Camino


St Lazare-de-Bellechasse | 21 septembre

Je viens de passer une fin d'été d'une semaine splendide dans Bellechasse. Les ambiances et harmonies s'animaient dans un décor aux couleurs vibrantes. Chaque soir j'ai visité un boisé différent ou une érablière ombragée pour camper. Plusieurs rivières d'une clarté impitoyable traversent la région. J'ai marché une quarantaine de kilomètres sur quelques tronçons du chemin St Rémi et sur les rangs de l'arrière-pays. Les pics-bois sont omniprésents dans les bois où j'aime m'enfoncer avec le campeur pour dénicher des décors somptueux. Les coyotes hurlent à la tombée du jour et les oies migrent inlassablement vers le sud. J'écoute du jazz le soir venu avec un joyeux feu, je réalise la chance de faire ça. Le bonheur n'est pas toujours aussi loin que l'on croit mais il est fugace. 


St Nérée-de-Bellechasse | 19 septembre

Aujourd'hui je viens de renouer avec la randonnée champêtre. C'est ma première marche d'une quinzaine de kilomètres dans l'arrière-pays. Après cette impitoyable saison caniculaire, de feux de forêts, de déserts brûlants et de plusieurs milliers de kilomètres dans l'ouest canadien en vanlife, mon corps se souvient du divin plaisir de marcher sur ce territoire. Mon terrain de jeu se situe dans Chaudière Appalaches et dans le Centre du Québec. Que ce soit en randonnée champêtre ou en raquettes ce territoire est l'un de mes préférés du Québec par son piedmont et ses vallons appalachiens. La proximité avec la capitale lui confère un attrait évident. Cette diversité de paysages, de rangs et de chemins forestiers multiples offrent des possibilités de promenades infinies. C'est dans ma cour, je m'y sens comme chez moi et les gens sont accueillants. Je suis sur le chemin du Pouvoir à St Raphaël. Ce nom évoque la reprise de mon pouvoir et des lieux qui me sont familiers. J'ai perdu vingt livres cet été car j'ai dépensé davantage d'énergie que j'en ai consommée. Mon médecin dit que j'ai atteint mon poids santé. Je fais l'exercice d'écrire dans mon blogue pour moi-même en premier lieu et tant mieux si mon journal vous interpelle.


St François-de-Montmagny | 18 septembre

Je suis sagement installé dans un champ de maïs en vanlife ce soir. Je préfère de loin l'arrière-pays que la horde de touristes du weekend le long de la 132. Toutefois j'ai apprécié la plage de Berthier-sur-Mer. Une lumière c'est allumée sur mon tableau de bord indiquant un problème avec un pneu dans la journée. Chanceux j'étais à côté d'un garage qui a réparé le vilain pneu. C'est la seconde crevaison cet été, la première fois il a éclaté sur l'autoroute dans les Rocheuses. Je crois sous-estimée ma patience mais en réalité voyager en van me permet de l'aiguiser et de délimiter mes choix. L'espace restreint et une présence accrue dans ce petit habitacle n'est pas toujours aisée. Ma satisfaction est de dénicher des endroits magnifiques loin des foules dans un calme absolu. Ça prend énormément de discipline pour voyager en solitaire en van, à deux c'est une autre histoire. L'essentiel pour moi, ce qui n'est pas toujours facile, est de ne pas conduire trop longtemps. Je prends conscience de plus en plus du flot incessant de voitures sur les routes partout. C'est pour cette raison, en partie, que je recherche la tranquillité des bois et des rangs de campagne. Ce trafic lourd et intermittent devient la norme et je trouve ça d'une tristesse absolue d'entendre ce vacarme dans un mouvement incessant. Parfois je préfère rester chez moi à la maison évitant cette circulation compulsive. La publicité des voitures neuves m'irritent et les publicités en général. On se fait bourrer constamment de bêtises et de nouveaux besoins qui sans cesse nous placardent l'esprit. Je choisi alors les bois et la lecture. On dit souvent "c'est normal". Qui est conforme: qui est la référence, le modèle. Normalité: qualité de ce qui est normal. Parfois je regarde autour de moi et je constate la folie nous entourant mais l'espoir demeure et des modèles existent heureusement. Je ne sais pas si c'est moi qui change ou c'est le monde qui se détraque. Peut-être un peu des deux. Je deviens peut être un "woke" comme disait l'autre, c'est-à-dire un réveillé. En même temps j'observe l'absurdité dans notre façon de vivre, nos insouciances et nos indifférences. J'observe le réveil des consciences avec, paradoxalement, le doute qui s'installe dans mon esprit en voyant des symboles s'écrouler. On dirait bien que quelque chose ne va pas ou ne vas plus. Serait-il arrivé le moment de changer et en avons-nous le pouvoir et la volonté réellement ? Force est de constater notre impuissance devant un système de plus en plus instable et incertain. Le monde dans lequel on gravite est en perpétuel changement qu'on le veuille ou pas pour le meilleur et pour le pire. Peut importe la bulle qu'on tient à protéger je cite Bob Dylan "time are changing".


St Gervais-de-Bellechasse | 17 septembre

J'écris de plus en plus. C'est plutôt intimidant de se dévoiler par l'écriture quoique dans mon travail je fus exposer à raconter des histoires pour un large public. Je fais confiance et me lance dans cette aventure car j'ai tout à gagner en priorisant l'être au lieu du faire. Je suis rendu à ce stade et avec le recul de la vie active ce geste m'apparaît urgent. Je pourrais écrire des romans mais je ne me sens pas à l'aise dans la fiction et pas suffisamment patient. Je possède déjà une panoplie d'histoires à raconter et de thèmes qui demandent d'être explorer. Aujourd'hui je pars sur le chemin St Rémi pour marcher dans le cadre d'un pèlerinage et me ressourcer sur les terres qui m'inspirent.