9-10 août| Rivière Ouelle, Bas St Laurent
En une nuit l'été m'a quitter pour laisser place à l'automne et ses gros nuages. C'est à Cap Chat que l'estuaire du Saint Laurent devient fleuve, à partir de Matane que les premières terres agricoles apparaissent. La distance entre Matane et Godbout du traversier pour la Côte Nord fait 55 kilomètres. J'ai fait un arrêt pour luncher à la poissonnerie à côté du phare de Matane avec des fruits de mer et les fameuses crevettes fraîches en écailles de Matane. Ensuite pas très loin j'ai bifurqué dans l'arrière-pays sur la route des Monts Notre-Dame à Baie-des-Sables vers le Témiscouata et le terroir basque. Je ressentais la solitude et la mélancolie dans ce ciel lourd et gris de ces paysages désertés mais j'avais oublié un instant la 132 et son flot incessant de voitures harassantes. Quelques villages ici et là anonymes avec de vieux "bar salon" à vendre signe que les temps changent.
À Matane je me suis rappeler de l'auberge de jeunesse dans le centre-ville et par ricochet aux autres qui m'ont fait voyager à mon adolescence. Le Balcon Vert de Baie St Paul dans Charlevoix et ses cascades où je découvrais le nudiste avec mon maillot. L'île du repos à Ste Monique d'Honfleur au Lac St Jean, la Grande Ligne à Racine en Estrie et celle de Magog pour ne nommer que ceux-là. Des souvenirs nostalgiques à une époque où internet était de la science-fiction. Plus tard je rejoint le fleuve à Notre-Dame-du-Portage, entre ce village et Kamouraska le fleuve est à son meilleur avec les plus beaux couchers de soleil du Québec. Notre-Dame-du-Portage est le lieu où les amérindiens et les premiers colons se rendaient dans les Maritimes à partir du fleuve en canot. Des résidences bourgeoises s'étiolent dans un ravissant environnement. Le paysage et l'architecture patrimoniale sont superbes et on y retrouvent une grande quantité d'aliments du terroir frais auprès de nombreux artisans locaux. J'arrête à la piscine municipale à l'eau de mer chauffée me détendre et m'arrête une fois de plus dans une poissonnerie locale à Kamouraska pour me procurer de l'esturgeon noir et de l'anguille fumé, de la terrine de saumon et une baguette pour célébrer mon retour. Sur le fleuve on aperçoit les îles sauvages des Pèlerins, le courant à cet endroit est très fort car le fleuve passe ici dans un goulot étroit. Ce qui est bien c'est qu'à partir de Rimouski il y a l'autoroute pour les gens pressés et la 132 devient une route secondaire fort agréable jusqu'à Québec. Ce soir je campe à Rivière Ouelle dans le Bas Saint Laurent dans un vaste potager car entre Notre-Dame-du-Portage et Kamouraska des affiches "no parking" sont installées à chaque mètres. Demain matin je prend l'autoroute vers Québec, mon dortoir principal et heureux de le retrouver.
Voici le bilan du dernier voyage d'un mois au total principalement en Nouvelle-Écosse. La météo a toujours été resplendissante et je n'ai jamais souffert de canicule. J'ai appris à prendre des poissons dans l'océan, j'en ramène même plusieurs. Mon défi à ce voyage était de bien m'alimenter et j'ai réussi, pas de viandes rouges ni fromages, sucres raffinés, alcool et café, peu de poulet et beaucoup de poissons, céréales et légumineuses. Les meilleures moments furent la côte Atlantique d'Halifax à Shelburne, le comté acadien de Clare, la vallée d'Annapolis et les "how are you doing? "Je retiens de cette province une nature intacte, des villages de pêcheurs traditionnels, des quais joyeux, paisibles parfois ensoleillés ou brumeux, un littoral rempli de plages d'une grande pureté, des communautés fières et chaleureuses. Je dirais que la Nouvelle-Écosse est l'une des plus belles provinces canadiennes. Je n'ai déboursé aucun sous pour les campings ni un sous pour les restaurants et cafés. L'essence est la plus grande dépense surtout cet été et davantage qu'aux USA. Mes spots pour la nuit furent tous paradisiaques les uns comme les autres et je n'ai n'ai eu aucun soucis. Au Nouveau Brunswick je ne retiens pas grand chose et sur la péninsule gaspésienne ma rencontre avec le Rocher Percé m'a ébloui au bout de la route et des environs. J'ai refait en Gaspésie le chemin de mon adolescence tel une rétrospective de mon parcours de vie. Cette route est un excercice salutaire vécu en Gaspésie et je ne crois pas que j'y reviendrai.
Au Nouveau Brunswick je repasserai rapidement en transition vers un ailleurs maritimes gorgés de soleil, de plages, de brumes et de poissons. Je fus heureux de revenir dans les Chic-Chocs pour fermer cette boucle entreprise il y a fort longtemps. Je fais ce résumé à l'aube de ce qui sera une randonnée épique dans les Chic-Chocs seul et sans cortèges de joyeux pèlerins de passage. J'exagère comme toujours bien entendu mais le silence m'est devenu un bien précieux je l'avoue. J'avais déjà lu un jour que pour se rapprocher d'une personne éveillée ou connaître l'amour véritable il faut avoir été en silence longtemps avant et cela s'applique aussi pour aller à sa propre rencontre.
Sur les quinze derniers mois j'ai vécu six mois avec ma van Béa sur les routes des provinces atlantiques, dans l'ouest canadien et jusqu'au sud profond en parcourant les Appalaches d'est en ouest. Voici les provinces et états traversés à pied, en cyclotourisme et en van au Canada; Nouveau-Brunswick, Nouvelle-Écosse, Ontario, Manitoba, Saskatchewan, Alberta, Colombie Britannique et aux États-Unis; New York, Ohio, Pennsylvanie, Maryland, Indiana, Virginie Occidentale, Kentucky, Virginie, Caroline du Nord et du Sud, Georgie, Alabama et Tennessee. Mes coups de cœur sont la Virginie Occidentale et la côte Atlantique de la Nouvelle Écosse.
J'ai acquis une expérience enrichissante sur la route et suis en mesure de mieux vivre la solitude en ayant couper les ponts de ma vie professionnelle. J'ai trouver ma voie qui a toujours été présente mais latente. Je me sens privilégier et de plus en plus et conscient de faire parti d'un tout, d'un ensemble vivant autonome et heureux de l'être. Bienheureuse retraite ! Bien des projets de voyages d'aventures similaires mijotent lentement pour les prochaines années. Ce cheminement est une quête d'absolu, d'une liberté sincère et retrouvée. Une partie de moi est nomade, j'en ai la conviction. Parfois je regarde tout autour fixant l'horizon et nul endroit ne mérite que je m'y attarde trop sauf dans ma ville natale pour me reposer et faire le point dans une routine bienveillante. Je suis ce pèlerin de passage. En voyageant en vanlife mon esprit atteind une lucidité inégalée en me reconnaissant ou découvrant davantage une personne nouvelle. En voyageant tel le pilote d'avion qui observe le monde vu du ciel, je vois l'action des hommes parfois troublante, avec plus de détachement et de recul comme je le fais pour moi-même. Les rôles et identités que j'ai porté se disolvent, je suis un courant d'air comme nous tous en étant conscient que mon détachement s'effectue sereinement mais que rien n'est acquis. Les moments de sérénité sont rares et mérités lorsqu'ils s'annoncent.
Nos vies suivent des chemins tortueux, aux carrefours certains décident de rebrousser chemin par peur ou ignorance. C'est à ce moment qu'on peut décider de grandir ou de mourir. J'ai choisi délibérément à la mi-trentaine le jeu et j'ai gagner ma vie avec fierté ce qui m'a donné une raison d'être et de sincères motivations offrant par ricochet service à ma communauté. Mission accomplie j'en suis fier. Aucun choix ne sont faciles mais ne pas en faire en stagnant est encore plus difficile. Chaque journée qui passe est remplie de messages et de symboles pour m'indiquer le chemin que seul moi-même j'ai le pouvoir de déchiffrer. Être attentif comme un guerrier pacifique permet de survivre à soi-même, d'être sa propre lumière.
