Continuation

5 juillet |

À chaque jour, des gens de mon âge m'apparaissent de plus en plus en piteux état, plusieurs vieillissent mal. L'étroitesse d'esprit et le système dans lequel nous vivons sont responsables en partie des maladies autant physiques que mentales que nous subissons. Le système est le résultat de nos gestes jusqu'au moment qu'ils deviennent presque impossible à transformer. Nous récoltons ce que nous semons. L'un d'eux, un musicien de la rue que je rencontre depuis des décennies, me raconte ses chutes à vélo alors qu'il consomme alcool et drogues sur une base régulière. Il se soucie d'une légère cicatrice au visage, alors que sa consommation lui laisse des cicatrices intérieures qui, naïvement, ne l'intéressent guère. La vie est belle, l'homme est absurde. Chaque jour qui passe, j'en suis témoin. Un ami avec qui je marche à l'occasion m'accompagne à la piscine municipale sans se mouiller s'installant à l'extérieur du site pour lire sur son téléphone. L'addiction est totale. Mon ultime ressourcement se manifeste loin des foules. L'indifférence des villes est lourde et omniprésente augmentant avec la présence accrue du bitume et du béton. Mon ami adore le bitume et le béton. Quels sont les liens qui nous réunissent à part l'expression de nos descriptions de tâches respectives ? Geste absurde dans un monde fragilisé et fragmenté de plus en plus. Beaucoup ne sont à l'aise que dans un environnement contrôlé. L'utilisation excessive du téléphone en est la preuve. Les relations interpersonnelles deviennent malaisantes, trop intimistes pour certains, la véritable proximité s'échappe dans la technologie energivore. L'isolement s'intensifie dans cet univers contrôlé insidieusement. N'en demeure que la bête est ultile mais son utilisation démesurée. Le privé orne le paysage. Une femme à la radio dit à la blague vouloir faire une offre d'achat sur la ville de Québec parce qu'elle l'aime. Les trottoirs sont davantage entretenus en face des résidences privées haut de gamme que partout ailleurs. C'est la preuve que les valeurs collectives perdent de leurs éclats au détriment de la vie privée. En réalité ce sont les cinquante années d'après-guerre qui étaient différentes. Au festival d'été les gens trop propres sont ennuyants dans leurs bulles et leurs vies privées respectives. Je ne m'y habitue pas. J'assiste à un bon spectacle comme si j'étais devant le téléviseur, seul personne ne m'adresse la parole ne me signifiant aucun brin de courtoisie. L'un d'eux me dit froidement de baisser le ton lorsque je parle à un africain. Geste absurde. Les gens sont profondément seuls dans la foule. La plupart seront heureux de retrouver leurs condos aseptisés et leurs téléphones davantage intelligents qu'eux. Lors d'événements festifs en région la différence est frappante. Je n'ai qu'à traverser les ponts vers la rive-sud pour retrouver de l'humanité et des échanges ressourçants. À vélo en Beauce on n'hésite pas à me saluer au passage qu'à Québec les vibrations des gens sont l'équivalent d'un poteau de téléphone. L'apparence compte pour attirer l'attention lamentablement à voir la façon comment la mode se consomme allègrement. La mode dans les cités étend ses ficelles partout, malgré des fissures apparaissent. La mode c'est l'appât pour obtenir l'attention qui peine à se manifester. Ça m'est égal d'une certaine façon : je n'ai plus trop le goût de faire des efforts pour aller vers les autres, la tâche est devenue presque impossible dans cette ville qui m'a vu naître. La question qui se pose est pourquoi aller à leurs rencontres si ce n'est que pour poser des gestes et des paroles absurdes. Les grandes cités sont comme ça. Mon grand bonheur sera mon départ dans quelques jours à destination de l'Île du-Prince-Édouard à vélo et en Nouvelle-Écosse. Je n'ai pas de date de retour, c'est la beauté de la retraite. Le cœur léger je partirai à la découverte des paradis marins et des communautés de pêcheurs sur ma céleste bicyclette et ma fidèle fourgonnette.

28 juin |

Cioran dit que s'efforcer de comprendre la souffrance d'autrui ne diminue pas pour autant la sienne propre. Combien de fois m'a t'on parlé d'empathie? À quoi bon tenter de remédier aux maux d'autrui si on ne peut diminuer la sienne au préalable. Avant de prêter main forte aux malheureux, il s'agit avant tout de se relever soi-même. Charité ordonnée commence par soi-même dit le proverbe. L'aide accordée aux autres doit être proportionnellement reliée à celle que je dispose pour moi-même. Tout est une question d'habitude et de volonté. Cette habitude doit-être délibérément rompue occasionnellement pour nourrir sa créativité et s'offrir l'espace nécessaire. Elle ne s'est pas développée naturellement chez moi qu'on me pardonne, car d'ores et déjà je me suis pardonné. Combien de fois je me suis culpabilisé en me comparant aux autres sur ce sujet et en tentant de répondre aux critères d'employabilités, du désir de plaire et d'autres sottises du genre. J'appelle ça apprendre à la dure. Je suis davantage promeneur que piéton, voyageur que touriste. J'aime particulièrement les chemins de travers, rêveur et errant de nature. Serge Bouchard de mentionner ; depuis que la liberté s'achète et que l'espace se consomme, la terre est pleine d'évadés qui, en tous sens, la sillonnent. Mais personne n'a de chance de réussir son évasion. De petites fenêtres persistent à me libérer de sa lumière éphémère et spontanée. À quoi bon tenter de sauver le monde si je ne puis me sauver moi-même? Qu'une chose me rassure et mes lecteurs par la bande avec mes textes, c'est que désormais, ils passeront sous la loupe du correcteur de l'intelligence artificielle, mon intelligence naturelle n'ayant pas la patience ni le temps d'apprendre parfaitement la grammaire et la syntaxe. J'aurai ainsi seulement à me préoccuper du fond au lieu de la forme.

26 juin |

Me reposant après une journée de courses folles, mon attention s'est faufilée sur ce passage du livre Mange, prie, aime. Il rassemble en quelques mots mes pré-occupations du jour. Laisse les choses se briser, arrête de t'efforcer de les garder. Laisse les gens s'énerver. Laisse-les te critiquer, leur réaction n'est pas ton problème. Laisse tout s'effondrer, et ne t'inquiète pas pour l'après. Où vais-je aller? Qu'est-ce que je vais faire? Ce qui doit partir partira de toute façon. Tout ce qui doit rester restera. Ce qui part laisse toujours de la place à quelque chose de nouveau, c'est la loi universelle. Ne pense jamais qu'il n'y a plus rien de bon pour toi, juste que tu dois arrêter de contenir ce qui doit être lâché. Chaque journée suffit sa peine comme dit le dicton. Une sage connaissance avec qui les liens sont rompus me disait souvent lors de passages difficiles; demain sera un autre jour. Tellement simple qu'on peine à y croire.

25 juin |

On a tous eu un mentor dans sa vie, que ce soit un enseignant, une connaissance, un parent, un guide. J'en ai eu quelques-uns qui ont influencé mon parcours de vie, la plupart avec des personnalités hors du commun, un fort leadership et des connaissances approfondies sur plusieurs sujets. Claude Lizotte est l'un de ceux-ci. Il est à la fois horticulteur, enseignant, guide-accompagnateur et théologien. Lorsque je vais à vélo le long de la rivière Etchemin en passant à Saint-Jean-Chrysostome, je m'arrête chez lui sur le rang Terrebonne. Effectivement, la terre fut suffisamment bonne pour qu'il s'y établisse en créant de ses propres mains une maison éco-énergétique et l'un des plus beau centre jardin du Québec. Je n'exagère pas en disant que c'est un endroit d'une grande beauté qui s'imprègne d'un savoir-faire inégalé. À ses quatre ans il a fait son premier jardin. Claude m'a enseigné l'histoire des religions au collège Limoilou. Ayant repris mes études après quelques années d'arrêt pour voyager, j'étais en classe toujours l'un des plus vieux étudiants, ce qui plaisait à mes enseignants qui voyaient en moi un jeune homme plus mature. En plus de ces multiples tâches que Claude faisait avec beaucoup de conviction et d'énergie, il accompagnait des groupes au Proche et Moyen-Orient pour Voyages Lambert. Cette agence située à Québec est née de projets académiques rigoureux par des enseignants de l'Université Laval. Les voyages étaient axés sur l'histoire, la religion, la culture, etc... ce qui faisait de cette agence l'une des plus prestigieuses au Québec. Claude accompagnait ainsi des passionnés de voyages en Israël, en Turquie, en Palestine et bien d'autres destinations. Il était prêtre de sa paroisse et exerçait son métier d'enseignant en parallèle avec sa gigantesque entreprise horticole. Étant étudiant, il m'invita chez lui pour un ressourcement. Ses connaissances et son ouverture m'imprègnèrent de curiosité. Je me suis arrêté chez lui tout à l'heure et j'y ai retrouvé un vieillard au physique diminué mais pas son esprit. La prochaine fois que je repasserai dans le rang Terrebonne, il sera peut-être absent. C'est certain qu'au ciel on va lui dérouler le grand tapis rouge pour les bonnes grâces qu'il aura partagé durant sa vie. Les serres Claude Lizotte lui survivra. Quel beau personnage, un véritable modèle et mentor. Peu de gens ont vraiment été significatif dans ma vie par contre j'ai eu la chance d'avoir eu plusieurs anges gardiens dans différentes étapes de ma vie. Je me suis toujours intéressé à l'aventure et à la philosophie pour aller aux sources. Je suis un artiste dans l'âme, je puis en toute humilité le reconnaître. On a tous connus des gens qui étaient, comme dit l'adage, plus catholiques que le pape, des personnages by the book en anglais. Deux de mes plus chers amis ont ce profil. Nous sommes complémentaire, en ce sens nos échanges sont sincères. Ce sont de fidèles amis détenant de grandes valeurs et une générosité affichant des règles rigoureuses. Ils sont à l'extrême opposé de ma personnalité et c'est bien ainsi. Ils ont toute ma confiance et sont capable de me ramener dans certaines situations difficiles. Aujourd'hui à vélo, j'ai découvert un endroit à Lévis qui m'était inconnu et que j'ai bien aimé: les ruines de l'ancienne abbaye Notre-Dame-du-Bon-Conseil des sœurs cisterciennes de St Romuald. Construite en 1901 et démolie par une série d'incendies en 2001, peu de choses demeure aujourd'hui. Depuis 2022, le parc de la rivière Etchemin a été créé sur le site de l'abbaye qui appartient à Valero la raffinerie. Il ne reste que quelques pierres qui jadis abritaient un bâtiment gigantesque. Les grands arbres sont encore déployés pour nous rappeler sa longue histoire religieuse qui lentement disparaît du paysage québécois. C'est dommage, en Europe ces endroits sont chèrement protégés et rénovés, ce qui démontre notre peu d'intérêt pour notre passé, notre histoire. Peu de choses sur nous retiendront les visiteurs si aucunes traces tangibles ne subsistent. Poser la question, c'est y répondre. Pendant ce temps on fait de la petite politique sur la fête nationale.

23 juin |

Journée de pluie estivale. Ça me va bien après une semaine tumultueuse de belles et énergisantes activités de plein air, de découvertes et de rencontres. Un bilan assez positif, notamment au rassemblement de vanlife en Chaudière-Appalaches. J'ai approché grand nombre de gens différents provenant de partout, même d'Europe. Un couple de retraités suisses ont fait la traversée transatlantique avec leur motorisé. Le véhicule, un Toyota Land Rover provenant d'Oman dans la péninsule arabique, sur lequel un campeur très original et sophistiqué m'a rendu jaloux. De très joyeux interlocuteurs avec un bagage plus qu'intéressant étaient mes voisins. Je me suis rappelé un voyage d'aventures au Maroc à titre de guide auprès d'une quinzaine de randonneurs. Deux guides marocains et moi-même conduisâment ces Land Rover sur plus de seize cent kilomètres de pistes dans les montagnes et les déserts. À la vue de cette camionnette d'une résistance inquiétante j'ai plongé dans des souvenirs inoubliables. Mes voisins de gauche, deux couples d'aventuriers cyclistes, parcouraient les rangs des alentours selon mes recommandations. Des vélos haut de gamme accompagnaient leurs escapades l'été au Québec et en Nouvelle-Angleterre, l'hiver dans le sud des États-Unis. Cent cinquante voyageurs possédant des expériences et des origines multiples m'ont enrichi par leurs contacts, et ils étaient fort nombreux. Une grande solidarité se dégage de ces rassemblements pleinement stimulants avec en prime les cowboys adjacents s'amusant à leurs passions équestres. J'ai beaucoup appris sur moi en peu de temps, sur mes intérêts, mes limites, mes besoins. Je ne suis pas conçu pour un seul cadre, me nourrissant d'un ensemble de milieux de vie. Le défi à venir sera d'équilibrer escapades, apprentissages, voyages et contacts sociaux. Depuis un an, je ressens que je me rapproche de l'essentiel, de l'équilibre. Jadis, dans mon travail, j'arpentais un cadre précis avec des limitations, des règles, un rôle; dorénavant, ce cadre, s'il en est un, s'avère fort différent. La liberté est une chose précieuse qu'il faut savoir apprivoiser pour l'apprécier à sa juste valeur. Si son tir n'est pas précis, on peut se buter ardemment à un mur. Le but n'est jamais l'essentiel, seul le chemin pour l'atteindre importe. Seul le mouvement entremêlé de réflexion, de lâcher-prise, d'introspection et d'amour nous offrira un sentiment fort d'accomplissement, pour ne pas dire de bonheur durable, car je n'y crois pas pour la simple raison que rien ne dure ici-bas. En attendant, ici-haut tout aussi bien en profiter au maximum.

22 juin | Overland Fest, St Agapit, Chaudière Appalaches 

Dans Oiseaux migrateurs de Claire Marin, l'auteure écrit que dans les lieux de passage, étrangers ou indifférents, le cadre m'aide à m'oublier, me distrait de moi-même. Il est possible que l'on ait aussi besoin d'un endroit où l'on ne serait pas, où l'on serait en vacances de soi. On pourrait alors compter sur des lieux de passage pour nous refaire du poids de l'habitude, compter sur des endroits dans l'histoire pour écrire différemment la nôtre. Depuis hier, je fais différemment en tentant aussi de me penser différemment. Installé sur le site de la foire agricole pour le grand rassemblement annuel de vanlifers d'Overland Fest, je suis un peu à l'écart entre deux mondes, celui des cowboys à l'action auprès des bêtes et celui des campeurs avec leurs motorisés. Je ne me considère pas encré dans la ville ni à la campagne, de même que je ne m'identifie pas au monde sous mes yeux. Je suis ailleurs, mais de plus en plus intégré dans ma différence singulière. J'ai toutefois le profond désir de créer des ponts, de trouver un endroit pour jeter les amarres. Concernant les gens de pouvoir notamment les politiciens, je note ; nous savons qu’ils mentent. Ils savent qu’ils mentent. Ils savent que nous savons qu’ils mentent. Nous savons qu’ils savent que nous savons qu’ils mentent. Et, pourtant, ils persistent à mentir. C’est le dissident russe du siècle dernier, Alexandre Soljenitsyne, qui avait ces mots pour décrire le régime soviétique. Ces mots, on pourrait aussi les utiliser pour résumer la tragi-comédie qu’est devenu le troisième lien. Mentir, c'est aussi se mentir à en perdre la raison. C'est dans cette énergie ce matin que navigue mes pensées. Ils y ont toujours été, mais ce matin, je leur fais face objectivement. Je ne dois pas arborer l'uniforme du combattant, mais celui qui observe froidement la réalité qui m'habite. Mes voisins sont agréables. Plusieurs, malgré les apparences, ont des préoccupations bien matérielles. Depuis quatre ans que je possède le campeur, c'est la première fois que je mets le grand tapis de nylon strié de noir et blanc à l'extérieur. L'aménagement de ma van Béa est très acceptable, j'en suis fière. Elle a été conçue sur mesure pour mes besoins, il n'y en a qu'une seule ainsi. Mon enthousiasme est toujours le même, mais je ralentis le rythme. Ce matin, j'ai l'esprit à la réflexion et à la lecture. Mon regard ainsi apaisé retrouve la sérénité nécessaire pour la suite des choses. Nous ne sommes pas encrés, tels les arbres ou les montagnes, nous ne sommes pas enracinés, car nous habitons l'espace dans un mouvement interminable. Nos gîtes ne peuvent être que temporaires, sinon ils reflètent une forme d'insécurité. Tous et chacun sommes différents dans nos cheminements et apprentissages. La peur invite une forme d'immobilisme, le mouvement incessant à la fuite. La vie offre un formidable spectacle à qui sort de son nid, de sa zone de confort. Ce que j'ai appris depuis hier, c'est que je dois apprendre à équilibrer les moments d'arrêt et de mouvement.

