Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste dans ses récits et propos exprime un désir de dépassement et d'authenticité.
25 janvier |
Viendra-t-il le jour où l'homme vivra sa propre gloire, s'installera à la droite de sa vie, saura être heureux de la lumière du jour comme de la quiétude de la nuit ? Ce jour viendra-t-il quand la terre aura assez dévoré de corps et bu assez de sang ? Je me suis retiré, car j'en avais assez de ce monument gigantesque appelé civilisation, si précis et ingénieux pourtant édifié sur un tas de crânes. J'ai voulu la solitude afin de sauver mon âme, mon esprit, mon cœur et mon corps. Non, personne ne peut secourir les hommes. Le progrès en Occident n'est que vanité. L'esclavage restera ce qu'il est, même fardé et bien habillé. Le cerveau s'amuse à inventer lorsqu'il s'ennuie. La communauté a peur de glorifier la liberté. L'esclavage unit les couples qui se détestent. Khalil Gibran est l'auteur de ce texte. J'ai consenti à transcrire un aperçu d'un des plus grands poètes de tous les temps. J'ose croire qu'un grand poète n'est pas seulement la somme des livres qu'il a vendus ? Quoi qu'il en soit, il aura ouvert les yeux aux aveugles de son temps. Carl Gustav Jung écrit que les crises et les bouleversements nous servent d'indicateurs pour rectifier une trajectoire, explorer de nouvelles orientations et expérimenter un autre chemin de vie. Combien de crises aurai-je traversé ? Combien de chemins aurais-je emprunté pour trouver le bonheur, s'il existe ? Il était si près pourtant, fluide comme le temps. Il m'a fallu marcher sur tous les sentiers pourtant si près de l'essentiel. Pour comprendre, il faut avoir parcouru une myriade de lieux tout aussi étranges les uns que les autres. J'ai cru pouvoir vivre sans refuges. J'ai cru à tellement d'histoires étranges que j'ai failli en perdre la raison. Mon besoin de sécurité s'est rallié, uniforme, insondable. Il n'est jamais trop tard pour étreindre sa vie comme elle se présente. J'ai évolué avec ce qui était à ma disposition. La vie essaie de progresser du mieux qu'elle peut, de grandir, de progresser dans les conditions où elle évolue. J'ai franchi de nombreuses montagnes pour découvrir ce qui m'obstruait la vue. J'ai tant erré. Je n'y ai vu que le vent et celui qui cherche éperdument. J'ai tenté en vain de comprendre cette soif de liberté qui m'a guidé dans les plus hautes hémisphères. C'est au retour vers les lumières teintées d'abstinence que je cesse de m'agiter. J'ai vu, j'ai vaincu, j'ai vécu. La route est longue et sinueuse, mes pieds endoloris, je m'esquive le coeur lourd. Les mots s'activent pour me dicter mon existence. Une multitude d'identités trouve refuge en moi. J'écris pour me rappeler que j'existe, même si parfois je n'ai rien à dire, que je n'ai rien à faire. Il y a, paradoxalement, trop de pensées dans ma tête qui se chevauchent. La quête d'identité est un long chemin.
24 janvier |
Oisif, je ne l'ai vraiment jamais été. J'ai surtout tournoyé sur moi-même les mêmes refrains, les mêmes peines. Résilient de nature, je n'ai cessé de rechercher des solutions alors qu'il ne suffisait que de si peu de choses. J'ai remué ciel et terre éperdument sans trouver réellement la paix d'esprit. Il s'agit simplement de dire oui à la vie, c'est-à-dire de l'aimer et d'accepter le réel tel qu'il est, et non tel que nous voudrions qu'il soit. Mes erreurs ne déterminent pas mes faiblesses. N'avoir rien tenté aurait été la pire erreur. Ne pas savoir s'arrêter au bon moment est en soi une erreur. L'une de mes plus grandes faiblesses aura été de laisser les émotions m'envahir de façon substantielle. Je me suis identifié à elles au point de me rapprocher de la folie à maintes reprises. Je ne suis pas mes émotions, elles ne font que me traverser. Sous ces indéfectibles émotions issues du tourment et de la peur se cachent la joie et l'amour inconditionnel. Il y a toujours une cause à tout ce qui existe. La cause de ma douleur serait-elle d'être né ? Ce serait trop simple. Ce serait l'occasion, une fois de plus, de me défiler devant mes responsabilités, celle de m'occuper de l'être le plus important qui existe, c'est-à-dire moi-même. Jamais je ne pourrai me confiner de la critique. Quelques événements subis me font prendre conscience que l'humanité chez les hommes a tendance à se rétracter de plus en plus. Vieillir, c'est s'éloigner de plus en plus du regard des autres. Vieillir, c'est ne plus se sentir écouter. On est loin du temps que les vieillards étaient respectés. L'humanité se contracte devant l'appât du gain, la productivité, l'indifférence, la a banalisation de la vie et l'individualité excessive. Sur les répondeurs de certaines agences de services, un message indique ne pas prendre les clients aux revenus modestes. Le monde se fractionne dans une multitude de cases restrictives basées sur les avoirs. La classe moyenne s'effrite, les familles monoparentales survivent si les revenus ne sont pas au rendez-vous. Combien de temps le monde moderne va-t-il résister à tous ces soubresauts tel qu'il apparaît ? La vie ne devrait pas avoir de prix. En réalité, nous avons établi une valeur marchande à tout ce qui existe. La compétition règne, les guerres se multiplient, les divisions sont omniprésentes et surtout la désinformation et l'ignorance nous rattrapent dans un climat de peur. Il y aurait pourtant quelques solutions tangibles qui n'apparaissent pas suffisamment urgentes pour qu'il y ait matière à agir. Seul l'argent et le pouvoir comptent désespérément dans cet impitoyable univers à part pour la mère et son enfant que l'espace d'un instant réunit pour les bonnes raisons. J'ai rédigé quelques lettres adressées à quelques organismes aujourd'hui afin de rendre justice au préjudice subi par une institution publique, forteresse absolue du pouvoir. Ça prend une sérieuse injure pour parvenir à un gain de cause auprès de ces institutions. Ce n'est pas autant l'objectif de gagner qui donne raison à ma bataille comme celle de me pousser dans l'action mesurée et concrète. Viendra ensuite la satisfaction d'avoir tenté par tous les moyens dont je dispose d'obtenir gain de cause. Tant pis si je ne réussis pas, j'aurai eu, du moins, la satisfaction et la bonne conscience d'avoir essayé. Dans toutes les batailles, l'émotion doit toujours faire place à la raison, sinon c'est peine perdue. Ensuite il faut établir un plan d'action juste et détaillé. Les injustices règnent dans ce monde intransigeant. La preuve est que les gens riches ont toujours plus de chance de gagner leurs procès. Les gens les plus éduqués proviennent en majorité des gens riches qui font des miséreux les grands perdants de cette société axée sur les avoirs. C'est ce qui démontre le nombre croissant d'itinérants dans la foule, des demandeurs d'asile, d'affamés dans les soupes populaires. Je constate avec raison une pertinente envie chez moi de verser dans le drame. Tant pis pour ceux qui voudraient m'entendre parler des tout-inclus sous les tropiques, cela m'indiffère totalement. La misère est partout et revêt ses plus sombres illusions, que vous le vouliez ou non. Je réalise à quel point ce sont ceux qui parlent le plus fort qui sont les plus démunis. Non pas qu'il faille les faire taire, ils se fatiguerons d'eux-mêmes. Il suffit seulement de choisir ses batailles. La mienne s'exprime en vous écrivant et, par ricochet, mes paroles résonnent au plus profond de moi-même, me permettant de naître à de multiples reprises.