7-8 août| Lac Ste Anne, Réserve Faunique des Chic-Chocs | Capucins, Fleuve St Laurent, Gaspésie
Dimanche matin calme sur la 132, petit yoga tôt au réveil. La Gaspésie est un monde de mers et montagnes, les villages sont tous jolis mais la 132 est une route trop achalandée et rapide qui n'offre pas la quiétude de la mer et du séjour selon moi. Arrêt à Petite Vallée à la Maison de la Chanson pour la sieste, lunch et visite de Mont St Pierre et St Louis. Ensuite à Ste Anne-des-Monts je bifurque vers le Parc National de la Gaspésie. Petit arrêt au Gîte du Mont Albert pour me rappeler de nombreux souvenirs à titre de guide de randonnée. J'ai grimpé tous les sommets du parc avec des groupes, le mont Jacques Cartier à plus de 1,270 mètres le plus haut du Québec méridional après le mont Iberville dans le Nouveau-Québec. Les monts Joseph Fortin, Champs-de-Mars, Richardson, Hog's Back, Blanche Lamontagne, Xalibu, Pics de l'Aube et du Brûlé, Lac aux Américains, Olivine, Ernest Lavigne et Ménard sans oublier le fameux mont Logan au départ de la Réserve Faunique de Matane et retour par la ZEC Cap Chat. Ce dernier est le plus difficile avec ses 19 kilomètres de montée soutenue que personne ne fait dans ce sens en une journée et qui fait parti des mes trophées au Québec. Au mont Logan les randonneurs manquaient d'eau dans cette montée caniculaire et plusieurs commençaient à paniquer lorsqu'au sommet nous vinrent le minibus qui nous attendait pour la descente.
Les montagnes effectuées dans la Réserve Faunique de Matane en groupe en campant à l'Étang-la-Truite sont Nicol Albert, Mont Blanc, Collins, Mattawees et Fortin. Il me restait les Monts Vallières-de-St-Réal dans la Réserve Faunique des Chic-Chocs à effectuer pour fermer la boucle qui est probablement l'une des plus belles avec ses sept sommets d'une longueur totale de treize kilomètres aller-retour. Le plus haut point est 940 mètres et le dénivelé positif total est 1150 mètres en six heures effectuées. La vue est complètement malade et représente l'une des plus belle randonnée à faire au Québec. Mais elle est assez difficile cette randonnée, peut-être la montagne ou l'âge où un peu des deux. La moitié de ceux qui la gravissent ne se rendent qu'au premier sommet. Il est vrai qu'après avoir pêcher sur les quais et marcher sur les plages des Maritimes pendant un mois je manquait légèrement de tonus.
À l'époque où la popularité des randonnées au Québec débutait, j'étais responsable de groupes de randonneurs pour Vert l'Aventure Plein Air, micro-entreprise que j'ai fondée en 1994 et qui fut très populaire jusqu'à la récente pandémie. Dans les bons souvenirs conservés, Pâques en raquettes dans les Chic-Chocs étaient de mes meilleurs. Je réservais les petits chalets à côté du Gîte du Mont Albert et dépassions largement la capacité d'accueil dans chacun d'entres-eux. Les groupes parfois était constitué de vingt-quatre randonneurs. Je prenais les portes à l'intérieur des chalets pour faire des rallonges au tables pour les repas et je prenais soin de tout replacer au retour. Les gens étaient aviser que les derniers inscrits dormaient au sol et nous terminons ce séjour de trois nuits avec le copieux brunch du lundi de Pâques incluant le sauna au gîte. Aujourd'hui les tarifs ne sont plus les mêmes et c'est devenu un endroit très touristique.
À ce moment internet n'existait pas et aucun clubs de plein air n'offraient des sorties à part le club de l'Université Laval qui proposait quelques sorties hors piste. Par la suite cette engouement pour le hors piste est devenu ma passion malgré le désespoir de plusieurs randonneurs qui n'avaient pas d'autres clubs avec qui marcher. Faire de la randonnée dans les sentiers tracés pendant mes 27 années de guide d'aventures m'aurais emmerder au point de perdre mon enthousiasme et mon intérêt. J'aimais offrir une expérience aux gens mais je ne voulais pas non plus me négliger dans une routine inintéressante. Ce soir je campe entre le petit cimetière et le fleuve aux Capucins près de Cap Chat sur le fleuve St Laurent après une journée comblée.
6 août | L'Anse-au-Griffon, Parc National Forillon, Golfe Saint Laurent, Gaspésie
Je n'ai pas eu à débourser les frais d'entrée pour me baigner dans les eaux glaciales de la chute de la rivière au Émeraude, ni pour dormir dans le stationnement désert en pleine forêt. La rivière est d'une transparence et d'une couleur effarante. Les touristes arrivent que je quitte les lieux. Ensuite j'ai marché une douzaine de kilomètres sur la magnifique plage entre Coin-du-Banc et Barachois près de Percé. La mer en Gaspésie est de loin plus belle et claire qu'au Nouveau Brunswick. Sur chaques parcelles de sable ou îlots en Gaspésie il y a des touristes s'y accrochant tels des mouettes sur leurs rochers. Coin-du-Banc est de loin la plus belle plage en Gaspésie avec ses cinq kilomètres et peu de monde ici considérant la beauté du site avec la vue sur l'île Bonaventure et du Rocher Percé au loin. Pas d'infrastructures touristiques à cet endroit, le paradis. C'est la première fois que je marche aussi longtemps sur une plage. Des gens font du kayak un peu partout dans les anses. J'en ai fait beaucoup pendant quelques années mais ma témérité sur l'eau a falli me coûter la vie à de nombreuses reprises tels sur le fleuve amazonien Napo en Équateur, sur les îles du Maine dans l'Atlantique Nord en face de Stonington, au Costa Rica dans le Pacifique à Dominical, dans les Caraïbes à Cahuita, dans Portneuf sur la rivière Ste Anne, dans la Réserve Faunique des Laurentides et ailleurs que j'ai décidé de passer à autre chose.
Arrêt une fois de plus dans une poissonnerie et la route se poursuit vers Gaspé, première ville du Canada où Jacques Cartier a planté sa croix en 1534 qui n'existe plus d'ailleurs. Les artisans-tailleurs de pierres de Rivière-à-Pierre dans Portneuf ont fabriqués la plus grosse croix en granit au Canada en l'honneur du 400ème anniversaire du pays. Ensuite la route sillonne la luxuriante forêt du Parc National Forillon pour me déposer au phare de Cap-aux-Rosiers devant le Cap Bon-Ami à la pointe de la péninsule. En 1970 quelques 225 familles ont été expropriées pour la création du parc. Je campe ce soir sur la plage de L'Anse-au-Griffon dans le Parc National Forillon, il fait toujours beau et chaud, je suis heureux de mes découvertes.
5 août| Parc Municipal de la Rivière Émeraude, Coin-du-Banc, Bridgeville-de-Percé, Gaspésie
Ce qui surprend lorsqu'on entre au Québec par Campbellton au Nouveau Brunswick ce sont les Appalaches, massif montagneux qui débute au sud des USA et qui se termine en Gaspésie. Les deux principales villes touristiques importantes ayant des sites naturels exceptionnels du côté de la Baie des Chaleurs sont Carleton-sur-Mer et Percé. Il y a beaucoup de services et d'installations touristiques de tout genre en Gaspésie. Selon moi ce qui rend l'expérience moins convaincante c'est la route 132 avec son lot de voitures incessant sur le bord de la mer, on dirait le boulevard Chomedey à Laval à certains moments. Carleton-sur-Mer au pied des monts St Joseph et Carleton est un site remarquable mais inondée de touristes l'été ainsi qu'à Percé.
Au Québec la disponibilité des produits alimentaires dans les restaurants et les épiceries de bonnes qualités est hautement supérieurs que dans les provinces et états anglophones. J'ai particulièrement apprécié le site de Percé et le Parc National de l'Île Bonaventure et du Rocher Percé. En autostop j'y étais allé vers l'âge de 16 ans, je ne me souvenais plus de rien. Le Rocher Percé est l'emblème du Québec avec le Château Frontenac au même titre que les chutes du Niagara sont celles du Canada. La promenade à Percé a été reconstruite en 2018 à cause de multiples tempêtes et l'ensemble est tout à fait magnifique au pied du mont Joli. Il y a beaucoup de touristes à l'image de Tadoussac mais ça se prend bien au bout de cette route interminable. Percé autrefois attirait des immenses bancs de morues.
Ce soir je campe dans le stationnement du Parc de la Rivière Émeraude de Coin-du-Banc à Bridgeville-de-Percé. En réalité son véritable nom est la rivière du Portage. Le sentier de la rivière du Portage fait 21 kilomètres. Je serai l'un des premiers à me baigner demain matin au pied de sa chute d'une couleur incroyable, tout aussi belle que la rivière Bonaventure. Cette dernière je l'avais déjà descendu en canot lors d'un séjour en groupe que j'avais organisé en séjournant au fameux camping de Cime Aventure. L'endroit que j'ai le plus fréquenté dans la péninsule gaspésienne est le Parc National de la Gaspésie et les Chic-Chocs. Le timming est parfait pour les rivières d'eau douce les deux prochaines journées s'annoncent caniculaires.
