Équinoxe


16 octobre |

À chaque nuit, je rêve. Parfois, je ne me souviens plus de rien au réveil. Il y a des rêves récurrents comme par exemple : je joue au volleyball en étant incapable de toucher le ballon alors que tous s'amusent. Dans bien des rêves, j'éprouve de la difficulté à trouver ma place. Faites-en les déductions comme bon vous semble. Je préfère de loin la philosophie à la psychologie, toutefois je ne tente plus de fuir les problèmes ou de les nier. En passant aux fenêtres des gens, beaucoup d'entre eux sont rivés sur leurs téléviseurs, et cela, souvent très tôt le matin, ce qui m'étonne. Je n'écoute que très rarement la télévision, préférant la musique, la radio ou la littérature, et ce, depuis plusieurs années. Même que depuis quelque temps, j'ai camouflé en partie le téléviseur par un nouveau fauteuil rétractable en voulant faire fi de ce bavardage à sens unique. Je n'ai jamais trop aimé les écoles, car on nous enseigne trop de détails insignifiants et superflus. J'apprends souvent davantage dans l'oisiveté. La véritable oisiveté exige du courage, de la patience et de la volonté. Accumuler de l'expérience est plus important que d'amasser des sensations fortes. Ma richesse réside maintenant dans le fait de ralentir et de savourer mes expériences. Le bonheur et la sérénité se manifestent lorsque mes passions lâchent prise, je peux, dans ce sens, en témoigner. Je n'ai plus à m'inquiéter de mes derniers coups, la partie d'échecs est terminée. Trouver un lien sur mes expériences vécues est une façon de donner un sens à ma vie. Si je ne suis pas le héros de ma propre histoire, qui pourrait bien l'être ? disait Charles Dickens. Il pensait peut-être qu'il s'agissait de puissances externes. Dickens n'a peut-être pas choisi sa vie, il l'a juste laissé lui arriver. Donner un sens à sa vie et le maintenir est notre plus grande préoccupation. Est-ce possible qu'en l'oubliant, ne serait-ce qu'un instant, le sens de notre vie réapparaisse soudainement ? Serait-il possible qu'en cessant de chercher, que les réponses se manifestent par elles-mêmes ? Comment la plupart d'entre nous se disent : quel sens dans tout ça ? Cela revient toujours à se poser cette question pour éviter de sombrer dans la folie et le désespoir. Je revois un ami d'enfance aujourd'hui. En le croisant, je réalise que je n'ai pas envie de revivre certains passages de mon passé. La conservation fut brève. Ce qui est bien en vieillissant, c'est qu'on sait davantage ce qu'on veut et ce qu'on ne veut plus. J'avais une certaine mélancolie en pensant à tous les gens qui m'ont côtoyé dans le fruit de mon travail et qui ont disparu dans le silence. Je commence à comprendre maintenant qu'il est mieux de laisser les fantômes entre eux. Ils furent d'extraordinaires expériences, car c'est de cela qu'il s'agit. À quoi bon remuer tout ce passé, si je peux, seul, retracer mon histoire, car c'est bien de cela qu'il s'agit, n'est-ce pas ? Lorsque je retroussais mes manches pour gagner ma vie, comme on dit si âprement, le temps n'était pas à ces réflexions. John Lennon disait que la vie, c'est ce qui nous arrive quand on est en train de philosopher sur son sens. Aristote disait que l'éducation est la meilleure prévoyance vieillesse, c'est-à-dire que penser philosophiquement et réfléchir aux grandes questions préparent à la vocation principale d'une vieillesse bien vécue. C'est grâce à mon intuition que je me suis maintenu vivant à vrai-dire. Mon instinct de survie irréductible a été mon meilleur ami, mes peurs, mes pires ennemies. Assis à ma fenêtre, je vois le ciel s'assombrir dans le soir, entraînant mes pensées. J'aime plus que tout ce moment de la journée où deux mondes se chevauchent : l'action et la contemplation. Le plus grand triomphe est le privilège d'être et d'avoir la conscience d'être. Comme j'aurais aimé vivre dans les jardins d'Épicure. Je dois décider éperdument choisir ce qui me rend heureux entre l'action ou l'oisiveté. Probablement un peu des deux, dirais-je. Autodidacte déclaré, mon sang a su s'y faire. Je me regarde ce soir, assis à la fenêtre, réfléchissant sur ce qui adviendra de moi et du monde dans lequel je vis. De toute évidence, je pense avoir encore du travail à accomplir en étalant au grand jour mon journal, mon fidèle compagnon. Pour y arriver, je devrai renoncer à mes années glorieuses sans toutefois les renier. Je dois m'appuyer sur mes expériences et ma mémoire pour vivre ce que j'ai à vivre, serein et conscient dans une lenteur autoproclamée. Ce texte n'aurait pas été possible sans Daniel Klein, qui m'a fortement inspiré dans sa balade avec Épicure sur l'île Hydra en mer Égée. Des nombreux pays visités, ceux qui m'ont le plus fasciné, l'Italie et la Grèce sont de ceux dont j'ai appris plus qu'aucun autre n'ont réussi à le faire. C'est dans ces deux pays que l'évocation de la civilisation porte en moi les plus grandes révélations sur l'humanité. J'y reviendrai au prochain chapitre ; présidentiel.


15 octobre |

Avec l'âge, j'ai davantage besoin de calme et de liberté. Avec l'âge, mon besoin est aussi de laisser le monde du commerce et des affaires derrière moi et de m'en libérer. Avec les années, il m'est plus facile de détecter les imposteurs, de quelque ordre qu'ils soient. En vieillissant, j'aime mieux permettre à ma matière grise de se consacrer à des sujets plus personnels et philosophiques tels que les études sur Platon ou Épicure, pour ne nommer que ceux-là. Être immergé dans le monde commercial et administratif limite l'esprit en la cantonnant à des pensées conventionnelles et acceptables. Il est difficile de conclure la moindre situation d'affaires pour méditer sur la relation de l'homme dans le cosmos, comme dit Daniel Klein dans sa balade avec Épicure. L'observation de Platon affirme que le grand âge est une période idéale pour se consacrer aux pensées philosophiques. La sagesse vient avec l'âge. Un cerveau plus lent est un cerveau plus sage, de là la nécessité de ralentir. Je lis de plus en plus lentement, ce qui m'aide considérablement à intégrer les textes. Je lis moins, mais je lis mieux. Avec la liberté acquise à la retraite, j'ai l'opportunité de lire et de penser à des choses et des sujets fascinants. Avec le temps, j'apprends à considérer les gens comme une fin en soi, plutôt que comme un moyen. Épicure considérait le silence comme la caractéristique principale de la véritable amitié. Aimer et être aimé renforce l'estime que j'ai de moi-même en anéantissant les sentiments de solitude et d'isolement. Cela me garde sain d'esprit. Au-delà de toutes nos histoires, le lien établi avec un autre humain est bien plus précieux, tout comme le chantait Nat King Cole dans Nature Boy. Ce n'est pas ce que nous avons, mais ce que nous apprécions qui constitue notre abondance. affirmait Épicure. Montaigne disait que l'amitié et les grandes conversations qui allaient avec étaient le plus grand plaisir auquel un homme eût accès. Le vieil homme se retrouve le plus souvent seul dans la vacuité de l'ennui qui, après la maladie et la mort, est sa plus grande crainte. La nouveauté ne sait que faire de l'homme qui s'ennuie, elle ne fait que retarder le problème, de là d'aller à la source comme dit le vieil adage. Je vois de plus en plus le côté dépassé de la nouveauté. Et plus les choses changent, plus elles se ressemblent. J'apprends de ma lecture que plus les gens sont hyperactifs et plus ces gens ont un seuil de tolérance à l'ennui le plus faible. Il m'est arrivé souvent de me sentir perdu et effrayé par le vide et par la perte de sens le reliant. C'est pourtant dans ces moments troublants que des réponses surviennent. C'est dans le chaos que la lumière surgira, comme si les opposés nous étaient nécessaires pour comprendre le monde et son contraire. Je n'ai jamais compris pourquoi les gens devaient travailler plus de quatre heures par jour. La raison est pourtant simple, c'est que l'homme n'est jamais satisfait de son sort et que ses ambitions sont plus grandes que sa réalité. L'homme qui a peur ne cesse de s'agiter pour oublier qu'il a peur en créant chez lui une illusion parfaite. Le système le sait bien et surtout ceux qui profitent d'eux. Ainsi va le monde jusqu'au jour où la retraite vient à sonner et où il n'y a plus de possibilités de fuir, de se fuir. Ce qui était remis à plus tard devient obsolète lorsque le temps est compté. La culpabilité récoltée de toujours remettre à demain les décisions importantes qui nous concernent devient à ce point douloureuse qu'il nous faut changer ou périr. Le culte de l'efficacité nous atteint tous jusqu'au jour où les souffrances deviennent trop vives. Se divertir est une noble cause, mais le plus important est de savoir comment se divertir. Le problème avec le travail, c'est qu'il sous-entend toujours l'atteinte d'un objectif en laissant en suspens bien d'autres facteurs dans le but de s'épanouir. C'est pourquoi quatre heures par jour à travailler dans le cadre actuel du mot travail seraient suffisantes pour se sentir libre et épanoui. Il serait important de préciser la définition du mot travail dans la poursuite de ma réflexion. Le travail peut être défini comme l'action de produire de la valeur, des biens et, ou des services à destination d'autrui. Le travail n'est pas seulement le travail rémunéré, mais l'activité productrice des travailleurs : il comprend ainsi le bénévolat et le travail domestique. On pourrait aussi nommer le travail sur soi qui est essentiel et qui devrait prendre la place qui lui revient. Si après de nombreuses taches professionnelles et personnelles, le temps devient limité pour soi-même, adviendra un déséquilibre qui sera fort contagieux à l'ensemble de soi-même, de ses proches, de la communauté et plus large encore, ce dont on réalise de plus en plus. Mon choix revient, pour mon épanouissement personnel et spirituel, au temps précieux à consacrer à l'introspection, à la contemplation et aux activités littéraires et philosophiques qui élèvent mes connaissances et ma conscience me rendant plus libre et heureux.


14 octobre |

Mais comment trouver sa place en amour sans se dissoudre ? L’amour ne se dilue pas, il demeure un concentré à l'état pur à l'intérieur de soi. Une rencontre suppose deux existences distinctes. L’amour n’est pas une fusion, mais une danse. Parfois on s’approche, parfois on s’éloigne, chacun gardant son pas, son rythme intérieur. Parfois j’ai peur d’être trop présent, de m’accrocher, parfois d'être trop distant. Mais peut-être que l’amour, justement, c’est cet art d’osciller. Est-ce là la vraie alchimie que de transformer la peur de se perdre, en joie de se rencontrer, encore et encore, dans l’espace vivant qui relie deux libertés ? L’autre n’est pas un refuge pour s’oublier, mais un miroir où l’on se découvre un peu plus. Alors oui, j’aime aimer intensément, tendrement, parfois maladroitement, mais je veux apprendre à aimer de façon plus consciente. À être moi, pleinement, parce que c’est là, je crois, que l’amour devient le plus vrai : quand il ne nous avale pas, mais nous révèle. Tôt ou tard, on doit se réconcilier avec un tas de choses qui sommeillent en soi. Il en est ainsi avec les gens devant lesquels on a fait souffrir sans vraiment le vouloir. Ces maladresses proviennent de dysfonctionnements émotionnels devant lesquels, inconsciemment, on abuse et dont on en vient à subir les conséquences. Tout le mal que l'on fait aux autres vient qu'à se retourner vers soi tôt ou tard. Si deux personnes se rencontrant ont tous les deux ces dysfonctionnements, cela encourt à une incompréhension désarmante et une douleur intense. Mon apprentissage, de toujours, s'est fait à la dure dans la rue avec comme seul soutien, moi-même. Après chaque chute, je reviens toujours plus fort, ce en quoi je suis résilient. Lorsque le moral est au plus bas, il ne peut faire par la suite que remonter. Ma sensibilité provient de ma nature intrinsèque en partie, de mes maladresses, de mes blessures et du manque de conscience et d'estime. Toutefois, rien n'est permanent, ni les souffrances ni les obstructions ni les ombres qui planent au-dessus de ma tête. À force de répéter les mêmes erreurs, je me demande si un jour je réussirai à m'ouvrir enfin les yeux afin d'éviter les mêmes pièges, les mêmes erreurs. Je devrai bien acquérir la force de pouvoir transformer ma bêtise en amour. Il ne suffit pas seulement d'ouvrir mes yeux, mais mon cœur. Cet élan doit être, en premier lieu, dirigé vers moi-même afin qu'une transformation puisse se réaliser. Qu'un peu d'amour dans la bonne direction et les forces de l'univers m'ouvriront la voie vers une relative paix. Il ne suffit qu'un peu de mon amour à mon égard pour que les forces créatrices aient raison de moi. L'intellectualisation n'est pas tout dans le paradoxe de la vie des hommes. La vie est à ce point si complexe que mon esprit ne pourra jamais comprendre tous les aspects de mon être. Deux mots résument le travail à faire pour accomplir mon destin, ces mot sont : équilibre et connaissance. En allant dans la bonne direction, des coïncidences surviendront afin de rassembler, comme ils se doivent, les pièces manquantes pour faire de moi un être accompli et resplendissant. Déjà, j'ai cette certitude que l'œuvre est quasiment prête pour vivre les meilleurs chapitres de mon existence. La question à me poser est-elle en lien avec la confiance et l'estime que j'ai de moi-même ? Si tel est le cas, comment faire pour les retrouver sans avoir à utiliser autrui pour y arriver ? Ces temps-ci je m'interroge fermement sur la mission que je dois accomplir à compter d'aujourd'hui, les tâches à effectuer, les gestes à répéter et ceux dont je dois m'abstenir. Quelle importance ont les autres pour que j'atteigne ma destinée ? Comment devrais-je savoir si je suis complètement dépendant ou si je suis en proie de guérir à cette folie meurtrière ? Tant de questions avec peu de réponses claires. C'est évident qu'il serait pire si j'évitais de me poser ces questions existentielles. Encore faut-il de pas tourner en boucle des questions. La réponse me semble dans le pouvoir de vivre une journée à la fois et surtout en équilibre de toute chose. Pourquoi Sartre dit-il que l'enfer c'est les autres ? C'est parce que les autres sont ce qu'il y a de plus important pour nous et que ce jugement est lourd à porter. Par le biais d'autrui, nous prenons conscience de notre propre existence. C'est par la médiation de leur regard et du sentiment de honte qui en émerge que nous réalisons les conséquences de nos actes. Dans un autre ordre d'idée, je réfléchis ces jours-ci à savoir différencier la critique et le jugement de valeur. La critique positive ou négative est en soi constructive. L'esprit critique est une attitude intellectuelle qui consiste à n'accepter pour vraie ou réelle aucune affirmation ou information sans l'examiner attentivement au moyen de la raison, sans se documenter à son sujet et sans la soumettre à l'épreuve de la démonstration. Par la présente, j'avoue avoir l'esprit et le sens critique dans mon intention et non pas toujours dans les faits. Un jugement de valeur est une évaluation subjective, une appréciation personnelle basée sur des opinions, des croyances ou des préférences, plutôt que sur des faits objectifs. Il exprime une opinion sur ce qui est bon ou mauvais, beau ou laid, et est souvent soumis à des influences sociales et personnelles. À la lumière de ces informations, j'avoue avoir eu la tentation de porter des jugements de valeur à maintes reprises. À la lumière de cette réflexion, j'avoue avoir pris conscience de ce réflexe malsain en interférant avec ma volonté d'accroître en sagesse. C'est en reconnaissant mes torts et mes faiblesses que déjà s'amorce les changements tant désirés pour atteindre une vie meilleure. Peut-être faut-il s'avouer vaincu pour obtenir une nouvelle chance, un nouveau départ ? 


