Résilience

2 novembre |

Expiration, inspiration. Je revisite lentement la pleine conscience. Chandelles, ambiance feutrée, silence profond. Je crois aimer la saison froide qui me convie aux voyages intérieurs. Je n'ai plus aucune envie de voyager pour les prochains mois car j'ai rendez-vous avec moi-même ici et maintenant. Hier j'ai croisé une ancienne connaissance qui pratique le chamanisme. Il est fils d'une famille aisée et bourgeoise. Ses propos en rapport avec la vie après la mort m'ont frigorifié. Il a porté un jugement sévère me traitant de matérialiste, rapidement je me suis distancié de lui. Je n'ai pas besoin de ça dans ma vie et je n'ai pas suffisamment de liens avec lui pour lui permettre cette attitude grotesque et hautaine. Invraisemblablement je rencontre peu longtemps après un ami d'enfance avec qui j'ai eu de bons rapports. J'ai conscience que j'ai bien cheminé. Je m'enracine de plus en plus dans mes convictions et le positivisme. Plus je serai soucieux de ma personne et plus mon mal d'amour sera comblé. Sans jugement ce soir je m'apaise lentement vers l'essentiel. La paix et la réconciliation dissolvent le surplus d'adrénaline de la dernière saison. Après deux mois de retour je revois encore le paysage défilé. Un ami français qui habite la Bretagne m'a appelé. La lumière hivernale se reflétant dans la neige lui manque. Je suis davantage en contact avec le monde que je crois l'être. Ceci est l'une de ma plus douloureuse distorsion. Il m'est difficile de cesser de me projeter dans le temps, de ressasser le passé. Il est difficile d'accepter ce qui est pour ceux qui sont blessés. Cela appartient aux idéalistes. Il est difficile d'accepter les souffrances surtout lorsqu'on a vécu avec elles trop longtemps. J'ai cruellement négligé ma véritable identité au point parfois de fuir celui que je croyais être. Mon identité a eu des ratés à l'adolescence. Deux personnages m'habitent, le moi véritable rempli d'amour et de paix et l'intrus, cet égo malsain qui ne cesse d'exprimer peurs et remous. La méditation arrive au bon moment ici et maintenant. Je tend vers ce précieux équilibre qui attira vers moi l'amour, celle envers moi-même dans une ième récidive. Demain j'ai une activité sociale en groupe, c'est la grande aventure. Quelle sont mes attentes? Probablement combler des besoins légitimes de base essentiels tels la reconnaissance, l'appartenance et l'amitié. Chaque seconde de sérénité et d'ouverture dans ma vie et envers la vie est un précieux cadeau.

31 octobre |

Il ne suffit que quelques mots pour que ton chemin s'éclaire. Hâte toi, hâte toi de les prononcer disait Walt Whitman. Robert Lalonde dans son dernier recueil la reconstruction du paradis, fait l'éloge de ce grand auteur américain. La maison de Lalonde a brûlée en 2018 qui après ce désastre tente ardemment de reprendre goût à la vie lui et sa conjointe Cet auteur québécois écrit de façon magistrale. Il m'était inconnu jusqu'au moment de le découvrir dans la boîte à livres. Je suis en admiration devant son bouquin éloquent. Depuis mon retour de ma grande épopée dans l'ouest américain, je me suis lentement rééduqué de mon antre. D'imaginer sa maison partir en fumée me laisse songeur. Tout chez moi est d'une propreté vigoureuse presque obsessionnelle. Je reprends ma posture hivernale dans mon délicieux fauteuil en laissant planer mon esprit librement. J'ai gagné aujourd'hui une paire de billets pour le théâtre, curieusement la pièce s'intitule pompiers et pyromanes. Depuis quelques temps une partie de moi s'est envolé en fumée, c'est pour cette raison que cette lecture m'interpelle. De petites joies refont leurs apparitions dans une douce et réconfortante routine. Il est souvent bon de chuter... affirme Whitman, il faut accepter de perdre la bataille comme de la gagner. J'attendais une parole limpide et une main qui m'indiquerait la voie à suivre. Je me suis égaré sérieusement dans ce dernier voyage. Je fus tellement occupé par le monde qui m'entourait que j'ai négligé celui qui vivait en moi. Le plaisir est immense de me retrouver, sachant fort bien que l'être qui n'habite n'est plus le même. C'est à cela que sert l'aventure. Einstein disait que la vie est comme une bicyclette, qu'il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.

27 octobre |

Je suis positif en lien avec mon récent cheminement professionnel, en ce sens j'ai bien réussi. J'ai su conservé mon logement dans un quartier que j'adore depuis près de 30 ans. En ce sens j'ai fait le bon choix en démontrant de la stabilité. J'ai vécu selon mes moyens sans m'endetter, en cela j'en suis fier. J'ai su me conserver en forme. J'ai développé une créativité ininterrompue me remettant en question sur le plan professionnel du mieux que j'ai pu et avec les ressources à ma disposition. J'ai développé au fil du temps des atouts tels l'écriture et la photographie pour ne nommer que ceux là. J'ai développé au fil du temps des qualités sociales, artistiques et entrepreneuriales. J'ai dépassé mes limites sans cesse dans mon entreprise en m'adaptant du mieux que j'ai pu contre vents et marées. J'ai réalisé tous mes grands projets de voyages et ils étaient fort nombreux. Je suis résilient et courageux. J'ai oeuvré à contre courant toute ma vie ce qui a fait de moi un être unique et original. J'ai été au bout de mon rêve à la retraite avec l'acquisition d'un véhicule aménagé en expérimentant le vanlife au maximum de mes capacités. Je suis fier des quatre dernières années à bourlinger avec le campeur à travers l'Amérique. Le véhicule est toujours là en excellente condition et me servira encore pour les années à venir de façon plus modérée. Je fus un travailleur autonome ce qui m'a permis d'acquérir confiance en moi tout en faisant l'acquisition de multiples expériences. J'ai démontré et encore aujourd'hui une grande ouverture d'esprit. Je suis économe ce qui m'a permis de demeurer indépendant jusqu'à la retraite. Je suis conscient positivement de mes acquis. Je suis plus fort que je crois l'être. J'ai réussi à maintenir une saine alimentation en redoublant d'effort depuis quelques temps en perdant dix livres. Je me suis inscris à nouveau au gym après une absence de quatre ans. J'ai su en toute humilité demander de l'aide du mieux que j'ai pu dans les moments opportuns. Mes forces et mes qualités sont nombreuses telles la capacité de me remettre en question, savoir rebondir, prendre soin de moi, avoir une certaine discipline et être indépendant. En ce sens je suis résilient. Je suis fier d'avoir franchi le seuil de la retraite en bonne santé physique et en ayant respecté mes objectifs financiers. Tout ceci représente l'aspect positif de ma personnalité et de mes réalisations. Cet exercice est sain et me permet de mettre en relief le meilleur de moi-même. J'ai toujours été très actif mais depuis quelques temps j'ai appris à me poser dans la gratitude et la reconnaissance. Merci la vie est le mantra que j'ai adopté.

