Identiterre

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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Polarsteps



28 avril |

J'ai déjà écrit sur le sujet que je trouve important d'y revenir. L'homme est fait de nature et de culture. Sans cela ses éléments vitaux s'affaiblissent. De nature j'entends aussi de prendre soin de la vie en soi; bien s'alimenter, faire de l'exercice, du plein air, méditer. Dans les villes l'absence de la nature désoriente les gens surtout s'ils sont privé de culture en plus. Par culture j'entends principalement les échanges, les contacts. Vient ensuite la création et les arts. En ville le malheur s'affaisse dans le visage des gens. Cela a beaucoup d'influence sur moi ne pouvant me soustraire à la communauté. Les gens se promènent souvent seuls l'air hagard comme des zombies, les plus jeunes perdus dans leur téléphone, préoccupés. Les regards sont vides et les esprits ailleurs. Méditer est important ne serais-ce qu'une demi-heure par jour. Si on ne fait pas d'excercice régulièrement en vieillissant il y a des risques de maladies et de baisse d'énergie considérable. Tous le savent mais la paresse, le manque de motivation et de rigueur sont omniprésents. Le meilleur investissement c'est prendre soin de soi. Je fais chaque matin un petit yoga qui dénoue mon corps au réveil. J'aimerais développé des amitiés mais je trouve cela difficile. Les possibilités en ce sens doivent passer par des champs d'intérêts communs, même là il n'y a aucune garantie. Avoir des connaissances est une chose, l'amitié est autre chose. Dans mon travail autonome en tourisme d'aventures sur plusieurs décennies j'ai côtoyé beaucoup de gens et peu ou aucun d'entres-eux sont devenus des proches. J'ai ce gagné ma vie, ainsi j'en ai perdu une partie, celle des relations intimes qui requiert du temps. J'ai commencé à faire de la randonnée, ça me fait un grand bien. Hier, en marchant à la campagne, mon sac d'hydratation de deux litres a crevé en déversant son eau froide dans mes culottes. J'aurais pu éteindre un incendie mais je n'étais pas allumé. J'ai fais séché le tout au soleil dans un pré m'y prélassant avec mon pique-nique. Le bonheur tout à coup est revenu après ces longs mois d'hiver astreignants. J'ai ressenti de la réclusion et de l'isolement n'ayant pas de véhicules durant la saison froide.


Une connaissance me dit que je suis courageux d'écrire publiquement mon journal sur le blogue. À vrai dire m'y exprimer permet à Vert l'Aventure Plein Air de rester vivant à mes yeux. Après trente années d'existence dans lesquelles j'ai vécu les aventures d'une vie, il m'était impossible de tout relâcher ça en un clic. L'aventure se poursuit donc ainsi sous une forme différente dans la parole transmise ouvertement et de la continuation partagée loin du placard et du cahier enfoui. À l'arrière de ce nom c'est moi seul qui a tiré les ficelles passionnément et minutieusement avec l'assistance d'un public téméraire et non moins téméraire. J'ai réussi à atteindre tous mes objectifs jusqu'au jour où les médias sociaux ont rivalisés avec mes initiatives. Heureusement c'est arrivé près de la retraite. J'aurais pu poursuivre cet élan mais avec la dernière cuvée de clients je perdais ma fierté et ma dignité dans lesquelles j'ai créé tant de projets exubérants et exaltants. De plus la relève chez les plus jeunes manquante je m'empêtraient de plus en plus de caractères hargneux et exigeants. Sur les trente années d'exercice j'ai vu bien des changements sociaux, de personnalités et de comportements surtout lorsque internet est apparu en l'an 2000. Le surmoi et l'individualisme ont submergé avec fracas. Cette dernière flopée fut le début du sentiment éprouvé de me sentir seul au milieu de la foule. J'ai ressenti une conspiration à mon égard et avec le club que j'ai mis tant d'efforts à maintenir vivant. J'ai su alors qu'il était temps, comme le fit Forest Gump, de rentrer à la maison. Mais avant la chute final j'ai mis à la porte un les randonneurs récalcitrants qui m'ont manqué ardemment de respect et à l'entreprise que j'ai créé trente ans auparavant. Ce n'est pas comme ça que j'entrevoyais la fin de cette aventure mais j'ai quitté la tête haute et le sentiment du devoir accompli. Par chance une année supplémentaire me fut offerte avec quelques fidèles et sympathiques participants. Le 26 février de cette dernière année on célébra mon anniversaire que je ne pourrai jamais oublié où une dizaine de compagnons de route étaient présents. Je voulais poursuivre une année supplémentaire les activités que quelques jours plus tard on décréta la pandémie mondiale de COVID-19. Les deux prochaines années qui suivirent j'ai obtenu une subvention salariale qui m'ont aidé à atteindre la retraite fort méritée mais troublé de me retrouver ainsi seul. Une nouvelle étape devait être franchi devant le vide laissé devant tant de projets et d'accompagnements en nature et en voyage. Ce passage à vide je l'ai vécu difficilement avec raison que je commence à peine à me relever. Depuis je galère en vanlife car il faut bien des projets et des aventures, moi qui en fut nourrit toute ma vie. Les dernières années se sont manifesté dans l'instabilité et l'improvisation la plus totale mais j'ai néanmoins demeuré actif. Ce printemps je réalise que j'ai fait ce que j'avais à faire, que j'ai conservé les valeurs qui m'ont accompagné depuis toujours et surtout que j'ai appris de mes expériences. Aucune ne furent bonnes ou mauvaises. L'important est que j'ai agi et avancé dans cette putain d'aventure que j'ai tant désiré. Nature et culture je me suis lié intensément, voyons voir ce que la suite me réserve.