11 octobre |

De jeunes américains dégustant de gros sandwichs sont surpris qu'un étranger leur adresse la parole sur une table dans la rue. Ils n'ont jamais connu ça à Los Angeles ni ailleurs dans les grandes villes. Même à Québec ça se fait rare. Je me suis fait intrusif, j'aime discuter avec les américains. Ils sont toujours polis mais très réservés. Les anglais aiment vivre dans un cadre rigide avec de la discipline et un code de conduite en évitant de trop nombreuses opinions sinon ils deviennent rapidement insécures. Je refuse de vivre si ce n'est que pour me regarder passer dans le temps. Toujours créer, toujours me sentir utile. Des fois, je crois que ça pourrait me tuer de me reposer et de ne rien faire. Je voudrais me trouver une manière d'exister au monde. Je ne suis plus drôle, je ne ris plus de mes propres conneries. J'ai gagné ma vie en divertissant, car je ne savais pas me divertir moi-même. En cessant de divertir les autres, j'ai commencé à m'ennuyer car c'est la seule chose que j'ai apprise pour aller vers les autres. Depuis, je ne peux pas me passer des livres. Au fait, j'en ai toujours possédé. J'ai besoin d'eux pour me donner une direction, une marche à suivre, de l'inspiration pour me créer, me recréer. Je suis mort mille fois. J'ai renais autant de fois, mais jamais dans la même atmosphère, dans le même esprit. Un clown change de métier, il ne fait plus rire personne. Il n'a pas changé, ce sont les autres qui changent. Je me retire du monde contre ma volonté, mais j'aime bien le raconter. Je ne veux plus du monde, je veux des amis. Je refuse le manque de sens, d'implication, du vide. Le vieux clown voudrait se dissocier de sa propre médiocrité. Il faut fuir le confort de la certitude, dit Michel Vézina. Je lui ai emprunté quelques phrases pour me donner de l'élan, seul c'est plus difficile. En reprenant quelques textes, je cesse de tourner en rond, ou bien mes cercles sont plus grands. C'est pour ça que je lis. Depuis qu'ils m'accompagnent, je n'ai plus de pages blanches. Je préfère les créations des gens à ce qu'ils sont. Savoir écrire exige de sortir de la marge, d'être cinglant quand il le faut et surtout d'être libre de ses propos. Écrire exige d'avoir du courage à chaque mot, à refaire le monde et se réinventer. Écrire est l'un des rares instant qui vibrent au moment présent. L'attention est vive et permet une totale libération qui ne cesse de s'agrandir par les mots. Par chance qu'on ça disait l'autre. Parfois, j'écris pour ne pas être dans le monde. Je suis las de me perdre dans ses explications et de les entendre. J'écris pour nommer, pour me nommer. J'écris pour créer, car c'est la seule façon qui me vaille. Parfois, je parle pour ne rien dire, seulement pour le plaisir de le faire. J'écris pour être de moins en moins au monde, pour éviter de devoir participer en temps réel à son spectacle et son mensonge. J'ai souvent rêvé de petits groupes rieurs, la nuit dans les bois, dans les villages et sur le bord des routes. Durant les dernières années, je n'y ai trouvé personne à part l'ombrage de moi-même. Je me tue, je me suis tué. Le clown est las d'attendre ces gens qui ont cessé de rire. Peut-être est-il simplement las de rire tout court. Si on rit ce n'est plus en chœur mais seul dans la glace. Oui, la glace. Des milliers de clowns ont pris la place. Ils sont seuls à rire avec eux-mêmes. La conclusion est que Michel Vézina n'a pas la vie facile. Il est devenu un clown troubadour bien triste. Pour de nombreux philosophes, l'oisiveté, qu'elle soit imposée ou volontaire, est l'un des plus grands privilèges de la vieillesse. Je ne sais pas si je suis vieux. Je crois que je l'ai toujours été, non pas par choix mais par attribution. Le culte moderne de l'efficacité a inhibé la gaieté. Épicure disait que celui qui s'efforce en permanence ne connait pas le repos. Mon esprit d'aventure ne sait pas se tarir. Les risques que j'encours aujourd'hui sont d'ordre philosophique et littéraires, dont je n'ai rien à perdre ni à craindre. Je dois, plus que jamais, attendre les bons moments, les bons endroits pour prendre les risques de m'exprimer publiquement car c'est devenu de nos jours un réel risque. Kierkegaard de dire : oser, c'est perdre l'équilibre un instant. Ne pas oser, c'est se perdre soi-même. Ken n'est rien sans Barbie jusqu'au jour où il se découvre dans son absence. Le choc est brutal pendant un instant. Il ne s'était jamais assumé comme un être à part entière. Ken redevient un homme libre et indépendant, ce qu'il n'a jamais été. Il s'habituera, comme on s'habitue à tout, même le chagrin. J'ai souvent de la misère à clore un chapitre le moment venu. La journée en ma compagnie fut douce et agréable. J'ai réussi à réconforter le petit enfant qui se retrouve en moi et qui a peur sans savoir pourquoi. Il y aura toujours des questions sans réponses, mais il y aura toujours ma présence pour me rassurer et m'apprécier. J'ai toujours su que nous étions deux à habiter ce corps. 


10 octobre |

Il n'y a pas de sujets qui ne puissent être discutés. Avant tout, il faut savoir reconnaître la nature de ses pensées avant de délibérer. Est-ce l'égo qui dicte mes mots, mes émotions, mon passé, mes intérêts, mes valeurs ou ma raison ? Ne pas laisser la parole à celui qui veut s'exprimer fait en sorte que les clivages s'accentuent entre groupes ou personnes interpellées. Les ateliers collectifs visant à aiguiser sa pensée devraient être obligatoires pour tous afin de donner de l'oxygène aux esprits. En n'offrant pas la parole à tous, un jour viendra que l'on nous empêchera de parler et que la société dans son ensemble se portera plus mal. C'est bien de cela qu'il s'agit aujourd'hui. La violence et la confusion proviennent, bien souvent, d'un problème de dialogue, d'introspection et de discernement. Les fausses croyances font en sorte d'embrouiller les esprits, qu'elles soient d'ordre culturel, sociétal ou religieux. La science établit la vérité sur des faits et qui, bien souvent sont incontestables. Pour le reste, la vérité est bien souvent en lien avec les perceptions, les expériences propres à chacun, aux émotions, aux croyances, aux valeurs. De ce côté, le dialogue doit toujours exister pour éviter les conflits. Les émotions ont leur place car sinon elles n'existeraient pas. Encore faut-il qu'elles ne pertubent pas l'esprit. Depuis quelque temps, j'ai compris un tas de choses sur les raisons d'un bon dialogue et d'une saine communication.  On doit toujours connaître ses véritables intentions dans tout bon dialogue et surtout avec soi-même. Socrate posait toujours quelques questions à ses interlocuteurs pour les amener à réfléchir sur leurs propres pensées. En aucun temps, il n'adressait des commentaires ou des opinions à son égard, le laissait lui-même s'embourber dans ses propres pensées. Il nous appartient et c'est notre devoir pour notre bien-être et ceux qui nous côtoient d'évoluer. C'est dans nos échanges avec les autres que notre propre pensée se reflète et s'agrandit. Soudainement les peurs se dissolvent, la confiance réapparaît et ce qui semblait impossible devient réalité. Si l'on trouve quelqu'un qui puisse être l'écho de sa propre voix, l'apprentissage sera accentué au centuple. Porter sa voix au sein d'un groupe d'échange permet d'ouvrir sa pensée à autre chose que la sienne et ainsi de permettre à l'humanité en soi de s'épanouir. Aussitôt la discussion établie, les barrières tombent et l'esprit se met à mieux respirer. Et pourtant, il ne s'agit pas de regarder trop loin ; un simple geste, une voix amical, un regard bienveillant et tout se met à danser. 


9 octobre |

Comme pour tant d’autres choses, on entend beaucoup de moi et presque plus de nous. Les seuls gagnants dans cette course folle au repli sur soi que sont les services de plus en plus déshumanisés sont ces dirigeants et les gestionnaires qui, au public comme au privé, se délectent des économies qu’ils font en larguant ce qu’il nous reste d’humanité dans nos rapports réduits à des échanges transactionnels. En tournant toujours autour de son moi, le nous finira par disparaître. Le petit moi viendra qu'à se replier dans un espace de plus en plus restreint et isolé. De moins en moins, j'entend ce nous qui, autrefois nous nourrissais, nous protégeais. Les choix purement financiers s'effectuent au détriment de la qualité des services et des relations humaines. Qu'adviendra-t-il de nous lorsque l'intelligence artificielle prendra de plus en plus de place dans la culture, la communication et les arts ? Serge Fiori posait une question proprement existentielle : où est allé tout ce monde qui avait quelque chose à raconter ? Oui où est allé tout ce monde ? Ce ne sera plus le facteur bientôt qui nous le dira. Et je pense à notre centenaire nationale, Janette Bertrand qui animait son émission : parler pour parler ou bien Janette veut savoir. On dirait que plus personne ne veut plus rien savoir à part d'entendre l'écho de sa propre voix et que les gens préfèrent parler dans leurs téléphones qu'auprès de ses voisins immédiats. Les gens heureux ne font pas les nouvelles. Ce qui fait la manchette, ce sont les problèmes, les crises, les menaces. Dans notre culture, nous apprenons à être critiques, à voir partout des manques et des pertes, à anticiper des déclins. Le pessimisme est intellectuellement valorisé et paraît plus raisonnable que l’optimisme. Voici l'ambiance généralisée de la belle province. Bientôt ce sera Brossard jusqu'à Chicoutimi, si continue. Déjà de Sept- ÎIes à Valleyfield, on a tout fait, mais vraiment tout ce qu'on a pu pour massacrer le paysage. Oui, bien sûr, ce n'est pas complètement gâché, mais attendez, les promoteurs, amis des élus, n'ont pas fini leur ouvrage. On dit souvent sans trop y penser que lire, c'est se réfugier hors du monde. Je pense exactement le contraire. Lire est un acte de liberté. De plus en plus, j'ai l'impression que la machine du monde marche sans moi. D'un autre côté, je suis logé, chauffé, nourri et c'est déjà pas mal. Tant de fois, je dénote un fossé entre mes pensées et la réalité. Trop souvent mes pensées tournent sur elles-mêmes jusqu'à m'épuisé. Je ne raconte peut-être que l'histoire d'un clown qui ne fait plus rire personne et qui tourne en rond. Je dois adopté un mantra rapidement qui aurait pour but d'enraciner dans mon esprit la confiance et la paix. Je dois laisser travailler mon subconscient plus souvent, car il est absent d'émotions qui m'empêchent de voir la clarté du ciel. Pourquoi je me sens aussi souvent dans l'obligation de toujours faire quelque chose, comme si je me projetais en avant, me désolant de celui qui est dans l'instant présent. Toujours devoir être en devenir, ça devient épuisant à la longue. Il y en a que ça fait leurs affaires de toujours vouloir qu'on s'animent, c'est bon pour les affaires et ça fait rouler l'économie.