25 octobre |

Élevé en partie par mon père adoptif qui était journaliste et d'une mère qui est devenue aveugle à mes dix ans, il n'est pas étonnant que je suis doué pour la communication écrite et visuelle. Le goût du voyage et de l'aventure proviennent du fait de vouloir fuit la réalité que j'habitais. Ces fugues m'ont permis d'accumuler des expériences tout en créant ma propre entreprise. Je réalise depuis peu les forces créatrices qui m'habitent. Ma motivation en ce sens m'amène à solliciter un emploi à temps partiel dans le domaine des relations publiques. Ce secteur regroupe les agences de presse, le marketing et la valorisation des entreprises privées et publiques. En entrant dans l'une de ces entreprises cette semaine j'ai rapidement compris que j'y avais ma place. Une à deux journées par semaine de travail rémunéré suffise pour développer mes forces créatrices et ma motivation. Des équipes jeunes et dynamiques y travaillent dans un décor inspirant de bon goût et d'avant-garde. Je viens de faire mes premiers pas aussi à l'intérieur de communautés virtuelles de d'activités sociales pour célibataires faute de mieux. J'ai adopté par la même occasion quelques sites de partage de photographies. Je ne dois pas baisser la garde même à la retraite. Je tiens à rester actif en contribuant à la communauté tout en respectant mes limites. Je deviens ainsi Mario 2.0 dans sa toute nouvelle version.

23 octobre |

Le gym où je m'entraîne est situé dans un petit collège privé qui offre un enseignement de grande qualité. La moitié des étudiants proviennent de différents pays, du jamais vu dans cet établissement scolaire. À chaque séance je discute avec quelques-uns d'entres-eux. Je débute souvent par demander de quels pays ils proviennent. Aujourd'hui je me suis adressé à une jeune algérienne en lui parlant de la Palestine. Elle c'est mise à parler longuement et soudainement elle a fondue en larmes. J'ai bien compris qu'elle était très émotive mis à part la cause palestinienne. Elle habite Québec seulement depuis deux mois seulement. J'ai interrompu cette discussion lui disant avoir déjà été chez les Berbères au Maroc et en Turquie et que j'avais été enchanté par ces peuples au grand coeur. Autrefois les juifs, les chrétiens et les musulmans vivaient ensemble en paix, se respectant les uns les autres. Les grandes périodes de colonisation ont divisée les peuples. Je suis heureux de me retrouver dans ce petit espace avec ces jeunes. On est très loin ici des 11,000 étudiants du Cégep Ste Foy. Seulement 1,200 étudiants sont inscrits à ce collège privé. L'argent ne fait pas le bonheur mais ça aide largement. Le thème de l'intégration me tient à coeur pour avoir souffert d'un manque criant de ressources dans mon adolescence. J'ai travaillé près de 30 ans auprès d'une agence spécialisée en accueillant des randonneurs, des gens esseulés et des voyageurs. J'en sais quelque chose. Néanmoins je suis très incommodé devant la maladie, l'ignorance et la violence. C'est dans l'action que je me suis réalisé. À l'âge de la retraite je m'apaise. Je me surprends d'être assez cérébral depuis quelques années en considérant mon goût pour l'écriture et la lecture. Je suis davantage équilibré, le début de la sagesse assumée. J'étais travailleur autonome mais avec une retraite en santé je me sens plus autonome, plus libre. Toutefois je n'ai pas toujours conscience de cette liberté. Cette dernière s'affirme davantage par son absence. La présence stimulante de l'autre me manque mais j'y travaille. Pendant tout ce temps j'étais occupé à gagner ma vie dignement. Je peux admettre humblement dans l'accalmie que je vis présentement; veni, vidi, vici du latin qui signifie; je suis venu, j'ai vu, j'ai vaincu, exprimé par Jules César. Je m'identifie à cette fameuse expression. Ma curiosité est immense que je n'aurai point de répit pour la suite. Rien n'est acquis toutefois. Le repos du guerrier ou de l'artiste dépendamment de l'angle que l'on regarde ne possède que peu de répit.


