Acalmie

Bienvenue sur mon blogue personnel. Ce journal intimiste exprime un désir de dépassement et d'authenticité.

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Polarsteps


24 novembre |

Ma réflexion, parfois spéculative, encourage l'imagination et la réflexion sur des futurs possibles, plutôt que de se concentrer uniquement sur le présent. Ce type d'approche est utilisé en philosophie, qui consiste à s'interroger sur les conséquences d'une idée sans forcément la considérer comme vraie au départ. Personne ne croit plus, à part quelques irréductibles, que les modèles qui ont valu dans le passé soient les seuls valables aujourd'hui. On le sait en politique où les modèles qui jadis fonctionnaient n'ont plus la même portée actuellement. Notre tâche est de trouver un nouvel équilibre entre la juste mémoire de la culture des humanités et l'ouverture aux figures du présent. Par contre, le présent est truffé de messages contradictoires et d'opinions controversées, particulièrement dans les médias. Toutefois, les grands médias d'informations sont essentiels pour offrir un début de dialogue et une base pour étaler la communication. Il n'y a plus aujourd'hui ces modèles de vie transmis par l'autorité de la tradition, comme le mentionne Georges Leroux dans le cimetière des humanités. La méconnaissance de notre héritage constitue une perte grave à laquelle il n'est pas facile de remédier. La chaîne des traditions se rompt rapidement, laissant le vide se prélasser avec une somme considérable de pensées contradictoires. Est-ce cela la liberté ? La liberté n'arrive jamais seule. La liberté prend souvent la forme d'idées et de croyances illusoires. La continuité n'est plus assurée. La nécessité du recours aux sources est essentielle pour transformer le présent. L'histoire constitue notre présent, le déterminisme le prouve, mais il n'est pas le seul. Nous assistons à une mutation gigantesque de la culture, dont nous commençons à prendre la mesure : je parle d'une société centrée sur l'humanisme vertueux, héritée de l'Antiquité, à une société de savoir et d'expertise mise en place par la modernité. Que peuvent donc encore apporter les humanités, ce répertoire de grands textes et de grands exemples qui servait de base à l'humanisme ? La servitude sévit, elle étend ses tentacules partout et prend place insidieusement à la liberté âprement acquise au fil du temps. Il faut regarder et surtout comprendre le chemin parcouru pour se définir à l'heure actuelle. Une société qui renoncerait à l'idéal de liberté pour ne former que des personnes savantes ou compétentes renoncerait du même coup aux instruments de liberté. Je pense ici à tous ces peuples issus de différentes cultures habitant tous ensemble et qui offrent dans leur diversité une force incroyable. En incriminant les minorités, la société s'affaiblit. Les sociétés les plus riches culturellement ont longtemps vécu sur le bassin méditerranéen. La richesse de ces contrées est irréductible. Le savant a remplacé le sage. On parle davantage de nos jours d'avancées scientifiques, technologiques et de savoir au lieu des préceptes d'Aristote et de Sénèque. La science et la technologie, il ne faut pas l'oublier, ne sont que des outils pour accéder au bonheur, ils ne sont pas le bonheur. Ce n'est pas autant la tablette où j'écris qui me rend heureux que les mots qui s'expriment d'eux-mêmes sur la tablette. Que cherchait à réaliser cet humanisme de l'Antiquité en passant par la Renaissance ? Moins à transmettre un savoir qu'à former des caractères et à inculquer des vertus. L'essentiel était représenté dans les vertus pour que l'humanité puisse accroître son rayonnement et que chaque citoyen puisse profiter d'un jugement bien formé. Je me méfie d'une société basée uniquement sur le savoir. Les humanités m'apparaissent comme le formidable antidote aux maux de la démocratie contemporaine, qu'il s'agisse de la superficialité d'une culture préfabriquée par les médias ou tout simplement du cynisme et de la corruption. J'ai énormément d'admiration pour ceux qui expriment des idées claires ce qui se tapit au fond de moi sans que je réussisse à trouver les mots justes. J'acquiers ainsi de nouveaux alliés à ma défense qui deviennent mes porte-voix. J'ai négligé mes cahiers d'exercices pour troquer les grands chemins. Aujourd'hui, plus que jamais, je ressens ce besoin viscéral de m'imprégner des grandes idées et principes qui forment un homme authentique. Quelles sont belles ces forces et ces esprits pour porter d'aussi grandes vérités dans un verbe aussi lucide à mon corps fatigué d'avoir rompu trop longtemps avec la sagesse. Ce qu'il faut aujourd'hui pour rendre la vie des hommes meilleure dans la nouvelle ère qui vient de débuter avec l'intelligence artificielle, ce n'est pas de répéter mais d'innover à rajoutant de la valeur et non de la détruire, comme font actuellement les algorithmes malveillants de la Silicon Valley. De nouveaux modèles de pensée, d'éducation et de travail doivent être mis en place rapidement afin que les hommes de demain puissent vivre en complémentarité avec l'intelligence artificielle. Je ne crois que le travail va se dissoudre, bien au contraire, mais qu'il va augmenter, qu'il soit de nature lucrative ou non. Il faut rajouter de la valeur dans la vie des gens, ce que les vieux systèmes en place ne font pas et que la volonté d'agir en ce sens s'étiole devant l'énormité de la tâche. L'intelligence artificielle en ce moment n'est pas capable de rajouter de la valeur, elle ne fait que des calculs rapides. Il faudra préparer les gens de demain à penser autrement et à rajouter de la valeur à l'homme et non de lui enlever et de la détruire, ce à quoi le capitalisme agressif tel que véhiculé Silicon Valley s'évertue à faire. Nous sommes face à la croisée des chemins, à nous de choisir ce que nous serons demain, des prolétaires ou des hommes libres. Il ne faut pas se libérer du savoir accumulée, mais en acquérir de nouveaux. Bernard Stiegler, éminent philosophe français affirme qu'il n'est pas certain que le capitalisme tel qu'on le connaît ne survivra à l'intelligence artificielle. J'avoue qu'à cette question, j'ai confiance et me réjouis en l'avenir.

