Gratitude

22 août|

Le monde étrange dans lequel nous habitons est plus merveilleux que pratique, plus beau qu'utile, il doit être davantage admiré et apprécié qu'exploité. En ville le silence profond inquiète, il réveille nos angoisses archaïques du vide. L'esprit critique se forge dans l'observation, on obtient un meilleur point de vue en s'éloignant un peu. Qui n'a pas rêvé d'avoir sa cabane au fond des bois ? La mienne a quatre roues et je peux modifier mon environnement et sa durée à ma guise. En van je me sens mieux que dans une cabane, de plus je n'ai pas la responsabilité du terrain et payer des taxes exorbitantes. En pleine nature j'ai l'impression de faire parti d'un ensemble plus vaste que moi. Les habitats qui offrent cette possibilité ne sont pas nombreux, mon instinct m'y dirige naturellement. Le soir venu en pleine nature je retrouve le moyen de me recueillir, écrire et prêter attention à cette nature inspirante. Je sais bien lire les cartes topographiques et j'apprivoise la géomorphologie du territoire rapidement. Instinctivement je trouve facilement les lieux inspirants qui me conviennent et je n'ai aucuns soucis en lien avec les terrains privées en demeurant très respectueux des sites. Si toutefois on m'avise de quitter cela s'effectue dans le calme, cela ne m'embarasse pas. Je suis passer maître en toute modestie pour trouver les bons endroits où me poser le soir venu que j'ai quasiment hâte en fin de journée. Je me suis inspiré de l'excellent livre d'Olivier Remaud "solitude volontaire" pour écrire ces propos. 

J'ai pratiquer la méditation et le yoga assez tôt surtout par nécessité. J'ai séjourné à deux reprises dans des ashrams Sivananda l'un à Val Morin dans les Laurentides et le second à Paradise Island aux Bahamas. J'ai fréquenté et suivi les ateliers du centre Raja Yoga, le centre de la Pleine Conscience, l'Institut International de Yoga avec Xavier Houssan pendant plusieurs années, Soham Yoga Bis avec la souriante Catherine et les Dialogues inspiré par David Bohm. Maintenant je sais que je n'ai plus besoin d'être dirigé dans mes pratiques. Il existe différentes méthodes de méditation, l'une d'entre elles est d'observer ses pensées sans juger tels les nuages traversant le ciel. Une autre méthode est de compter ses respirations, se centrer sur le souffle. Les postures sont soient allongées ou simplement assis sur une chaise ou un coussin en lotus. Ces pratiques me sont nécessaires pour maintenir une bonne santé physique et mentale. Fait surprenant, depuis bientôt six mois je ne regarde presque plus la télévision. Lorsqu'on désire comptempler les nuages dans le ciel c'est qu'on a besoin de solitude tel Jack Kirouac après ses longues virées tumultueuses. Il aime la vie lente ce que je découvre aussi depuis quelques temps. Tôt ou tard le besoin de solitude s'évanouit, il est comblé. Reste alors la sérénité. Bien assimilée la solitude volontaire invite à ne pas demeurer longtemps isolé. Sénèque écrivait que solitude et société doivent se succéder. La solitude donne le goût de fréquenter la société et la société le goût de se fréquenter soi-même. Depuis peu j'ai passé du "online au offline" et je me porte mieux.



21 août|

Dans la vie sauvage repose la sauvegarde du monde. Quand le promeneur ne parvient pas à oublier les préoccupations de la ville, il ne fait que rester membre de la société. Thoreau, philosophe et écrivain naturaliste, avant-gardiste pour son époque, né en 1817 à Concord au Massachusetts et auteur de "Walden ou la vie dans les bois", observait déjà que de plus en plus de gens sont portés vers les villes et qu'ils deviennent mélancoliques. Dans un périple en 1850 à Québec qu'il trouve ravissante, il juge la ville trop colonialiste et peu autonome en rapport avec les États-Unis. Le noir et le rouge prédominaient alors avec les curés d'un côté et les militaires de l'autre. Thoreau raconte qu'en faisant un pas de côté dans la forêt, ou ailleurs, le citoyen acquiert une vue plus intégrale des choses de celui qui demeure dans la culture "simplement policée". Je suis complètement en accord avec les propos tirés du livre "solitude volontaire" d'Olivier Remaud. Les commentaires écrits dans ce bouquin est un baume qui me confirme être sain dans mon esprit et mes convictions. Dans ma différence et mes luttes bien des fois j'aurais pu sombrer dans la folie, me retrouver en prison, à l'hôpital où la morgue, j'ai survécu à moi-même.