22 octobre |

Dans les guerres ou les crises économiques ce sont les plus démunis qui en subissent les conséquences en premier lieu. Ce matin dans les médias le sujet des gens vivant dans leurs véhicules est relaté. Tout a été si rapidement depuis la pandémie. Je n'arrive pas à croire que nous en sommes arrivés là. Le Québec pourtant reconnu pour ses mesures sociales ne répond plus à la demande. Je suis très sensible à ce sujet. Fort probable que plusieurs d'entres-eux étaient mal préparés mais comment peut-on se préparer lorsque l'on se fait évincé par son propriétaire. Les liens de confiance envers la société se tarissent. L'arrivée massive de nouveaux arrivants a changé le portrait au Canada, dans le monde occidental et dans les grandes cités. Les pays riches étaient mal préparés pour accueillir autant de nouveaux arrivants. Le choc des civilisations sera cruel par une sélection naturelle éliminant les plus faibles. Des profiteurs et des magouilleurs sans aucune espèce de considération pour les pauvres gens ont pris le relais afin de s'enrichir de façon désinvolte. J'ai passé une année complète dans mon véhicule sur les trois dernières années. Je peux comprendre le désespoir de ne pas avoir un toit sur la tête. Aujourd'hui je remercie mes anges gardiens d'en avoir un. Ces temps-ci j'ai tendance malheureusement à ne percevoir que les choses qui vont mal; la guerre, la misère, la pauvreté. Comment faire pour se mettre la tête dans le sable lorsque tout bascule autour de moi malgré le fait que je vis au bon endroit. La semaine dernière en discutant avec des étrangers de par le monde je réalise la chance de vivre ici. Je souhaiterais observer davantage d'élan de solidarité et de voir la transformation de ce monde à la dérive basé principalement sur l'argent. Les communautés virtuelles que Facebook proposent, je n'y crois pas. Pourquoi faire des courses me réjouis autant en deçà des relations interpersonnelles depuis quelques temps? Que peut m'offrir les relations interpersonnelles dans un contexte de méfiance et d'individualisme excessif. Je crois qu'ils nous manquent la volonté d'y parvenir comme si la solidarité se manifeste seulement en cas de crise extrême. Depuis les années 50 le Québec a vu la plus prestigieuse croissance de son histoire. Le monde ne sera plus jamais ce qu'il était, qu'on se mettre à l'évidence. Les problèmes dans le monde actuel provient du fait que des groupes d'individus amassent des richesses incommensurables et qu'ils ne sont pas prêt à céder une parcelle de leurs pouvoirs en modifiant le modèle en place. Dans le dernier film de Martin Scorsese, la note américaine on se désole du génocide des indiens de l'Oklahoma au début du XXème siècle. Des choses similaires se déroulent sous nos yeux aujourd'hui avec les plus démunis de la société. Pour terminer cette sombre page je terminerai en disant qu'où il y a de la vie il a de l'espoir.

21 octobre |

Je suis rassasié de voyages pour le moment mais pas de poser mon regard sur le monde. Je n'éprouve peu d'enthousiasme à voyager seul ces temps-ci. J'adore le cinéma en après-midi lorsque la salle est presque vide. Enfant, ma mère adoptive me donnait des sous pour aller voir un programme double au cinéma Odéon de St Roch. C'était à l'emplacement actuel du YMCA. L'argent servait pour prendre l'autobus, le cinéma, les hot-dogs et les friandises. C'était ma plus belle sortie même si j'étais seul. Pour un moment je l'oubliais. J'aime passionnément les bons films, le dernier de Martin Scorsese est un chef-d'oeuvre de même que Oppheimer. C'est lorsque le film me reste dans la peau pendant des jours que je reconnais la magie du troisième art. J'aime les drames historiques ou biographiques. Je n'apprécie guère le théâtre, les comédies et les mélodrames à la télévision. Les spectacles d'humour ne me font pas rire et les téléromans je m'en passent volontiers. Ma vie est bien tranquille c'est temps-ci, c'est probablement mieux ainsi. Je débute la semaine prochaine des soirées de discussions et de partage entre hommes. Ces ateliers bimensuelles sont composés de six à huit personnes. Dans le passé j'y ai déjà participé, ça me permet de sortir de soi-même et de créer des liens. Par chance c'est à quelques pâtés de maisons. Je suis l'actualité depuis mon retour de voyage, ce n'est guère réjouissant. Le monde s'en va à la dérive, la planète aussi si rien ne change. Je pose souvent la question sur la rue à des étrangers s'ils préféreraient vivre en Chine, aux États-Unis ou en Russie. Les plus jeunes ou les gens moins éduqués ne comprennent absolument rien de la démocratie. Ils répondent un peu n'importe quoi. Les gens plus avisés répondent que la liberté est entre les mains des États-Unis car c'est l'état policier, c'est bien ainsi. Ceux qui détestent les américains sont jaloux, ne les connaissent pas, possèdent des préjugés ou ne peuvent tout simplement pas entrer sur le territoire. Les chinois sont des gens réservés et discrets. Les remous qu'ils créent sont pour que le milliard et demi d'habitants puissent vivre sinon survivre. Le commerce est la règle numéro un. Concernant la Russie plusieurs pays alliés le sont surtout par intérêt, pour leurs ressources et le faux sentiment de protection du régime corrompu en place. Personne toutefois n'aimerait y vivre à l'instar de la Chine ou des États-Unis. J'aime beaucoup connaître les opinions des étrangers sur différents enjeux et politiques actuels. Discuter ouvertement permet d'éviter le cloisonnement et les préjugés qui en découlent. Les médias n'offrent que des points de vue fragmentaires et des clichés que ce soit en Amérique et ailleurs dans le monde qui varient selon les intérêts. C'est de la France que l'on peut obtenir les informations plus pertinentes sur l'actualité. La devise de la République française étant; liberté, fraternité, égalité. Malgré le fait que la Chine est un pays communiste, les chinois me semblent moins corrompus que les russes. Le personnage public que je déteste le plus est sans contredit Vladimir Poutine. Il me fait peur, il assombrit la démocratie dans le monde à même titre que Trump. Ce dernier toutefois tombera dans l'oubli sous peu j'en déduis car les États-Unis n'ont pas les moyens de s'affaisser autant de la face du monde. Dans le passé j'ai croisé à maintes reprises des russes, ils ne manifestent que peu de chaleur humaine. Mais pour être totalement objectif je devrais aller dans ce pays, je n'irai point car je parle trop. C'est pour ça que j'écris, afin que le flot incessant de pensées puisse se dissoudre laissant place à une libération vitale.