23 novembre |

Nous avons tous droit à la paresse. La démocratisation des loisirs en est l'exemple le plus déterminant. Les questions s'imposent devant les notions de travail à l'ère contemporaine. Il me semble tout à fait inimaginable à court ou moyen terme que le système capitalisme se réinvente, car trop de gens dépendent de ses détractions, comme par exemple la bourse qui crée l'illusion que l'argent fait le bonheur. Certes, l'argent fait le bonheur mais il n'y a pas que ça dans la vie pour atteindre l'équilibre tant recherché. L'argent si bien utilisé, a le pouvoir de créer du temps libre, ce qui n'a rien à voir avec la paresse. Si on a pas le loisir de penser et de réfléchir, comment faire pour être lucide ? Dans les médias, la plupart du temps que l'on y retrouve, ce sont des choses et des idées à vendre. Que mon agenda ne soit constitué que de tâches de production, comment ferais-je pour prendre le recul nécessaire à poser les bonnes questions sur la vraie vie et les possibilités d'atteindre un bonheur lucide, réel et durable ? Ne pas se poser les vraies questions dans le monde qui nous habite est synonyme d'ignorance et d'oisiveté étranglante. Poser les bonnes questions, c'est agir, c'est vouloir. Avoir des loisirs dans la société, c'est avant tout la reconnaissance de sa propre personne dans cette dite société. Encore qu'il faille savoir s'occuper de ses loisirs. Ce qui distingue les gens les uns des autres, c'est souvent l'argent et le pouvoir associé à ce dernier. Cette pensée va créer des croyances et des interprétations qui, par la suite, développeront des comportements et le système que l'on connaît. Ce n'est pas tant de changer le système que de le réformer de l'intérieur. Cela prend du temps, beaucoup de temps. Il y aura des vagues successives de réussite entremêlées d'échecs. C'est que la route n'est jamais et ne sera jamais un chemin tranquille. Quelques pas en avant, des pas en arrière, voilà le sort que subit le monde depuis la nuit des temps. Le mode de vie tel que l'on connait n'est qu'une succession de mouvement trépidant à certains égards, désolant d'autre part. Les loisirs pour la plupart sont la continuité du travail et qui ne savent rien faire d'autre. Combien de fois, en marchant dans la rue le weekend, je m'étonne d'entendre parler de travail ensemble les gens qui ne semblent pas avoir d'autre distraction. Je n'affirme en rien obtenir les bonnes réponses, je pose simplement des questions en provoquant la réflexion, la discussion, et qui, à bien des égards je reconnais, nuisent au lieu de distraire. Car le fait de bien penser devient une distraction inutile et non productive au sens matérielle et qui dérange plus qu'il n'amuse. Posez une question philosophique à quelque travailleur à la tâche et vous constaterez par vous-même qu'il n'a même pas le temps de l'entendre. Que la question soit trop sérieuse et observer les gens tourner à la dérision toute tentative de réflexions profondes. Le divertissement incontrôlé est d'autant plus populaire qu'il est dérisoire. Du pain et des jeux étaient les thèmes chers aux romains qui ont compris que sans eux, il était impossible de gouverner. Alors des beaux discours, de la poudre aux yeux, comme on dit, quelques friandises et abracadabra, le tour est joué pour un prochain round. Plusieurs femmes d'autrefois cherchaient un mari pour laisser libre cours à la paresse. Le mot paresse est évoqué par les loisirs aujourd'hui. Avec le coût exorbitant de la vie et les ambitions démesurées, le travail en est-il venu à prendre la place aux loisirs ? Jeune idéaliste, je rêvais d'une retraite de loisirs alors que l'on parle de plus en plus aujourd'hui de faire travailler les vieux. Que s'est-il passé avec nos rêves d'antan et la société de loisirs que l'on imaginait ? Il faut savoir avant tout que faire de ses loisirs et surtout de sa liberté, car c'est bien de cela qu'il s'agit. Les valeurs du travail en sont venues à  prendre la place à la liberté. Les idées aujourd'hui ne servent trop souvent qu'à bâtir, qu'à produire de la richesse matérielle. Mes idées sont les seules choses que je puisse produire avec la  tentative furieuse de rechercher la raison et quelques brides de bonheur. Lorsque je regarde le monde qui m'entoure, j'ai l'impression de vivre dans une jungle sauvage et sauvage. Mais je sais que l'amour existe et qu'il finit toujours par nous sauver. Si l'amour n'existait pas, nous ne serions pas là pour en discuter. Heureusement qu'il y a des gens qui réfléchissent sur le monde complexe dans lequel je dois franchir avec le plus de clarté possible chez France Culture, par exemple, et dans lequel je peux m'abreuver à l'infini, ou presque, d'idées riches, créatrices et productives. Que d'être rémunéré à enseigner les vertus, traduire l'histoire ou divulguer la beauté et la vérité du monde me touchent considérablement. Sans les idées et les questions que propagent les grands penseurs, le monde ne serait qu'une grande roue d'amusement stérile et complaisante s'affairant à tourner sur elle-même, ne sachant que faire d'autre. Je tente ici par ce moyen et de façon tout à fait volontaire et libéré de renforcir le maillon qui m'intègre à la vérité et la beauté du monde. Que demander de plus ? Je ne suis plus en voie d'être, je suis devenu. Je n'ai plus besoin de partir, je suis déjà arrivé.