Depuis quelques années, surtout avec la pandémie, un vent nouveau remets mes idées en ordre. La littérature, l'écriture et les voyages sont devenus mes encrages. Je crois avoir fait une indigestion de la société et de tout ce qui la reflète dans mon quotidien incluant la notion du travail, des médias, des bavardages incessants, des fausses certitudes, des "c'est la vie". Les gens me jugeaient de rêveur et de fou en rapport avec la création d'une entreprise dans le tourisme d'aventures dans les années 90. J'ai compris alors que je devais être prudent par les commentaires reçus de tous côtés allant jusque sur la route pour obtenir des indications. Des ignares peuplent le monde et ce n'est pas toujours écrit sur leurs visages. Pouvoir me centrer sur des propos sains et éclairés chez certains auteurs n'ayant aucun autres intérêts qu'enseigner et transmettre une certaine authenticité, une neutralité et une rigueur fait de ma solitude un repère ressourçant et vital.  Henry David Thoreau comme bien d'autres de son époque tels les philosophes et écrivains Ralph Waldo Emerson, Nathaniel Hawthorne, Walt Wittmann ont fait figure de proue et continuent d'influencer des générations d'américains. Je me rappelle ce printemps ma conversation avec une dame radieuse dans un petit patelin champêtre de la Virginie Occidentale qui me racontait avec enchantement que dans son village tout le monde se connaissaient par leurs prénoms, que le respect, les salutations d'usage et la politesse régnait et que personne n'avaient de secrets les uns envers les autres. En ville je suis un numéro de dossier, c'est plus facile de s'y retrouver dans les bases de données et ma vie demeure confidentiel et anonyme.


Sans vouloir être généraliste dans mes propos je dirais qu'à Québec on ne souffre pas d'immobilisme excessif mais plutôt d'hyperactivité chronique qui provient d'un malaise ambiant ou de notre caractère et culture distincte. L'immobilisme consiste à se satisfaire de l'état présent des choses. L'hyperactivité propose la consommation et divertissements multiples, à la vitesse, au bavardage effréné et répétitif. Que les choses bougent de façon frénétique autour de soi n'est pas synonyme de progrès mais de la peur du vide. Lorsque je quitte la ville et ses carrefours bruyants je m'apaise et ne suis plus autant dans le mental. Ce que j'exprime semble anodin, rien de particulièrement nouveau en soi. En réalité ce soir je me raconte des histoires pour mieux m'endormir car dans quelques jours je serai sur les routes des USA. Depuis mes "road trip" en vanlife j'ai toujours l'impression de revenir  grandi de ces espaces- temps. La montagne, le cyclotourisme, les petits villages à peine cartographiés avec leurs "general store" m'interpellent une fois de plus. "How are doing, i'm back again?" Les départs et retours s'enchaînent dans une liberté indescriptible. vert l'aventure.

20 août|

Le chemin que je choisis contient tous les chemins. Je sais qu'en mon fort intérieur la route m'indique la rencontre avec moi-même. Ne serait-il plus simple que de rester dans ma chambre tranquille? Je suis un être qui a choisi l'action et la comptemplation, les deux ne s'opposent pas voltigeant sans cesse entre les départs et les retours. En explorant le monde je vais à la rencontre de l'absolu, je n'ai pas peur de m'exposer à quelques inconforts qui n'est rien à comparer de l'absurde routine et le cloisonnement délibéré. Dans cette trajectoire j'apprends à déterminer le seuil de mon autonomie. Entre le mouvement et le silence, je deviens l'observateur et l'observé. Je deviens ce rivage où s'amarrent les vagues inlassablement. Aux prochaines marées je réapparais dans un nouvel horizon m'offrant de somptueuses inspirations. 

