Vélo | Massachusetts, New Hampshire, Connecticut, Rhode Island and New York State

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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Polarsteps




15 juin | Keyes Parker Conservation Area, Pepperell, Northeastern Massachusetts

Frire des oignons dans une van n'est pas une bonne idée. Mes bas sentent les oignons ce matin. Journée fraîche et nuageuse. Je vais acheter de la colle pour mon siège de vélo. Assis mon cul dessus toute la journée à vélo, il devrait bien coller. Au départ d'Hickory Lake, j'effectue le Lunenburg Cruise. Un parcours de soixante-dix kilomètres en boucle sur terrain vallonné. Une quinzaine de kilomètres ont été effectués au New Hampshire. Ma note est parfaite pour ce circuit qui est de toute beauté. De grosses tortues jallonent la route. La circulation automobile est faible. Il y a toujours les grands arbres pour me saluer. J'ai de la chance d'avoir vécu ces deux journées à vélo dans cette région magnifique. Je suis à une heure en van de Boston. Quatre-vingt-deux kilomètres pour m'y rendre, mais ce sera pour une autre fois. Des parcs de conservation, de récréation et des sentiers pédestres submergent de partout. Il y a de quoi rendre jaloux les amateurs de plein air québécois. C'est assez incroyable tout ces réseaux. J'ai trouvé un beau spot pour la nuit à Keyes Parker Conservation Area, à Pepperell. Il n'y a personne, comme d'habitude. L'endroit est idéal.


14 juin | Kayes Brook Waterfall, East Princeton, Central Massachusetts

Confiance aux autres, en ses capacités et à la vie. Il faut aller avec la fraîcheur d'un enfant, faire confiance sans même savoir à quoi. Nous devenons anxieux parce que nous sommes lucides. Cette lucidité de dois pas émousser notre audace. La confiance en soi est une philosophie raconte Charles Pépin, le livre auquel je fais référence en ce jour pluvieux. Ce matin, la lenteur s'empare de moi. La différence avec autrefois, c'est que je l'accepte et la cajole. Accepter la lenteur est apprendre à se faire confiance en vieillissant. En voyageant comme je le fais, je retrouve le socle sur lequel bâtir ma confiance en moi. Les défis professionnels étant chose du passé, le projet de vanlife me permet de faire des projets qui m'interpellent et me ressemblent. En cela , le vanlife me permet d'accroître ma confiance en moi, à la vie et à ceux rencontrés sur la route. On ne naît pas confiant, on le devient. Notre destin est tracé en partie en venant au monde. Nos projets font en sorte de vivre heureux et confiant. Cela n'aura pris cinq ans pour maîtriser le vanlife. Je commence à peine à m'y abandonner, ce qui m'apporte un apaisement et une joie profonde. Je réussi par brides à penser la liberté en adoptant mon rythme et suivre mes mouvements. Comme l'enfant sur sa première promenade à bicyclette, j'ai chuter, hésiter, trembler pour enfin trouver l'équilibre et finalement m'élancer. La confiance en soi provient d'abord des autres. La confiance en soi est d'abord une confiance en l'autre car en naissant nous me pouvons subvenir à nos besoins. Aujourd'hui, c'est la première fois depuis cinq ans que je demeure à l'intérieur de la van une demie journée sans me morfondre ou m'ennuyer. Cela m'a pris cinq années à en arriver là. La sagesse s'accapare de moi en m'apprivoisant avec les contextes.


Pluie forte au réveil et temps frais. Je déjeune, fais mes exercices, je lis. À midi, la pluie devient légère. Il n'a pas de vent. Les odeurs m'envahissent. J'enfile mon jacket de pluie et je roule. Le parcours indique qu'il y a beaucoup de relief. Sur les cent dix kilomètres, j'en parcoure quatre-vingt douze. Les trois quart sont les plus beaux jamais réalisé. Une note parfaite. Vallonné à fond, tout en courbes. Je roule dans des tunnels d'arbres très hauts. Tout est immensément vert. Les gens vivent littéralement sous la canopée. Je ne cesse de m'étonner de tous ces paysages, de toute ces beautés. Le parcours est difficile à suivre. C'est une véritable labyrinthe de petites routes qui tournoient à l'infini. Déjà que je peine à suivre le tracé avec mon parcours et Google Maps, au milieu du trajet ma batterie tombe à plat. Rarement, j'ai eu autant de difficultés à trouver le chemin et pourtant ce n'est pas mon premier. Je poursuis la seconde moitié en demandant aux gens croisés de me prêter leurs téléphones pour m'orienter. J'étais top sûr de moi en omettant d'apporter le GPS. J'ai ma leçon. La Nouvelle-Angleterre a vraiment de quoi séduire les artistes, les aventuriers et ceux qui possèdent du bon goût pour les beaux paysages. J'ai passé six heures à mouliner avec une seule pause de dix minutes, le résultat est que le dessus de ma selle s'est décollée partiellement. Je repasse la nuit au même endroit qu'hier à Kayes Brook Waterfall de Princeton. J'ai mis la grande table ce soir pour m'offrir un banquet bien mérité.