21 novembre |

Pour Nietzsche, le travail s'oppose au développement de soi. Il est donc un moyen pour l'État de contrôler le corps social en privant l'être humain de ses instincts asociaux, et d'entraver son désir d'émancipation individuelle. La vraie vie arrive après qu'on s'est débarrassé de toutes les pelures de soi-même. On y accède après la traversée de la zone d'ombre, après une certaine mort de soi. La vraie vie arrive après ce passage. La vraie vie est presque toujours une résurrection. La vraie vie n'est jamais donnée. Elle le serait par qui, par quoi ? L'égo, ce traître, s'en empare et voudrait que ce soit sa chose, son bien. C'est le contraire qui est vrai. Le moi appartient à la vie, non la vie au moi. En réalité, les pelures sont l'égo, cette couche d'ombres qui nous habitent et qui nous empêchent d'accéder à la vraie vie. La vraie vie est là lorsque je m'absente. Le travail est une activité consciente et la plupart du temps volontaire, sauf dans le cas de l’esclavage. L’histoire de cette notion connaît trois étapes originellement perçu comme un châtiment divin, par exemple : Adam expulsé du paradis est condamné à travailler. Le mot travail aurait pour origine du latin outil qui, d’abord utilisé pour ferrer les chevaux, désigne par extension, un instrument de torture. Cette connotation négative fait que le travail est source de souffrance Mais avec la révolution industrielle, le travail a été revalorisé : il permet non seulement la satisfaction des besoins vitaux, l’augmentation de la richesse, et donc l’essor des nations, mais aussi la socialisation et la réalisation de soi, comme le montre Hegel. Pourtant, comme Marx le met au jour de manière systématique, l’exigence de productivité et de rentabilité propre à la société capitaliste brise cet élan libérateur : le travail est de plus en plus exploité tandis que la technique, de plus en plus envahissante, aliène l’homme, comme en témoigne aujourd’hui l’usage compulsif du téléphone portable. Les vertus diffèrent selon la religion, la culture, la philosophie. Je distingue parmi la liste, selon différentes sources : la bienveillance, la droiture, la bienséance, la sagesse, la justice, la prudence, la tempérance, la force et la fiabilité. J'ai omis volontairement les vertus théologiales telles la foi, l'espérance, la charité et la piété. C'est par les vertus que l'on peut associer nos valeurs. La valeur du travail en est une. La morale est aussi associée aux valeurs du travail. Mais qui dicte ce qui est bien ou mal avec certaines valeurs ? Le fait d'être différent de la norme ne justifie pas une absence de valeur. Qu'est-ce qui est le plus important ? Les questions ou les réponses ? La question est généralement considérée comme plus importante que la réponse, car elle stimule la réflexion, définit un problème et pousse à la découverte, tandis que la réponse peut n'être qu'une solution temporaire. Je crois qu'il y autant de morales biaisées dans la masse, qu'il y a d'opinions. Il y a la morale basée sur les vertus universelles et de la vie qui émane de soi et celle que la société impose. Je me méfie de la morale qui pourrait me porter préjudice en lien avec des jugements de valeurs à mon égard et ce qui m'est utile de faire ou de penser. Tous ces mots côte à côte m'apporte une grande confiance et provoque chez moi une grande curiosité sur des grands thèmes universels. Combinés à une réflexion profonde, à l'étude et au repartriment de mon pouvoir m'aide considérablement à augmenter mon sentiment d'humanité et de décence à mon égard. Si on ne demandait aujourd'hui que voudrais-je faire dans la vie, je répondrais sans hésiter un sage. À chaque discussion, mes premières interrogations sont de définir le sens des mots utilisés et de remonter aux causes de chaque chose tout en m'accordant la confiance qui s'impose et ce, même dans les oppositions qui nous distinguent. Encore une fois, pour aller à la rencontre de l'autre, il faut, au préalable, avoir fait sa propre connaissance et reconnaître sa propre valeur.