18 octobre |

Le meilleur moment pour aller dans le Vieux-Québec est l'automne de même que pour voyager. J'y prends beaucoup de clichés, tout est formidablement photogéniques. Il y a beaucoup de groupes en voyages organisés de différentes nationalités. En prenant du soleil j'aperçois une jolie blonde. Je suis incapable d'y donner un âge. Ses cheveux sont étranges, je crois qu'elle porte une perruque. J'ai envie de m'adresser à elle. Je m'approche, elle est au téléphone. Elle porte une jupe assez courte qui laisse entrevoir des jambes pulpeuses. Son teint est pâle et arbore des lèvres d'un rouge vif. Elle porte des verres fumés. Elle a branché son téléphone dans un mur extérieur. Je m'approche et lui dit; c'est une question de vie ou de mort le téléphone je vois. Elle me répond avec un large sourire que c'est exact et que la probabilité qu'elle meurt d'un cancer prochainement est très élevée. En effet elle porte une perruque. Peu de gens ne voient les gens comme je les vois. Mes yeux sont ultra-perçants. Au téléphone c'est son médecin. Je lui souhaite bon courage et poursuis mon chemin. Tous et chacun a son histoire, parfois lumineuse, d'autre d'une grande noirceur. 


Un ami me dit que je devrais avoir davantage d'empathie. Comment fait-il pour dire ça? Je n'aime pas les conseils préférant l'accompagnement et l'écoute si on me veux du bien. La ville de Québec grenouille d'histoires parfois rocambolesques, il suffit d'ouvrir les yeux. Certains endroits mériteraient davantage de canopée. Je croise des coréens, à la blague je demande du sud ou du nord, ça les fait rigoler. Les chinois je demande s'ils sont venus en Amérique en ballons. Voilà mon empathie aujourd'hui. Quand je vois une araignée dans la maison au lieu de la tuer je l'éjecte au dehors. Voilà mon empathie. C'est pour ces raisons que parfois je ne prends toujours pas pour acquis ce que les gens me racontent. Je suis fait ainsi mais si la conversation est stimulante j'y participe assidûment. À l'approche de la saison froide j'aimerais bien démontrer de l'empathie en réchauffant le coeur d'une jolie personne. Malheureusement les gens ne viennent jamais vers moi. De toujours ce fut ainsi. J'ai développé des distorsions cognitives. Je me demande comment faire pour rencontrer une femme. Dans plusieurs pays c'est plus facile. Un journaliste français qui a écrit un livre sur le peuple iranien raconte qu'il a de la difficulté à rester seul un instant. Les asiatiques affichent une joie réelle en recevant de bienheureux commentaires. Toutefois le positivisme est de rigueur et les politesses aussi. Tout peut être exprimé, ça dépends de la façon de s'y prendre.


Je ne comprends pas ce qui se passe par ici, pourtant j'y suis né. En vieillissant je désapprends ce genre de chose et je suis moins motivé d'aller vers elles. J'interprète à tort que je ne suis pas suffisamment attrayant, trop vieux ou quelque chose qui n'est pas toujours de mon recours. On m'a déjà dit de faire quelque chose, plutôt simpliste comme affirmation. Et voilà que le hamster s'emballe. J'ai tenté un tas de trucs, le virtuel, les cafés, les ateliers, les activités. Je croise beaucoup de personnes qui ont peur, peur d'avoir peur, d'être dérangé, d'être submergé ou je ne sais quoi. Leurs amis leurs suffisent et elles sont trop occupées. La plupart embrassent leurs smartphones constamment ne laissant aucune place à ce qui est en dehors de l'écran. C'est comme si la réalité était dans l'appareil considérant le monde extérieur une menace. Je crois que les québécois seront les premiers à adopter l'intelligence artificielle car ils raffolent de ce genre de gadgets pour esquinter les imprévues qui pourtant font parties de la vie. Être constamment en contrôle est un signe de peur et de faiblesse. Ainsi on laisse passer des évènements qui pourraient s'afficher importants. Cela vaut aussi pour moi mais j'y travaille beaucoup. Sinon leurs existences sont bien remplies et leurs horaires surchargés. Je me demande souvent s'ils ont vraiment le choix ou si ce n'est que par peur du vide. Mon discours est amer en partie j'en conviens. Je tiens à apporter des nuances, tout n'est pas tout à fait noir ou blanc. Il est fort probable que je ne suis pas au bon moment ni au bon moment. Plusieurs iront travailler pour passer le temps, pour chasser l'ennui, plusieurs diront que c'est pour l'argent. Je suis content de mes clichés aujourd'hui, ma journée de travail c'est traduite dans la beauté, l'harmonie et la création. Je suis heureux d'avoir du temps, ce fut toujours ainsi, c'est l'une de mes richesses. J'irai plus souvent dans le Vieux Québec à la rencontre des autres.