4 août| Turcotte Brook, Escuminac, Baie des Chaleurs, Gaspésie
J'ai quitté les moustiques de l'île-aux-Foins pour aller marcher quelques kilomètres sur Tracadie Beach et la plage à Goulet longue de cinq kilomètres. Chez les Acadiens des provinces maritimes, le 15 août est marqué chaque année par le Tintamarre, une grande fête où les gens se rassemblent pour traverser leur communauté en produisant un grand bruit collectif avec des instruments improvisés, exprimant ainsi leur fierté acadienne. Les villages de la péninsule acadienne sont fièrement décorés de drapeaux et de décorations aux couleurs nationales. J'ai traversé Tracadie, Shippagan et Lamèque sans grand enthousiasme, peu d'aventures envisageables dans ces contrées à mon goût. La configuration des routes et du littoral au Nouveau Brunswick est très différentes de celle de la Nouvelle-Écosse qui en fait une expérience moins intéressante. En plus la couleur de l'eau brunâtre ou rougeâtre par les courants sont franchement moins inspirants que sur la côte Atlantique de la Nouvelle Écosse. Les Acadiens comme les québécois ont le pied pesant et semblent pressés sur les routes. J'avais le projet en apportant mon vélo d'en faire sur la véloroute de la péninsule acadienne. Au printemps après avoir fait du cyclotourisme en Virginie Occidentale, au Kentucky et dans les Appalaches, l'inspiration n'était pas au rendez-vous. Le plus haut sommet des Maritimes est le mont Carleton au Nouveau Brunswick à 820 mètres. Situé dans le parc provincial du mont Carleton j'ai eu la chance de le parcourir à titre de guide. Nous étions une quinzaine de randonneurs et nous avons pratiqué le cri primal au camping sauvage de groupe, tout comme nous, bien entendu dans un secteur du parc où il n'y avait personne.
Ensuite Bathurst, Dalhousie et Campbellton des villes pas très belles pour finalement traverser le pont vers la péninsule gaspésienne au Québec dans la Baie des Chaleurs à Pointe Ste Croix. C'est de cet endroit que la rivière Restigouche et Matapédia rejoint la Baie des Chaleurs Les amérindiens attendent les passants pour leurs offrir, tout comme à Oka, une panoplie de produits de la contrebande. Je n'ai pas aimé le Nouveau Brunswick, j'y étais déjà aller dans ma jeune vingtaine et c'est fort probable causé par mon manque d'intérêt que je n'avais conservé aucun souvenirs. Ce soir je campe dans un endroit paisible dans la Baie des Chaleurs à Turcotte Brook d'Escuminac. Le site magnifique est à côté des falaises rouges du parc national de Miguasha. C'est le lieu naturel où se retrouvent une quantité de fossiles impressionnantes. Ce soir au menu, maquereau, saumon fumé, bourgot et baguette fraîche.3 août| Parc de l'Île-aux-Foins, Neguac, Baie de Miramichi, Péninsule Acadienne, Nouveau Brunswick
À cinq heures du matin au quai du Cape Tormentine, une francophone qui parlait très fort sans arrêt avec une anglophone démontrait davantage son intérêt à s'entendre parler que par le poisson à ce point que j'ai déplacé la van plus loin. J'ai ensuite pris la route après une longue matinée à dormir au vent qui soufflait très fort. Direction Cap Pelé, Shédiac, Bouctouche, Richibouctou et Miramichi.
J'ai roulé sans trop m'arrêter car je trouvais les endroits inintéressants. Beaucoup de circulation et de touristes à Cap Pelé car c'est près de Moncton, les gens viennent ici à la plage en famille. Rien d'absolument nouveau et convaincant de ce côté après avoir traversé la Nouvelle-Écosse. Aucun dépaysement, des parcs de grosses roulottes entassées comme des sardines et un aspect de déjà vu à certains endroits. Les arbres deviennent de plus en plus petits en remontant au nord et il y a beaucoup d'industries forestières. La pêche aux homards débute demain, les pêcheurs sont nerveux sur les quais. Ce soir je campe dans un bel endroit même très beau au parc de l'île-aux-Foins à Neguac dans la baie de Miramichi sur la péninsule acadienne. Il y a des maringouins comme j'en ai pas vu à ce jour de ce côté assez pour éviter d'aller dehors.
En général il fait plus chaud au Nouveau Brunswick qu'en Nouvelle-Écosse, l'eau sur le rivage est brunâtre avec des algues. Ce fut une belle journée sèche et ensoleillée, j'aime conduire, sinon je n'avalerais pas tous ces kilomètres. J'ai lu sur internet que beaucoup de gens sont décédés au Kentucky à cause des inondations, des endroits que j'ai passé à quelques dizaines de kilomètres au printemps.
2 août | Cape Tormentine, Cumberland Strait, Nouveau Brunswick
Deux nuits passées à Cape Chignecto, ce matin pluie légère j'ai décidé d'aller marcher sur le sentier d'Eatonville à Seal Cove. Ce fut très chaud, humide et abrupte sans aucuns points de vue mais la forêt était abondante et silencieuse. Ensuite je suis aller marcher sur Three Sisters Trail. Une dizaine de kilomètres au total et la pluie est arrivée en même temps que je terminais. Ensuite une longue route en van vers Amherst et le Nouveau Brunswick précisément à l'ancien quai du ferry pour l'Île du Prince Édouard à Cape Tormentine. Le quai est dans un triste état mais je retrouve des pêcheurs et je vois le pont de la Confédération pour traverser à l'Île du Prince Édouard. Le site est superbe, quelques maquereaux sur ma ligne, je les remets à l'eau, ils ont encore le temps de grandir.
Heureux je suis de camper à nouveau sur les quais car ils étaient inexistants dans la baie de Fundy. Mon coup de coeur en Nouvelle-Écosse fut la côte Atlantique et de loin surtout entre Halifax et Shelburne. Le côté de Fundy Bay j'ai moins aimé surtout la portion du Cape Chignecto ce matin qui était désolante et austère. Faut pas avoir trop de journées de pluie consécutives, les Maritimes sous la flotte longtemps ça doit pas être rigolo. Je n'aime vraiment pas les chemins de terre, la suite en Acadie devrait être joyeuse comme les gens. La Côte Est sera plus estivale et festive car je serai avec les francophones.
1er août | Pudsey Point, Eatonville, Cape Chignecto, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Journée de repos à Cape Chignecto sur Pudsey Point à Eatonville dans Fundy Bay. Le parc provincial de Cape Chignecto est le plus grand et le plus sauvage parc côtier de la Nouvelle Écosse. Il est possible de marcher cinquante-cinq kilomètres le long de Cape Chignecto à partir de Red Rocks à West Advocate Harbour jusqu'à Eatonville qui est abandonné aujourd'hui. À la pointe du parc par un long chemin de terre on arrive à Three Sisters. Je marche le long de la plage sauvage, je reprends mon souffle car demain je vais marcher plus profondément dans ce parc splendide.
J'ai dormi dans la fraîcheur et la brume aujourd'hui, j'ai lu Paul Auster dans "Zone Intérieure", un auteur d'une grande sensibilité que j'aime beaucoup. La lecture m'est indispensable pour voyager en vanlife. Conduire et ne pas savoir où je vais m'arrêter le soir venu me stimule beaucoup. En Acadie je ferai le plein de bouquins usagés. Il est des endroits où voyager à chaque saison. Je ne serai pas toujours parti mais j'envisage les Maritimes et la côte est américaine en juillet et août. Les moments passés actuellement sont très réconfortants ne supportant pas les grandes chaleurs ou vivre à l'air climatisé. Si l'on choisi le sud à l'hiver alors pourquoi supporter les grandes chaleurs en ville l'été? Je ne déteste pas les grands froids ou les grandes chaleurs mais leurs durées prolongées me répugnent. Les amérindiens se déplaçaient en fonction de leurs besoins. Alors pourquoi m'encrer impitoyablement dans un lieu indifférent à part d'être celui qui m'a vu naître si ce n'est que de passage à l'occasion pour me reposer dans mon modeste logis et préparer ma prochaine aventure. En quinze mois j'aurai vécu en vanlife sept mois et la retraite commence à peine. Les bons vents me dicteront la direction.
31 juillet | Pudsey Point, Eatonville, Cape Chignecto, Fundy Bay, Nouvelle-Écosse
Des renards ou ratons laveurs ont marchés sur la van cette nuit. J'ai fait une quinzaine de kilomètres dans différents parcs en débutant par Five Islands Provincial Park, Parrsboro Beach, Spencers Island, Cape d'Or et Cape Chignecto Provincial Park. Une rafale de beaux endroits spectaculaires plongeant au coeur de Fundy Bay. Très peu de touristes, c'est tant mieux. Je campe à Cape Chignecto dans un endroit isolé sur une grande plage déserte accessible par un long chemin de terre où le coucher de soleil plonge dans la mer. C'est fantastique de trouver en grand nombre ces endroits en bordure de mer et toujours ce vent rafraîchissant. La Nouvelle Écosse est bien pourvue de parcs côtiers. C'est mon second voyage que je passe en autant de temps près de plages différentes après l'archipel d'Hawaii où j'y avait passé quatre mois à mes dix-huit ans. Les marées de Fundy Bay sont incroyables, à la marée basse les gens s'y retrouvent avec des sceaux et des râteaux pour pêcher des coques enfouies sous le sable. Parfois de gros party ont lieu, les coques sont bouillies dans une grosse marmite sur la plage et on y mets de la bière dans l'eau et aussi dans le gosier. Je campe sur Pudsey Point à Eatonville, la plage est complétement déserte et c'est le premier endroit du genre depuis mon départ.
