Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste exprime un désir de dépassement et d'authenticité.
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Polarsteps

20 novembre |
Une civilisation qui produit n'est pas paresseuse. On a toujours cru à ce mythe qui indique qu'il faut toujours plus et toujours plus vite. Je n'y crois pas, je n'y crois plus. Les politiciens sont les plus grands menteurs en mettant toujours au premier plan l'économie. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous bombarde et on nous mitraille d'économies de guerre. La définition du mot travail est associée à la torture et à la souffrance. Pour moi, le travail effectué doit être, avant tout, rempli de sens. Le travail signifie davantage qu'un métier, une carrière, une profession. Il y a le travail désintéressé, le travail sur soi, etc. Tous les petits boulots avant mes 35 ans n'avaient aucune parcelle de sens pour que je m'y attache. Les trente années qui suivirent furent à ce point créatrices que je n'avais presque pas le sentiment que je travaillais. Mon travail et moi ne faisaient qu'un. Vint un jour la retraite, où le personnage dans son rôle s'est effacé. Les premières années furent douloureuses en perdant tous mes repères et les raisons qui m'ont permis de donner un sens à ma vie jusqu'alors. Les premières grandes leçons d'humilité ont débuté. Ce n'est que longtemps après que je compris que trop d'émotions me submergeaient et qu'il me fallait agir davantage dans la raison, je n'avais plus le choix, c'était une question de vie ou de mort. Je ne m'étais pas habitué à tout ce temps libre pour réfléchir sur la suite des événements. De toujours je me suis projeté en avant jusqu'à tout récemment où j'ai compris qu'il était devenu inutile de vivre dans les projets futurs. Apprendre à s'encrer dans le présent n'est pas toujours une tâche facile, surtout si le quotidien ne m'offrait pas tous les éclats dont je m'étais si souvent nourri dans l'exercice de mes fonctions. Mes nouveaux repères sont constitués de bien petites choses. Cela représente une forme d'humilité que d'accepter qu'il n'y ait pas de grandes secousses, de grands événements, de grandes sensations. J'accepte mieux la vie comme elle se présente aujourd'hui, car la vie se suffit d'elle-même. J'ai atteint tous mes objectifs, jusqu'à présent, qu'ils soient grands ou petits. J'ai su apprendre de mes misères, qui en réalité étaient mes illusions. Dans mes absences, j'ai appris à recueillir ma présence. Il y a deux façons d'accéder à la liberté : diminuer ses besoins ou augmenter son pouvoir d'achat. Les amérindiens vivaient simplement avec ce que la nature avait à leur offrir. Ils devaient forcément être plus heureux que nous le sommes. À quoi ça sert de vivre vieux, si on est pour vivre malheureux. Je comprends le sens du mot espoir ici. Toutefois, l'idée seule d'espérer ne suffit pas, il faut aussi vouloir. Il n'y a qu'à regarder autour de soi pour bien saisir que le monde dans lequel nous vivons est devenu tellement perturbé. Peut-être l'a-t-il toujours été mais que ma conscience s'est aiguisée au fil du temps ce qui me permet d'en reconnaître davantage ses paramètres. Les faits sont que nous ne respectons plus la terre qui nous a créé. Il existe, bien entendu, des régions où l'équilibre se fait sentir, mais dans les grandes villes on parle davantage de rupture de repères, de perte de sens et d'équilibre. Il y a moins d'un siècle, le Québec était largement plus rural qu'il ne l'est actuellement, la plupart des humains s'entassent aujourd'hui dans les villes qui se deshumanisent. Jamais l'humanité n'avait engendré un changement si radical en si peu de temps, et je ne parle pas des changements profonds qu'a apporté la culture technologique. Imaginez un instant que les jeunes n'ont jamais rien connu d'autre que les technologies numériques. Ils ne voient le monde que sous le prisme de leurs écrans. Je ne vois pas d'issue à ce grand mouvement de pensée actuelle sur la forme que devrait prendre la société, qu'en contrecarrant les plans démoniaques des uns et des autres de toujours vouloir plus, de toujours faire plus. Et si le travail sur soi était la réponse au marasme actuel qui porte sur le développement économique. Les hommes et la nature ont besoin de repos, beaucoup de repos, pour s'enraciner dans un terreau plus fertile que celui que nous connaissons aujourd'hui. Est-ce que la volonté est au rendez-vous ? L'espérance seule ne pourra faire de l'homme un homme libre et consciemment