23 janvier |
Où cesse la solitude, commence le marché ; et où commence le marché, commence aussi le vacarme des grands comédiens et le bourdonnement des mouches venimeuses. C'est à l'écart du marché et de la gloire que se passe tout ce qui est grand ; c'est à l'écart de la place du marché et de la gloire qu'ont, de tout temps, habité les inventeurs de valeurs nouvelles. Fuis dans ta solitude, ce n'est pas ta destinée d'être chasse-mouches. Le plaisir du troupeau est plus ancien que le plaisir du moi. J'aime la forêt, on vit mal en ville, il y a trop d'humains en rut. Le plaisir du troupeau est plus ancien que le plaisir du moi. Ainsi parlait Zarathoustra. Le thème de la solitude est récurrent chez moi. Elle possède des choses que je n'ai pas encore détectées. C'est lorsque bien des élans se sont tus, qu'il est temps de se recroqueviller sur soi-même en tentant de découvrir les forces qui nous habitent. L'agitation indique un certain malaise ou un besoin mal identifié. Je travaille cet aspect de l'immobilité qui revendique le repos mérité. Ma semaine fut lourde d'émotions. Mon refuge m'apparait tel un baume sur mes plaies. Focaliser sur plus grand que moi m'évite l'enfermement. C'est curieux que dans mon blogue, peu de personnages sont présents. Sans paraître égocentrique, chaque humain voit le monde tourné autour de lui-même. Chaque nuit, je rêve que je suis exclu du clan des comédiens. Coïncidence, je ne suis pas et deviendrai jamais un humoriste. Au réveil, je me rassaisis rapidement dans le tourment du monde ordinaire. Depuis un certain temps, un pouvoir se déploie en moi, je ne connais ni sa source ni sa direction. Je ressens un monde qui se transforme, comme si je devenais la personne la plus importante à mes yeux. Et je le suis. On m'a déjà demandé si j'avais de l'empathie. Rares sont ceux qui nient son existence. C'est une bonne question à poser, sachant très bien que personne n'osera jamais signaler son absence. Il y a dans ce mot une forme de mensonge et de déni, il me semble. La douleur d'autrui nous renvoie notre propre souffrance. Je veux me dissocier de l'idée de toujours vouloir justifier ma pensée, si je le fais ce n'est que pour y voir clair. C'est curieux comment une courte lecture sélectionnée peut m'inspirer. Mon père adoptif disposait, dans chacun des livres à sa disposition, une feuille blanche entre chaque page imprimée dans laquelle il reformulait à sa guise le texte en question. C'est étrange à quel point j'éprouve ce même désir devant certains textes. Il m'est impossible de m'inspirer de ce que sera le futur. Je n'ose même pas l'imaginer. Ce sont mes prédécesseurs à qui je dois mon inspiration. Chacun d'entre-nous possède un héritage précieux dans lequel nous puisons à sa source de larges vérités subjectives. J'ai tant à dire. Si ma confiance en moi était totale, j'écrirais un long rouleau traduisant toutes mes pensées de façon continue, un peu à l'image de sur la route de Jack Kerouac. Un long texte métaphysique décrivant la lumière et l'obscurité à la façon d'un poème lyrique et philosophique de Nietzschese déroulerait dans mon salon, s'engouffrant dans toutes les autres pièces et même plus loin encore. J'ai tellement à raconter depuis que j'étais en silence trop longtemps ou occupé ailleurs. J'ai besoin de me réchauffer au préalable de tous les philosophes vivants ou ayant vécu pour dérouler mon parchemin intemporel à l'infini. C'est le moyen le plus efficace que j'ai trouvé pour relâcher la pression avec toute la grâce qui accompagne ce geste. Des prismes lumineux blanchâtres accompagnent chaque mot énoncé me délivrant. Comment pourrais-je faire pour introduire des personnages dans mes propos alors qu'ils sont d'une absence délétère ? Je ne vois qu'une meute de loups sans visages, sans raison, ayant tous le même profil de comédiens à l'intérieur d'un mauvais film. Je m'assume en tenant ces propos et les signe. Il paraît comme a ce qu'on mérite. Je suis tout sauf pleinement léger. C'est curieux comment l'on vieillit en premier dans le regard des autres. Je terminerai par une note plus joyeuse. Je crois que la mort n'est pas si tragique qu'elle en a l'air. La mort n'est rien en soi lorsqu'elle s'avance déjà à la naissance. Dans les médias, on fait souvent part des gens qui meurent seuls sans que personne ne s'en aperçoive. C'est la vie entière qui les abandonne avant même qu'ils périssent. Il y a de ces étrangetés dans la vie des hommes, tels ceux qui collectionnent des monnaies pour vouloir et croire s'enrichir plus tard. Il y a ceux qui spéculent sur les biens matériels pour acquérir une richesse illusoire dans un futur incertain. Ceux-là, c'est la peur qui les anime. Et s'il existait autre chose. Quand je dis aux jeunes personnes : que feriez-vous sans votre téléphone ? Voyant la tristesse et l'incertitude dans leurs visages, je leur réponds simplement, probablement autre chose n'est-ce pas ?