30 juillet | Five Islands Provincial Park, Minas Basin, Nouvelle Écosse
Ce soir je suis sans bruit, sans lumières ni étoiles, sans le fracas de la mer ni des gens. Ce soir je reconnais en moi le goût des lieux hors du commun, des sentiers non tracés hors de la foule, des autoroutes, des personnages bruyants et des ignares. Le silence rythme mon élan pour comprendre où est ma place dans le monde. Je reconnais en moi les rumeurs du passé, le beau et les instincts. Les choses inanimées rien de cela n'existent tant que mon regard s'exerce loin de la banalité et de la laideur qu'on a créér. Je fuis les campings, les lieux bondés, les carrefours bruyants, les ce qu'il faut faire ou penser. Les chemins de travers me guident dans une lumière incandescente vers un horizon qui ne cesse de m'interpeller. Mon paradis perdu est cet éden, cet idéal au bout de la route. Je sais qu'un lieu me reconnaîtra un jour et que je le reconnaisserai aussi. Je dois être patient et apprendre à mieux observer à l'extérieur et à l'intérieur de chaque chose en commençant par moi-même, ces derniers temps j'étais trop occupé à gagner ma vie. Perplexe. Les oiseaux près de la mer sont patients pour obtenir leurs substitances, la nature m'apprend davantage que n'importe quelle aliénation urbaine, commerciale ou médiatique. Les gens que je respectent le plus sont les gens qui ne s'entassent pas comme des imbéciles heureux en prenant le chemin de la liberté. Je n'ai pas choisi le lieu de ma naissance mais peut-être celui de ma résurrection ou de ma mort.
Randonnée pédestre de six kilomètres ce matin à Blomidon Provincial Park. La seule place qui mérite mon attention est le site du centre d'accueil avec sa vue sur Minas Basin ou la Baie des Mines en français. On y a trouvé beaucoup de cuivre dans la baie. La randonnée comme hier s'effectue qu'en forêt et si je séjourne dans les Maritimes c'est pour profiter de la mer sinon je resterais à Québec. Aussi c'est très humide et inconfortable en plein bois. Je me dirige ensuite à Wolfsville, probablement la ville qui possède le plus de produits alimentaires frais agricoles et de la mer. Il y a ici une panoplie de restaurants, de microbrasseries, de kiosques à fruits et de vignobles que partout ailleurs dans la province. C'est le départ d'Annapolis Valley vers l'est qui regorge de ressources alimentaires comme nulle part ailleurs dans les Maritimes. Viens ensuite le site historique de Grand Pré qui fait parti du patrimoine mondial de l'UNESCO. Ici vivaient les premiers acadiens en Amérique. Ils étaient fort courageux et débrouillards de trouver ce paradis et d'y vivre. Avant la conquête britannique des incursions belliqueuses des américains avaient lieu souvent.
Plus tard des guerres entre américains, français et britanniques se multipliaient pour la possession du territoire. Les américains ne voulaient pas payer les taxes à la Reine et voulaient conserver leurs indépendances. Les acadiens restaient neutres dans ces conflits ce que les britanniques n'aimaient guère car ils voulaient qu'ils prêtent allégeance à sa majesté la Reine et se battent contre les français. Lors du refus c'est à ce moment que débuta la Grande Déportation en 1755. Grand Pré est un territoire d'une grande richesse naturelle qui a été conquis par la mer par des digues et il faut s'imaginer un instant l'environnement en 1680 lorsque les premières 50 familles sont parties de La Rochelle en France pour colonisé ce territoire sauvage du Nouveau Monde.
Par la suite musique rock à fond et chocolat noir sur une longue et jolie route tranquille qui se nomme Glosscap Trail en l'honneur d'un géant et héros mythique amérindien mais inintéressante jusqu'à Five Islands Provincial Park où je passe la nuit incognito comme d'habitude. J'éprouve depuis longtemps le goût d'écrire des récits d'aventures. Mon père Paul-Henri Lacourcière originaire de St Victor-de-Beauce, fut journaliste agricole et mon oncle Damase Potvin, qui fut membre fondateur de la Société St Jean Baptiste, écrivit de nombreux récits romancés tels "le roman d'un roman", histoire de l'auteur de Maria Chapdelaine au Lac St Jean et "les îles du Saint Laurent", pour ne nommer que ceux-là et qui fut très souvent cités en faculté de littérature des universités québécoises pour la précision de ses références.
29 juillet| Blomidon Provincial Park, Minas Basin, Nouvelle Écosse
Pluie intense toute la nuit, au matin j'ai traversé en van Annapolis Valley, je comprends pourquoi cette vallée fut l'objet d'intenses guerres entre français et anglais. Cette vallée riche, fertile et luxuriante longue de 55 kilomètres est la plus belle et unique du genre dans les maritimes. J'ai pris l'occasion de faire le plein de fruits et légumes frais. L'Acadie compte aujourd'hui 300,000 acadiens dans les Maritimes, en Nouvelle Angleterre et en Louisiane et se nomment les cadiens dans cet ancien territoire français. Les acadiens sont métissés avec les amérindiens de même que les québécois car il n'y avait pas de femmes sur les premiers navires en provenance de France. Des alliances et des affinités étaient choses communes entre eux.
Ensuite je suis aller marcher une quinzaine de kilomètres à Cap Split Provincial Park entre Fundy Bay et Minas Basin. Le nom Fundy proviendrait peut-être du nom de Split qui en anglais signifie fendu et qui en le déformant devient Fundy. L'extrémité du Cap Split est spectaculaire mais la randonnée pour s'y rendre de vaut pas les quinze kilomètres. Plus loin dans Minas Basin, la a continuation de Fundy Bay je me retrouve dans Blomidon Provincial Park qui est spectaculaire et la vue époustouflante. Je dors juste à la sortie du parc pour être demain matin prêt à débuter la randonnée pédestre sur Upper Jodrey Trail.
28 juillet| Margaretsville, Annapolis Valley, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Visite d'Annapolis Royal, ancienne capitale britannique de la province avant Halifax. C'est une ville historique fondée par les français en 1604 qui abrite le Fort Anne, le plus ancien lieu historique canadien. De nombreuses batailles ont eu lieu à cette endroit ainsi qu'à Port Royal le village à côté. Les Acadiens étaient présents dans cette région et furent déportés, leurs maisons et fermes incendiées. Lorsque plus tard ils ont été autorisés à retourner sur leurs terres, ils n'ont pas acceptés laissant le territoire anglophone. La vallée de la rivière Annapolis possède un micro-climat où poussent les prunes, poires, vergers et vignobles. Étant située entre deux chaînes de montagnes et protégés du froid et des vents cette vallée est très prospère et c'est pour cette raison qu'elle était convoitée. Il n'y a plus d'Acadiens maintenant. Annapolis Royal est magnifique, son emplacement en fait un arrêt incontournable. Ce soir je campe à côté du phare de Margaretsville dans la Baie de Fundy. La vue est exceptionnelle avec les falaises rouges qui s'étendent au loin bordées par la plage de roches.
L’Acadie qui, en langue mi'kmaw, veut dire terre fertile ou d’abondance. L'Acadie est une nation et une colonisation de français en Amérique du Nord et non un pays. Sa capitale culturelle de nos jours est Caraquet. Le rouge représente les souffrances du peuple martyr, le blanc, l'innocence des mœurs que le peuple acadien doit s'efforcer de conserver, et le bleu, sa foi dans l'avenir, dans la survivance. L'étoile dorée témoigne à tous les peuples la dévotion des Acadiens envers Marie. Cette étoile en fait est plus ancienne et est adoptée par plusieurs communautés dans le monde. Il y a environ un million d'habitants en Nouvelle Écosse et la province ayant la plus grande densité au Canada. La distance totale d'un bout à l'autre est environ 700 kilomètres de Yarmouth à Sydney. La province est une presqu'île car il y a un isthme entre la province et le Nouveau Brunswick. À titre comparatif Cuba fait environ 1,000 kilomètres.
27 juillet | Trout Cove, Digby Necks, Fundy Bay, Nouvelle Écosse
Ce que j'aime le plus c'est dormir sur les quais, parfois je me lève tard. Ce matin après ma promenade sur la plage de Port Maitland je suis entré dans Évangeline Trail à travers le pays acadien néo-écossais. Le poème d’Henry Wadsworth Longfellow, Évangéline est un conte d’Acadie qui fut publié pour la première fois en 1847. Presque immédiatement après sa publication, le poème obtient une popularité mondiale. Des millions de personnes ont été attirées par l'histoire d'un jeune couple acadien, Évangéline Bellefontaine et Gabriel Lajeunesse, qui furent séparés par les événements de la Déportation.