heureux. Son salut doit passer inévitablement par sa capacité de se transformer et de transformer les archaïques systèmes d'asservissement, de pensée et de croyances. Seul, je n'y arriverai pas. C'est dans le silence que la grande marche s'amorce avant tout. C'est dans le silence à soi qu'il faut aller bien avant d'aller vers l'autre. L'économie de marché ne connaît pas de répit, qui pourtant est nécessaire au maintien de l'équilibre. Que des infirmières travaillent 75 heures par semaine ne fait pas, à mes yeux, des représentants de la santé mais de la maladie. Qui a dit que le travail c'est la santé ? Sûrement un représentant de la religion chrétienne pour asservir les fidèles. C'est pas tant le travail qui maintient la santé de plusieurs que les croyances qu'ils en ont. Mon défunt travail m'a totalement libéré jusqu'au moment où il m'enferma dans mon inconscience, mon orgueil et mon insécurité. Il faut toujours savoir reconnaître les chaînes que l'on porte et savoir s'en libérer au moment opportun. Il y a un temps pour chaque chose. Il ne faut pas que la croissance économique et la nécessité l'emportent sur le reste, sinon l'homme perd sa liberté et sa dignité. On a pas toujours le libre arbitre pour agir adéquatement.

En philosophie, le travail est une activité humaine transformatrice de la nature pour satisfaire les besoins et subvenir à la survie. Il est à la fois une nécessité vitale pour modifier l'environnement et un moyen d'émancipation ou d'aliénation, selon la nature et l'organisation de cette activité. D'un point de vue étymologique, le mot renvoie à la souffrance mais philosophiquement, il englobe aussi une dimension de production, de création et de construction d'identité. Le travail peut permettre à l'homme de se dépasser, de cultiver ses facultés et de devenir digne. Il est aussi un moyen pour l'individu de trouver son identité et de se lier à la société. Le travail en soi n'est ni bon ni mauvais. Il est étroitement lié à la nécessité, aux croyances, à l'orgueil et au besoin de se dépasser sans toutefois se perdre à se faire dépasser au tournant. Le travail peut aussi aliéner l'individu, le rendre esclave de ses exigences ou l'asservir à un pouvoir. Nietzsche, par exemple, voit le travail comme un moyen pour l'État de contrôler la population en limitant l'esprit d'émancipation. Comme cette affirmation m'interpelle. La religion catholique a maintenu ses fidèles dans l'ignorance pour les appâter. Un système et une culture qui hébergent ce système sont beaucoup plus forts qu'un individu. Celui qui est réfractaire au système devient, à force d'assimilation, le bourreau même de la liberté et de l'émancipation. J'ai toujours résisté aux mouvements aliénants qu'imposent les systèmes en place, sachant pertinemment que mon intuition et ma vérité l'emportaient. Travailler, c’est agir sur le réel pour le modifier selon des sources philosophiques. Certains ouvrages insistent sur le rapport entre travail et nature. Le travail serait une transformation de la nature, pas du réel en général. Cette vision correspond à une image du travail très éloignée du monde contemporain. Il y a 5000 ans, travailler, oui, c’était agir sur la nature. Mais aujourd’hui ? Sérieusement ? Travailler, c’est interagir avec son environnement. C’est chercher à le transformer, à en faire quelque chose d’autre que ce qu’il est au départ. Dans le même temps, cet environnement va transformer celui qui travaille. Il y a une double dynamique. Le travail est un moment de confrontation. L’être humain se rend compte que le réel lui résiste. Il ne se plie pas à ses désirs ou à sa volonté. Il faut faire des efforts, voire souffrir, pour réussir à transformer les choses. Le réel est perçu comme un obstacle. la résistance du réel va vous apporter quelque chose. Quand vous réussirez à sculpter l’objet que vous souhaitiez, vous ne serez plus le même qu’au départ. L’être humain change le réel par le travail, mais ce travail fait aussi changer l’être humain. Le travail n’est pas recherché pour lui-même, mais pour autre chose. Il est dit productif, dans la mesure où il a un résultat, un produit qui se distingue du travail comme activité. Mon travail à ce jour, en partie, consiste, comme dit le dicton, à penser et à être ; je pense donc je suis. Cela amène toutefois à démontrer la dualité qui existe au cœur de chaque homme. Je cesserai ici tout travail cérébral ou partiellement dans le but de travailler à mon repos. Je crois bien que la réflexion sur le travail est loin d'être terminée.