17 octobre |

J'aime entrer en contact dans les lieux publics avec des gens venus de pays étrangers. En démontrant une ouverture je suis toujours bien accueilli. Je suis curieux de l'autre avec des questions intimistes. Ces nouveaux arrivants sont contents qu'on s'intéresse à eux, à leurs pays d'origine et leurs cultures. Au restaurant indien je dis à l'amie qui m'accompagne de ne pas se surprendre si j'adresse la parole à deux musulmanes voilées à nos côté avec quelques questions personnelles. L'une d'entre-elles convertie à l'islam mais elle affiche une belle ouverture et me semble radicale dans ces propos, elle est très jeune. Cette courte conversation me réjouis toutefois. Les nouveaux arrivants pour plusieurs doivent démontrer cette ouverture à l'autre et la plupart le font bien. Ça prend beaucoup de courage et d'ouverture pour s'intégrer à un nouveau pays et à une nouvelle culture. La religion c'est personnel d'autant qu'elle demeure dans le domaine du privé et que l'on ne tente pas de me convertir ou d'en juger. Chez le rabbin j'ai tenté en vain, les codes sont trop restrictifs, trop radicaux. Je ne ferai pas de comparaison, cet exercice serait malsain. Je garde pour moi mes impressions en évitant les critiques inutiles. Jamais je ne me suis aussi bien senti vivre dans mon quartier avec cette diversité et ma liberté retrouvée. J'ai eu souvent le goût de quitter le navire dans une fuite désespérée. Québec m'a vu naître et j'y suis attaché malgré les discordances parfois. Ailleurs il y en aura toujours alors aussi bien m'encrer pour le meilleur et pour le pire dans ma ville natale qui est fort jolie pour qui sais regarder. J'apprécie le travail du maire actuel et son discernement. Je ne choisis pas toujours ma route, c'est elle qui me choisis, on appelle cela le destin. Je me réalise en partie dans l'action comme pour tous les hommes je crois. Plusieurs c'est dans l'amour, action du coeur. Le mien est parfois desséché mais je m'en occupe. Le pardon s'effectue lentement et c'est surtout envers moi-même qu'il se manifeste en premier lieu. J'ai eu dans le passé une famille d'accueil disfonctionnelle, elle aurait pu être meilleure comme elle aurait pu être pire. Jamais je ne le saurai. L'important est d'avoir survécu malgré l'adversité. Ce soir je suis rempli de reconnaissance envers la vie, envers mon destin. En ouvrant mon coeur la vie m'offre ses trésors.

16 octobre |

Je crois qu'un jour un salaire universel sera versé à tous les habitants de la terre. Ce moment viendra ou les robots et l'intelligence artificielle remplacera un grand nombre d'emplois. D'autres emplois seront créés qui ne sont pas lucratifs tels élever les enfants, aider les grands parents, organiser les activités communautaires et s'occuper les uns des autres. En cela le salaire universel ne sera pas versé en vain. Il ne s'agit guère de sauver des emplois que de sauver la vie des hommes. Utopie me direz-vous? Les juifs ultra-orthodoxes en Israël reçoivent ces subventions afin d'étudier ensemble le Talmud. Certes ils ne sont pas riches mais ils démontrent un taux de satisfaction élevée en rapport avec leur qualité de vie. On pourrait se servir de ce modèle pour repenser notre condition humaine, les technologies aidantes. Pour ma part je peux affirmer que ce modèle me va très bien. Le monde actuel est déficient faut se l'avouer et si un vent de changement n'apparaît pas bientôt nous courons tous à notre perte. Il faut que l'humanité et la vie sur cette planète retrouve son sens, il est urgent d'agir. L'intelligence artificielle pourra, si elle est bien appuyée des hommes, offrir une trêve et de l'espoir dans un système ne répondant plus aux besoins actuels de l'humanité. Espérant que ces technologies n'affaiblissent les humains comme l'on fait les sociétés industrielles. Une ère nouvelle basée sur un communiste renouvelé ferait son apparition avec l'aide de l'intelligence artificielle. Il est urgent d'agir pour un monde meilleur, l'heure n'est plus aux transgiversations.

15 octobre |

Actuellement beaucoup de choses et d'idées tombent en désuétude rapidement. Aujourd'hui je suis allé au salon des aînés du centre de foires. Il y avait un monde fou, des milliers de personnes. Je n'y suis pas resté longtemps. J'ai trouvé triste de voir le spectacle de tous ces gens rechercher un semblant de bonheur et de distraction. Une zone était aménagée pour offrir des emplois à temps plein ou partiel aux aînés. Ce fut mon principal intérêt ayant atteint la retraite et désirant travailler une journée par semaine. Rien ne presse. La plupart des grandes institutions n'offrent pas des emplois à temps partiel car leurs structures et leur bon vouloir ne sont pas au rendez-vous. Les mentalités font en sorte que l'on passe pour des paresseux ou sans motivation lorsqu'on sollicite un poste d'une journée par semaine. J'ai connu la même histoire dans ma jeunesse. Cette foire est principalement commerciale. Rien de très progressif malgré les tentatives. À l'heure ou le coût de la vie est extrêmement élevé, le libéralisme perd de son lustre. Rapidement j'opte la direction d'une bonne librairie. J'ai besoin de bouquins qui m'inspirent. Je tombe sur un historien israélien de renommée internationale, Yuval Noah Harari. J'achète son dernier livre "21 leçons du XXIème siècle". Les premières pages m'enivrent de vérité et de savoir. Dans la foule les opinions sont tellement partagées que j'y perds pied. Malgré tout la diversité est enrichissante et il me serait impossible de vivre où tous seraient identiques. Au même instant je revois les milliers de gens qui font le tourniquet pour remettre leurs offrandes au premiers venus en se faisant proposer des tas de trucs obsolètes au bonheur à ce salon. Tous ensemble à la file indienne ils se sentent moins seuls un peu à l'image des spectacles d'humour. On rit tous ensemble, là est le réconfort et le sentiment d'appartenance. Ça s'arrête là, l'illusion est totale. Ceux et celles qui proposent des emplois en réalité offrent des portes tournantes telles des plateformes numériques impersonnelles. J'ai l'air pessimiste mais en plongeant dans certains bouquins j'y découvre davantage de lumières et de stabilité. Des questions et des réflexions s'invitent où il y a lieu de s'inquiéter pour la suite du monde libre. Je n'aime pas les phrases toutes faites du genre c'est ça la vie. La société de masse est devenue un spectacle ou les repères et le bon sens s'évanouissent rapidement. Dans la foule je me distrais quelque peu mais me désole abruptement. Les gens n'ont pas le temps de réfléchir car il faut travailler, élever les enfants, faire les courses. Que faire alors ? Se mettre la tête dans le sable, résister, se révolter, changer de gouvernements aux quatre ans le temps de mettre quelques couches de vernis ici et là. Le Québec appartient aux promoteurs, c'est eux qui détiennent le pouvoir. Il faut faire vite alors en répondant aux rapports trimestriels des actionnaires. La philosophie n'a pas de place dans ces projets, seuls les sempiternels rendements comptent. Je n'ai pas les réponses mais une chose est claire est que je dois m'abstenir de faire des vagues inutiles dans un monde de plus en plus étrange, intolérant et complaisant tout en faisant émerger en moi la paix et le silence de ce brouhaha turbulent.