C'est agréable de faire du road trip le long de la mer en traversant des jolis villages en écoutant de la musique acadienne à la radio. Un mélange country francophone et populaire qui ne parle que d'amour et de chérie. Il y a plusieurs poissonneries, boulangeries et restaurants le long du comté de Clare davantage que du côté anglophone. Un pêcheur me disait que la pêche n'est plus ce qu'elle était car trop commerciale et industrialisée. En Acadie néo-écossaise les maisons sont simples et l'ambiance est très différente que chez les anglais. Je ne comprends pas tous les expressions, c'est du "franglais". Les communautés francophones et anglophones sont plus mélangées qu'auparavant. La soupe francophone un jour va se diluée à force d'être minoritaire.
Je suis à Digby Necks and Islands Scenic Drive au village côtier de Trout Cove entre Baie Ste Marie et la Baie de Fundy. C'est de Digby à quelques dizaines de kilomètres d'ici que le traversier se rend à St Jean au Nouveau Brunswick en traversant la baie de Fundy. De Digby Necks à East Ferry il y a un traversier pour Long et Brier Islands. Il y a toujours quelques choses à découvrir en vanlife. Je me suis acheté des fruits de mer, du hareng fumé et des filets de morue pour manger au coucher de soleil sur le quai avec du riz et des fèves vertes. Je suis complément seul. Une livre de crevettes est 5$ et une demie livre de maquereaux fumés 5$. Parfois j'achète du saumon fumé à mettre sur des bagels. Depuis mon départ les poissons font parti presque intégralement de mes repas quotidiens. Ce soir à la marée montante j'ai pris vingt-six "pollocks" qui signifie goberge en français.
26 juillet | Port Maitland, Golfe du Maine, Nouvelle-Écosse
Grosses orages électriques à The Hawk cette nuit au bout de la péninsule mais le soleil était présent au matin. Cette nuit était ma dernière du côté des grosses vagues de l'Atlantique. En route ensuite vers Yarmouth et son port d'où le traversier part vers Bar Harbor dans le Maine. J'ai rencontré un acadien fort sympathique qui m'a donné quelques renseignements pertinents. Pour ma van et moi-même il en coûterait environ 325$ mais ma prochaine destination est Baie Ste Marie, la porte des acadiens néo-écossais. Une nouvelle étape débute avec des découvertes différentes. Je suis installé sur le quai de Port Maitland dans le golfe du Maine. Il y a 9,000 acadiens à Baie Ste Marie et 90 pourcent sont francophones. Je souhaite à compter de demain tenter des conversations en français, j'ai bien hâte et rare sont les occasions à l'extérieur du Québec. Baie Ste Marie longue de 55 kilomètres est située dans la baie de Fundy où l'on retrouve les plus grandes marées au monde à plus de seize mètres. Ce soir dans le golfe du Maine, je suis au meilleur endroit de mon voyage pour admirer les couchers de soleil. ☀️
25 juillet | The Hawk, Cape Sable Island, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Promenade dans la brume épaisse et le froid au réveil sur Crescent Beach à Lockeport. Ensuite un arrêt laudraumat et épicerie au joli et ancien village acadien de Shelburne pour enfin atteindre ma destination pour la nuit à The Hawk sur Cape Sable Island. Je suis au bout de la pointe, il fait froid. Ne pas confondre la Réserve du Parc National de l'Île-de-Sable qui se retrouve à 170 kilomètres au large d'Halifax. L'île en forme de croissant et que l'on retrouve un véritable cimetière marin avec plus de 350 navires qui y sont échoués et des chevaux sauvages qui vivent en liberté. Il en coûte des milliers de dollars pour s'y rendre ce qui n'est pas dans mes plans pour le moment.
Je suis très discipliné concernant mon alimentation et mes dépenses. Dans les Maritimes l'alimentation est plus chère qu'au Québec. Je fais un entretien et un nettoyage rigoureux de la van et je fais du yoga et de l'exercice aux deux jours et de la marche tous les jours. Je ne mange pas de sucre, de fromage, peu ou pas de viandes rouges et peu de pain. Je ne vais pas dans les restaurants et ne paie jamais pour les campings. Je ne bois pas d'alcool et ne fume pas de cannabis ce qui réduit mes coûts. Ma van est économique sur l'essence et je peux dire que depuis juillet 2020, date d'acquisition de la van je commence à prendre mon deuxième souffle avec ce style de vie. L'important est d'avoir une routine quotidienne et un programme général. Ce mode de vie nomade me convient très bien et fera de ma retraite une étape de vie enrichissante. C'est plus stimulant que de rester chez moi en ville à éplucher des haricots, regarder les sottises à la télévision et voir des gens courir sans cesse qui ont toujours l'air fâcher.
24 juillet | Crescent Beach, Lockeport, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Journée mémorable aujourd'hui avec des images que je n'oublierai pas en débutant par Summersville Beach Provincial Park. Presque déserte cette plage de trois kilomètres est absolument fabuleuse. Ensuite je suis allé au Kejiimkujik Seaside National Park entre Port Joli et Port Mouton. Les Mi'kmaq y ont habités pendant 4,000 ans, c'est pur et sauvage. Le parc abrite des plages d'un sable blanc immaculé, des eaux turquoises, des tourbières et landes côtières, des fleurs et rosiers sauvages en abondance, un riche réseau de lagunes et plusieurs espèces animales. Sur le sentier j'ai aperçu à 200 mètres une grosse femelle ours avec deux petits, j'avais vu l'affiche indiquant leurs présences et j'avais apporté mon "bear spray". Je n'ai aperçu qu'une dizaine de randonneurs, cet endroit est d'une beauté remarquable, mieux que j'avais pu imaginé et je suis surpris par la beauté de la province. La plage est le lieu de reproduction des pluviers siffleurs et des zones sont fermées pour la randonnée. Je suis privilégié de pouvoir voyager de façon autonome en vanlife. Je dors où je veux et prépare mes repas, aucun restaurants ou cafés depuis le départ, j'éprouve du plaisir ainsi.
Ensuite je suis aller à West Head Point de Lockeport marcher sur la pointe, une randonnée de deux heures avec la mer de tous les côtés et les vents. J'écoutais en parti le vent et la chanson des Jim Morrison "this is the end" qui reflétait mon état d'esprit en roulant vers ce lieu. Complètement seul avec les oiseaux de mer et hors sentier la moitié du temps. Ce soir je surfe sur les vagues pour la nuit à Crescent Beach de Lockeport qui est un îlot relié par une grosse dune. Il vente très fort et mon "spot" est absolument malade. Le fou du village est venu me souhaiter la bienvenue en me disant qu'il s'ennuyait ici. Je lui ai dit de se trouver un vieux campeur et de partir à l'aventure, la santé peut-être bien reviendrait rapidement. Sur le sol de la van il y avait une dizaine de tiques mortes et quelques-unes sur moi. J'ai la peau coriace et il s'agit de s'en rendre compte rapidement qu'ils sont sur soi. Il existe 864 espèces de tiques dans le monde mais quatre seulement sont communes, elles font parti de la famille des araignées. Les tiques ne sont pas tous porteuses de la maladie de Lyme mais elle peuvent infecté en pondant leurs oeufs sous la peau. Jamais de ma vie j'ai camper sur des bords de mers sauvages ainsi et c'est grâce à Béa ma van que je peux vivre cette liberté ahurissante.
23 juillet| Hunts Point Beach, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Partout la canicule mais à Crescent Beach c'est frais, presque froid sur cette longue plage de cinq kilomètres. Une bonne marche dans le vent du large d'une dizaine kilomètres c'est magnifique. Le traversier m'y a amené de La Have. Un sable fin et dur où les autos peuvent circuler comme à Daytona Beach en Floride. Des petits campeurs y passent la nuit. Ce site est magnifique et peu achalandé considérant que c'est samedi. C'est un voyage magnifique en Nouvelle-Écosse que j'effectue. L'important comme dit Krisnarmurti dans "la première et dernière liberté" c'est d'être à soi-même sa propre lumière, son propre maître, son propre disciple. Mon second souffle est cette liberté à reconquérir, je crois réapprendre à ressentir la vie autrement ces temps-ci mais rien n'est acquis.
Ensuite à peine deux kilomètres plus loin c'est là que je retrouve la horde de baigneurs à Rissers Provincial Park Beach, je n'y ait resté le temps de prendre quelques photos. Plus loin je retrouve Beach Meadows, la plus belle d'entres toutes avec son sable fin. Un chapelet de plages paradisiaques dans des multiples baies invitent à la farniente toute la journée et il m'est difficile d'arrêter partout. On est loin en Nouvelle-Écosse des "shopping center, du luxurian resort, big hôtel et private condominiums". Tout est avec bon goût et simplicité. Pas de "fast food" partout comme aux USA, je suis ravi de mes découvertes dans cette province maritime, je suis comme un poisson dans l'eau, de plus mon signe est poisson et Mario signifie en latin étoile de la mer. Je suis en "bondooking" à Hunts Point Beach entre la plage et le quai, coucher de soleil inclus. J'ai pris l'habitude depuis mon départ de laver la van en fin d'après-midi, c'est bon pour le moral comme dit la chanson créole. Il y a quelques motels ici sur la plage et je peux imaginer les tarifs, je n'envie personne ces temps-ci et je me sens privilégié d'être un "nomadvan".