20 novembre |

Une civilisation qui produit n'est pas paresseuse. On a toujours cru à ce mythe qui indique qu'il faut toujours plus et toujours plus vite. Je n'y crois pas, je n'y crois plus. Les politiciens sont les plus grands menteurs en mettant toujours au premier plan l'économie. Et comme si cela ne suffisait pas, on nous bombarde et on nous mitraille d'économies de guerre. La définition du mot travail est associée à la torture et à la souffrance. Pour moi, le travail effectué doit être avant tout rempli de sens. Le travail signifie davantage qu'un métier, une carrière, une profession, de l'argent. Il y a le travail désintéressé, le travail sur soi, etc. Tous les petits boulots avant mes 35 ans n'avaient aucune parcelle de sens pour que je m'y attache. Les trente années qui suivirent furent à ce point créatrices que je n'avais presque pas le sentiment que je travaillais. Mon travail et moi ne faisaient qu'un. Vint un jour la retraite, où le personnage dans son rôle s'est effacé. Les premières années furent douloureuses en perdant tous mes repères et les raisons qui m'ont permis de donner un sens à ma vie jusqu'alors. Les premières grandes leçons d'humilité ont débuté. Ce n'est que longtemps après que je compris que trop d'émotions me submergeaient et qu'il me fallait agir davantage dans la raison, je n'avais plus le choix, c'était une question de vie ou de mort. Je ne m'étais pas habitué à tout ce temps libre pour réfléchir sur la suite des événements. De toujours je me suis projeté en avant jusqu'à tout récemment où j'ai compris qu'il était devenu inutile de vivre dans les projets futurs. Apprendre à s'encrer dans le présent n'est pas toujours une tâche facile, surtout si le quotidien ne m'offrait pas tous les éclats de bonheur dont je m'étais si souvent nourri dans l'exercice de mes fonctions. Mes nouveaux repères sont constitués de bien petites choses. Cela représente une forme d'humilité que d'accepter qu'il n'y ait pas de grandes secousses, de grands événements, de grandes sensations. J'accepte mieux la vie comme elle se présente aujourd'hui, car la vie se suffit d'elle-même. J'ai atteint tous mes objectifs, jusqu'à présent, qu'ils soient grands ou petits. J'ai su apprendre de mes misères, qui en réalité étaient mes illusions. Dans mes absences, j'ai appris à recueillir ma présence. Il y a deux façons d'accéder à la liberté : diminuer ses besoins ou augmenter son pouvoir d'achat. Les amérindiens vivaient simplement avec ce que la nature avait à leur offrir. Ils devaient forcément être plus heureux que nous le sommes. À quoi ça sert de vivre vieux, si on est pour vivre malheureux. Je saisi le sens du mot espoir ici. Toutefois, l'idée seule d'espérer ne suffit pas, il faut aussi vouloir. Il n'y a qu'à regarder autour de soi pour voir que le monde dans lequel nous vivons est devenu tellement perturbé. Peut-être l'a-t-il toujours été mais que ma conscience s'est affûté au fil du temps ce qui me permet de reconnaître davantage ses paramètres. Les faits sont que nous ne respectons plus la terre qui nous a créé. Il existe, bien entendu, des régions où l'équilibre est davantage ressenti, mais dans les grandes villes on parle davantage de rupture de repères, de perte de sens et d'équilibre. Il y a moins d'un siècle, le Québec était largement plus rural qu'il ne l'est actuellement. La plupart des humains s'entassent aujourd'hui dans les villes qui se deshumanisent. Jamais l'humanité n'avait engendré un changement si radical en si peu de temps, et je ne parle pas des changements profonds qu'a apporté la culture technologique. Imaginez un instant que les jeunes n'ont jamais rien connu d'autre que les technologies numériques. Ils ne voient le monde que sous le prisme de leurs écrans. Je ne vois pas d'issue à ce grand mouvement de pensée actuelle et sur la forme que devrait prendre la société, autrement qu'en contrecarrant les plans démoniaques des uns et des autres de toujours vouloir plus, de toujours faire plus. Et si le travail sur soi était la réponse au marasme actuel qui porte sur le développement économique. Les hommes et la nature ont besoin de repos, beaucoup de repos, pour s'enraciner dans un terreau plus fertile que celui que nous connaissons aujourd'hui. Est-ce que la volonté est au rendez-vous ? L'espérance seule ne pourra faire de l'homme un homme libre et consciemment heureux. Son salut doit passer inévitablement par sa capacité de se transformer et de transformer les archaïques systèmes d'asservissement, de pensée et de croyances. Seul, je n'y arriverai pas. C'est dans le silence que la grande marche doit s'amorcer avant tout. C'est dans le silence à soi qu'il faut aller bien avant d'aller vers l'autre. L'économie de marché ne connaît pas de répit, qui pourtant est nécessaire au maintien de l'équilibre. Que des infirmières travaillent 75 heures par semaine ne fait pas, à mes yeux, des représentantes de la santé mais de la maladie. Qui a dit que le travail c'est la santé ? Sûrement un représentant de la religion chrétienne pour asservir les fidèles. C'est pas tant le travail qui maintient la santé de plusieurs que les croyances qu'ils en ont. Mon défunt travail m'a totalement libéré jusqu'au moment où il m'enferma dans mon inconscience, mon orgueil et mon insécurité. Il faut toujours savoir reconnaître les chaînes que l'on porte et savoir s'en libérer au moment opportun. Il y a un temps pour chaque chose. Il ne faut pas que la croissance économique et la nécessité l'emportent sur le reste, sinon l'homme perd sa liberté et sa dignité. On a pas toujours le libre arbitre pour agir adéquatement. 