13 juin | Kayes Brook Waterfall, East Princeton, Central Massachusetts

Me suis levé tard. J'écoute le bulletin de nouvelles du matin pour améliorer la langue de Shakespeare. Après le petit déjeuner, je regarde la direction à prendre. J'opte pour une demi-journée de repos à Rutland State Park. Je me baigne à Whitehall Pond et m'allonge sur une table à pique-nique avec mon tapis de bambou. Le bien-être est total. Les grands pins me donnent de l'énergie. C'est mon arbre préféré. Ils sont immenses dans le parc. Nous ne sommes que cinq personnes et quelques enfants qui s'amusent dans le lac. Le calme et la beauté des lieux résonnent en moi. Je fais le tour du lac à pied lentement. Cinq kilomètres tout au plus. Le système des state parks est bien structuré aux États-Unis. C'est ceux que je préfère avant tout. Les national parks, je n'y vais plus du tout car trop achalandés et moins pittoresques à mes yeux. Les state parks sont abordables pour le camping, quoique seul je n'y vais pas sauf pour la journée qui est gratuite. J'ai grandi dans les quartiers populaires de Québec à siroter le bitume. Si je n'avais pas voyagé très tôt, je serais devenu cinglé. Le centre des grandes villes, c'est pas fait pour les enfants. Plus tard, je me dirige vers mon prochain parcours à vélo pour demain. Il s'effectue en deux jours. Je devrais choisir la moitié des deux. J'explore en van. Ça y est, mon choix est fait. En fin d'après-midi, je m'installe pour la nuit à Kayes Brook Waterfall d'East Princeton. C'est fou le peu de place que je prends pour me stationner la nuit. La route est à un pied de Béa, mon campeur. Je dormirai avec le son de la chute. Demain, je partirai du village pour la randonnée à vélo. On the road, disait Jack Kerouac. Au Massachusetts, il y a beaucoup de vieilles usines de briques rouges qui témoignent de la période industrielle des manufactures de vêtements et de chaussures. Plusieurs sont recyclées, d'autres pas. En écrivant le blogue, comme à chaque soir, je reviens sur la journée. Sans le blogue et les images, le voyage serait incomplet. Il serait aussi incomplet sans le vélo, les baignades et les chemins de travers.


12 juin | Swift River, Herman Covey Wildlife Management Area, Ware, Central Massachusetts

Départ ce matin pour une randonnée à vélo de cinquante kilomètres en boucle dans les Hampton's. Le parcours est en milieu semi-urbain, champêtre et forestier au départ de Northampton. Les plus beaux parcours sont lorsqu'ils sont vallonnés, ombragés et tout en courbe. Ils sont d'autant plus agréables si des rivières ou des lacs parsèment la route. Ma surprise fut grande à la toute fin de découvrir une petite plage sur une rivière d'eau fraîche. Après m'être rafraîchi et casser la croûte, je rends visite pour la dernière fois cette année, aux musiciens de Django in June sur le campus Smith College Plusieurs leaders du groupe proviennent d'Europe. C'est une vieille tradition là-bas les regroupements de musiciens, spécifiquement de jazz manouche. L'un d'eux, un véritable gypsy d'une famille de musiciens sur plusieurs générations commente l'atelier. Ils sont une vingtaine autour de lui. Il vient d'Espagne, où la guitare est sacrée. Il raconte que le rock et le blues sont trop facile pour lui à jouer. Il s'est fait offert sa première guitare Gibson à onze ans. Il ne l'a jamais quitté. La plupart des gens présents sont de véritables passionnés. Plusieurs vétérans viennent à chaque année provenant d'aussi loin qu'en Californie. Après quelques courses, je roule en van un bon bout. Par hasard, je me rends compte que je suis près de Belchertown. J'y suis aller il y à trois ans lorsque j'ai passé un mois à découvrir différents sites historiques abandonnés des State Hospital. J'ai effectué un travail de recherche considérable à l'époque sur plusieurs états. Revenir sur ces lieux me touchent presque autant que la première fois. L'établissement de Belchertown était une ville en soi et servait de refuge aux enfants ayant des problématiques de santé mentale, les orphelins et les enfants agités. Plusieurs abus de tous genres ont été rapportés et le scandale éclata en 1992, date ou l'institution dû fermée ses portes. Je pénètre dans les bâtiments en ruine, deux ou trois. Une affiche indique d'être prudent à cause de l'amiante qui rempli les murs. Les longs tunnels qui reliaient les autres bâtiments ont été barricadés. L'établissement avait ouvert en 1920. Certaines institutions datent du XIXème siècle au moment que les pays se sont industrialisés. J'ai beaucoup à raconter sur le sujet. Je vais m'abstenir pour en avoir parler longuement auparavant dans les précédents chapitres. Le temps file. Ces vieux bâtiments seront soient détruits ou recyclés d'ici peu laissant disparaître une tranche du passé. Déjà depuis mon passage il y a trois ans, le site s'est transformé. Je poursuis ma route pour m'installer sur le bord de Swift River à Herman Covey Wildlife Management Area de Ware dans le centre du Massachusetts. Le site est beau et tranquille. Je sais trouver les bons spots pour la nuit, préférant le bord des ruisseaux et des rivières que les lacs car ses derniers sont plus peuplés. Je mange un steak, des croustilles de farine au maïs bleu, une salade et des cerises. L'aventure se poursuit.