21 juin | Overland Fest, St Agapit, Chaudière Appalaches

Solstice d'été, c'est la journée la plus longue de l'année. Je suis dans un très ancien site de foire agricole à St Agapit dans Chaudière-Appalaches pour l'événement Overland Fest, un grand rassemblement de campeurs nomades. Cent soixante-quinze Vanlifers y sont réunis pour festoyer pour la fête nationale du Québec et assister à des conférences sur le nomadisme. En parallèle, une grande association américaine organise des compétitions de rodéo se déroulant dans les grands pavillons. C'est le seul événement de l'Association au Canada. Des cowboys venant des quatre coins du pays se suivent pendant plusieurs mois avec leurs bêtes et leurs familles dans d'immenses maisons-écurie. Je profite de l'occasion pour socialiser un brin avec des pèlerins de passage en assistant joyeusement aux compétitions de rodéo. Les cowboys doivent faire six compétitions afin de se classer aux finales en Ohio. Je suis légèrement à l'écart des joyeux bedonneux dans un espace vert rassemblant mon côté sauvage. Je dormirai aux cris des veaux qui ne cessent de braire. Demain en fin de matinée, je partirai vers un autre ailleurs. Par chance que les cowboys et leurs bêtes étaient de la partie, ce fut là ma plus belle fascination.


19 juin |

Dieu, comme on l'a connu chez nous, n'est plus le centre de connectivité comme il l'a été jadis. Les connexions réseaux sont devenues les adeptes généralisés des nouvelles religions. Dieu a quitté les églises et leurs états sont lamentables au Québec. Si Dieu a existé, il est où maintenant ? Avec les médias sociaux et Internet, jamais le monde n'a autant progressé individuellement. Il est moins certain pour les avancées collectives. Les jeunes et les moins jeunes ont délaissé la télévision ; dorénavant, le téléphone est devenu obsolète. À un administrateur d'un groupe dont je voulais régler un problème en tentant de lui téléphoner sur face de bouc, j'écris que cela devenait trop intense. C'est qu'à défaut de conversation, il manque des éléments importants de communication. C'est devenu la règle, je dois m'adapter ou périr, comme dit le dicton. Tout autour de moi, je ne cesse de m'étonner de l'addiction insipide des médias sociaux dans la vie des gens et la partie est loin d'être terminée. Les éducateurs ont depuis jeté la serviette à maintes reprises, car ils sont eux-mêmes obnubilés par leur joujou indissociable de leurs vies professionnelles et personnelles. Il fut une époque où les gens étaient moins libres. La question qui se pose aujourd'hui est de savoir si nous sommes davantage libérés dans cette hyper-connection permanente et les alertes récurrentes ? Les ficelles sont gérées par l'activité économique qu'engendrent les nouveaux dieux. On appelle cela le progrès, j'appelle ça la régression culturelle dans une banalisation et une insouciance généralisée. Je ne suis aucunement à l'abri de cette addiction, mes réseaux étant quasi-inexistants, que mon réflexe premier est de pavaner sur la toile à la fois séductrice et insipide. À cela ne tienne, je n'y peux rien, car les forces en place vont toutes dans la même direction. Le flux de la toile influence nos perceptions, nos comportements, nos identités, nos relations et notre santé globale. Sur le perron des églises, les citoyens discutaient, sur les places publiques et les forums, les gens échangeaient des idées et faisaient de la politique. L'impression d'être réseauté dans la toile est en grande partie une illusion qui nous berce dans une tranquille désinvolture et une croissante indifférence. Dieu aura puni bien des sociétés pour bien moins que cela. Malgré tout, ce dieu m'est toujours apparu inconsistant en réalité. Il est triste de voir à quel point les milieux de vie spirituelle sont désertés. Il est inquiétant de constater le vide dans les places publiques. Heureusement qu'on entend encore les rires et les cris des enfants.

18 juin |

Brutal est le texte d'Anthony Hopkins qui m'interpelle suffisamment pour le retranscrire dans le blogue. Laisse partir les gens qui ne sont pas prêts à t'aimer. C'est la chose la plus difficile que tu auras à faire dans ta vie et ce sera aussi la chose la plus importante. Arrête d'avoir des conversations difficiles avec des gens qui ne veulent pas changer. Cesse d'apparaître pour les personnes qui n'ont aucun intérêt à ta présence. Je sais que ton instinct est de tout faire pour gagner l'appréciation de ceux qui t'entourent, mais c'est une impulsion qui vole ton temps, ton énergie, ta santé mentale et physique. Lorsque tu commenceras à te battre pour une vie avec joie, intérêt et engagement, tout le monde ne sera pas prêt à te suivre à cet endroit. Cela ne signifie pas que tu dois changer ce que tu es, cela signifie que tu dois laisser partir les gens qui ne sont pas prêts à t'accompagner. Si tu es exclu, insulté, oublié ou ignoré par les gens à qui tu offre ton temps, tu ne te rends pas service en continuant à leur offrir ton énergie et ta vie. La vérité c'est que tu n'es pas pour tout le monde et tout le monde n'est pas pour toi. C'est ce qui rend si spécial quand tu rencontres des gens avec qui tu as de l'amitié ou de l'amour partagé. Tu sauras à quel point c'est précieux parce que tu as vécu ce qui ne l'est pas. Il y a des milliards de personnes sur cette planète et beaucoup d'entre elles vont les trouver à ton niveau d'intérêt et d'engagement. Peut-être que si tu arrêtes de venir, ils ne te chercheront pas. Peut-être que si tu arrêtes d'essayer, la relation prendra fin. Peut-être que si tu arrêtes d'envoyer des messages, ton téléphone ou ta messagerie resteront sombres pendant des semaines. Cela ne veut pas dire que tu as ruiné la relation, ça veut dire que la seule chose qui la tenait était l'énergie que toi seul donnais pour la maintenir. Ce n'est pas de l'amour c'est de l'attache. C'est donner une chance à ceux qui ne le méritent pas. Tu mérites tellement plus. La chose la plus précieuse que tu as dans ta vie est ton temps et ton énergie, car les deux sont limités. Aux gens et aux choses que tu donnes ton temps et ton énergie, définira ton existence. Lorsque tu réalises cela, tu commences à comprendre pourquoi tu es si impatient lorsque tu passes du temps avec des personnes, des activités ou des espaces qui ne te convient pas et ne doivent pas être près de vous. Tu commenceras à réaliser que la chose la plus importante que tu puisses faire pour vous-même et pour tous ceux qui vous entourent, est de protéger ton énergie plus férocement que tout autre chose. Faites de ta vie un refuge sûr, où seules les personnes compatibles avec toi sont autorisées. Tu n'es pas responsable de sauver qui que ce soit. Tu n'es pas responsable de les convaincre de s'améliorer. Ce n'est pas ton travail d'exister pour les gens et de leur donner ta vie. Tu mérites de vraies amitiés, de vrais engagements et un amour complet avec des gens en bonne santé et prospères. La décision de prendre de la distance avec des personnes nuisibles te donnera l'amour, l'estime, le bonheur et la protection que tu mérites.


16 juin | Rivière Noire, Béthanie, Montérégie

J'ai terminé mon enquête journalistique concernant l'Hôtel Equus de l'Avenir en discutant avec un fermier sur son tracteur à côté du site. Le propriétaire Roger Dubois détenteur de l'Ordre du Canada est un véritable mécène multi-millionnaire de Drummondville. Curieusement j'ai passé il y a quelques jours le long de la rivière St François en me demandant quel étrange personnage pouvait bien abrité un château semblable. Un immense parc avec des centaines de grandes statues blanches dont plusieurs représentaient des musiciens pour son amour de la musique. Veuf récemment sa femme était musicienne. Canimex est le nom de son entreprise multinationale opérant dans différents domaines. Il soutient les sports, les arts, les organismes de charité et bien plus. En discutant avec l'agriculteur il me raconte certaines règles agricoles, les permis et profils d'entrepreneurs. L'actionnaire de l'Hôtel Equus a récolté le maximum de l'établissement en investissant presque pas. Pour obtenir le permis de tourisme champêtre il devait posséder des chevaux qui n'étaient là comme panneau de réclame. Ces derniers n'étaient pas bien traités mais les touristes accouraient en masse surtout les français dans les années 80. L'hôtel offrait une immersion champêtre en nature complète. 


Je quitte avec Béa ma fidèle van direction Béthanie en Montérégie pour mon prochain départ à vélo. Je stationne sur le terrain ombragé de l'église en ruine. Les Cantons de l'Est sont à quatre kilomètres que je roule joyeusement vers le canton de Roxton. Aujourd'hui je parcours soixante-dix kilomètres sur un terrain légèrement à moyennement vallonné la moitié sur des routes asphaltées et l'autre moitié sur des chemin de terre. Ces derniers en Estrie sont lisses comme le bitume. Deux kilomètres parcourus en trois jours, je suis pleinement satisfait et gonflé à bloc d'air pur et de paysages. Les Cantons de l'Est offre la plus belle expérience cyclotouristique du Québec si toutefois on ne tombe pas dans les trappes à touristes telles les pistes cyclables et bien d'autres. Plus loin Roxton Pond et son lac d'où jadis la compagnie Stanley fabriquait des outils dans plusieurs grands bâtiments qui ont tous été démolis récemment. L'eau du lac est tellement polluée que les résidents interdisent à leurs chiens de s'y baigner. Toutefois le village est fort joli. Depuis quelques années on a restructuré les canalisations afin de mieux protéger le lac, le mal étant déjà fait. Mon prochain objectif est de trouver le camping de la rivière du passant à St Joachim-de-Shefford pour le visiter. Je me suis joint à un groupe de vanlifers à la fin juin. À partir de Roxton Pond les côtes s'amoncèlent, les chemins de terre aussi. J'ai de la difficulté à me repérer voulant éviter les touristes au parc national de la Yamaska. Je suis à dix kilomètres de Granby. Un grand réseau de pistes cyclables abondent, ce n'est pas mon truc. Ce parc comme bien d'autres ne sont pas des endroits pour s'abreuver de solitude. Le côté nord du parc est pas mal avec une flore abondante. Deux barrages ont été érigés sur la rivière Yamaska pour créer le réservoir artificiel Choinière. Je trouve mon camping. Des fautes de français ornent lamentablement les affiches du camping. Des palmiers en plastique me font penser à un parc d'attraction. La piscine est fermée car elle doit être clôturée, ordre des contrôleurs. Elle ne sera pas prête pour les festivités qui s'en viennent. Je n'irai pas en séjour à la fin du mois, c'est confirmé. De là je rejoins Béthanie par de somptueux chemins de terre désertiques. En van je rejoins la rivière Noire que j'aperçois un chemin à travers champs. Je l'enfourche et aperçois une affiche indiquant chemin de luxe. Effectivement je suis au paradis. Tous les résidents des quatre petits chalets rustiques ont quitté. Le lieu est magique. Encore une fois ma boussole ne me trompe pas. Je largue les amarres dans un décor enchanteur où aucun touristes ne mettra jamais les pieds ici, c'est assuré !

15 juin | L'Avenir, Centre du Québec

J'ai dormi profondément, mieux que dans n'importe quels hôtels. Au petit déjeuner, chocolat chaud noir au lait de soya bouillant et de la musique classique. Le pré est rempli de fraises sauvages, les odeurs champêtres ressuscitent en moi de délicieux souvenirs. En regardant bien les lieux d'où je me réjouis, je constate qu'ici était le site d'un hôtel champêtre important. J'ai effectué des recherches sur internet et je découvre que l'Hôtel Resort Equus trônait ce paysage bucolique. Je suis dans le dernier village du Centre du Québec avant les Cantons de l'Est. Le bâtiment était rustique de couleur jaune et rose construit dans les années 70 qui a été démoli en 2022 car trop vétuste. L'herbe est rasée et les lieux sont propres. Une vieille piscine devenue un marécage, des vieilles balançoires nostalgiques, une immense écurie abandonnée, un hangar délabré rempli d'objets hétéroclites que j'aperçois par les carreaux brisés sont encore présents pour rappeler un glorieux passé. L'hôtel se spécialisait dans les promenades équestres, les sports et le plein air par les nombreux terrains de tennis en décrépitude qui surplombe un monticule. Ce domaine hôtelier incluant l'hôtel, un camp, des cabins et un motel ont été construit sur plusieurs étapes avec l'ajout d'étages et de bâtiments adjacents. La vue de l'emplacement fait 360 degrés sur les montagnes vertes. En 2011 la fondation Equus a voulu acheté l'hôtel pour réhabiliter des jeunes adolescentes ayant subi des sevices sexuels. Les chevaux auraient servi au processus de réhabilitation avec l'écriture et les sports. Le projet n'a jamais eu lieu faute de financement et les bâtiments ont lentement tombés en ruine. Ce site est d'une beauté indescriptible. Dans une époque révolue on respectait l'architecture issue du passé. Le Québec subit une rupture intergénérationnelle dans son savoir-faire ancestral. La belle province s'enlaidit dans un urbanisme de mauvais goût faisant fi de son passé car trop coûteux selon les spécialistes. Les villages d'autrefois sont à la merci d'entrepreneurs véreux dont le seul souci est de s'enrichir rapidement en faisant accroître les taxes municipales. Les élus émettent des rapports financiers positifs en tenant compte du profit au détriment de la beauté. Le Québec rural perd son lustre. J'exagère, je sais bien que tout n'est pas mauvais mais je dois fouiller davantage pour trouver la beauté et le charme d'antan.

Je file à Richmond pour débuter ma randonnée de vélo dans les Cantons de Cleveland et Shipton. Jadis Richmond était une ville prospère grâce à son chemin de fer et sa gare. Un déclin suivra jusqu'à tout récemment où les familles modestes affluent pour les coûts modestes actuels des maisons. Ce n'est que de courte durée avant que les promoteurs s'y déploient. Je roule jusqu'à Trenholm le long de la rivière St François pour prendre Townline Road jusqu'à St Félix-de-Kingsey et ensuite Danville. Ulverton est la porte nord des Cantons de l'Est, Danville la porte vers l'est. À Danville je m'arrête dans un café. La dame semble épuisée par les mauvaises affaires ou ses responsabilités je présage. Le bled pittoresque accueille trop de cafés, la compétition est féroce pour l'achalandage estival de courte durée. Ce sont de magnifiques villages d'origine anglo-saxons. Je suis dépaysé à la vue des brides d'architecture authentiques d'où le temps n'a pas encore fait son oeuvre. Mon parcours de soixante-cinq kilomètres est parsemés de montagnes à travers des chemins de terre pittoresques sur les trois quarts du parcours. Le vent est fort et frais, aucune automobiles en vue, je suis au paradis du cyclotourisme. Mes jambes se renforcent dans les côtes, ça semble difficile mais ce qui monte fini toujours par redescendre. Le foin fraîchement coupé aux odeurs sucrées de fleurs sauvages m'enivre. Avec celles du pin ce sont mes préférées. Je reviens par la route de la vallée jusqu'à Richmond et de là en van jusqu'à mon spot vers l'Avenir. Ce site est l'un des plus beaux effectués au Québec par sa volupté tranquille et champêtre.