16 novembre |
J'ai besoin du beau pour arrêter de penser ou pour penser autrement. Je lis parce que c'est beau. Je cesse alors de penser comme j'ai l'habitude de le faire en lisant ou si je ne fais rien, ce qui n'existe pas. En pensant, je fais toujours quelque chose. Les mots mis ensemble qui donnent du sens sont pour moi d'une pure beauté. Je ne me serais pas attendu à être à ce point transformé par quelques chapitres du livre de Charles Pépin sur la beauté qui nous sauve. Toutefois, l'ouvrage devient redondant après la moitié du volumineux bouquin. Je peine à regarder le téléviseur depuis que je lis assidûment. J'ai mis récemment une chaise de travers entre le téléviseur et moi, faisant écran à cette fenêtre trop facile. Et dire que dans presque chaque maison, ce trône de verre siège comme un dieu au centre de la grande pièce. Il a remplacé la religion et la famille. Certains ne diront que regarder des reportages pour se donner bonne conscience ou belle allure. Je préfère de loin être actif, si je peux dire, sur mon téléphone que de rester passif devant la télévision. La vie des temps modernes se vit, hélas, par l'intermédiaire d'un écran, et rien ne présage le contraire. Autrefois, je m'identifiais aisément aux personnages ou contenus, alors que maintenant tout me semble étrangement lointain dans cette boîte insipide et redondante. Je me rappelle avoir eu, depuis ma plus tendre enfance, une incroyable fascination pour le petit écran. J'entretenais un véritable culte avec ceux qui l'animaient comme s'ils étaient des membres de ma propre famille. Je suis rendu ailleurs. Ce soir, j'ai l'impression d'être devant une page blanche, moi qui d'habitude suis plus inspiré. J'ai la nette conviction que je doive méditer davantage pour faire de la place dans mon esprit devenu trop lourd et encombré de bruit épars. Pour faire le plein, il faut savoir faire le vide. Comme il est parfois difficile de mettre en pratique ce que pourtant je sais déjà. Le dimanche est censé être le repos du guerrier après tout, comme disait l'Autre.

15 novembre |
Lorsque je pense à la beauté, je pense aux paysages et aux églises que j'ai admirés en Italie. Hegel disait que c'est beau parce que c'est vrai. Encore faut-il savoir ce qui est vrai, ce qui est beau. La beauté détient des valeurs d'équilibre et de proportion. La lumière interfère avec la beauté pour la rehausser, car nous sommes des êtres de lumière. La philosophie et la démocratie sont des symboles de beauté par leur recherche d'équilibre. La beauté est partout pour celui qui sait regarder. La teneur de la culture grecque, c'est cet art de l'équilibre en tout, cette quête de la perfection dans la juste mesure. Un symbole est toujours la présence d'une absence, ce qu'ont su établir de façon réelle et appliquée les grecs en faisant l'objet de la beauté un symbole plus fort, plus pénétrant. Le talent de l'artiste se joue dans l'équilibre entre la présence et l'absence. C'est entre ses deux forces que notre attention se porte. Le plaisir esthétique a un double effet sur moi, il me fait sentir que mon idéal est encore loin mais qu'il m'en rapproche. Dès qu'il y a du beau, plus rien n'est impossible. Il m'arrive souvent de penser avec les yeux et ma sensibilité, je dois admettre. François Cheng, dans ses cinq méditations sur la beauté, dit que chaque expérience de beauté rappelle un paradis perdu ou un paradis promis. Les formes sont des symboles, je pense ici à celles des femmes. Ces formes symbolisent l'essentiel. Quoi ? Difficile de répondre, dit Charles Pépin. La beauté symbolise la vérité, comme quoi les yeux ne peuvent pas s'en détacher. Le mot arbitre a plusieurs sens. Au sens premier, un témoin oculaire ou auriculaire, spectateur. Au sens élargi, un juge, celui qui tranche un différend. Au sens de maître, celui qui dispose à son gré. Je tente ici de faire la lumière sur le libre arbitre. Le libre arbitre est l'aptitude de l'être humain à se déterminer librement et par lui seul, pour agir et penser. Cette notion s'oppose au déterminisme ou au fatalisme, pour lesquels la volonté est