11 juin | Northampton, Pionner Valley, Bershires, Massachusetts 

Le Massachusetts a été un intervenant majeur pour l'abolitionnisme aux États-Unis. La première femme noire graduée aux États-Unis fut au Smith College de Northampton. Patsy, qui habite avec son conjoint dans la maison face à mon campeur vient me rendre visite en matinée. Elle est très accueillante. Le quartier où je traine est l'équivalent de Westmount à Montréal. Son mari possède une entreprise de fabrication de chandelles. Il emploie des immigrants. Le couple ont une camp en bois rond au nord de Shawinigan. Les gens dans la rue où je suis stationné sur Hillside Road me salue et me parle. Les américains sont polis, simples, calmes et respectueux. Je pars tôt pour une randonnée à vélo en terrain plat sur les deux rives de Connecticut River de Northampton vers Greenfield à la frontière du Vermont. Au total quatre-vingt cinq  kilomètres au compteur. À ma grande surprise, je tombe sur le site de Poet's Seat Tower. Lors de ma descente à vélo de Québec vers New York à mes vingt-cinq ans, j'ai arrêté ici. C'est l'endroit où un jeune poète passait ses journées à écrire tout en haut de la montagne. Instant et retrouvaille  magique par hasard. Au retour, je retourne à Django in June me fondre aux musiciens de jazz manouche. Imaginez, de vieilles maisons sur le campus Smith College qui ont cent cinquante ans. 225 musiciens jouent par intervalle dans plusieurs pièces. Dehors sous un petit chapiteau un cercle d'une vingtaine de musiciens très talentueux improvisent. Je rêve. Tout autour, les gens discutent et sont heureux. L'ambiance est un pur délire. Ce séminaire du genre est unique aux États-Unis. Au théâtre ce weekend, les meilleurs guitaristes au monde donneront un concert en l'honneur de l'événement. Les tarifs en moyenne sont 150$. Partout sur le campus, les musiciens, guitares en bandoulière se promènent. En soirée, l'ambiance est au maximum. Cet événement est l'un des plus extraordinaires jamais vécu en road trip. Ce n'est qu'aux États-Unis qui m'arrive pareil aventure. Le hasard m'amène où il faut. Il fait chaud ce soir. Ma tête se remplie de belles choses depuis mon départ. Les étés en Nouvelle-Angleterre sont un must. Je peux le confirmer pour avoir voyagé sur tous les continents. De plus, comme dit Patsy, it's on my backyard.