14 juin | L'Avenir Centre du Québec

Ce matin j'étais dû pour une grande virée en vélo à l'extérieur de la région de Québec. Le concierge de mon immeuble a fait une chute, il aura des séquelles le reste de sa vie. Ça ne prends que quelques secondes de distraction pour devenir impotent. La vie est courte, elle nous réserve des surprises alors ne perdons pas de temps. Je roule sur de petites routes tranquilles en faisant le vide au maximum. Le départ à vélo s'effectue de Ste Clotilde-de-Horton aux confluents des rivières Nicolet du Sud-Ouest et Bulstrode. Je suis situé entre Drummondville et Victoriaville dans un paisible village. Sur une distance de soixante-cinq kilomètres je traverse Ste Séraphine, St Lucien-de-Drummund et Kingsey Falls. Hier j'ai rencontré mon ancien médecin de famille, Jean-François. On parle vacance, il me raconte une anecdote qui fait ma journée. Plus jeune il possédait un Westfalia des années 70. Dès lors les gens se regroupaient pour partager leurs passions de voyager différemment sur ces bolides rutilantes extrêmement populaires. Un groupe s'étaient donné rendez-vous sur la Côte Nord. Une dizaine de hippies dont faisait parti Jean-François allaient rejoindre les autres sur place qu'ils se sont vu refusé l'entrée derrière la barrière, de là provient le nom du groupe qui existe toujours, les wests l'autre d'bord d'la gate. Les exclus sont devenus plus populaires que le groupe initial. J'aime cette histoire. En revenant sur ma journée de vélo, J'ai dû m'abriter le temps qu'une grosse averse traverse l'horizon. Le terrain est plat à légèrement vallonné. Sous une pluie fraîche j'ai roulé avec gaieté en humant les odeurs des sous-bois environnants. Je me suis rappelé les nombreux voyages effectués à titre de guide à vélo en Hollande. J'ai traversé sept fois à bicyclette les Pays-Bas, j'en garde un souvenir mémorable. Parfois il pleuvait un mois consécutif sans oublier les vents forts de la Mer du Nord. À Kingsey Falls je croise le parc Marie-Victorin célèbre pour ses arbres taillés. Je n'arrête pas et je roule dans les piedmonts des Appalaches. Je suis situé sur la ligne de trois régions; le Centre du Québec, les Cantons de l'Est et la Montérégie. Au retour en van, je file à travers Drummondville pour traverser le pont de la rivière St François. Mon objectif pour la nuit est l'Avenir ou Ulverton. Je trouve un magnifique bondooking à l'Avenir dans un grand pré surplombant les montagnes vertes de l'Estrie. C'est privé mais je suis complément seul tout comme la journée où je n'ai croisé que très peu d'automobiles. De grands pins majestueux, de nombreux chevreuils avec leurs petits se prélassent dans le champs avec les pommiers. Les oiseaux gazouillent autour de la van, les lucioles m'allument, tout est somptueux. En marchant près d'une vieille clôture rouillée, ma surprise est de constaté que de nombreux terrains de tennis arpentaient les collines. Aujourd'hui c'est complètement désertique, on voit même l'affiche  délabré illisible qui indiquait le nom de l'auberge. C'est vraiment un bel endroit, beaucoup mieux que n'importe quel camping cinq étoiles. J'ai du flair pour trouver ces lieux magiques. Demain je récidive avec ma céleste bicyclette, j'ai plus le goût de m'arrêter.

10 juin |

Les évènements qui me troublent après les problèmes de santé et les deuils sont les sentiments de rejet ou d'abandon. Dans mon enfance j'ai vécu des problèmes d'intégration sociale et d'isolement sévère. Cette semaine un évènement m'a procuré une forte émotion de rejet non justifié d'un groupe face de bouc. Le responsable est doté d'une immaturité qui se caractérise dans un déni total. À tort et à travers des incidents comme ceux-ci j'ai tendance à dramatiser davantage la situation. Cela est en rapport avec certaines blessures d'enfance. Je me permets ces quelques lignes pour revenir sans trop m'attarder sur cet incident. Je suis rassuré en étant pas le seul à être mis à l'écart, des centaines d'abonnés ont été rejetés d'un seul clic. Ainsi est le monde virtuel, ainsi est une partie du monde qui m'entoure. Ce sentiment ressenti ou la blessure de l'égo en est la cause car c'est de cela qu'il s'agit, la cause de la souffrance. Le véritable problème est de croire que je suis mis à l'écart alors que c'est celui qui agit ainsi qui se met à l'écart. En cela la souffrance sera subit à celui qui installe les barricades. Bien entendu il y a différents exemples qui démontrent l'inverse dans des cas extrêmes. Que cela ne tienne, ce type fera face un jour à sa propre justice et il découvrira que sa vie ne tient pas à grand chose. Deux options se révéleront; le suicide ou la réhabilitation par ricochet au thème cher d'Albert Camus, l'absurdité. Qu'une personne se fasse du mal est une chose mais qu'il blesse des gens sur son passage par ses frustrations en est une autre. Je connais ma valeur certes, toutefois j'ai de la difficulté à passer sous silence les injustices, et préjudices subit non justifiées. Écrire dans le blogue m'apparaît encore plus essentiel dans ces moments. Cela représente un exercice salutaire et bénéfique ne s'adressant qu'à moi-même et tant mieux si des gens y sont interpellé. 

Dans un tout autre ordre d'idée, en Europe et partout dans le monde il y a une montée de l'extrême droite qui indique un niveau d'intolérance à la hausse. Depuis les années 50 une relative paix dans le monde s'est exercé en continue comme jamais auparavant. Depuis quelques années des ruptures tendent à se manifester dans la cohésion sociale en parti causée par l'indifférence, l'injustice, l'appât du gain démesuré, la misère et l'ignorance. Les préjudices ne veulent plus passer sous silence comme autrefois, la pression monte, les voix s'élèvent, les conflits se multiplient. Si des actions concrètes ne se manifestent pas sous peu et si les ressources viennent à manquer devant des changements climatiques majeurs qui se pointent à l'horizon, j'ai raison de m'inquiéter de la stabilité du monde que j'ai connu. On se souvient guère d'un passé qui n'était pas si facile mais en ce moment interviennent des conjectures différentes et fort peu rassurantes. Nul ne peut prédire l'avenir. La seule chose que l'on possède c'est de chérir son quotidien et d'espérer. Nous naissons seul et nous mourons seul, voilà la réalité. Entre les deux des éclats de bonheur parsemés sporadiquement et la tentation d'oublier la fragilité de l'être. Soyons indulgent pour soi-même se reflétera dans notre entourage immédiat. L'univers est trop grand pour intercepter notre appel, qu'à cela ne tienne à moins d'être un fanatique de l'ésotérisme. Mon esprit me joue de vilains tours qu'il est de ma responsabilité de lui apporter quelques considérations en n'attendant rien de quiconque. Il n'y a que notre amour qui pourra nous sauver et le monde. Voici mes convictions en évitant surtout de me perdre dans des théories abstraites. Prendre sa place n'est pas une mince tâche dans une société de plus en plus gangrenée d'amertume. Mais attention les actions non ciblées qui ne respectent pas nos limites et besoins s'annulent dans un vertige ambulant et dérisoire. Demain une journée limpide se pointera laissant la dernière averse derrière. Après ces moments troubles cette légère oscillation ne sera plus qu'une expérience parmi tant d'autres, ni bonne, ni mauvaise. C'est l'interprétation que j'en fait qui incombe.

8 juin |

Dans le fil d'actualités sur face de bouc j'y retrouve ce que l'on appelle les reels. En consultant ces courts vidéos je n'y découvre qu'une série de visionnements absurdes de très mauvais goût. Ces vidéos sont générés par TikTok, un phénomène grandissant chez les jeunes et les moins jeunes. Que de complaisance et de médiocrité ornent ainsi cette page soi-disant personnelle. L'addiction des médias sociaux est totale pour certains, c'est voulu ainsi. Le pire seront les traces laissées qui auront des répercussions dans le giron de votre vie privée. C'est une spirale sans fin pour dépendre du joujou et perdre un peu de vous-mêmes, là est le but. J'éviterai d'énumérer la quantité incroyable de stupidités et bassesses associées dans ces douteuses vidéos. Que du populisme dégradant et insidieux, je m'étonne que tant de spectateurs s'y enlassent dans une perte de temps incommensurable. C'est que l'affaire est payante pour les gestionnaires exemptés de pudeur et de bon goût. Incapable en plus de suspendre ces conneries sur mon appareil, je me réfugie rapidement dans mes lectures quotidiennes, la télévision n'étant guère plus réjouissante. L'écriture est le lieu immatériel qui me sert de refuge. On écrit pas sans avoir beaucoup lu. Cioran écrit qu'il est des expériences auxquelles on ne peut survivre. Si l'on continue à vivre, ce n'est que par la grâce de l'écriture qui soulage cette tension sans bornes. La création est une préservation temporaire des griffes de la mort. On dirait que depuis quelques années tout conspire pour nous aplanir vers le bas. Je résiste, malgré tout, à force de détermination pour m'alimenter de créativité et de contemplation. Grâce à mes amis les écrivains je suis moins seul et si l'ennui me prends je file quelques temps dans la nature. Je sais qu'il y a beaucoup de solitude qui se vive ainsi, je reconnais que le jardin n'est pas fleuri pour tous. Un cordonnier qui avait hérité de son père et qui détenait le commerce sur plusieurs décennies près de chez moi a vendu la boutique perdant ainsi une partie de sa personnalité. Une profonde dépression s'en suivi pour le remettre sur les rails, c'est à  ça que serve les dépressions. Je le croise occasionnellement, ses intérêts sont creux comme les pneus de sa Corvette. Un jour il comprendra, je lui souhaite. La douleur associée à l'inconscience est reliée au temps qu'on a dormi j'en déduis. Le réveil peut être brutal selon la fragilité de l'être qui se camoufle sous le masque. Se réveiller un jour étranger à soi-même est épouvantable. Il s'agit alors en toute humilité d'accepter ce qui est en changeant de trajectoire avec une délicate et profonde attention. Un jeune cousin lointain m'appelle parfois pour me raconter ses déboires. Ça me fais plaisir de pouvoir l'aider par quelques conseils judicieux. Passer au suivant est un signe de réhabilitation, en ce sens je me porte bien. Les nuages ne sont jamais les mêmes au-dessus de nos têtes est la leçon à retirer. Parfois je me demande pourquoi j'ai tant eu ce besoin étrange de déplacer autant de choses autour et en moi.

7 juin |

À chaque courts ou longs voyages une transition s'effectue au retour pour me recentrer dans mon sédentarisme. J'ai besoin de quelques jours pour reprendre le blogue, les propos étant forts différents sur la route qu'à la maison. J'ai trouvé un beau vélo pour une amie, je suis content pour elle, le vélo est magnifique. J'espère bien lui faire découvrir de beaux endroits pittoresques qui me sont chers. Lors de mes recherches d'un bon vélo sur internet, j'ai croisé quelques retraités qui étaient mal en point. Malades, ils vendent leurs bécanes chéries n'ayant plus la capacité d'en faire, ce fut troublant. L'un des vendeurs habitaient les Jardins Mérici. Ce gigantesque complexe est une ville dans la ville. Il y a beaucoup de vieilles personnes sombrant dans l'indifférence d'où je fus surpris qu'à un moment donné ils parlaient tout seul. Je penserais à vivre dans un pareil endroit. Le vendeur Benoît a passé plus de temps à me raconter ses peines qu'à me vanté les mérites de la bicyclette qui trône depuis plusieurs années sous la poussière du caveau de son immeuble. Plus tard je suis à Beauport pour une annonce éditée par le petit-fils d'un vieillard mal en point. À ma grande surprise, il y avait une différence de près de deux mille dollars entre l'annonce et le prix réel. Le type, pas trop sympathique, me reçoit bêtement dans un chandail imbibé de nourriture abondante. Il arrivait tout juste de se procurer un triporteur pour ses problèmes d'équilibre et autres problèmes de santé évidents. Son vélo était correct mais il affichait une saleté s'incrustant partout. Après plusieurs tentatives je mets la main sur le bon vélo, propriétaire d'une artiste-peintre de Ste Foy. Je reconnais la piste de l'Oregon sur l'un des tableaux. Je fais mon offre, c'est réglé. Joyeusement satisfait de cette curieuse journée je terminé ma tâche avec un léger ajustement de la bête. L'immeuble où je me réfugie depuis trente ans est une île séparée du reste des habitations du secteur. Il y a un gouffre entre les résidents de mon refuge et des bourgeois siégeant à proximité. Le quartier regroupe des personnes ayant un niveau de vie plus élevé que dans cette île qui me sert d'abri nécessaire ce qui cause ce fossé culturel. Néanmoins je signe et persiste dans ma détermination à ne pas me projeter dans d'études ruminations n'ayant tout simplement pas de liens d'appartenance ni à l'un ou l'autre de ces groupes. Simplement l'exprimer me renvoie ailleurs que dans ces identifications illusoires. Mieux vaut ne pas s'y attarder trop longtemps et prendre la route lorsque je divague ainsi. Je suis un artiste, je puis en toute sincérité l'affirmer en m'engageant à assumer pour le meilleur et le pire ce scénario unique. À défaut de posséder une quantité de vertus non-négligeables, il y a tout au moins celle de la nouveauté perpétuelle de la sensation libérée qui se rattache à la créativité assortie du désir de liberté traversant les frontières de l'ignorance. En cela personne ne pourra me l'enlever. Il pleut ardemment, je m'engouffre sous les couvertures dans un sommeil profond.


4 juin | Ste Jacques-de-Leeds, Chaudière Appalaches

La rivière Yamaska prend sa source au Lac Brome dans les Cantons de l'Est. Ses eaux sont très brunes se qui m'empêchent pas les pêcheurs d'attraper de la barbotte. Ce poisson s'apparentant au barbu est le repas traditionnel, la gibelotte de Sorel. Les îles de Sorel bordées au lac St Pierre sont l'une des plus grande biodiversité du Québec avec le lac Champlain. De nombreux oiseaux et poissons sauvages arpentent les chenaux, marais et îles sauvages. Les rivières Yamaska et St François alimentent en parti cette puissante biodiversité à protéger. Ce matin je flâne à Massueville n'ayant pas le goût de partir. Je fais la connaissance de plusieurs résidents authentiques qui me racontent leurs histoires, Ghyslain est l'un d'entre-eux. À  la retraite il fut enseignant en science dans un collège privé de jeunes filles à St Hyacinthe, sa femme l'a quitté. Sa maison plus que centenaire est magnifique autour du carré Royal du village. On ose même philosopher dans une discussion ouverte et décontractée. À deux rues du parc au centre du village je découvre un magnifique camping administré par un couple de Rawdon. Pour un dollar je prend une douche et trouve deux dollars par terre, jour de chance, de plus ma banque dépose dans mon compte des ristournes. Mon séjour est largement défrayé. Je n'aime pas les campings, prendre un numéro et payer ne me ressemble pas. Les seuls intérêts sont pour la douche et la piscine lorsqu'elle est ouverte et s'il n'y a pas de plans d'eau à proximité. Vers midi je roule vers St François-du-Lac en retournant au Centre du Québec puis en longeant la rivière St François jusqu'à Drummondville sans toutefois m'y arrêter.


Mon objectif maintenant est d'atteindre Ste Clotilde-de-Horton notamment pour voir se qui reste de l'ancienne asile ou maison Dorval. À vrai dire je veux poursuivre l'exploration d'il y a deux ans lorsque le propriétaire m'a délogé rapidement voulant me faire payer un prix exorbitant pour la visite. À ma surprise les bulldozers ont démoli cette hospice dont ornait une immense pierre indiquant laissez venir a moi les enfants. Le site était d'une grande beauté et isolé du village. Il y a deux ans je me suis passionné de ces anciennes institutions psychiatriques en Nouvelle Angleterre, les asylums. On appelle ça Urbex, contraction anglophone d'exploration urbaine. Je n'y reviendrai pas ayant documenté largement le sujet sur le blogue par le passé. En voyant le vide créé par le pic des démolisseurs, je me suis rappelé la chanson de Bradley Cooper; maybe it's time to let the old ways dies. Je crois avoir été au bout de quelque chose qui m'a largement passionné à propos d'une époque révolue et qui ont donné naissance aux orphelins de Duplessis et des traitements qu'ils ont subi. Je poursuis ma route pour ma dernière nuit me rafraîchir à St Jacques-de-Leeds avec joie sur les rives de la cristalline rivière Osgood. Les truites jaillissent joyeusement autour de moi dans une nature douce et généreuse. Demain matin retour en ville après de belles découvertes champêtres à  vélo au soleil.