25 avril |

Plusieurs aînés à la retraite surtout ceux qui vivent seuls vivent les contrecoups de la hausse du coût de la vie. C'est désolant de constater qu'une grande proportion de retraités sont obligés de retourner sur le marché du travail. Il y a deux façons d'accéder à la liberté, le premier en augmentant son pouvoir d'achat, le second en diminuant ses besoins. C'est une question de choix dont certains ne sont pas prêt à faire. Depuis quelques années l'autonomie de plusieurs personnes seules vient de prendre un sérieux coup notamment avec le coût des loyers et les frais de condos. Souvent c'est l'ennui qui pousse les gens sur le marché du travail. La liberté s'acquiert avec beaucoup de courage et de détermination. La liberté ne signifie pas absence de contraintes. La liberté ne s'achète pas, elle est le produit d'un état d'être qui n'est pas relié à l'avoir. Évidemment un minimum de sous est requis pour les besoins de base. Faire l'inventaire de ce qui est nécessaire est prioritaire quitte de se départir du bois mort. En perdant des choses on acquiert des nouvelles. Pensons au bonheur durable par exemple. Le chocolat ne l'est pas car si on en mange trop on devient malade. Le travail n'est pas un bonheur durable car après un certain nombre d'heures consacrer au boulot le corps et l'esprit deviennent malade. Une chose qui représente le bonheur durable est l'amour. La qualité de ses pensées aussi est du bonheur durable. Un esprit sain apporte le bonheur durable. Les rencontres fortuites sont pour moi des occasions d'apprentissage. Bien souvent les gens sont peu disposés à s'ouvrir. Il sera de plus en plus difficile aux gens de prendre le temps car plusieurs en manque en dehors du travail, de la famille et des obligations. Dans ce contexte la culture s'amenuise au détriment des tâches routinières. Je n'ai jamais été un homme conventionnel, ni un spécialiste, je suis un penseur social et un artiste dans l'âme débordant de curiosité et d'imagination. Ne pouvant assuré une sécurité matérielle à une famille je me suis retrouvé marginalisé et isolé en dehors de la boîte. Très jeune mon schéma fut le rejet et l'abandon qui a façonné ma personnalité empreint de méfiance. Je deviens rapidement indisposé en tentant de suivre le rythme effréné de la masse. Je ne suis pas de nature négative quoiqu'en pense certaines critiques à mon égard mais je suis réaliste dans ma perception. J'ai souvent dit tout haut ce que les gens disaient tout bas. Avec le temps j'ai appris à me taire pour me protéger et pour choisir mes batailles. Je possède certes des habiletés sociales mais je crois trop parlé. Mon écoute est parfois déficiente mais je fais des efforts. Il m'est difficile d'écouter des sornettes, des programmes télévisuels stériles et les grandes gueules. Je crois bien me reconnaître mais le danger c'est lorsque je me sens isolé sur une trop grande période de temps. Mon esprit alors se mets à entretenir des discussions belliqueuses en lien avec le sentiment d'isolement ressenti et le doute. La solitude désirée est une bonne chose mais lorsqu'elle ne l'est pas la souffrance qui incombe altère les pensées, les émotions et le comportement. En identifiant cette connaissance de cause je demeure vigilant et alerte pour ne pas immerger dans les profondeurs abyssales. 