10 juin | Northampton, Pionner Valley, Bershires, Massachusetts 

Spirit of America est la maxime du Massachusetts. Elle porte bien son nom. C'est l'un des plus vieux États américains. Les gens sont fortement scolarisés. C'est un état où l'art de vivre est très élevé. Les villes sont belles, l'ambiance à point. Je me lève tard, la pluie m'a retenu au lit. Un type frappe à ma porte. Je suis sur un terrain privé. Il voulait me voir la face, pas de problème, dit-il. Il croyait que j'étais allemand. Je trouve une formidable boulangerie artisanale dans le quartier sur Elm Street près du campus Smith College. On m'offre gratuitement une grosse miche  de céréales et un scone. Ils avaient atteint la date de péremption, ils étaient encore très bons. Je me régale. J'achète de nouveaux essuie-glaces plus loin. Je veux rien manquer des paysages. Après le lunch, je visite Smith Art Museum à Northampton. C'est gratuit. Les collections sont magnifiques. Je marche ensuite sur le campus Smith College, institution de haut niveau pour femmes. Cette année, c'est le 150ᵉ anniversaire de l'établissement. Quatre-vingts bâtiments historiques du campus bordent Connecticut River du centre-ville. Northampton est l'une des plus belles villes visitées de mes cinq dernières années à bourlinguer l'Amérique. Plus que tout et de loin, j'aime la Nouvelle-Angleterre. Il y a une belle et étrange énergie qui s'y dégage. Northampton est une ville très tolérante ultra-libérale. Les arts sont omniprésents. Le centre-ville est vivant et convivial. La musique à la radio est incroyable. Les commerces et les restaurants sont attrayants. Django in June débute aujourd'hui. Durant une semaine, 225 musiciens de jazz manouche se retrouvent sur le campus Smith College. C'est un séminaire qui offre l'occasion aux musiciens venus des quatre coins du pays d'échanger et de jouer ensemble. J'y passe plusieurs heures avec grand bonheur. Les weekends, des concerts ont lieu dans le théâtre de la ville. C'est l'une des plus belles expériences de voyage que je viens de vivre. C'est agréable l'été la villégiature à quelques heures de New York et Boston, pour ne nommer que ceux-là. Je vais manger dans un restaurant syrien pour fêter cette journée mémorable. Je prends une carte de membre d'une chaîne de pharmacie pour obtenir des spéciaux sur les barres protéinées sans sucre. J'achète deux boîtes. Elles me serviront. Je m'installe pour la nuit dans le chic quartier résidentiel bordant le campus sur une colline qui possède des propriétés hallucinantes. Tout est incroyablement vert. Tout respire la beauté et l'harmonie. Northampton, ma jolie, jamais je ne t'oublierai, même sous la pluie.


9 juin | Leeds, Northampton, Pionner Valley, Connecticut River, Bershires, Massachusetts 

Je me lève sous la pluie. Je prends mon temps. Je mets de l'ordre dans mes affaires, consulte les cartes et les prochains parcours à vélo. Je fais quelques courses à Northampton sur les rives de Connecticut River. Je déguste un sandwich libanais sur une terrasse du centre-ville qui est magnifique. La région se nomme les Hampton pour les villes de Northampton, Easthampton, Southampton et Westhampton. Elles font partie de Pioneer Valley. Northampton, ville de 35,000 habitants est connue comme un pôle universitaire, artistique, musical et contre-culturel. Elle abrite une importante communauté politiquement libérale ainsi que de nombreuses organisations intellectuelles et de santé alternatives. D'après les données démographiques du recensement américain, Northampton est classée comme la ville moyenne (25,000 à 99,000 habitants) la plus politiquement libérale des États-Unis. La ville compte une forte proportion de résidents s'identifiant comme gays et lesbiennes et un nombre élevé de ménages homosexuels. Elle est une destination prisée de la communauté LGBT. Northampton comprend six fois la moyenne nationale de ménages homosexuels non mariés. En ce moment, c'est le festival Django in June qui débute demain. Je regarderai le programme. Où je suis ce soir en face du Look Park, Bob Dylan y a déjà fait un concert. La ville abrite une université et le Smith College, établissement universitaire pour femmes qui fait parti du groupe Seven Sisters. C'est un groupe de sept collèges privés pour femmes d'arts libéraux du nord-est des États-Unis. Ils sont l'équivalent de la Ivy League College, en terme de milieu d'apprentissage. La ville a connu sa gloire grâce aux manufactures de vêtements. Elle a connu son déclin jusqu'au années 70. Depuis la ville s'est redonnée une nouvelle identité centrée sur l'éducation, le tourisme et les arts libérales. La ville possédait au XIXème siècle le nom de Paradise City. Effectivement, elle y ressemble. C'est un immense jardin entouré de magnifiques demeures anciennes. 21% de Northampton sont des espaces ouverts protégés. J'y étais déjà venu il y a quelques années et je m'étais dit que j'y reviendrais. La ville possède une grande concentration de bistros et restaurants, plusieurs parcs et une grande quantité de jardins communautaires. Les gens sont très hétéroclites et assez différents des villes rencontrées jusqu'à présent. Il y a dans le centre-ville un parc qui regroupe des junky et des itinérants. J'ai deux randonnées à vélo sur la table à partir de Northampton pour les prochains jours, si la température est de mon bord. J'aime beaucoup mon road trip jusqu'à présent même si je suis déjà venu dans les parages. Il y a tant à  voir et à contempler de ce côté de la frontière. Je suis toujours sous le choc lorsque je te sens au Québec. Le premier choc est de voir ce que l'on a fait des arbres. C'est de constater le peu d'importance aux parcs et espaces verts. C'est de constater à quel point la vie est rapide et que le respect envers autrui se perd. Ça fait une semaine que je suis sur la route et mon plan fonctionne à merveille en reliant plusieurs de mes champs d'intérêts et surtout en respectant mon rythme.