22 janvier |
Dostoïevski a dit que l'homme adhère fort souvent à une certaine catégorie de convictions pas du tout parce qu'il les partage, mais parce qu'il est beau d'y adhérer, cela donne un uniforme, une position dans le monde, de la reconnaissance et des revenus. Je suis de ceux qui ne peuvent rester tranquille dans le vide. L'Étranger de Camus raconte la méchanceté du quotidien, la tendre indifférence du monde et la folie des hommes, sacrifiant sur l'étal de leurs certitudes celui qui, parce qu'il ne sait pas mentir ni pleurer, ne leur ressemble pas. Quelques chapitres m'ont suffi à ne pas poursuivre la lecture de Camus non pas qu'il ne soit pas bien. Ce fut ainsi avec les carnets de Dostoïevski. Des compagnons, voilà ce que cherche le créateur et non des cadavres, des troupeaux ou des croyants. Des créateurs comme lui, voilà ce que cherche le créateur, ceux qui inscrivent des valeurs nouvelles sur des tables nouvelles. Ceci est tiré de Nietzsche dans Ainsi parlait Zarathoustra, écrit à partir de 1883. Il tente de démontrer la nature du créateur qui est à l'intérieur de l'homme. Toute la philosophie depuis ses origines se définit par la contradiction entre nécessité et liberté, donc entre subjectivité et objectivité. J'aime aborder mes écrits avec beaucoup de profondeurs et d'émotions, les reliant avec des auteurs libres et créateurs. La juxtaposition des contraires et de la dualité me représente. Rien de ce qui m'apparaît est du premier niveau, en cela mon doute profond en chaque chose. La philosophie de Nietzsche repose sur lui-même et non sur une doctrine particulière, sa pensée est subjective et fortement créatrice. Ainsi parlait Zarathoustra est une forme de poésie lyrique et philosophique qui laisse planer le doute chez l'homme et sur Dieu. Sa pensée échappe à tout système, c'est pourquoi il me plaît. Il ne se compare à personne de son époque. Il est le précurseur de l'existentialisme, courant philosophique et littéraire qui considère que l'être humain forme l'essence de sa vie par ses propres actions, celles-ci n'étant pas prédéterminées par des doctrines théologiques, philosophiques ou morales. L'existentialisme considère chaque individu comme un être unique maître de ses actes, de son destin et des valeurs qu'il décide d'adopter. Le soi dit au moi : souffre, maintenant. Et il souffre et réfléchit pour savoir comment ne plus souffrir. C'est à cette fin, justement, qu'il doit penser. À la fin, mes passions deviendront des vertus, mes démons, mes anges. Maintenant, je suis léger ; maintenant, je m'aperçois en dessous de moi-même. Ainsi parlait Zarathoustra. À la lecture de Nietzsche, je m'étonne de m'être lassé des cimes. Cet arbre croit ici, solitaire dans la montagne ; il s'est élevé loin au-dessus des humains. Et s'il voulait parler, personne ne pourrait le comprendre : si grande est la hauteur à laquelle il s'est élevé. Plusieurs extraits et passages du livre sont purement magnifiés. Les mots deviennent soudainement plus grands qu'eux-mêmes. L'esprit, c'est aussi une volupté que je côtoie le soir venu près des livres, mon rituel céleste.
21 janvier |
Le curateur public m'a remis des documents concernant la succession de ma mère biologique indiquant devoir contacter un notaire pour percevoir ma sœur et moi son héritage estimé à quelques milliers de dollars. Ce matin, dans le froid extrême, je me dirige vers le notaire au pied de la falaise. Manifestement, il est dérangé, me disant être en convalescence d'un cancer. Il m'a donné de mauvaises informations au téléphone en m'indiquant ne pas être en mesure d'effectuer les tâches relatives au dossier. J'insiste, il regarde les documents en m'affirmant ne pas être éligible à l'héritage étant ma sœur et moi adoptés à la naissance. Le lien d'affiliation n'existe plus avec ma mère biologique selon la loi. Cruelle déception en étant rejeté par ma mère à ma naissance, plus tard à notre première rencontre et maintenant en ne pouvant pas accéder à ce modeste héritage. Je n'ai pas choisi ni ma famille, ni ma patrie, ni de naître. J'ai été puni à maintes reprises pour ne pas être né au bon endroit, ni au bon moment. L'erreur fut commise par le fonctionnaire de la curatelle en me remettant les documents pour faire les démarches. J'écris ce soir pour ventiler cette journée maussade où, à quelques moments, j'ai tressauté de peine et de colère. Je reviendrai à moi lorsque l'orage sera passé. Ma confiance, déjà minée par les institutions publiques, ne fait que s'aggraver. Je ne peux rien y faire, sauf me dire que je n'ai rien perdu, car je n'ai rien gagné. Je viens de lire qu'en France, les personnes adoptées peuvent bénéficier de l'héritage d'un parent biologique, comme quoi au Québec on fait toujours les choses différemment. L'État a le bras long pour récolter impunément les bénéfices de tous et chacun. On nous dit que les revenus servent à financer les services sociaux, il y a de quoi réfléchir, mais à quoi bon, étant impuissant à même de m'exprimer devant les personnes concernées. L'État dans lequel je vis est d'une froideur et une indifférence la plus totale. Les gens qui l'activent sont aux commandes d'un système qui est plus grand que la somme des fonctionnaires qui y travaillent. Pourtant, ce sont des humains, me semble-t-il, aux commandes du système. Pendant ce temps, des milliards sont investis pour la guerre, la corruption et les injustices. Au retour, dans l'autobus, les usagers ont la mine basse, le dos arqué et soumis à leurs smartphones. À chaque jour qui passe, je désactive des publicités douteuses et des arnaques que je reçois sur le téléphone comme si j'étais un pauvre imbécile. La pornographie étale de plus en plus ses ficelles dans la toile sans que personne ne puisse arrêter ce déferlement d'obscénités. Dans le monde matériel, je suis dans le bas de la pyramide. Je ne dois pas être affecté outre-mesure par cette donnée, possédant plus que jamais le sentiment unique d'être libre avant tout. Je suis le témoin d'un monde en perdition et absurde. Malgré tout, je dois rester confiant, car où il y a de la vie, il y a de l'espoir. Les mots énoncés de ma part manifestent beaucoup de colère et de mépris envers ces pauvres humains que nous sommes, car ils ne sont pas capables d'évoluer pleinement avec tout le potentiel que je leur reconnais. Encore une fois, je remercie mon blogue qui me sert à exprimer mon chagrin et à l'évacuer du même coup. À chaque jour suffit sa peine. Demain sera un autre jour. Nietzsche a dit que tout homme supérieur aspire à se retrancher dans une forteresse, dans un refuge où il se sente délivré de la foule, de la masse, de l'écrasante majorité, où il puisse oublier la norme humaine à laquelle il fait exception. Je vois dans ces mots l'apparition de Zarathoustra. Il est difficile de se faire entendre; la difficulté augmente encore quand on vit et pense parmi les hommes qui vivent et pensent autrement ou, dans le meilleur des cas, à l'allure de la grenouille. Nietzsche meurt dans la folie comme bien d'autres artistes, les traitements étant insuffisants à son époque. Le système s'est doté d'une intelligence inouïe, il nous afflige toute notre vie ; si vous fléchissez, on vous vendra des antidépresseurs pour vous remettre instantanément dans le tordeur à nouveau. Le marketing est efficace. La pleine conscience aide à éliminer la source de la souffrance, le samsara. Au feu du mépris, c'est un nouveau pas vers mon indépendance qui est d'oser exprimer des points de vue qui passent pour faire honte à qui les nourrit. Ce charme de la vie disparaîtrait si la croyance à l'irresponsabilité totale venait à prendre le dessus.