8 octobre |

Car il faut que l'on en parle et que l'on réfléchisse sur la place que prendra l'intelligence artificielle dans nos vies. Je laisse ici toute la place à Miguel Benasayag, philosophe et chercheur en épistémologie, car il ne sera pas honnête de ma part de tenter d'écrire une thèse sur l'intelligence artificielle. Il y a une mission unidimensionnelle du cerveau. Il est certain que l'intelligence artificielle va rapidement dépasser plusieurs fonctions que le cerveau humain remplit en ce moment. Mais le problème, c’est que comparer le cerveau humain à une machine pousse à l’erreur. Les coachs sont l’expression visible d’un changement très grand qu’on est en train de vivre à travers cette nouvelle grande technologie numérique, mariée pour le moment au néolibéralisme. Certains pensent que la grande technologie est antagonique avec la liberté et l’émancipation. Je ne pense pas. Je pense que le problème, c’est que pour le moment, elle est entièrement capturée par le néolibéralisme. De nouveaux types de pouvoirs s’affirment, ce n’est plus un pouvoir de classe sociale sur une classe sociale, c’est un pouvoir d’un fonctionnement. On veut fonctionner parce qu’exister, c’est trop compliqué. Intuitivement, exister est contradictoire, il n’y a pas un objectif clair. Le chemin compte plus que l’objectif. En tant que fonctionnaire, tout est clair, tout est calculable. Les coachs sont un peu nos commissaires politiques, comme à l’époque du marxisme soviétique ou chinois. Les commissaires politiques jugeaient ce qui était correct dans la vie des citoyens par rapport aux dogmes en vigueur. Il y a deux types de nouveaux commissaires politiques aujourd’hui : les coachs et les conseillers bancaires. Ils se mêlent de notre vie, pourquoi on vit, ce qui est correct ou non. On vit dans une époque dans laquelle l’idéologie a gagné, l’idéologie qui t’explique pourquoi on se lève le matin, quand est-ce que notre journée a été réussie ou pas. Et au milieu de ça, il y a les conseillers de la banque et les coachs, qui sont les deux commissaires politiques d’une époque archi-idéologique. Il y a cette idée, dans la société de la performance, qu’on est insuffisants, qu’on n’est pas complets. On est finis, mais on n’est pas au maximum de notre potentiel. Comme l’idée reçue selon laquelle on utilise seulement 10 % de notre cerveau. Par ailleurs le moindre stimulus perturbe l’ensemble du cerveau. La théorie selon laquelle on doit toujours en faire plus provient de la pensée coloniale occidentale dans laquelle on doit être quelque chose qu’on n’est jamais. C’est le meilleur moyen de soumettre les personnes. Parce qu’on se vit comme incomplet, alors on cherche toujours où est son gourou, son chef. Nous nous épuisons à force de vouloir être aussi rapides que des machines. C’est une expérience assez folle qu’on fait tous. Plus on est en relation avec les machines, moins on a de temps et plus on est fatigués. La machine est en train de formater notre quotidien et notre tête, etc. Or, la machine a une temporalité linéaire, elle doit être rapide et performante, mais nous, non. Je ne sais pas si le monde algorithmique pourra être domestiqué un jour de la sorte. Tel qu’on l’utilise actuellement, il nous affaiblit. Ce formatage de l’humanité par la machine entraîne de la fatigue, des dépressions, des isolements. Plus on est dans cette communication virtuelle permanente, moins on est liés, moins il y a de transmission. Tout cela est très déstabilisant. D’un point de vue psychiatrique, il y a deux types de fatigue : celle due à cette temporalité rapide de la machine, et la fatigue typique du déprimé. Cette demande de performance permanente provoque un effet de dépression. Le problème avec l’algorithme, c’est qu’il a gagné tous les habitants de la planète, les plus pauvres, les plus riches, en très très peu de temps, et qu’en plus, il n’y a aucune variété. Les algorithmes sont les mêmes partout. Face à ce phénomène, le cerveau se trouve dans une sorte d’étonnement radical et ne peut qu’adopter les fonctionnements de la machine. La réaction du cerveau biologique est une sorte d’étonnement paralysant parce qu’il ne fait pas le poids, il ne va pas assez rapidement, il ne peut pas faire toutes les corrélations immédiatement. Cette sorte d’étonnement paralysant a comme conséquence d’adhérer au fonctionnement de la machine. Les risques physiologiques sont : une perte de puissance, la perte d’une pensée complexe, la perte d’une régulation des liens humains par la présence, parce que la virtualisation communicante permet des dérives très violentes. Ce niveau de virtualisation nous fait vivre dans un environnement social très dangereux. Le problème est là : plus on va vers le côté mathématisable du monde, plus on comprend de choses, mais plus on s’affaiblit dans la pratique. Il faut garder en tête que les représentations sont des représentations, elles ouvrent des possibles mais en enlèvent d’autres. Nous sommes dans une époque du divertissement : les séries, les réseaux sociaux, les loisirs, etc. Or, la diversion, d’un point de vue militaire, c’est de ne pas voir là où l’on va être attaqués. Dans la guérilla, trente minutes avant d’attaquer notre cible, on attaquait un autre lieu, pour que toutes les forces de répression se concentrent dessus. Si les adultes passent leur temps à se divertir, ils ne sont pas en train de regarder là où les choses se passent. C’est la responsabilité des adultes de comprendre que nous sommes face à un défi. Quand il y a un grand changement social, historique, il faut qu’une minorité de gens prenne conscience qu’il est en train de se passer quelque chose. Loin de toute technophobie stupide, ni fascination idiote, il faut que les enseignants, les chercheurs, les artistes, etc., commencent à questionner cette cohabitation avec les machines, avec responsabilité. C’est le début de chaque révolution. J'entends que les hommes doivent déjà se préparer, un de ces jours, à pouvoir lancer une attaque massive sur les grands serveurs et satellites, au cas où l'humanité serait menacée. Nous aurions alors une épouvantable crise économique. C'est parce que le néolibéralisme n'a pas de cœur et qu'une masse de prédateurs axés sur le pouvoir et l'argent voudraient dominer le monde qu'il est de notre obligation de mieux maitriser ces technologies avant qu'ils ne nous maitrisent et que le courant nous emporte, si c'est pas déjà fait. Je crois que l'intelligence artificielle serait un atout séduisant pour l'homme, mais sa capacité de la régulariser adéquatement au bien-être de tous les communs des mortels me semble utopique à l'heure actuelle. Trop de vecteurs m'indiquent que nous ne prenons pas la bonne direction et ce, depuis nos dépendances chroniques aux technologies. Le pire est que ces addictions perverses s'étendent aux enfants de plus en plus jeunes et qu'ils ne seront pas capables, dans un avenir rapproché, de faire les distinctions entre ce qui est bien ou mal pour eux. Pour terminer ce plaidoyer en faveur de la dignité des hommes, il deviendra de plus en plus nécessaire de s'informer avec des médias indépendants et libres qui sont une garantie nécessaire à une société libre et démocratique. Avez-vous remarqué que plus il y a de gens qui souffrent, plus le coût de la vie est élevé, plus les gens sont esclaves de leur travail et de la technologie, plus les profits des riches augmentent ?


7 octobre |

Sentir n'est pas possible si l'on sent aujourd'hui comme on a senti hier : sentir aujourd'hui la même chose qu'hier, cela n'est pas sentir, c'est se souvenir aujourd'hui de ce qu'on a ressenti hier, c'est être aujourd'hui le vivant cadavre de ce que fut hier la vie, désormais perdue disait Fernandoa Pessoa dans le livre de l'intranquilité. Les évènements qui nous arrivent, de quelque nature qu'ils soient, sont des expériences ayant pour objectif de nous ouvrir les yeux, de nous faire apprendre. Parfois, certains évènements sont plus douloureux afin que des changements profonds se réalisent en soi. Des questions subsistent toujours lorsqu'on est seul. En couple, elles sont multipliées par deux, sinon davantage. Ces questions bien souvent interviennent en lien avec les attentes, la liberté, la confusion sur des interprétations erronées et des distorsions de plusieurs nature. J'ai eu souvent qu'à ne penser qu'à moi-même pour survivre contre ma volonté, c'est bien de ça qu'il s'agit. En moi, des blessures profondes issues d'un passé révolu ont laissé des traces qui n'ont plus de raisons d'exister aujourd'hui. Certaines blessures, parfois lors d'événements soudains, ravivent ces douleurs. C'est ce qui se passe à travers mes relations intimes et interpersonnelles. Il est rare que j'écrive tôt le matin, mais je voulais écrire ces éclairs de lucidité avant qu'elles ne s'échappent. Malgré le fait que j'ai multiplié de nombreuses expériences, il y a des choses que je n'ai pas vécues, que je n'ai pas su intégré et comme d'ailleurs chez plusieurs d'entres-nous. Ces choses proviennent de la proximité et de l'intimité dans les relations affectives et interpersonnelles. Mes modèles parentaux et mon entourage, tôt dans la vie, m'ont cruellement manqué au point que j'ai eu de sévères difficultés à m'intégrer socialement. Je comprends très bien ce matin où j'en suis et cela m'attriste beaucoup d'être encore rendu là à mon âge respectable. Mon sentiment d'impuissance demeure mais pas tout à fait. Rien n'est jamais tout à fait insurmontable. Ma
Mon issue est le dialogue dans un lâcher prise unilatéral. Je dois toujours avancer, comme je l'ai toujours fait. Ce sera en respectant mes limites et en prenant quelques pas de recul que je réussirai à surmonter, ce que je crois à tort, l'impossible. Je suis un exemple parfait de la résilience, ce qui m'a permis d'avoir survécu à mes traumas. Ce qui m'est le plus douloureux, c'est d'être sévèrement rejeté ou blâmé. Combien de fois j'ai saboté mes élans au point d'être devenu l'ombre de moi-même ? Parfois, mon cœur clame son ouverture pour mieux respirer l'amour et la joie. Mes peurs apposent une brume opaque qui m'empêche de respirer librement. Elles ne s'enfuiront jamais, mais je devrai apprendre à vivre avec elles. Le bonheur et la joie ressentie proviennent de la connaissance de soi et le pouvoir d'atteindre l'équilibre. Il m'est impossible d'attendre d'être parfait pour interagir, de toute façon aucun homme n'est parfait.


6 octobre |

Responsabilités civiques et civiles, un peu des deux je m'accorde à penser que j'en possède. J'ai toujours eu à cœur une bonne communication entre citoyens. Soucieux de mon environnement immédiat, j'ai toujours cru que je possédais des valeurs en ce sens. J'ai contribué et continue de le faire à ma façon, selon mes limites et à mettre mon énergie au bien-être commun. Parfois, je ne sais comment faire, mais ce n'est pas par manque de volonté. Dans cette époque opaque, le son de la vie est devenu difficilement perceptible, puisque, dès qu’on l’entend, il arrive souvent qu’on veuille le monétiser, le monter en épingle faites de hashtags, et autres abonnements à des pages de toutes sortes, pour plus d’astuces. On peut faire payer l’accès aux marches en forêt, au souffle, au silence, à la beauté, en le détournant ainsi, ce son de la vie, pour en faire une occasion de nourrir l’industrie du bien-être. Alors qu’il est là, juste là, ce son, en soi, loin sous le niveau de la mer. Il nous arrive parfois que nos souffrances, mais aussi ces choses qui impliquent chacune une certaine prise de risque, un courage de vivre son existence et pas celle de cet autre à qui on voudrait tant ressembler. Il nous arrive par l’amour, la perte, et tout le champ des possibles qui loge entre les deux. L’époque est opaque parce qu’on appelle débat ce qui ressemble à des lynchages. Et parce qu’on évacue des mots chéris, tels que dignité, dialogue, respect, empathie, égalité, liberté, écoute, etc., de leur substance profonde, pour en faire des armes rhétoriques qu’on brandit dans des échanges qui n’en sont pas. Les mots me manquent en lisant ce texte tiré du Devoir. La conjecture actuelle permet à de nombreuses consciences de s'élever, à  d'autres de se rabaisser. Le contexte dans lequel nous nous déployons fait en sorte qu'il nous est impossible de rester indifférents devant l'absurde de nos existences. Les voix s'élèvent, silencieuses pour la plupart et douloureuses pour ceux qui subissent les aversions sociétales. Le temps est passé dans lequel, impassible, on rigolait de tout et de rien. La question demeure : qu'est-il possible de faire pour inverser le cours des choses ? La vie n'aime pas le vide. Le vide n'existe pas malgré les absences, les silences. Le premier geste est de s'occuper de soi avant tout. Si la tâche est trop ardue, allons à la rencontre de l'autre épisodiquement mais sinon patience, tout arrivera à point comme il est dit. Tous avons notre place dans cet amalgame que compose l'univers. Tous nos atomes s'entrechoquent sans cesse afin d'établir cette place inscrite dans un code qui est toujours en constante mutation. L'univers est un rapport de force infini afin que la vie établisse l'équilibre nécessaire et la faire évoluer. Mon pouvoir, parfois, résidera dans la patience, la contemplation et le repos. Il y a beaucoup de représentations mentales inutiles chez l'homme de même que tous les concepts contradictoires qu'il met en œuvre. Le problème de l'homme, c'est son besoin irrésistible de posséder de l'argent. Toutes nos existences sont basées sur cette recherche absurde comme s'il était impossible qu'il puisse exister un différent cadre pour évoluer. L'évolution de l'homme regresse bien souvent plutôt qu'elle ne progresse. Notre mode de vie en est la cause et, en deçà du mode de vie, c'est notre pensée qui fait défaut. Ça nous prendrait un choc immense pour repenser le monde, car l'homme n'a plus le pouvoir par lui-même de se transformer collectivement. Peut-être que le changement est déjà amorcé et qu'il est imperceptible à mes yeux. Là est la réponse à mes questions. Le monde n'a que faire de mon passage sur Terre, qui, somme toute, est très superficiel dans l'univers. C'est pour ça que je dis que mon pouvoir est très restreint pour voir s'amarrer les grands changements que je voudrais voir poindre de mon vivant. À cela, c'est à de bien petites choses qui semblent insignifiantes à première vue, que l'évolution s'effectue. Avant notre arrivée sur Terre, la planète devait être un paradis. Je crois que le paradis est utopique car la menace a toujours existe, peu importe les périodes et les contrées, pour la seule raison que nous sommes mortels. En réalité, ce n'est pas le paradis qui doit être recherché, mais plutôt l'adaptation à notre milieu de vie en tentant de l'améliorer, si possible. Combien de gens quittant leur pays pour en trouver un meilleur font fausse route aujourd'hui ? La fuite n'est pas toujours la bonne solution. Ce grand mouvement ne fera que déplacer le problème au lieu de l'enrayer. L'important est de prendre le mal par la racine et non le fuir ou le nier. Ce n'est qu'une journée à la fois que la beauté du monde pourra ressurgir. Ce n'est pas tant les idées qui me manquent que les émotions à gérer qui les traversent.