En philosophie, le travail est une activité humaine transformatrice de la nature pour satisfaire les besoins et subvenir à la survie. Il est à la fois une nécessité vitale pour modifier l'environnement et un moyen d'émancipation ou d'aliénation, selon la nature et l'organisation de cette activité. D'un point de vue étymologique, le mot renvoie à la souffrance mais philosophiquement, il englobe aussi une dimension de production, de création et de construction d'identité.  Le travail peut permettre à l'homme de se dépasser, de cultiver ses facultés et de devenir digne. Il est aussi un moyen pour l'individu de trouver son identité et de se lier à la société. Le travail en soi n'est ni bon ni mauvais. Il est étroitement lié à la nécessité, aux croyances, à l'orgueil et au besoin de se dépasser sans toutefois se perdre au tournant. Le travail peut aussi aliéner l'individu, le rendre esclave de ses exigences ou l'asservir à un pouvoir. Nietzsche, par exemple, voit le travail comme un moyen pour l'État de contrôler la population en limitant l'esprit d'émancipation. Comme cette affirmation m'interpelle. La religion catholique a maintenu ses fidèles dans l'ignorance pour les appâter. Un système et une culture qui hébergent ce système sont beaucoup plus forts qu'un individu. Celui qui est réfractaire au système devient, à force d'assimilation, le bourreau même de la liberté et de l'émancipation. J'ai toujours résisté aux mouvements aliénants qu'imposent les systèmes en place, sachant pertinemment que mon intuition et ma vérité l'emportaient. Travailler, c’est agir sur le réel pour le modifier selon des sources philosophiques. Certains ouvrages insistent sur le rapport entre travail et nature. Le travail serait une transformation de la nature, pas du réel en général. Cette vision correspond à une image du travail très éloignée du monde contemporain. Il y a 5000 ans, travailler, oui, c’était agir sur la nature. Mais aujourd’hui ? Sérieusement ? Travailler, c’est interagir avec son environnement. C’est chercher à le transformer, à en faire quelque chose d’autre que ce qu’il est au départ. Dans le même temps, cet environnement va transformer celui qui travaille. Il y a une double dynamique. Le travail est un moment de confrontation. L’être humain se rend compte que le réel lui résiste. Il ne se plie pas à ses désirs ou à sa volonté. Il faut faire des efforts, voire souffrir, pour réussir à transformer les choses. Le réel est perçu comme un obstacle. la résistance du réel va vous apporter quelque chose. Quand vous réussirez à sculpter l’objet que vous souhaitiez, vous ne serez plus le même qu’au départ. L’être humain change le réel par le travail, mais ce travail fait aussi changer l’être humain. Le travail n’est pas recherché pour lui-même, mais pour autre chose. Il est dit productif, dans la mesure où il a un résultat, un produit qui se distingue du travail comme activité. Mon travail à ce jour, en partie, consiste, comme dit le dicton, à penser et à être ; je pense donc je suis. Cela amène toutefois à démontrer la dualité qui existe au cœur de chaque homme. Je cesserai ici tout travail cérébral ou partiellement dans le but de travailler à mon repos. Je crois bien que la réflexion sur le travail est loin d'être terminée.


16 novembre |

J'ai besoin du beau pour arrêter de penser ou pour penser autrement. Je lis parce que c'est beau. Je cesse alors de penser comme j'ai l'habitude de le faire en lisant ou si je ne fais rien, ce qui n'existe pas. En pensant, je fais toujours quelque chose. Les mots mis ensemble qui donnent du sens sont pour moi d'une pure beauté. Je ne me serais pas attendu à être à ce point transformé par quelques chapitres du livre de Charles Pépin sur la beauté qui nous sauve. Toutefois, l'ouvrage devient redondant après la moitié du volumineux bouquin. Je peine à regarder le téléviseur depuis que je lis assidûment. J'ai mis récemment une chaise de travers entre le téléviseur et moi, faisant écran à cette fenêtre trop facile. Et dire que dans presque chaque maison, ce trône de verre siège comme un dieu au centre de la grande pièce. Il a remplacé la religion et la famille. Certains ne diront que regarder des reportages pour se donner bonne conscience ou belle allure. Je préfère de loin être actif, si je peux dire, sur mon téléphone que de rester passif devant la télévision. La vie des temps modernes se vit, hélas, par l'intermédiaire d'un écran, et rien ne présage le contraire. Autrefois, je m'identifiais aisément aux personnages ou contenus, alors que maintenant tout me semble étrangement lointain dans cette boîte insipide et redondante. Je me rappelle avoir eu, depuis ma plus tendre enfance, une incroyable fascination pour le petit écran. J'entretenais un véritable culte avec ceux qui l'animaient comme s'ils étaient des membres de ma propre famille. Je suis rendu ailleurs. Ce soir, j'ai l'impression d'être devant une page blanche, moi qui d'habitude suis plus inspiré. J'ai la nette conviction que je doive méditer davantage pour faire de la place dans mon esprit devenu trop lourd et encombré de bruit épars. Pour faire le plein, il faut savoir faire le vide. Comme il est parfois difficile de mettre en pratique ce que pourtant je sais déjà. Le dimanche est censé être le repos du guerrier après tout, comme disait l'Autre.