22 juillet | Kingsburg, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Promenade ce matin au réveil à Peggys Cove. L'endroit est très beau malgré les touristes. La toundra fait parti du paysage austère. L'histoire raconte que Peggy est montée sur un navire rejoindre son amoureux et que le bateau s'est brisé en mer. Les gens demandaient où est Peggy de répondre Peggys on the cove. Ensuite vers l'heure du lunch un shack à poissons vendait des "lobster rolls". Je regarde le prix mais en même temps je vois une boutique à côté vendant des accessoires de pêche. Je me dis que pour être autonome il faut savoir pêcher. Pour 5$ j'avais les appâts pour le maquereau. Plus loin à Fox Point Harbor et à Mill Cove je prends en une heure tout au plus sur les quais douze beaux maquereaux et un calmar. Une partie de ma pêche m'a servi de souper.
Ensuite je suis aller visiter l'historique et très touristique village de Lunenburg qui date de 1610. Ce fut la deuxième ville brittanique en Nouvelle-Écosse après Halifax et compte 2,500 habitants. L'architecture et le style de la ville est unique au Canada et l'une des plus ancienne. Elle abrite le célèbre voilier le Bluenose. À partir d'Halifax vers l'ouest il y a davantage de population et de commerces, c'est plus touristique mais de bon goût comme les néo-écossais. À partir d'Halifax vers l'ouest je vois beaucoup de voiliers et de phares. On appelle cette section "lighthouse route". Ce soir je campe sur les quais de Kingsburg près de Lunenburg. Il n'y a ici que des pêcheurs locaux et des phoques. Beaucoup d'églises de différentes confessions sont présentes car les pêcheurs priaient de revenir vivant de la mer. Tout est une pure merveille, la Nouvelle-Écosse c'est à découvrir, la qualité de vie est supérieure à bien des endroits et la pollution complètement absente. Les gens sont simples et fiers de leurs provinces et avec raison.
21 juillet | Peggys Cove, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
La nuit dernière avec les bruits du ressac de la marée et des vagues j'ai rêvé qu'une sirène de mer dormait à mes côtés, les vagues étant son respir. Toute la nuit ce songe étrange m'accompagna. Après le petit déjeuner je suis aller marcher sur la grande plage du parc provincial Lawrencetown Beach. Le parc est situé près d'Halifax où je me suis rendu après avoir admirer les vagues immenses de l'océan. Halifax la capitale de la Nouvelle-Écosse possède 400,000 habitants et est l'un des meilleurs ports naturels au monde et une porte importante pour l'Amérique du Nord. C'est aussi une base militaire britannique importante à l'époque contre les français. Halifax fut fondé par les brittaniques en 1759 pour rivaliser avec la forteresse française de Louisbourg au Cap Breton. Auparavant Halifax c'était l'Acadie et c'est de l'île Georges en face du port que fut déporté les premiers acadiens dont plusieurs milliers périrent. Le port est agréablement embelli avec restaurants et cafés. J'ai marché dans le centre-ville vers les jardins publics victoriens. De beaux quartiers de maisons victoriennes à l'ombre de grands arbres nous rappellent le passé britannique de la ville. Plusieurs habitants sont roux et blonds évoquant les descendants du nord de l'Angleterre et de l'Écosse.
La ville a une dimension humaine et l'étalement urbain ne ce pas encore fait sentir à cause de règlements municipaux antérieurs, ce qui ne devrait pas tarder car cette ville et la province ont beaucoup à offrir. Ensuite j'ai poursuivi ma route dans le brouillard pour m'installer à Peggys Cove afin de visiter le village et le fameux phare tôt demain en avant midi avant que la horde de touristes apparaissent. Ce phare est l'emblème des Maritimes, je ne voulais pas le rater. Je n'ai plus de plaisir en voyage à visiter des grandes villes préférant la nature et les petits villages. C'est la première fois que je vois des touristes en nombre depuis mon départ il y a une semaine. Un jour viendra que j'irai où il n'y en aura de moins en moins.
20 juillet | Pleasant Harbour, Atlantic Shore, Nouvelle-Écosse
Ce matin j'ai fait une délicieuse promenade sur la plage du parc provincial Tor Bay. De loin le plus bel endroit sauvage sur l'océan. La route entre le pont de l'île du Cap Breton jusqu'à Port Bickerton est complètement déserte, à peine si on trouve de l'essence et un petit dépanneur, aucune auberge ou camping sur environ 120 kilomètres de littoral qui se nomme Marine Drive sur l'Atlantic Shore. C'est complètement différent de la côte est, car ici je suis en face de l'océan et l'eau est glaciale alors qu'à l'est l'eau est relativement calme et assez chaude, l'île du Prince Édouard faisant effet de barrière contre l'océan. Le climat est beaucoup plus rude et je suis dans les forêts de conifères. C'est la grande nature et peu de gens vivent par ici sauf les pêcheurs. Les poissons à pêcher sur les quais sont généralement le maquereau et le sea bass. Ce dernier vit dans l'eau douce et salée et un pêcheur m'a montré à pêcher le maquereau. Je suis aller après au parc provincial Taylor Head qui est vraiment très beau. La Nouvelle-Écosse possède un littoral immense et mérite le détour pour son calme, sa nature sauvage et sa simplicité. Un peu plus loin je me suis installé pour la nuit à Pleasant Harbour. C'est une belle expérience dormir en vanlife sur le bord de l'océan, c'est ma première fois depuis les trois derniers étés que je le vit aussi intensément. J'apprends sans cesse comment vivre sur la route et sur moi-même. Cette liberté je la porte en moi et me fait renaître. La solitude est plus lourde dans les villes.
19 juillet | Tor Bay, Atlantic Eastern Shore, Nouvelle-Écosse
Près de la mer mon rythme devient plus lent. Ce matin après un copieux déjeuner j'ai marcher dans le crachin sur la plage de Cape Jack Beach, le vent et les odeurs sont divins. Je suis en face de l'Île du Cap Breton anciennement l'île Royale au régime français mais je n'y vais pas car j'y suis déjà aller pour prendre le traversier à Sydney pour Terre Neuve. J'y conduisais un minibus accompagnant quinze randonneurs pour deux semaines. Il n'y a qu'un seul pont qui relie l'île du Cap Breton vers la Nouvelle-Écosse et que deux routes entre le Nouveau Brunswick et la Nouvelle-Écosse, celle à Amherst sur l'autoroute et l'autre à Tidnish sur une route secondaire, celle que j'ai prise sur le littoral. La Grande Déportation des acadiens a débutée en Nouvelle-Écosse par les Britanniques de 1755 en 1763 lors des victoires contre les français. Les acadiens représentaient trop de pouvoir et leurs nombres étaient importants qu'ils en conclurent de les déporter. Plusieurs communautés acadiennes existent aujourd'hui en Nouvelle-Écosse mais ils ont perdus leur culture et leur langue, le gouvernement à une certaine époque ne dispensait pas de cours de français aux francophones.
De tout temps partout au Canada les français et acadiens ont coopérer davantage avec les amérindiens que l'ont fait les anglais et il y a eu beaucoup de métissages entre eux. L'île du Prince-Édouard s'est déjà appelé Isle St Jean mais les Britanniques voulaient un nom proprement anglais. Sur la côte près d'Antigonish où je me trouve c'était une région acadienne, j'ai discuté avec un acadien de souche, un Provencher qui possède une maison à Cape Jack Beach, il n'a plus que le nom de famille qui le lie à son passé. Mes plus beaux arrêts sur Cumberland Shore furent entre Lismore et Cape Jack Beach. J'ai une canne à pêche avec moi et j'ai commencé à pêcher sur les quais le long de la route. Je dois effectuer quelques achats pour pêcher dans l'océan afin de me trouver du poisson frais pour mes repas et je dois m'assurer d'attraper les bons. J'ai ouï-dire que le bass a une carapace redoutable pouvant blessé. Après la route du Cap Breton je bifurque vers la côte atlantique sur Eastern Shore. La température est beaucoup plus froide qu'à Cumberland Strait et il y a presque plus personne et de villages, ça sent la désolation du moins jusqu'à mon arrêt pour la nuit à Tor Bay sur un quai. Il a plu beaucoup et le brouillard est dense. Peu d'installations touristiques par ici seulement des villages de pêcheurs.