5 octobre |

Lors du dernier marathon, très peu de vieux culs comme moi y ont participé. Au gym, je suis devenu presque l'aîné, moi qui a pas si longtemps, resplendissait de jeunesse et de vitalité. C'est beau la relève. Les femmes sont beaucoup plus achevées que dans ma jeunesse. C'est pas étonnant de les voir dans des postes de cadres supérieurs et de professions qui, jadis étaient occupés par les hommes. Il y a des secteurs de la ville qui s'embellissent, d'autres moins. C'est dans les quartiers populaires que la beauté s'étayent au grand jour, et surtout, et surtout lorsque les grands arbres sont là. Ce n'est pas tant les commerces qui ravivent les rues, que la canopée qui l'a jonche. C'est très long d'embellir des secteurs mais moins aux promoteurs pour vampiriser le paysage de leurs gigantesques tours. Parfois, les gens en passant devant un espace vert, le nomme vacant, bien étrange ce terme pour décrire un jardin, un potager, un espace libre. J'aime les arbres, je ne pourrait pas me passer d'eux. Les secteurs de la ville qui sont sans arbres, sont des espaces morts. Pourquoi Brooklyn à New York est si jolie ? C'est en raison à cause des arbres qui remplissent, sur des kilomètres, le ciel en offrant de la beauté et de la fraîcheur. Les anglais l'ont bien compris, eux. J'ai embelli dans les derniers temps mon logis. Je viens de créer un nouvel espace avec presque rien. Ainsi, deux espaces en un sont déjà aménagés avec en prime de petits rideaux orientaux. Les voisins d'en face ont mis un fil de lumières blanches autour de leur balcon. J'aime beaucoup mon quartier. C'est le plus beau de la ville pour différentes raisons. Sa promiscuité d'un tas d'endroits utiles, culturels et récréatifs le rend fort attrayant. Mais c'est la présence de nombreux arbres dans une architecture soignée qui font la différence. Les mois d'été par contre, sont les moins agréables pour en raison de la chaleur et du fait de n'avoir pas d'un balcon associé à mon logement. Je peux tout faire à pied de chez moi, ou presque. Le réseau de transport en commun est très efficace dans mon secteur, au moment que j'entrepose mon véhicule à l'hiver. Je suis au milieu de deux bibliothèques municipales, de plusieurs librairies de livres neufs et usagés et du gym où je passe plusieurs heures par semaine à faire des pompes et du vélo. J'écris tout ceci pour me rappeler que je ne suis pas isolé. Beaucoup de gens, en réalité, m'envie de pouvoir y vivre. Mais l'une des raisons que j'aime le plus pour habiter le quartier Montcalm est de me retrouver à côté du parc des Champs-de-Bataille. À chaque jour qui passe, j'ai la chance de pouvoir y marcher. La présence d'un nouveau café à côté d'une magnifique fontaine dans le parc et des arbres centenaires font de l'endroit, un oasis dans la ville. Comment ai-je puis critiquer autant cette ville qui est mienne ? Qu'autant de visiteurs de par le monde entier nous visitent et nous envient le confirme. Depuis ma dernière chute, je tente, avec succès, de développer mon sentiment d'appartenance avec la cité qui m'a vu naître. Me promenant avec un ami aujourd'hui dans le bas de la ville près de la rivière, nous regardons les petites maisons à un ou plusieurs logements. Jadis, cette rivière était un véritable dépotoir, tout comme l'était certains secteurs de la basse ville. Devant celle où une vieille dame est assise, je discute. Elle me dit que je serais surpris d'apprendre combien nombreux sont les gens qui recherchent ce type de propriétés dans le secteur. Le coût des maisons et des logements dans la ville ont atteind des sommets. Les gens recherchent un endroit où vivre est synonyme de qualité de vie et, ce, à proximité des services. J'ai la nette impression d'être rendu à la fin d'un cycle. Il devient primordial de regarder le verre à moitié plein dorénavant, car effectivement il l'est. Seules mes facultés physiques pointeront vers le bas dans un avenir rapproché mais, bien entendu, la partie ne soit pas pour autant terminée. La suite sera bonne à condition de ne pas dépasser mes limites, les respectant et surtout savoir les reconnaître. Je dois m'équilibrer d'activités créatrices en compensation des robustes périples qui, il y a peu de temps encore à peine, exigeaient beaucoup de mon corps. J'ai toujours priorisé ce corps, qui vieillit plus rapidement que mon esprit maintenant. Je dois mettre en scène ma créativité pour m'amener là où il faut tout en continuant de m'épanouir. La lenteur, la contemplation, l'exercice soutenu et modéré dans une saine alimentation deviendront à coup sûr les moyens pour établir une connexion avec le meilleur de moi-même. Aujourd'hui, en revisitant certains lieux de mon enfance avec mon copain, je vis que les portes de la vieille église où j'ai fait ma petite communion étaient ouvertes. J'ai habité près d'une quinzaine d'années en face de ce temple dédié à Dieu sans vraiment l'avoir connu. Parfois, j'ai cru croire en lui en lui demandant de l'aide. La plupart du temps, il y eu un heureux dénouement, comme par miracle. L'église est toujours la même, comme pour me rassurer que certaines choses ne changent pas. J'espère qu'elle sera toujours là et que les portes s'ouvriront pour moi lorsque je passerai à nouveau par hasard. Que c'est beau les lumières sur le balcon de mes voisins dans l'immeuble d'en face. Peut-être le moment est venu pour que les choses viennent à moi sans toujours avoir besoin de m'exiler ou de faire trop d'efforts ? Peut-être que les bonnes personnes viendront qu'à me reconnaître à ma juste valeur ? Le préambule devra passer inévitablement par de grandes périodes de silences et de recueillement. Il est un temps pour chaque chose. Un temps pour mûrir, un temps pour chanter, un temps pour dormir, un temps pour aimer, un temps pour se dire, un temps pour partir. J'ai l'impression de tourner en boucle des phrases trop, faciles. En moi, un étrange et fort désir de bien dire, de bien écrire. À défaut de parler et de m'entendre, j'écris et je me raconte. C'est comme ça que je suis devenu mon meilleur ami. Il faudrait bien, pour y arriver ne pas trop vouloir exceller et laisser couler le flot des mots comme l'eau de la rivière. Parfois l'eau rencontre de la résistance mais parvient toujours à se frayer un chemin vers les mers de l'horizon infini. En réalité, le sujet n'est pas toujours ça qui importe. Seul importe l'action d'écrire à  ce stade tout comme le musicien qui fait ses notes dans le but de composer son oeuvre. Écrire me permet, plus qu'aucun autre moyen de communication, de me rapprocher de la seule vérité pouvant me libérer. Dans mon rêve la nuit dernière, j'accompagnais une amie dans une ville étrange, dans un étrange pays. C'était une ville de pures plaisirs et de divertissements qui n'étaient pas tout à fait mon genre par le fait qu'il m'est difficile de m'amuser comme le font tant de gens. J'ai une amie comme ça qui bouge sans cesse et qui aime tout de la vie. Elle est critique culturelle en portant sans cesse des lunettes roses. Serais-ce un masque ?C'est elle que j'accompagnais dans ce rêve flamboyant de festivités et de partages assez intenses. La plupart de mes rêves sont en lien aux voyages et aux gens qui m'ont accompagné. Parfois, des voyages d'une journée, parfois sur plusieurs semaines. Dans mes rêves, tous les gens s'amusent sauf moi. J'ai toujours pas compris comment faisait mon amie pour avoir tout le temps du plaisir, au point qu'elle me sois étrangère. De toute façon c'est pas important, cela la regarde. Tout le monde voit les choses ou interprètent les choses différemment et c'est bien ainsi. J'ai mis une petite table à mes côtés près de la fenêtre. De là j'aperçois le cerceau de lumière des voisins. La musique classique jailli de mon téléphone tout en écrivant dessus. C'est quand même un bel objet le téléphone quand on sait si prendre. De toute façon, je serai toujours addictif à quelque chose. C'est l'ennui excessif qui m'a rendu ainsi. Il est des choses que je peut changer, d'autres pas. La sagesse est d'en reconnaître la différence. Quelle confusion quand qui m'habite pour qu'à un certain moment je ne mette à écrire publiquement. Quel puissant vide qui m'a étreinds pour devoir écrire sans cesse depuis bientôt cinq ans presque chaque jour. Il eu un temps où que mon esprit se mette dans un tel désordre que je suis devenu d'écrire de que j'appelle créer. Se créer n'est-il pas la seule chose qui nous soient possible de faire ? Comment transformer le monde qui nous entoure si à la source ils nous est impossible de se créer ? Il ne s'agit pas de se transformer seulement pour le plaisir de le faire et dans le but de suivre la mode ou quelconque superficialité mais de se créer pour devenir un être authentique qui réponds au plus près de son essence même. Comment pourrais-je faire pour entrer dans la peau d'un personnage si je ne suis même pas capable d'entrer dans le mien ? La grande question pour moi qui se pose est comment faire pour réseauter, être en lien avec des gens, créer de nouvelles amitiés ? Évidemment la première chose est de bien se connaître et d'avoir de bonnes connaissances, des valeurs profondes et des intérêts réels en lien avec ma nature profonde. Si on me dit que je devrais savoir tout ça à mon âge que je répondrai qu'il n'y a pas d'âge pour apprendre. Le jour où je cesserai d'apprendre, c'est lorsque je serai mort. Quoi de plus valorisant que de tenter de percer les mystères de la vie et de la sienne en particulier. Ceci est un travail de chaque jour, du lever au coucher de soleil.


3 octobre |

Peut-être que la vacuité est quelque chose qu'on a trop hâte de divulguer. Cette phrase suggère que la tendance humaine est de vouloir résoudre ou masquer le vide par des constructions intellectuelles ou des croyances. L'être humain a tendance à projeter des modes d'existence qui ne correspondent pas à la réalité, créant ainsi des problèmes et de l'ignorance. La hâte de divulguer peut représenter cette tendance à combler le vide perçu par des interprétations, des dogmes ou des croyances. Au lieu d'accueillir l'absence de substance, on cherche à lui donner un contenu, une explication, ou à la remplir de sens, même si ce sens est illusoire. La phrase soulève un paradoxe : on veut divulguer quelque chose (la vacuité) qui, par définition, n'a pas de substance propre à être divulguée. C'est une quête de sens là où il y a l'absence de sens inhérent. En résumé, on veut divulguer (donner un contenu, une existence) quelque chose qui est par nature vide (sans substance propre), ce qui est une contradiction dans les termes et révèle une difficulté à accepter la nature fondamentale de la réalité telle qu'elle est. Notre esprit fait apparaître les choses de façons très confuses et étranges et nous croyons qu’elles sont ainsi. Ne pas savoir comment les choses existent ou en avoir une compréhension incorrecte ne peut pas coexister dans notre esprit avec une compréhension complètement correcte. Mais une fois que nous sommes pleinement persuadés qu’un certain mode d’existence de notre personne, des autres et des choses, correspond à la réalité, il devient impossible d’entretenir en même temps une compréhension incorrecte ou une méconnaissance à ce sujet. La vie ne m'ennuie pas car les paysages ne m'ennuient pas disait David Hockney. Comme ceci est vrai. J'aime discuter avec le jeune libraire près d'ici. Sa clientèle est imposante et volubile, tout comme lui. La formule très personnalisée dont il dispose dans son commerce artisanal est unique, tout comme lui. Parfois il me donne quelques livres, ce qui me réjouit. L'autre jour, il m'a demandé l'adresse du blogue, pour lui en avoir parlé. Plus tard, il me dit l'avoir consulté tout en m'offrant de bons commentaires. Cela m'a grandement touché. Cela demande beaucoup de courage et peu de pudeur pour me mettre à nu ainsi. Qu'aurais-je à cacher ? On a toujours intérêt à être authentique. Toutefois, certaines personnes ne méritent pas mes confidences, j'en conviens. Il m'est impossible d'être toujours sérieux. Malgré mes sarcasmes et mes parodies, je ne suis jamais vraiment joyeux. Il me viendrait jamais à l'idée de créer des personnages car je suis bien trop occupé avec moi-même et à construire le mien. La fiction ne m'intéresse pas, ni le roman. Toutefois, j'aime parler des gens que je rencontre sous forme de nouvelles et d'essais. Cette dernière est celle qui me va le plus. J'aime particulièrement les gens atypiques et non conventionnels. J'aime aussi les gens structurés, mais pas trop, car ils m'ennuient. L'amour n'existe pas si la peur est là. C'est pour cette raison que j'ai passé tant de temps seul. En réalité et malgré le fait que je crois m'affaiblir dans la solitude, il n'en est rien. Je reconnais que mon esprit est trop surchargé, comme si je n'acceptais pas le vide, tout en sachant très bien que le vide n'existe pas. Je devrais plutôt dire l'absence au lieu du vide. Depuis quelques semaines, j'apprends beaucoup à différents niveaux et surtout sur moi-même. Jamais de toute ma vie la culture n'a pris autant d'importance qu'en ce moment. J'aime me sentir structuré avec un minimum de routine. Cela me sécurise et m'empêche de trop ruminer. Dans Wikipédia, les ruminations soucieuses sont liées à des situations complexes ou conflictuelles, avec des difficultés à prendre du recul. Il y a aussi les ruminations de nature dépressive avec des pensées noires répétitives sur sa situation ou son avenir. Je crois ne pas être le seul de nos jours à ressentir de l'anxiété. C'est effectivement le mal du siècle avec la dépression qui découle d'un surplus d'anxiété et d'angoisse de vivre. Tel est l'étrange pouvoir du consentement, créer ou révéler un ordre dans le désordre apparent des choses, affirmait Martin Steffens. Aussi n'est-il pas faux de dire que le consentement fabrique de la liberté à partir de ce qui est subi. La contemplation et l'amour transcenderont mes peurs, j'en suis assuré. Pour ce faire, je dois n'être que l'observateur passif de mes pensées et de mes émotions.


