'amène mon attitude. Ce malaise profond prend sa source parfois non pas dans l'événement en cours mais dans les blessures du passé. Je pourrais en ce moment joué aux grands explorateurs pour vous divertir mais j'ai modifié ma trajectoire sachant très bien que le contenu de mes révélations ne soit pas très sexy. Ma découverte de lecture aujourd'hui est "le manuel de l'anti tourisme" de Rodolphe Cristin. Je m'y reconnais et je considère que durant les 40 années consacrées au tourisme j'ai été fidèle à moi-même en prenant "des chemins de travers" comme disait l'anthropologue Serge Bouchard. Je suis fier de m'être respecté et avoue parfois que mon attitude était réfractaire à certaines règles d'usage. Néanmoins l'essentiel que je retiens c'est que j'ai appris de mes expériences. Je sais que mes victoires et mes échecs sont composées de ces expériences ni bonnes, ni mauvaises en soi. Elles m'ont enrichis que cela ne plaise ou pas à mes détracteurs.


20 novembre |

Ce que j'ai écris hier et avant-hier relève déjà du passé. Les propos énoncés sous forme de nouvelles de ce passé récent ne sont déjà plus actuels. Des sujets demeurent immuables telle l'histoire et la nature, la politique pas vraiment. Ma spiritualité est personnelle, elle ne peut être transmise et c'est tant mieux. Il est possible qu'elle me soit nuisible car seul pour en discuter. Mes croyances peuvent être erronées car bricolées avec moi-même elles n'ont pas de vis-à-vis. Ces dernières sont influencées par mes valeurs et mes références littéraires d'auteurs confirmés. Il y a aujourd'hui une réduction du spirituel au neuronal. La société moderne y contribue en débutant par les médias. On a besoin d'expliquer et d'être rassuré par d'inexprimables raisonnements. Les mots et les idées passent et repassent en boucle dans un esprit surdimensionné. Je ne suis pas défaitiste et négatif de nature. Je sais encore m'enthousiasmer de la pureté du regard et de la clarté d'un ciel bleu. Mes plus grands bonheurs furent mes expériences altruismes de dépassement.


La pandémie aura été l'événement  marquant en nous remettant en question à différents niveaux. Le monde ne sera plus jamais le même. Des milliers de gens sont décédés laissant endeuillés plusieurs survivants. Ce lourd combat laissera des cicatrices profondes. Nous avons touché la peur et la détresse. Des clivages importants ont émergés avec les antivax et les complotistes créant de profondes divisions. Le télétravail, la pénurie de main d'oeuvre, les problèmes structurels des soins de santé. Des problématiques semblent s'aggraver avec l'approvisionnement des services et des ressources, les changements climatiques, l'endettement, l'individualisme, le décrochage des baby-boomers de la vie active, le pouvoir excessif et nos dépendances aux médias et GAFA, la corruption, la violence, etc... La construction de notre monde s'est échelonné sur plusieurs milliers d'années, il en faudra moins pour le déconstruire. Les jeunes générations auront beaucoup de travail à faire pour conserver les acquis des précédentes générations, le tri des besoins superflus sera irréversible. Tant qu'il y a de la vie il y aura de l'espoir. Les plus forts et les plus adaptés survivront dans ce monde bouillonnant en évolution. Il devient essentiel de trouver espérance en l'humanité car l'univers ne connait ni l'espoir ni le temps. Nous sommes beaucoup plus petits que nous nous imaginons, la planète nous survivra. "L'arracheuse de temps" est parmi nous en référence au conte de Fred Pellerin. Elle multiplie sa raison d'être dans ce chaos et cette confusion intemporelle.