24 avril |

Louis-Ferdinand Céline a écrit; on a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu’on s’en aille pour de bon. Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Céline était le meilleur écrivain selon Jack Kerouac. Je termine sa bibliographie, il avoue que ce ne sont pas les plus grands écrivains qui reçoivent les prix. Kerouac est mort à quarante-sept ans. Cet hiver aura été ma plus longue période sans quitter la ville. Au plus loin que porte ma mémoire je ne me rappelle pas de cette absence prolongée de la nature. Il en a été ainsi. Je ne m'en porte pas plus mal que bientôt je ferai mon retour loin du bitume. Ce fut un passage obligé pour me recentrer et me reposer d'une agitation excessive. Mon coeur a traversé des montagnes russes dans la défunte saison mais j'ai le sentiment d'en ressortir grandi. La fierté que j'ai éprouver est d'avoir créer et maintenue une entreprise de tourisme d'aventure. En second lieu ma fierté s'est portée par l'acquisition à la retraite d'un petit campeur avec des expériences nouvelles du vanlife. Toutefois je préférais vivre ça à deuxEnsuite je suis fier de la résilience démontrée dans la discipline et la simplicité volontaire pour me rendre où je suis présentement. Cette semaine je vais assisté à un atelier sur l'amitié. Cet excercice a pour but d'exprimer tout haut ce que je garde profondément en moi. Ces ateliers m'offrent les élans nécessaires pour avancer et retrouver l'inspiration viscérale. 

Dans les médias la santé mentale fait beaucoup couler d'encre même si elle ne sert plus à rien. Je vois venir ça depuis déjà belle lurette. Ce sont les actions et préoccupations venant de la société qui feront émergé de nouvelles pistes, les gouvernents ne faisant que répondre aux urgences. Quoi qu'il en soit la santé mentale est, et demeure tabou. Elle est en contradiction avec le monde du travail et de la culture de performance des sociétés. Il va de soi qu'il faut travailler en amont, chose que les gens ne sont prêt qu'en face de leurs murs. Depuis six mois j'ai entrepris de fermes introspections et travaux sur moi qui m'obligent à observer la souffrance au lieu de la fuir. Autant ne pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous. Cet extrait de Céline exprime ma pensée. Je trouve désolant de ne pas être capable d'apporter vers moi les richesses de ce monde telles l'amour, le partage et l'amitié. Restera bientôt l'air frais des bois et les somptueux paysages pour compenser la présence tardive d'un être cher. Un jour Robert, personnage quelconque, a appelé le 911 et quand il est arrivé à l’urgence, le médecin lui ai demandé: pourquoi êtes-vous ici? Il m’a dit; docteur, je meurs de solitude, ne me renvoyez pas là-bas. Des organismes, encore trop peu nombreux et marginaux tentent de remédier à ce fléau qui cangrène les sociétés modernes. Des lacunes et des préjugés existent. Les moyens efficaces pour les atténué existent, pour avoir tenté d'y faire face, mais la volonté et le courage n'y parviennent pas. L'orgueil et la honte indisposent la mise en place de moyens durables pour atténuer la solitude. Ce thème est celui que j'ai mis le plus d'énergie à dégager de ma vie. Pour plusieurs la volonté est là mais les moyens sont déficients. Je ne blâme personne devant ces faits accomplis. Je ne fais que relever des aspects qui me touchent et dont je me sens impuissant. Peut être est-ce ainsi le destin de l'homme, le mien? S'affranchir à chaque jour de ses malheurs et savoir relativer la nature humaine est prioritaire j'en conviens. De tous les temps les hommes ont été troublé de ces maux à différents degrés. L'histoire nous démontre que le chemin des hommes est ardu. L'utopie des temps modernes en rapport avec le bonheur se fissure insidieusement. C'est pour cette raison que le monde se replie sur lui-même actuellement. Heureusement qu'il y a la littérature pour mettre un beaume sur mes plaies. Heureusement que le soleil brillera à nouveau.