15 novembre |

Lorsque je pense à la beauté, je pense aux paysages et aux églises que j'ai admirés en Italie. Hegel disait que c'est beau parce que c'est vrai. Encore faut-il savoir ce qui est vrai, ce qui est beau. La beauté détient des valeurs d'équilibre et de proportion. La lumière interfère avec la beauté pour la rehausser, car nous sommes des êtres de lumière. La philosophie et la démocratie sont des symboles de beauté par leur recherche d'équilibre. La beauté est partout pour celui qui sait regarder. La teneur de la culture grecque, c'est cet art de l'équilibre en tout, cette quête de la perfection dans la juste mesure. Un symbole est toujours la présence d'une absence, ce qu'ont su établir de façon réelle et appliquée les grecs en faisant l'objet de la beauté un symbole plus fort, plus pénétrant. Le talent de l'artiste se joue dans l'équilibre entre la présence et l'absence. C'est entre ses deux forces que notre attention se porte. Le plaisir esthétique a un double effet sur moi, il me fait sentir que mon idéal est encore loin mais qu'il m'en rapproche. Dès qu'il y a du beau, plus rien n'est impossible. Il m'arrive souvent de penser avec les yeux et ma sensibilité, je dois admettre. François Cheng, dans ses cinq méditations sur la beauté, dit que chaque expérience de beauté rappelle un paradis perdu ou un paradis promis. Les formes sont des symboles, je pense ici à celles des femmes. Ces formes symbolisent l'essentiel. Quoi ? Difficile de répondre, dit Charles Pépin. La beauté symbolise la vérité, comme quoi les yeux ne peuvent pas s'en détacher. Le mot arbitre a plusieurs sens. Au sens premier, un témoin oculaire ou auriculaire, spectateur. Au sens élargi, un juge, celui qui tranche un différend. Au sens de maître, celui qui dispose à son gré. Je tente ici de faire la lumière sur le libre arbitre. Le libre arbitre est l'aptitude de l'être humain à se déterminer librement et par lui seul, pour agir et penser. Cette notion s'oppose au déterminisme ou au fatalisme, pour lesquels la volonté est entièrement déterminée par une chaîne causale, où chaque cause est aussi une conséquence, selon la théorie du déterminisme. Le libre arbitre se définit comme la faculté de la volonté à opérer un choix en toute liberté, ce qui implique que l'individu est responsable des actions qu'il choisit. Cette notion est une question philosophique fondamentale qui divise depuis des siècles, certains penseurs y voyant le fondement de la liberté et d'autres une simple illusion. Le déterminisme ne nie pas la liberté humaine. Oui, chaque événement, chaque pensée, chaque élan s’inscrit dans une chaîne d’antécédents plus grande que nous où se mêlent l’histoire, la biologie, la société, et notre propre passé. Je choisis donc en fonction de ce que je suis, et ce que je suis résulte d’une infinité de conditions que je n’ai pas choisies. Nos désirs et nos préférences viennent de quelque part, et sont façonnés par plusieurs réseaux de causes dont on ne perçoit que la surface. Mais ce constat ne veut pas dire que tout est déterminé. On peut intervenir dans la chaîne des