2 octobre |

Le monde est là. Je sais qu'il est là. Parfois, j'ai de la misère à y croire vraiment. Chacun embourbé dans l'histoire de sa vie. Un enfant vient de naître, son premier souffle provient d'un miracle. En même temps, un vieillard meurt dans ce qui sera son dernier. Entre les deux, qu'est-ce que j'essaie de dire, de faire ? Ça dépend de moi seul. J'essaie de me déposer, de trouver un sens à ma vie dans un monde qui n'a pas de sens. J'ai beau hurler, bouger, esquisser, rien ne me quitte de cette angoisse à vivre. Jusqu'à présent, personne ne m'a dicté ma vie, je l'ai inventée tout seul, non pas sans difficultés. Je recherche toujours mon identité qui, à chaque jour, n'est plus la même. Le génie d'un homme, c'est de pouvoir gérer des idées contradictoires sans devenir fou disait Fitzgerald. Paul Auster de dire que nous sommes une métaphore du labyrinthe dans lequel nous évoluons tout le long de notre existence sans trop comprendre ce qui nous arrive vraiment. Puisque rien n'arrive comme prévu, c'est toujours à nous d'agir. Je suis tellement fatigué de toujours vouloir agir, même lorsque ce n'est pas nécessaire. Mon seul leitmotiv fut de tenir bon avec l'espoir d'atteindre la paix, la vérité, la sérénité. Parfois, j'y arrive le temps d'un soupir. Qui avait dit que le bonheur est durable ? J'ai toujours cru que je ne méritais pas l'amour. J'ai souvent porté un masque en exprimant de beaux jeux de mots pour y arriver. Ces fausses parades ne m'ont pas permis de prendre ma place, encore ai-je des doutes sur les mots utilisés. Aujourd'hui, je crois que l'idée d'une place à soi est illusoire car il n'y a rien de permanent. La sérénité s'est rarement approchée de moi. Je suis même à penser que je la faisais fuir. Balwin part de l'idée qu'on peut créer à partir de la souffrance. On ne peut changer tout ce qu'on affronte, mais on ne peut jamais changer ce qu'on affronte pas, disait-il. Toute vie est inexplicable. La pensée de l'homme l'est encore davantage. Il y a dans la vie de chaque homme des tournants où l'on change à jamais. J'ai réussi à vivre jusqu'à ce jour, ce qui résulte du miracle. Il y a des points de bascule où l'on s'immerge dans un univers inconnu, instable, souvent inquiétant. Les points de bascule peuvent aussi nous apprendre et à aimer. J'ai toujours traversé les eaux troubles seul, me redressant difficilement dans un corps de plus en plus lourd à chaque épreuve. Depuis les années 60, nous vivons de plus en plus dans des bulles, isolés et imperméables à ce qui nous entoure, reconnaît Joan Didion. Je valide cette affirmation. Jeune, je croyais que le monde s'améliorerait de jour en jour et qu'il en serait de même pour moi-même. Amère déception. Vous est-il venu à penser que vous viviez dans un monde parallèle ? Parfois, je me demande si je suis le seul à regarder le monde de cette façon si intensivement ? Rien ne m'échappe, mon regard suit chaque mouvement, chaque clignotement de l'œil, chaque brise. Parfois, je ne vois la réalité qu'à l'intérieur d'un filtre distordant, de là l'apparition de la souffrance. J'aimerais bien en dire autant sur ce que les gens ont à dire, mais je les entends très peu. Il est fort probable que je ne sais pas comment les retrouver, tellement tout est si rapide et sourd. J'entends davantage avec les yeux qu'avec les oreilles, tel est mon défaut, s'il en est un. Je ne sais que dire. Parfois, je m'étonne en discutant avec des gens concernés de voir les mêmes choses, les mêmes formes, les mêmes sentiments. Cela me rassure. Je crois au hasard. Je crois que si l'on développe une grande attention à soi-même, le hasard se manifeste pour nous envoyer des anges, des messages et surtout un répit sur lequel on peut surfer un moment. À bien y réfléchir, depuis quelque temps, le hasard a voulu que je rencontre les bonnes personnes. Le hasard provient de l'assemblage des énergies à vouloir se construire, à vouloir se rétablir, à  vouloir avancer, à vouloir s'arrêter.


1er octobre |

Il faut être en action car la vie n'est que mouvement. Je suis toujours à l'affût d'un moment de création, étant presque incapable de simplement me reposer. Plus je vieillis et plus je ressens l'urgence de vivre, surtout de vivre plus près de celui que je suis réellement. Toutefois, il m'arrive de ne plus savoir qui je suis, tellement mon esprit est éparpillé à tout azimut. Être un meilleur homme, c'est être plus conscient. Le devoir de toute société serait de pouvoir offrir à ses citoyens les moyens de se rencontrer et de discuter sur différents sujets. Offrir des rencontres basées sur les responsabilités civiques et civiles, la spiritualité, la philosophie et non pas sur les allégeances politiques et partisanes devraient être à l'ordre du jour. Mais ça ne rentre pas dans les profits immédiats des actionnaires. Remettre le citoyen au cœur du monde et lui laisser librement la parole est un geste de grande dignité qui peut sortir le monde de sa misère. Encore faut-il le désir d'agir en ce sens. Autour de moi, je ne vois qu'une immense masse silencieuse. Délaisser quelques heures par semaine le discours économique pour faire place dans la société à davantage d'humanité. Nous sommes entrés dans un cycle de décroissance et de transition qu'on le veuille ou non. Les partis politiques ne sont et ne seront jamais de grands réformateurs car leur principale raison d'exister est de faire des promesses qu'ils ne tiennent généralement pas et dans le but de se faire réélire en voulant garder le pouvoir et mettre en sécurité les petits amis à l'aide de privilèges. Moins on apporte du changement en politique et moins on risque de se faire réélire. Les révolutions et les grandes réformes sont généralement véhiculées par le peuple. Cesser de voir les gens comme des consommateurs mais plutôt comme des êtres avec qui partager, faire des projets communs. Redéfinir ensemble un monde meilleur où tous ont leur place. Réapprendre à s'aimer, à se parler, à s'unir et à comprendre la place qui nous revient à tous sans artifices, lucides et conscients. Apprendre à penser, à mieux réfléchir. Redonner la place à chacun dans la société en lui ouvrant les portes non pas par son statut, des contacts, son revenu, mais par le seul fait qu'il existe. Mes propos se rapprochent à un discours sur le vivre ensemble, sur la morale, les responsabilités et les devoirs que nous avons tous en venant au monde. Il nous est impossible de vivre sans des valeurs et des principes. Je me reconnais comme citoyen du monde avant tout et ancré dans la simplicité volontaire (pour ne pas dire involontaire  par la force des choses), humaniste, libre penseur, autodidacte, idéaliste. Mes valeurs sont libérales. Je ne suis ni nationaliste ni vagabond ni tricheur ni promoteur. Je suis un citoyen du monde, bien vivant et de passage et qui voudrait pouvoir faire avancer des choses en mettant de la beauté autour de moi. Mes attentes sont de moins en moins grandes envers qui ou quoi que ce soit. On ne peut vivre dans ce monde sans être en équilibre, et pourtant le monde est déséquilibré, ce qui ne nous facilite pas les choses. Le monde tel que nous le connaissons ne survivra que si nous l'aimons et le respectons comme il se doit. Il faut davantage écouter son cœur que le téléjournal. Il faut parler davantage avec les gens qu'avec son smartphone. Il faut parler à ses voisins, sourire aux passants, écouter les gens avant que leurs esprits soient trop submergés d'indifférence et de douleurs. L'argent n'offre pas tout. La dignité débute par la connaissance et de l'amour de soi et envers son prochain, d'une bonne gestion de ses émotions et d'une liberté sans conditions. Mon blogue est comme une bouteille à la mer. C'est mon leg qui veut témoigner de mon passage dans le monde des vivants. À qui veut bien m'entendre, si cela vous apporte un certain réconfort ou vérité sur vous-même, j'aurai réussi mon objectif, mais c'est avant tout pour me guérir et croître que je m'exécute ponctuellement depuis déjà bientôt cinq ans. Je m'étonne de l'attention qui est apportée à l'argent transporté par les camions blindés. Fusils à la main, les agents de liaison protègent les billets qui peuvent être imprimés en tout temps par des machines. Il en est de même pour les tableaux dans les musées munis de systèmes de sécurité importants. Je ne renie pas l'art, mais je constate que ces tableaux ont plus d'importance que la vie humaine. L'argent, le pouvoir, l'indécence et l'indifférence caractérisent le monde en général autour de moi. Le problème c'est de ne plus savoir comment faire pour agir ou de n'avoir ni le goût, ni le temps de le faire. Les valeurs tournent toujours autour de ces thèmes. Je ne peux m'empêcher de penser à ça en voyant un camion blindé. On aime bien critiquer les américains. A-t-on songé un instant que l'on pouvait être, nous les québécois, plus américains qu'eux dans notre manière de vivre et de penser ? Je ne crois pas que le blogue soit lu par bien des gens. Mes textes représentent avant tout un exercice littéraire personnel dans le but d'aiguiser et de poser mon esprit. Depuis que j'ai adopté le blogue en ligne, il m'est impossible d'utiliser des cahiers comme je le faisais autrefois. Je travaille toujours de mon téléphone, chose étonnante n'est-ce pas ? Les images sont aussi prises par mon téléphone mobile que je transfère ensuite dans une application destinée aux images. En réalité, la mobilité, le décloisonnement rejoint ma personnalité, mon style. La lumière qui traverse le blogue est indispensable à mes confidences quasi quotidiennes. Aujourd'hui, j'ai rejoint un comité sur la décroissance et la transition dans un centre communautaire qui œuvre dans les domaines culturels, environnementaux, alimentaires et philosophiques. Ce centre est situé dans mon quartier. Il regroupe une multitude de gens engagés et motivés par des causes qui, sans eux, feraient que le monde cesserait d'évoluer. Les gens qui s'impliquent sont les vecteurs du réel progrès de la société. Beaucoup de libres penseurs viennent contribuer au bien-être collectif et à la grande marche du monde. Leurs idées sont nouvelles et porteuses d'espoir. Ma première expérience m'a fortement inspirée. Les lieux sont accueillants et agréables. Les intervenants sont tous des personnes passionnées au service direct de la communauté avec des idées et des thèmes progressistes actuels. C'est à travers ces gens et ce lieu que je veux m'impliquer pour la suite. Il y a longtemps que j'y pensais. N'étant pas suffisamment près jusqu'à ce jour, le moment est venu de passer à l'action. La prochaine rencontre sera en lien avec le gaspillage alimentaire. Je suis en mode introspection. J'ai compris récemment qu'il était devenu inutile de ruminer trop longtemps les mêmes pensées. Certaines sont trop vieilles pour être récupérées. Il vaut mieux laisser couler tout ça dans le courant de la rivière comme le bois mort. J'ai compris qu'il ne sert à rien de trop vouloir critiquer à gauche et à droite. J'ai compris qu'il me fallait agir dans ce qui m'est possible de changer, sans quoi je ne fais que gratter la plaie jusqu'au bout de mon sang inutilement. En réalité, la vie nous déstabilise à chaque instant. On a compris l'importance vitale de la biodiversité qui s'effrite à une vitesse accélérée. On commence à comprendre qu'un homme trop seul est un homme agonisant et qui a besoin de différentes sources de nourritures autant au sens du mot que de ressources humaines, culturelles, sociales et spirituelles. L'unité fait la force. Je crois qu'on est en train de vivre une époque de profonde léthargie. Seuls nous ne pourrons affronter la grande marche du monde. Il faut que les grands élans de solidarité prennent de l'ampleur, non pas pour augmenter notre pouvoir d'achat, revendiquer les conventions collectives, mais pour vivre dans un monde plus juste, plus équitable et plus respectueux de la nature et de la vie.


30 septembre |

Parce que la littérature est nécessaire quand tout se défait. Elle permet de trouver les chemins en soi et hors de soi pour réinventer sa vie et la vie. Lire permet de penser à des choses auxquelles nous n'étions pas préparés à penser. Je ne suis pas seul lorsque je lis. Je suis seul quand on lit. Je me parle lorsque je lis. J'ai besoin de littérature pour exister à moi-même. Mille fois, ma route a dévié, parfois sans même que je m'en rende compte. Me faire confiance, retrouver mon estime débutera dans le silence et en écrivant sans l'intermédiaire de quelconque support. Trouvant ma vie plutôt vide et austère ces temps-ci, l'inspiration tarde à se manifester, comme s'il fallait me poser, m'arrêter avant de repartir de l'avant. Ce moment d'arrêt, s'il est un, est vital pour poser les prochains jalons du nouveau chapitre. L'homme qui écrit vient de muer en un animal étrange qui ne se reconnait plus. Il avance à tâtons vers l'inconnu, la mine basse, le corps lourd. Ce n'est nullement le moment de déguerpir dans toutes les directions. Le temps guérira mes plaies. Il en est ainsi des hommes, ils se transforment lorsque la tempête s'abat sur eux. Après le choc, le corps doit être au repos et repartir au moment opportun. C'est le destin, mon attention et une partie du hasard qui me prendront en charge. La seule chose qu'il me soit possible de faire est de mettre un pas après l'autre et d'avancer sans savoir où exactement ni comment. Une grosse pierre fut lancée dans ma mare, en partie par ma faute, ce qui m'a subitement empêché de voir au fond de l'eau. Je n'ai pas su retenir le proverbe ; on apprend de ces erreurs. Ou je suis entêté, maladroit, inadapté ou trop anxieux pour n'entendre que ma propre voix, ou bien tout cela en même temps. Je suis conscient que parfois, tout tourne souvent autour de mon être. Ma matrice a fait défaut et m'a empêché de croître avec ardeur et sagesse. J'ai souvent répété les mêmes bêtises au point de me prendre moi-même à mon propre piège. Je reconnais devoir rester tranquille un bon moment le cul sur ma chaise, non pas pour ruminer mais pour me sevrer de mes faiblesses. Dans le passé, j'ai trop souvent tenté de fuir dans toutes les directions au point de m'étourdir, allant même jusqu'à perdre la raison. Je dois, quand même, être indulgent envers moi-même, être capable de reconnaître mes erreurs et savoir me pardonner. Rien n'est aussi important que soi-même, sans vouloir porter un discours égocentrique. Je ne peux pas toujours juger mon passé pour les erreurs que je fais aujourd'hui. Il doit y avoir en moi des forces latentes qui doivent être capables de me surélever à la hauteur du ciel. Il viendra bien le jour où mon regard portera plus loin qu'en ma modeste demeure. Ce temps viendra, jeune homme, sois patient, agis dans le silence et la bonne volonté et le meilleur viendra qu'à se poindre.