20 janvier |
Je crois faire de nouvelles expériences régulièrement, mais cela me suffit-il pour en comprendre le sens ? Je sais me rapprocher des gens lorsque l'occasion se présente de façon spontanée. Mon absence de filtres parfois me joue des tours. Il y a des moments qu'en tentant de faire quelques blagues pour me rapprocher, c'est l'effet inverse que j'obtiens. Mon cercle d'amis intime est très restreint, voire inexistant. Je suis imbibé d'un esprit critique et méfiant. Lorsque l'occasion se manifeste, certains, dans le passé, ont quitté avant même que s'amorce une bribe d'amitié. Très souvent, je me suis demandé si j'en étais la cause, est-ce que c'est l'intimité qui soit difficile à établir, ou bien est-ce le fruit de la culture ambiante qui contrarié mes élans ? Ce fut la plus grande question que je me sois jamais posée. Je relis L'Étranger d'Albert Camus. Je reconnais l'absurde qui est le thème central des romans de l'auteur. En cela, je fais le lien avec mon existence arborant une dissonance et une contradiction. Lorsque je me ressaisis en délaissant le passé, mon esprit devint plus clair. Rien n'est plus malsain pour l'homme que d'être revêtu des rumeurs du passé. Les thérapies ne sont pas faites pour moi, elles me plongent dans un monde qui n'existe plus. Le propre des thérapies est d'éveiller des choses qui n'ont plus la légitimité d'exister. Les livres sont mes meilleurs thérapeutes, quoique je ne néglige pas pour autant la présence d'autrui. Préférant les groupes de discussions, de croissances personnelles ou philosophiques, je note que les dynamiques de groupe caractérise mon enthousiasme. J'ai eu une multitude d'expériences de groupes de par mon défunt travail en premier lieu. Les coïncidences dégagées au hasard des connexions diverses sont imprévisibles. Pourquoi mon association à des groupes et au lien d'amitié font défaut ? Est-ce que mes attentes sont trop élevées ? Je dois me demander très objectivement ce que représente autrui pour moi. Une certaine culpabilité se dégage de mon impuissance en ce sens. Il y a des codes qui m'échappent, des apprentissages, mais surtout une déficiente introspection pour reconnaître mes véritables intérêts. Néanmoins, je reconnais m'être encrassé d'habitudes insouciantes et désinvoltes dans ma lutte pour survivre, si je puis dire. À l'intérieur de cette culpabilité je sous-estime ma valeur. Quoiqu'il en soit, j'en connais suffisamment les causes, mais pas toujours les solutions. Encore une fois, en m'exprimant de la sorte, j'exerce une pression décontenancée envers moi-même sachant très bien que mes actions sont généreuses et sincères. Je n'aime pas les gens peu nuancés qui tapent sur les gens comme sur un clou pour leur faire comprendre la morale et les vertus. La douceur et l'ouverture sont de loin l'approche à développer envers moi. Ce n'est pas quelque chose qui est de mon pouvoir tout le temps. Je connais mes failles. En ce sens, les thérapies qui tournent sur elles-mêmes n'ont guère d'appui sur moi. Il n’en a pas toujours été ainsi. Parfois, je reconnais avoir l'air du cinglé qui ne se préoccupe que de lui-même. Depuis toujours, je suis un survivant. Même si le danger est inexistant, je ressens la menace. Peu m'importe aujourd'hui si je peux paraître différent ou indifférent aux yeux d'autrui, je fais ce qui m'est possible de faire ou d'être afin d'être la meilleure personne à mes yeux. Je n'ai plus aucune raison de me justifier à qui que ce soit. Depuis que je comprends cela, je ressens une certaine sérénité et un détachement grandissant au désir de plaire et de me fondre à autrui. Je n'ai nul envie de m'identifier au troupeau et je n'ai nul envie de m'isoler. Je laisse soin au destin de s'occuper de moi sans porter trop de résistance au devenir. À quoi sert de vouloir sauver le monde si je ne suis pas capable de me sauver ? Il y a tellement de choses à apprendre de mon vivant que je n'aurai pas le temps de tout assimiler. Est-ce nécessaire de vouloir tout embrasser ? Comme dit le proverbe : rien ne sert de courir, il faut partir à point. Simpliste, n'est-ce pas ? Si des lecteurs n'aiment pas mes propos, alors ils n'ont qu'à ne plus me lire. Mon blogue, qui me sert de journal, m'appartient et à moi seul. Il représente ma liberté d'expression. Je n'ai nullement envie de m'esquiver pour plaire à quelques spécialistes de quelque nature qui soit. Je n'ai aucune pudeur à montrer mes plaies. Je ne prétends pas être le moralisateur en chef, même si je reconnais que mes critiques sont parfois acerbes. En écrivant, bien des aspects de ma personnalité se révèlent. Je possède quelques bouquins d'auteurs dans ma bibliothèque qui sont arides et austères tels Nietzsche. J'éprouve de la difficulté à le lire, mais je ne le rejette pas, attendant le moment qui serait plus apte à faire sa connaissance. Pascal, je n'aime tout simplement pas, il parle trop de Dieu. Spinoza est un génie, il était juif, il habitait les Pays-Bas. Ce pays abritait ceux qui étaient censurés ailleurs. Des lectures qui, il y a quelques années, me semblaient inaccessibles, aujourd'hui m'enrichissent largement. Vient à point à qui sait attendre. Beaucoup parler de soi peut être aussi un moyen de se cacher. Je retiens de Nietzsche cette affirmation : l'un cherche un être qui l'aide à accoucher ses pensées, l'autre un être qui puisse l'aider ; ainsi naît un bon dialogue. Et si, en vérité, c'était tout simplement cela.
18 janvier |
Car le feu qui me brûle est celui qui m'éclaire disait Étienne de La Boétie. La sagesse libère l'individu de l'emprise sociale. La sagesse a un caractère révolutionnaire. Lorsque l'individu commence à se préoccuper de son salut ou de son bonheur personnel, s'il développe sa raison et sa connaissance, il risque de ne plus adhérer aux normes collectives. S'il y a eu dans le passé des oppressions sociales, politiques et religieuses, c'est que l'ignorance et la peur étaient omniprésentes tout comme l'absence réelle de liberté. Les raisons qui poussent les oppresseurs sont multiples ; éviter le chaos et l'anarchie par un contrôle excessif, établir des règles et des préceptes rigoureux pour appâter les ignorants et les maintenir dans l'inconscience, renforcer le pouvoir des élites et autres dictats, établir des normes aberrantes dans le seul but de tenir les gens en laisse, établir un coût spéculatif sur la vie à l'intérieur de systèmes contradictoires et corrompus. Les valeurs individuelles ont pris la relève considérablement au cours de quelques décennies, au point que des groupes entiers d'individus y perdent leurs repères. Le mouvement de perte d'identités collectives n'est pas totalement mauvais en soi. Nous avons besoin de cohésion collective pour vivre en société certes, la question est de savoir quels sont nos droits et devoirs sans perdre cette précieuse liberté pour croître en sagesse. Il est impossible pour l'homme de vivre en complète autarcie. Trouver l'équilibre dans un monde en déséquilibre et contrarié n'est pas aisé et surtout si les fondations de l'individu sont fragilisées pour différentes raisons. L'autonomie et l'indépendance ne signifient pas être isolé. L'être isolé peut se cacher un moment pour reprendre son souffle. L'être isolé est peut-être blessé par les hommes et a peur. Le monde peut s'avérer impitoyable à celui qui n'est pas prêt à s'y exposer, tel le jeune enfant ou l'inconscient. Il ne sert à rien de courir comme des veaux dans toutes les directions, j'en sais quelque chose. Il est insensé de vouloir tout embrassé. Il ne sert à rien de courir. Mais que faire alors si on doit survivre ? La différence se situe entre celui qui vit ou qui survit. Pour moi, la spiritualité se fonde sur la raison qui rallie l'esprit et le cœur. Le philosophe n'est donc ni un intellectuel, ni un professeur, ni un spécialiste, mais un aventurier de l'esprit qui cherche à mener une vie bonne et heureuse avec lucidité. La philosophie ne forme pas des spécialistes, mais des hommes. L'histoire a démontré que la foi a supplanté la raison et la quête de la sagesse. Nous sommes en train de faire marche arrière, mais sans supports et balises, le chemin risque d'être inquiétant, sans toutefois être impossible. Kant définit le bonheur comme un idéal non de la raison, mais de l'imagination. Sommes-nous les témoins de l'effondrement de l'idéologie ultra-libérale consumériste qui tente de nous faire croire que le bonheur y est associé ? Comment ne pas être complètement cinglé devant les idéologies politiques qui placent les valeurs économiques au centre des préoccupations de l'homme ? La consommation exhaustive d'antidépresseurs et le taux de suicide actuel ne sont-elles pas associé aux mauvais choix que font les hommes actuels ? Le résultat de ces mensonges éhontés est la destruction de nos propres ressources. Pire est la morale véhiculée appuyant ce système absurde qui, sans revirement majeur, nous pousse littéralement dans nos tranchées, évacuant ainsi tout espoir d'une vie meilleure. À quand la prochaine grande révolution tranquille ?