13 octobre |

L'énergie, le moral et la forme réapparaît enfin. Le gym, une alimentation rigoureuse, le sommeil commencent à faire son chemin. La confiance, le blogue et mes repères réapparaissent lentement. Le voyageur revient un jour ou l'autre sinon ce n'est pas un voyageur. Ce fut toute une aventure, celle que l'on fait qu'une fois dans sa vie. 2023 aura été révélatrice. Je suis chanceux, j'en conviens. La van sera utilisé avec davantage de parcimonie. J'ai d'autres choses à vivre, la route n'est pas terminée mais elle sera différente avec un équilibre assurément. Un type que je connais m'a dit que ça paraît que j'ai recommencé à m'entraîner, ça m'encourage. J'aurai prêché dans le désert réellement. J'ai appris. Maintenant je reconnais davantage le mot merci. Merci la vie. Dans quelques semaines je vais hiverner. J'ai peu à dire ce soir mais je délie mes pensées qui, à mon retour, étaient entremêlées. Ce dialogue avec moi-même est salutaire faute d'avoir des échanges. En Californie j'ai trouvé au sol du cannabis que j'ai consommé. J'ai continué cette folle habitude qui est rapidement devenu un cauchemar. Il y a deux ans dans l'ouest canadien j'ai aussi consommé, j'en suis revenu malade. Je m'identifiais à Beaudelaire dans les paradis artificiels en fumant du haschisch mélangé avec du cannabis. Un cocktail explosif qui déprime le système nerveux littéralement. En Californie le premier joint fut dans Sequoia National Park au pied des arbres géants. J'étais pris dans un engrenage qui aura duré deux mois sans avoir la volonté de cesser. Dans le passé j'avais déjà fumé sachant que cette merde n'est pas faite pour moi. Il faut tomber dans le fond du puit pour savoir y remonter, certains n'y remontent jamais. C'est pour ça que je dis merci. J'ai dépassé mes limites dans ce voyage, par exemple en prenant des chemins de terre complètement désertiques sur des journées entières sans voir aucun signe de vie, garages, habitations. Parfois le véhicule passait à peine enlisant mes roues à quelques reprises. L'adrénaline était à son maximum. C'est au Nevada que j'ai vécu mes meilleurs moments, un dépaysement complet. C'était avant le weed. Les boutiques de cannabis et ses dérivés sont partout sauf chez certains états républicains du Midwest. La Californie m'aura cassé. Maintenant la sobriété m'a rejoint, l'équilibre aussi et je m'en porte mieux. Il est important pour moi d'exprimer ceci, le récit aurait été incomplet.

12 octobre |

Je crois avoir voulu inconsciemment disparaître souvent tout comme les "évaporés du Japon". Ce livre écrit par Lena Mauger est un reportage méticuleux sur les gens qui disparaissent volontairement de la société au Japon. La culture nipponne est centrée traditionnellement sur la performance, le travail et la réussite. Si on ne fait pas parti de la masse on est marginalisé. Ceux qui manque à leurs devoirs et ont des échecs disparaissent volontairement par honte. Dany Laferrière dans "sur la route avec Bashō" dit "je crois que dans ces moments de crise aiguë où tout semble bougé sous nos pas il est bon de quitter notre époque". Dany Laferrière est admirable du fait qu'il mixte la réalité avec le rêve. Autant j'avais de la facilité à écrire il y a quelques mois autant il m'est difficile aujourd'hui. En réalité écrire à tous les jours dans le blogue lors du récent voyage de quatre mois m'a paradoxalement inspiré et saturé l'esprit. J'ai ressenti fortement un vide et une fatigue extrême au retour de cet intense périple. L'extrême contraste entre la vie en vanlife dans un espace restreint et le retour à la réalité chez moi fut pénible. J'ai bougé beaucoup possiblement trop pour mes capacités. Un repos salutaire est prioritaire et surtout l'absence d'effort et de mouvement. J'ai dépassé mes limites, je le reconnais. 