3 juin | Massueville
(St Aimé), Rivière Yamaska, Montérégie

Parcours de vélo parfait le long des deux rives de la rivière Yamaska sous une température parfaite. Que du bonheur, de plus aucune automobile. De très légers vallons défilaient sous mes yeux dans une harmonie totale. Je suis sur la plaine du St Laurent sur les terres les plus fertiles du Québec notamment au sud du lac St Pierre. À St Hugues je vois au loin le mont St Hilaire dans le smog de pollution provenant de Montréal. Au retour à Yamaska, mon point départ après soixante-cinq kilomètres je fais la connaissance d'André Parenteau, le Fred Pellerin du village. Il fut bassiste dans son jeune temps pour Robert Charlebois et d'autres groupes. Il me raconte un tas d'histoires sur Yamaska, le lac St Pierre et les Îles de Sorel. Le village n'a pas encore subit les affres des promoteurs immobiliers mais avec la création de l'usine Northvolt la vie va probablement changé avec notamment la hausse de prix des maisons. À l'embouchure de la rivière Yamaska se retrouve les Îles de Sorel, un immense réseau de chenaux et de canaux abritant une faune et une flore incroyable. Après quelques courses je pars faire la sieste dans mon hamac à Massueville, mon coup de coeur du voyage notamment pour son green en face de l'église. J'y passerai la nuit avec bonheur et sérénité.

2 juin | Yamaska, Montérégie

À compter de la mi-juin, il fera trop chaud pour faire du vélo dans le Centre du Québec. Le long des rivières Nicolet, St François, Bécancour et Yamaska sont les meilleurs endroits pour le cyclotourisme au Québec, après ça dépend des goûts. J'ai aimé les petites villes de Nicolet, Pierreville et Yamaska pour leur grandeur humaine et le calme qui s'y dégagent. On y ressens encore les rumeurs du passé. Il y a une forte ambiance champêtre en lien avec la culture et ses grands espaces agricoles. Ici le progrès diffère des centres urbains d'où le temps semble s'être arrêté. Hier, à Batiscan, j'ai flirté avec la terre ancestrale des premières familles Lacourcière installées en Nouvelle-France. Un mémorial a été érigé pour commémorer la venue des premiers colons. La plupart des signes religieux du passé tombent en décrépitude. Bien souvent je passe la nuit en bondooking sur les terrains du bon Dieu. Je crois qu'il a déserté les lieux il y a belle lurette, de cette façon je ne dérange personne. Les terrains des églises au Québec de même qu'aux États-Unis sont les endroits les plus sûrs et tranquilles pour passer la nuit. Ce matin j'ai quitté Ste Monique-de-l'Île sur les rives de la rivière Nicolet pour aller déjeuner à la Visitation-de-Yamaska. Après deux délicieuses crêpes de seigle avec bananes et confiture je me mets en branle pour un magnifique parcours à vélo. Je suis heureux de pouvoir me préparer des repas santé. J'évite ainsi toutes les poutineries, casse-croûtes et bars laitier partout où je vais où les grosses gens s'y donnent rendez-vous assidûment. Le circuit en boucle passe en premier lieu sur la rivière Nicolet du Sud-Ouest vers Ste Perpétue pour remonter la rivière Nicolet vers Ste Monique-de-l'Île. Aucun automobiles, les rangs sont à moi tout seul avec des centaines, sinon plus, de fermes d'élevages de toutes sortes. Toute la région au nord de Drummondville en allant vers Yamaska, Nicolet, Pierreville et Bécancour à l'est regorge de routes pastorales pour oublier que j'habite la ville et sa folie. Il fait chaud, un vent léger et sec me rafraîchi. Je suis au paradis, surtout je cesse de ruminer et de m'inonder dans un océan de mots. Au retour je mange un bagel de saumon fumé et prend la route vers Yamaska après une journée bien remplie à vélo sur une distance de soixante-quinze kilomètres.


1er juin | Rivière Nicolet, Ste Monique-de-l'Île, Centre du Québec

Départ à vélo de Ste Anne-de-la-Pérade en Mauricie pour un parcours en boucle de soixante kilomètres. Batiscan, St Narcisse, St Prosper, St Stanislas furent les villages traversés. Rapidement j'ai quitté la rive nord pour la rive sud du fleuve au Centre du Québec, ma région préférée pour le cyclotourisme. Trois Rivières est une désolation, rien d'autres à dire. Je fais en moyenne une vitesse de 20-25 km/heure. Ma distance moyenne est cinquante à soixante-quinze kilomètres selon le relief et le vent. J'ai cuisiné un couscous au parc municipal de Nicolet pour ensuite me diriger pour la nuit à Ste Monique-de-l'Île sur la rivière Nicolet. C'est la dernière fois que je prends la 132 ou la 138 le long du fleuve. Cette route achalandée est pour les promeneurs du dimanche. Ces routes ne sont pas pour moi préférant de loin l'arrière-pays, ses aventures avec ses gens authentiques et ses paysages champêtres. Je suis installé dans un champs sous un chêne derrière une entreprise. C'est très beau, je m'y sens en harmonie. Il y a une maison pas très loin avec une famille dont le type parle très fort, c'est comique. J'imagine qu'il va se calmer une fois la nuit venu. Lentement le printemps passe aux teintes de l'été.


29 mai |

Il se pourrait pourtant que tout faire pour trouver une place nous amène à la manquer. Ou, plus exactement, nous conduise à naviguer dans l'entre-deux, comme si l'on restait marqué par cette expérience du passage, de la traversée des mondes. Peut-être n'arrive-t-on jamais tout à fait quelque part, quand on a tant traversé pour y parvenir. Comme si l'épreuve du trajet s'était substituée au lieu, telle une inquiétude caractéristique de notre personnalité, comme si cette oscillation entre le point de départ et d'arrivée était devenu une sorte de mouvement intérieur, une intranquilité impossible à calmer. Ce magnifique passage de Claire Marin dans être à sa place indique parfaitement où je me situe, dans un entre-deux bien souvent inconfortable. Ni tout à fait chez moi, ni tout à fait à destination. N'est-ce pas là l'essentiel de mon passage dans un long mouvement impitoyable. Un homme est mort subitement cette semaine, ça faisait plus de trente ans que je le voyais sans jamais lui avoir adressé la parole. Silencieux, il habitait au coin de la rue, sa seule présence était ses fleurs. Au même moment des tas de gens meurent au même instant, parfois dans un oubli considérable. Mon ami d'enfance à reçu de mauvais diagnostics de santé, il devra passer une multitude de tests pour connaître la nature de ses douleurs. Lui aussi est dans l'entre-deux, l'étranger au coin de la rue est arrivé à destination, il ne connaîtra plus la crainte du voyage. Trouver une brèche de passage vers soi exige parfois de laborieux sacrifices. Le vendeur du marché détrempé sous la pluie entre à la bibliothèque par hasard et découvre les livres. Il vient de passer la brèche d'un nouveau monde. Jamais plus il ne reviendra à son point de départ. Écrire devient une nécessité si on veux changer sa destination ou en connaître de nouvelles. Certains utilisent les outils, les ordinateurs, les lois, les matériaux, les idées. Avant de faire la connaissance des livres j'étais un bon à rien naïf érigeant sa carapace dans les entre-deux. Je ne savais pas ce que je fuyais ne sachant pas où je m'en allais. J'ai appris avec le temps qu'écrire exige un point de départ à partir d'un sujet, d'une idée, d'une émotion. À partir de là les péripéties s'amoncèlent vers des destinations de plus en plus détaillées. Au fur et à mesure, tel le voyage, la destination n'a plus d'importance, c'est le chemin qui importe. Les livres m'offrent le départ, de ces lectures j'en fais ce que je veux. Cette connaissance précieuse parfois mouvante est synonyme de liberté et permet à mon esprit subjectif de se libérer du connu. Cette liberté acquise au contact des livres me propulse à  l'extérieur de moi dans  d'exaltantes découvertes. En ce sens je quitte mon point de départ à de multiples reprises libérant ainsi l'ignorant de l'emprise de son passé. Il me suffit d'un paragraphe pour me faire rêver et parachever mon oeuvre à la recherche de vérités. Ainsi la brèche était si près, moi qui ayant pris de si longs détours. Serait-ce la seule raison valable de vieillir, celle de comprendre, celle de savoir s'arrêter? Parfois on s'en va pour réfléchir, parfois on s'en va parce qu'on réfléchi.


28 mai |

L'héroïne de Laurent Mauvignier dans Continuer, Sybille vend la maison héritée de ses parents pour financer un grand voyage. Liquider symboliquement le passé, se libérer des lieux et des places et tout miser sur le cheminement. Mais le voyage tourne au cauchemar et le récit semble donner raison au père qui condamnait depuis le début cette entreprise irresponsable. Elle aurait dû se contenter de n'être que cette personne qu'on est, apprendre à vivre de sa médiocrité à l'abri de ses rêves et vivre au calme. Le lieu que je fuis me suit comme une ombre. Cette place que je ne veux plus, je l'emporte avec et malgré moi, quelques soient les efforts pour la dissimuler. Quels comptes avons-nous à rendre à la personne que l'on ne veut plus être? Combien de fois ne m'étais-je poser cette épineuse question en lien avec les lieux où refaire ma vie? Combien de fois je suis parti dans l'espoir de retrouver un monde idéal et vouloir quitter celui que je croyais être? Tant de fois j'ai voulu repartir en neuf en quittant mon passé et les lieux qui m'ont vu naître. Me refaire ma vie autrement comme on dit? Toute mon existence ne fut que déplacements et dégagements dans le désir de fuir ce quelque chose d'insoutenable. Je sais maintenant qu'aucun lieux ne pourraient me préserver de souffrances. Je sais que le meilleur voyage devra s'effectuer en grande partie à l'intérieur de moi dans l'acceptation de ce qui est. Le rêve a été bien souvent qu'autrement qu'une fuite en avant, toutefois je n'ai aucun regret car j'ai la conscience d'avoir essayé toute qui m'étais alors possible de faire. Qui sait s'il en avait été autrement? Nous pouvons être autrement de ce que nous sommes en réalité en interagissant avec certains comportements et surtout sa pensée. On est peut-être pas celui qu'on est ou que l'on pense être. Les œuvres qu'on réalisent et que l'on a réalisé ont le mérite d'exister. Il arrive un temps, que pour exister, on doit dépasser son oeuvre en la racontant. Il est possible que l'oeuvre soit le récit ou en devenir de l'être. Comme disait Fernandoa Pessoa, je suis toutes ces choses, bien malgré moi, dans le tréfonds obscur d'une sensibilité marquée par la fatalité. Et Georges Perec de dire; vivre, c’est passer d’un espace à l’autre, en essayant le plus possible de ne pas se cogner.






Identiterre


26 mai | Val Alain, Chaudière Appalaches 

J'ai repris le vélo ce matin après une délicieuse nuit dans un nowhere champêtre. J'ai tellement aimé l'endroit que j'y passe une seconde nuit avant le retour. Le cyclotourisme est, selon moi, la meilleure façon de voyager. On voit tout, on ressent le paysage, ses formes, ses textures, on hume toutes les odeurs du monde en développant son être entier. J'ai traversé de beaux villages; St Louis-de-Blandford, Daveluyville et Marrigton Falls sur les rives de la rivière Bécancour. Dans ce dernier hameau autrefois anglophone il y a un très joli parc avec accès à la rivière pour les canots et kayaks et de nombreux sentiers. Autrefois cette municipalité était le canton de Marrington. J'ai passé de bons moments sur la route avec les lilas en fleurs partout. Le seul cycliste rencontré était un idiot, terme péjoratif qu'il n'en déplaise. À vrai dire nous sommes en réalité toujours l'idiot de quelqu'unSon visage était rempli d'écume, son regard absent, son discours s'apparentait à celui d'un autisme. Plus loin je croise un couple de jeunes randonneurs. On discute. Lui vient de Québec, elle de Montréal. Ils se rencontrent à mi-chemin, le téléphone à la main, ils se sont rencontré sur les médias sociaux. Au retour je demande si je peux remplir mon bidon d'eau à une dame entrant dans sa maison de St Louis-de-Blandford, la capitale du canneberge. Elle me fait entrer et me présente sa fille, sa mère et son conjoint de Beauharnois qui venaient lui rendre visite. Ils se sont marié cette année après trente-six ans de vie commune. La dame est resplendissante comme une jeune femme. On peut dire que ce n'est pas la prudence qui les épargne. Je suis étonné de constater à quel point les gens sont gras partout où je passe. On dirait que c'est seulement dans mon quartier que les gens sont minces. J'aime profondément la campagne. Je prends conscience de la dépendance qu'on les gens pour leurs véhicules et tout ce qui a des moteurs. Je suis aussi dépendant d'eux pour aller dans la nature toutefois je n'ai pas besoin d'autos pour aller chercher mon lait de soya et mes vitamines. Des centaines voir des milliers de grenouilles croassent à côté de l'étang à côté de moi. Oui je fais une bonne vie, c'est toujours une question de choix. Rien ne sera jamais parfait, tout est à reconsidérer à chaque instant. Si je me compare, ce qui n'est pas recommandé, je trouve effectivement que je fais une bonne vie. Ce weekend m'a permis d'offrir une pause à mon hamster, je devrais partir plus souvent quelques jours.


25 mai | Val Alain, Chaudière Appalaches 

Lorsque je pars en van je développe davantage des récits d'aventure dans le blogue. La température fut parfaite aujourd'hui pour le vélo. Le départ fut de Joly dans Chaudière Appalaches vers Val Alain par des rangs tranquilles. Ensuite je fais mon entrée dans le Centre du Québec à Lyster le long de la rivière Bécancour puis vers Notre-Dame-de-Lourdes. Un beau circuit en boucle sur terrain plat de soixante-quinze kilomètres. Pour la nuit en bondooking j'ai trouvé un terrain abandonné dans une petite clairière à côté d'un étang à grenouilles. Le lieu est agréablement tranquille, j'entends les mouches volées. En campeur je me lave comme les paysans faisaient jadis, à la serviette lorsque je ne trouve pas de douches ou de rivières. Ça m'est égal.  Je déteste les campings sauf si j'étais accompagné je ferais des compromis. Faire du cyclotourisme en voyageant en campeur c'est ce que je préfère. Je suis complément détendu le soir venu pour me préparer un repas chaud. Je me sens privilégié de vivre cela à peine quarante minutes de Québec. La canicule étant passé c'est fort agréable de voyager ainsi. J'ai de bons bouquins avec moi pour passer une partie de la soirée par exemple le ciel de Bay City par Catherine Mavrikakis. La température y fait pour beaucoup pour passer de bons moments en vanlife. Je suis littéralement concentré sur mon environnement qui est toujours renouvelé. Je ne crois pas que je me plairais pas dans un chalet déjà que je suis sédentaire en ville. Je réalise qu'il n'est pas toujours nécessaire d'aller très loin pour atteindre le nirvana. Il s'agit essentiellement de partir avec un vélo et des bottes de randonnée. C'est l'automne par temps frais que les randonnées pédestres sont plus agréables.