16 janvier |
Le bonheur semble aussi arbitraire et illogique que le temps qu'il fait. Il se manifeste soudainement et il s'évanouit aussi soudainement. Le raisonnement de Kierkegaard fait l'éloge du silence à la fois comme étant propice à une extase méditative et comme constituant la meilleure réponse à la souffrance. Alors qu'il nous paraît naturel de verbaliser nos plaintes quand les choses vont mal pour quelque raison, l'auteur suggère qu'en fait, parler de nos épreuves et de nos tourments a l'effet probable de les magnifier et de les aggraver au lieu de les adoucir. Tout bavardage autour de la douleur fait durer la douleur, sauf en cas extrême. L'homme est incapable de se taire et de rester silencieux. Des sources plus récentes indiquent qu'un malheur partagé est littéralement réduit de moitié et que les maux supportés en silence sont difficiles à vivre. Le point commun que je possède avec Kierkegaard est la conscience aiguë et unique de la brièveté de la vie. Les souffrances subies tôt dans la vie nous rallient, à certains égards, dans une fragilité existentielle. Le propre de l'homme décent est de faire ses propres choix. Devant toute déception, blâmer qui que ce soit n'aide en rien. Tout ce que je puis faire, c'est de me montrer reconnaissant d'être né, puis de m'atteler à essayer à nouveau. Les hommes sont vraiment absurdes. Ils n'usent jamais des libertés dont ils jouissent, mais ils réclament celles qu'ils n'ont pas. Ils ont la liberté de penser, ils exigent la liberté de parole. Je ne peux pas continuer, je vais continuer disait Samuel Beckett qui résume l'état actuel dans lequel je me trouve.
15 janvier |
Comme on plonge son doigt dans la terre pour reconnaître le pays où l'on est, de même j'enfonce mon doigt dans la vie, elle n'a odeur de rien. Où suis-je ? Le monde, qu'est-ce que cela veut dire ? Que signifie ce mot ? Qui suis-je ? Comment suis-je entré dans le monde, pourquoi n'ai-je pas été consulté, pourquoi ne m'a-t-on mis au courant des us et coutumes, mais incorporé dans les rangs, comme si j'avais été acheté par un vil commerçant ? À quel titre ai-je été intéressé à cette vaste entreprise qu'on appelle la réalité ? Pourquoi faut-il que j'y sois intéressé ? N'est-ce pas une affaire libre ? Et si je dois être forcé de l'être, où est le directeur, que je lui fasse une observation ? Il n'y a pas de directeur ? À qui dois-je adresser ma plainte ? De toutes les choses risibles, la plus ridicule à mes yeux, c'est d'être affairé en ce monde, expéditif à table comme à la besogne. Et je ris de tout mon cœur. Et qui pourrait bien s'empêcher de rire ? Quelle œuvre font-ils, ces empressés en perpétuelle agitation ? N'en est-il pas d'eux comme de cette femme qui, ahurie de voir le feu à la maison, sauva les pincettes ? Vraiment, que sauvent-ils du plus grand incendie de la vie ? Soren Kierkegaard, philosophe, écrivain, poète et théologien, fut l'un des premiers existentialistes chrétiens. Il s'exprime dans un verbe remarquable associant l'ironie, l'hyperbole et la métaphore. La pensée de Kierkegaard est immédiatement et facilement applicable au quotidien. C'est grâce à lui que je refais surface à la vie après m'être empêtré quelques jours de façon virulente dans les affres du cannabis. Cette molécule, que j'ai utilisée fréquemment dans le passé, m'indispose aujourd'hui de façon catastrophique et au point d'en être malade rapidement. Dur envers moi-même, je l'ai été à bien des niveaux. Le cannabis et sa consommation signe aujourd'hui mon arrêt de mort. Devrais-je dire plutôt mon arrêt de vie ? Quoique qu'il en soit, ce n'est pas fait. J'ai trouvé dans un sac, un gramme que j'ai fumé avec de bonnes intentions, celles de détendre mes muscles. Ensuite, je me suis procuré du cannabis de CBD uniquement en croyant, à tort, que je pourrais obtenir des effets bénéfiques. L'effet qu'a sur moi cette substance est, sans contredit, très nocif pour ma santé globale. Il est étonnant de constater à quel point je perds rapidement toute forme d'intérêt, de motivation et de concentration dans l'absorption de ce mystérieux apanage. De plus, je deviens cruellement amorphe et dépressif en peu de temps. Voilà à quoi a ressembler ces quelques journées de brume et d'angoisse intense. Je me délecte ce soir à la lecture de Kierkegaard qui est un baume sur mes récentes plaies. Qui a-t-il de plus déroutant que de perdre l'esprit et sa capacité de bien réfléchir ? À bien des aspects, cette habitude de fumer révèle un désir de fuir, de se fuir. Le retour vers soi devient plus douloureux après la débâcle viscérale. Il faut de longues études pour se livrer à l'arbitraire, s'y égarer et pour en tirer du plaisir. La page couverture des petits préceptes de la vie selon Kierkegaard de Robert Ferguson représente une mer agitée arborant de sombres nuages. On y aperçoit une percée de lumière au loin, comme pour rappeler qu'il y a toujours le beau temps après l'orage. Il paraît que l'on sort toujours plus fort des épreuves. À ce titre, je dois être tout puissant. En réalité, la vie n'a rien à cirer des épreuves, pourquoi ferions-nous bande à part avec notre soi-disant conscience ? Et que savons-nous de la conscience dans le monde ? Les études autodidactes me divertissent somptueusement, mais elles sont un substitut, une tactique désespérée pour dissimuler un sentiment plus profond de vide qui s'exerce en moi. La réflexion n'est pas pernicieuse en elle-même, ce qui est pernicieux c'est l'état de réflexion et la stagnation qu'il entraîne. Ils corrompent et mette en péril parce qu'en offrant la possibilité du retrait, ils font de la retraite une option plus facile.