20 avril|

Les gens étant ce qu'ils sont, le monde étant ce qu'il est, il serait prétentieux de ma part de vouloir changer qui ou quoique se soit, je n'ai pas toujours été ainsi. L'éducation doit être priorisé afin que tous et chacun détiennent de solides bases pour apprendre à réfléchir et s'épanouir en harmonie avec soi-même et son environnement. Dans une certaine mesure l'espace rétréci avec le temps. Les possibilités s'amenuisent contre ma volonté. Cette semaine au café philosophique le cours de la soirée était dispersé. Il aurait été convenable de faire bifurquer la discussion vers des sujets davantage philosophiques. La politique et les jugements de société ont été largement priorisés. Il y manquait de profondeur malgré les tentatives exercées. Malgré tout j'ai passé une bonne soirée en admettant que le groupe reflétait la société en général avec ses grandes gueules toujours prêt à changer les autres et les gens de bonne foi malgré eux. Je me suis abstenu de parler pour ne pas m'engager dans le populisme. L'écoute dans les groupes sans jugement m'apparaît soudainement révélateur. Ce qui détonne dans certains propos concernant le consumériste c'est que le monde le décrit âprement et que la plupart en font grand usage. Une dame me dit trouvé aberrant le nombre d'objets inutiles se retrouvant dans les commerces. S'ils s'y retrouvent c'est parce que des gens les achètent. Qui est à  blâmer alors? Un ami critique le prix exorbitant des petits déjeuners offerts dans les restaurants. Près de cent dollars pour quatre personnes pour quelques oeufs, du café et un peu de pain. Pourquoi y va-t-il alors? Ce genre d'attitude est ridicule. Il en est de même pour les élus. À peine ils sont au pouvoir qu'ils se font critiqué. Raisonnement absurde comme l'écrivait Albert Camus. Il m'apparaît difficile de me joindre à des groupes, le privé empiétant impitoyablement sur le public. Je me sens exclu et j'éprouve des difficultés à bien en comprendre les raisons. Plusieurs ne voient pas les mouvements culturels d'exclusion étant eux-mêmes dans des réseaux hermétiques et sélectifs. Personne n'est obligé de quoi que se soit envers moi. Mes attentes sont grandes, mes besoins affectifs inassouvis j'en convient. Beaucoup de gens s'aliènent de leur travail, de leur groupe d'appartenance, l'alcool ou d'autres addictions tels les médias sociaux dans lesquels ils sont affilié. Sombres illusions bien souvent. La place publique est devenu qu'un large spectre de réseau fermé où les gens s'entassent dans la foule indifférente. Ils ne semblent pas demandé davantage que cette illusion grotesque du sentiment de ne plus être seul. Seul dans la foule, je connais ça, le problème dans la solitude prolongée se sont certaines pensées qui tournent en boucle. À compter de la semaine prochaine je pars en forêt et sur les routes prendre un recul de ce cirque ridicule de l'indifférence. L'important est de ne pas être indifférent envers moi-même malgré l'absence d'amour partagé. En attendant j'apprécie le sentier de la nature des Plaines d'AbrahamGet out of the box cet l'été sera mon rituel pour rompre de ma sordide et nécessaire routine. Dualité toujours dualité qui draine son lot d'incertitude et de contradictions. Mon signe astrologique est poisson, son symbole est deux poissons reliés ensemble nageant dans des directions opposées, dualité extrême. Le monde est d'une complexité inouïe qu'il ne faut pas trop tenté de comprendre au risque d'y perdre son temps et son énergie. Seul le mouvement demeure nécessaire pour ne pas perdre l'équilibre. Dans notre malheureux monde, celui qui a est, et celui qui n'a pas n'est pas.