Un jour le destin m'orientera vers la personne qui posera les mêmes questions, qui ressentira les mêmes contrariétés, qui n'aura pas toutes les réponses machinalement dupliquées comme on lui a apprise. Les mots deviendront superflus. Le bien et le mal ne seront plus à l'ordre du jour, il n'y aura que soi en face de son destin, il n'y aura que soi aux carrefours où les dieux se réunissent pour porter leurs regards. La solitude est saine car elle offre les espoirs de se recréer. Les possibilités sont multiples en m'affirmant dans une panoplie de lumières et de formes étincelantes.


19 août|

Parfois je m'apparente au misanthrope douteux du genre humain. J'ai une personnalité mitigée entre le solitaire et l'isolé, ce dernier étant relatif à une situation subite ne proposant guère le nirvana. Dans les villes les regards sont absents et creux, le bruit et la vitesse omniprésente, la vie collective excessive contribue paradoxalement à l'individualisme et l'indifférence. Ce besoin de solitude est présent car les gens me déçoivent dans l'ensemble toutefois je privilégie certaines amitiés en ne demeurant pas hermétique à toutes nouvelles relations enrichissantes. La société est trop conditionnelle, trop adaptée à ses acquis dépassés, ses intérêts et ses configurations douteuses et insipides.


Je suis critique mais conscient de l'être, être seul m'apaise afin de retrouver mes repères, mon rythme, mes convictions. Toutefois j'ai besoin des autres car soutenir constamment un dialogue intérieur devient torride et risqué. Les élus ne sont pas soucieux d'accorder la liberté aux citoyens car leurs objectifs principaux est de conserver le pouvoir en déplaçant quelques chaises au passage et remodeler les textes de lois ne visant qu'à augmenter le PIB. Le développement humain est partiellement entre les mains d'entreprises privées dans lesquelles je porte quelques soupçons par leur manque d'objectivité et leurs intérêts pécuniaires douteux. L'histoire nous le prouve à maintes occasions. Entre l'indépendance et l'autonomie je choisi l'autonomie. Que reste-t-il alors comme choix? Se replier, apprendre par soi et pour soi, "s'éduquer". Vivre seul est un défi autant que vivre en couple et en famille. Rien n'est parfait en ce monde comme dit le dicton. Il y a une époque où les gens seuls dérangeaient, cette masse inéluctable représente un certain pouvoir mais pour combien de temps encore ? Ce à quoi l'on croyait il y a quelques temps se dissipe alors il n'y a que le silence temporel qui apporte réponses et apaisement. J'ai perdu ma naïveté heureusement mais aussi une partie de mon innocence dans le combat.


18 août|

Je prends conscience de plus en plus de mon détachement envers ce téléphone intelligent. Il n'est plus présent en quittant pour la journée, le sevrage s'effectue lentement. Ce matin j'ai reçu un message d'une ancienne abonnée de Vert l'Aventure et la semaine dernière on m'a annoncé le décès de Charlotte qui m'étais chère avec qui j'ai beaucoup marché en voyage. Cela m'a donné le goût de faire parvenir un message aux quelques 2000 abonnés dont j'avais conservés leurs adresses. Plusieurs mois se sont écoulés depuis mon dernier message, la pandémie a eu raison des randonnées et voyages il y a deux ans environ. Vert l'Aventure fut présent vingt-sept années consécutives et c'est non sans regrets et amertume que je vois ces années derrière moi. La vie est ainsi faite et je vais de l'avant malgré la nostalgie du temps passé sur les routes et sentiers avec vous. Je prends le temps d'écrire ce message à tous ceux et celles qui m'ont suivi virtuellement et qui ont marché ou voyagé à mes côtés au Québec ou ailleurs dans le monde, la liste est longue. Depuis quelques années le vanlife fait parti de ma vie. Depuis deux ans j'ai traversé le Canada d'un océan à l'autre de la Nouvelle-Écosse en Colombie Britannique. Ce printemps j'ai arpenté d'est en ouest les Appalaches jusqu'en Alabama dans le sud profond des États-Unis ayant passé six mois au total sur la route durant les quinze derniers mois. Cet exercice m'a permis de tourner une page mais pas complètement car ce que j'ai vécu avec Vert l'Aventure jamais je ne pourrai l'oublié. Ces périples en solitaire m'ont permis de renouer avec moi-même et avec le silence hors du monde super-productif, médiatique et bruyant.