18 juillet | Cape Jack Beach, Cumberland Shore, Nouvelle-Écosse
Je préfère les Maritimes que l'île de Vancouver car les accès à la mer sont plus nombreux, les habitants plus chaleureux, le coût de la vie moindre et l'ambiance me plaît davantage. Je roule en van sur Sunrise Trail le long de Cumberland Shore. Ce matin j'ai quitté Lismore avec regret pour me diriger à Cap Georges Point. Il n'y a presque pas de circulation sur les routes malgré la période des vacances. Les accès à la mer sont pas évidents et faut pas attendre de voir des panneaux pour indiquer les lieux intéressants. À Cap Georges Point j'ai marché six kilomètres dans une cuisante chaleur dans des sentiers d'herbes coupées. Le phare de l'endroit est très beau. Au retour j'avais les jambes remplies de tiques. Je ne croyais pas en voir autant, je ne porterai plus de pantalons courts et aurai toujours mes bottes aux prochaines randonnées, c'est du sérieux.
Ensuite j'ai traversé de jolis villages de pêcheurs. À Cape Jack Beach, village acadien de la Nouvelle Écosse, j'ai bifurqué sur une route pavée qui c'est littéralement écroulée dans la mer par les vagues. La plage de deux kilomètres est presque déserte, quelques maisons dispersées, je m'installe pour la nuit dans un décor idyllique des Caraïbes où seul le vent et les vagues attisent mon attention. Un lieu comme ça fait pas être pressé, à rester quelques jours évidemment. J'ai une fois de plus sauter la clôture tout comme les centaines de fois durant mon travail de guide. Il fait chaud, nous sommes au coeur de l'été. La vie est douce en ce moment, j'apprivoise de plus en plus ma solitude. Je lis un livre bibliographique en ce moment de Christopher Knight, un ermite qui a passé seul dans les forêts du Maine sans aucuns contacts pendant vingt sept ans. Seul le journaliste qui a écrit le récit fut autoriser par Knight à écrire sa vie. Son village natal est Albion près d'Augusta. Cette lecture m'inspire et me fais prendre conscience des différents scénarios dont nous sommes les seuls maîtres.
17 juillet | Lismore, Cumberland Shore, Nouvelle-Écosse
À la frontière du Nouveau Brunswick et de la Nouvelle Écosse le terrain est très plat et en descendant au sud le relief s'accentue. La température est élevée mais ça paraît pas avec les vents de la mer. Il y a pas beaucoup de circulation et le beau temps dans les Maritimes est arrivé depuis une semaine. Tout est absolument magnifique et relaxant, c'est une destination parfaite comme toutes d'ailleurs pour le vanlife, il s'agit de trouver le bon moment et les bons endroits. J'ai marché dans Amherst Shore Provincial Park et me suis arrêté sur de nombreuses plages publiques le long de Cumberland Shore. Je suis dans un "spot" idyllique ce soir à Lismore. Il y a personne, la plage est très grande et déserte, je ne peux demander mieux. J'ai opté le quai pour dormir avec les pêcheurs qui me donnent des leçons de pêche, j'ai même trouver un beau couteau avec l'inscription Nova Scotia. Les quais je les adorent, c'est ici que les gens socialisent, c'est une tradition ancestrale remplie de simplicité. En juillet et août les maritimes sont incontournables afin d'éviter les grandes chaleurs ailleurs dans le "mainland". J'ai mangé du homard ce midi en Nouvelle-Écosse pour me souhaiter la bienvenue.
16 juillet | Northport, Cumberland Strait, Nouvelle-Écosse
Frédéricton est la capitale du Nouveau Brunswick et la seconde plus grande ville de la province après Moncton. Cette dernière possède 80,000 habitants, St Jean arrive troisième. Moncton est la capitale des acadiens, elle est fort jolie et dynamique. Son centre ville et les acadiens reflètent la vitalité et la bonne humeur. De l'autre côté de la rivière habitent les anglophones à Riverview. Ensuite j'ai filé en Nouvelle Écosse par Cumberland Shore en face de l'Île du Prince Édouard. Je suis en "bondooking" sur un quai abandonné à côté d'une petite plage à Northport dans le détroit de Cumberland. Des famille de pêcheurs arrivent en début de soirée, les néo-écossais ont la mer dans la peau. Deux journées de route m'ont pris pour me retrouver sur le bord de mer. Il y a beaucoup de terrains privés sur le bord de mer mais je suis tenace et débrouillard. Le ciel est bleu et la brise me rafraîchit dans ma nouvelle chaise longue pliante à l'ombre de la van sirotant des bières sans alcool. Mon défi cette fois-ci est de mieux m'alimenter qu'aux USA. Le voyage ce soir vient de débuter en prenant conscience que la destination n'est pas le plus important mais la route pour y arriver.
15 juillet | Meductic, Rivière St Jean, Nouveau Brunswick
Arrêt pour le lunch sur les rives du lac Pohégamook au Témiscouata pour ensuite filer au Nouveau Brunswick le long de la vallée de la rivière St Jean jusqu'au parc municipal de Meductic. "Free bondooking" comme toujours et magnifique coucher de soleil sur la rivière. Ça sent les résineux partout qui chauffent au soleil, les forêts denses du Maine sont juste à côté, quel bonheur cette nature et cette simplicité. En roulant j'écoutais une émission à la radio qui parlait des problèmes que les parents ont avec leurs enfants concernant l'utilisation des médias sociaux et internet. Plus de la moitié l'interdisent, d'autres l'autorisent et une partie essaie d'encadrer son utilisation qui n'est pas simple avec des règles et le contrôle parental. Comment des parents peuvent-ils restreindre internet si ceux-ci sont constamment en ligne? Les modèles parentaux sont-ils dignes de confiance ou dépassés pour la majorité? Les médias sociaux sont une véritable addiction et les jeunes s'y préparent à l'âge de six ans, il y a une effet d'entraînement qui ne peuvent résister. Si son utilisation n'est pas encadrée, il y aura des dérives et des futurs problèmes en santé mentale si ce n'est pas déjà fait pour des générations. Jamais de toute l'histoire de l'humanité les gens n'ont été confrontés à pareille situation et son utilisation est largement banalisée.
Depuis un mois j'ai pris la décision d'un changement majeur sur l'utilisation des communications et des technologies. J'ai interrompu internet à la maison et suspendu la télé de base six mois par année. Je ne regarde plus la télé ou très peu ayant mis une antenne numérique en captant trois canaux, c'est bien suffisant durant l'hiver quand je serai chez moi. J'écoute davantage la radio et la musique classique. Mon téléphone mobile possède 20G aux USA et 30G au Canada, pendant six mois par année j'ai un forfait Canada-USA. Je réussirai à économiser 800$ par année et serai de moins en moins influencer par toutes ces bêtises. Depuis la retraite je n'ai plus besoin du portable et d'une connexion à la maison, seul le téléphone suffit et au besoin je peux transmettre mes données mobiles sur le portable. Je lis davantage et j'apprécie beaucoup le silence, la ville n'aime pas le silence alors je vais le chercher où je peux en commençant chez moi. Sur la route j'évite les campings, ils sont souvent bruyants et pourquoi je paierai pour entendre du bruit et m'entasser comme des sardines afin de reproduire les gestes habituels de la ville. Le voyage n'est-il pas fait pour découvrir les différences, apprendre à se transformer par des expériences nouvelles adaptées à nous besoins actuels sinon ce n'est que du simple divertissement ?
14 juillet | Québec
Un jour on réalise que nous avons tous notre façade face aux autres pour se montrer à notre meilleur. Lorsque la vérité éclate, on peut tomber de haut. Des visages à deux faces, ne plus savoir vraiment qui on est, et ce qu’on aime, à force de se fondre aux idées des autres. Pourquoi garder des amis qui ne nous conviennent plus et entretenir un réseau d'amis absents et supervirtuels pour ne pas dire superficiels ? Ce texte je l'ai emprunté d'une amie qui écrit des critiques artistiques, il s'applique tout à fait à ce que je ressens. Je crois que des égos vont fondre dans les prochains temps, pour ma part demain je file en dissoudre un peu en "road trip" dans les Maritimes afin de me ressourcer et faire le plein de paysages marins, de randonnées et d'aventures. Un mois aura séparé mon retour des USA de mon prochain départ, je suis en train de redécouvrir mon rythme et acquérir de nouvelles expériences.