24 mai |

Je suis de ceux qui ne peuvent boire ni thé, café ou chocolat noir. J'ai davantage besoin de tisanes que d'excitants. L'alcool ne fait plus parti de ma vie depuis déjà plusieurs années car il ne provoque chez moi aucun plaisir, en ce sens j'en ai nullement besoin. Vivre comme un voyageur sans attaches, comme un nomade dans l'existence, qu'en est-il? Cependant il reste le risque d'être enfermé à l'extérieur. Parfois la prison est à l'extérieur précise Gaston Bachelard. Mettre de l'ordre, classifier, ranger seraient nos moyens dérisoires pour lutter contre le sentiment d'un gigantesque désordre ou d'une absence de sens, de l'absurdité de nos vies clame Georges Perec dans penser / classer. De nature excessive j'ai tendance à trop classer, nettoyer ou ranger. Je reconnais ces curieuses habitudes comme le signe d'un désordre intérieur et les symptômes d'un malaise récalcitrant. Chez moi je vis dans un cocon où l'ordre et la propreté sont omniprésents, sans cela je m'égare. Je reconnais la cause de ces manies sans vouloir élaborer davantage sur le sujet car suffisamment complexe sans toutefois faire de moi un être complexé pour autant. J'éprouve des difficultés devant les gens qui ne prennent pas soin d'eux, ne font pas attention aux aliments qui ingurgitent, qui ne lisent pas, ne font pas d'exercices. Autour de moi dans mon quartier il y a beaucoup de jeunes gens en forme faisant du jogging dans une apparence propre et soignée. Dans mon quartier il y a beaucoup de gens éduqués et autonomes quoique ce mot est bien souvent galvaudé. Je n'irai pas dans cette direction, le sujet trop complexe à élaborer et, surtout, n'ayant pas le goût de m'y aventurer pour le moment. Seul mon immeuble est un un îlot regroupant des gens différents de la masse environnante avec, dans les alentours quelques immeubles du même caractère. Plusieurs personnes seules y habitent avec, pour certains, des profils sensiblement marginaux par rapport aux résidents de bien nantis et bourgeois du quartier. Plusieurs sont des êtres profondément isolés d'où leurs caractères suspicieux et réservés. Vivant seul et sans enfants, en ce sens, je suis malgré moi marginalisé. Des études prouvent que les gens ayant moins de contacts physiques soient plus fragilisés en rapport avec les couples et les familles. Hier j'ai appris que mon grand ami d'enfance pourrait souffrir d'un cancer, j'en saurai davantage la semaine prochaine. Ce n'est pas son année, sa femme ayant été très malade il y a quelques mois lui infligeant des séquelles. La vie étant ce qu'elle est, si fragile, si courte que je n'ai plus de temps à perdre dans des histoires de pacotilles. Je vois beaucoup de gens autour de moi qui vieillissent mal. Mon bonheur quotidien réside dans l'écriture et les lectures quotidiennes, la marche, le yoga et le sommeil. J'ai développé dernièrement une amitié avec une personne charmante qui m'est chère malgré le fait que nous ne voyons pas souvent. Elle dégage une belle énergie en démontrant une sensibilité et une vive intelligence. Sa longue chevelure lui donnent fière allure dans une apparence jeune et dynamique. Je vais m'abstenir de tous commentaires supplémentaires, elle semble me lire assidûment, en cela je me garderai une certaine discrétion. Si j'aime partir quelques jours hors de chez moi c'est que l'abus de la raison m'exaspère, la vie du raisonneur aussi. N'est-il pas désespérant celui qui a toujours raison? Celui qui, de sa vie, a banni l'errance, le trébuchage et la dérive, celui-là se confine au jardin entretenu de la raison et il se condamne à reproduire sur la terre vierge des carrés de verdure que d'autres raisonneurs ont taillés avant lui. J'aurai aimé écrire ce texte de Serge Bouchard du moineau domestique. Patience, patience tu n'est pas encore mûr pour tant d'éloquences et d'éclats. Il est possible que tu n'arrives qu'à n'être égale qu'à toi-même ce qui serait déjà pas mal considérant le chemin parcouru.


23 mai |

Les urbanismes de la ville ont des visions bien différentes des générations précédentes, ils sont plus adaptés aux besoins actuels en tenant compte davantage de l'environnement. Le problème réside en partie sur les moyens pour embellir la cité et sur le parc automobiles qui croit sans cesse. La ville tisse sa toile ou jadis la campagne régnait. Les municipalités sont au service des entrepreneurs immobiliers et commerciaux en grande partie, les élus dépendent d'eux. Sur ma rue un ancien couvent et une église ont été recyclés avec bon goût pour abriter les bien nantis. Des fleurs et arbustes apparaissent où jadis le bitume prenait place. Depuis quelques années surtout on revitalise les centres urbains d'une canopée généreuse pour le bien-être des résidents. Plusieurs espèces arboricoles ont développé des maladies, ils sont remplacé alors par des espèces mieux adaptés. Pour les plus vieux citoyens ils n'y voient que des dépenses fastidieuses alors qu'il s'agit d'investissements assurés. Les plus jeunes ont des points de vues diamétralement opposés. Les québécois n'ont jamais été en bon rapport en général avec les arbres. Pour la plupart un arbre debout est inutile, sa valeur étant la ressource recyclée en bois d'oeuvre ou pâte à papier. Il n'y a qu'à traverser dans les états et provinces anglo-saxonnes pour le constater. Le directeur de Vélo-Québec a fait une sortie cette semaine en lien avec des accidents impliquant des cyclistes. Il a affirmé que les québécois sont irrespectueux les uns envers les autres dans bon nombre de situations. En se comparant aux autres on ne peut nier cette affirmation. Nous avons perdu les obligations et devoirs collectifs au détriment du me, myselfie and i ou communément appelé droit et liberté individuelle. Je peux confirmer ses dires en ayant voyager beaucoup notamment chez les anglophones. À mon retour je perçois rapidement les différences, cela ne m'empêche pas de vouloir vivre ici en propageant mon bonheur dans ces lieux qui m'ont vu naître. Plusieurs québécois se sont déresponsabiliser avec les valeurs collectives désintéressées. Mon regard n'est nullement défaitiste mais plutôt réaliste. Évidemment tout n'est pas complètement noire ni complètement rose. Les changements pourraient venir autant de soi davantage que vers les pouvoirs publics dont nous sommes trop dépendants et qu'ils deviennent de plus en plus dépassé. Je ne suis aucunement en désaccord avec les lois et règlements en vigueur mais il y a lieu de s'interroger du nombre de ses derniers et de ses applications. Cette réflexion serait longue à développer que j'y reviendrai plus tard. Ça y est j'ai terminé mon éditorial de la semaine ayant exprimer l'essentiel de mes préoccupations. Aujourd'hui j'ai ramassé quelques papiers qui jonchaient la rue et contacté le service forestier de la ville pour remplacer deux arbres en détresse en face de l'immeuble. Dans le passé j'ai planté à grands frais arbres, fleurs et arbustes, la ville m'ayant fait parvenir une lettre m'interdisait d'embellir l'immeuble et en m'objectant à toutes initiatives de ma part. C'est en parti pour ces raisons loufoques que jadis j'ai créé ma propre entreprise. Il est de ces absurdités qu'ils m'est impossible de comprendre. Albert Camus aura écrit un livre étonnant sur le raisonnement absurde; le mythe de Sisyphe dans lequel j'ai puisé jadis mes premières grandes révélations sur les hommes. Dans la vie j'ai appris que les citoyens doivent être autonomes mais pas trop pour ne pas compromettre les pouvoirs en place. Par pouvoir je n'entends pas seulement le politique, les bourgeois et les prolétaires. Seul un esprit sain dans un corps sain libre de toutes autorités morales complaisantes peut définir sa propre liberté sans contrevenir à autrui tout comme l'indique plusieurs ouvrages de Krisnamurti notamment la première et dernière liberté. Je ne prétends aucunement avoir les moyens dont disposent ce maître dans ma quête d'absolu et de liberté mais il m'apparaît sain de m'imprégner de ces lectures libératrices dans un monde de plus en plus en proie à l'inquiétude spirituelle.


22 mai |

Claire Marin indique que l'étymologie de résider c'est avant tout arrêter un mouvement, en latin c'est s'asseoir et mettre fin à l'effort du mouvement et de ses pérégrinations. Résider, c'est exister sur un mode plus apaisé. Je n'ai pas fait de rencontres subliminales au rassemblement vanlife non pas que je n'ai pas essayé. Il est possible que les rencontres effectuées sont plus significatives que je l'ai pressenti et mes attentes trop grandes. Les amitiés prennent du temps à se manifester, beaucoup plus longues à se former qu'à se délier. Seul dans la foule je n'ai passé que deux nuits. Ensuite je suis parti à l'aventure en solitaire. C'est le fruit du hasard et du destin qui agit de la sorte. Néanmoins j'ai fait le plein de nature, de soleil, de vanlife et de cyclotourisme. Puis tout à coup j'ai ressenti fortement le vide, la fatigue et l'inconfort. Courbaturé de la valeur humide qui suinte mon énergie, les cloisons de mon campeur deviennent exiguës. Je suis rentré mardi midi sous une chaleur torride, rassasié à souhait après six jours de pure retraite. Depuis l'acquisition du campeur il y a quatre ans, j'ai l'impression de commencer à maîtriser mon rythme respectant davantage mes limites et mes besoins. J'ai moins besoin de partir longtemps me satisfaisant de moins de paysages défilant sous mes yeux. Aujourd'hui au repos je suis ébloui du parc des Champs-de-Bataille à côté de chez moi. Les arbustes sont tous en fleurs, les feuilles rayonnantes de vitalité offrant de l'ombre sous les grandes chaleurs. Les vacances servent à ça, prendre le recul nécessaire pour apprécier ce ou ceux qu'on quitte. J'habite un beau secteur de la cité, j'en suis conscient. À chacun de mes nombreux retours de voyage je reviens toujours nostalgique. Il va falloir étudié cela de près. Il me serait impossible de demeurer immobile très longtemps. Dans mon quartier je peux marcher dans un environnement distinctif et harmonieux. Les nombreux bancs de parcs m'invitent à la contemplation du paysage et des passants. Depuis quelques mois j'apprends sur moi-même à vive allure. Peut-être est-ce ainsi que la retraite s'effectue? La lenteur de la pleine conscience me va particulièrement bien. Ma journée s'est déroulée dans une béatitude et un calme absolu. Je me gratifie pour la compassion éprouvée pour moi-même et l'atteinte temporelle de l'équilibre. 


20 mai | Rivière Osgood, 
St Jacques-de-Leeds, Chaudière Appalaches

Hier soir il m'était impossible de rester dehors, des hordes de moustiques astreignant ma liberté. J'ai quitté ce bled paisible vers le fleuve pour me rendre compte que je n'étais pas le seul à avoir cette idée patriotique. Aussitôt le lunch englouti je quitte les nuées de touristes pour faire la sieste dans mon délicieux hamac au parc des chutes Lysander d'Inverness. Ce petit écrin de douceur à l'ombre des grands pins est ma halte préférée de la région. Quelques heures plus tard je quitte cette farniente qui m'alourdis pour me rafraîchir dans les eaux limpides de la rivière Osgood à St Jacques-de-Leeds. À ma grande surprise l'eau est d'une fraîcheur subliminale. Je nage plus de trente minutes. Plus tard je me délecte de morceaux de rosbif aux champignons et aux choux de Bruxelles. Je m'installe avec Béa, mon fidèle campeur sur la rive joyeuse de la rivière pour une dernière nuit en vanlife. Une famille de chevreuils viennent s'abreuver à la rivière pour me souhaiter bonne nuit. Je repense à cette réflexion puisée quelques heures auparavant; c'est bizarre d'avoir le même âge que les vieux.


19 mai | Ste Gertrude, Centre du Québec 

Je suis parti ce matin pour un délicieux parcours à vélo sur une distance  de soixante-dix kilomètres sur la plaine fertile du St Laurent. Pendant une grande partie de la journée j'ai mouliner paisiblement sur les deux rives de la rivière Bécancour jusqu'au village du même nom à l'embouchure du fleuve. Ce village est magnifique avec en prime le jardin des lilas où je prend une pause à l'ombre des arbustes en fleurs. Je poursuis sur le quai municipal de Ste Angèle-de-Laval en face de Trois-Rivières. De nombreux pêcheurs attrapent des perchaudes. Plus tard je me prépare  à passer une seconde nuit dans le parc de Ste Gertrude, je ne peux pas m'en empêcher. Je fais la sieste dans une légère brise. Je suis dans l'arrière-pays. Ce soir je fais un feu en lisant le livre de Claire Marin; être à sa place. Pourquoi aller dans un cinq étoiles quand il y a des millions d'étoiles au ciel ?


18 mai | Ste Gertrude, Centre du Québec 

Au réveil à Val Joli une grosse pluie s'abat sur le site du grand rassemblement vanlife. J'ai l'impression de me réveiller dans le stationnement du Walmart avec tous les véhicules côtes à côtes. Le grand champs devient moins vert avec tous les campeurs circulant pour aller chercher de la bière à Richmond. Mes voisins sont trop prêts. Ma lune de miel de cet événement est terminée ayant l'impression d'y avoir fait le tour. Le social devient vite superficiel, du déjà vu. Je pars en direction du marais de Kingsbury pour déjeuner tranquille, ensuite je visite le camping de St Xavier Brompton pour en avoir entendu parler. Décidément en solo les campings ne sont pas pour moi, les grands rassemblement non plus. Je quitte les Cantons de l'Est pour le Centre du Québec précisément à Pierreville où se tient le Van-In, un autre rassemblement vanlife. Deux gigantesques amas de chair molle m'accueillent sur une belle pelouse. Pas trop inspirant. Je fait le tour, rien qui vaille de ce côté, de plus le tarif pour le weekend est trop chère. Je suis trop actif pour passer mes journées à bavasser comme des pies dans une chaise pliante. Je m'enligne à Nicolet dans le joli parc sur la rivière du même nom. En lavant ma van je fais la connaissance de Pierre avec son magnifique Westfalia. Il arrive du rassemblement de Pierreville en y ayant séjourné qu'une nuit. Nous avons le même constat à  propos de ce regroupement. On discute. Je lui propose de me suivre à l'Anse-au-Port sur les rives du lac St Pierre. La promenade est magnifique sur les trottoirs de bois. Pierre a 76 ans, il ne fais pas son âge. Je lui vends ma pompe à vélo, je viens de m'en acheter une neuve. Sa femme ne veux plus l'accompagner en campeur alors il part seul. Une grande famille de phillipins nous offre des vermicelles de riz aux légumes sur le belvédère. Nous nous séparons ensuite. Je pars le long du fleuve et je prends un petit chemin de terre dans l'intention de trouver refuge pour la nuit. Mes pneus s'enlisent, je suis pris au piège. Je pars à pied pour trouver un camion. À un kilomètre je frappe à une jolie maison sur la rivière en face d'un étincelant pick-up rouge. Monsieur faisait la sieste paisiblement dans son fauteuil. Il m'accompagne et me tire du bourbier avec le câble en nylon jaune que je traine. Je déguerpi rapidement de ce nid à moustiques vers la grande plaine du St Laurent traversant de paisibles villages agricoles. À Ste Gertrude un joli parc m'attend. C'est le silence totale, j'en suis bien heureux. On dirait un village fantôme. Il y a un foyer et du bois, je suis enchanté. J'ai beaucoup appris durant ces deux premières journées somme toutes assez intenses. La suite sera fort différentes. C'est en cessant de chercher que l'on trouve, c'est en se perdant que l'on se retrouve. Les trucs organisés ça me ressemble pas, je suis trop autonome. Les contacts se feront au hasard de la route, voilà !


17 mai | Cleveland Exposition Fair, Val Joli, Estrie

Il y a beaucoup de joyeux personnages dans ce rassemblement vanlife à Cleveland Exposition Fair de Val Joli près de Richmond en Estrie. C'est un site champêtre, historique et patrimonial. Hier soir j'ai déplacé mon campeur près d'un groupe où plusieurs chantaient et jouaient de la guitare en face d'un grand feu de joie. Les émanations de cannabis se mélangeaient tout autour dans une ambiance décontractée mais pas dans le groupe rejoint. De la musique tzigane était au rendez-vous. Partout des bolides incroyablement aménagés avec soin, des passionnés tout comme moi. Ce matin après avoir passé une nuit d'une grande douceur j'ai préparé mon vélo. Quelques braves me voyant asticoté ma rutilante bicyclette se sont joint à moi. Marcel le chanteur avait un vélo électrique, Marie-Ève qui a eu un accident à ses oreilles causé par une descente trop rapide en avion ultra-léger et Jean qui a subit une chirurgie cardiaque il y a quelques années. En roulant à  vélo le long de la rivière St François son cardiologue lui téléphone pour des recommandations. Son nickname est le béluga blanc à cause de l'autobus gigantesque blanche qui l'amène partout où il y a du plaisir. Arrivé à une courbe à six kilomètres du camping, une série de côtes apparaît à l'horizon rompant l'enthousiasme de mes compagnons d'infortune. Les côtes étaient plutôt abruptes. J'ai fait une admirable randonnée de cinquante-deux kilomètres dans l'arrière-pays avec au loin le mont Pinacle à Danville. À Richmond j'aperçois mes compagnons avec de gros sacs à dos remplis de bières froides. En discutant avec une jeune femme près du campeur elle m'avoue avoir conçue sa petite fille de deux ans dans cet événement ici-même. Depuis elle revient à la source de son inspiration. Il y a beaucoup de rires et de cris d'enfants tout autour. La joie est ici contagieuse dans les odeurs champêtres omniprésentes.