8 juin | Tolland State Park, Otis Lake, Cold Spring, Bershires, Western Massachusetts

Les murets de pierres sont classiques en forêt au Massachusetts et au Connecticut. Il était une fois une expérience fascinante menée par un groupe de scientifiques, qui voulaient observer un phénomène de comportement collectif. Ils placèrent cinq singes dans une pièce. Au centre, un escabeau menait à un régime de bananes suspendu au plafond, appétissant mais inatteignable autrement. La règle invisible. Dès qu’un singe essayait de grimper sur l’escabeau pour attraper les bananes, un mécanisme se déclenchait : une douche glacée aspergeait violemment les autres singes. Rapidement, une dynamique étrange s’installa. À chaque tentative de grimper, les autres singes, pour éviter la douche froide, se mettaient à frapper celui qui essayait de monter. Bientôt, plus aucun singe n’osa approcher l’escabeau, de peur de se faire attaquer. Une expérience encore plus surprenante. Les chercheurs décidèrent alors de remplacer les singes, un par un. Un premier singe fut remplacé par un nouveau. Ne connaissant pas la règle, ce dernier tenta immédiatement de grimper sur l’escabeau. Aussitôt, les autres le frappèrent. Il apprit rapidement à ne plus essayer, sans même comprendre pourquoi. Peu après, un deuxième singe fut remplacé. Comme le premier, il essaya de grimper et se fit corriger par les autres, y compris par le premier remplaçant, qui participait activement à la punition, sans en connaître la raison. Le processus continua : trois, quatre, puis cinq singes furent remplacés un à un. À la fin, aucun des cinq singes présents dans la pièce n’avait connu la douche froide, mais ils continuaient à frapper tout nouvel arrivant qui tentait de grimper. Une morale troublante. Au bout du compte, aucun singe ne savait pourquoi il était interdit de monter sur l’escabeau. Pourtant, la règle invisible persistait, transmise uniquement par habitude et conformisme. Pourquoi personne ne montait sur l’escabeau ? Pas à cause de la douche glacée, mais parce qu'on a toujours fait comme ça. Par la suite, le gouvernement les a tous engagés. 


Ce matin, au départ de Lake Garfield, je débute par une température extraordinaire, une randonnée à vélo en montagne de cinquante-cinq kilomètres. Les fleurs ont subitement éclatées aujourd'hui après les grosses pluies de la veille. Les odeurs sont incroyables. Je fais quelques descentes à plus de soixante-cinq kilomètres à l'heure. Par chance que les routes sont belles en Nouvelle-Angleterre. Je fais une pause vélo sur le porche du Stockbridge Red Lion Inn. L'auberge date de 1773. Elle est située au cœur des Berkshires. De retour, je nage à Lake Garfield Beach avant de prendre la route vers Otis Lake à Cold Spring. Je me stationne pour la nuit à Tolland State Park. L'aventure continue. J'aime ne pas savoir où je vais passer mes nuits. Je préfère ne pas rester plus d'une nuit au même endroit, à moins d'un endroit particulier. Je ne paie jamais pour les campings et les restaurants, à part quelques déjeuners à l'occasion. À tous les jours, je me baigne dans un lac et une rivière en Nouvelle-Angleterre. Une raison de plus pour me plaire et y revenir à chaque année.