14 avril |

L'inspiration littéraire me provient ces temps-ci d'une bibliographie de Jack Kerouac, l'auteur du célèbre roman sur la route. La vie de l'auteur franco-américain de Lowell au Massachusetts ne sait pas fait dans la dentelle. Il fut le fondateur de la beat generation avec Allen Ginsberg et William Burroughs. C'est l'époque du jazz des années 40-60 à New York. Beat signifie le rythme associé au jazz. Le terme sert à désigner un ensemble de jeunes adultes paumés, nomades, qui deviennent auteurs et sujets de chroniques et textes. Cette période précédée du mouvement hippie et rock représentait une fracture sociale du conformiste américain, la contre culture. La différence entre la beat generation et le mouvement hippie est fort simple. Dans le premier, l'individualisme et les connaissances littéraires étaient mises de l'avant alors que le mouvement hippie des années 60 favorisait les communautés et la culture de masse. Toutes les deux étaient appuyés sur un modèle révolutionnaire et réfractaire à la culture en place. La drogue, l'alcool et la sexualité débridée étaient accompagnés des mouvements révolutionnaires non violentes de la contre culture. On retrouve quantité de terme associés aux mouvements. Hipster signifie un jeune urbain qui affiche un style vestimentaire et des goûts à contre-courant de la culture de masse. Le terme hobo provient de vagabond, clochard qui a précédé la beat generation qu'a repris Jack Kerouac dans ses aventures. Les hobo voyageaient dans les trains de marchandises au début du XIXème siècle qui a fait éclater sa propre culture. Le mouvement hippie est considéré la dernière résurgence spectaculaire du socialisme utopique. Le dénominateur commun de plusieurs artistes se retrouve dans leurs parcours parsemés de souffrances. Bob Dylan, récipiendaire d'un prix Nobel en littérature en 2016 fut l'un des plus grands porte-parole de ces époques révolutionnaires et encore acclamé aujourd'hui. Les modèles, tuteurs et influences ont fait défaut pour la plusieurs d'entre-eux. Ils ont rêvé d'idéal, d'utopie. Ils ont voulu changé le monde qui leur a échappé, plusieurs ont payés chers de leurs naïvetés. Certains ont réussi à se faire une place par leurs talents exceptionnels et leur détermination courageuse. Il n'y a rien de bien nouveau dans mon exposé historique. Il a ceci de fascinant que ma jeunesse l'a traversé en conservant des traces indélébiles. L'histoire m'aide à comprendre la société actuelle. Sortir du cadre me permet d'agir autrement en innovant. Get out of the box comme disent les américains est le recul nécessaire pour vivre consciemment. Aujourd'hui par hasard je rencontre deux anciennes connaissances plus jeunes que moi, le premier est devenu bipolaire et le second est atteint de la maladie de Parkinson. Un troisième a laissé sa femme à 72 ans après dix-huit de vie commune pour vivre son homosexualité. Ici je ne parle pas de tous ceux rencontré dans un passé qui m'apparaît pas si lointain que j'ai peine à reconnaitre. The time they are a changing chantait Bob Dylan comme si nous étions tous dans une gare pour une destination inconnue. Une montagne est comme un Bouddha. Pense à leur patience. Il y a des centaines de milliers d'années qu'elles sont parfaitement silencieuses, comme si elles priaient pour les êtres vivants dans le silence, attendant que nous mettions un terme à notre agitation et nos stupidités affirmait Jack Kerouac. En 1956 le poète, militant et anarchiste Gary Snyder, une connaissance de Kerouac écrit; j'entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des milions de jeunes américains, boudant leur rue et prenant la route, escaladant des montagnes, tous transformés en fous du zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés et des mots d'amour.