causes et orienter la suite. On ne peut pas ne pas être déterminés, mais on peut comprendre nos déterminations et les rediriger. Prendre la responsabilité, le libre arbitre. Nos jugements moraux, nos indignations, nos attachements, ne sont pas des absolus, mais les effets d’un monde qui nous traverse. Si personne ne se crée totalement, alors chacun mérite qu’on le considère comme le résultat d’un contexte, et non comme une pure volonté qui aurait pu faire autrement par simple vertu. En être conscient dans la compassion serait juste et bien. Le déterminisme n’est pas l’ennemi de la liberté, il en est la condition de possibilité. Pour être libres, il faut d’abord comprendre de quoi nous sommes faits, il faut aussi savoir de quoi l'on parle en parlant. La raison et la connaissance sont les outils que nous avons à notre disposition avec l'amour pour mieux se comprendre et communiquer nos vérités. La connaissance de nos causes n’abolit pas notre autonomie. Un exemple concret dans la société actuelle : savoir qu’un réseau social est conçu pour capter notre attention ne nous prive pas de choix. Cette connaissance nous permet de reprendre un certain contrôle, de limiter notre usage, de choisir consciemment ce que l’on consomme. La liberté devient alors une capacité à réfléchir sur nos impulsions, plutôt qu’à agir en dehors d’elles. Il s’agit donc peut-être de comprendre ce qui nous détermine pour mieux s’en détacher. J'ai l'impression d'être parfois un perroquet en retranscrivant des textes, mais en réalité, seul je ne pourrais pas m'arrimer à la vérité, à la lucidité. Philosopher, c'est penser par soi-même ; mais nul n'y parvient valablement qu'en s'appuyant d'abord sur la pensée des autres, et spécialement des grands philosophes du passé. L'instinct de survie provient de notre génétique, ce qui explique le déterminisme auquel je fais référence. Le système capitaliste n'est pas le meilleur qui soit à bien des égards, mais il est puissant et perfide. C'est à cause de lui que nous détruisons nos ressources et la vie. C'est à cause de lui qu'il y a autant de violence et de guerre. J'ai hâte de voir poindre un revenu universel garanti pour tous. Un nouvel ordre est-il sur le point de germer pour redonner davantage de dignité aux hommes ? Qu'il est donc difficile de changer les règles qui nous asservissent. Il m'est facile d'apporter des critiques envers la société, mais que puis-je faire pour la rendre meilleure ? Quelle solution de rechange m'est-il possible d'apporter ? Quelles idées nouvelles puis-je exprimer pour que le monde devienne meilleur ? Je crois que mieux je me connais et mieux je connaîtrai les liens qui m'unissent à la société. Je sens en moi ce désir de tout bon pédagogue de vouloir transmettre mes vérités et les partager à qui veut bien m'entendre. À cela, il faut connaître le bois dans lequel je suis constitué. C'est à cet objectif que porte, en partie, mon énergie ici et maintenant. M'approcher de ma vérité est l'une des plus grandes joies que je porte. La partager est la seconde. Encore faut-il être mûr pour vouloir cueillir les fruits.