entièrement déterminée par une chaîne causale, où chaque cause est aussi une conséquence, selon la théorie du déterminisme. Le libre arbitre se définit comme la faculté de la volonté à opérer un choix en toute liberté, ce qui implique que l'individu est responsable des actions qu'il choisit. Cette notion est une question philosophique fondamentale qui divise depuis des siècles, certains penseurs y voyant le fondement de la liberté et d'autres une simple illusion. Le déterminisme ne nie pas la liberté humaine. Oui, chaque événement, chaque pensée, chaque élan s’inscrit dans une chaîne d’antécédents plus grande que nous où se mêlent l’histoire, la biologie, la société, et notre propre passé. Je choisis donc en fonction de ce que je suis, et ce que je suis résulte d’une infinité de conditions que je n’ai pas choisies. Nos désirs et nos préférences viennent de quelque part, et sont façonnés par plusieurs réseaux de causes dont on ne perçoit que la surface. Mais ce constat ne veut pas dire que tout est déterminé. On peut intervenir dans la chaîne des causes et orienter la suite. On ne peut pas ne pas être déterminés, mais on peut comprendre nos déterminations et les rediriger. Prendre la responsabilité, le libre arbitre. Nos jugements moraux, nos indignations, nos attachements, ne sont pas des absolus, mais les effets d’un monde qui nous traverse. Si personne ne se crée totalement, alors chacun mérite qu’on le considère comme le résultat d’un contexte, et non comme une pure volonté qui aurait pu faire autrement par simple vertu. En être conscient dans la compassion serait juste et bien. Le déterminisme n’est pas l’ennemi de la liberté, il en est la condition de possibilité. Pour être libres, il faut d’abord comprendre de quoi nous sommes faits, il faut aussi savoir de quoi l'on parle en parlant. La raison et la connaissance sont les outils que nous avons à notre disposition avec l'amour pour mieux se comprendre et communiquer nos vérités. La connaissance de nos causes n’abolit pas notre autonomie. Un exemple concret dans la société actuelle : savoir qu’un réseau social est conçu pour capter notre attention ne nous prive pas de choix. Cette connaissance nous permet de reprendre un certain contrôle, de limiter notre usage, de choisir consciemment ce que l’on consomme. La liberté devient alors une capacité à réfléchir sur nos impulsions, plutôt qu’à agir en dehors d’elles. Il s’agit donc peut-être de comprendre ce qui nous détermine pour mieux s’en détacher. J'ai l'impression d'être parfois un perroquet en retranscrivant des textes, mais en réalité, seul je ne pourrais pas m'arrimer à la vérité, à la lucidité. Philosopher, c'est penser par soi-même ; mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. L'instinct de survie provient de notre génétique, ce qui explique le déterminisme auquel je fais référence. Le système capitaliste n'est pas le meilleur qui soit à bien des égards, mais il est puissant et perfide. C'est à cause de lui que nous détruisons nos ressources et la vie. C'est à cause de lui qu'il y a autant de violence et de guerre. J'ai hâte de voir poindre un revenu universel garanti pour tous. Un nouvel ordre est-il sur le point de germer pour redonner davantage de dignité aux hommes ? Qu'il est donc difficile de changer les règles qui nous asservissent. Il m'est facile d'apporter des critiques envers la société, mais que puis-je faire pour la rendre meilleure ? Quelle solution de rechange m'est-il possible d'apporter ? Quelles idées nouvelles puis-je exprimer pour que le monde devienne meilleur ? Je crois que mieux je me connais et mieux je connaîtrai les liens qui m'unissent à la société. Je sens en moi ce désir de tout bon pédagogue de vouloir transmettre mes vérités et les partager à qui veut bien m'entendre. À cela, il faut connaître le bois dans lequel je suis constitué. C'est à cet objectif que porte, en partie, mon énergie ici et maintenant. M'approcher de ma vérité est l'une des plus grandes joies que je porte. La partager est la seconde. Encore faut-il être mûr pour vouloir cueillir les fruits.