7 juin | Lake Garfield Beach, Monterey, Bershires, Western Massachusetts

Faut se perdre pour se retrouver. C'est comme ça pour la route et aussi pour la maladie. Petite anecdote : hier, je me suis installé pour la nuit sur un terrain avec une affiche indiquant que des matières dangereuses (restriction area) s'y retrouvaient et de ne pas aller plus loin. Plus tard, je vis un curieux bonhomme sortir du terrain. Ensuite, une auto. Je constate que l'affiche était un leurre pour que les gens n'entrent pas sur le terrain. Ils avaient mis des gravats à l'entrée du chemin pour donner l'illusion. Il y a un vieux type qui habite dans le bel immeuble et sa pelouse fraîche en face de chez moi à Québec. Plusieurs fois par jour, il vient faire chier son chien sur le terrain en face de mes fenêtres. Un bon matin, je lui dis cordialement et fermement d'utiliser la belle pelouse chez lui. Il dit que son toutou ne veut pas y aller. Je lui dit que c'est absurbe. Il va obtempérer. La propriété privée aux États-Unis est plus qu'importante. Les américains sont très cordiaux mais très réservés. Il y a une petite infiltration d'eau dans le campeur par le toit. J'ai repéré la fissure et, à la moindre occasion, je ferai réparer le calfeutrage. Je suis en forme. Ma souplesse est excellente. Je le vois en faisant mes exercices dans la van le matin, les jours de pluie. De plus, j'ai perdu du poids. La musique à la radio est vraiment excellente ce matin, presque sans commerciaux. Parfois, j'aimerais aller à New York, mais je le ferai pas seul et sans les vélos en arrière. Depuis cinq ans, que je voyage en campeur, c'est le premier road trip où j'ai envie de prendre mon temps. Le campeur est de mieux en mieux aménagé pour mon confort. J'ai développé quelques habitudes qui me font ralentir. J'ai cette manie de vouloir trop embrasser et de rapetisser trop large. C'est la première fois en cinq ans que j'ai fait l'acquisition du campeur que je ne prends ni alcool, ni cannabis, ni cacao et qui tantôt me stimulait, tantôt me déprimait. De plus, je crois avoir réussi à maintenir une saine alimentation cette fois-ci pour survivre à de pareilles aventures. Ce matin, pluie abondante, je profite de l'occasion pour étudier les parcours à vélo au Massachusetts qui sont fort nombreux. J'ai des kilomètres de plaisir et d'aventures qui m'attendent. Je possède une collection suprenante de guides à vélo usagés pour la plupart achetés sur Amazon. Je fais la visite du Clark Institute Museum au college town de Williamstown dans les Berkshires. Je prends des images, Renoir, Monet, etc... Le musée est situé en pleine nature et assorti d'une multitude de sentiers pédestres. Je déjeune dans un café pour observer les jeunes élites qui deviendront peut-être bien les prochains grands décideurs des États-Unis. Ensuite, je me dirige pour la nuit vers Lake Garfield de Monterey. J'adore particulièrement les Berkshires au Massachusetts, le sud-ouest du Vermont et l'Hudson River Valley dans l'état de New York. Au Massachusetts, il y a une multitude de petites routes champêtres très bien pavées qui, sans système de navigation adéquate et un bon sens d'observation, il serait facile de s'y perdre. Les Berkshires sont situés au carrefour d'Albany, la capitale de New York, de Boston, de New York et de plusieurs autres grandes cités américaines d'East Coast.

6 juin | South Stream Pond, Pownal Center, Southwest Vermont 

À mon goût, c'est le sud-ouest du Vermont que je préfère dans l'état. Bennington est une jolie ville, très verte d'une population de 20,000 habitants. Je fais de l'exploration en campeur. Je m'arrête me baigner à the Tubbs sur Anthony Road sur Old Bennington. C'est un endroit peu connu. De beaux bassins pour se rafraîchir avec quelques promeneurs. La pluie a débutée. Je m'installe pour la nuit à South Stream Pond situé à Pownal Center dans le sud ouest du Vermont. À dix kilomètres à l'ouest, New York State, dix kilomètres au sud, le Massachusetts. 

5 juin | West River, Windham County, Wardsboro, Central Vermont

Hier fut ma mise en jambe pour le vélo. Ce matin, petit déjeuner à Keene. La plupart des gens que je m'adresse disent que Trump est un asshole et qu'ils commencent à avoir marre de big mouth, même les républicains. La Nouvelle-Angleterre est largement démocrate. Le type au café me montre une photo de lui la tête tranchée sur la guillotine. Il affiche l'image joyeusement sur son poste de travail à l'épicerie. Je débute ma seconde randonnée de vélo à Hillsdale. Le nom du parcours est tri starter. Je parcours sur mon Specialized Roubaix, les trois états limitrophes, New Hampshire, Massachusetts et Vermont le le long de Connecticut River Valley. C'est un parcours plat de cinquante cinq kilomètres. Je traverse une ville industrielle importante du Vermont, Bennington. J'aime de loin le Vermont pour ses paysages bucoliques et ses valeurs qui me ressemblent. C'est le meilleur endroit pour faire du cyclotourisme aux États-Unis. Aucune place aux États-Unis ne rivalisent pour l'énergie que dégage le Vermont en lien avec sa canopée exceptionnelle, sa qualité de vie et la beauté présente partout. Les vallées regorgent de pures rivières pétillantes où je peux me baigner en toute liberté. Tel fut le cas à West River de Newfane. Je n'étais pas le seul et pour cause, 35 degrés avec le facteur humidex. À cette chaleur, j'aime rouler à vélo pour le vent qui rafraîchi. Je m'installe en fin d'après-midi au village de Wardsboro, face à la rivière pour une autre baignade. Je me fais frire du poulet assaisonné avec une salade. Le bonheur est total. La route panoramique 100 traverse l'état du nord au sud le long des Montagnes Vertes. J'aime décidé, au jour le jour ma prochaine destination qui varie selon mon humeur, ma forme et la météo. J'appelle ça être libre et vivre selon mes intérêts et mes valeurs.