27 septembre |

Partout, la redoutable importance de ce qui n'est pas, de ce qui n'est plus ou de ce qui n'est pas encore, donne support à ce qui nous frappe. Au second concert de musique classique aujourd'hui, un jeune homme aux longs cheveux blancs avec une casquette crasseuse poussait, ce qui semblait être sa mère dans un fauteuil pour infirme. Couchée sur le dos, recroquevillée sur un côté, la figure cachée par de longs cheveux blancs mêlés, elle était triste à voir. Comme hier, j'étais au première loge du concert. La dame et son fils s'installèrent en face de moi. Les premières sonates de violon étaient pour rappeler la mort et la vie éternelle qui nous attend tous. Tout le long du concert, il m'était très difficile de penser à autre chose qu'à ce vieillard au corps déjà parti pour un sommeil éternel. Son fils prenait des photos d'eux comme s'ils savaient qu'elle le quitterait bientôt. Son corps frêle et malade tentait de suivre la main du violoniste. Je ne pus m'empêcher de penser à ma propre mort et à la vieillesse qui me court après. Je n'ai pas passé un joyeux moment et suis ressorti le vague à l'âme. Plus tard, je suis allé au centre de méditation. Pendant l'heure qui suivit, fixant un point lumineux dans une salle remplie de douceur et de silence, j'ai compris alors à quel point mon esprit tourbillonnait d'un trop plein de pensées et d'émotions. Mon corps a relâché des tensions que je ne pouvais même pas imaginer abriter. Je suis en train de revoir mon agenda afin d'établir une routine qui convienne à mon corps, mon âme et mon esprit. Je fus, dans les derniers mois, un mauvais conducteur de la réalité. Je ne sais pas très bien où tout cela a débuté. C'est comme si je m'étais déserté et qu'au retour à la maison, je découvrais que le vide et la désolation avaient trouvé refuge en moi. Nous devons nous y habituer, aux plus importantes croisées des chemins de notre vie, il n'y a pas de signalisation. Je ne sais pas toujours si je fais ce qu'il faut. Cette impression de n'être pas totalement à ma place. Il y a de ces instants, au départ ou au retour de voyage, où tout peut basculer. Et puis, lentement, la mémoire du corps, celle des gestes, de la respiration, fait son travail. Il y a des moments où tout apparaît parce que rien n'apparaît. Le vide devient un plein. De la lecture émerge un monde. Je lis parce que je suis libre. Je suis libre parce que je lis, disait Dominique Lebel. Il n'y a pas de libertés sans des gens libres. J'ai tendance à vivre ma vie de trop près et de trop loin à la fois. L'écrivain ou le blogueur est libre. Il n'a de comptes à rendre à personne, sauf si ce n'est qu'avec lui-même. La littérature n'a pas à être propre, sage, bien comme il faut. Elle n'a pas à se conformer aux bonnes manières. Elle n'est pas nécessairement gentille ou empathique. En méditant sur ces réflexions, je prends mon envol, j'acquiesce à la sourde indifférence, je m'enracine et surtout j'apprends à me dépasser. Si la littérature n'existait pas, je devrais l'inventer. Même les livres de ma bibliothèque agissent sur moi en étant fermés. Lire c'est vivre plus. Lire est une façon d'échapper au monde qui m'entoure. Lire permet de voir ce que l'on ne voit pas avec les yeux. J'ai longtemps cru que je pouvais vivre dans un monde parfait, comme si la vie parfaite existait. En réalité, je n'aimais pas celui qui portait mon nom. Serge Bouchard disait avant sa mort : asseyez-vous et lisez en paix. De tout temps, c'est l'ennui qui m'a habité, façonné. L'ennui, c'est lorsqu'on voit le temps passer. L'ennui dilate le temps et lui donne plus de valeur. Chercher à fuir l'ennui serait comme se fuir soi-même. Pourtant, c'est l'ennui qui porte à créer. Écrire ces paroles sur l'ennui me permet de l'extirper ou sinon de m'en faire une amie. C'est l'un des meilleurs moments de l'année pour faire de la photographie. La cité connait ses plus beaux jours de gloire sous la lumière qui jaillit doucement.

27 septembre |

Une jeune femme mariée à un américain me raconte que la bonne nouvelle depuis que Trump est au pouvoir est que ses actions ont grimpé de même que celles de ses proches. Cette réponse est sans aucun doute un manque flagrant de discernement ou bien elle omet de mettre cela dans une perspective éclairante. Les ravages sur plusieurs cerveaux sont en lien avec le formatage des médias, de la téléphonie mobile et de la culture portative internet. Le plus pathétique de l'affaire, en discutant avec un grand nombre de demi-savants demi-habiles, est cette évidente difficulté à nous écouter les uns les autres, chacun vociférant à la cantonade le condensé radical de son point de vue particulier. Combien de fois, lors de mes promenades ici ou ailleurs, ai-je constaté que, littéralement partout, jusqu'aux fermes les plus reculées, palpitent les lueurs des écrans censés nous relier à nos contemporains et qui n'aboutissent pourtant qu'à plonger le monde entier dans une gigantesque solitude collective. Ce texte de Denis Grozdanovitch exprime bien ce que je ressens. Pour me ramener dans des idées plus joyeuses, je fais de grosses soupes chaudes et goûteuses en tentant de me concentrer quelques instants sur des choses simples et infiniment petites. Au parc, je regarde les enfants s'amuser avec leurs familles en pensant à l'unité qui les relie. Combien de nouvelles espèces animales ont disparues aujourd'hui ? Ça devient banal comme toutes les nouvelles qui traversent le fil de l'actualité. On en est venu à banaliser la vie humaine et la vie tout court. Nietzsche écrit : nous croyons savoir quelque chose des choses elles-mêmes quand nous parlons d'arbres, de couleurs, de neige et de fleurs et nous ne possédons que des métaphores des choses, qui ne correspondent pas du tout aux entités originelles. Déjà que c'est compliqué de se faire comprendre avec toute sa tête, imaginez un instant lorsqu'elle est nimbée de brume et d'émotions. Dans la douleur, il est bien de mettre des mots mais ils peuvent subitement s'avérer incompréhensibles. Alors là on voit que l'esprit et le cœur sont souffrant. Aujourd'hui, j'ai assisté au plus beau concert de musique classique. L'église était remplie de gens venus se retrouver dans l'harmonie, la beauté et le chant. Le silence dans la salle était sublime. Ce recueillement arrive au bon moment. Il est tard, je n'ai pas envie de dormir, je lis. J'aime me promener dans la ville lentement sans avoir d'objectifs, regardant autour de moi les passants tout comme le faisait Taniguchi, créateur de mangas japonais. Friedrich Mitterwurzer écrit en 1895 : les gens sont las d'entendre parler. Ils ont un profond dégoût des mots car les mots se sont interposés devant les choses. L'ouï-dire a envahi l'univers. Nous sommes en possession d'un affreux procédé d'étouffement complet de la pensée sous les concepts. Ajoutez en plus internet, les médias sociaux. La coupe est plus que pleine, elle déborde au point d'annuler toute vérité et de banaliser tout point de vue ou opinions. Il n'y a pratiquement plus personne qui soit capable de dire ce qu'il éprouve et ce qu'il n'éprouve pas, tellement les silences sont rares. Que les églises deviennent des lieux de recueillement pour des retraites spirituelles seraient la moindre des choses où tous et chacun n'ont plus aucun emprise sur la marche du monde. Nul ne se soucie dans la communauté de la santé psychique des gens à part quelques volontaires intéressés qui n'ont pas le pouvoir de changer l'ordre des choses. Cela me fait penser à nos routes, un peu de vernis pour masquer le tout et l'on recommence à la première brise. J'ai lavé mes nombreuses couvertures pour ma prochaine hibernation. Je n'aime pas les lectures faciles, je ne tiens pas à ce que mon cerveau s'assèche. J'aime lorsque les auteurs introduisent des textes tiers dans leurs œuvres. Ces insertions subtiles apportent une plus grande maturité en sortant l'auteur sporadiquement de sa sphère. La vie se parle d'elle-même. Beaucoup de gens l'ignorent et s'effondrent à force de vouloir dire la vie. Les dialogues nous cachent toujours quelque chose. Les mots sont bien souvent secondaires mais j'avoue que je les aime. Ils apportent un sens à mon existence lorsqu'ils se rapprochent de l'exactitude, du moins la mienne. Mais je sais bien que cette recherche masque des peurs abyssales. Rien ne vaut une cure de silence pouvant extirper la grande parlerie dans laquelle se complaît l'humanité moderne par l'intermédiaire des technologies et d'infinisimes réseaux de médias bavards et insolents. C'est toujours après une méditation que mes mots sont les plus justes. Il est bien dommage que je sois tant effrayé par le vide qui, en effet, n'est qu'une pure illusion. Cela démontre bien la peur qui m'habite. J'ai ici mis le doigt sur quelque chose d'important, à savoir que les mots me suffisent à condition qu'ils soient utilisés à bon escient et qu'ils ne tournent pas sur eux-mêmes. Tout comme Denis Grozdanovitch, je laisse parler autrui dans mon journal pour ensuite élaborer mon point de vue et mes élucubrations. En faisant une recherche sur l'auteur, je constate bien étrangement que nos visages se ressemblent. Définitivement, je ne me lasse pas de lire la gloire des petites choses. Ce n'est certes pas un livre grand public, c'est pour cette raison qu'il me plaît. Mon père décédé trop tôt passait son temps à écrire. J'aborde des textes à sa façon, comme quoi il m'aura transmis quelque chose de bon et nourrissant de son vivant pour que je puisse me rappeler de lui.

26 septembre |

La connexion technologique devient une façon d'être. La connexion modifie notre rapport à nous-mêmes, aux autres, et au monde. La connexion engendre une série de conséquences qui nous font perdre le contact avec la réalité. Le téléphone est devenu une extension de nous-mêmes. À chaque nouvelle journée, je me surprends de voir combien de gens sont devenus addicts à leurs téléphones. Un fossé sépare les jeunes qui ne vivent que pour eux. Ça me donne le vertige. Sans eux, ils se sentent isolé et trop peu cool. La plupart des gens d'aujourd'hui vivent désormais la tête penchée. Être connecté, c'est avoir un fil à la patte. Le monde de la connexion fragilise le lien social. Je n'échappe pas malheureusement, à cette folie, à cette dépendance, car elle en est une. Je me reconnais artiste dans mon goût pour l'oisiveté, un peu comme Tabaguchi dans sa déconnexion et sa lenteur. Lorsque je ne crée pas, je me sens désœuvré. Lorsque je ne fais rien, je fais encore quelque chose. M'interrompre est une condition des succès futurs. Denis Grozdanovitch, écrivain français contemporain, raconte sa mésaventure dans un hôpital de Québec suite à une intoxication alimentaire. Il décrit les praticiens et les infirmières atrocement harassés et débordés qui vous expédient en quelques minutes sans vous prendre en réelle considération. J'ai exactement la même impression lorsque je dois rencontrer du personnel soignant de tous acabits. Cela m'apparaît presque inhumain ces rencontres où je me sens humilié et obligé presque de mendier. J'éprouve le même sentiment d'isolement et de perdition que Grozdanovith. Je me sens étranger et plutôt mal dans ma propre ville en demandant des soins, en appelant les services publics ou en m'adressant à quelqu'un ailleurs que dans les endroits où l'on veut mon fric. Je n'arrive pas à comprendre comment, de nos jours, l'indifférence est devenue la norme. Je ne m'y habituerai jamais. C'est comme si ma plus grande liberté résidait dans le fait de m'enfermer entre mes quatre murs. Je poursuis les chapitres de la gloire des petites choses de Grozdanovitch qui a aussi beaucoup de belles observations à raconter. Denis Grozdanovitch est l’un des rares écrivains à pouvoir publier aujourd’hui des essais en mêlant l’anecdote quotidienne à la pensée. Son style littéraire contemporain est poétique et esthétique. Il utilise la nouvelle parsemée de métaphores photogéniques pour enrayer la marche vers l'abîme où nous entraîne un monde gravement menacé par la maladie de l'expansionnisme et l'oubli de la beauté. La presse a salué à de nombreuses reprises son talent en tant que maître observateur et écrivain. Il est avant tout un grand anecdotier aux propos colorés et éclectiques. Non, je ne suis pas seul avec tous ces écrivains qui me révèlent à moi-même et au monde dont je semble faire partie malgré ses dissonances. Ne suis-je pas le plus important d'entres tous sans vouloir verser dans l'égocentrisme ? Ça c'est une autre histoire.


25 septembre |

Qu'en est-il de la plénitude de la vie ? Il est des questions qui sont difficiles à répondre en lien avec le sens de la vie des hommes et plus particulièrement la mienne. Je rencontre Jean-Claude aujourd'hui, un retraité qui porte assistance en tentant de démêler les gens empêtrés comme moi. Je suis au cœur du carrefour, celui des grands tourments, à décider ce qui adviendra de moi pour la suite. Les choix sont multiples et ambiguës. Ma peur de me tromper de routes est grande. En réalité, j'ai peur de tout. Jean-Claude et moi avons eu une bonne conversation. Sa vocation de personne aidante est évidente. J'ai beaucoup de respect pour ce grand homme aux paroles brèves et efficaces, qui ne se perd pas dans les détails. Ces questions sont pertinentes et provoquent chez moi un élan spontané dans la mise en œuvre d'un plan d'action concret. J'ai compris dans les dernières semaines qu'il ne sert à rien de discuter des choses que je ne peux changer. Il est plus simple et positif de me concentrer sur les choses sur lesquelles j'ai du pouvoir et qui peuvent me transformer. Le problème, c'est que mes objectifs sont parfois contradictoires et irréels. Je ne dois pas constamment tenter de rechercher les choses qu'il m'est difficile d'atteindre mais me contenter de ce qui est à ma disposition. La vie est pas facile. Il est illusoire de penser le contraire. Je reverrai Jean-Claude et d'autres magnifiques personnages car j'en ai décidé ainsi. C'est au contact de ces gens que je puise mon énergie et mon inspiration. Ils sont nombreux mais bien souvent invisibles à mes yeux. C'est à  l'intérieur de groupes alternatifs et communautaires que se retrouvent plusieurs braves volontaires car ils placent l'humain au centre de toutes choses. Je réalise que, sans cesse, j'avance et je recule. C'est imperceptible, parfois le retour en arrière est cruel et très douloureux. Mon affirmation ne tient à peu de chose car même si nous nous croyons régresser, en réalité, c'est le contraire que nous effectuons. Tel le mouvement des plaques tectoniques, le choc est brutal et le calme survient dans les minutes et les heures qui suivent. Tout ceci a pour but de rééquilibrer les masses. Peut-être ai-je trop voulu étreindre ? Peut-être me suis-je considéré plus fort que je le suis en réalité ? Comme le monde change sous mes pieds. Comme tout va trop vite et trop mal. Serait-ce possible que j'aie de la difficulté à voir le verre à moitié plein au lieu du contraire ? Et si tout allait si mal ? Quelle est l'attitude à adopter : me plaindre ou gémir ou me mettre la tête dans le sable comme ce que font la plupart des hommes pour gagner quelques miettes qu'ils finiront par perdre tôt ou tard. Le monde a tant besoin de leaders pour nous apporter la confiance que l'on a perdu. Le monde a besoin de nous offrir des perspectives d'un monde meilleur que celui que j'ai sous mes yeux. Qu'il est donc difficile de rester en équilibre dans cet étrange univers. C'est difficile d'être rêveur et idéaliste. Ce n'est pas autant à l'extérieur de moi que je retrouverai l'équilibre, mais dans les forces qui sont dissimulées au plus profond de moi-même et en deçà des peurs qui m'assaillent de tous côtés. En prendre conscience, c'est déjà un pas dans la bonne direction. Romain Rolland, provincial, a vécu un choc sur le bitume de Paris. Il fait une sombre critique des grandes villes, sauf pour Rome, la ville lumière. La ville fermente un air malsain dans le cœur des hommes, qui fait d'eux des cellules anonymes et corrompues. Dans cette masse grouillante qui prend l'air et la lumière, le cœur des hommes s'affaiblit lentement à moins d'être coriace, bagarreur et vindicatif. Romain Rolland disait qu'il lui fallait de la solitude pour se laver. Je suis un citadin par habitude, je n'y peux rien, le mal est fait. Vivre en région m'apparaît aujourd'hui comme un vieux rêve car plus le temps passe et plus ce rêve devient inaccessible. Il est devenu insensé de croire à un monde qui n'existe que dans mes rêves. Autant m'y faire et m'adapter avec ce qui est à ma disposition. Ce sera avec mes valeurs, mes convictions et mes intérêts profonds qu'il me sera possible d'apporter quelques brides d'humanité, si j'arrive à me faire confiance et à avancer dans la bonne direction.