9 janvier |
La morale nous assujettit parfois à des comportements douteux. Avec le déclin de la religion dans plusieurs régions du monde, la morale s'est transformée, pour ne pas dire s'estomper en laissant place à un vide collectif. La vérité de soi et du monde peut être angoissante, c'est pour ça que les masses bougent sans cesse, souvent sans raison, sans tenant compte des revenus pour la subsistance. Être actif est une valeur certes, et valorisé. L'être me semble versé dans une fuite en avant, cela dépend de son âge bien entendu. Pour connaître la vitalité d'un peuple, il s'agit d'observer les aînés et de voir comment ils sont traités. Les besoins animent les gens, qu'ils soient d'ordre matériel, spirituel ou affectif. Observer l'angoisse en soi, ne pas la fuir ou la combattre est l'ultime voie. Devant l'angoisse, la raison m'est nécessaire, la conscience aussi. Pour moi, la conscience se manifeste dans l'instant présent, la raison étant en lien avec mes capacités intellectuelles. La bonté émanante d'un groupe de parole propage une force et un lien ineffable. Dans son contraire, tout seul, la folie n'est jamais très loin. C'est dans le dialogue à l'intérieur de groupes ouverts et objectifs que la société changera. Il faut seulement être bien attentif à nos sens et aux paroles illuminées. Il faut un étonnant discernement pour ne pas se faire berner dans la société. Le problème actuel est que nous vivons dans un monde trop centré sur les valeurs marchandes. Tout est assujettie à un prix, il en résulte que l'existence adopte des comportements sordides interférant avec l'humanité. Une solide base de connaissances et une grande liberté sont essentielles pour croître avec sagesse et dignité. L'homme absurde, en réalité confirme la décroissance. Que cela ne tienne, sans les études appropriées et la pleine conscience juxtaposant les rencontres passagères, l'humain décroît considérablement. Au café philosophique auquel je participe régulièrement, les gens s'assoient en cercle rapproché. Le thème abordé est sélectionné par un vote. Le cadre est rigide pour le bon fonctionnement du dialogue. L'animateur est conséquent, généreux et habile. La diversité des gens présents est étonnante. C'est un microcosme de société. Des malhabilités interagissent parfois chez les uns dans la teneur des propos, des émotions et de la pensée. Néanmoins, ces rencontres s'avèrent révélatrices et nécessaires pour se libérer de soi. Je m'étonne des éclats de conscience qui se dégagent subtilement. Le but est de ne pas juger. Il s'agit d'appliquer, en réalité, une véritable démocratie et laisser la place à tous ceux qu'il lui revient. Dans un groupe semblable reflète la complexité et la beauté du monde. Si ce dernier peut devenir meilleur, c'est grâce aux mots volontaires, désintéressés. Personne n'a raison, tous détiennent leurs propres vérités. Je tente la logique pour me réconforter, ça fonctionne. À la fin de la rencontre, une discussion fort intéressante s'est engagée auprès d'une participante en lien avec la conscience et la raison. En de très rares occasions, je n'ai pu réellement m'avancer longuement sur un tel sujet avec des étrangers. Peut-être m'en souviens-je plus ? Les études des derniers mois me permettent d'aborder certains thèmes avec plus de lucidité, de tempérance et d'aisance. Je me rappelle d'un certain Louis, qui aujourd'hui à 83 ans parait en avoir 60. Le corps est robuste et svelte, son esprit rusé comme un renard mais l'âge s'active doucement. Ça fait peur parfois de voir des gens qu'on a pas vu depuis longtemps. Il a toujours manifesté son intérêt auprès des plus jeunes que lui. Il est vrai que la jeunesse ravive mon esprit mais peut-être pas autant que lui. Les groupes dans lesquels l'on évolue ne doivent pas être des ghettos. Je suis toujours prudent quant à mes interactions avec autrui pour ne pas me sentir coincé. Les groupes associés, pour ma part, ne doivent pas être homogènes en lien avec l'âge, le sexe, les croyances et les opinions. Je préfère ceux avec une qualité d'esprit sans toutefois renier les plus démunis. Naturellement et en pleine conscience de mes moyens, j'en suppose, je sais reconnaître les gens avec qui les atomes se tordent. Mais comment fait-on pour les retrouver hors du monde virtuel ? Je sais que je ne suis pas le seul à me poser cette question. Ce monde a ses limitations. Trop souvent, de plus en plus, je vois des non-voyants, des gens renfermés, indifférents ou apeurés. Quelles sont les valeurs communes qui nous habitent ? Qui met en place les lieux pour que le véritable dialogue s'amorce ? La raison, c'est que c'est l'argent qui domine le monde. Les gens sont pressés à gagner leur vie. L'absence de religion ne devrait-elle pas nous amener dans une nouvelle voie, de nouvelles valeurs collectives. Je ne vois rien qui pointe à l'horizon, concrètement sinon très peu de choses à part les rencontres philosophiques. Il n'y a aucune étiquette que l'on peut insérer à ces groupes. C'est en cela que je me sens libre de me penser et de penser le terroir que j'habite, c'est le seul qui me soit donné avec mon esprit pour me servir de refuge.
8 janvier |
Le problème est qu'il est difficile de lutter contre une véritable intoxication entretenue par la presse, la télévision et internet qui représente une spiritualité de bazar qui inonde le monde. Le refus de l'illusion n'est pas le refus du rêve, à condition de ne pas le confondre avec la réalité. Il s'agit en fait de surmonter l'absurde en permanence, ce qu'on appelle avoir des projets, des passions. Il faut sortir de soi, se dépasser sans cesse, et surtout œuvrer avec les autres, pour les autres. Faire tourner notre machine à penser est en soi une jouissance. Deux excès sont à noter, exclure la raison, n'admettre que la raison, disait Pascal. Tout ce branle-bas semble évident, sauf lorsque des nuages traversent la tranquillité de l'être. Les préoccupations sont là pour me rappeler ma condition de mortel. Il y a des jours où je me sens aller de l'avant, et d'autres, où je semble faire marche arrière. C'est le cas en ce moment, ayant une virulente fasciite plantaire qui perdure depuis des mois. Dans mon impuissance à me relever de cette tenace inflammation, il me semble que tout ce que j'apprends se volatilise au fur et à mesure. Je dois faire comme le félin blessé, me reposer en me léchant la patte. Goethe disait qu'à quoi bon tout ce luxe de soleils, de planètes, de lunes, de voies lactées, de comètes, de nébuleuses, de monde devenu et en devenir, si finalement un homme heureux ne se réjouit pas inconsciemment de sa propre existence.