16 mai | Cleveland Exposition Fair, Val Joli, Estrie

Dans le film seul au monde avec Tom Hanks, un homme échoue lors d'un naufrage sur une île déserte. Il trouve un ballon de football sur lequel il dessine un visage qu'il nomme Wilson et qui devient ainsi son meilleur ami. Ma mère biologique est décédée le 12 mars dernier. J'ai eu la lourde tâche de vider sa chambre de son dernier refuge, une résidence privée de retraite. La plupart de ses affaires personnels ont pris la direction des centres communautaires. Je n'ai conservé qu'un petit sac en cuir de couleur bleu pâle avec un gros paquet de photographies et quelques objets hétéroclites dont un petit ourson en peluche. Je l'ai nettoyé et lui ai mis une fragrance de lavande. Il m'accompagne depuis ce matin en vanlife.


Hier fut le service funéraire de Gurty, ma mère biologique. Je l'ai rencontré qu'à mes vingt-cinq ans dans l'année où ma mère adoptive a décédée. Hier, à la cérémonie funéraire suivi d'une méditation avec ma demie soeur Suzanne et son conjoint, j'ai revu en quelques minutes ma vie en accéléré. Durant ce temps j'ai pris conscience en l'espace d'un éclair que la seule reconnaissance que j'ai éprouvé pour elle sont de m'avoir donné la vie et de m'avoir donné la chance d'avoir une soeur que j'adore. À part ça rien du tout à part un grand vide entre nous-deux. Après le service j'ai partagé les photographies de Gurty avec ma sœur au restaurant asiatique que j'ai décidé à mon retour de mettre à la poubelle la plupart de ces images qui n'ont aucune signification pour moi. Tous les effets personnels ainsi que la chambre de ma mère dégageaient une odeur de mort, de tristesse infinie entremêlée de moisissure propre aux maisons de retraites pour démunis. Gurty fut atteinte de la maladie d'Alzheimer sur une décennie ne reconnaissant plus ses propres enfants. J'ai voulu offrir l'ourson à un enfant au rassemblement vanlife à Val Joli dans les Cantons de l'Est. Juste avant j'ai dégagé les yeux noirs de l'ourson de son pelage hirsute et j'ai aperçu son sourire que j'ai eu la vive impression que je rejetais une personne qui m'est chère. Sur mon île déserte même si je suis dans la foule, cet ourson représente pour moi une forte symbolique. Il ne portera pas le nom de Wilson qu'au moment opportun il sera baptisé du nom qui lui convienne. Ce grand rassemblement pan-canadien intitulé Nomad Fest se situe dans un grand champs que borde la rivière St François. Il n'y pas de numéro qui nous sont proposé comme dans les camping traditionnels. Ici se retrouvent des nomades, des sédentaires, des familles et des sans-abris. Plusieurs n'ayant que leurs véhicules comme seul hébergement. Plusieurs le font par choix, d'autres pas n'ayant plus les ressources pour se trouver un logis convenable. À mon arrivée de lourdes effluves de cannabis enveloppaient les lieux. Le coût de la vie frappe de plein fouet les plus démunis. La solidarité entre participants me frappe, chose qui est inexistante dans mon patelin où règne l'indifférence la plus totale. Il y a toutes sortes de véhicules dans ce vaste périmètre de verdure qui me rappelle les rodéos de l'ouest. Un enclos servira le soir venu afin de rassembler les campeurs pour un immense feu et ce, pendant les cinq journées du séjour. Un band animera ces soirées qui se voudront remplies de chaleur humaine et surtout loin de l'indifférence de la ville. C'est mon premier grand rassemblement de nomade du genre. Après seulement quelques minutes j'ai ressenti fortement que j'étais au bon moment et au bon endroit. En petit futé que je suis et en voulant m'introduire rapidement j'ai apporté des sandales Keen à vendre que je me suis mis à faire le tour du site pour les offrir à bons tarifs. J'ai trouvé rapidement trouvé preneur auprès de cette grande fratrie. Mon petit campeur Béa est update et prêt pour l'été notamment avec l'acquisition de deux nouvelles batteries auxiliaires alimentées par les panneaux solaires et l'alternateur du véhicules. Beaucoup de moments riches en perspective et quelques nouveaux amis possiblement  à revoir lors de mes pèlerinages occasionnels.

13 mai |

En morale ce n'est pas faire ce qui compte mais l'intention de faire sinon l'intention de bien faire rapporte Vladimir Jankélévitch. Les attentes sont disproportionnées envers des résultats hasardeux alors que c'est dans l'intention que se traduit la bienveillance. L'angoisse et les soucis sont omniprésents car la vie telle que nous la connaissons est source d'angoisse et que nous savons que nous allons périr. Le quotidien est un repère nécessaire qui tue lentement, curieux paradoxe. Le bonheur est capricieux, il arrive au moment où l'on s'y attends le moins. Le bonheur arrive souvent dans les moments perdus qui deviennent des moments retrouvés. Il m'est souvent arrivé de me retrouver en perdant mes repères quelques temps. C'est lorsque l'on délaisse les cartes routières et les guides touristiques que la magie s'opère. Le véritable bonheur est inconscient de soi disait Jankélévitch. Je deviens heureux à l'idée de le devenir. Le je-ne-sais-quoi ou presque-rien devient une source intarissable d'inspiration. Quoi de plus ennuyeux que quelqu'un qui ne doute de rien et qui ne sais pas se remettre en question. Quoi de plus ennuyant qu'une personne qui ne part jamais à l'aventure sur des chemins de travers. Quoi de plus ennuyant qu'une personne qui ne dépasse jamais ses limites et qui a toujours réponses à tout. La culture française connaît moins l'utilitarisme qu'en Amérique du Nord. Je déteste l'utilitarisme excessif qui réduit les hommes à des esclaves. Les gens deviennent des êtres utilitaires, la preuve, ils ne peuvent s'arrêter d'effectuer des tâches dans le seul but de faire au lieu simplement d'être. Les hommes s'accomplissent dans l'action sinon un sentiment d'inutilité les envahis sournoisement. Je m'étonne de souvent tenté de trouver des réponses à mes questions alors qu'il s'agirait simplement d'ouvrir mon coeur en agissant spontanément.


12 mai |

Je ferme ce soir une parenthèse avec une dame dont j'ai tenté de me lié d'amitié. Ce fut un court entretien de quelques mois avec une voisine de caractère coriace dont les traits trahis son âge. Je ne divulguerai aucun commentaires négatifs pour ne pas donné suite à ses réprimandes désinvoltes. Je n'ai aucunement besoin d'entendre défiler en continue le téléjournal et les misères du monde lorsque je m'approche d'un être humain. J'ai mis un terme à cet incongru contact car je me respecte. J'ai des limites auxquels je ne veux pas dépassé, je me choisi. Je suis libre et tiens à conserver la plus totale intégrité. Je m'objecte ardemment à toutes critiques qui n'est point constructives, en ce sens je préfère évolué seul qu'à l'intérieur de relations malaisantes. Je ne cesse de croire à la magie de l'existence que je porte dans une prudente enthousiasme allant même jusqu'à l'euphorie transitoire. Cette semaine j'ai parcouru cent vingt-cinq kilomètres de vélo et seize kilomètres de randonnée. Chaque semaine j'effectue plusieurs séances de yoga et de gymnastique pour conserver vitalité et équilibre. Je renoue avec les intérêts qui m'ont toujours porté après une pause de six mois. Le plein air est la pilule magique par excellence qui me sis à merveille en me proposant le recul nécessaire de cette ville qui trop souvent me désenchante par son indifférence. Je reconnais le malaise ambiant qui se déverse en moi qu'il m'est d'une nécessité de prendre distance avec toutes formes d'éteignoirs. Plusieurs voisins de mon trop grand immeuble tristounet me renvoie des couleurs maussades. Mon regard perçoit trop de résidus convexes ou concaves dans l'étreinte matérielle des longs couloirs flétris. La lumière ambiante constante de morosité affecte mon âme que mon seul désir est de m'enfuir avec le vent et les hirondelles. Un copain est revenu la semaine dernière d'Amérique du Sud y ayant séjourné plus de six mois. La chose qui le marque à son arrivée est la morosité ambiante et les regards s'adressant aux trottoirs la tête courbée. Ça me rassure de ne pas être le seul à le constater. En une semaine j'ai fait un trait sur deux personnages, le premier énoncé précédemment et le second, une connaissance dans laquelle je ne me reconnais plus et qui possède une profonde addiction à l'alcool. Toutefois lorsqu'il reprendra sa vie en main en prenant bien soin de lui je serai présent pour faire quelques randonnées avec lui. La vie est trop courte pour s'encombrer de contraintes inutiles dans la mesure du possible. J'ai donné amplement dans le passé et ne souhaite plus faire un retour en arrière en pataugeant dans le même terroir. Demain débute une nouvelle semaine d'où, fébrilement, quelques défis m'attendent avec enthousiasme et légèreté. De ces expériences transitoires comme la vie j'ai appris.


8 mai |

Il meurt lentement celui qui ne voyage pas, qui ne lit pas, qui n’écoute pas de musique, qui ne sait trouver grâce à ses yeux. Il meurt lentement celui qui détruit son amour-propre, qui refuse toute aide. Il meurt lentement celui qui devient esclave de l’habitude qui refait chaque jour le même chemin, qui ne change jamais de repère ou qui ne parle jamais à un inconnu. Il meurt lentement celui qui ne change pas de cap quand il est malheureux au travail ou en amour qui ne prend aucun risque pour courir après un rêve qui ne se permet, ne serait-ce qu’une fois dans sa vie de fuir les conseils sensés. Ce texte magnifique est de Pablo Neruda. Cette poésie est le reflet de mon âme. Cette chose affreuse appelée publicité m'exercèbe aux  plus haut point s'incrustant partout. Cette perfide manipulation s'infiltre à mon insu dans mon antre. Déjà je ne regarde plus ou très peu la télévision. La publicité intrusive s'infiltrant dans mon téléphone devient maintenant impossible à souscrire. Ce type d'action que permets GAPA est littéralement méprisante et envahissante.  Bernard Emond a écrit un livre sur le sujet; camarade ferme ton poste qu'il me serait difficile de m'en passer dorénavant. L'addiction est totale, plusieurs manipulateurs de tous acabit le savent bien. Je viens de me ressourcer deux jours à la campagne en faisant du vélo et de la découverte. Cette petite excursion sur la rive sud du fleuve fut une réelle nécessité. Hier j'ai rendu visite à un vieil ami habitant en forêt dans sa majestueuse maison en bois rond face à un étang remplie de truites. Nous avons beaucoup discuté de sujets profonds. Je réalise que j'ai beaucoup évolué depuis l'année dernière, mon ami évoluant différemment. Le manque d'équilibre générale causé par un travail incessant et ses récents problèmes de santé en sont responsables. La chose qui soit le plus important dans la vie c'est soi-même en visant l'équilibre dans tout. Il ne sert à rien de vouloir outrepassé certaines règles vitales que la vie se chargera de nous. Tôt ou tard on paie pour les préjudices faits à soi-même. À trop vouloir gagner sa vie on peut la perdre, je n'apprends rien. Toutefois j'adoptais un comportement similaire à son âge il y a quelques années. J'ai su quitter au bon moment qu'il y en qui s'accroche éperdument. Qui suis-je pour faire la leçon, la morale? J'ai 66 ans, je dois avoir appris quelque chose de ces années. Transmettre à quiconque sur ma route me valorise, c'est l'un des dons le plus précieux que je possède, l'expérience. D'un tout autre point de vue mon expérience est superficielle car elle relève d'un cliché du passé. Les autres nous reflètent parfois notre image, en ce sens nous sommes complémentaire. Enfin, c'est surtout l'équilibre le plus important en tentant de mater l'orgueil et les passions douloureuses qui nous habitent. Mon ami a de ces préoccupations que j'ai reconnu en moi plus tôt. Depuis bientôt un an, je m'exerce dans un lâcher-prise à différents niveaux en tentant d'éliminer le plus possible les besoins non-essentiels et à remplacer ceux-ci par une paix intérieure. Serait-ce que lorsque l'on a plus rien à perdre que l'on a tout à gagner? Tout ce qui ne nous sert plus à rien n'est que vanité. Partout la vanité nous démontre nos insécurités et notre orgueil. De toujours j'ai aimé les grands questionnements parfois en heurtant certaines sensibilités et convictions. Certains sujets dérangent au point de s'en soustraire. La valeur auquel que je porte le plus d'intérêt est la liberté. Elle me permet de ne pas vivre cloisonné en me reliant à l'énergie vitale et à la beauté du monde. Cela n'a pas de prix. En parallèle j'essaie d'atteindre la sereine équilibre qui a tant tardé à se manifester et dans lequel je puise dorénavant mon inspiration créatrice. Dans les traumas certains se guériront par la parole d'autre par le silence. L'équilibre rejoindra simultanément les deux. La retraite n'est pas une fin en soi. Comme disait Fernandoa Pessoa dans l'Intranquilité; agir, c'est connaître le repos. S'agiter est sain en soi mais il faut savoir reconnaître les raisons qui nous font tournoyer, parfois en vain.


5 mai |

Ma fièvre, mon avidité étaient si fortes qu'elles faisaient obstacle à ma joie. Il devait en être ainsi pendant tout le parcours. Je ne savais pas encore à cet âge construire l'équilibre entre le mouvement et l'arrêt. Trop de chaleur, trop de désirs que je ne pouvais même pas nommer me poussaient en avant et les plus beaux présents de l'heure me paraissaient déjà épuisés au moment même que je les touchaient. Joseph Kessel m'enlève les mots de la bouche dans cette introduction du livre de Sylvain Tesson; une très légère oscillation. Parfois les mots me manquent pour décrire ce que je ressens. Parfois je manque d'inspiration pour exprimer les mots exaltants de sens comme dans ce court texte de Sylvain Tesson, grand voyageur, sportif, aventurier et écrivain. Un journal intime est une entreprise de lutte contre le désordre. Sans lui, comment contenir les hoquets de l'existence? Toute vie est une convulsion: on passe une semaine au soleil, une autre à l'ombre, un mois dans le calme plat, une autre dans la vague, et ainsi fusent les années avec l'illusion, à la fin, que tout fut chapeauté par un principe unique, un motif général, un cadre de direction. Quelle foutaise ! En réalité personne ne tient sérieusement son cap. Et ceux qui le prétendent ne se sont jamais retournés sur leur sillage. Ils découvriraient un tracé l'ivrogne dans le couloir de l'immeuble. J'ai toujours souffert des tiraillements exercés par mes penchants contraires. La navigation d'un bord à l'autre est épuisante. Parfois je voulais vivre dans la paix éternelle, allongé sur des rochers chauds pour oublier toute ambition et faire griller mes vanités sous le soleil antique. Et puis soudain, il me fallait retourner tambour battant dans l'épilepsie sociale, renouer avec l'action et les fréquentations. Un jour dans une cabane, le lendemain en ville. Un jour dans la forêt à se lécher les pattes, le lendemain à gloser sur le monde avec les camarades. Un jour sur les falaises enchantées, le lendemain dans la fourmilière urbaine à sourire à des masques qui renvoient mes grimaces . Le journal est la bouée de sauvetage dans l'océan de ses errements. Le journal est une patrie. Grâce à lui, le sismographe intérieur se calme. Les affolements du métronome vital qui explorait le spectre à grands coups paniqués se réduisent alors à une très légère oscillation. Comment ne pas rester insensible à ces propos? Comment trouver les mots qui m'appartiennent après un tel développement? 