Moins je sais plus je comprends, je reconnais. L'aventure ne sera plus jamais la même après cette année fulgurante, la troisième du genre. Écrire sera mon salut malgré le fait qu'il soit difficile en ce moment. Lors du récent voyage je décrivais le monde extérieur avec son histoire et sa culture qui se déroulaient sous mes yeux. Au retour je dois voyager à l'intérieur de moi pour y retrouver ma source et mon inspiration la est la difficulté en ce moment. La réalité est que j'y ai retrouvé le vide et l'absence de moi-même et de l'autre. La transition est cruelle. La réalité devant laquelle je fais face actuellement est un sentiment d'isolement social. Ce sentiment m'a toujours habité même parfois entouré de gens. On se doit de comprendre avec le coeur et non l'esprit. Mon coeur a été trop longtemps fermé surtout depuis la pandémie. Partout je vois des fissures dans notre culture. Rien n'est acquis malgré le fait que je vis dans une société relativement prospère. Qu'en est-il de cette richesse et de cette culture? La terre certes, l'eau mais c'est surtout les gens qui en font la distinction. La société québécoise est ingénieuse, patenteuse, parfois au détriment de la raison. Il le fallait bien pour vivre sur cette terre rude où tout devait se réinventer pour s'adapter et ça ne s'arrête jamais. Nos difficultés sont reliées au fait que nous avons été colonisé et soumis au dogme de l'église. Au fait que nous n'avons jamais été indépendant, autonome. Cette affirmation s'applique aussi pour moi car mon apprentissage fut cruellement indisposant. Je ne critique point mais je tente d'affirmer une certaine réalité. Après de nombreux voyages je suis venu à la conclusion que je suis pas fait pour vivre ailleurs. Pour cela il aurait fallu le faire très tôt ou les apprentissages et les adaptations sont plus faciles. Le monde parfait n'existe pas de notre vivant. Nous avons tous besoin des éléments de base pour vivre, ensuite c'est de son recours à transformer, du mieux qu'il soit possible, son monde intérieur et son regard. Nous allons tous mourir un jour, en cela l'angoisse est omniprésente J'avoue être hypocondriaque et anxieux, c'est pas facile mais en écrivant je m'encre dans le moment présent. 

J'ai parfois l'impression que mes repères me glisse sous mes pieds. Au centre commercial la semaine dernière il y avait des nouveaux arrivants comme jamais je n'en avais vu auparavant. Ça m'est égal mais le décor change considérablement. Je vais modéré les téléjournaux de façon à me protéger du négativisme qui y règne. Des guerres, de la violence, de l'indifférence partout et bientôt le manque de ressources cuisantes par les changements climatiques. J'ai tendance au négativisme mais j'y travaille fermement. La difficulté est de ne pas le faire en me renfermant. Lors du récent voyage de quatre mois en vanlife j'ai réussi plusieurs mois à élargir mes horizons. La vérité est que j'ai compris qu'il me manquait des besoins de base pour rester en équilibre, par exemple mon alimentation qui a fait défaut et le taux d'adrénaline trop élevé sur un trop long laps de temps. L'adrénaline est reliée au stress que les endomorphines associées au sport sont reliées au bien-être. La solitude je crois bien l'avoir fui mais je réalise, malgré toutes les beautés de la terre, qu'elle m'a accompagné dans un déni insoutenable. J'ai ressenti un profond déracinement en n'ayant que peu ou pas d'interactions sociales et de repères. Le signe que je prend du mieux est la reprise de l'écriture et de la saine lecture. Je suis conscient que le monde actuel est inondée d'informations, cela n'ira pas en s'améliorant malheureusement et nous n'avons pas encore connu l'intelligence artificielle comme s'il n'y avait pas suffisamment d'artifices dans ce monde en rapide mutation. Quoique qu'il en soit j'ai le goût de m'encrer en moi davantage dans une communauté qui plus juste et crédible. Ma confiance s'est étiolée au fil du temps par des blessures que je me dois d'observer avec rigueur sans jugement toutefois afin de les amenuiser.

5 octobre | Rivière Bécancour, Parc des Chutes Lysander, Inverness, Centre du Québec 

Mon copain à St Gilles-de-Lotbinière habite dans une luxueuse maison en bois rond de pin blanc qui s'est fait construire. De grosses truites pataugent dans l'étang à côté du pommier. Ses deux chiens reniflent autour. On a mangé des tartares et des saumons grillés sur le grill près du feu. Après le spa le lendemain matin je suis allé au parc des chutes Lysander à Inverness. Autour de cette municipalité s'étiolent mes paysages et villages préférés. J'attache mon hamac sous de grands pins dans le vent chaud de cet après-midi d'octobre. J'éprouve beaucoup de gratitude et d'apaisement. Les chemins historiques Craig et Gosford du début de la colonisation du régime anglais Craig traversent la région sur de jolis vallons. Partout où il y a des traces anglosaxones, je m'y sens bien. Mon copain n'est pas bien, il attend d'une journée à l'autre un appel pour une chirurgie à la hanche. Il travaille beaucoup, c'est sa fierté. C'est un véritable leader et gentleman. On a beaucoup parlé. Je reprends lentement le goût d'écrire. Une partie de mon hiver sera consacré à la réflexion, à l'entraînement, à l'écriture et à la recherche de compagnons pour faire quelques activités et discussions. Je réalise à peine que je suis à la retraite. Je note dans un fichier une liste des endroits à revoir. Je m'organise. Merci la vie.

4 octobre | St Gilles-de-Lotbinière, Chaudière Appalaches 

Je me suis acheté de nouveaux espadrilles, ça évolue rapidement depuis mes derniers. J'ai demandé des souliers de marche, le conseiller m'a dit qu'il n'existait pas encore des souliers pour s'asseoir. Depuis plusieurs semaines je mets à jour une panoplie de choses utiles et pratiques avant le remisage de mon véhicule. Je sens en moi un véritable vent de changement. Je sens que j'avais certains rattrapages à effectuer. En écrivant je fais la sieste à l'ombre dans un joli boisé en attendant d'aller voir un ami. Il aime bien prendre une tasse, je lui ai acheté une bonne bouteille... d'eau pour rigoler. C'est l'une des rares personnes connues dans mon défunt club de plein air avec qui j'ai du plaisir à revoir. Que de discussions et souvenirs au menu. J'aimerais bien organiser comme jadis quelques randonnées en raquettes hors piste dans Chaudière Appalaches, de loin mes préférées. On verra bien où le vent me portera. Il est vrai que j'ai eu de la chance d'avoir réaliser tous mes rêves et projets sauf pour l'amour si longtemps attendu. Le destin en a voulu ainsi jusqu'à présent. Comme pour le reste, la vie me porte où elle veut bien. J'éprouve de la reconnaissance pour deux choses. La première est le club que j'ai créé en 1994, époque où internet n'existait pas, deuxièmement d'avoir conserver mon modeste logis depuis bientôt 30 ans qui me convient. Cette constance a été salutaire. La route fut longue depuis 2020. J'ai parcouru 80,000 kilomètres avec Béa, ma van fidèle, à travers l'Amérique du Nord d'un océan à l'autre et la route n'est pas tout à fait terminée mais elle sera plus lente et moins longue. 