30 décembre |
En fait, le citoyen a disparu. Il n'est plus qu'un rouage du mécanisme production-consommation. La citoyenneté s'apprend. Apprendre la citoyenneté, c'est prendre conscience du besoin de l'autre pour devenir soi. Il est nécessaire de réapprendre le désaccord raisonnable selon John Rawls. La compétition fait oublier que le matériau permettant à l'individu de devenir une personne est fait des échanges qu'il a avec les autres. Cet échec n'est pas celui de l'éducation, mais de l'ensemble des règles adoptées par notre société. C'est ça la vie est le seul refrain que j'entends bourdonner depuis ma naissance. Est-ce le système qui dicte nos vies ou bien est-ce les hommes qui s'y abritent? En proclamant que vivre une vie d'homme se résume à une lutte permanente, elle ne peut que créer le désespoir chez ceux qui découvrent en quoi consiste l'issue du parcours. Le jeu du calmar est celui que nous avons choisi et dans lequel nous nous vautrons dans une inconscience la plus totale. Par exemple, internet met en évidence les tares grandissantes de notre façon de vivre ensemble. Ne peut-on craindre que les technologies ne parviennent à transformer la nature même de l'humanité ? Ma présence à autrui sur la toile se fond dans l'indifférence. Internet n'est pas mauvais en soi, c'est son utilisation qui devient une perversion de l'outil. Rien n'est apporté pour vraiment sécuriser les gens d'eux-mêmes sur internet. Rien ne me semble en place pour de réels dialogues entre citoyens en dehors du champs virtuel. Une part de l'humanité qui a pris des milliers d'années à se structurer se dissout rapidement sans que personne lève la main en tentant de changer les choses. De toute façon, la chose est banalisée à même titre que la nature humaine. On fait davantage confiance à la toile qu'à soi-même, car elle régit la plupart de nos actions. Ce n'est pas mes premières critiques sur internet. Peut-être que je ne comprends pas certaines choses ? Peut-être ai-je des difficultés à m'y adapter en n'étant pas de mon temps ? Réseauter à l'intérieur de milliers d'usagers me paraît illusoire. Je suis persuadé que certains y trouvent leur compte, tant mieux pour eux. La société a tendance à séparer de plus en plus les jeunes des vieux. On devrait plutôt insister sur ce que tous les hommes ont en commun. La société actuelle voue un culte à la jeunesse. Élever les sociétés à leur meilleur commence avec de véritables dialogues laissant de côté les intérêts égoïstes et mesquins. Comment bâtir un monde meilleur avec un écran constamment sur le visage? Est-ce le monde dans lequel on veut s'épanouir ? Je parle ainsi par connaissance de cause, ayant développé une addiction à la chose. Ces principales habitudes se révèlent par le souci de m'informer à tort et de m'instruire. Pour ce qui est du réseautage, mon temps est trop précieux et je n'y crois plus sous ses formes actuelles. Il faudrait qu'internet se mette à notre service afin de pouvoir rassembler les humains hors du monde virtuel. Peut-être qu'il vaut mieux rester à l'ombre des réseaux affichant sa plus belle allure comme le font la plupart d'entre-nous ? Albert Jacquard dit qu'il faudrait faire des écoles un lieu de création de l'humain, alors qu'elle est en train de devenir l'antichambre d'une société marchande. Je me désole d'apporter un tableau aussi sombre, veuillez m'en excuser. Je sais très bien que le monde n'est pas toujours comme il apparaît, sinon il n'existerait plus depuis longtemps. À bien y réfléchir, exprimer tout cela ne m'apporte pas plus de bonheur.
J'ai trouvé un cadeau empoisonné sur les marches d'un escalier la veille de Noël. Dans une boîte joliment enveloppée, une trentaine de petits pots de beurre au caramel aromatisés s'entassaient. Chaque pot affichait des rubans multicolores au travers de petits sacs festifs de boules au chocolat noir fondant. J'ouvre un petit bocal et le sac de chocolat. Ces délices sont foudroyablement addictifs. Je suis incapable de refermer le pot sans avoir vidé son contenu. Mon papilles se dilatent et en redemande sans cesse. Je croyais pouvoir me délecter lentement tout l'hiver qu'il m'apparaît impossible de refermer un pot aussitôt ouvert. Après deux journées entières à me saupoudrer la gueule, je ressens un malaise au point de devoir offrir en cadeau à des proches ces pièges impitoyables. Ayant pris un peu plus de trois livres, je ne ressens plus d'appétit pour autre chose. Mon ventre me fait souffrir, mes pantalons vont éclater. Il est possible que des gens aient intentionnellement mis cette boîte dans la rue pour offrir aux passants ces sucreries que j'appelle des cochonneries. À toutes celles à que j'ai offert quelques pots, les réactions furent les mêmes. C'est le souvenir de ce temps des fêtes que je conserverai. Il m'est difficile de garder le moral durant cette période. Ma famille a disparu, ma sœur vit loin de chez moi. On se parle au téléphone. Elle est bouddhiste et me parle comme une bouddhiste. Parfois, ça m'agace. Il y a trop de morale et de mots dans la conversation. J'écoute, mais parfois je trouve ça pénible les monologues. Ça m'attriste de n'avoir qu'une seule sœur. Sa famille ne me connait pas, c'est comme ça avec la distance. Son conjoint est gentil et silencieux. Ma sœur parle tellement qu'il lui laisse le champ libre par amour. Mon journal ne sera pas très long ce soir. Souvent, je ressens un vide qui m'habite. Pendant les fêtes, c'est encore pire. Il est associé à l'angoisse. Elle m'a tellement accompagné que je sais pas c'est quoi être normal. Un état normal, c'est ne pas ressentir la souffrance de façon excessive. Je n'aime plus ressasser le passé, ça ne donne rien, le futur non plus. À mon âge, il n'y a plus de futur. Je ne renie toutefois pas le passé. Il porte des blessures incurables. Alors je pointe l'action. J'exagère à peine. La vie des hommes est absurde, car l'homme est absurde. Parfois, il ne sert plus à rien de comprendre, il est préférable de vivre sans pour autant être inconscient. J'ai visionné la saison II de Squid Games en deux jours. Cette série contemporaine sud-coréenne est la plus palpables. On dirait qu'on aime se nourrir d'histoires morbides. On dirait que ça nous rassure en regardant la misère du monde de ne pas en faire parti. Les hommes sont absurdes car ils se nourrissent d'illusions. Mais comment pourraient-ils vivre sans quelques illusions ? En réalité les hommes sont absurdes car ils savent qu'ils vont mourir. Dans le film, ça fait constamment référence à l'argent et de la survie qui en dépend. Le jeu du calmar est très difficile à visionner, pourtant cela n'empêche pas des millions d'abonnés de Netflix de le regarder. Je m'identifie de la survie des hommes étant un survivant moi-même. Le jeu consiste à gagner et les perdants sont tués de sang-froid par les organisateurs des jeux. Je trouve ces jeux similaires à la réalité d'une façon légèrement différente, ce n'est que mon point de vue. Jusqu'à présent, le bien ne s'exprime que très peu, il faudra attendre la suite de la série pour en apprendre davantage. Sur l'avenue Cartier et ailleurs, les gens sont pressés, voire stressés. C'est la course. Je semble être le seul à ne pas être à la course, ce qui me fait sentir différent de la masse. Depuis deux ans, je n'ai plus la câblodistribution. Je trouve la plupart des programmes absurdes. On a toujours un produit ou une idée à vendre. Je n'ai besoin de rien sauf d'un ami. Il est impossible de se faire des amis à la télé, c'est pour ça qu'elle devient moins populaire, c'est ainsi que la masse s'atroupe sur internet sans garantir de bonheur et d'amis durables. Le temps des fêtes me ramène inlassablement au passé et aux émotions qui s'en imprègnent. Une connaissance me dit que les émotions, ça ne vaut rien, qu'il ne devrait y avoir que des sentiments. En principe, quand on célèbre entre amis ou en famille, il n'y a que de bons sentiments qui se manifestent. Lorsqu'ils sont absents, n'apparait alors que la tricherie. Le pouvoir et l'attraction de l'argent est rempli de fourberie, de lâcheté. Malgré tout, il y a de l'espoir dans le cœur des hommes que je m'efforcerai d'éviter les clivages. Le spectacle que j'affectionne est d'observer les enfants s'amuser dans les parcs. Ça vaut la peine de consacrer un peu de mon temps à laisser mon esprit reposer dans le calme intérieur pour mieux comprendre la place qu'occupe l'égo dans ma vie. Sénèque dit qu'il ne dépend pas d'autrui, il n'attend pas les faveurs d'un homme ou du sort, sa félicité lui vient de lui-même. Si j'écris, c'est que la littérature est un lieu de liberté qui condense et disperse les violences contemporaines. Écrire me permet d'atténuer la violence faite à moi-même en premier lieu. La littérature forme d'abord un lieu où le sens afflue. Elle est un lieu d'accueil et du mien plus particulièrement.