12 novembre |

Et si la peur et la tristesse n'étaient pas réelles ? Et que dire de l'angoisse et de la peine ? La vérité sert aussi à démasquer l'imposteur. La vérité est plus importante que le bonheur. Mon ennui provient d'émotions issues du passé qui n'ont plus lieu d'exister. De quoi devrais-je m'ennuyer car je suis avec moi-même ? Je n'ai pas d'enfants ni de travail ni d'argent, du moins très peu, je possède la santé, malgré la fatigue des années, j'ai peu d'amis, je ne suis pas dans la rue, alors cet ennui n'est pas réel, devrais-je dire. J'ai la vie qui me traverse, des yeux pour l'admirer, un esprit pour réfléchir, des jambes pour marcher, un cahier pour écrire et des livres qui me servent d'amis. Je mange à ma guise, je voyage, je dors beaucoup. Dans la vérité, il n'y a pas de bonheur. À quoi bon accumuler savoir sur savoir, si c'est pour rester prisonnier de soi et de sa peur ? Ce n'est pas la vérité qui me manque : c'est moi qui lui manque. Les vérités sont partout. Je ne sais pas où les mettre. Il ne s'agit pas de chercher ce que j'ignore, mais d'habiter ce que je sais, surtout d'aimer ce que je sais. La vérité suffit, l'amour suffit. La vérité de la tristesse n'est pas triste, la vérité de l'angoisse n'est pas angoissante, la vérité du désespoir n'est pas désespérée. Ce n'est pas parce qu'une idée est joyeuse qu'elle est vraie, c'est au contraire parce qu'elle est vraie qu'elle peut être joyeuse, disait Spinoza. La vérité est ce qu'elle est, absente des affects. C'est le gai savoir de Nietzsche, ce que Spinoza appelait la joie de connaître ou l'amour de la vérité que l'on doit choisir avant le bonheur. Ma tristesse qui se disait là était ma capacité à la supporter. La vérité se cache derrière les affects, les idées. La vérité est au-delà des mots et des peurs. Lorsqu'on accepte que tout est désespéré, il est plus facile d'atteindre le bonheur. La thérapie n'est pas tout lorsque tout va mal et c'est parce qu'il faut bien apprendre à vivre. C'est ce que la philosophie m'apporte, à mieux penser, à mieux vivre. Tout comme André Comte-Sponville qui était très peu doué pour la vie, que j'ai besoin de tant philosopher. Or, tant que la vérité n'est pas perçue, qu'elle n'est pas reconnue, affrontée, on ne peut guère philosopher, aimer. À force d'avoir des idées sur la vie, on croit parfois que la vie est une idée. Mais la philosophie me rapproche du réel comme jamais. Althusser disait que la philosophie qui se prend trop au sérieux est une imposture idéologique. Il n'y a pas de savoir proprement philosophique, c'est une réflexion sur les savoirs historiquement disponibles. Les philosophes sont des artistes de la raison. Prétendre faire de sa vie une œuvre d'art, ce serait de tromper sur l'art où se mentir sur la vie. L'art que j'aime est celui au service de la vérité. Un excès de lucidité peut asphyxier la vie. La vérité ne suffit pas : la vie a besoin d'air, de joie, d'amour et peut-être d'un peu d'illusions. Dur chemin celui qui mène de l'horreur à la philosophie.