Curieusement j'ai très peu de contacts d'anciens membres ou de randonneurs. Peut-être ne furent-ils que compagnons et pèlerins de passage? Mon besoin de raconter des histoires passées ou à venir est puissant. Depuis près de deux ans j'écris sur un blogue qui est ni plus ni moins qu'un journal de route. Les mots permettent que les choses et les évènements ne périssent pas et entretiennent la mémoire. C'est devenu mon objectif et une nécessité que de partager récits et propos tout en réaffirmant ma présence sur les chemins les moins fréquentés, comme je l'ai toujours fait d'ailleurs. Dans un monde de plus en plus rapide et étrange par son indifférence cela me paraissais absurde de passer sous silence certaines étapes de vie sans un rappel des beaux jours et des moins joyeux. J'ai peut-être une nouvelle carrière de blogueur devant moi qui sais. Vous êtes les bienvenus sur le journal de l'aventure qui contient ma galerie d'images et ma page facebook pour mes meilleures photographies et polarsteps pour me suivre en temps réel sur la route. Bonne continuation dans cette grande aventure de la vie et prenez soin de vous.


16 août| 

Lire Krisnarmurti n'est pas simple. J'ai plusieurs de ces livres énormes en substance et il m'est difficile d'en consommer trop à la fois. Il remets en question tellement de choses de ma vie telles ma pensée, ma volonté, mes désirs et mes peurs qu'il est trop intense d'ingérer ce contenu sauf à de très modestes doses et de ne pas tenter de le faire avec la pensée. C'est ce qui est difficile car ses mots interpellent inévitablement la pensée. J'ai alterné avec "conversations avec Paulo Coelho", une rare biographie qui parle de symboles et de signes dans nos vies qui apparaissent soudainement pour nous faire réagir. Il n'est pas un dogmatique religieux mais il aime la communion des êtres dans le mystère de la foi. J'éprouve cela parfois quand je voyage en observant les gens dans des environnements différents du mien.

Une fois de plus ça m'a pris une semaine afin de reprendre mes idées et de me raccrocher à nouveau à la communauté ou ce qui m'apparais l'être. Les aventures qui me portent agissent au plus profond de moi, cette distance m'est totalement bénéfique lors de ces fugues. Ma mémoire affective est trop vive, elle est reliée au passé et dévoile des sources de souffrances. Plusieurs expériences accumulées, d'émotions contenant des empreintes révolues font l'effet d'un voile sur la clarté de mon esprit qui peine à se renouveler. Beaucoup de pensées rattachées à cette mémoire interfèrent au regard. Méditer est le défi que je m'engage d'entreprendre pour rafraîchir mon espace mental. J'ai déjà exercer ce rituel sur de nombreuses années et ces minutes passées à observer mon esprit est très bénéfique. Regarder le flot incessant de pensées encombrantes permet une évacuation d'un trop plein. J'ai besoin de courage et de détermination à vouloir me transformer, la méditation doit s'effectuer sans efforts ni contraintes. J'ai réussi un défi lors de mon dernier périple en m'alimentant mieux et en consommant moins d'aliments toxiques comme le sucre raffiné, les aliments transformés et les fromages gras. La prochaine étape est, alors que mon organisme c'est nettement amélioré, de purifier mon esprit pour laisser place à davantage de clarté et de compassion.