19 décembre |
Je me suis toujours intéressé à la définition du mot normalité. Le terme norme, du grec, signifie équerre ou règle en lien avec la bonne mesure. C'est un comportement qui peut être pris pour référence ou principe directeur qu'on tire de l'observation du plus grand nombre. C'est un modèle ou un trait considéré comme typique du comportement d'un groupe social. La normalité est un état ou caractère de ce qui est conforme à la norme, à ce qui est considéré comme l'état normal. La normalité peut se définir à partir de deux approches. D'une part, la souffrance psychique, nous la connaissons tous, mais certains sont amenés à trop souffrir, à souffrir de façon anormale. D'autre part, à partir de la norme sociale, la société nous dicte nos comportements. La normalité existe-t-elle réellement ? Dans un sens, on peut dire que nous sommes tous névrosés, car nous désirons et nos désirs ne sont pas tous réalisables. La normalité peut se définir soit à partir de la souffrance psychique, soit en référence à la norme sociale. Freud considérait lui-même qu'une bonne santé psychique ne signifie pas une absence totale de symptômes. La normalité dictée par la société évolue avec le temps, avec celle-ci. Dans tous les cas, nos symptômes sont le signe de notre singularité parce que nous sommes tous uniques, nous ne pouvons pas totalement nous conformer aux normes prescrites. Ceci nous amène forcément à vivre des conflits psychiques. Finalement, nos sociétés font un peu de nous tous des névrosés. Or nous sommes voués à cohabiter, à accepter que la liberté d'autrui empiète sur la nôtre, à renoncer à une satisfaction qui nuirait à autrui, sauf à nous comporter en psychopathes ou en salauds. Car sans les autres, sans leur soutien, comment pourrions-nous vivre ? C'est avec Saint Thomas d'Aquin que la philosophie se fond dans la théologie, c'est à ce moment que se complexifie pour moi la croyance de Dieu et du mystère de la foi. J'aime la logique et la raison en philosophie et le sens profond des mots, même si les Pères de l'Église ont tenté de les conjuguer. La notion de Dieu ne peut s'expliquer par la raison et la logique. Je ne tiens pas à développer l'histoire de la foi chrétienne et son sens, je ne suis pas intéressé. En d'autres termes, je puise mes inspirations sur la logique et la raison. Elle n'existe pas pour décrire Dieu. Saint Thomas disait que Dieu est Un et qu'il est au-dessus de toute chose. Je suis de nature éclectique en sélectionnant ou choisissant parmi diverses sources les réponses à .mes questions. Dans la foi, il n'y a pas de réponses, il n'y a que Dieu. Je ne suis pas un système particulier, mais je sélectionne et utilise ce qui est considéré comme les meilleurs éléments de tous les systèmes. Ce n'est pas que je rejette complètement l'idée de Dieu, car il m'arrive de lui demander, de temps à autres, son aide dans les situations difficiles. C'est dans les moments les plus pénibles que je ressens le besoin de croire à une force supérieure, qu'elle s'appelle Dieu, Bouddha Habuhiah, Krishna énergie ou lumière, peu importe. Je fais appel à ce qui est plus grand que moi, ce n'est pas difficile à trouver, car je ne suis qu'un grain de sable avec un égo grand comme un astre. Plus grand est mon égo, plus nombreuses seront mes souffrances. Mes incantations s'effectuent lorsque je ressens ma finitude, ma douleur et ma petitesse. Les motivations des Pères de l'Église depuis le début de la chrétienté jusqu'à aujourd'hui sont bien différentes, malgré que les textes religieux soient relativement les mêmes. Le pouvoir qu'a exercé l'Église sur les vérités qu'elle détenait sur le monde m'apparaît obscène. D'autre temps, d'autre mœurs dira-t-on. L'idée de Dieu évolue avec les époques. S'il existe, il n'a pas besoin d'intermédiaires, me semble-t-il. Dieu a-t-il mis trop de pouvoir dans l'Église, ou est-ce l'Église qui s'est appropriée de Dieu ? Je me pose souvent la question à savoir si je suis normal ? Certes dans la négative parfois pour les souffrances encourues, positive si je me compare aux autres dans la norme-alité.
Il faut renoncer à beaucoup de choses pour ne désirer que ce que l'on a la certitude d'obtenir et pour soumettre ses désirs au jugement de la raison. La transformation, c'est le changement d'attitude à l'égard du temps. Le plaisir le plus pur, le plus intense, peut être atteint facilement dans le présent. Il est impossible d'augmenter le plaisir par la durée, car il est tout entier dans le moment présent. La conscience d'exister est le plus grand bonheur. Le présent seul dépend de nous, de notre volonté, disait Marc Aurèle. On ne saura pas heureux, si on ne l'est pas immédiatement. Ceci révèle la pensée des épicuriens et des stoïciens chez les anciens grecs. C'est la mise en accord qui est en nous avec la raison qui dirige le cosmos produit l'enchaînement du destin. Dans chaque événement, le monde entier est impliqué. Le monde ne vit que dans le présent, seuls les humains ont le pouvoir de se projeter dans le passé et le futur. Le moment présent contient toute la richesse de l'être. Pour le contenir, il faut que le cœur soit en paix et qu'aucune passion vienne troubler le calme, selon Rousseau. Goethe en a fait l'expérience en l'exprimant dans ces nombreux ouvrages, j'y reviendrai. Mes plus grandes souffrances proviennent du fait d'avoir négligé le moment présent. Aujourd'hui, j'ai pratiqué la marche consciente qui consiste à marcher d'un pas plus lent. J'ai toujours eu le réflexe de marcher rapidement. Vouloir se battre avec le temps équivaut à vivre contre lui. Pourquoi suis-je tant pressé à l'heure de la retraite ? Mauvaises habitudes qui ne m'apportent pas de bien-être imminent, sauf cette l'impression d'être plus en forme. Ce geste s'annule dans cette intention en provoquant la carence du moment présent. Ma journée s'est déroulée de façon plus harmonieuse avec davantage de joie et du bonheur d'exister.