Depuis quelques jours je me surprends à transposé sur le blogue de courts textes. Je laisse ainsi la place à ceux qui ont su cerné l'essentiel avec une éloquence verbale. En donnant la parole à ces écrivains je m'inspire d'eux et avec raison. J'ai ce besoin viscéral de mentors pour ne pas croire que je suis seul au monde dans mes pensées, ces pensées qui sont parfois si difficile à exprimer. Écrire c'est ma façon de ne pas sombrer dans la folie de l'indifférence. Mon plus grand respect se rapporte à ceux qui savent immortalisé les coups de vent et les coup de gueules avec une étonnante introspection en contrant l'indifférence ambiante. Aujourd'hui je tente la rigolade spontané au café avec une dame âgée qu'elle me réponds ne pas savoir vivre. J'ai attendu qu'elle me dise comment comment doit-on savoir vivre. Elle s'est esquisser dans le silence changeant de table. Peut-être est-ce ainsi qu'on sais vivre? En fermant sa gueule et en payant sa facture. J'exagère bien entendu ne voulant aucunement méprisé cette pauvre dame, mais je porte une vive attention aux mots choisis et aux expressions populaires qui bien souvent me laisse patois. Quand je demande qu'elle serait le monde idéal dans lequel vous voulez vivre? Les réponses tardent à se manifester. Je pourrais citer l'expression suivante, c'est ça la vie qu'en creusant légèrement cette affirmation m'apparaît complément obsolète. Enfin par chance qu'il y a ceux qui ont des choses à dire à part du temps qu'il fera demain.


4 mai |

Faisons le point sur les relations amoureuses de nos jours. Cibole que c'est compliqué aujourd'hui. Dans le temps, tu rencontrerais quelqu'un qui te plaisait, si c'était réciproque, on s'embrassait et l'affaire était réglée, t'étais sa blonde, c'était ton chum. On s'aimaient. C'était comme ça et le sujet était clos. Maintenant, pas de consensus. C'est ta date, ta fréquentation, ton ami santé, ton chum, ta blonde. Tu es prêt mais l'autre on sait pas, on lui dit? D'un coup ça y fait peur? Après combien de temps on est un couple? On es-tu un couple? Veux-tu qu'on soit un couple? Ça se demande ça? Puis après combien de temps on peut se dire je t’aime? Qui le dit en premier? Parce que faut surtout pas faire peur à l'autre. Il faut réfléchir, calculer, planifier. Sans compter ceux et celles qui veulent s'engager mais pas trop. L'amour c'est pas supposé être ça me semble t-il. Faudrait trouver les règlements et statuer parce que personne est d'accord sur le sujet. On a tous notre bagage, nos expériences personnelles, plusieurs ont été échaudés, on a eu des déceptions, on ne veux pas répéter. On rencontre quelqu'un puis le hamster part. Tout à coup que là? Pis si jamais? Mettons que? On se questionne, on doute, y a toujours de quoi qui nous tracasse. On lui en parle? Il y a rien de pire que la peur d'avoir peur.


L'amour est devenu un commerce international, vive la technologie, vive internet, vive les sites et groupes pour célibataires. On peut magasiner sur un méchant grand territoire maintenant. On ouvre le catalogue, on regarde la marchandise disponible. Tout y est, poids, grandeur, couleur des yeux, des cheveux, avec ou pas de cheveux, tattoos ou pas. On observe les photos, on like, on commente, on discute. On se rencontre peut-être, possiblement qu'on ressent un clic. Il ou elle nous plaît, mais le catalogue est encore là, puis peut-être qu'on pourrait peut-être éventuellement trouver mieux. On se lance avec lui ou elle? Si oui on se garde un pied dans la porte du catalogue pour échanger? C'est donc bien compliqué. Tout le monde dit que l'amour c'est beau et simple. Merde! Tout est rendu compliqué. Les gens sont devenus compliqués. J'arrive pas à adhérer à toutes ces pures conneries. Il me semble que si on est attiré par quelqu'un, une rencontre est nécessaire. Si on se plait, mettons tous les efforts sur cette personne. Rencontrez-vous encore et au plus crisse, puis le plus souvent possible et si ça continue de cliquer, lâchez tous les sites puis ça presse. Soyons heureux calvaire.


28 avril |

J'ai déjà écrit sur le sujet que je trouve important d'y revenir. L'homme est fait de nature et de culture. Sans cela ses éléments vitaux s'affaiblissent. De nature j'entends aussi de prendre soin de la vie en soi; bien s'alimenter, faire de l'exercice, du plein air, méditer. Dans les villes l'absence de la nature désoriente les gens surtout s'ils sont privé de culture en plus. Par culture j'entends principalement les échanges, les contacts. Vient ensuite la création et les arts. En ville le malheur s'affaisse dans le visage des gens. Cela a beaucoup d'influence sur moi ne pouvant me soustraire à la communauté. Les gens se promènent souvent seuls l'air hagard comme des zombies, les plus jeunes perdus dans leur téléphone, préoccupés. Les regards sont vides et les esprits ailleurs. Méditer est important ne serais-ce qu'une demi-heure par jour. Si on ne fait pas d'exercice régulièrement en vieillissant il y a des risques de maladies et de baisse d'énergie considérable. Tous le savent mais la paresse, le manque de motivation et de rigueur sont omniprésents. Le meilleur investissement c'est prendre soin de soi. Je fais chaque matin un petit yoga qui dénoue mon corps au réveil. J'aimerais développé des amitiés mais je trouve cela difficile. Les possibilités en ce sens doivent passer par des champs d'intérêts communs, même là il n'y a aucune garantie. Avoir des connaissances est une chose, l'amitié est autre chose. Dans mon travail autonome en tourisme d'aventures sur plusieurs décennies j'ai côtoyé beaucoup de gens et peu ou aucun d'entre-eux sont devenus des proches. J'ai gagné ma vie, ainsi j'en ai perdu une partie, celle des relations intimes qui requiert du temps et nourrissent le coeur. J'ai recommencé à faire de la randonnée, ça me fait un grand bien. Hier, en marchant à la campagne, mon sac d'hydratation de deux litres a crevé en déversant son eau froide dans mes pantalons. J'aurais pu éteindre un incendie mais je n'étais pas allumé. J'ai fais séché le tout au soleil dans un champs m'y pré-lassant avec mon pique-nique. Le bonheur tout à coup est revenu après ces longs mois d'hiver. J'ai ressenti de la réclusion et de l'isolement n'ayant pas de véhicules durant la saison froide.


Une connaissance me dit que je suis courageux d'écrire publiquement mon journal sur le blogue. À vrai dire m'y exprimer permet à Vert l'Aventure Plein Air de rester vivant à mes yeux. Après trente années d'existence dans lesquelles j'ai vécu les aventures d'une vie, il m'était impossible de tout relâcher ça en un clic. L'aventure se poursuit donc ainsi, sous une forme différente, dans la parole transmise ouvertement et de la continuation partagée loin du placard et du cahier enfoui. À l'arrière de ce nom c'est moi seul qui a tiré les ficelles passionnément et minutieusement avec l'assistance d'un public téméraire et non moins téméraire. J'ai réussi à atteindre tous mes objectifs jusqu'au jour où les médias sociaux ont rivalisé avec mes initiatives. Heureusement c'est arrivé près de la retraite. J'aurais pu poursuivre cet élan mais avec la dernière cuvée de clients je perdais ma fierté et ma dignité dans lesquelles j'ai créé tant de projets exubérants et exaltants. De plus, la relève manquante chez les plus jeunes ont fait en sorte que je m'empêtraient de plus en plus de caractères disloquant. Sur les trente années de voyages et de randonnées tumultueuses j'ai vu bien des changements sociaux, de personnalités hétéroclites surtout lorsque internet est apparu en l'an 2000. Le surmoi et l'individualisme ont submergé avec fracas. Cette dernière flopée de troubadours fut le début du sentiment éprouvé de me sentir seul au milieu de la foule. J'ai ressenti une conspiration à mon égard et avec le club que j'ai mis tant d'efforts à maintenir vivant. J'ai su alors qu'il était temps, comme le fit Forest Gump, de rentrer à la maison. Mais avant la chute final j'ai mis à la porte les randonneurs récalcitrants qui m'ont manqué ardemment de respect et l'institution que j'avais créé trente ans auparavant. Ce n'est pas comme ça que j'entrevoyais la fin de cette aventure toutefois j'ai quitté la tête haute et le sentiment du devoir accompli. Par chance une année supplémentaire me fut offerte avec quelques fidèles et sympathiques participants. Le 26 février de cette dernière année on célébra mon anniversaire que je ne pourrai jamais oublié où une dizaine de compagnons de route étaient présents autour d'une belle table garnie. Je voulais poursuivre une année supplémentaire les activités que quelques jours plus tard on décréta la pandémie mondiale de COVID-19. Les deux prochaines années qui suivirent j'ai obtenu une subvention salariale qui m'ont aidé à atteindre la retraite fort méritée mais troublé de me retrouver ainsi seul. Une nouvelle étape devait être franchi dans le vide laissé devant tant de projets de voyages et de randonnées. Ce passage à vide je l'ai vécu difficilement avec raison que je commence à peine à me relever. Depuis je galère en vanlife car il faut bien des projets et des aventures, moi qui en fut nourrit toute ma vie. Les dernières années se sont manifesté dans l'instabilité et l'improvisation la plus totale mais j'ai néanmoins demeuré actif. Ce printemps je réalise que j'ai fait ce que j'avais à faire, que j'ai conservé mon authenticité et les valeurs qui m'ont accompagné depuis toujours et surtout en apprenant de mes expériences. Aucune ne furent bonnes ou mauvaises. L'important fut d'agir et d'avancer dans cette putain d'aventure que j'ai tant désiré. Nature et culture je me suis lié intensément, voyons voir ce que la suite me réserve.


25 avril |

Plusieurs aînés à la retraite surtout ceux qui vivent seuls vivent les contrecoups de la hausse du coût de la vie. C'est désolant de constater qu'une grande proportion de retraités sont obligés de retourner sur le marché du travail. Il y a deux façons d'accéder à la liberté, le premier en augmentant son pouvoir d'achat, le second en diminuant ses besoins. C'est une question de choix dont certains ne sont pas prêt à faire. Depuis quelques années l'autonomie de plusieurs personnes seules vient de prendre un sérieux coup notamment avec le coût des loyers et les frais de condos. Souvent c'est l'ennui qui pousse les gens sur le marché du travail. La liberté s'acquiert avec beaucoup de courage et de détermination. La liberté ne signifie pas absence de contraintes. La liberté ne s'achète pas, elle est le produit d'un état d'être qui n'est pas relié à l'avoir. Évidemment un minimum de sous est requis pour les besoins de base. Faire l'inventaire de ce qui est nécessaire est prioritaire quitte de se départir du bois mort. En perdant des choses on acquiert des nouvelles. Pensons au bonheur durable par exemple. Le chocolat ne l'est pas car si on en mange trop on devient malade. Le travail n'est pas un bonheur durable car après un certain nombre d'heures consacrer au boulot le corps et l'esprit deviennent malade. Une chose qui représente le bonheur durable est l'amour. La qualité de ses pensées aussi est du bonheur durable. Un esprit sain apporte le bonheur durable. Les rencontres fortuites sont pour moi des occasions d'apprentissage. Bien souvent les gens sont peu disposés à s'ouvrir. Il sera de plus en plus difficile aux gens de prendre le temps car plusieurs en manque en dehors du travail, de la famille et des obligations. Dans ce contexte la culture s'amenuise au détriment des tâches routinières. Je n'ai jamais été un homme conventionnel, ni un spécialiste, je suis un penseur social et un artiste dans l'âme débordant de curiosité et d'imagination. Ne pouvant assuré une sécurité matérielle à une famille je me suis retrouvé marginalisé et isolé en dehors de la boîte. Très jeune mon schéma fut le rejet et l'abandon qui a façonné ma personnalité empreint de méfiance. Je deviens rapidement indisposé en tentant de suivre le rythme effréné de la masse. Je ne suis pas de nature négative quoiqu'en pense certaines critiques à mon égard mais je suis réaliste dans ma perception. J'ai souvent dit tout haut ce que les gens disaient tout bas. Avec le temps j'ai appris à me taire pour me protéger et pour choisir mes batailles. Je possède certes des habiletés sociales mais je crois trop parlé. Mon écoute est parfois déficiente mais je fais des efforts. Il m'est difficile d'écouter des sornettes, des programmes télévisuels stériles et les grandes gueules. Je crois bien me reconnaître mais le danger c'est lorsque je me sens isolé sur une trop grande période de temps. Mon esprit alors se mets à entretenir des discussions belliqueuses en lien avec le sentiment d'isolement ressenti et le doute. La solitude désirée est une bonne chose mais lorsqu'elle ne l'est pas la souffrance qui incombe altère les pensées, les émotions et le comportement. En identifiant cette connaissance de cause je demeure vigilant et alerte pour ne pas immerger dans les profondeurs abyssales. 

24 avril |

Louis-Ferdinand Céline a écrit; on a beau dire et prétendre, le monde nous quitte bien avant qu’on s’en aille pour de bon. Voyager c'est bien utile, ça fait travailler l'imagination. Tout le reste n'est que déceptions et fatigues. Notre voyage à nous est entièrement imaginaire. Voilà sa force. Céline était le meilleur écrivain selon Jack Kerouac. Je termine sa bibliographie, il avoue que ce ne sont pas les plus grands écrivains qui reçoivent les prix. Kerouac est mort à quarante-sept ans. Cet hiver aura été ma plus longue période sans quitter la ville. Au plus loin que porte ma mémoire je ne me rappelle pas de cette absence prolongée de la nature. Il en a été ainsi. Je ne m'en porte pas plus mal que bientôt je ferai mon retour loin du bitume. Ce fut un passage obligé pour me recentrer et me reposer d'une agitation excessive. Mon coeur a traversé des montagnes russes dans la défunte saison mais j'ai le sentiment d'en ressortir grandi. La fierté que j'ai éprouver est d'avoir créer et maintenue une entreprise de tourisme d'aventure. En second lieu ma fierté s'est portée par l'acquisition à la retraite d'un petit campeur avec des expériences nouvelles du vanlife. Toutefois je préférais vivre ça à deuxEnsuite je suis fier de la résilience démontrée dans la discipline et la simplicité volontaire pour me rendre où je suis présentement. Cette semaine je vais assisté à un atelier sur l'amitié. Cet exercice a pour but d'exprimer tout haut ce que je garde profondément en moi. Ces ateliers m'offrent les élans nécessaires pour avancer et retrouver l'inspiration viscérale. 

Dans les médias la santé mentale fait beaucoup couler d'encre même si elle ne sert plus à rien. Je vois venir ça depuis déjà belle lurette. Ce sont les actions et préoccupations venant de la société qui feront émergé de nouvelles pistes, les gouvernements ne faisant que répondre aux urgences. Quoi qu'il en soit la santé mentale est, et demeure tabou. Elle est en contradiction avec le monde du travail et de la culture de performance des sociétés. Il va de soi qu'il faut travailler en amont, chose que les gens ne sont prêt qu'en face de leurs murs. Depuis six mois j'ai entrepris de fermes introspections et travaux sur moi qui m'obligent à observer la souffrance au lieu de la fuir. Autant ne pas se faire d'illusions, les gens n'ont rien à se dire, ils ne se parlent que de leurs peines à eux chacun, c'est entendu. Chacun pour soi, la terre pour tous. Cet extrait de Céline exprime ma pensée. Je trouve désolant de ne pas être capable d'apporter vers moi les richesses de ce monde telles l'amour, le partage et l'amitié. Restera bientôt l'air frais des bois et les somptueux paysages pour compenser la présence tardive d'un être cher. Un jour Robert, personnage quelconque, a appelé le 911 et quand il est arrivé à l’urgence, le médecin lui ai demandé: pourquoi êtes-vous ici? Il m’a dit; docteur, je meurs de solitude, ne me renvoyez pas là-bas. Des organismes, encore trop peu nombreux et marginaux tentent de remédier à ce fléau qui cangrène les sociétés modernes. Des lacunes et des préjugés existent. Les moyens efficaces pour les atténué existent, pour avoir tenté d'y faire face, mais la volonté et le courage n'y parviennent pas. L'orgueil et la honte indisposent la mise en place de moyens durables pour atténuer la solitude. Ce thème est celui que j'ai mis le plus d'énergie à dégager de ma vie. Pour plusieurs la volonté est là mais les moyens sont déficients. Je ne blâme personne devant ces faits accomplis. Je ne fais que relever des aspects qui me touchent et dont je me sens impuissant. Peut être est-ce ainsi le destin de l'homme, le mien? S'affranchir à chaque jour de ses malheurs et reconnaitre la nature humaine est prioritaire j'en conviens. De tous les temps les hommes ont été troublé de ces maux à différents degrés. L'histoire nous démontre que le chemin des hommes est ardu. L'utopie des temps modernes en rapport avec le bonheur se fissure insidieusement. C'est pour cette raison que le monde se replie sur lui-même actuellement. Heureusement qu'il y a la littérature pour mettre un baume sur mes plaies. Heureusement que le soleil brillera à nouveau.