Ma curiosité et ma passion pour les choses que j'entreprends est l'une de mes qualités, je suis aller au bout de mes rêves jusqu'à présent. Je fut un précurseur des époques traversées. Il m'est impossible d'avoir des regrets de toutes ces expériences malgré les soubresauts parfois incommodants.  J'ai maintenu le blogue de l'aventure avec détermination et persévérance. Ce fut le prolongement naturel de ma création en 1994. Faute d'être en relation avec l'amour d'une femme je le fus avec moi-même ce qui m'amène aujourd'hui à reconnaître mes besoins actuels. Un monde est immense à l'intérieur de chacun de soi qui attend d'être découvert à chaque jour.

30 septembre | Ruisseau Leblond, St Gervais-de-Bellechasse, Chaudière Appalaches 

Le thème actuel qui suscite mon attention est celui de la solitude et de la difficulté à créer des liens d'amitiés sincères. Je me remets lentement après quatre mois d'intenses mobilités aux États-Unis en vanlife et un mois en cyclotourisme à Cuba l'hiver dernier. Je constate à mon retour plusieurs réalités contradictoires qui se côtoient dans la culture actuelle ayant suffisamment pris du recul pour l'affirmer. Je prends davantage conscience de mes lacunes interpersonnelles qui me portent. Depuis toujours je suis fasciné par le sujet pour avoir travailler de nombreuses décennies dans un milieu de vie singulier et hétéroclite. Aujourd'hui la réalité me rejoint.


Je passe quelques nuits dans une forêt d'érables dans Bellechasse sur les rives du ruisseau Leblond. J'ai adopté ce lieu pour m'y ressourcer depuis quelques années. Je vise davantage l'immobilité après mon périple au sud de la frontière. J'ai appris beaucoup sur moi depuis peu, la retraite étant amorcée solidement. Mon corps me l'indique mais pas mon esprit qui demeure vigilant. En écrivant dans cet espace revitalisant, je fais le point sur ma vie. Le cocooning à compter de novembre m'attend bien entendu en remisant Béa ma précieuse van. Cette année pour mes 65 ans, j'ai été le plus loin qu'il m'était possible d'allé dans ma tête et mon corps. Même si j'ai vécu des épreuves je suis satisfait du cheminement. Les plus grands malaises se sont retrouvés dans une solitude non désirée. Je n'ai autre choix que de l'apprivoiser. Bien entendu je ne désire pas constamment être accompagné mais le manque de partage et d'amour m'indique des lacunes importantes.


J'ai tellement passé de temps à entretenir mon blogue depuis avril sur des éléments extérieurs que j'ai négligé d'entreprendre le voyage intérieur nécessaire à mon équilibre. J'étais trop occupé à autre chose. J'ai repris depuis quelques semaines un entraînement dans un nouveau gym que j'adore en adoptant une alimentation beaucoup plus saine et appropriée que dans les dernières années. Mon objectif maintenant est de retrouver un poids santé et un meilleur équilibre physique et mentale. La plupart de mes objectifs de voyage sont atteints. Depuis toujours je mettais à jour un fichier avec des projets de grandes aventures. Je l'ai ai tous atteint sauf pour quelques petites escapades ici et là que j'entreprendrai avec plus de douceurs et de parcimonie. Ceci étant dit je tenterai de me créer un nouveau réseau d'amis véritables ce qui n'est pas simple surtout à Québec. L'hiver n'ayant pas de véhicules je vais me remettre à lire et écrire. Je n'envisage plus de très grands projets qui ont parfois été en contradiction avec mes besoins réels. Ces derniers devront passer par davantage d'interactions avec autrui. Je pourrais écrire mon blogue dans un cahier mais je sais que j'y porterais moins d'attention. J'aime écrire dans cette page lumineuse et ouverte sur le monde. Je suis littéralement en amour avec Chaudière Appalaches, toutes mes excursions passées et présentes me le confirme maintenant. Je m'y sens comme chez moi. À ce titre j'ai un projet à compter du printemps prochain en association avec cette région que je divulguerai plus tard.


En renouant avec l'une de mes activités préférées, la randonnée hors piste, j'ai croisé les propriétaires des érablières adjacentes. Ils m'ont tous exprimé de la bienveillance en me permettant de séjourner sur les lieux. Je reconnais la grande amabilité des fermiers de Chaudière Appalaches. C'est pour ces raisons que je m'y sens bien et que j'y reviens. Dans une autre vie j'y habitais. La culture y est bien différente de la rive nord et Québec. J'aime les forêts de feuillus et les érablières. Les traditions ont permis de développer l'ouverture et l'entraide ce qu'elles ne cessent de s'effriter en ville. J'ai arpenté la forêt sur une douzaine de kilomètres, ce soir je me sens apaisé de renouer avec le Québec rural et champêtre. Voici des pistes pour la suite. L'objectif n'est jamais une fin en soi, le chemin pour y accéder demeure la meilleure source de motivation.