4 juin | Greater Goose Pond Forest, Keene, Monadnock County, Southwest New Hampshire 

Au départ de Troy, dans la région des Monadnock, j'ai entrepris ma première sortie de vélo de l'année aux États-Unis. Ce ne fut pas mon coup de cœur à cause de la circulation automobile. Malgré tout, les automobilistes sont très respectueux. Ils pourraient offrir d'exemple à grands nombres de québécois qui sont les plus dangereux sur les routes d'Amérique du Nord. J'ai parcouru quarante-cinq kilomètres dans les côtes parfois ardues sous la canicule. C'est une région très montagneuse avec comme point central le mont Monadnock qui culmine à 975 mètres. La région est située au sud-ouest de l'état, bordant le Vermont et le Massachusetts. Avant, j'ai fait quelques courses à Keene, ville universitaire appelée college town aux États-Unis. Tous les college town sont très chics. C'est pas étonnant, avec le coût des inscriptions, seuls les jeunes riches peuvent se permettre d'y étudier. La plupart les étudiants ne sont que de passage, ce qui rend les lieux anonymes. Toutefois, la beauté et l'harmonie dégagent des lieux. Tout est bien organisé sur les campus pour rendre la vie agréable aux étudiants. Les grandes universités de la ligue de lierre (Ivy League) méritent une attention particulière pour leurs histoires. les college town sont intéressants pour trouver des produits alimentaires de qualité. Je vais acheter des provisions au Monadnock Coop à Keene l'équivalent d'Avril au Québec. Je prends un plat végétarien avec du seitan et des haricots rouges épicés, un pain bio et des mangues. Ensuite, j'achète la suite dans une grande chaîne d'alimentation. Les prix sont similaires à Québec, je dirais, avec des prix assez élevés pour les fruits et légumes. Les œufs sont le même tarif qu'au Québec pour faire taire les racontars. J'ai eu de la difficulté à me trouver un spot pour la nuit. J'ai enfin déniché un bon endroit dans le stationnement du départ des randonnées pédestres au Greater Goose Pond Forest de Keene. J'avais planifié quelques autres sorties de vélo dans les environs, mais je viens de me rendre compte que j'ai fait les parcours, il y a quelques années auparavant. J'ai toujours un deuxième plan au besoin. Ce ne sont pas les idées et les places qui manquent. C'est à l'est de Keene que se retrouve la plus grande population du New Hampshire autour de Nashua et de Manchester, qui sont à une heure de Boston. Je n'ose même pas m'imaginer rôder dans ces parages. Vivement la nature, la tranquillité et les paysages champêtres.  

2-3 juin | Herricks Cove Natural Reserve, Bellows Falls, Connecticut River, Rockingham, Southwest Vermont

Il m'est impossible de quitter ce parc. C'est un sanctuaire pour les oiseaux. Toute la nuit, les oies ont passé au-dessus de ma tête. Ils survolent la rivière Connecticut pour se diriger vers le nord. Je suis littéralement au paradis, rien de moins. Je ne retrouve pas ce genre d'endroits au Québec. Il y a beaucoup de parcs accessibles gratuitement pour la journée aux États-Unis. Les anglais possèdent un grand respect pour les arbres et les espaces verts, principalement en Nouvelle-Angleterre. Je parle à Dwain, un ancien militaire à la retraite. C'est un fervent trumpiste. Il est morose, tout comme son président. J'évite de discuter politique. Ça ne servira à rien avec lui. Il y a quelques retraités coiffes de leurs traditionnelle casquette avec leurs camions qui passent en me saluant. J'offre du chocolat de Dubaï à l'un d'entre-eux. Je crois que Trump met le doute dans l'esprit de plusieurs américains. Il apporte la confusion et la division dans le pays. Je ferai des investigations plus tard, le temps est au repos. Je me remets lentement d'une sérieuse bronchite qui m'a mis sur le carreau depuis plus de deux semaines. Je débute un traitement aux antibiotiques sur les recommandations du médecin pour m'assurer de ne plus me traîner comme je le fais depuis tout ce temps. Est-ce un signe pour me faire ralentir et vivre ce voyage autrement que ceux du passé ? J'ai fait mon yoga, mes redressements assis à l'ombre d'un grand chêne. Partout des oiseaux de toutes les couleurs chantent. Tout autour de moi m'apporte le calme et cet état de sérénité qui me comble de bonheur. L'air est pur. Où j'habite, au centre-ville de Québec, l'été me rend malade. Je ne suis pas fait pour y vivre l'été. Le seul moyen et non le moindre que j'ai trouvé est mon campeur pour fuir ces lieux aux beaux jours. Tout à l'heure, j'irai marcher dans le parc pour tenter d'amorcer quelques brins de jasette et ne pas penser d'où je viens. Je peux toujours me dire qu'il y a pire pour me consoler. Ça ne fonctionne pas. Il y a quelque chose qui n'est pas en harmonie dans cette ville trop grande pour moi. Là est le problème. De plus, avec les millions de visiteurs qui viennent y faire rouler leurs voitures et marcher sur les trottoirs à la file indienne, cela me rend fou. Andrew, non pas le prince, mais un avocat retraité du centre de l'état, vient discuter. Je lui offre un siège. Après une conversation de trente minutes, il m'avoue que sa femme l'a quitté en prenant une direction opposée récemment après quarante-trois ans de vie commune. Les quelques passants dans leurs pick-up me saluent tous. Quelques-uns discutent. Un autre type, cigare à la bouche et ses deux chiens, s'approche. Il me dit que le parc est un haut-lieu des homosexuels d'âge mûr. Il paraît que sur internet c'est indiqué. Il me pointe du doigt deux voitures faisant partie du clan. Il parle fort. L'autre lui fait un doigt d'honneur. Je comprends pourquoi, alors, Andrew revenait sur le sexe. Je ne me suis pas douté un instant que j'étais dans une joyeuse trappe champêtre. Malgré ça, je repasse la nuit ici dans la section permise pour passer la nuit. Tiens, une jeune femme qui passe dans sa voiture. Les américains en région aiment leurs bolides. Ils font même des courses sans sortir de leurs véhicules. J'aime écouter la musique américaine à la radio. Certaines stations ont peu ou pas de commerciaux. Country, folk, bluegrass, blues, rock, jazz, tout y est dans mon petit radio-transistor vintage des années 90 revampé la semaine dernière qui appartenait à ma mère biologique. Je mange une soupe aux légumes assaisonnée préparée dans mon petit mixeur électrique. Il est là, le bonheur. Macaroni au porc haché et légumes avec un carré aux dattes sans sucre pour la suite. Je surveille de près ma consommation alimentaire et internet. Tout est plus que satisfaisant. Ainsi, je pourrai bavarder avec une amie qui m'est chère et qui ne pouvait pas être présente à ce voyage-ci. Ce n'est que partie remise, heureusement.