24 septembre |

L'espace se métamorphose. Il prend de l'expansion depuis que j'ai pris du recul il y a quelques jours à peine. J'ai fait des vœux afin que mes douleurs s'amenuisent. Je crois au miracle et surtout à ceux lorsque  j'implore les dieux. Ce n'est pas tant les dieux auxquels je crois que la résonance de mes incantations dans l'univers. Un déclencheur soudain et imprévisible m'a fait perdre le contrôle de moi-même et a versé son flot d'émotions douloureuses et ankylosantes. Deux semaines se sont écoulées depuis cet événement au retour d'un voyage. Depuis ce temps, c'est la première fois que je réussis à écrire quelques paragraphes sans tomber dans le mélodrame. Comme il est étonnant de constater à quel point le corps et l'esprit réussissent à guérir des maux qui paraissaient, il y a à peine quelques jours, infranchissables. Depuis deux mois, des imprévus se succèdent à une vitesse accélérée. Dans la confusion la plus totale, j'ai perdu tout contact à la réalité et au goût de vivre. Ce n'est pas la première fois que je vis cela. Je ne m'y habituerai jamais. C'est comme si quelque chose mourait en moi. Ce qui me rassure, c'est que je suis en bonne santé et ma résilience survit encore. Je dois avoir encore appris de cet épisode qui m'a littéralement plongé dans les abysses. C'est en partie dans le silence et l'immobilité que mon esprit se régénère. C'est dans l'action que je me retrouve. Ma douleur provient d'attentes trop élevées et de croire que les autres vont me sauver. Les autres sont importants pour partager, s'entraider et apprendre. Encore faut-il que l'amour soit véritable et ne réponde à aucune condition. Ce soir, j'ai disposé une nouvelle chaise à ma fenêtre pour m'offrir une nouvelle perspective. Deux nouveaux cadres viennent remplacer des peintures que je ne voyais plus. Un nouveau panier de fruits et quelques petites modifications me donnent l'impression de renaître à nouveau. On appelle ça se transformer. J'ai fait de nombreuses mises en action dans le but de me secouer de ma torpeur. Je tente de mieux cheminer, moi qui m'étais endormi les derniers mois. J'ai compris cette semaine qu'il est inutile de procrastiner et de tourner en boucle les mêmes vieilles pensées qui n'apportent rien. J'ai compris qu'il me faut agir dans la bonne direction et surtout vers moi-même. Le problème, c'est que je ne sais toujours pas où et comment agir dans mes intérêts et mes convictions. La fenêtre chez moi est grande ouverte ce soir. Les lumières sont éteintes. J'aime cette nouvelle place qui donne sur la rue et sur les passants. C'est le matin que mes douleurs sont les plus intenses, comme la plupart des gens anxieux. Je reprendrai contact avec un ami avec qui, il y a un an, la communication a été interrompue. Cela me réjouit profondément. La vie n'est pas toujours un long chemin tranquille. Il paraît que l'on récolte ce que l'on sème. Je ne dois pas être un bon paysan. Mais dites-moi donc pourquoi j'existe à part pour me raconter des balivernes ? Quel est le sens de ma vie et que faire pour y arriver ? Peut-être faut-il toujours recommencer en boucle les mêmes essais, les mêmes erreurs. Romain Rolland disait qu'une fois ma carrière révolue, mon rôle joué, ma loi exécutée, il me reste, comme aux vieux acteurs des grands siècles de vue complète, à me retirer de l'action dans la contemplation qui la domine et la pacifié et à goûter, encore vivant, l'ordre total, supérieur aux efforts agités et contradictoires d'ordres individuels. Ce texte n'aime et à m'interroger sur les actions à prendre ou à ne pas prendre. Peut être ne me suffirais-je que davantage de contemplation et moins d'agitations. Quelle est la vérité sinon de toujours vouloir la rechercher ? Et aussitôt que je la trouve, elle s'enfuit à nouveau. L'erreur sincère n'est le mensonge, elle est l'étape de la vérité. Si l'esprit peut impunément brûler les étapes, dans le monde des faits, on avance pas à pas. Nature me l'a imposé. Enfant chétif, ne me mêlant point aux jeux, adolescent solitaire, écarté de l'action et des distractions violentes, que me restait-il qu'à voir ? Voir toujours us loin, plus net. Mon regard s'est souvent aiguisé dans la solitude. Et de bonne heure, je vis par-dessus les têtes de mes compagnons qui jouaient, par-dessus les troupeaux humains qui soulevaient des tourbillons de poussière. Et ce que je vis, me saisit d'effroi. Comment ne pas être fasciné par tous ces hommes de la littérature qui ont tant recherché la vérité, qui ont tant chercher à se connaître et connaître le monde ?

20 septembre |

La prise de conscience de soi, de sa situation se fait en partie dans le miroir tendu de la littérature. Elle permet l'éclaircissement de l'opacité de la vie qui nous empêchent de voir la réalité et des émotions qui obstruent la nôtre. Renaître à soi dans la complexité de ce que je suis devenu. Lorsqu'une place est à notre mesure, nous n'y apprenons rien. Celui qui choisi la femme qu'il faut, perd toute chance de faire des expériences. Celui qui trouve son métier ne fait que s'enfermer en lui-même. Celui qui ne joue que sur des claviers dessinée sur mesure pour lui n'apprends plus rien avec ses doigts. Le mot expérience vient du latin éprouver. Toute expérience est étymologiquement reliée à une mise en danger, elle est une traversée qui suppose un certain risque. S'insérer parfaitement dans le réel comme la pièce manquante du puzzle, ce n'est pas faire d'expérience, c'est s'y soustraire. Ce n'est pas se mettre à l'épreuve, c'est se cacher dans un trou du réel. Cette vie sur mesure où nous pensions ainsi nous accomplir est une vie fausse qui ne nous apprend rien, selon l'inconnu du monologue. Les choses et les circonstances qui nous vont comme un gant ou que nous avons taillées sur mesure nous privent de nous heurter au monde, autrement dit de faire des expériences. La chaussure sur mesure trompe le pied en le privant de l'expérience de la racine et du caillou. Et si c'était sur nos ruines que s'entende les voix les plus sincères.  Si loin que je parte, géographiquement ou symboliquement, ce voyage pourrait n'être qu'un long détour qui me ramène à moi-même et affirme, à ma grande surprise, mon enracinement. Il faut parfois suivre les vents, dériver avec les courants, s'écarter pour revenir à soi par une autre voie. Le plus court chemin n'est pas forcément celui qui nous mène là où nous voulions aller. Il n'est d'ailleurs pas certain que nous sachions vraiment où aller. On ne se pose pas toujours avec aisance sur un fil fragile. Il nous arrive tous d'être maladroit, insouciant. On n'atteint pas toujours nécessairement sa cible. Où bien, on s'y écrase trop vite. 

13 septembre |

Comment sortir de cette cage qui m'empêche d'être moi-même ? Que faire lorsque je ne suis pas chez moi dans mon corps au point d'être tenté parfois de l'effacer, de l'abîmer, de le déserter ? J'aimerais qu'il existe des lieux stables, immobiles, intouchables, enracinés: des lieux qui seraient des références, des points de départ, des sources. L'espace est un doute, il ne m'est jamais donné, il faut que j'en refasse la conquête disait Georges Perec. Si je n'ai pas connu l'insouciance de l'enfance, si l'on m'a refusé cette première place, ma vie d'adulte devient fragilisée par cette ellipse douloureuse. Cette grande absence prend toute la place jusqu'à obscurcir ce qui est là, vivant, mais toujours à distance, voilé. Les affres du passé, comme des gouffres de tristesse où l'on s'enfonce parfois, continuent d'aspirer mes élans. Dans cette existence plus jouée que vécue, l'esprit reste absorbé par l'irréparable. Il me manque des lieux qui m'identifie, me contienne, me rassure. Des lieux liés à ma naissance, mon histoire, qui témoignent de ma présence, la confirme et la soutienne symboliquement. Par de nombreux instants, ma vie n'est pas sûre, le sol s'affaisse sous mes pas. Le passé me fragilise, me trahit. Ce qui a disparu pèse plus que ce qui est. Je passe mon temps à tenter de soigner l'enfant que j'étais et qui m'empêche de devenir un adulte. J'ai souvent tenter de me concentrer pour que rien ne paraisse de mon trouble et pour présenter la figure d'un garçon gentil, fort et habile. Ma vie est remplie de fantômes qui ont disparus trop tôt. Comment accepter de perdre ce que je n'ai pas connu ? Je me suis si souvent senti étranger et toujours à contre-temps, un peu, pas mal en décalage, parfois rigide, incapable de m'insérer avec fluidité dans les échanges et les mouvements. Il m'a toujours manqué de grammaire sociale me permettant d'être dans le temps. Que le monde d'hier s'estompe est dans l'ordre des choses. Que l'on éprouve à son endroit une certaine nostalgie est également dans l'ordre des choses. De la disparition du passé, on se console facilement; c'est la disparition de l'avenir que je ne me remet pas. Le pays dont l'absence m'attriste et m'obsède, ce n'est pas celui que j'ai connu, c'est celui que j'ai rêvé, et qui n'a jamais vu le jour. J'ai erré là où le hasard m'a conduit, parmi des millions de gens qui m'ont traité si j'étais de l'air et ainsi je suis devenu de l'air. Les bruits et les cris du monde semblent ne s'adresser qu'aux autres. Et si la place qui compte le plus était celle que j'ai toujours le plus redoutée ? Et si c'était sur ces ruines que s'entende la voix la plus sincère ? Peut-être ne suis-je jamais à ma place parce que je ne suis ni une montagne ni un arbre et que je n'ai pas de racines. Mon hasard est plus que moi. Et s'il n'y avait que des places éphémères où l'on se pose le temps d'une mission ou d'une œuvre ? Si ma confiance se porterait mieux, j'aurais voulu écrire ces lignes. Cela viendra avec le temps. C'est lorsque tant de choses me paraîtront si lasses que ma volonté sera prête d'agir.

12 septembre |

Il m'est difficile d'écrire quelque chose d'intelligent ces temps-ci. J'essaie tout simplement de me reconnecter avec les beautés du monde et de retranscrire ce que je peine à raconter. Où est mon vrai lieu si ce n'est à l'intérieur de moi-même ? Ce vrai lieu n'est pas celui que l'on atteint comme une flèche sur sa cible, il est celui autour duquel on tourne, celui que l'on atteint malgré et sans doute grâce à la réalité de l'écriture. Ainsi, les ratés, les échecs de l'existence, les mauvais choix, les fausses routes, ne sont peut être pas seulement des moment de vie manqués, mais des expériences qui se construisent paradoxalement dans la déroute. Car c'est précisément cette impression d'une vie factice qui fait naître le sentiment d'une nécessité nouvelle, d'un autre rapport à l'existence. Il se pourrait pourtant que tout faire pour trouver une place nous amène à la manquer. Il est des rencontres éphémères qui nous bouleversent profondément, nous interrogent sur notre identité bien plus intensément que des années d'introspection. Quand on perd soudainement la place que l'on croyait sienne, on ne revient plus le même. Mais où est ma vie, où est mon corps, où est mon espace ? Ne pas être capable d'y répondre est la raison à laquelle, je ne peux pour le moment me permettre de créer en toute impunité et en raison des doutes qui m'implosent de toutes mes particules.


11 septembre |

Il arrive qu'on soit délogé d'une place qu'on croyait occuper par choix. Cette place nous semblait acquise, justifiée, méritée. Lorsqu'un événement ou une catastrophe nous déplace et que l'on perds sa place, il arrive qu'on découvre à quel point nous y étions limité, emprisonné. On accepte parfois des places qui nous contraignent plus qu'on ne le croit, des places trop étroites, parce que nous sommes persuadés qu'elles nous sont destinées. Paradoxalement, ce déplacement forcé libère plus qu'il ne prive. Pour quelles raisons, selon quelles logiques, finit-on par se convaincre qu'une place visiblement trop petite nous conviendra malgré tout ? Sans doute la place nostalgique d'une place à soi. Parce que nous craignons de perdre notre place, d'être remplacés, nous nous contentons d'espaces affectifs ou relationnels qui nous contiennent plus qu'ils ne nous conviennent. Il est aussi possible de perdre sa place pour un mauvais jugement, une mauvaise attitude, une mauvaise conscience, des peurs infondées ou des erreurs dû à des vagues émotionnelles. On pense la place comme la garantie d'une stabilité, d'une continuité, elle répond sans doute à un certain besoin d'ordre, de définition, de distinction. Perdre sa place c'est perdre son équilibre pour une durée indéterminée, le temps de se repositionner et de retrouver une meilleure place ou un angle qui nous conviennent davantage.
 

10 septembre |

Nous sommes nés avec l'amour. Et nous avons appris la peur. Le voyage spirituel consiste à répudier, à désapprendre la peur et à accepter le retour de l'amour dans notre cœur. Le sens ne réside pas dans les objets. Le sens est en nous. La peur est le manque d'amour partagé. Quand la peur s'exprime, elle ouvre la porte aux souffrances. J'ai, de toujours, vécu avec la peur qui a entraîné son lot de douleurs. C'est lorsque la peur est plus grande que l'amour que l'esprit décline des gestes ne correspondant plus à sa nature profonde. Il est facile de manquer de vigilance pour ceux qui ont peur, de même que l'hypervigilant perçoit mal l'amour autour de lui. Le résultat de ma chute est directement lié à mes peurs. Quand la peur s'exprime, elle prend la forme de plusieurs maux dont je ne citerai pas la liste exhaustive. L'amour est toujours en moi mais parfois il se terre par peur et confusion. C'est lorsque je bascule et que la terre tremble de mes souffrances qu'un moment d'arrêt s'impose. Pour que rejaillissent des éclats de lumière et d'amour, il faut avoir souffert. C'est le miracle. C'est la victoire de l'amour sur la peur.