7 avril |

Le bon vieux jazz à mon goût; Chet Baker le matin, John Coltrane le soir. Les figures majeures sont les pianistes Duke Ellington, Oscar Peterson, Herbie Hancock et Count Basie, les trompettistes Louis Armstrong, Miles Davis, le contrebassiste Charles Mingus, les saxophonistes Lester Young, Charlie Parker et John Coltrane, le clarinettiste Sidney Bechet, et les chanteuses Nina Simone et Ella Fitzgerald. Dans un tout autre ordre d'idée, l'essai littéraire adopté est un travail écrit de réflexion concernant un ou plusieurs sujets précis. Il aborde divers domaines, à savoir la philosophie, la politique, l'histoire, la science etc. Ouvrage en prose, l'essai littéraire développe un discours libre et affectif. L'essai est un genre argumentatif proche de la réalité et rejetant la fiction. Il est toujours écrit en prose reposant sur l'observation de faits et sur une analyse de l'auteur qui présente sa propre opinion sur un ou plusieurs sujets étayées d'arguments et d'exemples tirés de son expérience personnelle. L'essai littéraire se distingue par un style simple et clair, typique de l'observation, l'analyse et l'explication. Le raisonnement se fait de manière logique en utilisant idéalement la première personne du singulier, le je. Sur un autre sujet, Heidegger se contentera de rappeler que la vérité n'est pas la construction d'un mécanisme explicatif pour tout ce qui arrive, mais le dévoilement de l'être par la parole poétique, dévoilement dont aucun mécanisme explicatif ne peut rendre compte. L'homme absurde n'a pas de sens car sa vie ne va nulle part, mais, n'allant nulle part, il lui semble permettre de vivre chaque instant avec intensité. Je peux me rapprocher de la vérité en sachant bien que je ne la posséderai jamais que ce soit envers moi-même ou autrui. Chercher la vérité, c'est comme disait Socrate, faire de la philosophie. La recherche de la vérité commence avec un aveu d'ignorance. Aucun jugement ne me donnera accès à la nature profonde des hommes et des choses.


4 avril |

Durant le long weekend de Pâques, j'ai mis de l'ordre dans mes affaires. Je mets ainsi le pied dans la nouvelle saison en ressuscitant parmi les morts, un peu comme l'autre gars. Un ami Roger, octogénaire vif d'esprit et de corps voudrait mon aide pour l'initier à internet et ses applications. Il était sociologue de formation, il possède un assez bon discernement et il a toute mon admiration. Il ménage la parole et privilégie l'écoute active. Dans un premier temps j'essaie de lui venir en aide avec son téléphone. Après quelques minutes je perds patience du faible degré de connaissance avec l'objet sacré. Quelques semaines passent que je pense à lui et ses intérêts qui me semblent contradictoires. En réalité il n'aime pas s'amuser avec son bidule à part d'avoir des nouvelles de ses quatre enfants à l'extérieur de la ville et prendre les appels de sa conjointe qui partage sa vie harmonieusement depuis quarante ans. Au café j'entrepends de pousser plus loin sa réflexion sur le sujet. Une seule et unique raison de sa motivation est d'envoyer sur la toile ses opinions diverses sur la société et le monde. Je lui demande s'il veux communiquer, échanger ou débattre. Dans la négative il ne semble vouloir qu'exprimer ses opinions en crachant son venin comme tant d'autres dans cet étrange univers. Il y a beaucoup plus d'émetteurs sur internet que de récepteurs. Les gens croient participer mais en réalité ils sont en face d'un monde cruellement vide. À moins d'y tenir un journal pour seul exercice exutoire comme je le fais par ailleurs son intention m'apparaît inconsistante. En le mettant face à lui-même vis-à-vis son intention, il a rapidement compris que son objectif était insensé et qu'il devait davantage tenter de s'exprimer dans le monde réel avec des gens réel. Ce n'est pas que les utilisateurs des médias sociaux ne soient pas réels mais le véritable dialogue est limité dans cet univers égocentrique et paradoxal. Depuis quelques mois j'ai la nette impression d'évoluer dans la bonne direction. Je revisite les forces qui m'ont toujours habité en déterminant méticuleusement mes intérêts profonds et les valeurs auxquelles je m'identifie. La retraite m'a permis de me détacher du rôle matérialiste qui fut celle de vendre mes idées et mon temps dans ce qu'on nomme le travail. Comme dit le dicton; le monde ne sait pas fait en une seule journée. Je dois prendre mon mal en patience que bientôt je récolterai le fruit de mes efforts. Ma force principale étant ma résilience, l'équilibre sera mon salut.