Il y a trois étapes dans un voyage. La préparation, le déroulement et le retour. J'ai tenu promesse. J'ai quitté le monde utilitaire pour le contemplatif. C'est en Nouvelle Angleterre que je retrouve la matrice de mon inspiration, de ma créativité. En traversant la douane, je suis au paradis, celui de la beauté et de la lenteur. J'ai appris de toutes ces années. Je sais où aller. Je suis pas à mon premier voyage de ce côté, loin de là. J'ai délimité un assez grand territoire qui sera mon terrain de jeu pour le prochain mois. Cyclotourisme au sud du New Hampshire, les Berkshires à l'ouest du Massachusetts, l'Hudson River et les Catkills dans l'état de New York. À chaque jour, je noterai dans le blogue mes observations. J'ai du flair pour trouver les bons endroits. C'est pas difficile aux États-Unis, ils sont partout. Cette année, je ne ferai aucune comparaison avec le Québec pour avoir écrit abondamment sur le sujet. Les États-Unis sont un beau et vaste pays que j'affectionne beaucoup. Il y a d'étonnants contrastes et la diversité est omniprésente. Les gens sont très aimables, les routes et les paysages sont magnifiques. Bref, j'aime tout ce qui se retrouve sur ma route. Pour l'apprécier à sa juste valeur, il faut sortir des sentiers battus. Pour ma première nuit, je suis installé gratuitement, comme d'habitude, et par hasard à Herricks Cove Natural Reserve sur la rive de Connecticut River au Vermont. L'autre côté de la rivière c'est le New Hampshire. Connecticut River prend sa source au New Hampshire à la frontière du Québec en Estrie pour se déverser dans l'Atlantique au Connecticut. La réserve naturelle où je passe la nuit est située à Bellows Falls au sud du Vermont à Rockingham. En voyage, je ne planifie que mes randonnées à vélo, le reste s'effectue par hasard, mon expérience et mon ressenti. Les moustiques viennent de faire leur apparition. C'est pas étonnant avec la végétation aquatique de la rivière. Il était grand temps que je sorte de Québec, j'étais en train de devenir complètement cinglé. Je suis plein de gratitude d'avoir abouti ici ce soir. Cela marque le départ d'une belle et grande aventure. Cela me permettra de retrouver l'énergie perdue dans la stupeur, les virus et la pollution de Québec. La différence avec les voyages en campeur des dernières années, c'est qu'à partir de cette année, je parcours beaucoup moins de kilomètres pour y arriver et beaucoup moins entre chaque destination. Lorsque je m'étais porté acquéreur du campeur en 2020, c'était dans mes plans. Il y a tellement d'oiseaux, de belles forêts, de beaux villages en Nouvelle Angleterre que ce serait stupide de ma part de moisir en ville.