12 novembre |
Et si la peur et la tristesse n'étaient pas réelles ? Et que dire de l'angoisse et de la peine ? La vérité sert aussi à démasquer l'imposteur. La vérité est plus importante que le bonheur. Mon ennui provient d'émotions issues du passé qui n'ont plus lieu d'exister. De quoi devrais-je m'ennuyer car je suis avec moi-même ? Je n'ai pas d'enfants ni de travail ni d'argent, du moins très peu, je possède la santé, malgré la fatigue des années, j'ai peu d'amis, je ne suis pas dans la rue, alors cet ennui n'est pas réel, devrais-je dire. J'ai la vie qui me traverse, des yeux pour l'admirer, un esprit pour réfléchir, des jambes pour marcher, un cahier pour écrire et des livres qui me servent d'amis. Je mange à ma guise, je voyage, je dors beaucoup. Dans la vérité, il n'y a pas de bonheur. À quoi bon accumuler savoir sur savoir, si c'est pour rester prisonnier de soi et de sa peur ? Ce n'est pas la vérité qui me manque : c'est moi qui lui manque. Les vérités sont partout. Je ne sais pas où les mettre. Il ne s'agit pas de chercher ce que j'ignore, mais d'habiter ce que je sais, surtout d'aimer ce que je sais. La vérité suffit, l'amour suffit. La vérité de la tristesse n'est pas triste, la vérité de l'angoisse n'est pas angoissante, la vérité du désespoir n'est pas désespérée. Ce n'est pas parce qu'une idée est joyeuse qu'elle est vraie, c'est au contraire parce qu'elle est vraie qu'elle peut être joyeuse, disait Spinoza. La vérité est ce qu'elle est, absente des affects. C'est le gai savoir de Nietzsche, ce que Spinoza appelait la joie de connaître ou l'amour de la vérité que l'on doit choisir avant le bonheur. Ma tristesse qui se disait là était ma capacité à la supporter. La vérité se cache derrière les affects, les idées. La vérité est au-delà des mots et des peurs. Lorsqu'on accepte que tout est désespéré, il est plus facile d'atteindre le bonheur. La thérapie n'est pas tout lorsque tout va mal et c'est parce qu'il faut bien apprendre à vivre. C'est ce que la philosophie m'apporte, à mieux penser, à mieux vivre. Tout comme André Comte-Sponville qui était très peu doué pour la vie, que j'ai besoin de tant philosopher. Or, tant que la vérité n'est pas perçue, qu'elle n'est pas reconnue, affrontée, on ne peut guère philosopher, aimer. À force d'avoir des idées sur la vie, on croit parfois que la vie est une idée. Mais la philosophie me rapproche du réel comme jamais. Althusser disait que la philosophie qui se prend trop au sérieux est une imposture idéologique. Il n'y a pas de savoir proprement philosophique, c'est une réflexion sur les savoirs historiquement disponibles. Les philosophes sont des artistes de la raison. Prétendre faire de sa vie une œuvre d'art, ce serait de tromper sur l'art où se mentir sur la vie. L'art que j'aime est celui au service de la vérité. Un excès de lucidité peut asphyxier la vie. La vérité ne suffit pas : la vie a besoin d'air, de joie, d'amour et peut-être d'un peu d'illusions. Dur chemin celui qui mène de l'horreur à la philosophie.