11 juillet | Québec
Hier soir je suis allé avec un copain de longue date voir un excellent spectacle de blues au festival d'été de Québec. Au retour sur la Grande-Allée en passant devant la légendaire discothèque du Dagobert je me suis rappelé de vieux souvenirs. Cette institution de la danse et de la drague pour les jeunes existe depuis fort longtemps. J'y ai travaillé pendant près de cinq ans lorsque j'avais 19 ans comme serveur. Des musiciens très souvent noirs de musique funky et discos des années 70 y faisaient fureur, les jeunes se bousculaient pour les voir et les entendre car il n'y avait aucuns noirs dans la vieille capitale à cette époque. Les costumes étaient éblouissants et la musique nous faisaient vibrer sur place. Avant le "Dag" la mode était aux chansonniers et aux piano-bars. En racontant toutes ces histoires à mon copain, je me suis rappelé ces lieux qui m'ont alimentés à un moment donné pendant des années et le fait de les identifiés me fait presque tourner la tête. C'était avant que les jeunes d'aujourd'hui passent leurs soirées devant leurs portables ou téléphones dans le sous-sol de leurs maisons à clavarder. Voici cette liste avec l'aide d'internet qui parfois a ses utilités. Le Cercle Électrique, le Gaulois, les Cents Ciel, l'Après-Onze, Monkey, Studio, Vogue, Cousin Germain, Café Campus, Corbusier, Balzac, Vendredi 13, le Foyer, Bar chez son Père, Fourmi Atomik, le d'Auteuil, Ainsi Soit-il, Merlin, l'Équinox, Liquor Store, Houblonnière, Shack Café, Quartier de Lune, le Créneau, Bar Élite, Nostradamus, le Shoeclaque, la Relève, Bar Arlequin, le Brandy, Pub le Turf, Liquid, Kashmir, Volks Brahaus, le Chaud Bar, le Palace, le Bavaroy, Table du Roi, Palladium, l'Ombre Jaune, le Figaro, Pub Corn, la Renaissance, la Limousine, le Dancing de l'Hôtel Loews du Concorde, la Gorgendière, Chez Alexandre, le Cactus, Zone, la Cousinière, l'Entremise, la Bourgeoise, la Grimace, la Girafe, Charlotte, Maurice, Rose-Marie, Raspoutine, le Beaugarte et le Dagobert. J'identifie tous ses lieux afin qu'il demeure dans mon esprit pour me rappeler la fougue et le désir qui m'animaient.
Aujourd'hui est une toute autre époque, c'était le bon temps disaient les vieux car nous étions obligé d'aller à la rencontre des autres, internet n'existait pas et le féministe non plus, Peut-être suis-je à mon tour ce p'tit vieux que j'ai tant malmené car il représente une forme d'autorité sourde et la manifestation d'une lenteur non désirée. Il y eu un temps où je ne croyais pas me rendre à 50 ans encore moins à 60 ans. Mon cœur demeure le même qu'à mes vingt ans parfois avec une certaine nostalgie, une plus grande lenteur assurément et l'amertume du temps qui passe.
Parfois je fais des rencontres fortuites et rarissimes tel Pargiano le Socrate des plaines qui, attire vers lui avec ses propos d'une grande ouverture et ses aventures colorées les gens d'un aura différent de la masse. Il y a Hermano, un latino-américain originaire de Miami, grand fan de Krisnarmurti, de David Bohm et de Georges Gurdjieff et qui possède une grande sensibilité du monde qui l'entoure. Je relis Nicolas Hulot dans "le Syndrome du Titanic", célèbre écologiste français. Il raconte que les gens sont de plus en plus confinés à l'intérieur de groupes ou réseaux fermés et hermétiques sinon en eux-mêmes, que les médias et technologies isolent et rabachent inlassablement et que de moins en moins de gens s'occupent de la planète et des communautés malgré les apparences. Il dit être près de ses racines et de ses fidèles amis mais qu'il a besoin de voir le monde pour s'enrichir. Le Titanic représente le monde dans le bouquin, coulera t-il à nouveau? J'aime côtoyer des gens qui sortent du moule, qui sont libres ou en recherche de le devenir dans un amour volontaire, non conditionnel, sans la peur d'être juger. J'aime ces gens qui n'ont pas honte de leurs opinions, du ridicule, j'aime ceux qui osent, qui doutent et qui savent prendre du recul pour réfléchir humblement sur la confusion qui règne sans verser dans le fatalisme. Tel un passager clandestin j'observe et je réfléchis dans l'ombre des grands éclats. J'éprouve des sentiments mitigés devant la vie en société dans son ensemble tel qu'établi sous ces formes conventionnelles et populaires. Mes attentes s'amenuisent davantage laissant place à cette formidable et inconstante lucidité au quotidien.
7 juillet | Québec
J'aurai dormi dans plusieurs cimetières au printemps dans le sud profond des USA. Les morts n'ont pas beaucoup de visites me disais-je et ils sont plus calmes et moins dangereux que les vivants qui ne cessent de s'agiter. Je n'y étais pas embêté. Ma surprise fut grande de constater que les morts ne sont pas oubliés là-bas par les fleurs et les visites qu'ils reçoivent particulièrement en campagne car en ville on n'a pas le temps pour les disparus, ce n'est pas une priorité la mémoire, on est trop occupé. Cela m'a frappé toutes ces fleurs et ces attentions portées aux défunts. Les traditions à la campagne et en région sont des qualités inaltérables qui reflètent les valeurs véritables. Les villes ont le devoir de tenter de trouver les moyens de renforcer l'esprit communautaire qui ne soient pas d'ordre pécuniaire et superficiel.
1er juillet | Québec
Deux semaines se sont écoulées depuis mon retour des USA. Auparavant lorsque je voyageais pour mon travail je n'étais pas enclin à ce décrochage submersif et intense comme je le fus à mon retour. Durant les derniers mois ne suffisant qu'à moi-même et privé des contacts et repères habituels, une transformation c'est accentuée et je prend conscience du peu d'intégration que je possède pour l'endroit qui m'a vu naître à mon retour. Mon intégration est composée d'un amalgame d'habitudes souvent incompréhensibles mais minimalement je dirai-je confortables. J'ai donné trop d'espace dans ma vie à des relations superficielles mais toutefois essentielles pour "gagner" mes croûtes. À mon retour, j'ai perdu le goût des médias d'informations, la télévision, la publicité sous toutes ses formes et l'actualité stérile, addictive et asservissante. La culture environnante est-elle en partie responsable ?
La ville m'apparaît axée excessivement sur le paraître, la compétition et l'individualisme, en cela mes difficultés d'intégration. De significatives communications dans un environnement davantage spirituel accroîtraient mes forces et motivations. Naviguer à contre-courant sans cesse est épuisant et il y a longtemps que j'ai cessé de vouloir changer le monde. Des rassembleurs d'étoiles disparaissent ainsi dans l'anonymat, dommage. Il m'est impossible d'obtenir toutes mes réponses pour le moment de façon objective. Le recul et la transformation sont davantage considérables lorsque le voyage est échelonné sur plusieurs mois et en solitaire. La ville où je suis né m'apparaît sous des angles différents et révélateurs. Parfois je me demande si mes perceptions sont raisonnables ou est-ce le fruit d'une trop grande solitude?
Le voyage dans les conditions excersées au printemps est sain pour ma part en me recentrant sur l'essentiel en repoussant mes limites et ma zone de confort. Les voyages d'aventures véritables ne sont pas toujours faciles, les inconforts nombreux et lourde est la solitude dans un pays étranger. Ici à Québec ce sont les idées, l'agitation, les multiples divertissements propres à la consommation, la routine complaisante et les gens qui suscitent l'attention. En voyage le quotidien revêt des réalités forts différentes en étant davantage attentif aux petites choses. Oiseaux, insectes, silence, vent, pluie et le regard porté sur l'environnement, le paysage et les gens vivant différemment que chez moi, tout revêt une couleur et une expérience hors du temps. Cela enrichit et développe mon regard et mon esprit.
Québec est rapide, ambitieuse, elle désire le changement rapide et disproportionné, les gens sont nerveux, stressés et absents d'une certaine façon. Plusieurs s'identifient par leurs rôles, leur travail et l'avoir. L'agitation prend racine autour de moi, trop à mon goût, peut-être est-ce mon âge qui agit en trame de fond et aussi le fait de vivre en ville dans une cité animée par le tourisme international qui amplifie ces perceptions. "L'esprit de solitude" de Jacqueline Kelen est un livre de chevet pour comprendre ce qui m'interpelle. Vendredi le 15 juillet je partirai à nouveau en vanlife cette fois vers la péninsule acadienne au Nouveau Brunswick, en Nouvelle Écosse dans les provinces maritimes et en Gaspésie. Je vais chercher la fraîcheur de la mer et le vent du large dans un rythme qui m'appartient dorénavant. À l'heure de ma retraite je recherche les climats favorables, les lieux paisibles tout en étant à l'écoute de ces expériences transcendantes. Je ne sais pas ou tout cela m'amènera mais une chose est certaine c'est que je suis dans le mouvement de la vie, celui de la liberté qui parfois ne sachant qu'en faire car sans amour partagé il n'est rien. Alors pourquoi ne pas commencer à m'aimer davantage et apprendre à être mon meilleur ami au lieu de chercher la reconnaissance dans le regard des autres. La sagesse qui s'émane frugalement à mon insue m'apparaît soudainement dans des moments insoupçonnés et incongrus.