9 septembre |

Pour le déserteur, la représentation confiante d'une vie comme trajectoire d'une flèche, la chaleur de ce sentiment intérieur d'avoir une existence et une importante disparaissent. C'est aussi l'impression d'adhérer, de baigner dans le monde qui se met à faire défaut. Le sujet se détache, se décolle du monde, cesse de faire corps avec lui. La distance s'impose, le doute s'immisce, le sentiment d'appartenance s'évanouit. L'évidence de la participation, de l'inscription, de l'immersion dans la réalité s'estompe. Il cesse d'être porté, soutenu par cette croyance d'un sens existentiel et d'une place qui soit assurance et reconnaissance. Le monde vacille ou plutôt s'éloigne du sujet. Au paroxysme de la souffrance, il ne peut plus écrire. S'il ne parviens pas à articuler sa souffrance dans une structure bien définie, il est foutu. La structure est le seul moyen d'échapper au suicide. L'effort général, permanent est indispensable pour échapper à l'apathie. La société où il vit a pour but de le détruire. L'armée qu'elle déploie est l'indifférence. Michel Houellebecq dit de creuser les sujets que personne ne veut entendre : la laideur, l'oubli, l'agonie. Je me bats contre des idées dont je ne suis même pas sûr qu'elles existent. Et si moi aussi je n'existais pas, je n'existais plus. Il y a trois ans, dans l'immeuble en face de chez moi, une résidence de religieuses vouée à la contemplation a laissé place à de grandes habitations modernes. Ce grand bâtiment sobre aux briques jaunâtres a été converti pour répondre aux besoins actuels, la contemplation et les communautés vivant sous un même toit n'étant plus à la mode. Les religieuses me manquent pour les avoir côtoyées en silence sous mes yeux pendant plus de trente ans. Depuis, le bruit et l'agitation transpirent sur la rue. Un livre se lit lentement, il demande réflexion, sans mouvement inverse, sans relecture. Chose impossible et même absurde où tout évolue, tout fluctue, où rien n'a de validité permanente, ni les règles, ni les choses, ni les êtres. La littérature s'oppose à la notion d'actualité permanente, de perpétuel présent. Je trouve que le monde qui m'entoure manque de profondeur, de relief. Tout semble uniforme, pareil. Il est possible que je ne vois plus les beautés du monde de la même façon. On passe rapidement à un autre sujet, la vitesse mène le monde. La dissolution de l'être est une dissolution tragique, et chacun continue, mû par une nostalgie douloureuse, à chercher tel un fantôme aveuglé ce qu'il ne trouve plus en lui-même, cette profondeur, cette permanence. La solitude est atroce. La publicité met en place un surmoi terrifiant qui répète sans cesse : tu dois désirer, tu dois être désirable. Tu dois participer à la compétition, à la lutte. Si tu t'arrêtes, tu n'existes plus. La publicité échoue, les dépressions se multiplient, le désarroi s'accentue. La publicité continue à perfectionner des moyens de déplacement pour des êtres qui n'ont nulle part où aller, parce qu'ils ne sont nulle part chez eux. La publicité continue à développer des moyens de communication pour des êtres qui n'ont plus rien à dire et à faciliter les possibilités d'interaction entre des êtres qui n'ont plus envie d'entrer en relation avec quiconque. La société a atteint un état de surchauffe de l'information. Elle n'impose pas nécessairement, mais elle s'avère incapable de produire une signification.

8 septembre |

Une amie a détruit sa voiture en dormant au volant. Elle était avec des membres de sa famille. Heureusement, personne n'a été blessé. Ce soir, j'ai personne à qui parler. Mon cœur souffre suite à un évènement dont je me suis profondément troublé. Et puis, je ne sais plus, je ne sais rien, tout chavire. J'ai de la misère à comprendre dans le silence, dans l'absence de l'autre. Ma vie suite à cet événement a été en proie à un choc terrible suivi d'une souffrance insoutenable au point de crier à l'aide. J'ai deux véritables amis sur qui je peux compter. Il y a des limites pour l'aide que je peux recevoir d'eux. Me sentir aimé et écouté sans jugement est le mieux qui puisse m'arriver. J'ai connu souvent ce genre de souffrances qui ont toutes le même dénominateur commun : l'abandon, le rejet ou le sentiment d'isolement. On pourrait penser que c'est une question de choix, mais si c'était si simple. Il est de ces épreuves ou il faut être soutenu. J'accepte difficilement les échecs et les erreurs, comme la plupart d'entres-nous. Certains s'en sortent mieux que d'autres. Il ne me sert à rien de ressasser le passé, c'est inutile. Il se manifeste sans m'avertir par vagues successives. Bien des questions existentielles tourbillonnent dans ma tête au point que je crois qu'elle va éclater. Je suis dans cette étrangeté de mourir. À mon corps défendant. À mon cœur dépendant. Aujourd'hui mon visage vient de se transformer.


7 septembre |

Je m'aperçus que le désir de toute ma vie n'était pas de vivre, si l'on peut appeler ça vivre ce que font les gens, mais de m'exprimer. Depuis les premiers jours de mon enfance, que je ne puisse dire ce que je ressens, ce que je pense, m'ennuie, m'irrite. Il y a un temps pour jouer et un temps pour travailler, un temps pour la création et un temps pour l'oisiveté. Et il y a un temps, glorieux aussi à sa façon, ou c'est à peine si l'on existe, où l'on est un vide complet. Je veux dire où l'ennui semble l'essence même de l'existence. Moi qui n'ai jamais tenu de journal intime, je commence à entrevoir combien est tentant et obsédant le désir de noter les progrès que l'on fait dans son voyage intérieur. Ces propos sont d'Henry Miller. Son écriture est l'expression de l'impossibilité d'un écrivain à exister dans une société hyperpositiviste et fonctionnaliste. Ses écrits retracent l'itinéraire d'un homme en marge du système, cherchant une réalisation de soi par un idéal de culture autodidacte et qui doit sans cesse lutter pour obtenir les moyens de poursuivre l'écriture de son œuvre. Après une trentaine de pages de Tropique du Capricorne, je m'arrête de lire soudainement, n'étant plus captif par l'ouvrage. Cela ne sert à rien d'insister. Le contenu est dense et trop lourd. Peut-être est-ce l'époque de misère où est écrit le livre qui m'affecte autant ou bien ce retour en arrière évoquant des événements au passé douloureux que j'aimerais oublier ? Je reviendrai plus tard sur quelques strophes, ne décelant pas pour le moment de sources d'inspiration suffisante. Est-ce ainsi pour ce qui est de ma vie, un manque total de motivation et de persévérance ? Je suis terriblement mal placé pour me juger, ayant la critique trop facile envers moi-même en allant même jusqu'à me sous-estimer. Je lis comme je voyage et je mange, trop vite. Je vis toujours comme si c'était ma dernière journée, mon dernier repas.


C'est à cause de la peur que nous vivons en société. Mais c'est la société qui nous rassure et qui, elle aussi est celle qui nous fait peur. La famille des humains, c'est un tas de peurs qui vivent ensemble. Peur des loups, de la maladie, du vide, des accidents, de l'autre, peur de perdre, peur de se perdre. On peut aller jusqu'à avoir peur de soi-même. Ne jamais se poser de questions dans la vie représente une forme de tranquillité. La bêtise rend l'homme heureux, dit-on, le temps que ça dure. Le doute déraisonnable peut se transformer en maladie. À force de douter, il devient possible de ne plus croire à rien. Seul l'humain porte le poids de sa conscience sur Terre. Et tous ces hommes qui n'ont pas eu de conscience avec l'idée de Dieu. Et aujourd'hui, l'idée même de progrès est devenu une source de doute. Qu'avons-nous à  nous reprocher d'avoir si autant peur ? Le progrès en question n'est souvent qu'une apparence trompeuse dans un discours inconscient ou mercantile. L'étymologie du mot progrès signifie par en avant. Cela n'indique pas pourtant si l'avant est bien ou mauvais. Il y en qui ne saisissent pas la différence. Les gens de progrès, pour plusieurs, comme on dit, ne pensent qu'à détruire la vie. Il apparaît en définition que le capitalisme est civilisé et que le sauvage n'a de sauvage que le nom. Il m'a fallu aller au bout du monde juste pour que je puisse y retrouver les traces de mes pas. Lorsqu'il n'y aura plus de places pour s'abriter dans le monde, que vaudront les SOS envoyés par textos ? Il semble bien que l'humanité soit finalement un grand et intermittent exode. La terre promise ici-bas n'existe pas, qu'on le veuille ou non. Ma longue marche ne fut qu'une fuite vers l'absolu, vers un idéal qui n'existe qu'en songes. La fuite est une promesse qui n'est pas tenue de s'adresser à nous tous. Rêver, c'est ce qu'il me reste. Serge Bouchard a dit que la modernité a tué le vieux monde, elle a construit des autoroutes, des voies triples où nous ne rencontrons rien ni personne, isolés que nous sommes dans nos bulles, filant à grande vitesse. La liberté se trouve maintenant sur les tablettes. La grande liberté débute, pour une grande majorité au stationnement de chez Walmart. Seule l'éducation pourrait nous sortir de cette fausse liberté. Nul ne doit être sans devenir, et devenir est un travail de tous les instants. Le plus long voyage commence par une longue pause. Lao-Tseu disait que le plus grand des voyages pouvait se faire assis sur le bord du chemin, immobile sur une roche. Merci monsieur Bouchard d'être ce grand homme que le Québec n'a jamais porté. Son dernier livre ; un café avec Marie a influencé mon choix des textes recueillis pour le blogue.

6 septembre |

Comment se fait-il que, dans un monde où la mémoire individuelle prend une si grande importance, la mémoire collective, elle, soit en si grande perte de vitesse ? La mémoire collective est sélective. La mémoire collective est rusée, surtout si elle parle de nationalisme. Les documents historiques se falsifient, les menteurs témoignent, les mensonges s'écrivent. Pourtant on a, depuis l'écriture, minimisé les récits oraux. Dans l'un ou l'autre, on ne peut s'y fier en totalité car la vérité est souvent manipulée par les hommes pour obtenir les résultats qu'ils veulent bien. Nous maîtrisons l'art de nous mentir à nous-mêmes. Nos plus grandes histoires sont d'immenses trous de mémoire, disait Serge Bouchard. Nous ne sommes qu'une matière qui, à travers chacun de nous, essaie de se révéler, sans jamais y parvenir. Je pense parfois en voyage lorsque je traverse les territoires aux hommes qui jadis, coupèrent tous ces arbres qui ont fait le Québec d'aujourd'hui. Ces forêts-là ne poussent pas aussi vite qu'on le voudrait dans la froideur et le vent. Il y a des choses qui ne changent pas et qui ne pourront jamais changé et ce, malgré toutes les bonnes intentions. Il vient un temps où l'on doit se résigner et cesser de se battre contre des moulins à vent. Les journées raccourcissent, le soleil devient plus timide à l'approche de l'équinoxe. J'aurai franchi une autre saison dans deux semaines en vivant ce que j'avais à vivre. Je n'ai point de regrets ni d'amertume à  part, peut-être, d'être parfois rigide et intransigeant, en premier lieu avec moi-même. La fatigue l'emporte plus souvent qu'hier, signe de devoir ralentir mes ardeurs et faire des économies d'énergie pour les tâches les plus importantes dont je ne sais encore reconnaître.

S'il est un mot que je déteste, c'est le mot prestige. Ce mot est utilisé pour vendre de l'immobilier, des voitures, des marchandises, des biens et des services de luxe, paraît-il. Une carrière de prestige, une maison de prestige, sont souvent des termes utilisés à mauvais escient dans le but de vendre, de solliciter, de promouvoir. Le mot promouvoir est un autre mot dans lequel je ne me sens pas confortable car souvent galvaudé. Encore une fois, ce mot est utilisé à mauvais escient. La langue est riche encore faut-il savoir la maîtriser et en saisir des nuances. Prestige vient avec des signes de piastres et, pas seulement qu'une seule. Il y a dans ce mot une arrogance, un air hautain et prétentieux. Ce n'est pas un mot que j'utilise. Je le déteste, non pas par jalousie mais par dédain. Je vois souvent des véhicules ornés du mot prestige pour la décoration, l'aménagement, l'ameublement, la cuisine, etc. Aujourd'hui j'ai suivi une voiture arborant ce mot pour désigner des celliers de prestige. Que du marketing crasseux. Ce mot est utilisé à toutes les sauces car les promoteurs savent qu'ils influencent un tas d'imbéciles heureux. Et bien des gens se font prendre à ce jeu, car il en est un. Je vais devoir écrire beaucoup dans les prochaines semaines pour compenser l'immobilité et le repos forcé après avoir beaucoup voyagé. Le blues du retour l'appelle-t-on. Cela dure environ une semaine jusqu'au moment ou je reprenne une certaine routine. Cette routine est toujours en lien avec le gym, les marches quotidiennes et la cuisine. Avant cela, j'ai besoin de ne rien faire et de me reposer. Je dois avant tout cesser de penser, quoiqu'il me soit impossible. Minimiser leur nombre serait plus juste en effet. L'hypervigilance en voyageant requiert beaucoup d'énergie. J'en sais quelque chose, moi qui suis anxieux déjà de nature. De toujours, j'ai été hypervigilant. Ça use et ça fatigue à la longue. La méditation et le sport me sont essentiels pour rétablir une paix intérieure acceptable. Dans cette paix vitale et nécessaire, la créativité ne peut émerger adéquatement en harmonie avec ma véritable nature. Méditer me permet de me dissocier de l'égo et de reconnaître mon être intérieur, le vrai, le beau, le seul qui doit mérité mon attention. J'ai déjà commencé à me transformer seulement en exprimant ces propos. Il n'y a jamais de but à atteindre car tout est là dans l'instant présent.