31 mars |

J'écris toujours le blogue de mon téléphone en débutant mon brouillon dans le bloc-notes. De ne pas être toujours dans la même position statique me fourni l'inspiration. De toujours j'ai été dans la simplicité volontaire et involontaire par défaut. Je voulais voyagé. J'ai réussis avec plus de trente pays côtoyés sans compter toutes les montagnes et le reste. Si j'avais travaillé pour les autres on ne m'aurait pas permis ces voyages. De plus, en accompagnant des touristes j'avais un salaire et mes dépenses modestes étaient payées. C'était loin d'être parfait tout comme le reste mais j'ai réalisé de grands rêves. Tôt dans la vie avec mon cheminement, mon énergie débordante, mon besoin d'attention et de reconnaissance, il m'était impensable de travailler pour les autres. De toujours j'ai pris des chemins de travers. Je fus un autodidacte engagé et je continue fièrement de l'être. De toute ma vie j'ai rêvé pour oublier l'indifférence et l'ennui. Je viens de lire les touchants poèmes de Raymond Lévesque dans l'espoir n'est pas un nuage qui descend du ciel. Le poète était un grand défenseur de l'amour. Il dénonçait vigoureusement la guerre, la misère, l'indifférence, la spéculation visant à enrichir les uns aux détriments des autres, de la nature et l'accumulation de richesses excessives. Dans une section du recueil il parle de la cité. Parmi la foule qui le bouscule, il se cherche un ami mais ne trouve rien. C'est chacun pour soi dans la course pour la survie. Peuplée de gens dont le coeur est ailleurs, la cité fait des hommes durs et égoïstes. La grande ville est un forgeron impitoyable, le profit et l'enrichissement pervertissent sans mesure. Là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de civilisation. Partout des gens qui ont peur qu'on leur prennent quelque chose, de leur temps ou leur âme. Le poète éprouve du respect pour le bois qui représente la vie mais pas pour le fer qui représente la guerre et la mort. Le poète est rude envers les hommes. S'est-on déjà demandé si cela est normal qu'il y est un coût à la vie ? Que signifie gagner sa vie selon l'adage populaire ? Et l'on rajoute inlassablement; c'est ça la vie. Le Canada vient d'atteindre quarante et un millions d'habitants. Un million durant les derniers neuf mois. Le Canada est une terre d'accueil. Oui nous sommes généreux et naïf. Je crois en la diversité quand elle se porte bien. Pour le reste tant pis pour nous. Une fois j'aimais, et je crus qu'on m'aimerait, mais je ne fus pas aimé. Je ne fus pas aimé pour l'unique et grande raison que cela ne devait pas être. Je me consolai en retournant au soleil et à la pluie et en m'asseyant de nouveau à la porte de ma maison. Les champs, tout bien compté, ne sont pas aussi verts pour ceux qui sont aimés que pour ceux qui ne le sont pas. Tiré du gardeur de troupeaux d'Alvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa. Je marche beaucoup seul en ville, malgré la relative tranquilité, rarement on ne m'aborde dans les cafés ou les lieux publics. De tout temps j'ai fait les premiers pas. En m'interposant la plupart du temps, les gens sont étonnés qu'un étranger leur adresse la parole. Ce n'est pas le propre à Québec mais à la plupart des villes. Toutefois c'est ici que j'ai grandi et vécu. Je me sens familier aux lieux mais pas aux gens. Les villes ne sont pas adaptées pour recevoir autant de gens, pour créer du bonheur. On ne se pose peu la question hors des préoccupations pécuniaires. Heureusement que les beaux jours s'en viennent et que le vent du large m'incombe le répit nécessaire devant ces réflexions blafardes. Raymond Lévesque fut un être contrarié avec raison. La vie n'a pas de sentiments, que des lois. Les lois sont au-dessus des gens riches. Ceux qui ne les respectent pas sont condamnés à mourir. Je suis un ressuscité comme l'autre gars cette semaine. Le poète nous aura donné une chanson éternel; quand les hommes vivront d'amour.