20 avril|

Les gens étant ce qu'ils sont, le monde étant ce qu'il est, il serait prétentieux de ma part de vouloir changer qui ou quoique se soit, je n'ai pas toujours été ainsi. L'éducation doit être priorisé afin que tous et chacun détiennent de solides bases pour apprendre à réfléchir et s'épanouir en harmonie avec soi-même et son environnement. Dans une certaine mesure l'espace rétréci avec le temps. Les possibilités s'amenuisent contre ma volonté. Cette semaine au café philosophique le cours de la soirée était dispersé. Il aurait été convenable de faire bifurquer la discussion vers des sujets davantage philosophiques. La politique et les jugements de société ont été largement priorisés. Il y manquait de profondeur malgré les tentatives exercées. Malgré tout j'ai passé une bonne soirée en admettant que le groupe reflétait la société en général avec ses grandes gueules toujours prêt à changer le monde dans pour autant se regarder en face. Je me suis abstenu de parler pour ne pas m'engager dans le populisme. L'écoute dans les groupes sans jugement m'apparaît soudainement révélateur. Ce qui détonne dans certains propos concernant le consumériste c'est que le monde le décrit âprement et que la plupart en font grand usage. Une dame me dit trouvé aberrant le nombre d'objets inutiles se retrouvant dans les commerces. S'ils s'y retrouvent c'est parce que des gens les achètent. Qui est à  blâmer alors? Un ami critique le prix exorbitant des petits déjeuners offerts dans les restaurants. Près de cent dollars pour quatre personnes pour quelques oeufs, du café et un peu de pain. Pourquoi y va-t-il alors? Ce genre d'attitude est ridicule. Il en est de même pour les élus. À peine ils sont au pouvoir qu'ils se font critiqué. Raisonnement absurde comme l'écrivait Albert Camus. Il m'apparaît difficile de me joindre à des groupes, le privé empiétant impitoyablement sur le public. Je me sens exclu et j'éprouve des difficultés à bien en comprendre les raisons. Plusieurs ne voient pas les mouvements culturels d'exclusion étant eux-mêmes dans des réseaux hermétiques et sélectifs. Personne n'est obligé de quoi que se soit envers moi. Mes attentes sont grandes, mes besoins affectifs inassouvis j'en convient. Beaucoup de gens s'aliènent de leur travail, de leur groupe d'appartenance, l'alcool ou d'autres addictions tels les médias sociaux dans lesquels ils sont affilié. Sombres illusions bien souvent. La place publique est devenu qu'un large spectre de réseau fermé où les gens s'entassent dans la foule indifférente. Ils ne semblent pas demandé davantage que cette illusion grotesque du sentiment de ne plus être seul. Seul dans la foule, je connais ça, le problème dans la solitude prolongée se sont certaines pensées qui tournent en boucle. À compter de la semaine prochaine je pars en forêt et sur les routes prendre un recul de ce cirque ridicule de l'indifférence. L'important est de ne pas être indifférent envers moi-même malgré l'absence d'amour partagé. En attendant j'apprécie le sentier de la nature des Plaines d'AbrahamGet out of the box cet l'été sera mon rituel pour rompre de ma sordide et nécessaire routine. Dualité toujours dualité qui draine son lot d'incertitude et de contradictions. Mon signe astrologique est poisson, son symbole est deux poissons reliés ensemble nageant dans des directions opposées, dualité extrême. Le monde est d'une complexité inouïe qu'il ne faut pas trop tenté de comprendre au risque d'y perdre son temps et son énergie. Seul le mouvement demeure nécessaire pour ne pas perdre l'équilibre. Dans notre malheureux monde, celui qui a est, et celui qui n'a pas n'est pas.


14 avril |

L'inspiration littéraire me provient ces temps-ci d'une bibliographie de Jack Kerouac, l'auteur du célèbre roman sur la route. La vie de l'auteur franco-américain de Lowell au Massachusetts ne sait pas fait dans la dentelle. Il fut le fondateur de la beat generation avec Allen Ginsberg et William Burroughs. C'est l'époque du jazz des années 40-60 à New York. Beat signifie le rythme associé au jazz. Le terme sert à désigner un ensemble de jeunes adultes paumés, nomades, qui deviennent auteurs et sujets de chroniques et textes. Cette période précédée du mouvement hippie et rock représentait une fracture sociale du conformiste américain, la contre culture. La différence entre la beat generation et le mouvement hippie est fort simple. Dans le premier, l'individualisme et les connaissances littéraires étaient mises de l'avant alors que le mouvement hippie des années 60 favorisait les communautés et la culture de masse. Toutes les deux étaient appuyés sur un modèle révolutionnaire et réfractaire à la culture en place. La drogue, l'alcool et la sexualité débridée étaient accompagnés des mouvements révolutionnaires non violentes de la contre culture. On retrouve quantité de terme associés aux mouvements. Hipster signifie un jeune urbain qui affiche un style vestimentaire et des goûts à contre-courant de la culture de masse. Le terme hobo provient de vagabond, clochard qui a précédé la beat generation qu'a repris Jack Kerouac dans ses aventures. Les hobo voyageaient dans les trains de marchandises au début du XIXème siècle qui a fait éclater sa propre culture. Le mouvement hippie est considéré la dernière résurgence spectaculaire du socialisme utopique. Le dénominateur commun de plusieurs artistes se retrouve dans leurs parcours parsemés de souffrances. Bob Dylan, récipiendaire d'un prix Nobel en littérature en 2016 fut l'un des plus grands porte-parole de ces époques révolutionnaires et encore acclamé aujourd'hui. Les modèles, tuteurs et influences ont fait défaut pour la plusieurs d'entre-eux. Ils ont rêvé d'idéal, d'utopie. Ils ont voulu changé le monde qui leur a échappé, plusieurs ont payés chers de leurs naïvetés. Certains ont réussi à se faire une place par leurs talents exceptionnels et leur détermination courageuse. Il n'y a rien de bien nouveau dans mon exposé historique. Il a ceci de fascinant que ma jeunesse l'a traversé en conservant des traces indélébiles. L'histoire m'aide à comprendre la société actuelle. Sortir du cadre me permet d'agir autrement en innovant. Get out of the box comme disent les américains est le recul nécessaire pour vivre consciemment. Aujourd'hui par hasard je rencontre deux anciennes connaissances plus jeunes que moi, le premier est devenu bipolaire et le second est atteint de la maladie de Parkinson. Un troisième a laissé sa femme à 72 ans après dix-huit de vie commune pour vivre son homosexualité. Ici je ne parle pas de tous ceux rencontré dans un passé qui m'apparaît pas si lointain que j'ai peine à reconnaitre. The time they are a changing chantait Bob Dylan comme si nous étions tous dans une gare pour une destination inconnue. Une montagne est comme un Bouddha. Pense à leur patience. Il y a des centaines de milliers d'années qu'elles sont parfaitement silencieuses, comme si elles priaient pour les êtres vivants dans le silence, attendant que nous mettions un terme à notre agitation et nos stupidités affirmait Jack Kerouac. En 1956 le poète, militant et anarchiste Gary Snyder, une connaissance de Kerouac écrit; j'entrevois la grande révolution des sacs à dos. Des milliers, des millions de jeunes américains, boudant leur rue et prenant la route, escaladant des montagnes, tous transformés en fous du zen, lancés de par le monde pour écrire des poèmes inspirés et des mots d'amour.

7 avril |

Le bon vieux jazz à mon goût; Chet Baker le matin, John Coltrane le soir. Les figures majeures sont les pianistes Duke Ellington, Oscar Peterson, Herbie Hancock et Count Basie, les trompettistes Louis Armstrong, Miles Davis, le contrebassiste Charles Mingus, les saxophonistes Lester Young, Charlie Parker et John Coltrane, le clarinettiste Sidney Bechet, et les chanteuses Nina Simone et Ella Fitzgerald. Dans un tout autre ordre d'idée, l'essai littéraire adopté est un travail écrit de réflexion concernant un ou plusieurs sujets précis. Il aborde divers domaines, à savoir la philosophie, la politique, l'histoire, la science etc. Ouvrage en prose, l'essai littéraire développe un discours libre et affectif. L'essai est un genre argumentatif proche de la réalité et rejetant la fiction. Il est toujours écrit en prose reposant sur l'observation de faits et sur une analyse de l'auteur qui présente sa propre opinion sur un ou plusieurs sujets étayées d'arguments et d'exemples tirés de son expérience personnelle. L'essai littéraire se distingue par un style simple et clair, typique de l'observation, l'analyse et l'explication. Le raisonnement se fait de manière logique en utilisant idéalement la première personne du singulier, le je. Sur un autre sujet, Heidegger se contentera de rappeler que la vérité n'est pas la construction d'un mécanisme explicatif pour tout ce qui arrive, mais le dévoilement de l'être par la parole poétique, dévoilement dont aucun mécanisme explicatif ne peut rendre compte. L'homme absurde n'a pas de sens car sa vie ne va nulle part, mais, n'allant nulle part, il lui semble permettre de vivre chaque instant avec intensité. Je peux me rapprocher de la vérité en sachant bien que je ne la posséderai jamais que ce soit envers moi-même ou autrui. Chercher la vérité, c'est comme disait Socrate, faire de la philosophie. La recherche de la vérité commence avec un aveu d'ignorance. Aucun jugement ne me donnera accès à la nature profonde des hommes et des choses.


4 avril |

Durant le long weekend de Pâques, j'ai mis de l'ordre dans mes affaires. Je mets ainsi le pied dans la nouvelle saison en ressuscitant parmi les morts, un peu comme l'autre gars. Un ami Roger, octogénaire vif d'esprit et de corps voudrait mon aide pour l'initier à internet et ses applications. Il était sociologue de formation, il possède un assez bon discernement, il a toute mon admiration. Il ménage la parole et privilégie l'écoute active. Dans un premier temps j'essaie de lui venir en aide avec son téléphone. Après quelques minutes je perds patience du faible degré de connaissance avec l'objet sacré. Quelques semaines passent que je pense à lui et ses intérêts qui me semblent contradictoires. En réalité il n'aime pas s'amuser avec son bidule à part d'avoir des nouvelles de ses quatre enfants à l'extérieur de la ville et prendre les appels de sa conjointe qui partage sa vie harmonieusement depuis quarante ans. Au café j'entrepends de pousser plus loin sa réflexion sur le sujet. Une seule et unique raison de sa motivation est d'envoyer sur la toile ses opinions diverses sur la société et le monde. Je lui demande s'il veux communiquer, échanger ou débattre. Dans la négative il ne semble vouloir qu'exprimer ses opinions en crachant son venin comme tant d'autres dans cet étrange univers. Il y a beaucoup plus d'émetteurs sur internet que de récepteurs. Les gens croient participer mais en réalité ils sont en face d'un monde cruellement vide. À moins d'y tenir un journal pour seul exercice exutoire comme je le fais par ailleurs son intention m'apparaît inconsistante. En le mettant face à lui-même vis-à-vis son intention, il a rapidement compris que son objectif était insensé et qu'il devait davantage tenter de s'exprimer dans le monde réel avec des gens réel. Ce n'est pas que les utilisateurs des médias sociaux ne soient pas réels mais le véritable dialogue est limité dans cet univers égocentrique et paradoxal. Depuis quelques mois j'ai la nette impression d'évoluer dans la bonne direction. Je revisite les forces qui m'ont toujours habité en déterminant méticuleusement mes intérêts profonds et les valeurs auxquelles je m'identifie. La retraite m'a permis de me détacher du rôle matérialiste qui fut celle de vendre mes idées et mon temps dans ce qu'on nomme le travail. Comme dit le dicton; le monde ne sait pas fait en une seule journée. Je dois prendre mon mal en patience que bientôt je récolterai le fruit de mes efforts. Ma force principale étant ma résilience, l'équilibre sera mon salut.


31 mars |

J'écris toujours le blogue de mon téléphone en débutant mon brouillon dans le bloc-notes. De ne pas être toujours dans la même position statique me fourni l'inspiration. De toujours j'ai été dans la simplicité volontaire et involontaire par défaut. Je voulais voyagé. J'ai réussis avec plus de trente pays côtoyés sans compter toutes les montagnes et le reste. Si j'avais travaillé pour les autres on ne m'aurait pas permis ces voyages. De plus, en accompagnant des touristes j'avais un salaire et mes dépenses modestes étaient payées. C'était loin d'être parfait tout comme le reste mais j'ai réalisé de grands rêves. Tôt dans la vie avec mon cheminement, mon énergie débordante, mon besoin d'attention et de reconnaissance, il m'était impensable de travailler pour les autres. De toujours j'ai pris des chemins de travers. Je fus un autodidacte engagé et je continue fièrement de l'être. De toute ma vie j'ai rêvé pour oublier l'indifférence et l'ennui. Je viens de lire les touchants poèmes de Raymond Lévesque dans l'espoir n'est pas un nuage qui descend du ciel. Le poète était un grand défenseur de l'amour. Il dénonçait vigoureusement la guerre, la misère, l'indifférence, la spéculation visant à enrichir les uns aux détriments des autres, de la nature et l'accumulation de richesses excessives. Dans une section du recueil il parle de la cité. Parmi la foule qui le bouscule, il se cherche un ami mais ne trouve rien. C'est chacun pour soi dans la course pour la survie. Peuplée de gens dont le coeur est ailleurs, la cité fait des hommes durs et égoïstes. La grande ville est un forgeron impitoyable, le profit et l'enrichissement pervertissent sans mesure. Là où il n'y a pas d'amour, il n'y a pas de civilisation. Partout des gens qui ont peur qu'on leur prennent quelque chose, de leur temps ou leur âme. Le poète éprouve du respect pour le bois qui représente la vie mais pas pour le fer qui représente la guerre et la mort. Le poète est rude envers les hommes. S'est-on déjà demandé si cela est normal qu'il y est un coût à la vie ? Que signifie gagner sa vie selon l'adage populaire ? Et l'on rajoute inlassablement; c'est ça la vie. Le Canada vient d'atteindre quarante et un millions d'habitants. Un million durant les derniers neuf mois. Le Canada est une terre d'accueil. Oui nous sommes généreux et naïf. Je crois en la diversité quand elle se porte bien. Pour le reste tant pis pour nous. Une fois j'aimais, et je crus qu'on m'aimerait, mais je ne fus pas aimé. Je ne fus pas aimé pour l'unique et grande raison que cela ne devait pas être. Je me consolai en retournant au soleil et à la pluie et en m'asseyant de nouveau à la porte de ma maison. Les champs, tout bien compté, ne sont pas aussi verts pour ceux qui sont aimés que pour ceux qui ne le sont pas. Tiré du gardeur de troupeaux d'Alvaro de Campos, hétéronyme de Fernando Pessoa. Je marche beaucoup seul en ville, malgré la relative tranquilité, rarement on ne m'aborde dans les cafés ou les lieux publics. De tout temps j'ai fait les premiers pas. En m'interposant la plupart du temps, les gens sont étonnés qu'un étranger leur adresse la parole. Ce n'est pas le propre à Québec mais à la plupart des villes. Toutefois c'est ici que j'ai grandi et vécu. Je me sens familier aux lieux mais pas aux gens. Les villes ne sont pas adaptées pour recevoir autant de gens, pour créer du bonheur. On ne se pose peu la question hors des préoccupations pécuniaires. Heureusement que les beaux jours s'en viennent et que le vent du large m'incombe le répit nécessaire devant ces réflexions blafardes. Raymond Lévesque fut un être contrarié avec raison. La vie n'a pas de sentiments, que des lois. Les lois sont au-dessus des gens riches. Ceux qui ne les respectent pas sont condamnés à mourir. Je suis un ressuscité comme l'autre gars cette semaine. Le poète nous aura donné une chanson éternel; quand les hommes vivront d'amour.